George Sand

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George Sand
George Sand
(1804-1876)
Aurore Dupin, baronne Dudevant, fut la première femme romancière à atteindre une immense
célébrité, en France comme à l’étranger, pour son talent littéraire comme pour l’image de liberté
qu’elle représentait et pour la hardiesse de ses convictions républicaines.
Issue de l’aristocratie de sang royal par son père, du petit peuple de Paris par sa mère, élevée à
Nohant, en Berry, avec une grande liberté et l’amour de la nature, la jeune femme bouscula très vite
les conventions et un mariage décevant pour venir vivre à Paris et se faire un nom dans le
journalisme et la littérature. Dès la publication d’Indiana, en 1832, elle connut le succès. Une œuvre
très importante devait suivre : environ 90 romans, nouvelles et contes, sans compter l’œuvre
théâtrale, l’autobiographie avec Histoire de ma vie (1855) et une immense correspondance. Elle fut
liée à tout le milieu romantique : amie de Balzac, de Liszt et de Delacroix, plus tard de Flaubert, en
correspondance régulière avec Victor Hugo, elle fut aimée de Musset puis vécut longuement avec
Chopin. Sa maison de Nohant fut véritablement un haut lieu du romantisme.
Son œuvre romanesque fut extrêmement variée, depuis les grands romans initiatiques comme
Consuelo et La Comtesse de Rudolstadt (1842-1844) jusqu’au roman « champêtre » comme la
célèbre trilogie de La Mare au diable, La Petite Fadette et François le Champi, publiés entre 1846 et
1850, et au roman historique comme Nanon (1872). Mais si l’on peut y trouver un fil conducteur,
c’est la question des femmes, de la liberté d’aimer et du mariage qui traverse l’ensemble de l’œuvre.
Le XIXe siècle est le siècle du Code civil, de l’enfermement des femmes, de l’assujettissement aux
maris et aux intérêts familiaux. Sand exige au contraire la liberté de choisir celui qu’on aime, d’avoir
un métier, de gérer elle-même ce qui lui appartient, et c’est ce qu’elle a réussi à vivre.
Elle en fait une question politique : elle revendique les droits civils pour les femmes. En revanche
elle juge prématuré de revendiquer des droits civiques et politiques, à commencer par le droit de
vote, parce qu’il faut d’abord que la femme soit libérée de son esclavage pour être capable de voter.
Ce qui explique qu’en 1848, alors que des clubs féminins la déclarent candidate aux élections
législatives sans lui demander son avis, elle refuse énergiquement.
Dès les années 1830, en plus de ses amis berrichons qui sont républicains, elle fréquente des saintsimoniens, Lamennais, se lie à l’avocat Michel de Bourges et devient l’amie du socialiste Pierre
Leroux. Autour de 1840 elle se dit socialiste, et même communiste. Très opposée aux injustices
sociales, elle restera jusqu’à la fin de sa vie favorable à un socialisme rousseauiste, fondé sur le
travail de la terre et la petite propriété agraire. Et profondément républicaine. Au moment de la
Révolution de 1848, elle vient à Paris et aide ses amis du Gouvernement provisoire, par exemple en
rédigeant des textes de lois et en écrivant pour les Bulletins de la République. Mais horrifiée par la
répression des journées de juin, puis hostile à la prise de pouvoir de Louis-Napoléon Bonaparte, elle
se retire à Nohant et renonce définitivement à l’action politique. Il lui arrive d’intervenir auprès de
Napoléon III, qu’elle a connu autrefois, en faveur de tel de ses amis républicains ; mais elle est ellemême en butte, par exemple à travers son courrier, aux tracasseries de la police impériale.
Civisme et démocratie – CIDEM
Quand survient la guerre et la Commune, Sand est à Nohant et se désespère. Elle se méfie plus que
jamais de Paris et condamne les violences des Communards à peu près autant que la répression
versaillaise. Sans du tout partager l’aversion de son ami Flaubert pour le peuple et la démocratie,
elle souhaite un retour à l’ordre et n’espère plus qu’en une République modérée.
Civisme et démocratie – CIDEM