rupture du ligament croisé antérieur
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rupture du ligament croisé antérieur
IM2S News n°11 Mars/Avril 2008 IM2S News n°-11 La lettre d’information sur la Vie à l’Institut En bref... Dr B. SCHLATTERER Dr N. JACQUOT Dr F. KELBERINE LE POLE GENOU LIGAMENTAIRE IM2S Nominations CME 2008 Rupture du ligament croisé antérieur : Quelle prise en charge pour le sportif de haut niveau ? & par le Dr J.-P. FRANCESCHI Chirurgie de la hanche et du genou par le Dr A. SBIHI Chirurgie de la hanche et du genou Les traumatismes du genou sont source de lésions ligamentaires, méniscales voire de fractures articulaires parfois associées entre elles. Il s’agit d’une traumatologie fréquente particulièrement au cours d’accidents sportifs. Les lésions des ligaments latéraux, très fréquentes, concernent des éléments périphériques de la stabilité du genou et à ce titre, sont souvent considérées comme des lésions bénignes. En revanche, les lésions du pivot central, c’est-à-dire des ligaments croisés antérieurs (LCA) et plus rarement postérieurs (LCP), sont considérées comme des entorses graves, qu’elles soient isolées ou associées à des éléments périphériques car elles déstabilisent totalement le genou. Ces lésions, d’une grande fréquence dans les sports dits de contact, concernent surtout le football, le ski, le judo, le rugby, le handball, etc... La rupture du ligament croisé antérieur (LCA) a des conséquences graves pour l’athlète car l’instabilité du genou peut les empêcher de pratiquer leur sport ou de poursuivre leur activité. La reconstitution minutieuse des antécédents, l’examen clinique, la classification de la lésion et l’organisation d’un plan de traitement efficace peuvent réduire le handicap provoqué par une rupture du LCA. Nous allons voir successivement dans ce chapitre les éléments du diagnostic et ensuite la prise en charge multidisciplinaire qui suit l’accident avec les différentes possibilités thérapeutiques en fonction du terrain et de la clinique. PROBLÉMATIQUE DU SPORTIF DE HAUT NIVEAU Le sportif de haut niveau, de part son statut présente des phénomènes psychoaffectifs spécifiques face à la blessure qui ont des conséquences quant à ces exigences de reprise d’activité aussi bien d’un point de vue chronologique que qualitatif. Le sportif de haut niveau est immergé dans un processus mental dont les valeurs dominantes sont la compétition et l’élitisme, à travers une recherche de la performance omniprésente. Ce processus est amplifié lorsque le sportif de haut niveau est inclus dans un circuit rémunérateur semi professionnel, voir professionnel. Une blessure grave telle que la rupture d’un LCA représente un arrêt brutal de ce processus. San Jose [12] constate qu’une telle rupture est vécue comme un événement traumatisant créant un déséquilibre majeur dans la vie des sujets et engendrant des processus défensifs semblables à ceux définis dans un travail de deuil. C’est le niveau de confiance en soit de l’athlète qui semble le plus affecté. Il en découle un besoin très important de se rassurer aussi bien en terme de durée de la thérapie qu’en terme de qualité de la récupération de son niveau de performance. (Suite en page 2) Sommaire Commission medicale d'ETABLISSEMENT.............................PAGE 1 LES JOURNEES DE CHIRURGIE LIVE IM2S...................................... PAGE 6-7 Thérapeutique manuelle.................................................PAGE 1 LE BLOC DE SOIN DE PEDICURIE MEDICALISEE EST OPERATIONNEL AU S1.........................................page 4 Rupture du ligament croisé antérieur : Quelle prise en charge pour le sportif de haut niveau ?..... PAGE 1-5 focus sur...OLIVIER COUCY.................................................PAGE 5 Commission Médicale d'Etablissement Dr J.-P. FRANCESCHI Dr A. SBIHI Dr E. ARNALDI numeros utiles im2s................................................................page 8 Restructuration depuis janvier 2008 de la commission médicale de l'établissement représentant l'ensemble des praticiens de l'Institut, dont l'objectif sera de préparer les projets médicaux pour l'année 2008 en ayant le souci d'évaluer régulièrement les pratiques professionnelles pour la qualité des soins des patients. A l'occasion de la première CME de l'année, ont étés nommés au poste de président le Dr Thierry OULD, anesthésiste réanimateur, et au poste de secrétaire le Dr Nicolas Jacquot, chirurgien. L. PINAUD Thérapeutique manuelle Formations à l'IM2S Dès le mois d’Octobre 2008 sera mise en place une formation en thérapeutique manuelle destinée aux médecins et kinésithérapeutes, portant sur les affections mécaniques de l’appareil locomoteur d’origine traumatique, micro-traumatique ou dégénérative. Synthèse des techniques manuelles pratiquées par les ostéopathes, chiropraticiens ou rebouteux, elle repose sur des bases anatomiques, neurophysiologiques ou biomécaniques. Son application découle d’un diagnostic médical, étape fondamentale à l’application d’un protocole thérapeutique optimal, intégrant ces techniques aux autres prises en charge conventionnelles. Après avoir été dispensée pendant cinq ans aux seuls médecins à l’Hôtel Dieu de Paris, cette formation s’ouvre, dans le cadre de l’IM2S, à l’ensemble du corps médical afin d’enrichir les possibilités thérapeutiques offertes aux patients par toute équipe médicale. Dr BONNEAU . IM2S News n°11 Mars/Avril 2008 MEDICAL Rupture du ligament croisé antérieur : Quelle prise en charge pour le sportif de haut niveau ? (suite) Recherche du ressaut rotatoire Il s’agit de reproduire le ressaut perçu par le blessé lorsque son genou se déboîte, le pied étant maintenu, une main appliquée sur la face externe de l’extrémité supérieure du tibia, le genou est mis en rotation interne et porté successivement en flexion et en extension provoquant la subluxation du plateau tibial interne puis sa réduction. Les manoeuvres les plus utilisées sont celles de Mac Intosch (“pivotshift”, et celle de Hughston (“jerk-test”). Ces tests sont recherchés en rotation interne de jambe mais si le test est également positif en rotation externe, il permet d’affirmer qu’il existe une lésion associée des ligaments périphériques. Recherche des laxités latérales en extension et en flexion à 30° Cette exigence de récupération ad integrum au plus tôt est d’autant plus grande lorsque la réduction du temps d’interruption de l’activité, source de rémunération est un enjeu économique pour le sujet. décision rapide. Parfois le genou est inexaminable, très douloureux avec un épanchement abondant. Si l’examen demeure difficile, il faut savoir le répéter ultérieurement. aussi des lésions des formations antéroexternes avec arrachement capsulaire (fracture de Segond) [2]. Il existe beaucoup d’autres mécanismes à l’origine de lésions capsuloligamentaires et méniscales. Face à de telles exigences, le médecin se doit d’adapter au plus juste son comportement : Interrogatoire et signes fonctionnels Signes fonctionnels • en insistant sur la rapidité et la précision de l’identification de la blessure ; • en mesurant au plus juste le niveau de gravité afin d’informer le patient au plus tôt de la durée d’interruption sportive ; • en optant pour un traitement adapté à un objectif de reprise rapide sans sacrifice anatomique à court, moyen et long terme. EVALUATION CLINIQUE DE LA LÉSION LIGAMENTAIRE L’examen clinique doit être rigoureux et systématique, mais il est différent selon le contexte. Les lésions du pivot central nécessitent un diagnostic rapide et précis, idéalement réalisé sur le terrain, un traitement adapté et énergique afin de ne pas grever le pronostic fonctionnel du genou. Les processus psychoaffectifs, parfois amplifiés par des enjeux économiques, mis en oeuvres par les sportifs de haut niveau après une blessure de ce type ont des répercussions sur les conditions d’un examen rendu difficile car souvent réalisé dans l’urgence et dans un climat d’anxiété. Il en découle la nécessité d’une approche clinique spécifique face à une attente de diagnostic précis et une prise de Antécédents Il est intéressant d’obtenir les antécédents médicaux du sportif présentant une blessure au genou afin de pouvoir déterminer la probabilité d’une rupture du LCA, de définir le mécanisme de la blessure et sa date (c’est-à-dire si elle est aiguë ou chronique). La blessure est généralement suffisamment sérieuse pour interrompre l’activité sportive. Une hémarthrose survient généralement dans les 24 heures et le genou blessé reste gonflé et raide pendant plusieurs semaines. Mécanisme On retrouve plus fréquemment des traumatismes indirects avec préférentiellement deux types de mécanismes. VALFE : Traumatisme en valgus, flexion et rotation externe. Il peut s’agir d’un mouvement exagéré (ski) ou d’un choc contre résistance sur le pied (tacle du footballeur). On observe des lésions du LCA, du plan ligamentaire interne et du ménisque externe. Rarement le ménisque interne est intéressé [1]. Ces lésions peuvent être associées (triade antéro-interne). Ce mécanisme peut s’accompagner d’une luxation de rotule, s’il existe des facteurs prédisposants. VARFI : Traumatisme en varus, flexion et rotation interne. On retrouve essentiellement des lésions du LCA. Si le mécanisme se poursuit, se produisent LE POLE GENOU LIGAMENTAIRE IM2S Dr B. SCHLATTERER Le vécu du blessé à l’occasion de cet accident peut être significatif d’une lésion grave avec craquement, douleurs vives, impotence et gonflement immédiat, parfois sensation de déboîtement articulaire en un temps ou en deux temps. Dans d’autres cas le tableau initial est beaucoup moins parlant avec petit craquement sur un simple déséquilibre et possibilité en l’absence de gonflement immédiat de poursuivre le cours d’une action sportive. D’autres manifestations fonctionnelles : douleurs, blocages, pseudo-blocages, épanchements à répétition, peuvent s’ajouter, témoignant de l’existence de lésions associées intra-articulaires. Signes physiques d’examen : examen ligamentaire du genou Comme nous l’avons précédemment dit, cet examen est souvent difficile si le blessé est vu immédiatement après l’accident, les réactions de défense gênant l’examen. Appréciation manuelle de laxité Test de Lachmann ou recherche du tiroir en sub-extension Ce test est spécifique de la rupture du L.C.A. Sur un genou normal, l’examinateur perçoit un arrêt dur antérieur, identique sur le genou sain ; en cas de rupture, on perçoit un arrêt mou plus ou moins retardé. Dr J.-P. FRANCESCHI Dr N. JACQUOT Le valgus forcé explore les formations périphériques internes et le varus forcé les formations périphériques externes. Dans certains cas, il existe un relâchement global de l’ensemble du système périphérique rendant difficilement dissociable le varus du valgus. Recherche du tiroir antérieur en flexion Cette manoeuvre teste simultanément le L.C.A. et les formations périphériques elle est en principe négative en cas de rupture isolée du L.C.A. Elle peut être recherchée successivement en position neutre en rotation interne et en rotation externe pour tester les différentes formations périphériques. Naturellement, tous ces tests doivent être réalisés de façon comparative avec le côté opposé, ce qui permet de ne pas tomber dans le piège d’une laxité physiologique ou d’une grande hyperlaxité constitutionnelle (fréquemment associée avec recurvatum bilatéral). Quantification des laxités Les tests manuels avec leur évaluation en croix (1 croix, 2 croix, 3 croix) sont relativement imprécis en ce qui concerne la quantification. Cette dernière peut être effectuée en utilisant : • des systèmes de testing instrumentaux, le plus couramment utilisé étant l’arthromètre KT 1000 [3, 4], qui ne quantifie que le Lachmann mesuré en millimètres de déplacement antérieur du tibia de façon différentielle par rapport au côté opposé, au cours de trois manoeuvres distinctes (déplacement passif par l’intermédiaire d’une poignée, déplacement manuel maximum, déplacement en contraction quadricipitale). • mesures radiologiques : elles mesurent le déplacement antérieur du tibia sous l’influence de forces subluxantes exercées soit par des points à l’aide d’un système de sangles et de Dr A. SBIHI Dr F. KELBERINE Dr E. ARNALDI Mars/Avril 2008 IM2S News n°11 MEDICAL poulies (J.-L. Lerat [3]) ou d’appareils du commerce équipés de systèmes dynamométriques (Télos). Ces mêmes mesures radiologiques permettent d’évaluer en degrés l’importance de la latéralité en varus ou en valgus. BILAN COMPLÉMENTAIRE CLINIQUE ET PARACLINIQUE L’examen du morphotype frontal, sagittal et horizontal est bien entendu très important. Il faut aussi rechercher une distension ligamentaire à la marche. Bien entendu cet examen à la recherche d’une lésion du LCA s’intègre dans un examen clinique complet du genou à la recherche d’autres lésions ligamentaires, de lésions associées méniscales et cartilagineuses. Les signes de gravité lésionnelle pourront être diagnostiqués et évalués à travers une observation clinique couplée des examens d’imagerie (radiographie et imagerie à résonance magnétique) mis à disposition lors de la consultation : • L’examen radiologique standard peut montrer des signes osseux lésionnels associés à la lésion ligamentaire : arrachement des épines tibiales ou du rebord des plateaux tibiaux, ostéophyte et pincement articulaire annonciateur d’une évolution arthrogène (entorses récidivantes évoluant vers la chronicité). • L’imagerie à résonance magnétique (IRM) est dans un grand nombre de cas l’examen de deuxième intention après les radiographies standards. L’intégrité du LCA ne peut être déterminée correctement que si le plan de l’image est orienté à l’oblique du plan sagittal. L’IRM permet également de détecter la localisation et le type de contusions osseuses [5], de lésions méniscales et cartilagineuses associées [6]. Elle permet aussi de bien visualiser les autres structures ligamentaires du genou. Elle est cependant une aide diagnostique insuffisante pour les lésions postéroexternes [7]. PRISE EN CHARGE DES LÉSIONS DU LIGAMENT CROISÉ ANTÉRIEUR Prise en charge post traumatique La prise en charge thérapeutique débute par des soins locaux de froid ou cryothérapie sous forme de packs réfrigérants, de sachets plastiques avec de l’eau et des glaçons en ayant pris soin d’interposer au préalable un linge humide sur la peau afin d’éviter toute brûlure. La cryothérapie permet de calmer les douleurs, de limiter les inflammations du genou qui sont sources d’aggravation des lésions initiales et de raideurs secondaires. La cryothérapie est associée à la mise en position surélevée du genou afin de faciliter le drainage de l’oedème et de l’hématome post-traumatique. La mise en décharge à l’aide de cannes anglaises ou de béquilles, est fortement recommandée les premiers jours afin de calmer les douleurs et de limiter la subluxation antérieure du tibia sous le fémur lors de la contraction quadricipitale. Le choix thérapeutique Bien entendu, une rupture du LCA ne nécessite pas forcément un traitement chirurgical [8]. Les orientations thérapeutiques dépendent de nombreux facteurs. Le traitement chirurgical s’adresse aux lésions qui ne cicatrisent pas correctement et qui laissent une séquelle anatomique et fonctionnelle pouvant entraîner une baisse de performance de l’articulation du genou. L’histoire naturelle ou l’évolution des lésions du LCA est aujourd’hui mieux connue [9]. La rupture du LCA est responsable d’accidents d’instabilité à l’origine de lésions chondrales et méniscales internes. Paramètres influençant l’indication chirurgicale : • L’âge, en sachant que l’amélioration des techniques chirurgicales et de rééducation a permis d’étendre les indications opératoires; • La motivation vis-à-vis de la poursuite de la pratique sportive ; • Le sport pratiqué. De façon schématique, le traitement fonctionnel est insuffisant pour la pratique de sport pivot avec ou sans contact ; • La profession exposée ou dangereuse pour le genou peut orienter vers un geste chirurgical. L’impossibilité de respecter un arrêt de travail suffisant afin de réaliser la rééducation dans des conditions optimales, doit faire rejeter l’indication chirurgicale. • Le morphotype du patient doit être pris en compte. L’existence d’une hyperlaxité avec genu recurvatum pose le problème de l’indication opératoire et du devenir à long terme, de la ligamentoplastie ; • L’existence de lésions associées (lésion périphérique, méniscale, ostéochondrale ou rotulienne) peut modifier la décision thérapeutique. Principes du traitement fonctionnel Lorsque le sport pratiqué à haut niveau ne fait pas partie des sports à risque d’entorses graves du genou comme les sports dits de contact ou pivot contact, un traitement fonctionnel peut être proposé. Une prise en charge rapide (dès le traumatisme) intensive et progressive permet d’éviter une désafférentation neuromusculaire rapide liée à une immobilisation totale. Une mise au point avec le patient concernant les activités sportives est importante : la pratique des sports avec pivot est déconseillée. Délai d’intervention En dehors des rares cas ou il existe une luxation méniscale avec la lésion ligamentaire, on ne peut pas parler d’urgence chirurgicale. Aussi, une fois l’indication opératoire portée, il faudra définir le meilleur moment pour opérer. Les avis selon les auteurs sont différents, mais certains paramètres permettent de préciser le moment optimal. Paramètres liés à la lésion ligamentaire La lésion ligamentaire peut être consécutive à un traumatisme à haute ou faible énergie et peut associer à la rupture du ligament croisé antérieur des lésions périphériques plus ou moins importantes ainsi que des lésions méniscales ou cartilagineuses. • Lésions à haute énergie : on est souvent confronté soit à des traumatismes violents où il existe une association lésionnelle méniscoligamentaire et de contusion osseuse. Dans ces cas, il convient de définir au mieux le moment du geste opératoire. La présence d’une réaction inflammatoire post-traumatique importante fait préférer pour beaucoup d’équipes, la temporisation chirurgicale (temps de cicatrisation des lésions périphériques). En effet, le geste de réparation dans ces conditions va aggraver le traumatisme tissulaire et risque de conduire à des complications postopératoires [10, 11] de type raideurs ou algodystrophie. • Lésions à basse énergie (au cours d’entraînement ou lors d’un simple pivot) : elles posent le problème de l’existence de facteurs prédisposants (physiologiques ou anatomiques) voire de lésions de fatigue du ligament croisé antérieur. La réaction inflammatoire post traumatique est plus limitée et permet un geste de réparation plus rapide. Les lésions rencontrées sont très souvent limitées au L.C.A. Paramètres liés aux caractéristiques propres du blessé Le contexte socioprofessionnel et sportif intervient dans la décision. On peut différer de quelques mois le geste opératoire sans danger à condition d’aménager la pratique sportive. Cette attitude est d’autant plus licite qu’elle permet d’apprécier l’évolution de l’articulation et surtout la qualité des phénomènes de cicatrisation qui aboutissent parfois à des résultats tout à fait performants évitant ainsi une chirurgie inutile. IM2S News n°11 Mars/Avril 2008 MEDICAL Rupture du ligament croisé antérieur : Rééducation sur lésions non opérées Quelle prise en charge pour le sportif de haut niveau ? (suite) Une prise en charge rapide (dès le traumatisme) intensive et progressive permet d’éviter une désafférentation neuromusculaire rapide liée à une immobilisation totale. La rééducation sur une lésion non opérée comporte plusieurs temps centrés sur l’antalgie, la récupération des amplitudes articulaires et de la proprioceptivité, et de la récupération de la force musculaire. Le travail musculaire est d’abord analytique avec renforcement des ischio-jambiers. Le travail quadricipital est limité aux contractions isométriques en extension pour ne pas développer la force subluxante antérieure et aux co-contractions quadriceps-ischiojambiers. Le travail proprioceptif doit aboutir secondairement à contrôler le genou en action, avec port éventuel d’une genouillère de contention pour les activités contraignantes. Le choix des attelles inclut depuis les attelles souples qui ont surtout l’intérêt de créer un éveil proprioceptif permanent, jusqu’aux attelles plus sophistiquées et articulées. Le problème est plus complexe quand on s’adresse à des compétiteurs où intervient inévitablement la notion de temps et de délai de reprise après la blessure. La pression des joueurs et des clubs va souvent à la précipitation, et on demande au chirurgien d’agir vite. Cependant, la décision reste médicale est doit être adaptée au cas par cas. Type d’intervention Les techniques de réparation du ligament croisé antérieur regroupent actuellement les techniques de reconstruction isolée du ligament croisé antérieur le plus souvent réalisées par des autogreffes (tendon rotulien, tendon de la patte d’oie) et des techniques de reconstruction associant une réparation du ligament croisé antérieur et une plastie externe de renfort. Ces plasties associent à la réparation du ligament croisé antérieur une plastie externe de type Lemaire pour renforcer la stabilité rotatoire du genou. Une gestion des lésions associées dans le même temps opératoire que la reconstruction du LCA peut s’avérer pertinente. Pour ce qui concerne les formations périphériques, si la réparation paraît peu nécessaire pour les ruptures du ligament collatéral médial, il n’en est pas de même pour une rupture du point d’angle postéro-interne fort heureusement rare, qui nécessite dans ces cas parfois un geste de réparation chirurgicale. Pour ce qui concerne les formations ligamentaires périphériques externes, ces lésions ont un pouvoir de cicatrisation beaucoup moins favorable et il est nécessaire d’envisager dans le même temps opératoire une réparation de ces formations. Il s’agit toujours d’un geste délicat dont les suites sont longues et où le pronostic reste réservé, surtout dans le cas de lésions postéro-externes. Pour ce qui concerne les lésions méniscales, il peut s’agir soit de lésions méniscales internes, soit de lésions méniscales externes. A la phase aiguë on connaît la capacité de cicatrisation spontanée de ces lésions méniscales lorsque le genou est stabilisé. Les sutures méniscales sont maintenant bien codifiées et l’importance du rôle stabilisateur des formations méniscales pousse à leur conservation. Il n’en est pas de même dans le cas des lésions anciennes où la cicatrisation méniscale est plus aléatoire et où les critères de suture sont beaucoup plus stricts en particulier pour les sutures du ménisque interne. Pour ce qui concerne les lésions cartilagineuses, la situation sera différente selon que l’on a affaire à une lésion à la phase aiguë ou à la phase chronique. Plusieurs paramètres vont là aussi influencer le type d’intervention et le choix du transplant (voir chapitre concerné). Pour ce qui concerne le type d’intervention nous retenons deux paramètres principaux : La laxité différentielle entre le genou sain et le genou pathologique. Elle peut être évaluée de manière clinique ( KT1000) ou radiologique (Télos). La laxité rotatoire influence aussi beaucoup le choix thérapeutique : une plastie externe de type Lemaire pour renforcer la stabilité rotatoire du genou. Le type de sport pratiqué influence aussi le type de réparation. • Un sport sans pivot ou pivot sans contact nous fera préférer une réparation ligamentaire intraarticulaire isolée. • Un sport pivot avec contact représente une indication de réparation du ligament croisé antérieur et une plastie externe de renfort étant donné les contraintes importantes qui vont être soumises au transplant. MODALITÉS DE LA REPRISE SPORTIVE Quelle que soit l’attitude thérapeutique adoptée face à une rupture du LCA (traitement orthopédique, fonctionnel ou chirurgical), la rééducation est indispensable, menée sur une période longue, et se poursuit par une adaptation sportive sur le terrain, dans un souci permanent d’éviction de la récidive. Rééducation sur lésions opérées Dans le cadre des sportifs de haut niveau, la rééducation, suite à un traitement chirurgical d’une rupture du LCA, est optimisée temporellement et quantitativement dans le respect des délais thérapeutiques cliniques. La rééducation postopératoire est fondamentale. Elle ne nécessite pas obligatoirement d’aller dans un centre de rééducation mais demande de l’expérience de la part du médecin rééducateur ou du kinésithérapeute. Les objectifs sont les suivants : récupérer la mobilité du genou autant en flexion qu’en extension, restaurer la force musculaire du quadriceps et des ischiojambiers progressivement. L’important est de respecter le cahier des charges qui varie en fonction du greffon utilisé et des habitudes des équipes soignantes. La rééducation La rééducation suite à une rupture du LCA diffère en fonction de la thérapie adoptée : • Une laxité différentielle < 8 mm ou une laxité rotatoire modérée nous fera préférer une réparation ligamentaire intra-articulaire isolée. • Une laxité différentielle > 8 – 10 mm ou une laxité rotatoire importante représente une indication de réparation du ligament croisé antérieur et une plastie externe de renfort. Ces plasties associent à la réparation du ligament croisé antérieur LE POLE GENOU LIGAMENTAIRE IM2S Dr B. SCHLATTERER Dr J.-P. FRANCESCHI Dr N. JACQUOT Dr A. SBIHI Dr F. KELBERINE Dr E. ARNALDI Mars/Avril 2008 IM2S News n°11 MEDICAL La reprise sportive Elle est progressive hors compétition dans un premier temps. Il faut répondre à la demande de la part du sportif de haut niveau d’un repère chronologique précis de l’introduction séquentielle des mouvements spécifiques à son activité sportive (courses latérales, changement de rythme, extension, sauts, pivots…). CONCLUSION Quelles que soient les modalités du traitement fonctionnel ou chirurgical, l’expérience nous montre qu’une rééducation adaptée et bien conduite ainsi que le respect du délai de reprise (habituellement 6 à 8 mois) sont nécessaires pour l’obtention d’un bon résultat à long terme. Le traitement fonctionnel est à proposer aux contre indications de la chirurgie et aux formes mineures avec instabilité réduite. Le traitement chirurgical est une solution efficace à partir du moment où le handicap limite sérieusement les activités, qu’elles soient professionnelles ou sportives. Il vise non seulement la guérison de l’instabilité mais aussi la prévention de l’évolution dégénérative. Plus le sujet est jeune avec des motivations sportives importantes et des accidents fréquents, plus la décision est impérative à brève échéance. Bibliographie [1] SHELBOURNE K.D., NITZ P. A. The O’Donoghue triad revisited. Combined knee injuries involving anterior cruciate and medial collateral ligament tears. Am J Sports Med 1991; 19(5): 474-7. [2] SEGOND P. Recherches cliniques et expérimentales sur les épanchements articulaires sanguins du genou par entorse. Prog Med 1879; 7: 297. [3] LERAT J.L., MOYEN B., DUPRE-LATOUR L., MAINETTI E., LALAIN J.J., BRUNET E. [Measurement of anterior knee instability using dynamic radiography and the KT 1000 arthrometer]. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot 1988; 74 Suppl 2: 194-7. [4] DANIEL D.M., STONE M.L., SACHS R., MALCOM L. Instrumented measurement of anterior knee laxity in patients with acute anterior cruciate ligament disruption. Am J Sports Med 1985; 13(6): 401-7. [5] SPEER K.P., SPRITZER C.E., BASSETT F.H. 3RD, FEAGIN J.A. JR., GARRETT W.E. Jr. Osseous injury associated with acute tears of the anterior cruciate ligament. Am J Sports Med 1992; 20(4): 382-9. [6] SPINDLER K.P., SCHILS J.P., BERGFELD J.A., ANDRISH J.T., WEIKER G.G., ANDERSON T.E. et al. Prospective study of osseous, articular, and meniscal lesions in recent anterior cruciate ligament tears by magnetic resonance imaging and arthroscopy. Am J Sports Med 1993; 21(4): 551-7. [7] LAPRADE R.F., GILBERT T.J., BOLLOM T.S., WENTORF F., CHALJUB G. The magnetic resonance imaging appearance of individual structures of the posterolateral knee. A prospective study of normal knees and knees with surgically verified grade III injuries. 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International journal of sport and Exercise psychology 2003 : 1, 338-363. D urant mon expérience de 15 ans comme ingénieur biomédical sur tous les continents, j’ai vécu toutes les facettes du poste de gestionnaire des équipements hospitaliers. De retour en France, je me suis tourné vers la supervision technique d’établissements recevant du public, tout en préparant un Master de Qualité et Sécurité en Santé. En septembre 2007, j’ai eu la grande opportunité de rejoindre l'IM2S, dans sa phase de croissance d’activités, pour apporter mes compétences polyvalentes de gestionnaire des travaux, des parcs techniques et biomédicaux. Je réalise la maintenance préventive pour assurer au mieux la sécurité des biens et des personnes : suivi des contrôles mensuels exhaustifs, formation sur notre centrale de détection incendie, coopération avec les pompiers de Monaco. Mon bureau est situé au RDC, mais vous me trouverez plus souvent sur le terrain, en stérilisation, au bloc opératoire, dans les services d’hospitalisation et de kinésithérapie. Gérer la maintenance c’est bien sûr également négocier quotidiennement avec nos fournisseurs et nos prestataires de services dans tous les corps de métier. J’ai la chance d’avoir un métier très technique qui me donne l’opportunité de m’enrichir en communiquant avec un maximum d’interlocuteurs. Je peux dire que mon objectif professionnel, de toujours, a été le bien être et la sécurité des utilisateurs de mes équipements, qu’ils soient patients ou personnel soignant. A l’IM2S, chacun dans sa compétence, travaille dans la même direction, la qualité des services de soins apportés au patient, je suis fier et heureux d’y participer. IM2S News n°11 Mars/Avril 2008 MEDICAL LES JOURNEES DE CHIRURGIE LIVE IM2S "Moteur ! on tourne" par le Dr Thierry OULD Anesthésiste réanimateur Samedi 9 février 2008 9h00 - 11h00 PTH MINI INVASIF 2ème JOURNÉE DE CHIRURGIE LIVE Retransmission en direct du bloc opératoire Salle du Conseil Denis Ravera au H4 de l’Institut D epuis le début de l’année 2008, un samedi par mois, une intervention est retransmise en direct au sein de l’Institut. Cette session est une idée originale dont le but est : d’une part de présenter à nos partenaires de soins les différentes interventions chirugicales pratiquées quotidiennement, et d’autre part de présenter des techniques innovantes concernant chaque pôle d’activité des praticiens (pied, hanche, genou, main, épaule, rachis…) L’une des spécificités de cet établissement est d’offrir aux patients des prestations de soins dispensées par des chirurgiens spécialisés dans différents segments osseux au sein d’une même spécialité : la chirurgie orthopédique. Cette diversité et cette philosophie d’hyperspécialisation permet aux praticiens une actualisation quasi permanente de leur art, tout en développant au sein de l’Institut des techniques innovantes avec comme objectif principal la qualité de prise en charge des patients. La première retransmission a été réalisée le 12 janvier 2008 par le docteur Bernard Schlaterrer en association avec les docteurs Cazal et Jacquot. Cette séance a montré la mise en place d’une prothèse de genou avec système de navigation, c’est à dire avec l’assistance d’un ordinateur. Cette technique assistée par ordinateur est l’exemple même de l’utilisation de matériel de haute technologie en association à la performance chirurgicale. Cette première vidéo conférence interne est un réel apport pour les médecins partenaires (rhumatologues, médecins généralistes…)et paramédicaux (infirmières, kinésithérapeutes) qui peuvent ainsi participer de façon interactive à une intervention chirurgicale tout en étant hors de la scène chirurgicale. La possibilité de pouvoir poser des questions en direct aux chirurgiens, et de ce fait, d’intégrer les différents temps opératoires, permet ainsi une meilleure compréhension de la thérapeutique réalisée, indispensable pour le suivi du patient. Le 16 février, le docteur Cazal en association avec les docteurs Maestro et Jacquot, a effectué la mise en place d’une prothèse de hanche de façon mini invasive. Cette technique montre une nette diminution des douleurs post opératoires, une remise à la marche très rapide favorisant ainsi une réhabilitation précoce du patient avec une durée moyenne d’hospitalisation de 4 jours. L’ouverture du bloc opératoire par l’intermédiaire de ces vidéo conférences est pour nos équipes une façon d’expliquer en temps réel notre travail, et de pouvoir ainsi diffuser les informations nécessaires à la bonne compréhension du patient face à sa pathologie. La prochaine séance : Avec la collaboration de JOURNée de chirurgie live Samedi 29 mars 8h30 - 12h00 Le point sur la pathologie du genou Sportif Communications réalisées par les praticiens du pôle genou de l’im2S Quelle ligamentoplastie pour quelle laxité 2 interventions en direct par les Dr JP. FRANCESCHI & A. SBIHI Retransmission en direct du bloc opératoire Salle du Conseil D. Ravera au H4 de l’IM2S IM2S - 11, avenue d’ostende - 98000 MONACO - (+377) 99 99 10 21 IM2S News n°11 Mars/Avril 2008 L’institut Le bloc de soins de pédicurie médicalisée est opérationnel au S1 NUMEROS UTILES IM2S STANDARD (+377) 99 99 10 00 URGENCES TRAUMATOLOGIQUES (+377) 99 99 10 20 KINE / REEDUCATION : (+377) 99 99 10 10 IMAGERIE : ................. (+377) 99 99 10 52 FACTURATION : ........... (+377) 99 99 10 32 CHIRURGIENS : Dr ARNALDI :..................(+377) 99 99 10 21 Dr BALLERIO :.................(+377) 99 99 10 21 Dr CAZAL :......................(+377) 99 99 10 28 Dr FRANCESCHI :.............(+377) 99 99 10 21 Dr JACQUOT :..................(+377) 99 99 10 22 Dr KELBERINE :...............(+377) 99 99 10 21 Dr LUSSIEZ :....................(+377) 99 99 10 29 Dr MAESTRO :.................(+377) 99 99 10 28 Dr MASSINI :...................(+377) 99 99 10 29 Dr SCHLATTERER :...........(+377) 99 99 10 21 Dr SBIHI :........................(+377) 99 99 10 21 Dr VALENTI :....................(+377) 99 99 10 29 MEDECINS : Pédicure Depuis le 1er février dernier, c’est avec enthousiasme que j’ai rejoint la dynamique équipe de l’ IM2S qui allie la tradition médicale et la modernité thérapeutique. En complément de la prise en charge podologique de Florent Audat, je dispenserai des soins de pédicurie médicalisée, avec du matériel qui suit le même parcours de stérilisation que celui du matériel chirurgical. • Des orthonyxies (pose de lames, bandes stratifiées, pouvant modifier la courbure de l’ongle lors de la repousse; notamment dans le cas d’ongles incarnés). Dr MASCHINO :...............(+377) 99 99 10 14 Dr OULD :.......................(+377) 99 99 10 14 • Des onychoplasties (pose de faux ongles,dans le cas des pathologies unguéales). • Des massages, qui apporteront une touche de bien-être finale. MEDECIN URGENTISTE : Dr REPIQUET :................ (+377) 99 99 10 20 positionnement de l’orthoplastie Ces soins complémentaires aux actes médicaux et para-médicaux de l’équipe pluri-disciplinaire de l’ IM2S, permettront une prise en charge globale des patients. PODOLOGUE : F. AUDAT :...................... (+377) 99 99 10 23 PEDICURE : S. GROSBOIS-LANSARD :.(+377) 99 99 10 23 NUTRITIONNISTE : S. OLIVIE :...................... (+377) 99 99 10 24 Horaires des consultations : tous les jours de 9 h à 20 h. Secrétariat de direction :.....................(+377) 99 99 10 40 Ambulatoire :......................................(+377) 99 99 10 25 Hospitalisation conventionnelle (H3) :........................(+377) 99 99 10 30 Gardien :............................................(+377) 99 99 10 05 catalyse de l’orthoplastie en charge A ces soins, s’ajouteront : • La confection d’orthoplasties : appareillage à base de silicone, destiné à corriger ou protéger des déformations d’orteils ou des lésions (cors, durillons etc...). Des orthoplasties post- opérationnelles pourront également être faites, en complément du suivi des opérations de Dr Maestro et Dr Cazal, spécialistes du pied. ANESTHESISTES : www.im2s.mc - [email protected] Pour tous rendez-vous ou renseignements complémentaires, vous pouvez contacter le secrétariat de Solène GROSBOIS-LANSARD (+377) IM2S Concept © PB 2008 - création LP par Soléne GROSBOIS-LANSARD Dr BERMON :.................. (+377) 99 99 10 24 Dr BRUNETTO :............... (+377) 99 99 10 10 Dr CAMPI :..................... (+377) 99 99 10 28 Dr PARISAUX :................ (+377) 99 99 10 24 Dr RAFFERMI :............... (+377) 99 99 10 23 99 99 10 23 www.im2s.mc