" silence " du langage dans La Cantatrice chauv

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" silence " du langage dans La Cantatrice chauv
The South Carolina Modern Language Review
Volume 3, Number 1
“Bavardage” et “ silence ” du langage dans La Cantatrice chauve
d'Eugène Ionesco
by Richard Schieber
Roger Williams University
Dans le rire qui secoue à sa lecture toutes les familiarités de la
pensée - de la nôtre : de celle qui à notre âge et notre
géographie -, ébranlant toutes les surfaces ordonnées et tous les
plans qui assagissent pour nous le foisonnement des êtres,
faisant vaciller et inquiétant pour longtemps notre pratique
millénaire du Même et de l'Autre (Foucault 7).
Empruntons pour ce projet les premières phrases de la préface Les Mots et les choses de
Michel Foucault pour décrire une réaction inévitable, en lisant les pièces d'Eugène Ionesco, ou
en assistant à leurs représentations scéniques. Nous proposerons ici une analyse de La
Cantatrice chauve qui permettrait de débrouiller un aspect du langage de cette œuvre qu’Ionesco
lui-même avait considérée comme “tragédie du langage” (Ionesco, Notes et contre-notes 247).
Est-ce bien le non-sens qui domine dans cette pièce qui suscite d'emblée une réaction évidente
de la conception du théâtre comme telle ? Ou, ne s'agit-il pas plutôt d'un rire jaune, glacé,
embarrassé, peut-être d'un sou(s)-rire, trahissant une certaine gêne chez le lecteur ou spectateur
? Quoi qu'il en soit, c'est grâce à ce rire perdu sur les chemins muets du non-sens de la
signification que le lecteur est encouragé et même forcé à emprunter une multitude de voies.
Dès le début de la pièce, le lecteur doit se laisser entraîner par un langage qui semble se
diriger çà et là,dépourvu de base commune dont le thème, croirait-on, serait annoncé par le titre
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de la pièce : La Cantatrice chauve. Mais le titre de la pièce comme le langage se neutralise
dans la prolifération du discours, ne laissant parvenir que les vestiges du mot gravé sur la page,
lui-même indélébile. De ce point de vue, les énonciations qui paraissent objectivement fausses
et contradictoires peuvent trouver leur authentification dans l'expérience du silence de la
signification qui en résulte. Car comme le précise Ionesco : “L'expérience profonde n'a pas de
mots. Plus je m'explique, moins je me comprends” (Ionesco, Journal en miettes 120). La
présence physique des personnages ne signifie pas automatiquement présence d'une parole
ayant un sens, comme nous le voyons à partir des personnages de M. Martin dans cette pièce.
Une présence physique ne garantit pas automatiquement une présence ontologique :
Mme Martin: Ce matin, quand tu t'es regardé dans la glace tu ne t'es pas vu.
M. Martin:
C'est parce que je n'étais pas encore là [. . .] (Cantatrice 68)
C'est surtout en pensant à ce phénomène du langage dans Être et Temps de Martin Heidegger
qui y élabore le thème, a priori paradoxe, du “on-dit/bavardage) et de “silence” (Schweigen) que
nous saurions mener cette question dans une direction plus abordable, peut-être dans une
tentative d'orientation ou d’explication (voir aussi Durand76-80). Car Heidegger précise à
plusieurs endroits la possibilité de la parole dans le silence, permettant à parvenir à un “état pur”
de la communication :
C’est le même soubassement existential qu'a une autre possibilité essentielle de la parole, le
silence. Qui se tait dans la conversation peut beaucoup mieux «donner à entendre », c'est-à-dire
accroître l'entente, que celui qui n'est jamais à court de parole. Quand il est abondamment parlé
sur quelque chose, cela ne garantit en rien que l'entente s'en trouve davantage établie. Au
contraire: les discussions qui s'étendent en longueur et plongent ce qui est entendu dans une
clarté fallacieuse, c'est-à-dire dans l'inintelligence de la trivialité [ . . .] Ce n'est que dans le
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parler à l'état pur qu'est possible un silence digne de ce nom [. . .] (Heidegger, Être et Temps
211)
Puisque le message chez Ionesco est surchargé par une prolifération de mots, le résultat est un
silence ainsi provoqué par trop de propositions isolées et illogiques. Constatation qui est
largement élaborée dans Être et Temps (Sein und Zeit) de Heidegger. C'est la nature et les
implications d'un langage vide, celui de la “trivialité” de ce “bavardage/on-dit” (Gerede) dans
l'absence et la présence de la parole que nous voudrions approfondir dans La Cantatrice chauve.
Ionesco remarque aussi que “le verbe est devenu verbiage. Tout le monde a son mot à dire. Le
mot ne montre plus. Le mot bavarde [. . .] Le mot est devenu une fuite. Le mot empêche le
silence de parler [. . .] ” (Ionesco, Journal en miettes 121).
Du point de vue structural de “forme”, nous rangeons cette pièce dans la catégorie du
théâtre de l'absurde, théâtre du non-sens ou comme l'indique le titre de la pièce même : La
Cantatrice chauve : anti-pièce. Comment concevoir cette pièce qui, d'une part, se moque dans
tous les sens du cadre de la dramaturgie traditionnelle : exposition, reconnaissance et
dénouement, et, d'autre part, la difficulté de déchiffrer cette pièce qui est liée directement à
l'utilisation d'un langage devenant à première vue “absurde”, non seulement par son placement
stratégique, mais aussi par sa futilité ? Donc, “parôidia” complète, pièce de théâtre “à côté” qui
semble pasticher le genre figé du théâtre et du langage.
Tout d'abord, la présentation du discours qui se réfléchit dans son opacité permet au
bout de quelques scènes toutes sortes de possibilités d’imbroglios et surtout de confusions.
Selon le dictionnaire Robert, c’est par l' “absurde” (lat. absurdus) au sens étymologique (“[. . .]
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qui a un son faux, qui détonne, qui ne convient pas, qui est sourd [. . .] ”) et par le “non-sens” au
sens double de signification et de direction, c'est-à-dire, qui mène partout et nulle part, que cette
pièce lance un défi à la tradition de la rhétorique du raisonnement logique. Et Ionesco n'en fait
pas mystère dans son Journal en miettes où il précise qu'un des objectifs de son œuvre serait une
langue ne parlant de rien : “Le silence est d'or. La garantie du mot doit être le silence” (Ionesco,
Journal en miettes 121).
En quoi consiste donc le comique dans cette parodie de pièce de théâtre d’Ionesco ?
L'absurdité du discours, qui “court çà et là”, semble se prononcer indépendamment des
personnages dans des monologues incohérents et frivoles. On pourrait même dire d'une
manière facétieuse que le langage parle et profère des sons et des syllabes que la structure de la
langue française lie en mots et en phrases et que la contingence attribue aux personnages, mais
sans créer pour autant l'impression d'une base commune d'accord entre les participants. Si l'on
se rappelle ce que Henri Bergson disait du comique dans Le Rire: “Le comique des mots”, qui
éclaire le phénomène de l'absurdité du langage comme moteur principal et essentiel d'une scène
comique, et qui explique l'efficacité de ce moteur par la raideur et par l'automatisme
précisément comme le machinal dans les mouvements d'un personnage. Ainsi en va-t-il avec la
raideur du langage dans cette pièce, mettant le comique en route :
Ce genre de raideur s'observe-t-il aussi dans le langage ? Oui, sans doute, puisqu'il y a des
formules toutes faites et des phrases stéréotypées [. . .] Mais pour qu’une phrase isolée soit
comique par elle-même, une fois détachée de celui qui la prononce, il ne suffit pas que ce soit
une phrase toute faite, il faut encore qu'elle porte un signe auquel nous reconnaissions [. . .]
qu'elle a été prononcée automatiquement. Et ceci ne peut arriver que lorsque la phrase renferme
une absurdité manifeste (Bergson 114).
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En tenant compte de l'accumulation des mots, des structures linguistiques, des
néologismes, etc., le comique est provoqué aussi bien dans le contenu des phrases que dans
l'ordre dans lequel ce discours est présenté. Souvent, la chronologie de l'intrigue, si elle existe,
n'est pas garantie. Séparés de leur contexte, des fragments de phrases sont reliés à d'autres en
forme elliptique, créant de cette manière un discours irrationnel et automatique avec un effet
comique. Mais cet aspect du langage peut en plus être comique et effrayant en même temps.
Ionesco parle souvent de “la crise du langage” en pensant à l'abus d'idées reçues surtout dans les
sociétés de gauche et de droite dont il a fait l'expérience (Ionesco, Rhinocéros). Ou, en nous
offrant même une critique implicite de la pédagogie et didactique de l’enseignement des
langues étrangères (Ionesco, Notes et contre-notes 247-248). La prolifération d'un discours qui
s'engendre incessamment sur lui-même sans que le locuteur en ait le moindre contrôle. Une
proposition donnée engendre la suivante, de ces prémisses imparfaites se construit un système
de pensée, une idéologie, qui est arbitraire et a priori défectueuse :
Le Pompier : [. . .] Lorsqu’on la porte, des fois il y a quelqu'un, d'autres fois il n'y a personne.
M. Martin : Ça me paraît logique. (Cantatrice 49)
Ce discours, accumulation et altération de clichés, est dans cette pièce la plupart du temps hors
contexte, résultant directement, comme le dit Ionesco, de la séparation de “l'être et la pensée”
parce que les personnages sont “ontologiquement vides” (Hubert 238), les personnages n'ont
rien à dire :
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Divorce entre l'être et la pensée, la pensée, vidée de l'être, se dessèche, se rabougrit, n'est plus
une pensée. En effet, la pensée est expression de l'être, elle coïncide avec l'être. On peut parler
sans penser. Il y a pour cela à notre disposition les clichés, c'est-à-dire les automatismes.
(Ionesco, Journal en miettes 48)
En somme, le langage dans La Cantatrice chauve ne serait-il qu'une série de paroles
insignifiantes qui cacherait un langage pur, c'est-à-dire un langage sacré ? Comme le souligne
Ionesco : “Tout doit être continuellement réexaminé à la lumière de nos angoisses et de nos
rêves, et le langage figé des «révolutions» installées doit être sans répit dégelé, afin de retrouver
la source vivante. La vérité originelle ” (Ionesco, Notes et contre-notes 143).
L'utilisation des mots n'est qu'un faible intermédiaire pour exprimer ses pensées.
Ionesco n'est pas le premier à se plaindre du schisme qui s'établit entre l'être et la pensée, la
pensée et le mot qui représente cette pensée. L'individu a toujours été contraint à emprunter un
discours qui n'est pas identique à ses expériences innées. Le discours domine les personnages et
les rabaisse au-dessous du langage pour ainsi dire : victimes du langage. Les dialogues dans
cette pièce d'Ionesco ressemblent à des balbutiements. Ces “paroles sans idées”, dépourvues de
contenu, représentent une adaptation au monde extérieur, c’est-à-dire, l'extériorisation de la
pensée. Une adaptation chancelante qui met en relief le décalage de sens qui s'introduit à
chaque phase de cette traduction de la pensée au mot. Les jugements qu'on porte ainsi sur les
choses et les rapports entre les hommes sont limités par la nature extérieure du langage.
Simplification, approximation et réduction de sens sont les thèmes majeurs qui sont liés à la
représentation et à la communication. Les références aux vicissitudes du langage sont un des
thèmes qui apparaissent sans cesse dans l'œuvre entière d'Ionesco. C'est par cette crise du
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langage apparente qu'Ionesco dénonce les abus et les préjugés moraux qui se construisent sur un
fondement de clichés rabâchés et dépourvus de sens: “Les mots ont tué les images ou ils les
cachent [. . .] ces mots étaient comme des masques” (Ionesco, Journal en miettes 101). Ionesco
démonte la cohérence du discours et force le lecteur à trouver le revers du langage. Ce masque
du langage serait-ce ce que Heidegger appelle “le on-dit/bavardage”, et l’impossibilité d’en
sortir ?
Ce qu'il faudrait donc préciser à cet endroit, c'est la signification de “bavardage/on-dit”.
À ce propos, il semble nécessaire de nous en référer à Être et Temps de Martin Heidegger dans
une tentative d'éclaircir les liens entre la notion de “Gerede” et les jeux du langage d'Ionesco
dans le cadre de La Cantatrice chauve.
La traduction (ou transformation) du terme allemand “Gerede”, (anglais : “gossip” ou
“idle talk”, français : “on-dit” ou “bavardage”) auraient déjà, sans l'explication de Heidegger, à
partir du mot même “Gerede”, tel qu’on le conçoit dans l'utilisation et la conception courante,
un effet péjoratif sur le lecteur. Mais Heidegger insiste cependant sur le fait que le vocable
“Gerede” doit être employé au sens neutre du terme : “L'expression «on-dit» ne sera pas
employée ici dans une signification péjorative” (Heidegger, Être et Temps 214). Heidegger
présente dans Être et Temps l'idée de “parole” (Rede) ensemble avec deux autres phénomènes
qui forment la base fondamentale de l’ “être-là” (Da-sein), c'est-à-dire, la façon dont “l'étant”
(das Seiende) se manifeste.
La première structure est “disposibilité” (Befindlichkeit) qui représente l'état mental ou
physique dans lequel le “Dasein” se place dans le contexte quotidien (Heidegger, Être et Temps
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178-184). Ceci veut dire que l'homme possède un trait existentiel qui le place toujours dans un
contexte, nous nous trouvons (sich befinden) déjà entourées de données précises, la
“quotidienneté” (Alltäglichkeit), qui ont une influence immédiate, mais inconsciente, sur la
façon dont nous percevons le monde. Le verbe allemand “sich befinden” implique non
seulement la notion du lieu (locus) où l'on se trouve, mais encore la disposition mentale ou
physique : “La disposition révèle « comment on se sent », « comment on va » (Heidegger, Être
et Temps 178)
La deuxième structure est l’ “entendre” (Verstehen) qui, comme la “disposibilité”, est
l'autre élément primordial et temporel constituant le “Dasein” (Heidegger, Être et Temps 187193). L’ “entendre” (Verstehen) est étroitement lié à la condition primordiale de la
“disposibilité” (Befindlichkeit) et est même déjà présent dans cette dernière structure. L’
“entendre” (Verstehen) a la capacité de rendre le savoir possible, mais l’ “entendre”(Verstehen)
suit une structure qui lui est innée et constitue la “visée” (Sicht) du "Dasein" (Heidegger, Être et
Temps 191). Puisque nos choix et possibilités d'actions proviennent directement du réservoir
restreint que nous offre le “Dasein”, notre vision du monde est donc limitée par les possibilités
et les projections de ce terme que Heidegger appelle le “on” (Man).
Que signifie donc ce “on” (Man) ? Dans cette chaîne de dépendance hiérarchique, le
“on” (Man) semble y être à la tête pour déterminer aveuglement les structures du “Dasein” :
La projection de soi ententive de Dasein a chaque fois déjà lieu factivement après un monde
dévoilé. C’est de lui que le Dasein - et d'abord en suivant l'état d'explication du on - tire ses
possibilités. Cette explication a restreint d'avance ses possibilités de libre choix en les arrêtant
au rayon de ce qui est connu, de ce qu'il est possible d'atteindre, du supportable, de ce qui se fait
et de ce qui est comme il faut. Ce nivellement des possibilités du Dasein à ce qui
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quotidiennement disponible dans l'immédiat opère du même coup une restriction de champ
dans le possible comme tel. La quotidienneté moyenne de la préoccupation devient aveugle
quant à ses possibilités et se tranquillise en ne misant que sur le «réel» [. . .] Le voulu, loin de
porter sur de nouvelles possibilités positives, se ramène au disponible arrangé «tactiquement»
pour donner l'apparence qu'il se passe quelque chose. (Heidegger, Être et Temps 244)
L'indication scénique du début de La Cantatrice chauve est farcie de l'adjectif anglais/e. Ionesco
part d'une idée reçue et utilise ce qui pourrait généralement être pris comme typiquement
anglais: “soirée anglaise” ou tout simplement un fait comme “journal anglais” et étend cette
qualification sur tout ce qui se trouve sur scène: “feu anglais”, “dix-sept coups anglais” et à
l'arrière-plan, on se rend compte d'une pendule qui renforce perceptiblement ce procédé de la
prolifération qui d'emblée suscite l'apparence de l'automatisme. Ce nivellement de sens, par
l'utilisation répétée des adjectifs, est évidemment poussé à l'extrême, renforçant ainsi l'effet.
Heidegger montre bien qu'il s'agit d'arranger “tactiquement” ce qui nous est fourni par le “Man”
dont le résultat serait l'absurdité du discours chez Ionesco, mais qui est néanmoins valable à
cause de sa grammaticalité : “L'explication ne consiste pas à prendre connaissance de ce qui est
entendu, mais travaille à développer les possibilités projetées dans l'entendre” (Heidegger, Être
et Temps 194).
C’est-à-dire, qu'une connaissance superficielle de la chose suffit pour en déduire le reste,
ce qui nous permet d’en construire un nouveau système épistémologique. Systématiquement,
Ionesco épuise toutes les possibilités qui sont permises dans le cadre restreint de l'interprétation
avec un adjectif tel que anglais/e et les règles de la grammaire française. La notion qu'on a dans
l'expérience, de ce qui se qualifie comme anglais, est exploitée par Ionesco et s'insinue
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progressivement dans le discours. Ce passage préliminaire donne le ton à tout ce qui va suivre :
le langage fait semblant d'échapper au contrôle direct des personnages. C'est ainsi que ce
moment de l'exposition nous révèle le caractère complexe du discours qui suggère avoir sa
propre volonté.
Insistons maintenant sur ce que Heidegger appelle “bavardage/on-dit”. Comme nous
avons déjà vu préalablement, “Dasein” est, par la “disposibilité”, l’ “entendre” et le “on”,
toujours déjà enfermé et engagé dans une tradition et dans un discours quelconque : “Le on
prédétermine la “disposibilité”, il prescrit ce qu'on «voit» et comment le voir” (Heidegger, Être
et Temps 217). “Dasein” se définit donc par une compréhension primordiale du monde,
néanmoins pas immédiate, mais médiatisée par une relation avec autrui, “ l'être-avec” (Mitsein)
et par sa simple présence au monde dans la “quotidienneté” (Alltäglichkeit). C'est dans ce sens
que “Dasein” est toujours en relation, en coexistence avec un autre et cet autre lui impose, voulu
ou non, son discours. Ou comme le dit Klaus Heitmann : “Die Widersinnigkeit des Daseins ist
für Ionesco weniger verwunderlich als die Tatsache des Daseins überhaupt (Heitmann 481) .La
réalité du “Dasein” quotidien se définit directement par son entourage et est plongée dans un
monde d'inauthenticité produit par la “dictature” du “on” (Man) :
Cet être-en-compagnie fond complètement le Dasein qui m'est propre dans le genre d'être des
«autres » à tel point que les autres s'effacent à force d'être indifférenciés et anodins. C'est ainsi,
sans attirer l'attention, que le on étend imperceptiblement la dictature qui porte sa marque.
Nous nous réjouissons et nous nous amusons comme on se réjouit; nous lisons, voyons et
jugeons en matière de littérature et d'art comme on voit et juge [. . .] (Heidegger, Être et Temps
169-170)
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Les personnages de La Cantatrice chauve nous offrent non pas l'image de l'individu réel
avec sa propre volonté, mais celle de la marionnette parlante manipulée par la main et d’un
discours caché. Ionesco aime détruire et ridiculiser, à partir de monologues figés, nos vérités
axiomatiques, et se plaît à dépeindre un état particulier du nivellement ontologique dispersé et
décousu, peut-être celui du “Dasein” en général, dans sa banalité quotidienne. C'est dans cette
suspension dans le vide du langage, dans l’ “absence de tout fondement” (Bodenlosigkeit) que
se constitue le “bavardage” :
M. Smith :
M. Martin :
Mme Martin :
M. Martin :
M. Smith :
Le cœur n'a pas d'âge.
C'est vrai.
On le dit.
On dit aussi le contraire.
La vérité est entre les deux. (Cantatrice 35)
Le “Dasein” suspendu dans le vide, se marque par son nivellement ontologique. Le “on”,
précise Heidegger, n'est personne de concret et est tout le monde en même temps. Ce qui est
(d)énoncé dans le discours et dans le “bavardage” n'est plus ni vrai ni faux. “La vérité est entre
les deux”. Ionesco démasque l’existence individuelle du particulier et la place dans le
“labyrinthe” (Hubert 258) du langage, l'existence est vécue sur les convenances de la déréliction
existentielle dans laquelle se dissout et se perd l'individu. Ainsi s'effectue le “divorce entre
l'être et la pensée”. L'exemple de Bobby Watson nous montre cette mise en abîme de la
prolifération d'un des personnages qui non seulement perd son identité, mais semble aussi
engendrer une ressemblance biologique imitant le clonage :
Mme Smith : La pauvre Bobby
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M. Smith :
Tu veux dire «le» pauvre Bobby.
Mme Smith : Non, c'est à sa femme que je pense. Elle s'appelait comme lui, Bobby, Bobby
Watson. Comme ils avaient le même nom, on ne pouvait pas les distinguer l'un de l'autre quand
on les voyait ensemble [. . .] (Cantatrice 16-17)
Puisque toute la famille porte le même nom de Bobby Watson, il s'ensuit, selon la logique
déductive de Mme Smith, que chacun portant ce nom doit se confondre avec son prochain dans
une identité existentielle qui dépasse la seule homonymie. Cette généralisation ne suppose
donc aucune notion préalable du sujet individuel. Ionesco accentue avec précision l'un des
points culminants de cette pièce : le langage trompeur et traître, pourrait-on dire. Mais
Heidegger nous offre une explication moins sévère. La position de l'individu dans son
environnement égalisateur trouve son pendant dans une des fonctions du “on” de Heidegger :
Le on qui n'est rien de déterminé et que tous sont, encore que pas à titre de somme, prescrit le
genre d'être à la quotidienneté. Le on a lui-même ses propres manières d'être. La tendance de
l'être-avec que nous avons préoccupé par l’être-dans-la-moyenne. Celui-ci est un caractère
existential du on (Heidegger, Être et Temps 170).
A la lumière de cette philosophie du “on” ou du “bavardage”, le poème du Feu dans
cette pièce, récité par Mary en l'honneur du capitaine des pompiers, permet de répondre à une
autre question qui s'impose à sa lecture : la neutralisation du sujet et même la disparition du
sujet. C'est dans la répétition du thème du feu que le sujet se dissocie du verbe, disparaît, et se
trouve littéralement consommé par le feu dans le dernier vers du poème :
Le Feu
Les polycandres brillaient dans les bois
Une pierre prit feu
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Le château prit feu
La forêt prit feu
Les hommes prirent feu
Les femmes prirent feu
[. . .]
Le feu prit feu
Tout prit feu
Prit feu, prit feu. (Cantatrice 68)
Ce processus du jeu de la parole met en question l'authenticité du sujet parlant et suggère son
caractère factitif. Le sujet se dissocie au fur et à mesure lorsqu'il parle, il n'est plus la cause de
l'action, mais le verbe agit indépendamment de la cause. La base du discours est tirée du
“Dasein” et la structure du langage correspond alors au “on-dit” qui s'introduit par couche
successive. Le sujet, le “qui” de l'action, c'est le neutre du “on” dans son “être-dans-lamoyenne” : “Le qui, ce n'est ni celui-ci, ni celui-là, ni nous autres, ni quelques-uns, ni la somme
de tous. Le «qui» est le neutre, le on” (Heidegger, Être et Temps 169). Le sujet perd son
identité et tombe en oubli dans cette sorte de discours, un discours avec un sujet interchangeable
dans un paradigme qui rappelle la force du “on-dit” de Heidegger. Ce qui reste, c'est l'écho du
dernier vers “Prit feu, prit feu”, et l'on peut se demander si par la suite le verbe et le substantif
même ne seront pas détruits, eux aussi, par le feu: Autrement dit, un cas du langage détruisant le
langage : “If ordinary nouns can slip referentially and semantically, thereby changing their
function in a given scene, the playwright demonstrates that the so-called proper name can
undergo a similar fate”(Issacharoff 273). L'indication scénique indique que Mary, tout en
récitant le poème, est poussée hors de la pièce, ce qui souligne davantage que le sujet est en
train de disparaître. Pour insister encore une fois sur le “on” du “on-dit”, le “on” comme
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pronom personnel indéfini, évoque grammaticalement la neutralité du sujet générique, c'est le
bruit qui court, ce sont les rumeurs, le on dit que :
Le parlé comme tel se propage à la ronde et revêt un caractère
d'autorité. Il en est ainsi parce qu'on le dit. C'est dans des redites et
les palabres de cette sorte, tandis que le manque de base qui sévissait
déjà initialement s'accentue pour atteindre à l'absence de tout
fondement. (Heidegger, Être et Temps 216)
La critique du langage d'Ionesco, vue sans l'optique de Heidegger, pourrait sembler d'autant plus
impitoyable, si l'on ne tenait pas compte de la nature inconsciente de ce processus. Le “Dasein”
s'engage dans ces modes d'entretiens sans le savoir. C'est le “on” qui prend la parole en se
substituant au sujet parlant, le langage nous échappe à chaque moment parce que nous répétons
involontairement des formules déjà existantes. Le “caractère d'autorité” du parlé montre bien ce
qui est imposé et progresse par l' “auctor” au sens étymologique. Le discours authentique du
“moi” ne serait-il donc jamais possible ou ne serait-ce qu'un discours superficiel ? “Le on-dit est
la possibilité de tout entendre sans s'être auparavant approprié ce qui est en question”
(Heidegger, Être et Temps 216). Le discours du “moi”, aurait donc besoin d'une “ouverture de
l'être vers la chose” (Zuneigung der Sache), d'une appropriation de la chose qui ne semble pas
être nécessaire puisque le “bavardage” fonctionne uniquement sur la surface, ce qui sépare,
selon Ionesco, “l'être de la pensée”.
En ce qui concerne la composition de cette “anti-pièce” d’Ionesco, nous avons constaté
que le langage dans La Cantatrice chauve se défait sur plusieurs niveaux différents, c'est-à-dire,
qu'Ionesco insiste sur ce fait par une destruction du discours cohérent. Dès le papotage initial
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qui devrait être ancré dans le cadre d'un dialogue entre monsieur et madame Smith, le lecteur
remarque une accumulation de pensées cataloguées et étiquetées: “Mme Smith: [. . .] Nous
avons bien mangé ce soir. C'est parce que nous habitons dans les environs de Londres et que
notre nom est Smith” (Cantatrice 11). Le dialogue n'est jamais établi, ni par le silence de
l'interlocuteur, ni par un décalage immanent entre l'énoncé et la réplique :
Mme Smith : [. . .] Vous n'auriez pas dû vous absenter !
Mary :
C'est vous qui m'avez donné la permission.
M. Smith :
On ne l'a pas fait exprès !
Mary :
éclate de rire. Puis, elle pleure. Elle sourit. Je me suis acheté un pot de
chambre. (Cantatrice 22)
Aussi y a-t-il une accumulation d'expressions figées qui brisent le cadre de la communication.
La prolifération d'idiomes courants, qui est toujours hors contexte, met en relief encore une fois
la déchéance graduelle du discours qui entraîne la disparition de l'individu, celui du sujet parlant
et actant, qui répète comme un perroquet le répertoire du “on-dit”:
M. Martin:
Edward is a clerk; his sister Nancy a typist, and his brother William a shopassistant.
M. Martin : La maison d'un Anglais est son vrai palais.
Mme Smith : Je ne sais pas assez d’espagnol pour me faire comprendre
(Cantatrice 73)
Le plus significatif de ce délabrement du langage se situe vers la fin de la “pièce”. Au cours de
la dernière scène, on voit le langage se défaire en répétition de sons, de syllabes jusqu'à ce qu'il
se réduise en cacophonie et non-sens et finalement en voyelles et consonnes de l’alphabet :
M. Martin :
Quelle cascade de cascades [. . .] de cacades.
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Mme Martin :
M. Martin :
Mme Martin :
M. Smith :
M. Smith:
Mme Smith:
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Cactus, Coccyx! coccus! cocardard! cochon!
J'aime mieux pondre un oeuf que voler un bœuf.
Touche ma babouche !
Touche la mouche, mouche pas la touche.
A, e, i, o, u, a, e, i, o, u, a, [. . .]
B, c, d, f, g, l, m, n, p, r, s, t, v, [. . .] (Cantatrice 75-79)
Ces jeux de langage trahissent la déchéance et la disparition de la maîtrise sur le discours et
celui-ci se dissout dans la bouche même des personnages. Ces personnages semblent figurer la
perte progressive du pouvoir sur les mots qui n'est dans cette pièce, en effet, qu'une illusion.
S'agit-il donc d'une libération de sens du langage qui porte toujours une signification a priori ?
Le retour à un silence primordial, retour aux origines de la communication, aux bases du
discours ?
Ce qui distingue le langage de La Cantatrice chauve est justement la présence du nonsens, de l'absurde, du discours “sourd” qui ne mène nulle part et comme le remarque Ionesco :
“Le verbe est devenu du verbiage [. . .] le mot bavarde [. . .] le mot empêche le silence de parler
[. . .]" (Ionesco, Journal en miettes 121). Ce silence, momentané, se montre bien dans la
détérioration du langage dans La Cantatrice chauve, mieux encore dans la scène finale des
Chaises du même auteur où le langage se suicide métaphoriquement dans la mort des vieux et
chez l'orateur qui devient significativement sourd-muet.
Puisque le langage officiel du “on-dit” prescrit notre façon de concevoir les choses en
nous offrant d'un réservoir limité les éléments de notre pensée, la responsabilité du discours
semble donc être évitée sinon poussée en arrière:
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Volume 3, Number 1
Le on est omniprésent à ceci près qu'il s'est toujours déjà dérobé là où le Dasein est acculé à une
décision. Toutefois, comme le on fournit d'avance tout jugement et toute décision, il ne laisse
plus aucune responsabilité au Dasein. (Heidegger, Être et Temps 170)
Il n'est pas étonnant qu'Ionesco use davantage de proverbes, d'expressions idiomatiques et
d'exercices phonétiques pour souligner, vu au sens péjoratif, l'abus de ces fragments figés dont
il a fait l'expérience comme écolier dans les cours d'anglais. Une expression figée consiste en
deux ou plusieurs mots collés inséparablement ensemble, nous forçant à les utiliser bien qu'il
soit possible qu'une partie de l'ensemble ne représente pas notre pensée. La réalité verbale, telle
que nous l'apercevons, est vue à travers la lentille du “on” et le moule rigide, égalisateur, de la
structure des “entraves de l’explication logique et rationnelle” (“rational-logische Fesseln) du
langage (Heidegger, Unterwegs zur Sprache 15).
Le procédé créatif dont se sert Ionesco est celui d'un monologue (on y soliloque
beaucoup) assumant les allures d'un “dialogue” qui semble tourner en “quatrilogue”. À propos
du non-sens qui à partir d'énoncés, chacun pris à part, pourraient paraître vraisemblable, Ionesco
nous dépeint le manque de cohérence logique à l'aide de contradictions, de contre-sens et aussi
d'oublis. Les personnages oublient dans leurs argumentations les prémisses de leurs propos. La
logique rhétorique, inductive ou déductive, qui veut conférer au langage une précision
mathématique est mise en question par les contradictions qui se basent sur l’ “oubli”
(Vergessen). Les conclusions deviennent absurdes :
M. Smith :
Elle a des traits réguliers et pourtant on ne peut pas dire qu'elle est belle [. . .]
Ses traits ne sont pas réguliers et pourtant on peut dire qu'elle est très belle [. . .] (Cantatrice 17)
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Comme nous l'avons déjà vu auparavant, le “Dasein” est complètement absorbé parce que le
“on” a tendance à l'obscurcir, le plaçant ainsi dans un état d'inauthenticité dont le trait distinctif
est l'oubli. Pour que l'individu puisse se jeter dans les besognes quotidiennes dictées par le “ondit”, il faut oublier sélectivement les expériences antérieures pour fixer son attention sur les
événements actuels :
Pour la temporellité qui constitue le conjointement, un oubli spécifique est essentiel. Pour
pouvoir se mettre «pour de bon» à l'ouvrage au point de se « perdre » au milieu du monde
des utils (Zeugwelt) et pouvoir exercer son activité, le soi-même doit s'oublier. (Heidegger,
Être et Temps 416)
Ainsi se distinguent certains aspects du récit, de première vue anodins, de l'oubli. Ce procédé
de l'oubli se déroule sur un niveau qui ignore son état de “Vergessen”. Les personnages
d'Ionesco ne se rendent pas compte de leur manque de mémoire ou de logique pas plus que de
leur absurdité innée. C'est justement cet oubli qui importe à Ionesco, et il le force jusqu'aux
limites. Car à quoi sert une expérience, une mémoire qui se fonde sur des événements passés.
Le nouveau contexte contemporain, autonome, c'est-à-dire, isolé dans le moment de l'action,
devrait créer ses propres points de références, se débarrassant des vestiges figés et usés du
langage pour en former son propre système de signification. Mais la fin de la pièce ne semble
offrir aucune issue de ce dilemme puisque les indications scéniques précisent un retour au
même “dialogue” du début de la première scène sauf avec changement des personnages : “[. . .]
La pièce recommence avec les Martin, qui disent exactement les répliques des Smith dans la
première scène, tandis que le rideau se ferme doucement”. RIDEAU (Cantatrice 81).
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Or, qu'est devenue la cantatrice chauve ? Qu'a-t-elle chanté ? A-t-elle chanté le glas du
langage ? Il paraît que le hasard, le lapsus d'un acteur pendant une présentation, a créé ce titre
qui n'a aucun rapport avec le contenu, ce qui est tout à fait symptomatique de cette pièce.
Comme les personnages qui ne parlent que pour dire des choses insolites, Ionesco est hanté par
les abus du langage et nous propose un discours qui dénonce son propre limite de
communication. Pour le lecteur qui est habitué à une forme traditionnelle du théâtre et de
l'écriture, “l'excès” du non-sens qui provoque peut-être un rire excessif “n'éclate que depuis le
renoncement absolu au sens” (Derrida 376).
Ainsi la maîtrise du langage se glisse autour des personnages. L'aspect volatile du
langage devient plus clair et abordable pour le lecteur s'il le considère comme un “bavardage”
du “on”, indépendant du sujet parlant. Notre perception de la réalité et même de notre propre
identité dépend directement du langage qui est l'intermédiaire et l'interprète entre nos
perceptions et le discours préformulé qui s'ensuit. Le cadre de La Cantatrice chauve est
incorporé dans le discours monolithique qui éclipse le dialogue, et ces monologues se heurtent
constamment les uns contre les autres, ainsi troublant la communication. Le discours est même
suspendu en l'air, on ne saurait attribuer ni à l'un ni à l'autre interlocuteur les phrases
incohérentes, car les personnages entendent et répètent ce qui est dit par d'autres et à leur tour
reprendront la même matière dans ce processus cyclique sans issue. C'est un langage qui est
donc devenu ou est déjà inauthentique parce que le sens originel n'est plus ou n’a jamais été
compréhensible à cause de l'obstacle du “bavardage”. Y a-t-il une issue du “bavardage” pour
Ionesco ? La fin de la pièce qui ne fait que renvoyer au début semble annoncer que non : “Der
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Mensch spricht [. . .] Die Sprache selbst ist [. . .] Die Sprache spricht [. . .]”. (Heidegger,
Unterwegs zur Sprache 11-16).
Ouvrages cités
Bergson, Henri. Le Rire: Essai sur la signification du comique. Paris: Alcan, 1913.
Derrida, Jacques. L'Écriture et la différence. Paris: Seuil, 1967.
Durand, Thierry. "Diderot et Heidegger: La Poétique Du Bavardage dans Jacques le Fataliste
et Son Maître." Diderot Studies XXIV (1991): 67-84.
Foucault, Michel. Les Mots et les choses: Une Archéologie des sciences humaines. Paris:
Gallimard, 1966.
Gaffiot, Félix. Dictionnaire Latin-Français. Paris: Hachette, 1934.
Heidegger, Martin. Être et temps. Trad. François Vezin. Paris : Gallimard, 1986.
---. Unterwegs Zur Sprache. Pfullingen: Neske, 1959.
Heitmann, Klaus. "Ein Theater der einfachen Wahrheiten." Romanische Forschungen 112
(2000) 470-494.
Hubert, Marie-Claude. Eugène Ionesco. Paris: Seuil, 1990.
Ionesco, Eugène. Journal en miettes. Paris : Mercure de France, 1967.
---. La Cantatrice chauve. Paris : Gallimard, 1945. 19-56.
---. Notes et contre-notes. Paris : Gallimard, 1966.
Issacharoff, Michael. "Bobby Watson and the Philosophy of Language." French Studies
Volume XLVI.No.3 (1992): 272-79.

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