Logo-rallye des verbes

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Séance du 8 octobre 2014
Variations autour du verbe (2)
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Parmi la liste de premières phrases, piochées au hasard chez
des romanciers célèbres, choisissez l’un des incipit – celui qui
vous inspire le plus – et écrivez-lui une suite cohérente en y
intégrant à chaque fois qu’il sera annoncé, le verbe demandé.
(Ce verbe sera choisi parmi la liste élaborée par les participants
eux-mêmes, qui auront proposé à l’animatrice deux verbes au
hasard sans connaître l’usage qui en serait fait.)
Attention, votre récit doit être suffisamment fluide pour qu’à la
lecture, aucun des verbes annoncés ne semble inopportun ou
choquant !
Bon, c’est parti, enfin depuis le temps que j’attendais ce moment ! Il est enfin
là, devant moi, je n’ai plus qu’à me lancer. Activer ma première jambe, choisir
le chemin et partir à l’aventure, dans mon aventure. J’ai tout préparé, planifié,
organisé, je pense n’avoir rien oublié, je l’avais tant de fois rêvé ! Que ce
moment est délicieux, j’avais tant de fois trébuché que je pensais ne jamais le
réaliser ! J’ai bien sûr embrassé et serré dans mes bras mon fils chéri, ce fils
qui a hérité de moi cette persévérance, a bien compris mon projet. Sans me
déboulonner devant ma famille, je leur ai parlé de ma démarche, ils m’ont
volé dans les plumes me traitant d’inconsciente ! Malgré tous leurs efforts,
voilà, je pars ! J’emmène avec moi ma plume et mon carnet afin de partager
mes joies, mes aléas, j’espère ne pas trop arrondir les angles et être au plus
juste de mon vécu. A mon retour, je le ferai lire et ainsi susciterais-je peut-être
chez quelques-uns, l’envie de suivre mes traces.
Le Lutin
C'est un vieux bâtiment à étage, planté au milieu d’une cour goudronnée.
Il y avait certainement un jardin autrefois, mais les derniers occupants, vieux
sans doute, avaient choisi de ne plus avoir à l’entretenir. Il est vrai qu’on ne
trouve plus personne aujourd’hui pour aider à l’entretien des grands jardins.
Je rêvais devant cet immeuble, de créer ici cette pension pour instituteurs à la
retraite dont j’ai le projet depuis si longtemps. Mais je trébuche toujours à la
fin !
Ici, j’aurais bien vu mon vieil instituteur et sa femme s’embrasser à l’ombre
d’un tilleul.
Mais où trouver la somme nécessaire au rachat de la propriété, sans hériter
d’un oncle d’Amérique ou gagner au loto !
J’aimerais avoir une idée, là, tout de suite. Mais tout se déboulonne dans
ma tête !
L’occasion est trop belle, je dois trouver une solution. Ce projet, je ne veux pas
qu’on me le vole !
C’est le projet d’une vie, pour offrir à celui qui m’a tout appris, un autre univers
que celui du vingtième étage d’une tour impersonnelle. Il a encore tant à
partager, tant à offrir aux autres. Des enfants pourraient venir dans cet
endroit, que je rendrais calme et accueillant, et recevoir de l’éducation ainsi que
du temps d’écoute qui manque à leurs parents le soir, quand ils rentrent tard.
Peut-être arrondir les angles d’une société qui les oublie ? Apprendre à lire
avec des grands-parents adoptifs et libres à satiété ? Et offrir à ses derniers un
lieu où la vie chanterait à tous les étages.
Sylvie
C’est un vieux bâtiment à étage, planté au milieu d’une cour goudronnée.
Ce n’était pas très gai, l’atmosphère était même plutôt lugubre ; il n’avait pas
choisi d’habiter là, mais il manquait cruellement d’argent. Il avait bien sûr rêvé
d’une petite chaumière fleurie ou d’un appartement avec vue sur mer, mais rien
de cela ! Et en regardant en l’air, il trébucha sur un caillou et se mit à
ronchonner tout seul. Comme il aurait préféré rencontrer quelqu’un de sa
connaissance et l’embrasser ! Mais non, il n’avait pas hérité et il devait vivre
dans ce vieux bâtiment. – Ah ! Non, il n’aimait pas du tout cette horrible
bâtisse et encore moins la cour goudronnée. Il aurait préféré des fleurs, il était
tout déboulonné et ne pensait qu’à une chose, s’enfuir ; pourquoi pas aller
voler quelques sous chez les riches qui auraient pu partager avec lui pour
l’aider ? – Mais non, bien sûr, ce n’est pas comme cela qu’on arrondit ses fins
de mois ! Il aurait mieux fait de lire un peu mieux cette annonce improbable.
Françoise
Cette histoire ne m’appartient pas, elle raconte la vie d’un autre.
C’était un jeune étudiant brillant qui très vite dut choisir son orientation
professionnelle. Il se lança dans une carrière de guide de haute montagne. Ce
métier le faisait rêver. Pour lui, monter sans trébucher, s’encorder, découvrir
et faire découvrir les beautés de la montagne, était un enchantement. Ah !
S’embrasser au sommet des Grandes Jorasses, se promettre un avenir dans
lequel on hériterait de ces grands espaces et où l’on aimerait plus que tout
cette vie exaltante. Mais difficile de se dépasser sans toutefois déboulonner
les grands alpinistes l’ayant précédé.
Combien de fois vola - t’il au secours de randonneurs égarés !
Il partageait cette passion avec sa femme qui l’accompagnait souvent en
course. Mais quand son ventre se fut arrondi, quelques mois avant la
naissance du premier bébé, elle dut rester au calme dans la plaine, à l’attendre
en lisant « J’attends un enfant » de Laurence Pernoud.
Maguy
Le camion avance dans la nuit m’emportant loin de cette vie que j’abomine, que
je fuis, que je n’ai pas eue le loisir de choisir. Jusqu’à cette nuit, j’ai rêvé une
vie différente, plus chaleureuse, plus gaie, où j’étais entourée de gens aimants.
Jusqu’à cette nuit, je n’ai fait que trébucher au fil des jours en courant vers
mon travail. Car c’est à la boulangerie que l’on m’embrassait pour me dire
bonjour, que l’on me confirmait que je n’avais pas hérité de la méchanceté de
mes parents, jusqu’à cette nuit où le camion s’est arrêté avec sa porte
déboulonnée. Le chauffeur est descendu et m’a volé ma tristesse en me
réconfortant par ses mots gentils. Il voulait partager sa solitude lui aussi,
arrondir les angles de sa vie monotone de célibataire. J’ai lu dans ses yeux
que l’on allait s’aimer.
Wilfride
C’est un vieux bâtiment à étage, planté au milieu d’une cour goudronnée.
Malgré la pluie battante, je choisis de faire le tour de ces lieux qui me font
rêver.
Aïe ! Je trébuche sur une pierre (en granit de Ploumanac’h !), tombe et
m’embrasse avec une flaque d’eau ! Ayant hérité de mes ancêtres courage et
persévérance, je me relève en pensant à mon grand-père, cap-hornier, aimant
tant ce bâtiment naval qu’il l’installa dans sa cour ! Jamais je ne pourrai
déboulonner mon grand-père de son piédestal. Je regarde avec admiration
son œuvre. Installer une goélette dans sa cour, quelle audace ! Il n’avait pas
volé sa réputation d’original, il faut bien le reconnaître. Que de souvenirs de
ses croisières au long cours il a su me faire partager ! Des aventures qu’il me
racontait, parfois je doutais. Il le voyait et savait alors arrondir les angles et
les redresser pour me rassurer. Je m’endormais alors, non sans avoir au
préalable lu quelques pages de ma BD, en écoutant la pluie tomber dans la
cour et sur ce bâtiment saugrenu planté là comme un rêve féerique.
Marie-Joëlle
Il fait nuit et je viens de me réveiller en sursaut quelque part dans la maison.
Tout le monde dort, c’est le silence ou presque. Cette chouette qui hulule dans
le lointain marque la vie nocturne. Je suis toute en sueur, les yeux grands
ouverts et pourtant je ne vois rien. Je n’arrive même pas à me repérer dans
cette maison où je vis depuis ma naissance. Un sentiment d’étrangeté m’habite
tout à coup. Je me sens flotter entre deux eaux ou plutôt entre deux rêves.
C’est comme si je trébuchais soudainement. Des images troubles s’inscrivent
dans mon cerveau embrumé. Tout à coup j’ai une folle envie de t’embrasser,
te prendre dans mes bras, te cajoler, te bercer comme ce bel enfant que tu es.
De quoi vas-tu hériter, toi mon bel enfant, mon petit garçon de 6 mois, si
beau avec tes yeux fermés et ta bouche entrouverte. Oui, que vais-je te
laisser ? Une certitude, je vais t’aimer chaque jour un peu plus, t’entourer de
douceur, te protéger contre ce monde parfois agressif où l’on se sent
facilement déboulonné, tourneboulé, renversé. Je voudrais créer un halo de
douceur tout autour de toi qui te précèderait et te protégerait, toi mon beau
bébé.
J’ai parfois tellement peur de te perdre, que tu décides tout à coup de voler
ailleurs vers un autre peut-être, où je ne serai pas, où je ne pourrai pas ou plus
partager avec toi tout ce que je veux t’offrir en cadeau de la vie, pour que tu y
sois bien !
Oui je voudrais tant arrondir ton univers pour qu’il soit un doux cocon d’amour
où tu pourrais te lover et dormir tout en rond. Même dans de nombreuses
années, quand tu seras devenu un grand et fort jeune homme, je voudrais tant
t’aider à lire le livre de ta vie avec bonheur et sérénité.
Oui, c’est la peur de perdre ce beau rêve qui grâce à toi est ma réalité, que
cette nuit, je me suis réveillée en sursaut dans la maison, inquiète de ne plus
t’entendre gazouiller dans ton berceau, mais c’est normal : tu dormais et moi,
je veillais.
Colette
Bon, c’est parti, j’ai décidé de partir seule mais je ne sais pas encore quelle
destination choisir.
J’ai souvent rêvé, adolescente, de partir seule avec un sac à dos pour de
lointaines destinées. Je trébuchais, je ne savais. J’aimais tellement
embrasser maman que je n’osais faire ce pas. J’ai hérité de mon père ce côté
un peu aventurier.
J’aimais la liberté et aujourd’hui je suis libre. Je vole de mes propres ailes.
Alors j’irai marcher à l’infini, dans le ciel, dans les airs, dans les montagnes,
partagerai ces moments par des rencontres fortuites. Peut-être reviendrai-je
arrondie ? Alors je me reposerai en leur lisant des contes.
Anne-Catherine