Comment est né le racisme ?

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Comment est né le racisme ?
Comment est né le racisme ?
Le 21 mars, c'est la Journée mondiale de lutte contre le racisme. L'occasion de dire, une fois de
plus, que le racisme est inacceptable et puni par la loi. Mais aussi de comprendre, avec Lilian Thuram,
comment est né le racisme.
Lilian Thuram est un ancien footballeur, qui a gagné la Coupe du Monde
en 1998. Mais aujourd'hui, il est surtout connu pour son combat contre le
racisme, qu'il mène à travers sa Fondation.
On ne se pose pas vraiment la question de l'origine du racisme ?
C'est ça le piège. Des gens qui se considèrent mieux que d'autres, cela
existe depuis la nuit des temps. Mais le racisme, c'est la construction d'une
hiérarchie [d'un ordre] entre les personnes de couleur blanche et celles de
couleur non blanche. Les scientifiques et les politiques au 18e et au 19e siècles ont fait croire que les personnes
non blanches étaient inférieures pour pouvoir mieux les exploiter.
Pourquoi a-t-on accepté ce discours ?
Parce que ce discours était appris à l'école. Par exemple avec le livre « Le tour de la France par deux enfants »,
édité jusqu'en 1977. Il était écrit qu'il y avait « quatre races humaines et que la race blanche était la plus parfaite
des races humaines ». À force de le répéter, tout le monde a fini par croire que c'était vrai.
C'est pour ça qu'on ne se pose plus de questions sur le racisme ?
Oui, le racisme finit par être culturel [il fait partie de ce qui nous entoure]. On dit, par exemple, que les Noirs
sont plus forts physiquement. Mais quand Jesse Owens gagne le 100 m aux Jeux Olympiques en 1936, c'est une
véritable surprise. Car à l'époque, il y a cette notion de la race aryenne [la race blanche parfaite] qui serait la
race supérieure. Si c'est une surprise, c'est parce qu'à ce moment-là, ce préjugé [cette idée] sur les personnes
noires plus fortes en sport n'existe pas.
Le racisme est toujours très présent aujourd'hui ?
Beaucoup trop de personnes ne savent toujours pas qu'il n'y a pas plusieurs races mais une seule espèce, l'Homo
sapiens, apparue il y a plus de 150 000 ans en Afrique de l'Est. On passe encore trop souvent par la couleur de
peau pour juger les personnes. C'est pour cela que, quand je vais dans les écoles, j'écris cette phrase : « La
couleur de peau, la religion, le genre d'une personne ne détermine en rien les défauts ou les qualités. »
Cette idée toute simple n'a pas encore malheureusement été intégrée[comprise et acceptée] par la société.
Comment casser ces idées reçues ?
À travers l'éducation, en expliquant. Nous sommes tous différents. Chacun de nous est unique, mais nous
sommes tous parents. Nous sommes 7 milliards d'humains qui avons une origine commune. Il faut déconstruire
les façons de penser [comme on défait un puzzle,morceau par morceau]. Au fil du temps, nous avons été
conditionnés [influencés] à penser ce que nous pensons. On nous a appris à être racistes.
Le racisme va-t-il disparaître un jour ?
Je n'en ai aucun doute !Voyez comme les choses ont évolué ! Je pense que les progrès ne sont pas assez mis en
avant.
Mais il ne faut pas oublier que tout est lié : le racisme, le sexisme, le rejet des homosexuels, des handicapés... Il
faut que les enfants comprennent qu'ils devront lutter contre ces injustices pour améliorer la société.
Propos recueillis par Caroline Gaertner