La bonne performance des obligations, bonne ou mauvaise

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La bonne performance des obligations, bonne ou mauvaise
La Chronique Pl. fin.
La bonne performance des obligations, Denis Preston
bonne ou mauvaise nouvelle ?
en collaboration avec
se rapproche de son échéance. À l’échéance, l’émetteur remet au
détenteur la valeur nominale de l’obligation.
2. Les taux d’intérêt baissent
E
n date du 31 décembre dernier, les rendements de l’indice
obligataire universel DEX étaient de 9,67 % sur un an et de
6,49 % sur 10 ans 1. À titre de comparaison, les rendements
de l’indice composé S&P/TSX étaient de (8,71 %) 2 en 2011 et
de 7,03 % sur dix ans, tandis que ceux de l’indice MSCI Monde 3
étaient de (3,20 %) en 2011 et de (0,94 %) sur dix ans.
Dans un portefeuille diversifié, les obligations peuvent jouer
plusieurs rôles. Le premier rôle est de stabiliser la performance du
portefeuille global, ce que les obligations ont bien réussi en 2011,
malgré la période de turbulence que nous vivons. Ce rôle est surtout
utile lorsque le client est en période d’accumulation. Un portefeuille
équilibré composé de 50 % de l’indice obligataire universel DEX, de
25 % de l’indice composé S&P/TSX et de 25 % de l’indice MSCI
Monde aurait généré (avant frais) un rendement de 1,9 % en 2011
et un rendement de 4,8 % sur dix ans.
Le second rôle des obligations est de procurer un revenu régulier. Ceci est particulièrement important lorsque le client est en
période de décaissement, par exemple à la retraite. Puisque le
rendement des obligations varie en sens inverse de la fluctuation
des taux d’intérêt, une partie du rendement des obligations est
donc provenue du gain en capital qu’ont procuré les baisses des
taux d’intérêt. Malgré ce fait, le revenu des coupons (intérêts) a été
intéressant en 2011 puisque le coupon moyen pondéré de l’indice
obligataire était de 4,2 % au 31 décembre dernier.
Lorsque vient le temps de donner des conseils à des clients,
le passé importe moins que l’avenir, alors que pourrait nous
réserver ce dernier ?
En matière de performance des obligations, il n’existe que
trois scénarios possibles :
1. Les taux d’intérêt ne bougent pas ou presque
Si les taux d’intérêt sont les mêmes à la fin de l’année 2012 qu’au
31 décembre dernier, il n’y aura ni gain ni perte en capital dû à la
fluctuation des taux. Le rendement total serait alors approximativement le rendement moyen pondéré à l’échéance de l’indice obligataire
universel DEX, soit 2,3 % (avant frais). Ce rendement proviendrait
du rendement des coupons, qui était de 4,2 % à la fin décembre, et
d’une perte en capital d’environ 2 %. En effet, le gain en capital que
procure une baisse de taux diminue au fur et à mesure que l’obligation
1
2
Les rendements sur dix ans sont des rendements composés annuellement.
Les rendements entre parenthèses sont des rendements négatifs, autrement dit,
des pertes.
3 Cet indice n’inclut pas les actions des pays émergents et les rendements sont en
dollars canadiens.
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Puisque la durée 4 de l’indice était de 6,7 % au 31 décembre
dernier, si les taux baissent de 1 %, le gain sur la baisse de taux
sera donc d’environ 6,7 % plus approximativement le rendement
moyen pondéré à l’échéance de l’indice, soit 2,3 %, pour un
rendement total d’environ 9 %. Les obligations auront alors
joué leur rôle de stabilisation du portefeuille. En effet, si les
taux continuent de baisser, cela sera probablement dû au fait
que l’économie ne va pas très bien et que la performance des
actions aura été médiocre, probablement négative.
Cependant, cela signifie qu’à la fin de l’année, le rendement
pondéré à l’échéance sera de 1,3 % seulement (situation à la
japonaise). Autrement dit, plus les obligations jouent leur rôle
de stabilisateur de portefeuille, c’est-à-dire plus les taux d’intérêt
baissent, moins elles peuvent jouer leur second rôle, celui de
procurer un revenu régulier.
3. Les taux d’intérêt montent
Si les taux montent de 1 %, cela entraînera une perte en capital
d’environ 6,7 %. La perte totale sera moindre puisque, encore une
fois, il faut ajouter le rendement moyen pondéré à l’échéance, soit
2,3 %. La perte totale sera donc approximativement de 4,4 %.
Mais si les taux montent, cela sera probablement dû au fait que
l’économie va mieux et que, possiblement, les titres boursiers
auront réalisé une bonne performance.
Cela signifie aussi qu’à la fin de l’année le rendement pondéré à
l’échéance de l’indice sera de 3,3 %. Autrement dit, moins les obligations jouent leur rôle de stabilisateur de portefeuille, plus elles peuvent
jouer leur second rôle, celui de procurer un revenu régulier.
Conclusion
La bonne performance des obligations est à la fois une bonne
et une mauvaise nouvelle. Cela dépend de la situation (période
d’accumulation ou de décaissement) du client et de la perspective
(court ou moyen terme) qu’il adopte.
À court terme, ce fut une bonne nouvelle, à moyen terme,
c’est une mauvaise nouvelle. Le temps d’acheter des obligations
à taux flottant 5 serait-il arrivé ?
Denis Preston, CGA, FRM, Pl. Fin.,
Formateur et consultant en gestion des risques.
4
Pour une discussion sur le concept de durée, vous pouvez consulter la chronique Pl. Fin.
de juillet-août 2008, La durée, un outil d’analyse des risques reliés aux fonds obligataires.
5 Obligations dont le taux d’intérêt est réajusté régulièrement en fonction de la
variation des taux.
mars 2012
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