Toulon-Rome en camion, en coupant par la mer - LOMAG

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Toulon-Rome en camion, en coupant par la mer - LOMAG
Libération : Toulon-Rome en camion, en coupant par la mer
1/03/05 9:02
Economie
La première «autoroute maritime» française espère concurrencer la liaison
routière.
Toulon-Rome en camion, en coupant par la mer
Par Cédric MATHIOT
mardi 01 mars 2005
(1) L'équipage (trente-cinq hommes) sera à 100 % italien, ce qui permet selon LDA une
économie de 50 % par rapport aux marins français.
u grand concours du merroutage, c'est un outsider qui a décroché le pompon. Le 28 janvier,
Louis-Dreyfus Armateur (LDA), associé dans une société commune avec l'Italien Grimaldi, a
lancé la première «autoroute de la mer» française entre les ports de Toulon et de
Civitavecchia (sud de Rome). Depuis un mois, les transporteurs découvrent ce service
consistant, trois fois par semaine (dans les deux sens) à faire grimper leurs camions sur un navire.
De trois camions pour la première traversée, le remplissage est monté aujourd'hui à une
moyenne de 20 (sur les 150 places possibles). Le 8 avril, la ligne devrait être officiellement
inaugurée en grande pompe avec, en guest stars, Jacques Barrot (commissaire européen aux
Transports) et François Goulard (secrétaire d'Etat aux Transports). Serge Lepeltier, ministre de
l'Ecologie, est également attendu pour rappeler que «merrouter», c'est aussi protéger
l'environnement. Si Grimaldi propose déjà une liaison de ce type entre l'Espagne et l'Italie, c'est
«la première fois au départ de la France que des bateaux embarquent des camions pour
concurrencer une liaison routière» , se félicite LDA, dont le patron, Philippe Louis-Dreyfus,
parle d'une «démarche citoyenne».
Ligne droite. Depuis l'annonce du ministère des Transports de promouvoir le merroutage en
France, en 2003, les regards étaient davantage tournés vers le littoral Atlantique (La Rochelle,
Nantes-Saint-Nazaire, Cherbourg), pour des raisons que des mauvaises langues jugeaient
politiques : il s'agissait des fiefs de membres éminents du gouvernement. Il fut même question
d'un Nantes-Espagne avec escale à la Rochelle - rebaptisé «Express Fillon-Raffarin» par
certains transporteurs et armateurs -, vite abandonné.
C'est finalement du côté de la façade méditerranéenne qu'est parti le premier navire
«merrouteur» de GLD Lines (nom de la société commune entre LDA et Grimaldi). Pourquoi
Toulon-Rome ? Parce que par rapport au trajet par la route qui oblige à faire un arc, le bateau
trace une ligne droite, ce qui rend l'option maritime plus compétitive que sur la façade Atlantique,
entre la France et l'Espagne, où le navire longe la côte. Christophe Santoni, directeur de GLD
Lines, affirme que, tout compris - entrée et sortie du port, embarquement débarquement - «la
voie maritime dure 15 heures contre 22 heures seulement de trajet pour un routier
respectueux de la limitation de vitesse et des temps de pauses légaux». Le prix proposé, à
partir de 400 euros avec deux repas pour le conducteur, se veut «deux fois moins cher que la
route». «Pour certains trajets, on économise du temps et de l'argent, confirme Gilbert
Piron, responsable des Transports Gelin, implanté en Bretagne. Ça évite de payer le tunnel du
Frejus ou du Mont Blanc (200 euros), une partie de route en Italie, et du gazole.» Pour
l'instant, l'entreprise - 330 employés et 250 véhicules - qui achemine chaque semaine vers l'Italie
80 camions chargés de nouriture animale ou de biscuits a emprunté la ligne une seule fois, et la
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reprenait hier soir. «Le souci, c'est que trois départs par semaine, c'est juste. Et on ne peut
pas se permettre d'attendre.»
Conscients des difficultés de démarrage, LDA et Grimaldi ne se sont pas jetés dans ce pari sans
filet : si l'italien a fourni le bateau (1), évitant un coûteux investissement de départ, LDA a amené
un client solide. L'armateur français, qui effectuait deux allers-retours entre Fos-sur-Mer et
Rome pour le compte de Gefco (branche transport de PSA) a persuadé le constructeur de
transférer les départs vers Toulon. La nouvelle autoroute de la mer peut donc compter sur 40
000 voitures par an (dans le sens France-Italie) et un chiffre d'affaires substantiel. C'est autant de
place qui ne sera pas utilisée pour ôter les camions des routes, mais cela rend l'expérience moins
aventureuse sur le plan économique. Il ne suffit plus que d'embarquer 60 remorques par trajet
(sur 150 possibles) pour atteindre le seuil de rentabilité.
Passagers. Outre ce «fond de cale» bienvenu, GLD Lines mise sur le transport de passagers,
avec ou sans voiture. Le bateau a une capacité de 800 places, dont 400 couchettes. GLD Lines,
qui n'a pas attendu que les aides publiques soient débloquées pour se lancer, compte bénéficier
de subventions pendant les trois premières années d'exploitation, lesquelles pourraient permettre
de mettre en place un deuxième bateau sur la liaison. L'Italie a déjà fait un geste : courant avril,
un bonus environnemental sera octroyé - une ristourne de 100 euros - pour chaque transporteur
choisissant la route du large
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