louvain.legallois - Crisco

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louvain.legallois - Crisco
Du bon usage des expressions idiomatiques dans l'argumentation de
deux modèles anglo-saxons : la Grammaire de Construction et la
Grammaire des Patterns
Dominique Legallois
Université de Caen
Crisco, FRE 2805
[email protected]
Article publié dans Les Cahiers de l’Institut de Linguistique de Louvain, 2005, 31, 2-4, p.109127
Introduction
Dans un article de 1983, Nicolas Ruwet examinait le bon usage des expressions
idiomatiques dans l'argumentation en syntaxe générative. Notre travail s’inspire quelque peu
de la démarche de ce linguiste, mais s’applique à deux modèles différents de la théorie
chomskyenne : la Grammaire de Construction (désormais GC) principalement représentée par
les linguistes américains Ch. Fillmore et A. Goldberg, et la Grammaire des Patterns
(désormais GP) exposée par les linguistes anglaises G. Francis et S. Hunston. Il nous a paru
intéressant de discuter ici du contenu de ces théories pour trois raisons : premièrement, parce
que ces modèles ont très peu imprégné le milieu de la linguistique française1, malgré des
propositions fertiles ; deuxièmement, parce que ces deux grammaires ne font jamais référence
l’une à l’autre, alors même qu’elles développent des principes fort semblables ; troisièmement,
enfin – et surtout - parce que toutes deux placent la phraséologie au cœur du dispositif
linguistique, à tel point que nous pourrions parler d’un tournant phraséologique de la
grammaire.
Il s’agira d’examiner comment, dans ces deux théories, deux éléments
traditionnellement présents dans la caractérisation de la phraséologie sont considérés
également comme constitutifs de la formation grammaticale des énoncés2. Ainsi, le holisme
qui caractérise les formes phraséologiques est au fondement même des notions de
construction et de pattern (partie II) ; la productivité attribuée à certains patrons
phraséologiques ne se dissocie pas du rendement de configurations syntaxiques en apparence
libres ou compositionnelles, qui exercent assurément une coercition sur l’interprétation des
lexèmes (partie III).
Nous insisterons également sur les différences d’intégration des deux propriétés
phraséologiques (donc, holisme et productivité) dans les conceptions grammaticales de GC et
GP : en effet, il ne s’agit pas pour nous de tirer une équation entre GC et GP, mais au
contraire, de montrer l’originalité propre à chacune des deux approches. Nous commencerons
par une brève présentation des deux grammaires (partie I), en proposant lorsque cela est
possible des exemples en français qui correspondent, sinon à la lettre aux exemples
canoniques habituellement donnés par GC et GP, en tous cas à « l’esprit » développé par les
deux théories.
1
2
Il faut noter que le travail de D. Willems (WILLEMS, 1981) anticipait déjà la notion de construction.
Un long développement est apporté dans LEGALLOIS, 2006.
1
I Présentation
I.1 La grammaire de Construction
Les grammaires de construction s’inscrivent dans le paradigme général de la
Grammaire Cognitive (par ex. LANGACKER, 1987, LAKOFF, 1987, CROFT & CRUSE, 2004).
Dans cette conception, les unités linguistiques sont essentiellement symboliques ; autrement
dit, les niveaux syntaxiques et sémantiques sont confondus : forme et signification sont
fortement imbriquées. Cette imbrication a surtout été développée par les travaux de FILLMORE
& et ali., 1988, puis par ceux de GOLDBERG, 1995, qui relèvent que certaines structures sont
dédiées à des types d’emplois particuliers : elles sont donc par elles-mêmes significatives. Un
exemple de KAY & FILLMORE, 1999, peut facilement être adopté pour le français :
La structure
WHAT’s X doing Y ?
que l’on a dans
1) What is this scratch doing on the table?
Ou, pour l’équivalent français :
2) Que vient faire cette mouche dans mon assiette ?3
hérite, certes, de constructions plus minimales, mais peut cependant être intégralement
associée à un certain effet de sens : un jugement exprimant l’incongruité de la présence d’un
élément dans un autre, et ce, quelles que soient les unités lexicales qui « remplissent » la
structure. Tous les énoncés de Frantext catégorisé répondant au patron syntaxique de la
configuration (65 énoncés), possèdent cet effet de sens ; par exemple :
3) Que viennent faire ici tous ces gens dont un peut-être sur dix croit à peine en Dieu ? (L.Bloy, Journal T.2,
1907 – Frantext)
4) Que vient faire la politique, l’affreuse politique, au milieu de nos vaccins et de nos sérums ? Que vient faire la
politique dans nos débats qui sont purement scientifiques et humains ? (G. Duhamel, Le combat contre les
ombres, 1939 – Frantext)
5) Que vient faire l'hypocrisie avec tout son dépit amer pour nuire au cœur vraiment choisi, à l'âme exquisément
sincère qui se donne et puis se reprend. (P. Verlaine, Œuvres poétiques complètes, 1896 – Frantext).
On soulignera que ici est 21 fois circonstant dans cette structure ; cette fréquence nous
autorise à parler de collocation forte, et de concevoir la construction que venir faire X ici ? /
que venir faire ici X ? comme une unité phraséologique spécifique, dépendante d’une
construction plus générale que venir faire X [circonstant] ?
On conviendra que le jugement d’incongruité est bien porté par la construction ellemême, et non par les unités lexicales variables : la structure syntaxique, avec les lexèmes
invariables venir faire se voit dotée d’une interprétation. Ce phénomène permet donc de
définir la notion de construction au sens de GC : une configuration syntaxique possédant une
ou des interprétations conventionnelles. Dans le cas examiné ci-dessus, la construction
comprend des invariants lexicaux ; cependant, des constructions plus abstraites, c’est à dire
dégagées de toute contrainte lexicale, peuvent être identifiées. L’étude d’A. Goldberg portant
sur les constructions ditransitives de l’anglais est un exemple bien connu maintenant.
Le point de départ de Goldberg est une critique de la position lexicaliste en syntaxe.
Cette position (défendue en autres par PINKER, 1990, LEVIN, 1993) stipule que la
représentation sémantique du verbe est projetée sur la configuration propositionnelle à partir
de règles générales ; autrement dit, le verbe impose sa structure actancielle interne à la
proposition. De ce fait, puisque qu’un verbe est susceptible de posséder des significations
3
En français, le verbe venir n’est pas obligatoire, mais est souvent employé.
2
différentes, il faut postuler des projections différentes. Ce postulat apparaît cependant ad hoc
et oblige inutilement à concevoir une prolifération de la polysémie. Ainsi pour
6) He sneezed the napkin off the table (il fit tomber la serviette en éternuant)
la position lexicaliste propose de considérer un sens particulier du verbe sneeze (en principe
intransitif) à trois arguments « X CAUSES Y to MOVE Z by sneezing ». Pour Goldberg, il
s’agit plutôt non pas de considérer la présence d’un nouveau sens « causatif », mais d’associer
certains aspects de la signification directement à la configuration syntaxique : « X CAUSES
Y to MOVE Z » relève de la signification même de la construction et non du verbe.
Des analyses semblables ont été menées récemment pour le français ; par exemple, par
WILLEMS, 2005, §2.2 : le verbe glisser dont les emplois les plus fréquents dénotent un procès
de mouvement physique, peut s’intégrer à un type de construction dédié à l’expression d’une
communication :
7) Paul glisse à Marie qu’il est temps de partir
Cette conversion se fait à partir du cadre X Verbe à Y de +inf. /que + compl plus
prototypiquement rempli par le verbe de communication dire ; ainsi, le cadre prédicatif portet-il la signification communicationnelle4.
J. François et M. Sénéchal (FRANÇOIS & SENECHAL, 2006) ont mené une analyse
systématique sur certains cadres prédicatifs. Nous donnons ici seulement, à titre d’illustration,
les résultats se rapportant à une seule configuration :
le cadre prédicatif X Verbe Y à inf est un des cadres typiquement exploités par certains verbes
de production de parole – verbes à emploi performatif ; par ex. :
8) Pierre invite Marie à passer son examen.
Il s’agit d’un cadre prédicatif primaire pour ces verbes ; ce même cadre peut cependant être
exploité par d’autres verbes (comme conduire, préparer dont la référence directe à une
activité locutoire est exclue). Par ex :
9) Pierre prépare Marie à passer son examen
Le cadre prédicatif (qu’il soit primaire ou non) peut alors être qualifié de construction
interprétable par :
X interagit avec Y à propos d’une action A à accomplir5
En effet, une étude sur corpus (Le Monde et Frantext) menée par les auteurs, montre que,
outre le verbe obliger, de loin le plus fréquent, 28 verbes peuvent participer à cette structure6.
Deux modalités sont alors rencontrées : soit il y a interaction entre X et Y pour
l’accomplissent de A (A dénotant une visée) ; soit, de façon moins fréquente, X (en tant
qu’événement/action) exerce sur Y un effet favorisant A ; par ex. :
10) La situation porte les autorités à réagir
Le tableau 1 résume les résultats selon les modalités :
4
Il existe évidemment d’autres constructions « communicationnelles ».
Deux autres cadres possèdent la même interprétation : X Verbe Y de Inf / X Verbe à Y de Inf. (Cf. FRANÇOIS &
SENECHAL, 2006)
6
J. François et M. Sénéchal utilisent le terme de greffe pour caractériser l’intégration d’un cadre prédicatif dans
un autre.
5
3
obliger
aider
inviter
amener
contraindre
pousser
conduire
inciter
forcer
autoriser
encourager
porter
engager
décider
convier
appeler
solliciter
préparer
incliner
exciter
dresser
condamner
mener
induire
habituer
exposer
déterminer
convoquer
Interactions X<événement/action>
entre X et Y exerçant sur Y
pour accomp.
un effet
de A
favorisant A
20,4%
11,1%
10,2%
6,9%
6,0%
5,5%
5,5%
4,6%
4,2%
3,7%
2,8%
2,3%
2,3%
2,3%
1,9%
1,9%
0,9%
0,9%
0,9%
0,9%
0,9%
0,9%
0,5%
0,5%
0,5%
0,5%
0,5%
0,5%
5,1%
94,9%
Tableau 1 – répartition des verbes par type de modalité Selon FRANÇOIS & SENECHAL, 2006
La notion de construction se révèle, à notre sens, tout à fait pertinente pour expliquer
les cas de polysémie verbale (l’interprétation du verbe est différente selon les constructions
auxquelles il adhère) et le phénomène de polytaxie7 (le fait qu’un verbe possède plusieurs
constructions). Ainsi, il est difficile dans ce cadre théorique de parler d’arguments du verbe :
les arguments appartiennent à la construction et ne sont pas régis directement par le verbe.
I.2 La Grammaire des Patterns
La théorie des Patterns Grammaticaux s’inscrit dans l’école contextualiste britannique initiée
en partie par J. R. Firth dans les années cinquante, et développée principalement par M.
Halliday et J. Sinclair Cette tradition articule lexicographie, grammaire et analyse du discours,
en s’obligeant à prendre en considération seulement les données issues de corpus.
Dans un ouvrage récent, Hunston & Francis (HUNSTON ET FRANCIS, 2000) introduisent
la notion de pattern grammar (ou plus simplement de pattern), à la suite, d’ailleurs, d’un
travail pionnier du didacticien Hornby (HORNBY, 1954). Le travail de Hunston et Francis
prend sens dans une perspective lexicographique, dans la continuité des analyses
phraséologiques de Sinclair. Il consiste à identifier et à étudier les patrons (patterns)
distributionnels qu’intègrent certaines classes de mots sémantiquement homogénéisés par le
pattern. La nature et l’extension des patterns sont indépendantes de la notion de syntagme.
L’identification des patterns grammaticaux se fait en deux étapes : il s’agit d’abord
d’identifier l’association récurrente entre un mot cible et d’autres mots (phénomène de
7
Le terme est de FRANÇOIS & SENECHAL, 2006
4
collocation) dans des structures grammaticales (phénomène de colligation 8 ) contribuant à
l’interprétation de ce mot. La deuxième étape consiste à recenser les patterns grammaticaux
récurrents : puisque un mot peut avoir plusieurs patterns, un pattern grammatical peut être
considéré comme associé à différents mots. Quelques exemples (parmi les dizaines données
dans l’ouvrage) :
Le pattern v-link ADJ about n9 (HUNSTON ET FRANCIS, 2000, 87)
11) Everything is excellent about this golf course
comprend les adjectifs (ou autres types de mots) : adult, beastly, brave, brilliant, cool,
excellent, fine, foolish, funny, good, gracious, great, heavy, lovely, marvellous, mature, nice,
odd, ok / okay, reasonable, sweet.
Apparemment ces mots ne partagent pas de propriétés sémantiques communes ; néanmoins,
employés dans ce pattern, ils indiquent tous que quelqu’un réagit d’une certaine façon à une
situation ou à un objet. Ce ne sont pas les mots de la liste qui possèdent ce sens en propre,
mais la structure entière dans laquelle ils sont employés. Donc, au pattern v -link ADJ about
n est associé un sens pragmatique (relativement général) défini.
Un autre pattern formellement très proche est analysé par les auteurs : dans une structure
employée pour l’évaluation (there v-link something ADJ about n), un adjectif relationnel
(en principe non évaluatif) peut être inséré :
12) There is something almost American about the minister’s informality.
Là encore, l’interprétation évaluative résulte du pattern lui-même.
Nous donnons un exemple en français d’un pattern possédant des particularités sémantiques
et pragmatiques. Nous nommons constructions spécificationnelles (cf. LEGALLOIS, à par.a et
LEGALLOIS & GREA, à par.). Les configurations notées
N être que + complétive / de + infinitif.
Par ex. :
13) La meilleure solution est de ne pas lui répondre
La caractéristique sémantique peut s’analyser ainsi : la complétive ou l’infinitive, véhicule le
contenu sémantique et conceptuel du nom. Le nom est intrinsèquement sous spécifié, et
l’attribut lui apporte une détermination contextuelle. Dans ce type de phrase, l’attribut (par ex.
de ne pas lui répondre) est en fait le sujet « réel », et le sujet (la meilleure solution) est
l’attribut « réel » (de ne pas lui répondre est la meilleure solution). La caractéristique
pragmatique se définit principalement par la fonction de focalisation : le GN cataphorique
permet d’attirer l’attention du lecteur sur la proposition complétive ou infinitive qui porte
l’information spécificationnelle10.
I.2 Remarques sur les notions de Construction et de Pattern
Il se trouve que Goldberg et Hunston & Francis ont travaillé les mêmes structures
(ditransitives), ce qui nous permet de proposer un tableau synthétique comparatif :
8
Voir la définition que nous donnons de ce terme en II.3
Dans la notation adoptée par les auteurs, V-link symbolise un verbe d’état, n symbolise un groupe nominal, v un
groupe verbal, etc.
10
Il existe en français approximativement 300 noms pouvant intégrer cette structure (cf. LEGALLOIS, à par.a.).
9
5
A.
B.
C.
D.
E.
F.
Grammaire de Construction
Construction Ditransitive
X causes Y to receive Z (sens central) :
Joe gave Sally the ball
X causes Y to receive Z : Joe promised
Bob a car
X enables Y to receive Z : Joe permitted
Chris an apple
X causes Y not to receive Z : Joe refused
Bob a cookie
X acts to cause Y to receive Z at some
future time : Joe bequeathed Bob a
fortune
X intends to cause Y to receive Z : Joe
baked Bob a cake
1)
2)
3)
4)
5)
6)
Grammaire de Patterns
Pattern Vnn
Giving (or refusing) someone
something : accord, deny, advance
serve, …
Doing something for someone : to
book someone a room, order,
prescribe, cook, …
Communicating something to
someone : ask, fax, kiss someone
goodbye, mail, …
Giving someone a benefit or a
disadvantage : to cause someone
harm ; to dock someone money
Feeling or attitudes : forgive,
excuse, …
Other verbs and phrasal verbs :
bear, bet wish, let off, put off, …
-
Tableau comparatif constructions / patterns de la structure ditransitive en anglais
Pour Hunston & Francis, Vnn est beaucoup plus polyvalent car il caractérise aussi bien les
structures ditransitives11, que les constructions à attribut de l’objet (she called them all idiots),
voire les constructions avec pour n2 un nombre (they beat us three-nil) : rappelons que la
perspective est non transformationnelle, et que la distinction entre les deux ou trois emplois
du pattern s’opère par la différence des verbes identifiés pour chaque emploi. Au vu de la
caractérisation sémantique des constructions et des exemples donnés, on peut dire que le type
1) de Hunston & Francis recouvre les types A, B, C, D, E. Tous les verbes donnés en
exemple par Goldberg dans A, B, C, D, E figurent dans la liste 1) de Hunston & Francis12. La
classe des verbes entrant dans le type F est assez ouverte, mais pourrait elle aussi
correspondre au type 1 de Hunston & Francis. Les significations données par Goldberg sont
relativement abstraites et analytiques (la distinction entre « donner » et « refuser », par
exemple, n’est peut-être pas pertinente) ; elles permettent donc de dégager des types qui en
fait relèvent essentiellement du type 1) de Hunston & Francis. Chez ces dernières, en
revanche, la perspective principale étant là encore la constitution de classes de verbes à partir
de corpus, les significations identifiées sont plus précises, spécifiques et plus différenciées ; ce
qui donne un tableau plus harmonieux du pattern. On notera encore que Hunston & Francis ne
discernent pas un emploi central à partir duquel seraient générés les autres. De plus, elles
recensent deux groupes 5) et 6) ignorés de Goldberg ; ces deux groupes sont restreints et
dénués de signification, mais certains des verbes qui les composent sont fréquents dans Vnn.
Il y a donc un « reste », reste qui est constant dans les patterns relevés par les auteurs.
Nous retenons que les notions de patterns et de constructions semblent similaires, mais
sont le résultat d’une enquête différente. Les constructions sont relevées comme telles, alors
que les patterns sont des généralisations des comportements colligationnel et collocationnel
du lexique – la perspective étant toujours lexicographique. Mais plusieurs points communs
11
Seules celles-ci sont données dans la colonne droite du tableau.
Ces auteurs reconnaissent qu’il y a toujours une part d’arbitraire et de subjectivité dans la reconnaissance des
classes.
12
6
fondamentaux sont partagés : les deux types de structures permettent de distinguer les emplois
d’un mot à travers sa polysémie (ce mot étant invariablement un verbe pour la Grammaire de
Construction de Goldberg) ; ils sont dotés d’une signification sémantique ou pragmatique (ce
point étant beaucoup plus fondamental chez GC, qui en fait le fondement même de l’approche
cognitive de la grammaire). Surtout, pour ce qui nous concerne ici, Constructions et Patterns
sont redevables à un fonctionnement phraséologique général de la langue : les structures sont
données comme unités pré-formatées, hors de toute combinaison de syntagmes. C’est cette
dimension holiste que nous discutons dans la partie suivante.
II Holisme, phraséologie, construction et pattern
II.1 Holisme et phraséologie
Poser la nature holiste des unités phraséologiques est un pléonasme ; ces unités, bien
que composées d’unités différentes, forment un tout et sont appréhendées par les locuteurs
comme tel. On ne confondra pas la nature holiste des unités phraséologiques avec le
phénomène de non compositionnalité : dans beaucoup d’expressions idiomatiques, la
compositionnalité entre en jeu dans le travail d’interprétation ; par exemple, dans
14) Vendre la mèche
les deux éléments ont des rôles distincts (un procès et un objet nettement distingués) de la
même façon que divulguer et l’information ont des rôles distinct dans l’expression
divulguer l’information13 .
Il s’agit d’attribuer une signification conventionnelle au tout (vendre la mèche). L’expression,
dans ce cas, est donc holiste et compositionnelle. Ainsi, la définition de la notion de
Construction donnée par Goldberg
« a construction is […] a pairing of form with meaning/use such that some aspect of the form
or some aspect of the meaning/use is not strictly predictable from the component parts or
from other constructions already established to exist in the language" (GOLDBERG, 1998, 205)
pourrait sans grand aménagement s’appliquer à la phraséologie et cela, bien qu’elle ne mette
nullement en évidence une quelconque non compositionnalité de la construction, mais bien
plutôt sa constitution holiste ; la compositionnalité est d’ailleurs un trait important dans
l’argumentation constructionnelle ; l’auteur écrit :
«By recognizing the existence of contentful constructions, we can save compositionality in a
weakened form: the meaning of an expression is the result of integrating the meanings of the
lexical items into the meanings of constructions. In this way, we do not need to claim that the
syntax and semantics of the clause is projected exclusively from the specifications of the main
verb» (GOLDBERG, 1995, 16).
II.2 Holisme et construction
Au regard de la définition de Goldberg, les constructions sont donc holistes ; elles se
donnent comme des touts, même si elles sont composées d’éléments. En cela, elles sont
identiques aux unités phraséologiques traditionnelles. Mais le rapport entre construction et
phraséologie ne s’arrête pas là : c’est l’examen attentif des expressions idiomatiques
(notamment let alone) qui ont conduit Fillmore et ses collègues (1988) à l’abstraction d'un
modèle transposable à la syntaxe : les constructions sont des expressions idiomatiques
abstraites, donc, des objets globaux, de nature non syntagmatique. Plus précisément, une
13
Voir sur la compositionnalité des expressions idiomatiques : RUWET, 1983,
MOESCHLER, 1996.
NUNBERG & AL., 1994,
7
construction est en fait une expression idiomatique (EI), d’un type un peu spécial : c’est une
expression idiomatique formelle ou schématique dans la mesure où elle constitue une forme
non saturée lexicalement, c’est-à-dire une forme fixe mais accueillante (Cf. CROFT & CRUSE,
2004) ; et de ce fait, une construction accueille un certain nombre de lexèmes différents : de
façon très large pour la forme « que vient faire X dans Y ?», de façon plus restreinte (en ce qui
concerne le verbe) dans une construction comme
[SN1 verbe SN2 SN 3] dans le sens X causes Y to receive Z (sens central des différentes
réalisations de la construction) :
15) Joe gave Sally the ball
où la classe des verbes pouvant remplacer gave ici est plus restreinte même si elle est assez
conséquente.
Il faut noter une différence entre les EI formelles et les EI substantielles : les secondes
appartiennent au lexique, au répertoire ; les premières sont des entités plus accueillantes, sans
être prédictibles à partir de règles générales. Mais cette différence entre les deux types de EI
est seulement théorique ; empiriquement, les EI peuvent certes être saturées par des éléments
lexicaux déterminés, mais ce cas reste marginal. Le plus souvent, une variation est possible
(par exemple, un morphème de temps). Le raisonnement vaut également pour les EI
formelles : elles peuvent être lexicalement ouvertes, mais également contenir quelques
éléments déterminés. Ainsi, pour Croft :
« Constructions exist to varying degrees of schematicity ; there is a continuum between
lexically fixed dioms (As American as apple pie) and highly schematic « rule schems » ([SBJ
VERB OBJ] – the transitive verb construction]), as well as between lexicon (one-word fixed
symbolic units) and “grammar” (multiword schematic symbolic units) » (CROFT 1997 : 1).
Le phénomène phraséologique est donc au cœur même de celui de construction, et,
dirions-nous, de la grammaire. Il est étroitement associé à celui de fréquence, condition
nécessaire à la constitution holiste des unités :
« The hypothesis is that each time a word (or construction) is used, it activates a node or
pattern of nodes in the mind, and frequency of activation affects the storage of that
information, leading to its ultimate storage as a conventional grammatical unit. » (Cf. CROFT
& CRUSE, 2004, 292).
II.3 Holisme et pattern
L’argumentation dans GP est quelque peu différente : la référence à l’analyse
phraséologique est double ici, et est très sensible dans la 1ère étape (l’identification des
patterns des lexèmes) : on apprécie la collocation, phénomène dans lequel les mots sont
donnés « ensemble », même s’ils ne sont pas tout à fait consécutifs ; la collocation relève de la
phraséologie. On apprécie également la récurrence des structures grammaticales dans
lesquelles le mot est employé : c’est le phénomène de colligation (exposé par FIRTH, 1957).
La colligation se définit par la préférence d’un mot pour une ou des structures grammaticales
(par exemple, position sujet, objet, construction transitive, attributive, etc.). La colligation ne
relève pas de règles génératives générales, mais bien d’un comportement idiomatique
repérable sur corpus, propre à chaque unité lexicale.
Puisque les patterns grammaticaux sont identifiés à partir d’une généralisation des
patterns des lexèmes, il est évident qu’ils ne sont pas des assemblages de syntagmes selon des
règles générales, mais des configurations repérées à partir des comportements grammaticaux
8
préférés des lexèmes. De ce fait, les patterns émergent du discours, plutôt qu’ils ne sont à la
base de la production discursive14.
L’autre argument donné en faveur de la dimension idiomatique et holistique des
patterns est la référence à deux principes énoncés par J. Sinclair. Cet auteur pose deux
comportements linguistiques fondamentaux : le principe de l’idiomaticité (the idiom principle)
et celui du libre choix (the open-choice principle) :
The idiom principle: the principle of idiom is that a language user has available to him or
her a large number of semi-preconstructed phrases that constitute single choices, even though
they might appear to be analysable into segments. (SINCLAIR, 1991, 110).
The open-choice principle: this is a way of seeing language as the result of a very large
number of complex choices. At each point where a unit is completed (a word or a phrase or a
clause), a large range of choice opens up and the only restraint is grammaticalness…
Virtually all grammars are constructed on the open-choice principle ((SINCLAIR, 1991, 109110).
Le premier de ces deux principes se révèle prioritaire sur le second. Dans un contexte
neutre ou équivoque, on préfèrera sans doute interpréter
16) Raconter des histoires / faire des histoires
par
16’) raconter des bobards / faire des complications
prioritairement à
16’’) raconter des contes / écrire des contes
17) prendre l’autobus
par
17’) monter dans l’autobus
plutôt que
17’’) subtiliser l’autobus.
Le principe de l’idiomaticité joue également pour Francis & Hunston sur les phénomènes
syntaxiques (les Patterns) ; ainsi, nous avons à notre disposition des Patterns qui ne sont pas
des constructions syntagmatiques, mais des blocs, même si les unités lexicales qui les
remplissent sont relativement ouvertes.
II.4 Remarques sur la notion de holisme en grammaire
La conception de la phraséologie, non plus seulement comme catégorie mais comme
principe de fonctionnement des discours, conduit à reconsidérer bien des aspects en
linguistique. Le mot idiom dans idiom principle n’est pas métaphorique : il indique bien
qu’il y a un fonctionnement que la linguistique de corpus permet d’observer, propre au
discours, qui se caractérise par la routine, l’habitude, la globalité, l’usage. De même dans la
Grammaire de Construction (plus particulièrement dans celle développée par Goldberg), la
proposition devient l’élément global et primaire qui appelle des sortes d’arguments ;
l’orientation actuellement psycholinguistique de Goldberg conduit vers une réévaluation de
l’apprentissage : les constructions sont acquises à partir de l’expérience, et sont générées par
des archétypes conceptuels (GOLDBERG 1998, GOLDBERG & ali. , 2004). Cela constitue une
14
Ce phénomène est théorisé par HOPPER, 1998, dans sa notion de grammaire émergente.
9
réponse à la question soulevée par la Grammaire Générative, de la pauvreté des stimulii
nécessaires à l’acquisition du langage.
III Productivité des constructions et des patterns
III.1 la notion de productivité en phraséologie
Les unités phraséologiques possèdent une certaine productibilité, reconnue dans la littérature :
« Cette caractéristique représente la capacité des unités phraséologiques à servir de modèles
à d’autres unités ; en effet, il existe des schémas ou moules phraséologiques dotés d’éléments
simples, d’ordre relationnel ou catégoriel, suivis de cases vides à combler par des lexèmes
différents. Ces schémas servent non seulement à engendrer de nouvelles unités : parler
chiffons, parler politique, mais aussi à produire des variantes (pleuvoir à seaux, pleuvoir à
verse) » (GONZALEZ REY, 2002, 58).
R. Martin (MARTIN, 1997), quant à lui, parle de modèle locutionnel pour désigner la
configuration lexico-grammaticale productive des expressions phraséologiques. Quelques
exemples :
18) Boire comme un trou / une éponge / un tonneau, un Suisse, un Polonais, sonneur, templier, grenadier
19) Pleurer comme une Madeleine, un veau, une vache, une fontaine
20) Ne pas avoir inventer l’eau chaude, la poudre, le fil à couper le beurre, l’eau gazeuse, le vin chaud, les œufs
durs, les trous dans le gruyère, le moisi du roquefort, etc. (MARTIN , 1997, et BERNET & REEZAU, 1989)
En 18) et 19) le complément nominal, quel qu’il soit, est conceptualisé comme ingurgitant ou
produisant une grande quantité de liquide (alcool/larmes). L’objet, appartenant à un
paradigme ouvert, est construit comme prototype. Dans 20) l’objet est dévalorisé dans / par la
construction, alors que son désignateur n’est pas en soi connoté négativement.
Il est inutile de rappeler l’exploitation faite par les titres d’articles de magasines, ou les
publicités de la productivité phraséologique (que l’on ne confondra pas avec le défigement).
III. 2.Productivité et Construction
La productivité est fortement théorisée dans la perspective constructionnaliste. Dans
l’exemple de GOLDBERG, 1998, 213 :
21) We will overnight you that package as soon as it comes in
Nous vous transmettrons ce paquet du jour au lendemain (tr. de J.François, ( FRANÇOIS, 2003))
il n’y a pas interprétation d’une construction nouvelle ; au contraire, il y a exploitation d’une
construction stable et typique (X causes Y to receive : Joe gave Sally the ball), dans laquelle
est insérée de façon « créative » overnight. Il y a là un phénomène de coercition15 qui conduit
donc à une nouvelle interprétation de l’emploi du mot : d’adverbe, overnight devient verbe. Il
est alors versé dans la classe verbale ditransitive exprimant l’idée d’envoi : mail, fax, e-mail,
ship, etc. Un autre exemple évocateur emprunté à TAYLOR, 1998 ; cette fois ci, une
construction idiomatique (relevée comme telle dans les dictionnaires) :
22) Gerald drank us all under the table
est construite à partir d’une construction plus abstraite dont les réalisations typiques mettent
en jeu des verbes impliquant un déplacement du complément d’objet ; par ex. :
23) Ann put the book on the table
15
Pour une discussion, cf. TAYLOR, 1998
10
avec 1), drank hérite du trait déplacement par coercition. On voit donc ici comment une
construction formelle, mais néanmoins idiomatique, « encadre » une expression relativement
figée.
En français, le fonctionnement de la locution prépositive (de finalité) histoire de est assez
semblable 16 ; on s’aperçoit que l’expression sélectionne d’abord quantitativement (et
diachroniquement) des prédicats dénotant des procès insignifiants, superficiels, futiles :
Faire X, histoire de rire / de voir / de boire un coup / de se dégourdir les jambes / de causer.
23) Cette dernière voiture s’arrêta sur la route, Tron ayant accompagné l'autre jusqu'au parc, à travers le
chaume, sous le prétexte de donner un coup de main : histoire de flâner et de causer un instant. ( Zola, La Terre,
1887)
On peut d’ailleurs considérer histoire de rire comme une locution double : fruit d’une
construction histoire de inf, et de la collocation histoire de et rire.
Mais on trouve également des prédicats, intrinsèquement non futiles, non superficiels :
24) Mais, avec une malice appuyée, il se disait néanmoins séduit par les mouvements en cours : histoire de
montrer qu'il restait jeune et de gauche. (Kristeva, Les Samourais, 1990)
25) Il en prit une, l'alluma et tira dessus comme un crapaud, histoire de salir un peu plus ses bronches (Jardin,
Bille en tête, 1986)
« Montrer que l’on reste jeune et de gauche » n’est pas en soi inconsistant, mais est ici
construit comme tel par l’énonciateur grâce à histoire de. De même, l’ironie de 25 repose à la
fois sur l’intentionalité prêtée à un procès manifestement non intentionnel, et sur la
refiguration du même procès en procès « futile », alors que là encore, « se salir un peu plus les
bronches » est loin d’être inconsistant.
Il y a donc une productivité des constructions que le phénomène de coercition
explique : faire entrer dans un cadre des éléments qui en principe n’y participent pas. Nous
parlions du caractère accueillant de certaines constructions pour qualifier l’ouverture à un
large éventail des unités lexicales ; il faut également compter quelques fois sur une pression
beaucoup plus forte, plus pressante, qui modifie radicalement le comportement régulier des
unités.
III. 3.Productivité et Pattern
La productivité dans GP opère de deux manières : certains changements argumentaux dans la
valence verbale sont expliqués par le phénomène d’analogie (HUNSTON ET FRANCIS, 2000,
96) : un mot « possédant » un pattern peut servir de modèle à un autre mot synonyme
n’intégrant pas ce pattern. Par exemple, le verbe dénominal to impact on (construit à partir de
la verbalisation de an impact on), devient transitif direct : to impact something – et cela, à
partir du modèle offert par son synonyme affect : an affect on, to affect on, to affect something.
Il s’agit d’une productivité opérant diachroniquement. Un autre type de productivité est
manifeste dans GP, et se confond avec la productivité des constructions ; nous reprenons un
pattern travaillé par les auteurs, et qui correspond en français aux énoncés spécificationnels
décrits plus haut :
26) Le plus beau de l’histoire est que…
Le principal est de participer
L’essentiel est que…
16
Cf. LEGALLOIS, à par.b
11
Dans ces exemples, des adjectifs évaluatifs sont nominalisés afin d’hypostasier un
contenu « idéationnel » (selon la terminologie de M. Halliday), hypostase qui permet à son
tour une thématisation. Les adjectifs nominalisés proposés dans ces exemples sont fréquents
dans cette configuration ; mais le pattern est productif ; ainsi, nous avons relevé dans Frantext :
27) Le sûr est que tous deux par des chemins bien dissemblables, nous en sommes venus à tuer les heures en les
regardant en personne (Valéry)
qui témoigne d’une double coercition : 1) coercition d’un adjectif dans une structure nominale,
et 2) coercition d’un adjectif en principe non « prédisposé » dans la classe des adjectifs se
prêtant à nominalisation. Cette même coercition, dans la même structure, s’exerce également
sur les noms non prédisposés ; ainsi, si le nom objectif intègre canoniquement ce pattern :
28) Notre objectif est de pénétrer les milieux financiers chinois
le nom religion, en principe non prédisposé, peut également l’intégrer. Ainsi, sur un site
Internet sympathisant avec la résistance irakienne :
29) Notre devise est le pétrole, notre religion est de tuer! Point17.
Le nom religion est transformé en prédicat nominal exprimant le but, et se colore,
éventuellement, d’une lecture métaphorique.
III.4 Remarques sur la notion de productivité en grammaire
On préfère généralement insister sur le caractère figé, fermé, des séquences
idiomatiques ; leur fonction de productivité est néanmoins importante dans le renouvellement
des expressions linguistiques. Au niveau grammatical, GC et GP se rejoignent assez
naturellement sur le phénomène de productivité : elles mettent en évidence des configurations
semblables en les considérant comme des types d’unités phraséologiques. Ainsi, certains
changements dans le lexique sont redevables non pas à des facteurs intrinsèquement
sémantiques, mais à des contraintes ou à des pressions (des coercitions) effectuées par les
configurations syntaxiques ; ce phénomène oblige à ne plus considérer la structure syntaxique
des phrases (ou propositions) comme des combinaisons hiérarchiques de syntagmes.
Conclusion
Les deux types de grammaires examinés très rapidement ici, plaident explicitement
pour une grammaire en grande partie phraséologique qui tend à minimiser la distinction
traditionnelle entre syntaxe et sémantique. Il faut reconnaître cependant que les deux théories
ne reposent pas toujours sur les mêmes types d’arguments, en raison principalement de
fondements épistémologiques divergents. Notons deux de ces raisons :
1) GC est explicative et cognitive : la langue possède une dimension phraséologique,
redevable à nos capacités cognitives telles que l’appréhension holiste de certaines unités, la
sensibilité à la fréquence.
GP est seulement descriptiviste : la dimension phraséologique de la grammaire est d’abord le
constat d’une observation, la capacité de la langue à s’organiser en unités, selon le principe de
l’idiomaticité.
2) GC insiste sur l’unité de la configuration, son caractère holiste, en raison de la position non
lexicaliste de la théorie. La forme est première par rapport au lexique.
17
http://www.al-moharer.net/moh214/abu-assur214f.htm. Notons que cet énoncé est attribué, non sans ambiguïté
d’ailleurs, aux forces américaines. On remarquera également le jeu, conscient ou non, sur la polysémie de devise.
12
Pour GP, la position est mixte : les patterns sont des généralisations à partir de l’idiosyncrasie
(idiomaticité) des lexèmes ; mais en même temps, la théorie souligne des phénomènes de
coercition des patterns sur le lexique.
Nous avons donc dessiné une première comparaison entre Constructions et Patterns
par le biais de la phraséologie et de l’idiomaticité. C’est en raison de la nature sémantique des
configurations que la distinction entre syntaxe et sémantique est remise en cause par ces deux
paradigmes. Et c’est par le biais de la phraséologie – dont le spectre est étendu à des
dimensions plus abstraites – que la question du rapport entre lexique et grammaire est
reconsidérée.
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6 clos des Pommiers
14790 Mouen
France
[email protected]
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