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Veronica, ver unica puttana, Franca, idest furba, fina, fiappa e frola, E muffa e magra e marza e pi mariola, Che si' tra Castel, Ghetto e la Doàna, Donna reduta mostro in carne umana, Stucco, zesso, carton, curàme e tola, Fantasma lodesana, orca varuola, Cocodrilo, ipogrifo, struzzo, alfana. Ghe vorria centenara de concetti E maïara de penne e caramàli E un numero infinito de Poeti Chi volesse cantar tutti i to mali, Tutte le to caie, tutti i difetti, Spettativa de ponti de ospedali. Fronte verde, occhi zalli, Naso rovan, maselle crespe e guanze, Veronica Franco, vraie unique putain, Fourbe, maligne, passée et fragile, Vieillie, ammaigrie et moisie et de plus vaurienne, Toi qui te tiens entre le Castello, le Ghetto et la Douane, Femme réduite en un monstre de chair humaine, Stuc, plâtre, carton, cuir et tôle, Fantôme de Lodi, orque variolée Crocodile, cheval ailé à tête d'oiseau, autruche, cheval arabe. Il faudrait des centaines d'écrivains Des milliers de plumes, des tonnes d'encre Et un nombre infini de poètes Pour chanter tous tes maux, Tous tes défauts, toutes tes mesquineries. Morceau de choix pour les hôpitaux, Front vert, yeux jaunes, Gros nez, mâchoire et joues plissées Recchie d'ogni ora carghe de buganze Bocca piena de zanze. Fià spuzolente, denti bianchi e dei A pàr e delle cégie e dei cavéi. Oh vendicavéi. Petti pieni de piaghe e pi magnài Che no xé su la schena quei cavài Che se tien nolizài. Tette ch'é per la terra. Ghe xé aviso Che siando un letto un di co un a Treviso Ghe ne cazzé sul viso Una deesse, e'l meschin puoco accorto Se soffeghette, e ti vedéndol morto No 'l fu si presto accorto Che ti te 'l sepelisse in te la potta Azzo no se sapesse della botta. (El lo disse la zotta Che giéra quella volta to massèra, E si zuré per Dio, che la xé vera). No estù po' fratiera ? No xé de D. Donato quel bastardo Che ti dissi del Tron e del Bernardo ? Respondi, lion pardo Potta pi larga, che no xé un battello Bus de culo pi largo d'un mastello Rezina del bordello. No fustu a son de trombe e de campane Un zorno incoronà da le puttane In mezo Carampane ? E per questo ogni primo di del mese Ancora, per salario e per le spese, Ti ha un cocon de marchese, Un bussolo d'onguento, e una ampoletta De belletto,e, de pi, d'ogni carretta Te giri una gazzetta. E te manda da Pasqua e da Nadal Un sturuol de regalia ogni ospedal No estu del gran mal Francese la diletta fia adittiva, Relita della q.[uondam] Pellativa ? Causa che tanti scriva ? Erede universal del Lazzaretto ? Quella vacca che sàtia tutto Ghetto ? Quel stupendo soggetto Che ti nassevi al tempo del Petrarca ? Quella c'ha fatto un'arca Per sepellir colù là in la bottega ? Quella che no(n) ha nessuna parte intrega. Quella ciera de Grega, Oreilles couvertes partout de champignons, Bouche pleine de boutons, Haleine puante, dents blanches Mais couvertes de caries et de trous. Poètes, vengez-vous ! La poitrine remplie de plaies, Plus que n'en ont sur le dos ces chevaux Que l'on prend en location. Les seins tombant jusqu'à terre. Un garçon de Trévise étant un jour au lit Avec elle, en fit les frais . La déesse Ecrasa de sa poitrine le visage De ce jeune homme à tel point Que suffocant et se voyant déjà Mort, il s'empressa de lui fourrer La chatte d'un coup brutal. Il peut jurer devant Dieu Que c'est la vérité et qu'il était Prêt à suffoquer. … La chatte plus large qu'une barque, Le bas du cul plus large qu'une bassine, Reine des bordels. Ne fut-elle pas un jour au son des trompes Et des cloches, couronnée reine des putains ? Au beau milieu des Carampane (*)? (*) zone des prostituées à Venise Et pour cela, chaque premier jour du mois Pour son salaire et pour ses dépenses, Une serviette pour ses règles, Une galette d'onguent, un bâton De rouge à lèvres, de chaque porte monnaie Elle te prend une gazette (pièce de monnaie). De Pâques à Noël, elle expédie à l'hôpital Un troupeau infecté du mal français Qu'elle a contaminé. …. Héritière universelle du Lazaret ? Cette vache qui rassasia tout le Ghetto. Ce splendide sujet Qui naquit au temps de Pétrarque. Qui écarte les jambes Pour engloutir dans sa boutique. Celle qui n'a aucune partie intègre. Cette cire venant de Grèce, Quella solene strega, quella erbera, L'insegna della infamia e la bandiera. Quella che mantien guerra Contro la sanità. Mare del morbo. Quella che venne al mondo con el corbo. Quella che rende orbo Sto seculo presente, e che l'infetta. Quella che contra de chi non va recetta Né medesima eletta. Quella che, s'ti vuol dir la vérità, Nianca la puoa carne che ti ha' Xé de natività. Ma a forza de cerotto, impiastri e onguenti Ti xé un corpo formào senza elementi. Quella che dai frangenti De broze, che ti vendi ai scivazzeri, Che i le tuo da immarcir i leamèri, Da ingrassar i vignièri. El se sa che ti cavi un tanto al mese, Che ti te vesti e ti te fa' le spese. Quella per chi zà pres(s)e Un mar de zentilomini la gotta Innanzi che ti fossi si zavatta. Quella magra desfatta, Anzi secca, incandia, arsa destrutta. Quelle che nome in ossi se è redutta Che cazzé dalla brutta. Quella che spesso i putti per la via Tio in fallo per la morte travestia, E corre, e scappa, e cria, Cosi èstu tremenda e spaventosa Cosi pàristu al véder dolorosa. Quelle che è tosegosa. Che, se non me vegnise a manco el di, La mattéria m'abbonda sempre pi. Che chi te vede ti Vede el summario d'ogni malattia, E l'alfabeto della furbaria, Quella ragno, quell'arpia, Quella che del continuo ha in casa a nolo Do de quei frati da S. Zanne Polo. Quella che con el collo Per sagramenti falsi in più mattine Ha sverzenà forsi cento berline. Quella che non ha visine, Checon el putrefar l'aer d'intorno Te ha' desabità mezzo quel contorno Che, se no fosse el forno, El visin che ti ha' a lài (quel squararuol Cette solennelle sorcière, cette herboriste, Enseigne et bandière de l'infamie. Celle qui reste en guerre Contre la santé. Océan de maux. Celle qui vient au monde avec le corbeau. Celle que rend aveugle Le siècle présent et qui l'infecte. Celle contre qui aucun remède Ne peut même rien. Celle qui, s'il faut dire la vérité, N'a plus un morceau de chair Qu'elle avait à la naissance. Mais qui à force de pansements, d'emplâtres et d'onguents A un corps qui n'a plus de formes. Celle que les pustules Font écumer et qui pourtant se vend Alors qu'elle est de partout pourrie …… Celle qui te prend tout l'argent du mois Pour se vêtir et faire ses dépenses. Celle par qui, une horde de gentilshommes A pris la goutte Et qui ne peuvent plus marcher. Cette maigre défaite Plus que desséchée, brûlée par le temps, Celle qui est réduite en un tas d'os Qui est tombée dans la laideur Que souvent à travers rues, les gens Prennent pour la mort ambulante, Qui court, qui s'échappe et crie, Elle est tremblante, épouvantée Et semble remplie de douleur. Celle qui est tousseuse. Ce n'est pas que la matière me manque Bien au contraire, je trouve toujours plus à dire Parce que, qui te voit, Voit le résumé de toutes les maladies Et l'alphabet de toutes les fourberies. Cette araignée, cette harpie, Celle qui héberge toujours chez elle Deux de ces frères de San Giovanni et Polo. Celle qui, en plus, le matin Tourne en plaisanterie les sacrements. … Celle qui n'a pour seul voisin Que l'air putréfié qui tourne autour d'elle Et qui a fait le vide dans les alentours … Con la fazzà sul campo onde dà el sol, Che tien b… o), ti puol Corromper con el fiào; n'é 'l sol, n'é 'l fuogo, No sassémo seguri in nessun luogo. E qua finisco el zuogo, E, se no me tignisse per onor E per non fare a ti mazzor favor Con el date stridor, Fa conto che saràve su l'invio Per cantar fino il zorno del Giudicio, Perché ti è un precipitio, Un profondo, un abisso, un caos de quanto Me riservo de dirte in l'altro canto. Ici finit mon poème Parce que je veux conserver ma dignité Et je ne veux pas te faire plus de faveur En clamant ta renommée. Crois bien que je pourrais Chanter jusqu'au jour du Jugement Parce que tu es un gouffre, Un abîme, un précipice. Tout ce qui reste, Je me réserve de te le dire dans un autre chant.