Danemark : un détour par le futur La viking attitude

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Danemark : un détour par le futur La viking attitude
Danemark : un détour par le futur
La viking attitude
Voyage d’étude au Danemark destiné à explorer les enjeux de
participation et de professionnalisation à venir dans les coopératives
éoliennes citoyennes en Belgique
Lucéole & APERe1
Le voyage d’étude permettra à 50 participants (coopérateurs de Lucéole et d’autres
coopératives éoliennes citoyennes belges, luxembourgeoises, hollandaises,…) de penser le
présent en anticipant l’avenir : « faire un détour par le futur ». C’est au Danemark que
l’histoire de l’éolien citoyen s’est construite depuis 35 ans. Il s’agit d’un modèle
incontournable du développement des énergies renouvelables et du développement local
des zones rurales. Les leçons de ce laboratoire citoyen du futur nous permettront de
progresser dans le cadre régional national et européen du développement durable, ceci en
particulier sur les questions de participation et de professionnalisation des coopératives
éoliennes citoyennes belges et européennes.
1 Avec l’appui de l’expérience et des compétences de Dirk Knapen (REScoop)
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1. Pourquoi aller au Danemark ?
Depuis la crise du pétrole du début des années 70, les Danois ont choisi d’investir dans
les énergies renouvelables et en particulier dans l’éolien. Ils produisent aujourd’hui
28% de leur électricité à partir de l’énergie éolienne et ont comme objectif d’atteindre
les 50% pour 2020. Ce choix est historiquement un choix citoyen, qui s’est posé en
alternative dans le cadre du débat sur le développement des centrales nucléaires au
Danemark.2 Mais un choix qui puise ses racines dans une histoire dont les premiers pas
remontent au XIX siècle3.
Ce développement historique de l’éolien au Danemark en est à sa seconde génération
d’éoliennes. Les débats actuels autour de ce « repowering » permettent de comprendre
quels peuvent être les enjeux sur le temps long et notamment d’observer comment le
rapport entre citoyens, coopératives, industriels, investisseurs privés et cadre
réglementaire évoluent4. La planification spatiale des implantations de projets éolien
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Témoins de cette prise de conscience : les enseignants de la haute école populaire Tvind dans le village
d’Ulfborg construisent en 1978 de leurs propres mains une éolienne de 2MW pour illustrer leur
militantisme en faveur d’un autre système éducatif. Avec cette éolienne imposante, véritable pièce de
musée toujours en fonctionnement, ces enseignants voulaient présenter une alternative originale au
développement de centrales nucléaires, sujet alors en discussion à Copenhague.
Le développement éolien au Danemark est en fait initié à la fin du 19ème siècle par Paul la Cour, qui a
créé l’Association des électriciens éoliens en 1903, et a commencé à donner les premiers cours en 1904.
http://www.guardian.co.uk/environment/2008/oct/17/wind-power-renewable-energy
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Les projets de gros parcs éoliens sont désormais développés par des promoteurs privés afin de
remplacer les petites turbines citoyennes. La perspective pour certains riverains de percevoir de
confortables redevances pave ainsi le chemin de la contestation anti-éolienne : réactions NIMBY,… le
Danemark n’est pas seulement le paradis de l’éolien, il est aussi un lieu de contestation citoyenne face à la
main-mise des promoteurs privés.
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ainsi que l’impératif d’augmentation de puissance des éoliennes sont perçus comme une
dépossession et les mouvements d’oppositions locaux se font jour.
L’évolution récente (2008) du cadre réglementaire en faveur d’une participation
citoyenne à hauteur de 20% impose aux développeurs privés l’obligation d’offrir aux
riverains habitants dans un rayon de 4,5 km jusqu’à 20% des actions de la société
exploitant le parc éolien. Ces dispositions sont proches du cadre de référence wallon
adopté le 21 février 2013, et devraient être un point de comparaison intéressant sur les
procédés d’implication des citoyens, car malgré l’objectif généreux de cette nouvelle
réglementation, les résultats demeurent en-dessous des attentes au niveau national.
Pourtant,
différentes formes innovantes de réappropriation de l’éolien par les
communautés locales émergent : constitution d’une fondation par les opérateurs de
développement local, investissement par les autorités communales, naissance d’ONG
comme facilitateurs locaux ou via le gestionnaire de réseau électrique ou de réseau de
chaleur. Si ces conditions de retombées locales et de participation sont offertes, il arrive
que les citoyens se battent littéralement pour acquérir des parts de coopérateurs.
L’appropriation de l’éolien participatif s’inscrit dans une démarche plus large
d’autonomie énergétique et de développement territorial durable. Face au déclin
démographique de ces régions, les énergies renouvelables sont considérées comme un
levier de redéploiement économique local et de revitalisation du tissu rural. L’éolien est
donc un élément important, à côté d’autres énergies renouvelables qui contribuent a un
développement territorial durable5.
Au niveau danois, les producteurs d’énergie éolienne se sont fédérés. Différentes
formes de coopération existent : coopératives de vente, ONG d’appui au
développement des énergies renouvelables, coopérative de « trading » vis-à-vis des
acheteurs d’électricité. Ces structures professionnelles ont mis au point notamment des
technologies de l’information performantes qui permettent le maintien d’une
production éolienne décentralisée et une gestion des marchés de l’électricité au pied de
l’éolienne.
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La péninsule de Thy ou se situe le Nordisk Folkecenter, centre de formation pour ingénieurs en énergies
renouvelables attirant les candidats des quatre coins du monde,. arrive à couvrir 106% de sa
consommation électrique par l’éolien dès la fin des années ’90 La peninsule de Thy, tout comme l’ïle de
Samsø, ont développé des stratégies « Fossil Fuel Free » qui intègrent a côté de l’éolien , du
photovoltaïque, de la cogénération, des réseaux de chaleur, du biogaz etc. . Ils sont considérés comme des
exemples et font l’objet d’échange de« best practices » au niveau européen
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La mission d’identification que nous avons effectuée entre le 12 et le 15 mai 2013 nous a
montré qu’il était possible de rencontrer les témoins de ces évolutions, de toucher
concrètement à leur expérience à travers la visite de sites qui incarnent à la fois
l’histoire et les défis de l’éolien participatifs. Ces interlocuteurs ont également montré
qu’ils étaient ouverts à un véritable échange entre citoyens ordinaires afin d’enrichir et
de nuancer par leur contact direct le récit de ces success stories.
2. Partenaires du projet
Lucéole est l’initiateur du projet. Comme de nombreux acteurs de l’éolien participatif
Lucéole a compris la richesse et la profondeur de l’expérience danoise. Mais elle a
décidé de franchir le pas et donc d’aller à la rencontre de ces acteurs en septembre 2013
avec ses coopérateurs.
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Lucéole pourra mobiliser ses membres pour participer à ce voyage d’études et
compter sur les bonnes relations de coopérations qu’elle entretient avec
plusieurs coopératives citoyennes éoliennes, notamment : Emission Zéro, Allons
en Vent, Vent du Sud, Ferréole mais aussi les autres membres de REScoop.
Comme coopérative citoyenne, elle met son énergie opérationnelle ainsi que son
expérience méthodologique au service de ce projet pour permettre la rencontre
citoyenne entre le Danemark et ses coopérateurs sur le terrain.
L’APERe, comme facilitateur éolien pour la Région Wallonne, centré sur la participation
citoyenne et celle des collectivités locales, est une organisation d’appui aux coopératives
citoyennes qui souhaitent soutenir ce projet.
L’APERe contribuera à la dissémination de l’expérience (Numéro spécial de Renouvelle,
newsletter APERe-info…) et
Ces deux partenaires peuvent de plus s’appuyer sur l’expertise de Dirk Knapen
(REScoop.be), personne-ressource incontournable, qui parle danois et a travaillé au
Danemark, au Nordic Folkecenter pour les énergies renouvelables. Comme chargé de
mission chez REScoop, il connaît le réseau Européen des acteurs du secteur des énergies
renouvelables et peut jouer un rôle important pour relayer l’initiative auprès des
coopératives citoyennes.
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3. Objectifs du voyage
Les objectifs de ce voyage sont les suivants :
1. Développer la réflexion sur l’éolien participatif et la professionnalisation avec les
membres des coopératives citoyennes éoliennes participant aux voyages.
2. Capitaliser et transmettre un modèle d’échange participatif aux coopératives
éoliennes citoyennes et leur fédération REScoop ainsi qu’à l’APERe.
3. Diffuser par différents média l’expérience acquise et les réflexions faites autour
de l’expérience danoise auprès des coopérateurs et citoyens non-participants.
Ces objectifs concernent donc trois groupes cibles concentriques : les coopérateurs
participants, les coopérateurs non participants et les citoyens non impliqués
directement dans les coopératives.
Le premier objectif du voyage est de comprendre comment les Danois ont
répondu aux questions de participation et de professionnalisation que posent
l’éolien citoyen en rencontrant des porteurs de projets, en découvrant des réalisations
et des témoins .
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Eolien participatif: dans son nouveau cadre de référence, la Région Wallonne
veut obliger les développeurs éoliens à ouvrir leurs projets éoliens à hauteur de
24,99 % maximum pour les citoyens et 24,99% maximum pour les communes si
la demande leur en est faite. Le nombre de membres dans nos coopératives est en
constante croissance. Ce double constat pose la question de l’avenir de l’éolien
participatif :
o Quels modes de participation et de gouvernance citoyenne au sein des
projets éoliens participatifs ?
o Quels enjeux en termes de politique publique et de partenariat publicprivé ?
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Professionnalisation: l’éolien est une activité industrielle complexe dans ses
montages de projets et son activité de fourniture d’électricité notamment.
Comment notre engagement citoyen va-t-il évoluer dans la durée face aux
exigences d’expertise et de contrats types professionnels des partenaires
industriels ? Quels sont les enjeux de cette professionnalisation : technologie de
l’information, renforcement des capacités & implication des coopérateurs,
formes d’organisation innovantes ?
Le second objectif est de disséminer ce que nous avons appris vers un public
concerné. Le voyage que Lucéole et l’APERe mettent sur pied représente un
investissement considérable en termes de préparation, de participation et de
financement. Les leçons tirées de ce voyage seront disséminées vers les membres de
Lucéole, les membres des autres coopératives qui n’auront pas pu participer au voyage,
ainsi que vers les autorités régionales wallonnes.
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L’APERe tentera d’assurer une diffusion aussi large que possible des enseignements
apportés par le voyage, notamment avec l’appui de certains partenariats envisagés, tels
que les chaînes de télévision communautaires.
Le troisième objectif de ce voyage, expérience pionnière en matière d’échange avec le
Danemark, est de mettre au point un modèle d’échange pour les autres coopératives
éoliennes citoyennes et en particulier pour leur fédération REScoop.be. En effet, nous
pensons que le Danemark est une source d’enseignement qu’un seul voyage de 45
participants ne peut épuiser. L’organisation de ce voyage est une expérience-pilote qui
doit être transmise afin de multiplier cette expérience.
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