Luc 1 … en particulier 39 – 45 Heureuse celle qui a cru, car ce qui
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Luc 1 … en particulier 39 – 45 Heureuse celle qui a cru, car ce qui
Luc 1 … en particulier 39 – 45 Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! Luc 1, 45 En ces jours-là … Quelques mois avant, Zacharie, a reçu – comme Marie, la visite de l’envoyé de Dieu – c’est ce que signifie le mot ‘ange’. Zacharie et son épouse Elisabeth sont des vieillards estimables dont le regret immense est de n’avoir jamais eu d’enfant. Ils sont irréprochables devant Dieu, ne s’étant jamais détournés de la loi de Moïse. Zacharie est prêtre, descendant – ainsi que son épouse Elisabeth – de hautes personnalités du monde des patriarches … Abyia, Aaron (frère de Moïse). Mais Elisabeth est stérile ! Comme souvent, dans le 1er Testament, la cause de la stérilité est imputée à la volonté de Dieu. C’est chez Dieu – que l’ange rencontre Zacharie : en effet seul Zacharie est présent dans le sanctuaire, son service étant de faire brûler de l’encens. Zacharie a peur devant cette présence silencieuse, à droite de la table d’encens. Le peuple est là, dehors, séparé de Zacharie et prie. L’ange rassure Zacharie en lui annonçant que sa prière est exaucée : son épouse va avoir un fils, du nom de Jean. Et Jean sera prophète, nazir, dédié au service de Dieu comme le furent Samson et Samuel eux-aussi enfants donnés par Dieu à des femmes stériles. La réaction de Zacharie est une sorte d’incrédulité : À quoi le saurai-je ? dit-il, mettant en doute en quelque sorte la parole de l’ange. Il a bien entendu, Zacharie, mais il est comme la majorité des hommes et des femmes, sans doute en suis-je aussi, qui ont tant de mal à admettre l’inattendu de Dieu dans leurs vies. Cette demande de Zacharie évoque en moi le rappel de tous ceux qui ont demandé tant et tant de miracles, de signes à Jésus pouvant les assurer qu’il était bien celui qu’ils attendaient … car enfin, s’ils se trompaient, s’il n’était pas celui qu’ils attendent ? Là est l’important de la foi ! Qu’est-ce que la foi ? L’autre jour, l’un d’entre vous me disait : « mais à force de ne pas vouloir affirmer de manière péremptoire ce qui est juste, ou ce qui est faux, dans les expressions de la foi, n’êtes-vous pas en train de témoigner de votre incrédulité ? » Non ! Je n’ai pas plus que vous de capacité en terme de savoir sur la foi, la foi ne s’exprime en aucun cas avec des mots de l’ordre du ‘savoir’ ; je peux vous dire où j’en suis sur mon chemin, mes questionnements, comme il est important de dire ma foi, nous pouvons faire route ensemble, nous écouter réellement – c'est-à-dire faire place en soi à la pensée, au croire de l’autre par ses mots dans notre silence attentif. Voilà ce que je peux … Je remarque une chose : celles et ceux qui demandent des signes, encore et toujours plus, attendent de Dieu ce qu’ils désirent eux dans leurs propres pensées. Ils ne l’attendent aucunement là où peut se trouver un désir tout autre. Luc, l’auteur de l’évangile, le sait bien et il nous le présente justement de telle manière que nous le comprenions. Il nous annonce deux naissances, quasiment similaires : les deux cousins descendent l’un de la lignée d’Aaron, de Moïse donc et l’autre de celle de David. En ce temps-là le peuple sous domination romaine n’en peut plus et rêve de son Messie, celui qui viendra, envoyé de Dieu, Fils de Dieu. Il en est qui attendent de nouveaux prêtres, des descendants d’Aaron qui sauront – comme des prophètes anciens – rétablir un lien fort entre le peuple et Dieu. D’autres se souviennent de l’âge d’or d’Israël et attendent un nouveau David. Quoiqu’il en soit le peuple attend de Dieu un signe – prophète ? Fils de Dieu ? Nouveau roi ? Luc nous annonce, par le malheureux épisode de Zacharie, que cette Bonne Nouvelle de la naissance de Jésus, son Fils, son Christ – mot qui signifie aussi Messie, ne peut pas être annoncée par quelqu’un qui n’est plus capable de l’entendre. Car Zacharie pourrait avoir des mots que diraient mal, que distordraient et tromperaient ceux qui sont dehors : le peuple qui prie. La prière attend ce qu’elle demande, comme elle l’imagine. Elle n’est pas prête au silence qui accueille une tout autre nouvelle que son rêve. Car le Messie est attendu en gloire par ces hommes et certainement personne n’imagine que la gloire de Dieu puisse passer par le scandale de la trahison, de l’abandon, du rejet, de la condamnation et de l’exécution sur une croix. Notez la fin de la réponse de l’ange à Zacharie : « Eh bien, tu seras muet, tu ne pourras plus parler jusqu’au jour où cela se produira, parce que tu n’as pas cru mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. » N’est-elle pas le parfait opposé de la béatitude d’Elisabeth à Marie : «Heureuse celle qui a cru, car ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! » Zacharie reste donc dans le silence, dans l’immobilité de son incrédulité – car l’incrédulité est comme un anesthésiant. On ne veut pas avancer sans savoir où l’on met les pieds, et comme on est sûr de savoir soi-même la nature du terrain où l’on doit mettre les pieds, on a peur de s’avancer, de faire le saut de la foi. Car la foi est un saut : personne ne s’y engage par la connaissance d’une preuve intangible. On s’y engage dans un mouvement, un mouvement de cœur. Mais tout n’est pas perdu pour Zacharie, car il va être témoin de la mise en route qu’est la foi chez son épouse Elisabeth, chez Marie … et ce mouvement de foi que vont connaître ces deux femmes va l’entraîner lui aussi sur ce chemin de foi. Peut-être était-ce là aussi le mieux qu’il pouvait arriver à Zacharie, dans son propre chemin avec Dieu ? Les desseins de Dieu, son humour, disait mon parrain pasteur sont difficiles à suivre et toujours si étonnants, déstabilisants ! Le schéma de la rencontre entre Marie et l’ange est le même : il entre en sa maison à elle, et la salue comme lorsque l’on dit Shalom ! Paix sur cette maison ! La salutation n’est pas une simple formule de politesse mais l’assurance que Dieu est proche, avec celui ou celle ainsi salué. Marie aussi est troublée, interrogative. Elle est femme et sait que les femmes n’ont pas de lien avec le Temple, avec la synagogue car cela est réservé aux hommes, alors outre le fait de voir un ange – on n’en voit pas tous les jours ! –elle peut légitimement se demander le pourquoi de cette salutation. Comme pour Zacharie il lui est annoncé la naissance de Jésus, son fils, qui de plus sera appelé Fils de Dieu. Elle semble s’inquiéter avant tout du comment de cette affaire. Sans relation avec un homme, elle sait qu’elle n’a aucune chance d’avoir un enfant. Devra-t-elle coucher avec un homme ? Et son fiancé ? Il semble logique de se poser toutes ces questions. Celles de Zacharie l’étaient tout autant mais sa réponse montrait avant tout qu’il lui fallait quelque chose de plus solide avant de s’engager sur les questions du ‘comment ?’ Marie est partie, dans une sorte d’urgence. Elle a fait un long trajet, encore sous le choc de ce qui lui avait été annoncé, attirée par le désir de rencontrer sa parente et son fils annoncé par l’ange. Elle entre dans la maison de Zacharie, salue Elisabeth. C’est le Shalom dont je parlais tout à l’heure : en le disant, c’est toute la paix qu’il proclame qui se pose sur cette maison. L’enfant dans le ventre d’Elisabeth ne s’y trompe pas : prophète il l’est dès la matrice maternelle et le manifeste dans l’allégresse. Une joie profonde qui accompagne tout l’évangile de Luc, une joie en plénitude. Marie Salue, Elisabeth entend, l’enfant se manifeste et Elisabeth est emplie de l’Esprit. Comme les hommes sortis de la maison à Pentecôte, elle ne semble plus avoir d’ordre dans ses mots, comme si elle était ivre. L’Esprit procure cette joie, cette allégresse, cette douce ivresse. C’est un cri qui bénit Marie bien au-delà de toute autre femme mais surtout le fruit de son ventre. Elisabeth a reçu le message que lui envoyait son fils, traduit par l’Esprit : il est le Messie, mon Seigneur va-t-elle dire. Ce mot est bien peu usité de nos jours et je ne sais ce qui conviendrait le mieux : peut-être une périphrase ? Toi, celui que je suivrai partout, que j’écouterai, qui m’apprendra à trouver au fond de moi la force de le rejoindre, de lui être fidèle … Longue périphrase mais c’est à chacun de trouver ‘son’ mot, ou alors de donner ‘sa’ définition au mot Seigneur. Elisabeth se sent si petite, si humble : comment est-ce possible que moi, Elisabeth, soit visitée par la mère du Seigneur ? Pour Marie, il est à penser qu’elle vit un choc, elle aussi : mais même pas ! Elisabeth est la première –mis à part l’ange – à lui redire ce qui lui arrive ! Cela prouve à quel point la foi de Marie était peu teintée d’incrédulité : elle accueille la béatitude d’Elisabeth par un chant de louange à Dieu. Dieu s’est fait entendre par des personnes humbles, qui refusent de s’inscrire dans un simple message intellectuel. Les femmes, les bergers, les enfants, tous ceux qui vivent des situations de souffrance sont aptes à s’ouvrir à l’autre. L’écoute, la confiance, la mise en marche, la solidarité : deux femmes y ont engagé l’humanité … mais comme il est dur de s’en tenir à cela. Tiens, pas plus tard que pendant toute cette dernière semaine … les riches, forts, chanceux d’habiter des lieux de bonne qualité de vie ne sont pas encore prêts à aider les moins chanceux ! Décidément cette phrase de Martin Luther King était bien prophétique elle-aussi : si nous ne vivons pas ensemble en frères, nous mourrons ensemble en imbéciles ! Amen !