L`exploitation de carrières de granulats : une évolution
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L`exploitation de carrières de granulats : une évolution
L’exploitation de carrières de granulats : une évolution constante du droit de l’environnement Le granulat, terme qui réunit sous cette appellation technique une grande variété de produits (sables, graviers alluvionnaires, calcaires, granites, basaltes…), est le bien naturel le plus consommé après l’eau. Destiné à la confection de mortiers, de bétons hydrauliques, de couches de fondations ou encore de gravillons de soufflage pour voies ferrées, près d’un million de tonnes sont produites chaque jour pour répondre au besoin en construction du pays. Mais cette ressource naturelle est au centre des enjeux du développement durable et l’exploitation des carrières est soumise depuis plus de trente ans à des réglementations strictes. Détails... Les fondements du droit actuel de l’environnement ont été posés durant les années 1970. Depuis, il a considérablement évolué pour intégrer les principes du développement durable et les préoccupations écologiques croissantes des états et des populations. Ce droit est en mouvement constant, impulsé par l’Europe et ses directives et règlements, mais aussi par les politiques publiques nationales, comme en France avec la charte constitutionnelle de l’environnement en 2004 et plus récemment le Grenelle de l’environnement dont la mise en œuvre se poursuit. Il porte à la fois sur la protection de la nature au sens large et la régulation des activités humaines pour limiter leurs effets, pollutions, risques et nuisances. Avec l’émergence et le développement de ce droit, l’exercice d’activités industrielles impose de concilier nécessités économiques, préservation de l’environnement et exigences sociales. Environnement, accès à la ressource et carrières L’industrie du granulat répond à des besoins économiques et sociaux évidents, avec une production de près d’un million de tonnes chaque jour, destinées à répondre aux besoins en matériaux des activités du bâtiment et des travaux publics. D’un côté, le législateur a la responsabilité de permettre l’exploitation des carrières pour pérenniser ces approvisionnements essentiels au développement et à l’effort de construction du pays. Il a également la responsabilité d’édicter des règles pour que ces exploitations s’effectuent dans le respect de l’environnement. Ce souci de protection et de limitation des nuisances est ancien, assorti d’un contrôle administratif étroit. L’exploitation de carrières suppose l’accès à des gisements de roches meubles ou massives exploitables (sables et graviers alluvionnaires, calcaires, grès…), inégalement répartis sur le territoire. Ces espaces naturels ou agricoles font l’objet de protections environnementales qui s’étendent continuellement, contraignant de fait et de droit l’accès aux ressources minérales. s Chantier du futur CHR de Metz (57) Années 1970 -1990 : les évolutions de la réglementation des carrières Durant les années 1970 émergent les principales lois réglementant les activités industrielles et la protection de la nature. Par la loi du 2 s La carrière de Balloy (77) janvier 1970 et son décret d’application de 1971, l’ouverture de carrières devient soumise à autorisation préfectorale préalable, à la place du simple système déclaratif en vigueur depuis 1810. Ces textes publiés il y a 40 ans imposent également des obligations de remise en état des sites. Plus tard, la loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature reconnaît d’intérêt général « la protection des espaces naturels et des paysages, la préservation des espèces animales et végétales, le maintien des équilibres biologiques auxquels ils participent et la protection des ressources naturelles ». Elle pose le principe de l’étude d’impact pour des projets publics ou privés afin d’en évaluer les conséquences sur l’environnement, l’eau, les paysages, la faune, la flore, les écosystèmes … et de proposer des mesures pour en éviter, réduire ou compenser si possible les effets. Pour les carrières, c’est un décret du 21 décembre 1979 qui reprend ce dispositif et généralise le régime des études d’impact et des enquêtes publiques dans les procédures d’autorisation. La loi du 4 janvier 1993 soumet l’ensemble des carrières à la réglementation des installations classées. Au régime d’autorisation administrative préalable avec étude d’impact et enquête publique qui perdure, s’est ajouté un dispositif enrichi de protection de la ressource, de l’environnement et du patrimoine, l’obligation de constituer des garanties financières de remise en état, et l’inscription des autorisations d’exploitation dans un schéma départemental des carrières approuvé par le préfet. Une influence croissante des instruments de protection sur l’accès à la ressource minérale Outre leur réglementation directement applicable, les carrières sont soumises à un grand nombre de contraintes liées à la protection d’intérêts aussi variés que les espèces faunistiques et floristiques, leurs habitats, les ressources naturelles, les patrimoines naturels et historiques, dont la diversité et la portée juridique rend leur appréhension de plus en plus complexe. L’exploitation de carrières peut se trouver concernée par des instruments de planification, des outils de protection et des nouvelles réglementations indirectement porteuses de conséquences : Plans Locaux d’Urbanisme, Schémas de Cohérence Territoriale, Directive Cadre Européenne sur l’eau, Schémas Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE), zones humides, zones Natura 2000, archéologie préventive,…. Enfin, le Grenelle de l’environnement et ses traductions législatives contient plusieurs dispositions qui se traduiront par de nouveaux instruments et d’autres évolutions réglementaires qui influenceront l’exploitation des carrières et l’accès à la ressource minérale : instauration de trames vertes et bleues en faveur de continuités écologiques, réforme des études d’impact et des enquêtes publiques, concertation accrue auprès des citoyens, plans et stratégies en faveur de la biodiversité… Ainsi, GSM comme tout exploitant de carrière est confronté très directement pour l’exercice de son métier aux exigences d’équilibre entre économie et environnement. Depuis les fondements réglementaires des années 1970, l’industrie du granulat s’adapte et anticipe ces différentes évolutions d’un droit de l’environnement en perpétuel mouvement. s L es réunions publiques sont l’occasion de débattre sur les projets de carrière. s L a base de loisirs de La Frette (02) : un réaménagement de carrière décidé en concertation avec les acteurs locaux