Tard sur le port à Brest

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Tard sur le port à Brest
17 BREST. LOISIRS
Jeudi 11 septembre 2014 Le Télégramme
Tournage. « Tard sur le port » à Brest
Sylvain Broussard
Au port de commerce
se déroule actuellement
le tournage
de « Tard sur le port »,
premier court-métrage
d’un jeune Breton
de Carantec.
Librement inspiré
de l’assassinat
de Pier Paolo Pasolini,
le scénario retrace
l’itinéraire d’un jeune
homme sans avenir,
plongeant dans une
spirale destructrice.
Le Carantécois Maël Diraison signe la
mise en scène de « Tard sur le Port ».
Reinette est un jeune gars
de 17 ans qui occupe ses journées
à boxer. Reinette a quitté l’école,
« emmerde le travail, emmerde le
Smic ». Ce qui l’intéresse c’est l’argent facile et rapide. Alors, lorsqu’on lui propose une grosse somme pour tendre un piège à un homme qui, de toute évidence,
ne serait pas insensible à ses charmes, Reinette n’hésite pas un seul
instant. Reinette est le personnage principal du court-métrage tourné actuellement à Brest par Maël
Diraison, Carantécois de 26 ans et
ancien étudiant en art dramatique
au conservatoire de Brest.
lien
Giuseppe
Pelosi,
dit
« la Rana » (la grenouille), dans
le meurtre de l’écrivain, journaliste et cinéaste Pier Paolo Pasolini,
à Rome, en 1975. Aujourd’hui
encore, les circonstances exactes
de l’assassinat restent troubles.
Une chose est certaine : le jeune
Romain n’a pas agi seul.
Maël Diraison réalise là sa première œuvre cinématographique, en
adaptant une nouvelle qu’il a luimême écrite en 2012, en s’inspirant librement de ce fait divers qui
déchira l’Italie, à la fin des années
70.
Hommage à Pasolini
Le lien avec l’affaire s’arrête là.
L’inspiration est assumée mais
le jeune réalisateur souhaite avant
tout livrer une réflexion sur
Le personnage de fiction n’est pas
sans rappeler la tragique – mais
bien réelle – implication de l’Ita-
L’histoire d’un jeune mec
« la valeur du travail face à un jeune mec qui, quoi qu’il fasse, fera
forcément un mauvais choix ».
De Rome à Brest
« Lorsque j’ai étudié l’affaire Pasolini, je me suis toujours représenté
le port de commerce de Brest comme toile de fond. Comme une évidence », confie le metteur en scène.
C’est son professeur de théâtre au
conservatoire, Régine Trotel,
qui l’initie à l’œuvre de l’intellectuel italien. C’est elle également
qui lui présente Nathan Jousni, formé lui aussi à Brest et qui endossera le rôle-titre du film.
La question du lieu de tournage
s’impose à lui. Celui-ci se fera sur
les docks de Brest. Maël Diraison
fait alors appel aux étudiants du
Master Image et Son (ISB) de l’Université de Bretagne Occidentale
pour constituer son équipe technique. Ils sont huit, tous en dernière
année de formation, à assurer
l’éclairage, la prise de vue et le
son durant les dix jours de tournage. « Nous travaillons la nuit pour
Maël et le lendemain, nous allons
en cours », précise Pierre Binard,
responsable des lumières. « Cette
expérience nous apporte beaucoup. Nous travaillons en situation réelle. Ce n’est plus un exercice ».
Petit budget
mais grosse équipe
En tout, 30 personnes participent
à l’aventure et des professionnels
du cinéma se sont associés bénévolement au projet. C’est le cas
Nathan Jousni interprète « Reinette »
le rôle-titre du film
aux critères physiques du personnage. Il s’agit pour moi d’une
première expérience face à la
caméra.
Nathan Jousni est l’acteur principal du
film « Tard sur le port ».
> > Comment vous êtes-vous
retrouvé à l’affiche du film ?
C’est une de nos enseignantes,
Régine Trotel, qui est à l’origine
de notre rencontre. Maël était
à la recherche d’un jeune Brestois avec une formation de comédien et qui puisse correspondre
> Comment êtes-vous entré
dans votre personnage ?
C’est un rôle qui est aux antipodes de ma personnalité. J’ai travaillé avec Hassan Tess, qui joue
l’homme à qui je dois tendre
ce piège fatal. Nous avons répété nos textes au début de l’été.
Son expérience de comédien professionnel m’a été d’une grande
utilité. J’ai ensuite dû m’immerger dans ce costume d’une petite frappe, d’un gars prêt à vendre son âme pour accéder à une
vie qui lui semble meilleure.
Et cela a commencé par mes cheveux que j’ai totalement rasés
pour les besoins du tournage
(rires) ! Reinette est boxeur.
J’avais
moi-même
pratiqué
un peu ce sport, étant plus jeune, mais je suis tout de même
allé peaufiner mon crochet
du droit avec le club de boxe
de Lanrédec. C’est un rôle important dans lequel je m’investis
totalement.
Tournage d’une séquence du film à l’éperon numéro 2 du port de commerce.
d’Hassan Tess qui incarne le personnage inspiré par Pasolini. Celui
qui a travaillé avec, entre autres,
Alain Resnais et Bertrand Blier affirme avec enthousiasme que « l’engagement de toute l’équipe est
admirable. Maël s’est donné les
moyens de travailler dans de très
bonnes conditions, malgré un budget serré ».
L’enveloppe de 1.800 ¤ nécessaire
à la production a été réunie par
le biais d’une plateforme de financement participatif sur le net.
Après montage, la fiction sera proposée à la sélection des principaux
festivals de courts-métrages.
« Reinette doit choisir quel homme il va devenir ». Nul doute que
Maël Diraison ait, pour sa part,
déjà fait son choix et le bon. Fin de
tournage prévue le 13 septembre.