n°27 - mars 2011
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n°27 - mars 2011
Directeur de la publication : Pr Claude Huriet Comité éditorial : Pr Daniel Louvard, Pr Jean-Nicolas Munck, Dr Marc Estève, Dr Catherine Noguès, Sergio Roman-Roman, Paul Caroly, Damien Salauze Directeur de la rédaction : Catherine Goupillon-Senghor Rédaction : Céline Giustranti, Catherine Tastemain Iconographie : Cécile Charré ISSN 1768-4463 Crédit photo : Pedro Lombardi – Noak/Le Bar Floréal – Eric Bouvet – Alexandre Lescure – Sébastien Tallandier – Irena Draskovic – K. Rogowski – M. Ségalen – S. Khalid – L. Plater / Institut Curie Contact : [email protected] - Tél. : 01 56 24 55 24 Maquette et réalisation : Dominique Hamot Imprimeur : tcgraphite Pour plus d’informations : www.curie.fr savoir à quel point cette polyglutamylation, son excès ou son défaut, interfère avec le fonctionnement normal de la cellule. En collaboration avec Annie Andrieux de l’Institut des Neurosciences de Grenoble, les chercheurs de l’Institut Curie ont étudié l’action d’une famille d’enzymes, les CCP, et montré qu’elle participait à la suppression de chaînes glutamates sur les tubulines. Le rôle de CCP1, notamment, semble crucial : dans un modèle murin génétiquement déficient en CCP1, le taux de polyglutamylation augmente rapidement dans les neurones de certaines parties du cerveau, ce qui conduit à la mort cellulaire par dégénérescence. Cet effet est ralenti si on bloque l’enzyme qui, à l’inverse des CCP, catalyse l’ajout de glutamate sur la tubuline. Reste à savoir pourquoi, dans les neurones, l’hyperglutamylation des microtubules conduit à la mort cellulaire. « A Family of Protein-Deglutamylating Enzymes Associated with Neurodegeneration. » Rogowski K. et coll. Cell. 12 novembre 2010;143(4):564-78. Oncogériatrie UN TRAITEMENT BIEN TOLÉRÉ Le vieillissement de la population ne fait qu’accroître le problème : avec l’âge, le risque de déve- lopper un cancer du sein s’élève. Aujourd’hui, plus de 40 % des cas surviennent chez des femmes de plus de 65 ans. D’où le besoin de traitements adaptés au grand âge, notamment en matière de chimiothérapies adjuvantes. Dans le cadre du groupe français de recherche clinique en oncogériatrie GERICO, le Dr Etienne Brain de l’hôpital René Huguenin de l’Institut Curie coordonne l’étude multicentrique GERICO 06 qui a inclus 40 patientes entre 70 et 85 ans ayant un cancer du sein précoce, non hormono-dépendant et à haut risque de récidive. L’objectif principal était de mesurer l’impact sur différents volets de tolérance d’une chimiothérapie adjuvante – doxorubicine liposomale pégylée + cyclophosphamide – administrée en 4 cycles toutes les 3 semaines après l’opération. Les premiers résultats montrent que ce traitement est bien toléré avec des effets secondaires limités, sans impact délétère sur les activités de la vie courante ou la cognition, mais avec une fatigue ou des nauséesvomissements aux conséquences potentielles négatives sur la vie sociale. L’acceptabilité du traitement est bonne. En revanche, l’équipe attire l’attention sur un risque de détérioration du statut nutritionnel au cours du traitement, requérant une certaine vigilance pour anticiper la survenue d’une malnutrition. « Impact of Liposomal Doxorubicin-Based Adjuvant Chemotherapy on Autonomy in Women over 70 with Hormone-Receptor-Negative Breast Carcinoma: A French Geriatric Oncology Group (GERICO) Phase II Multicentre Trial. » Brain EG. et coll. Crit Rev Oncol Hematol. 28 octobre 2010. Publication en ligne. Cancers du sein RENDRE PLUS SENSIBLE À LA RADIOTHÉRAPIE Les métastases au cerveau, que l’on retrouve chez 10 à 15 % des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique, constituent une complication grave de la maladie, le taux de survie à un an étant alors de 20 % seulement. Lorsque la chirurgie est écartée, la radiothérapie sur l’ensemble du cerveau reste le traitement palliatif pour les patientes avec de nombreuses métastases. L’équipe du Dr Youlia Kirova, oncologue radiothérapeute à l’Institut Curie, en collaboration avec l’équipe d’oncologie médicale vient de publier des résultats intéressants grâce à un protocole basé sur l’association de la radiothérapie et du trastuzumab pour ces patientes. L’effet est probablement dû à la radiosensibilisation par le trastuzumab. 31 patientes atteintes d’un cancer du sein surexprimant le récepteur HER2 et ayant des métastases cérébrales, ont été incluses dans l’étude. Quoique très préliminaires, les résultats sont prometteurs : 74 % des patientes affichent une réponse radiologique et 87 % une réponse clinique. « Preliminary Results of Whole Brain Radiotherapy with Concurrent Trastuzumab for Treatment of Brain Metastases in Breast Cancer Patients. » Chargari C. et coll. Int J Radiat Oncol Biol Phys. 5 octobre 2010. Publication en ligne. 27 LETTRE D’INFORMATION DE L’INSTITUT CURIE Fort de deux hôpitaux spécialisés dans la recherche et les traitements des cancers, l’Institut Curie a acquis une place majeure en Europe, en particulier pour la prise en charge des cancers du sein. Cette masse critique (6 000 nouveaux cas par an) doit nous permettre, et nous oblige, à structurer encore mieux notre recherche afin de traduire dans les délais les plus brefs les découvertes de la biologie du cancer en diagnostics et thérapies innovantes au bénéfice des patients. La mise en œuvre courant 2011 de 3 nouveaux programmes incitatifs et coopératifs (PICs), principalement centrés sur les cancers du sein, marque une nouvelle fois notre volonté de faire Protonthérapie AU CŒUR DU FAISCEAU DE PROTONS Alors que le nouveau centre de Protonthérapie a ouvert ses portes fin 2010 après plus de 4 ans de rénovation, les recherches se poursuivent pour mieux comprendre les spécificités des faisceaux de protons par rapport au rayonnement utilisé en radiothérapie classique (électrons ou photons). Depuis sa reconversion pour le traitement des patients, le centre n’a eu de cesse de faire avancer les connaissances et les techniques pour optimiser l’utilisation des protons, et d’un point de vue plus général, la radiothérapie. Le groupe de Frédérique Megnin-Chanet et les radiothérapeutes ont donc étudié l’efficacité biologique des deux faisceaux de protons utilisés pour les traitements : celui de 76 MeV pour traiter les mélanomes de l’œil et celui de 201 MeV pour les tumeurs intracrâniennes. L’efficacité du fais- progresser les connaissances et la prise en Coordonnés conjointement par un médecin Le PR FRANÇOIS DOZ pédiatre, et directeur délégué pour la recherche clinique et l’enseignement de l’Ensemble Hospitalier, a été élu membre du Conseil scientifique de la Société internationale d’oncologie pédiatrique (SIOP), seule société internationale d’oncologie pédiatrique d’envergure mondiale. Deux anciens doctorants de l’Institut Curie, NAUSICA ARNOULT et SIMON DE BECO, viennent de recevoir respectivement le Prix Louis Forest de la Chancellerie des universités de Paris et le Prix pour les Jeunes Chercheurs de la Fondation Bettencourt-Schueller. Tous deux ont été récompensés pour leur travaux de thèse, intitulée respectivement, « Mécanismes de réplication des télomères chez les mammifères » et effectuée dans l’équipe de José-Arturo Londoño-Vallejo, et « Stabilité mécanique des épithéliums : rôle de la dynamique du cytosquelette et des jonctions adhérentes » réalisée dans l’équipe de François Amblard. et un chercheur, ces programmes sont essentiels à l’essor d’une médecine innovante, Le 29 mars 2011 adaptée à chaque patient, plus efficace « La biologie des systèmes : qu’est-ce que c’est ? à et mieux tolérée. quoi ça sert ? » par Emmanuel Barillot et François Radvanyi dans le cadre des Mardis de l’Institut Curie, à l’Institut Curie, Paris 5e. ceau de 76 MeV augmente avec la profondeur de pénétration, ce qui n’est pas le cas de celui de 201 MeV. En revanche les lésions induites par les deux faisceaux de protons sont identiques, mais plus complexes que celles du rayonnement de référence, le rayonnement γ du 137Cs. Si les avantages des protons pour traiter certaines tumeurs ne font pas de doute, on sait désormais un peu mieux comment ils fonctionnent. « Radiobiological Characterization of Two Therapeutic Proton Beams with Different Initial Energy Spectra Used at the Institut Curie Proton Therapy Center in Orsay. » Calugaru V. et coll. Int J Radiat Oncol Biol Phys. 13 novembre 2010. Publication en ligne. Mélanome NOUVEL ÉCLAIRAGE SUR LE PLUS AGRESSIF DES CANCERS DE LA PEAU Le mélanome – dont l’incidence est en constante augmentation dans les pays de l’hémisphère nord - est considéré comme le plus agressif et le plus létal des cancers de la peau. Aux stades avancés, il produit des métastases dans de nombreux organes, dont les os où ces métastases sont exposées à de fortes concentrations de TGF-béta, un facteur de croissance connu pour rendre les tumeurs extrêmement invasives. Poursuivant ses travaux dans le domaine, l’équipe d’Alain Mauviel, conjointement avec l’équipe de Theresa A. Guise de l’université d’Indiana (Etats-Unis), a testé sur charge du plus fréquent des cancers féminins. SEBASTIAN AMIGORENA et son équipe ont reçu le Prix Gallet et Breton de l’Académie nationale de médecine, doté de 30 400 euros. Cette distinction leur a été attribuée pour leurs travaux sur les modes de reconnaissance des antigènes par le système immunitaire. MARS 2011 Dr Olivier Delattre Directeur délégué à la recherche biomédicale Le 12 mai 2011 La 15e Journée de Chimie Organique et Chimie Organique Biologique de la Montagne-Sainte-Geneviève 12 rue Lhomond, Paris 5e. L’ensemble des congrès et colloques organisés par l’Institut Curie sur www.curie.fr/congres FOCUS Coup de pouce à la recherche sur les cancers du sein Eclairage sur les propriétés physiques des faisceaux de protons Contrer la formation de métastases osseuses dans les mélanomes Caractérisation génétique des tumeurs colorectales et de leurs métastases NuMa, une protéine essentielle à l’orientation cellulaire Le PET/CT pour mieux repérer les récidives Un modèle de cancers du sein héréditaires Mort cellulaire et polyglutamylation Des conséquences du traitement en fonction de l’âge Augmenter l’action de la radiothérapie grâce au trastuzumab 27 un modèle murin l’effet d’une molécule inhibitrice de l’action de TGF-béta. L’administration aux modèles animaux de l’inhibiteur quelques jours avant l’inoculation des cellules tumorales prévient le développement de métastases osseuses. De plus, chez les animaux ayant des métastases osseuses déjà établies, un traitement de quatre semaines réduit de manière significative leur croissance. Ces résultats renforcent l’idée que le blocage de l’action de TGF-béta constitue une approche intéressante pour contrer la formation de métastases osseuses par les mélanomes. « TGF-béta-RI Kinase Inhibitor SD-208 Reduces the Development and Progression of Melanoma Bone Metastases. » Khalid S. et coll. Cancer Res. 16 novembre 2010; doi:10.1158/0008-5472. CAN-10-2651. généralement, les mutations sont caractérisées sur la tumeur primaire alors que le traitement anti-EGFR est administré aux patients au moment de la maladie métastasique. « Concordant Analysis of KRAS Status in Primary Colon Carcinoma and Matched Metastasis. » Mariani P. et coll. Anticancer Res. Octobre 2010;30(10):4229-35. Biologie cellulaire UNE RECHERCHE BIEN ORIENTÉE Pendant le développement embryonnaire, la formation des tissus et des organes est rendue possible parce que les cellules se divisent selon une orientation précise, liée au positionnement du fuseau mitotique de division. Ainsi apparaîtront deux cellules filles aux destins éventuellement différents et des tissus de forme harmonieuse. Dans ce contexte, les récepteurs de la famille Grâce à la générosité du public, l’Institut Curie met en œuvre cette année trois nouveaux Programmes incitatifs et coopératifs (Pics), principalement centrés sur les cancers du sein. Ces programmes, financés chacun à hauteur de 153 000 euros par an pendant trois ans, ont pour but d’aborder des aspects innovants et complémentaires de la cancérologie. e premier de ces programmes baptisé Cancer du sein, mobilité et invasion cellulaire étudiera les mécanismes qui conduisent à la migration des cellules tumorales et à l’apparition de métastases de manière approfondie et systématique pour toutes les formes de cancers du sein. « Avec des approches originales, nous allons essayer L Cancers colorectaux UNE CONCORDANCE PRÉCIEUSE Les mutations du gène KRAS - qui code la protéine de signalisation Ras - sont les événements génétiques les plus fréquemment observés au cours du développement de tumeurs colorectales. Ces mutations sont aussi associées à l’absence de réponse aux anticorps anti-EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor). A l’exception, donc, des cas où ces mutations sont présentes, les antiEGFR peuvent être un traitement efficace des cancers colorectaux métastasiques. Continuant leur travail sur l’analyse des caractéristiques biologiques des tumeurs, les équipes de Patricia de Cremoux et de Pascale Mariani viennent d’évaluer, chez 38 patients, le degré de concordance entre les mutations dans la tumeur primaire et celles des sites métastatiques. Résultat : il est très élevé. Ce qui est une information précieuse pour le clinicien en charge du traitement car, COUP DE POUCE À LA RECHERCHE SUR LES CANCERS DU SEIN Frizzled liant les proto-oncogènes Wnt jouent un rôle central. L’équipe de Yohanns Bellaïche qui étudie, chez la mouche du vinaigre, les mécanismes contrôlant l’orientation du fuseau mitotique par les récepteurs de la famille Frizzled, vient de démontrer l’importance d’une protéine, NuMa, dans ce phénomène. Sans NuMa, les fuseaux mitotiques des progéniteurs du système nerveux ne sont pas correctement orientés et les cellules filles perdent leur identité. De plus, cette équipe a montré que la protéine NuMa jouait un rôle tout aussi crucial dans l’embryon du poisson zèbre, un vertébré. Et NuMa n’est pas inconnue chez l’homme où elle est surexprimée dans certains cancers... « The Fz-Dsh Planar Cell Polarity Pathway Induces Oriented Cell Division via Mud/NuMA in Drosophila and Zebrafish » Ségalen M. et coll. Dev Cell. 16 novembre 2010;19(5):740-52. Imagerie médicale UNE RÉVÉLATION PAR L’IMAGE Depuis quelques années, la mortalité liée au cancer du sein a tendance à se stabiliser dans les pays occidentaux, alors que le dépistage et les traitements s’améliorent globalement. En revanche, le taux encore élevé de récidive - environ 30 % des patientes - reste un lourd problème que les cancérologues tentent de maîtriser. Un point crucial dans cette lutte contre la récidive est sa détection précoce chez des patientes sans symptôme. Grâce à une étude portant sur 228 patientes de l’hôpital René Huguenin de l’Institut Curie, l’équipe du Dr Jean-Louis Alberini vient de confirmer l’intérêt de la tomographie par émission de positons couplée au scanner (PET/CT en anglais) lorsqu’il existe une élévation des marqueurs tumoraux dosés dans le sang des patientes suivies après traitement. A l’étude du métabolisme du glucose réalisée par le marqueur 18 F-FDG, augmenté dans les tissus cancéreux, est associée l’image anatomique qui permet la localisation précise des anomalies métaboliques dans l’organisme. L’étude montre que ce dispositif d’imagerie est extrêmement efficace, spécifique et sensible pour détecter les récidives ou l’absence de celles-ci. de comprendre la progression tumorale au stade initial de l’invasion et durant les processus de métastase, en regardant ce qui se passe à la fois au niveau de la cellule et de la molécule » explique Philippe Chavrier, chef de l’équipe Dynamique de la membrane et du cytosquelette, coordonnateur de ce PIC avec le Dr Anne Vincent-Salomon, anatomopathologiste. Le programme Micro-environnement tumoral, de son côté, s’intéressera aux interactions entre les cellules tumorales et les types cellulaires et moléculaires qui les entourent. « Les objectifs cliniques font partie intégrante du projet. En effet, chaque élément de l’environnement proche de la tumeur peut influencer l’évolution du cancer » explique Fatima Mechta-Grigoriou, chef de l’équipe Stress et cancer, qui coordonne ce PIC avec le Dr Vassili Soumelis, chef de l’équipe Biologie intégrative des cellules dendritiques et des cellules T chez l’homme. Enfin, le programme Modèles cellulaires in vitro en 3 D sera axé sur la mise au point de cultures cellulaires in vitro en 3 dimensions, soit des conditions plus proches de la réalité physiologique que les habituelles cultures de cellules sur des lamelles plates. « Nous allons proposer des systèmes innovants et appropriés pour tester, entre autres, les effets des composants du microenvironnement sur la mobilité des cellules cancéreuses » explique Danijela Vignjevic, chercheuse dans l’équipe Morphogenèse et signalisation cellulaires, coordonnatrice de ce programme, avec Pierre Nassoy, biophysicien. Qui plus est, « ces trois approches se nourrissent mutuellement, précise le Dr Anne Vincent-Salomon. « Breast Cancer Recurrence Diagnosis Suspected on Tumor Marker Rising: Value of Whole-Body 18FDG-PET/CT Imaging and Impact on Patient Management. » Champion L. et coll. Cancer. 8 novembre 2010, publication en ligne. Cancers du sein UN MODÈLE PRÉCLINIQUE POUR LES CANCERS HÉRÉDITAIRES Pour comprendre la cancérogenèse et la sensibilité des différentes tumeurs aux traitements, il est essentiel de disposer de modèle reproduisant au mieux la situation pathologique. Les modèles de tumeurs humaines xenogreffées chez la souris reproduisent la génétique, la génomique et l’histologie des tissus tumoraux des patientes. Ils représentent un outil exceptionnel pour tester l’efficacité de nouvelles molécules, adapter les traitements aux caractéristiques des tumeurs, comprendre la résistance à certains traitements, En pratique, certains projets sont communs ; nous travaillons souvent sur les mêmes échantillons tumoraux, modèles animaux ou cellulaires. Et chaque nouveau développement est discuté lors de réunions régulières ». L’Institut Curie, premier centre européen pour le traitement des cancers du sein, se prête parfaitement à la mise en œuvre de ces projets ambitieux. L’expertise des équipes du Centre de Recherche et de l’Ensemble Hospitalier de l’Institut Curie est reconnue dans le monde, il dispose de l’une des banques d’échantillons de tumeurs les plus riches de France, et de nombreux modèles murins, sans oublier ses plateformes technologiques de haut niveau tant pour l’analyse d’images que pour l’exploitation bioinformatique des données recueillies. tout en limitant les essais thérapeutiques chez les malades. Les chercheurs du laboratoire d’Investigation préclinique, en collaboration avec l’équipe du Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, viennent d’ajouter un nouveau modèle de tumeurs humaines à leur série déjà très étoffée : une tumeur porteuse d’une mutation du gène de BRCA2. Les femmes porteuses d’une mutation de ce gène ont un risque cumulé de 49 % de développer un cancer du sein à l’âge de 70 ans et de 18 % pour les cancers de l’ovaire. Ce modèle de xénogreffe, le premier obtenu d’un cancer de sein héréditaire, va permettre de tester l’efficacité de nouvelles stratégies thérapeutiques, mais aussi d’analyser la réponse au traitement, ou son absence, et de l’adapter aux caractéristiques de la tumeur. « Establishment and Characterisation of a New Breast Cancer Xenograft Obtained from a Woman Carrying a Germline BRCA2 Mutation. » Plater L. et coll. Br J Cancer. 12 octobre 2010 ; 103(8):1192-200. Biologie cellulaire TROP D’EXCÈS NUIT Une fois leur synthèse réalisée au sein de la cellule, les protéines subissent des modifications dites post-traductionnelles. Un bel exemple en est l’addition de chaînes latérales de glutamate, ou polyglutamylation, initialement observée sur les tubulines, protéines constitutives des microtubules. L’équipe de Carsten Janke tente de