La gauche poussée dehors par le FN - Haut-Rhin
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La gauche poussée dehors par le FN - Haut-Rhin
DÉPARTEMENTALES - PREMIER TOUR 15 Forte poussée du FN en pourcentage mais stabilité en nombre de voix L’Alsace reste une terre du Front national. Avec près de 29 % des voix, le parti d’extrême droite qui s’impose comme la deuxième force politique de la région, a confirmé hier sa solide implantation. Il a cependant réuni moins de suffrages qu’en 2012. Le Front national le confirme scrutin après scrutin ; il est aujourd’hui très solidement ancré dans la région. À tel point qu’hier, il s’est même offert le luxe de jouer les premiers rôles. Ses candidats, parfois totalement inconnus du public, sont en effet en position de se maintenir presque partout dimanche prochain. Plusieurs d’entre eux sont même arrivés hier en tête avec des scores à faire pâlir d’envie nombre d’élus sortants. C’est le cas dans pas moins de 9 cantons : Bischwiller (37,82 % des voix), Ingwiller (32,71 %), Saverne (29,81 %), Sélestat (30,25 %), IllkirchGraffenstaden (26,42 %), Ensisheim (35,53 %), Guebwiller (31,56 %), Mulhouse2 (35,17 %), Wittenheim (38,39 %). 170 000 voix contre 220 000 en 2012 À l’évidence, les électeurs du parti de Marine Le Pen se sont fortement mobilisés, comme le laissait suggérer, au fil de la journée, la participation plus forte que prévu. En particulier dans les zones rurales et aux marches de la région où l’extrême-droite a parfois réalisé des scores qui ne doivent pas être loin de constituer des records. Exemple : à Fort-Louis (près de Soufflenheim), les deux tiers des votants (65,66 %) ont donné leur bulletin à l’extrême droite. A Bissert (52,11 %) et à Stattmatten (49,80 %, la moitié des électeurs ont fait de même. Et on ne compte plus les communes où le Front national dépasse les 40 %. Les scores des candidats du FN ont également progressé dans les centres urbains, là où ils étaient jusqu’à présent les plus faibles. Ils dépassent aujourd’hui partout les 14 %, y compris au centre de Strasbourg. Ces résultats témoignent clairement de l’adhésion d’une partie de la population aux idées du Front national. Une partie en fait plutôt stable. Car contrairement à l’impression que donnent ces pourcentages, dus en partie à l’effacement des partis de gauche, les électeurs alsaciens du FN ne sont pas beaucoup plus nombreux que lors des précédents scrutins. Poussée des parties régionalistes Hier, ils ont été au total 170 000 à voter pour l’extrême droite, contre 141 400 aux européennes de 2014 (27,21 % des voix) et surtout 220 000 à la présidentielle de 2012 (22,12 % des voix). Cette différence s’explique sans doute, du moins en partie, par la poussée des partis régionalistes qui ont par endroits réalisé de belles percées qui ont forcément coûté des voix au FN : 17 % à 18 % dans le sud du Haut-Rhin et même plus de 20 % des voix dans le canton de Wissembourg. Après tout, certains candidats de ces formations ne l’avaient pas caché pendant la campagne : ils se présentaient bel et bien comme une alternative au Front national. ODILE WEISS CANTON DE STE-MARIE-AUX-MINES La seule triangulaire d’Alsace Dans le canton de Ste-Marie-aux Mines (*), les trois binômes du 1er tour se retrouveront dimanche prochain. Hier soir, aucun signe de front républicain ne se dessinait entre les candidats de droite et de gauche afin de contrer le Front national. C’est l’équipe composée du maire de Bergheim Pierre Bihl (UMP), conseiller général sortant du canton de Ribeauvillé et Emilie Helderlé (SE) qui arrive en tête avec 40, 01 % des voix. Elle est suivie du duo Front national Jean-François Abraham-Jacqueline Marie (30, 73 %) et du binôme formé par un autre conseiller général sortant, Henri Stoll, maire de Kaysersberg, qui se présente en indépendant, et Nadège Florentz, membre du Parti socialiste (29, 26 %). « Nous avons décidé de nous maintenir au 2e tour. Même si nous avons peu de chance de pouvoir bouger les lignes ». Henri Stoll est catégorique et déçu. « Je pensais faire trois points de plus, entre 32 et 33 %. Je n’arrive pas à comprendre. Peut-être que je suis un peu trop vieux en politique… » Quant à Nadège Florentz, conseillère municipale d’opposition à SteMarie-aux-Mines, elle l’affirme : « Pour l’instant, aucun accord n’est prévu ». Interrogé, Pierre Bihl va dans le même sens : « On se dirige vers une triangulaire. Je vais en discuter avec mes collègues du conseil général. L’important pour nous, c’est d’être devant avec une avance confortable ». MICHELLE FREUDENREICH Q (*) Il regroupe les anciens cantons de Ste-Marie-aux-Mines, Ribeauvillé, Kaysersberg et Lapoutroie. Groff/Adrian, seul binôme élu au 1er tour C’est sans doute la surprise pour ce canton nouvellement créé. Le binôme Daniel Adrian (sans étiquette) et Bernadette Groff (UDI) a obtenu 53,35 % des voix et surtout plus de 25 % des inscrits (25,38 %), ce qui fait de lui le seul binôme élu au 1er tour dans toute l’Alsace. Le duo formé par le maire de Brunstatt (Groff) et celui de Landser (Adrian), par ailleurs conseiller général sortant de Sierentz, termine loin devant la candidature FN Mildred Frey/ Thierry Kern (34,09 %) et le duo PS Alexis Carrié/Meryem Tekiner (12,56 %). Une victoire sans conteste pour TTE-RTE 06 MULHOUSE La gauche poussée dehors par le FN Une page se tourne pour le PS à Mulhouse qui perd là ce qui lui restait de sa réputation de ville alsacienne de gauche. Tous les cantons mulhousiens verront au deuxième tour de ces départementales, un duel entre la droite et le FN. M ulhouse2, c’est la grosse claque. Dans le canton de Mulhouse2, où la participation dépasse à peine les 36 %, le sortant Gilbert Buttazzoni qui briguait un troisième mandat et croyait en ses chances, ne recueille que 26,64 % des voix (8,73 % des inscrits). Il est éliminé. Mais le score des deux binômes qui se maintiennent au deuxième tour n’est pas beaucoup plus glorieux. Les adjoints au maire, Fatima Jenn (DVD) et Philippe Trimaille (UDI), obtiennent 28,97 % des voix (9,50 % des inscrits); et le FN est en tête avec seulement 35,17 % des voix (11,53 % des inscrits) pour Ludovic Cathala et la conseillère municipale Karine Luttringer. Mulhouse1, même topo. Le conseiller général sortant, le socialiste Pierre Freyburger avait décidé d’être suppléant pour faciliter l’adoubement de son dauphin, le chef de file du groupe socialiste au conseil municipal, Thierry Sother, en binôme avec une autre conseillère, Claudine Boni Da Silva. Avec une participation de 38 %, le PS y est éliminé avec 25,40 % des voix (8,87 % des inscrits). Les deux binômes arrivés en tête seront en ballottage au deuxième tour dimanche prochain. Il s’agit ici des adjoints au maire UMP Catherine Rapp et Alain Couchot qui recueillent 30,44 % des voix (10,63 % des inscrits) et ont dû un peu pâtir de la présence d’un autre binôme de droite face à eux, les DVD Myriam Rohmer et Francis Larger qui plafonnent à 8,03 % des voix (2,80 % des inscrits). Ici, le FN est second avec 29,36 % des voix (10,25 % des inscrits) pour René Curan et Marie-Laure Leroux, intervenante scolaire en religion à Mulhouse, anciennement adhérente au parti socialis- Le maire de Mulhouse Jean Rottner a proclamé les résultats hier soir. Tous les binômes socialistes des trois cantons mulhousiens sont éliminés. PHOTO DNA – M.M. te. Mulhouse3, plus franche légitimité. La vice-présidente de m2A, Lara Million et son binôme, le sortant Marc Schittly (tous deux UMP), obtiennent quant à eux 40,57 % des voix, 41,88 % à Mulhouse et 38,40 % pour la commune d’Illzach (soit 16,33 % des inscrits). Le FN est second avec 30,32 % des voix: 25,90 % à Mulhouse et 37,69 % à Illzach (soit 12,21 % des inscrits) pour Freddy Ciolek et Clarisse Ferrand, conseillers municipaux d’Illzach. Malgré une participation un peu plus forte avec 42,8 %, la gauche, divisée, en subit les conséquences avec des scores très bas: à peine 15,6 % des voix (6,28 % des inscrits) pour les socialistes Dominique Caprili et Christine Plas, alors que les écologistes récoltent 9,03 % des voix (3,64 % des inscrits) et le Front de gauche 4,47 % (1,80 % des inscrits). En périphérie de Mulhouse À noter que dans les cantons de la périphérie mulhousienne, les résultats ne sont pas beaucoup plus favorables à la gauche qui ne parvient pas à se maintenir dans le canton de Kingersheim, où le socialiste Jo Spiegel avait laissé son premier adjoint DVG tenter de prendre le relais; en vain, puisque c’est aussi un duel qui opposera au second tour l’UDI au FN, coiffé sur le fil de moins de 50 voix, les deux candidats frôlant les 32%. Dans le canton de Rixheim, le sortant DVD Bernard Notter, arrivé en troisième position, avec 15,52 % des voix, est exclu du second tour. Son challenger Olivier Becht, le jeune maire de Rixheim est en tête avec 45,24 % des suffrages exprimés; et au deuxiè- Groff/Adrian, le duo gagnant. PHOTO DNA – A.C les édiles de Brunstatt et Landser, conscients du rôle clé que joue ce nouveau canton, véritable charnière entre l’agglomération mulhousienne et le secteur frontalier. me tour, il sera lui aussi opposé au Front national qui obtient 27,09 % des voix, le PS et EELV atteignant chacun quelque 6 % des voix. Enfin, le canton de Brunstatt connaît les seuls élus alsaciens du premier tour, puisque Bernadette Groff (UDI) et Daniel Adrian (DVD) sont élus avec 53,35 % des exprimés et 25,38 % des inscrits. Le seul espoir pour la gauche dans le secteur de Mulhouse repose donc sur les épaules du conseiller général DVG sortant, Pierre Vogt, dans le canton de Wittenheim. Sur les six binômes en lice, il y arrive en seconde position, à plus de 14 points derrière les candidats FN, Ludwig Deleersnyder et Évelyne Fuchs. A noter, même s’il ne peut se maintenir au second tour, la 3e place du binôme d’Unser Land avec 14,73% des voix. MICHÈLE MARCHETTI R COLMAR À droite toute Seul élu sortant de gauche, Frédéric Hilbert (EELV) est éliminé. Les deux cantons colmariens proposeront des duels entre les candidats de droite et ceux du Front national. YVES HEMEDINGER touche CANTON DE BRUNSTATT Q LUNDI23MARS2015 son objectif du doigt. Avec 35,3 % des suffrages, le binôme qu’il forme avec Martine Dietrich arrive largement en tête dans le canton de ColmarOuest, le plus disputé avec six binômes sur la ligne de départ. Le premier adjoint au maire de Colmar, qui fait équipe avec l’adjointe aux affaires sociales de la ville d’Ingersheim, arrive en tête dans les deux villes. Largement « chez lui », avec 36,54 % des suffrages, beaucoup moins nettement à Ingersheim. Avec 512 voix, le binôme soutenu par l’UMP et l’UDI partage sa première place avec Gérard Cronenberger et Nadia Hoog (Unser Land – Modem). Malheureusement pour l’ancien maire d’Ingersheim, sa commune ne pèse que pour Pour Brigitte Klinkert et Eric Straumann, le second tour devrait être une formalité . PHOTO DNA-NICOLAS PINOT 15 % dans le résultat final et le binôme Cronenberger/Hoog ne termine qu’à la troisième place dans le canton. Ses 15,99 % ne lui permettent pas de se qualifier pour le second tour. Pas plus que les 15,84 % obtenus par l’écologiste Frédéric Hilbert, conseiller général sortant (sur Colmar-Sud). Il faisait équipe avec Caroline Sanchez. Gauche et extrême-gauche (4,01 % pour le binôme Allain-Mariage) pèsent moins de 20 % dans ce canton. C’est cinq points de moins que le FN, porté par Romain Thomann et Laurence Locher, qui obtiennent 25,17 % des voix. C’est néanmoins suffisant pour être repêché et aller défier les favoris du scrutin dimanche prochain. Avec un écart de 540 voix à combler et des chances minimes de l’em- porter. Une formalité à l’Est ? La situation est encore plus claire à Colmar Est, qui comprend l’autre moitié de Colmar et 12 communes de la CAC et du Ried Brun. Pour Eric Straumann et Brigitte Klinkert, le second tour devrait être une formalité. En tête avec 52,54 % des suffrages exprimés, les sortants (le premier à Andolsheim, la seconde à Colmar-Nord) auraient pu obtenir leur siège pour le conseil départemental dès hier, si la participation (49,02 %) avait été un peu plus forte. Il s’en est fallu de 258 voix pour que le duo n’obtienne les 25 % des inscrits nécessaires. Deuxième grâce à de bons scores dans les communes limitrophes, les FN Marc Courcières et Marion Wilhelm accusent 3 400 voix de retard. Les deux cantons colmariens devraient, en toute logique, envoyer quatre élus de la droite et du centre droit au conseil départemental. CYRIL TROMSON R