les dessins de la collection Christian et Isabelle Adrien

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les dessins de la collection Christian et Isabelle Adrien
 Dossier pédagogique Les techniques du dessin Une collection particulière : les dessins de la collection Christian et Isabelle Adrien Exposition présentée du 20 mars au 26 août 2012 Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h (sauf lundis et jours fériés) Ouverture en continu le mardi Le dessin « Pourquoi une belle esquisse nous plait‐elle mieux qu’un beau tableau ? L’esquisse nous plait parce qu’elle n’est pas vraiment définie. Nous pouvons donc laisser libre cours à notre imagination et y voir ce que nous voulons. C’est l’histoire des enfants qui regardent les nuages et nous sommes aussi ces enfants. » Diderot Les expositions de dessins sont rares du fait de la fragilité des techniques et des matériaux utilisés. (Exposés à la lumière, les dessins s’abiment rapidement ; ceci suppose donc des conditions particulières de présentation au public sur des périodes limitées dans le temps). C’est pourquoi une exposition de dessins est un évènement à ne pas manquer. La visite se fait de manière rapprochée, compte tenu des petits formats exposés ; il est donc conseillé de laisser les élèves cheminer à leur guise suivant un parcours (ou non élaboré) plutôt que de commenter les œuvres en groupe et à distance. Tout d’abord le visiteur se posera des questions d’ordre général: Quel est le statut du dessin ?  Celui‐ci a‐t‐il évolué depuis les origines ? Ne sommes‐nous pas aujourd’hui plus sensible qu’autrefois au caractère spontané, inachevé, fragmentaire du dessin (et cela depuis que la modernité a récusé l’idéal de perfection exalté par l’art classique)?  Le dessin n’est‐il qu’un auxiliaire de la peinture, c'est‐à‐dire l’ébauche ou le balbutiement d’un message appelé à se développer ultérieurement dans un tableau (parent pauvre de la peinture, en somme !) ou bien s’agit il d’une forme d’expression à part entière, à la fois genèse, anticipation et tentative audacieuse pour saisir l’essentiel ? Ce qui est certain, c’est que le dessin occupe une place déterminante dans le processus créatif (moment clé), d’où son caractère unique, précieux et émouvant. Certains dessins, comme les draperies de Léonard de Vinci par ex. sont des exercices d’atelier ; ce qui n’empêche pas certains collectionneurs comme Robien au XVIIIes. d’acquérir très tôt avec discernement, ces fameux « brouillons ». De manière générale et indépendamment de la faveur actuelle du public, les dessins ont toujours intéressé les connaisseurs, à commencer par les artistes eux‐mêmes qui collectionnaient volontiers les dessins préparatoires des maîtres qu’ils admiraient (c’est le cas de Rubens). Au XVes. (début de la Renaissance) l’usage du papier facilite le développement du dessin mais la production qui nous est parvenue est inégale: recueils et albums de Pisanello et Bellini ; très rares feuilles de Botticelli par ex. Au XVIes. avec l’ouverture de nombreux chantiers en Italie, en France et dans l’Europe toute entière, le dessin va devenir un formidable outil de communication, permettant aux artistes de diffuser leurs recherches en affirmant leur style. C’est ainsi que de nombreux modelli conservés nous permettent de connaître ce que furent les grands cycles décoratifs aujourd’hui disparus (ex : Galerie d’Ulysse à Fontainebleau dont on possède quelques dessins de Primatice). Avec la demande croissante de commandes et l’usage de dessins comme moyen d’échange entre artistes et commanditaires, cette discipline se dote d’un véritable lexique : le disegno comprend plusieurs stades d’élaboration : le primo pensiero (correspond au premier jet), le modello (dessin élaboré, parfois mis au carreau donne une bonne idée de l’ensemble de la commande) et le ricordo (qui est l’esquisse achevée et peinte). Le dessin moderne entre en possession de ses moyens vers le milieu du XV es. Les techniques sèches e
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Au XIV et XV s. On utilise des pointes de métal montées sur stylets (or, argent, cuivre, plomb) et des supports préparés, recouverts d’une légère couche de pigment blanc ou coloré. Au XVIes. Ces techniques se perdent au profit de techniques comme la pierre noire, la pierre rouge ou sanguine et la craie blanche : c’est ce que l’on appelle « la technique des trois crayons » La pierre noire ou pierre d’Italie se présente sous la forme d’un bâtonnet en schiste argileux qui se taille : la pierre noire est utilisée pour tracer des contours, faire des détails ou encore couvrir des surfaces ombrées. La sanguine (issue d’une roche contenant de l’oxyde de fer) se présente aussi sous la forme de bâtonnets, déclinant plusieurs teintes de rouge : rouge orangé clair, ocre, rouge sang, rouge foncé, brun. Par le moelleux de sa texture, la transparence de son coloris elle est particulièrement adaptée à rendre le modelé, la subtilité et la luminosité des carnations. La craie blanche s’utilise sur des surfaces déjà travaillées à la pierre noire ou à la sanguine ou encore directement sur des papiers teintés ; elle sert de rehaut, c'est‐à‐dire de touche claire lumineuse. La technique des trois crayons offre plus de malléabilité que celle des pointes de métal. S’utilisant sur des papiers à grains pour une meilleure « accroche », elle permet d’explorer un vaste registre de sensibilités : sfumato, chiaroscuro, estompage, frottis, velouté… Ces trois pierres souvent utilisées conjointement sont à l’origine de la technique du pastel (craies de couleur) diffusée en France et magistralement pratiquée au XVIIIes. par Watteau et Quentin de La Tour suivant l’exemple de Rosalba Carriera (vénitienne de passage à Paris en 1720). Au XIXes. la mine de plomb ou graphite et le fusain (charbon de bois) détrônent la pierre noire. La première technique fut mise au point par le Français Conté au terme d’une longue évolution, en 1790. Dès lors, les grands dessinateurs vont se servir du crayon pour traiter avec minutie leur sujet (comme Ingres) ou enregistrer avec spontanéité leur ardente inspiration (comme Delacroix). Le fusain qui se prête bien à des grands formats peut se montrer vigoureux pour la construction, ample et généreux en surface comme subtil et moelleux dans les détails estompés. Les techniques humides Le lavis : associée à un dessin à la plume ou à la pierre noire, la technique du lavis permet de couvrir des surfaces ombrées par opposition aux surfaces claires laissées en réserve (surfaces de papier vierge). Le lavis d’encre est un mélange d’encre de chine (à base de noir de fumée), d’encre végétale (à base de noix de galle), de bistre (à base de suie détrempée) ou de sépia (à base d’encre de seiche) et d’eau plus ou moins diluée selon que l’on travaille en clair, en demi teinte ou en valeur foncée. C’est une technique qui valorise la plasticité et l’éclairage : sans tracé préalable, elle doit permettre de suggérer ou de souligner dans un complexe et subtil jeu d’ombres, les postures et le modelé des personnages comme les reliefs et les masses qui constituent l’environnement. La plume : Ce sont des plumes d’oiseau (taillées) qui servent à dessiner les contours des figures ainsi que les éléments construits de la scène représentée. Chargée d’encre, la plume peut laisser un tracé précis et limité comme s’autoriser des arabesques dans un graphisme libre et fluide. Son système de hachures se superpose souvent à un lavis d’encre pour accentuer le modelé (volume). « Le dessin est le père des trois arts majeurs (l’architecture, la peinture et la sculpture) » Vasari 1550 Le dessin obtient, à cette époque d’être considéré comme œuvre autonome : disegno. Andrée Chapalain conseiller‐relais MBA Quelques Techniques utilisées dans les dessins exposés Sanguine 3. Francesco Salviati : Homme nu assis de profil à droite, regardant vers le bas à gauche. 28. Abraham Bloemaert : Feuille d’étude. Jeune femme en buste, vue de trois quarts (sanguine et rehauts de gouache blanche) 39. Thomas Blanchet : La Visitation (Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier beige. Mis au carreau à la sanguine) 58. Hyacinthe Collin de Vermont : L’oryctologie (sanguine, rehauts de lavis de sanguine et de craie blanche sur papier crème) 60. François Boucher : Etude pour une figure d’homme drapée (sanguine sur des traces de pierre noire) Pierre noire 14. Anonyme italien, Ecole bolonaise, vers 1600 : Le Christ au roseau (Pierre noire huilée et rehauts de gouache blanche sur papier brun) 30. Anonyme hollandais, vers 1660 ? Portrait d’homme à mi‐corps (pierre noire sur papier brun) 32. Jan Antoon Garemijn : Etude d’homme (Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier bleu 50. Antoine Coypel : Académie d’homme assis, posé en Bacchus (Pierre noire et rehauts de blanc sur papier beige) 54. François Lemoyne : Etude pour la figure d’Hercule assommant Cacus (Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier beige) 56. Jean Baptiste Oudry : Une poule (Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier bleu) 69. Anicet Charles Gabriel Lemonnier : Portrait en pied d’homme drapé (Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier beige) La technique des trois crayons 6. Jacopo da Ponte : Vierge à l’enfant (Pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche, sur papier beige) 16. Fra Semplice Da Verona : Vierge tenant un linge blanc (Pierre noire, sanguine et rehauts de craie blanche sur papier gris‐bleu) 43. Nicolas de Plattemontagne : Etude pour un portrait de femme tenant un bouquet (Pierre noire, sanguine, rehauts de blanc sur papier beige) 57. Jean Restout : Etude pour une tête de Christ (Pierre noire, craie blanche et sanguine sur papier crème lavé de sanguine) Plume et encre 2. Baccio Bandinelli : Deux études d’un homme debout (plume et encre brune sur papier beige) 5. Battista Franco : Mucius Scaevola mettant sa main au feu devant Porsena (Plume et encre brune sur papier beige) 12. Agostino Carracci : Etude de chèvre de profil (recto) et Têtes de chèvres (verso) (Plume et encre brune) 13. Agostino Carracci : Femme assise tenant deux enfants et un chien (plume et encre brune, lavis brun) 23. Niccolo Berrettoni : Apparition de la Vierge à l’Enfant et à un Saint‐Evêque (plume et encre brune, lavis brun sur esquisse à la pierre noire) 27. Pierre Paul Rubens : Etude pour l’évangéliste Saint Matthieu (Plume et encre brune, lavis brun, traces de pierre noire) 31. Jan Van Orley : La Visitation (Plume et encre brune, lavis gris sur papier bleu) 38. Thomas Blanchet : La présentation de Jésus au temple (Plume et lavis brun sur une préparation légère à la pierre noire et à la sanguine) 48. Joseph Parrocel : Triomphe de David (Plume, encre noire, lavis gris et rehauts de gouache blanche sur papier beige) 64. Attribué à Julien De Parme : L’Ange chassant Adam et Eve du paradis d’après Raphaël (recto et verso) (Plume, encre brune, lavis brun sur une préparation la pierre noire sur papiers assemblés) 68. François André Vincent : Arria et Poetus, 1784 (Plume, encre noire et brune, lavis sur une esquisse à la pierre noire et à la sanguine)