Portrait de GROSSISTE : Charles Bisson
Transcription
Portrait de GROSSISTE : Charles Bisson
ENTREFILETmai2015_ENTREFILETmai2015 11/05/2015 09:49 Page 10 ACTUALITÉS Portrait de GROSSISTE : Charles Bisson harles est vendeur de porcs à Rungis depuis plus de trois décennies. Dès l’âge de 13 ans, ce fils d’agriculteurs originaire d’Alençon sait qu’il veut travailler dans la viande. Déjà très déterminé, il obtient une dérogation pour arrêter l’école avant 14 ans afin de commencer son apprentissage en charcuterie. C Le cochon, une passion pour le 100% Made in France Il débute chez un charcutier en Mayenne où ce sont pas moins de 25 porcs qui passent entre ses mains chaque semaine. Son patron l’emmène régulièrement avec lui dans la campagne normande pour sélectionner les cochons les plus gros. Après son apprentissage, il se rend sur Paris pour devenir ouvrier charcutier dans des rues commerçantes de renom comme la rue des Abbesses et la rue de Lévis... Quotidiennement, il accompagne son chef faire les achats à Rungis et c’est alors qu’un jour d’été 1979, il demande à ce dernier l’autorisation d’y faire un stage… qui s’avérera un peu plus long que prévu ! Commence alors une belle carrière à Rungis : il débute en tant que desserveur - il ficelle les carcasses pour le transport - puis il devient leveur de longes, puis coupeur et même chauffeur de temps à autres pour dépanner les bouchers. Son patron, impressionné par son œil affuté pour détecter les bons porcs, lui propose alors de passer à la vente ce que Charles accueille avec joie. C’est avant tout par goût qu’il décide de se spécialiser dans le commerce de porc français : “Je ne me voyais pas vendre quelque chose que je n’aime pas manger !” me dit-il. Son porc du SudOuest est un magnifique produit juste assez gras, tendre et extrêmement savoureux. Il le réserve pour sa clientèle haut de gamme : celle qui sert notamment les plus grandes institutions françaises comme le Sénat ou les tables étoilées. Son porc breton a lui aussi beaucoup de succès : il est plus épais en viande et plus abordable. Charles travaille aujourd’hui avec Franck son aide vendeur et son fils Fabien, aide vendeur lui aussi. Ce dernier n’hésite pas à goûter ce que son père vend : “C’est plus facile de vendre une viande qu’on a goûtée et qu’on aime… et puis j’adore travailler avec mon père !” nous dit Fabien. Les regards croisés de Charles et son fils en disent long sur cette passion partagée. Charles aurait pu prendre sa retraite il y a quelques années, mais il se refuse à quitter l’ambiance de Rungis : “Quand les portes du camion s’ouvrent sur le quai à 23 heures, c’est un peu comme quand on ouvre un cadeau : on ressent une petite excitation et on commence à réfléchir à quel boucher on va réserver tel ou tel cochon, comment on va les découper, les trier, les mettre en valeur... On cherche toujours la pépite, le porc qui va se démarquer”. Car les cochons ne sont jamais les mêmes nous explique ce passionné : “il ne faut pas oublier qu’ils ont été mis au monde par une truie et que Dame nature y met toujours son grain de sel. Il nous faut donc bien les sélectionner et surtout expliquer aux éleveurs ce que nos bouchers attendent”. Les carcasses de demi-porc doivent peser entre 50 et 55kg pour permettre d’obtenir de belles longes de 17-18kg. La viande doit être bien ferme, de couleur rosé clair à rosé foncé. Les porcs doivent être un peu couverts mais pas trop gras : “Je dis souvent à mes amis au régime que la viande de porc se pare de gras mais n’en contient pas !” A vous de voir, à vous de goûter… Tous les bouchers peuvent commander la veille pour le lendemain ou le jour même. Charles et son équipe sont à Rungis dès minuit pour préparer les découpes spécifiques à leurs clients. En effet, les bouchers ont tous un cahier des charges différent : certains préfèrent les carcasses avec couenne, d’autres l’aiment avec ou sans palette, avec ou sans travers, bref toutes les combinaisons sont possibles. La découpe est un facteur très important pour les bouchers, c’est pourquoi Charles, Franck et Fabien préparent toutes les nuits du cochon “sur-mesure”. A client exigeant, grossiste perfectionniste ! Où le retrouver ? GRG SA, 2 rue de l’Aubrac, Pavillon des Viandes (V1P) du MIN de Rungis. Contact : 01 45 12 36 00 / 06 82 19 28 35 [email protected] 10 L’EntreFilet ‐ n°163 ‐ Mai 2015 ENTREFILETmai2015_ENTREFILETmai2015 11/05/2015 09:49 Page 11 ACTUALITÉS Les Artistes Bouchers : épisode 1, John Gillot e vous propose aujourd’hui d’aller faire un tour du côté du Boulevard Voltaire dans le 11ème arrondissement de Paris pour retrouver John Gillot. Il est artisan boucher à la tête de la Boucherie Moderne depuis maintenant une dizaine d’années. John, originaire de Picardie, se prend de passion pour la boucherie dès son plus jeune âge. Le goût du métier lui est transmis par ses oncles, eux-mêmes bouchers. Tout jeune, John est déjà émerveillé par la précision et la rapidité des gestes qu’il n’hésite pas à qualifier d’artistiques. J Il débute son apprentissage à 14 ans dans sa région natale pour le terminer à Paris, car il pense que ses perspectives de carrière y seront plus intéressantes en raison de la moindre concurrence des grandes surfaces. Il y rencontre alors Monsieur Bouttier, boucher dans le 13ème arrondissement, qui l’embauche et complète sa formation pendant 5 années. Il garde de cette expérience non seulement les techniques du métier mais aussi et surtout l’importance de la communication. Il prend aussi conscience qu’être boucher nécessite avant tout une bonne connaissance des relations humaines : apprendre à observer un client, détecter ses envies, l’accompagner vers certains produits qu’il pourrait aimer, bref tout simplement s’intéresser à lui. Il nous avoue que cela l’a beaucoup aidé dans ses relations avec les femmes, même s’il est aujourd’hui marié et papa d’une belle petite fille. A l’issue de sa formation, son patron l’aide à créer sa propre boutique. Il n’est âgé que de 21 ans et veut s’installer dans un quartier populaire qu’il affectionne particulièrement, le 11ème arrondissement. La Boucherie Moderne voit ainsi le jour à l’image des valeurs qu’il souhaite véhiculer. La clientèle de John est très diversifiée et exigeante notamment en veau et en porc. Afin de répondre à cette demande, il s’approvisionne principalement à Rungis. Pour ce jeune boucher déjà très expérimenté, le MIN permet de tout trouver à n’importe quel moment et avec une grande constance dans la qualité des produits. C’est auprès de la société GRG, grossiste à Rungis depuis plus de 30 ans, qu’il s’approvisionne pour son veau Limousin élevé sous la mère et son Porc Breton. S’il apprécie le contact commercial et la précision des découpes, c’est avant tout la qualité des viandes qui prime : le porc qu’il trouve chez Charles Bisson, vendeur chez GRG, présente une belle chair rosée très claire enrobée d’une généreuse couche de gras (voir portait page 10). Les veaux de Jean-Paul Gazon, aussi vendeur chez GRG, sont courts, légèrement rosés et d’une excellente tenue. “Un boucher moderne” John aime les très belles carcasses mais il se préoccupe aussi beaucoup de la diversification des préparations bouchères et de la mise en valeur de ses produits. C’est là qu’il laisse sa créativité s’exprimer et devient un “boucher moderne”. En témoignent quelques-unes de ses créations tel que son “pavé cœur coulant” qui, à l’instar d’un fondant au chocolat est une préparation hachée de bœuf ou de veau assaisonnée d’un cœur de sauce à l’intérieur (sauce poivre, sauce morille, sauce échalote…). Le “veau roulé à l’italienne” qu’il prépare avec du jambon de parme, du jambon cuit et de l’emmental est aussi une de ses créations très appréciées par ses clients. John se préoccupe de l’évolution de la boucherie traditionnelle française et il n’hésite pas à transmettre son savoir-faire à qui veut bien apprendre. D’ici quelques semaines, un jeune boucher canadien viendra faire une formation dans son établissement afin de s’inspirer des différentes techniques pour les appliquer à la boucherie canadienne. Il pense que la boucherie commence à attirer de plus en plus de jeunes gens, mais il aimerait qu’elle se démocratise encore notamment en intégrant plus de femmes. Lorsque je lui demande s’il souhaite que sa fille reprenne un jour le flambeau, il me confie qu’il en serait très fier, une belle image pour l’histoire d’un père mais aussi pour l’enseigne de la boucherie. Où rencontrer John ? 249 bd Voltaire - 75011 Paris 01 43 71 85 38 Prochain épisode des Artistes Bouchers : Jérémy Schouver de la Boucherie Pinel L’EntreFilet ‐ n°163 ‐ Mai 2015 11