Intérêt de la vaccination du personnel soignant
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Intérêt de la vaccination du personnel soignant
La coqueluche en 2008, un risque professionnel dans les établissements de santé ? Intérêt de la vaccination du personnel soignant Dr Lionel SCTRICK ANMTEPH www.anmtph.fr 2008 Système de signalement des cas de coqueluche 1996 2001 Multiplication des signalements Ainsi, entre 2001 et 2005 : La coqueluche dans les établissements de santé … un risque professionnel ? Epidémie Poissy 2006 : • 26 cas parmi le personnel / 0 cas patient • 9 services concernés dont 6 de soins La coqueluche …redevient ainsi une maladie d’actualité Modification épidémiologique Hier Aujourd’hui De nos jours les adultes sont les principaux réservoirs de virus Couverture vaccinale Pathogénie (1) : transmissibilité élevée par les gouttelettes provenant des voies aériennes sup., générées par la toux, les éternuements Le bacille de Bordet-Gengou induit une infection unique • par ses manifestations • et la durée de ses symptômes. La bactérie va interagir (colonisation) avec les cellules trachéales ciliées par des protéines de type adhésines. Cette première période d'invasion ou proliférative va aboutir à la production de diverses toxines exprimant leurs effets biologiques, entraînant l'élimination des cellules ciliées, l'accumulation de mucus par paralysie du système d'épuration ciliaire et une réaction inflammatoire. Pathogénie (2) Adhésines et toxines : Hémagglutinine filamenteuse (FTA) Pactatine (PRN) Fimbriae (FIM) Facteur de colonisation trachée (TCF) Facteur de résistance sérum (BRK) Toxine cytotrachéale (TCT) Toxine de pertussis (PT) Adény cyclase-hémolysine (AC-Hly) Toxine dermo-nécrotique (DNT) Coqueluche : difficultés diagnostiques chez l’adulte Penser à la coqueluche … devant toute toux persistante au delà de 8 jours. Rechercher systèmatiquement, par l’interrogatoire, si une personne n’a pas toussé dans l’entourage dans les 3 semaines précédentes. diagnostic biologique En résumé : PCR si toux < 3 semaines sérologie au delà (sauf si vaccination dans les 3 dernières années) La vaccination du personnel contre la coqueluche : recommandations actuelles avis du 19 mars 2008 du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) sur proposition du Comité Technique des Vaccinations : vaccination de l’ensemble des personnels soignants + étudiants, avec vaccin quadrivalent dTPCa : REPEVAX®, BOOSTRIXtetra®, en une seule dose (1 seule fois), à l’occasion d’un rappel décennal de dTP. professionnels en contact avec nourrissons (maternité, néonatologie, pédiatrie, crèche et petite enfance) : si dernier dTP > 2 ANS si cas groupés dans collectivité : si dernier dTP > 1 MOIS Le vaccin utilisé chez l’adulte Il n’existe pas de vaccin coqueluche acellulaire monovalent Il existe 2 vaccins tétravalents dTCaP commercialisés en France pour effectuer les rappels de vaccins chez les adolescents et les adultes : REPEVAX® (Pasteur) BOOSTRIX TETRA® (GSK) Leur AMM stipule que leur administration doit suivre les recommandations officielles. Composition du vaccin ( 1 ) Composition du vaccin (2) Effets secondaires à la vaccination Vaccin acellulaire : les ré réactions locales, observé observées dans les 48 heures suivant l'administration, sont à type de douleur, érythè rythème et œdème au point d'injection ; les ré réactions gé générales, observé observées dans les 48 heures suivant l'administration, sont à type de fiè fièvre, arthralgies, cé céphalé phalées, nausé nausées, malaise. Les essais comparatifs montrent que les réactions générales fébriles sont deux fois moins fréquentes avec les vaccins acellulaires. Contre-indications à la vaccination • sujets qui ont présenté précédemment une réaction d'hypersensibilité à un vaccin contenant des anatoxines diphtériques, ou tétaniques, des virus poliomyélitiques ou l'antigène coquelucheux (acellulaire ou à germes entiers); • sujets qui présentent une hypersensibilité connue à l'un des composants du vaccin ou aux résidus de fabrication (tels que formaldéhyde, streptomycine, néomycine et polymyxine B); • sujets ayant présenté une encéphalopathie d'origine inconnue dans les 7 jours suivant l'administration d'un vaccin contenant la valence coqueluche ou aux sujets ayant présenté d'autres complications neurologiques à la suite d'une vaccination antérieure avec l'un des antigènes contenus dans ce vaccin. • La vaccination doit être différée en cas de maladie aiguë et notamment en cas de maladie fébrile. Vaccination et grossesse L'effet du vaccin sur le développement embryofoetal n'a pas été évalué. Aucun effet tératogène n'a été observé suite à l'administration à des femmes enceintes de vaccins contenant des anatoxines diphtériques ou tétaniques ou des poliovirus inactivés. L'utilisation de ce vaccin combiné n'est pas recommandé pendant la grossesse. Il est préférable d'éviter l'utilisation de ce vaccin pendant l'allaitement. Une bactérie déjà centenaire… une maladie toujours d’actualité… une vaccination nécessaire. • Bordetella pertussis : isolée en 1906 par Jules Bordet (1870-1961) et Octave Gengou • toujours un problème de santé publique : première de décès par infection bactérienne du nourrisson de moins de 3 mois. • la vaccination, introduite en France dès 1959, est - obligatoire chez l’enfant (cf.calendrier vaccinal) - recommandée chez l’adulte susceptible de devenir parent dans les mois ou années à venir ainsi que chez les soignants. CAS GROUPES de COQUELUCHE observés parmi le personnel d’un établissement de santé entre le 1er juin et le 1er novembre 2006 : Evaluation de l’impact médico-économique Dr Lionel SCTRICK SST CHI Poissy-St-Germain-en-Laye Les cas groupés observés en 5 mois, entre le 1er juin et le 31 octobre 2006 : 26 cas de coqueluche ont été identifiés parmi le personnel 9 services ont été concernés, dont 6 services de soins : • • • • • • • • • - maternité RdCh. (10 cas en juin , juillet et août), cardiologie (1 cas en juillet), réanimation néonatologie (1 cas en septembre), neurologie (1 cas en septembre), services administratifs (6 cas en septembre), central courses (4 cas en septembre), gastro-enterologie (1 cas en octobre), néphrologie (1 cas en octobre), santé au travail (1 cas en octobre). Stratégie préventive en direction du personnel • identification des cas : information, consultation, confirmation • • • • diagnostique biologique ; traitement des cas diagnostiqués et chimio-prophylaxie des cas contacts ; éviction du personnel contaminé ; port systématique d’un masque (épisodes bronchorhinopharyngés ou contacts rapprochés avec les très jeunes enfants); vaccination proposée au personnel en contact avec les nourrissons et jeunes enfants ( services de gynéco-obstétrique, néonatologie, pédiatrie, crèche). Coût de la stratégie envers le personnel 1./-le coût médical direct peut être aisément évalué à partir des données d’activité disponibles au service de santé au travail: • - coût des médicaments prescrits pour le traitement ou la chimio-prophylaxie : 152 prescriptions de 6 comprimés de Zithromax ® , soit 152 x 13 €44 TTC = 2.042 € ; • - coût des examens complémentaires : 8. 930 € : • examens sérologiques de Bordetella pertussis : 310 examens (7.232 €), • coût des recherches d’ADN de B. p. par PCR : 66 examens (1.698 €), soit au total : 11.000 € 2./ Le coût médical indirect a une traduction monétaire plus difficile à chiffrer : coût des consultations : 420 consultations réalisées par le médecin du travail (consultations spontanées de personnes présentant une toux ou consultations sur convocations dans le cadre d’enquête autour d’un cas suspect ou identifié), soit l’équivalent de 30 journées entières de travail consacrées uniquement à ce problème épidémiologique, notamment aux examens cliniques diagnostiques et de suivi médical, ainsi qu’au recueil, qu’à l’interprétation et la communication des résultats biologiques ; - - coût de la gestion des dossiers médicaux : la mobilisation du secrétariat médical du SST pendant cette période, au détriment d’une autre activité ; • - coût des actes et du temps infirmier du service de santé au travail pour la réalisation des 310 prélèvements sanguins pour examens sérologiques et des 79 prélèvements de mucosités naso ou oropharyngées pour recherche d’ADN de B.p. # 14.000 € Le coût non médical -1./ le coût des arrêts de travail maladie du personnel : - les arrêts de travail du personnel ont été de courte durée ( 6 jours en moyenne) = durée d’éviction classiquement nécessaire à l’activité de l’antibiothérapie pour éviter la transmission bactérienne ; - les arrêts de travail ont été prescrits soit d’emblée lors d’une suspicion clinique de la pathologie, soit secondairement lors de la confirmation diagnostique biologique ; - au total, la traduction monétaire de ces 101 journées de travail perdues est estimée par le BRH à 10.578 € 83 Les arrêts de travail du personnel GRADES Sage-Femme Sage-Femme Sage-Femme AS AS AS AS Brancardier IADE IDE IDE ASH ASH Agent administratif Agent administratif Agent administratif 16 personnes SERVICES concernés Maternité RDC Maternité RDC Maternité RDC Maternité RDC Maternité 6étage Bloc Gynéco/Obstétrique Pool de remplacement Bloc Opératoire Central Bloc Opératoire Central Salle de Réveil Chirurgie Générale Central courses Central courses Urgences Affaires Médicales Direction de la Clientèle ARRET DE TRAVAIL JOURS du 03 au 09/07/2006 6 du 11 au 17/07/2006 6 du 12 au 17/07/2006 6 du 06 au 15/07/2006 6 du 04 au 09/10/2006 5 du 01 au 07/10/2006 6 du 03 au 09/10/2006 9 du 23 au 29/07/2006 6 du 01 au 07/07/2006 6 du 01 au 07/07/2006 6 du 01 au 04/07/2006 3 du 10 au 21/10/2006 11 du 02 au 08/10/2006 6 du 04 au 12/10/2006 8 du 20 au 28/09/2006 8 du 09 au 12/10/2006 3 du 01/07 au 21/10/06 101 Les arrêts de travail du personnel prénom N S L L S G S L V R S J E V M S total nombre jours d'arrêt estimation du coût de l'arrêt en euros 8 6 9 6 6 6 6 6 6 11 6 3 5 3 6 8 647,14 720,25 1336,28 1022,65 671,55 553,14 483,05 782,83 851,95 853,82 629,23 216,23 447,87 302,75 477,88 582,21 101 10578,83 Le coût non médical (suite) -2./ le coût de la gestion des dossiers administratifs du personnel ( = traduction monétaire du temps consacré à cette gestion par le BRH ) pour les demandes de prise en charge de la pathologie au titre de « maladie contractée en service » (avis de la commission de réforme) et de la non imputabilité de l’absentéisme sur la prime des agents : difficile à évaluer; -3./ le coût de la fourniture des masques de type chirurgical en nombre beaucoup plus important que d’ordinaire ; ce coût est évaluable par les services économiques Stratégie préventive en direction des patients • information et rappel en consultation - de nombreuses patientes ( contage possible lors de consultations effectuées au cours des derniers mois de grossesse) - et nourrissons (contage lors du séjour à la maternité); • examens biologiques de diagnostic, • traitement chimio-prophylactique des sujets contacts . Patients concernés • ce sont 664 « patientes contact » qui ont été informées par téléphone ou par courrier ; 55 ont fait l’objet d’un traitement prophylactique délivré à la maternité (27), d’autres ont été vues aux urgences (28 patientes); • parmi les 109 nourrissons potentiellement concernés revus par les pédiatres, 63 ont été rappelés en consultation (31 aux urgences pédiatriques et 32 sur des plages de consultation supplémentaires) ; les 46 autres étant hospitalisés en maternité ou en néonatologie. Sur ces 109 nourrissons, 96 (88%) ont été traités préventivement. Coût de la stratégie patient 1./Les coûts médicaux directs sont évalués à partir des données disponibles au laboratoire, à la pharmacie, aux services économiques et au service clientèle : coût des 164 consultations aux services des urgences, de pédiatrie ou de gynéco-obstétrique (55 adultes et 109 nourrissons), soit 3.770 € coût des examens biologiques : 96 examens sérologiques (2.893 €) et 115 recherches d’ADN de B.p. par PCR (3.118 €), soit au total 6.011 € coût des traitements antibiotiques prophylactiques ( 55 traitements adultes, 96 traitements nourrissons), soit au total environ 2.038 €. 11.820 € •2./ les coûts indirects sont plus difficiles à chiffrer : lettres de rappel des patients, mobilisation du personnel médical, non médical et administratif, etc… Coût global : récapitulatif coût médical direct personnel 11.000 € patients 11.820 € TOTAL 22.820 € indirect non médical #14.000 € > 10.600 € ? ? >14.000 € > 10.600 € total >35.600 € >11.820 € >47.420 € Le coût de la vaccination la vaccination est considérée comme la stratégie de prévention ayant le meilleur rapport coût / efficacité 255 personnes ont été vaccinées, à ce jour, avec le vaccin Repevax® , soit un coût total des vaccins : 255 x 19 €55 TTC = 4.985 € TTC ; pour obtenir une estimation réelle du coût de la vaccination, doivent être également évalués le coût de la consultation médicale pré-vaccinale obligatoire pour déterminer l’indication d’une proposition vaccinale, le coût de l’acte vaccinal lui même réalisé par l’infirmière ou le médecin du SST et également le coût du temps de gestion des dossiers médicaux ; cette évaluation peut être effectuée en extrapolant à partir des 3 journées complètes de mobilisation du médecin, de l’infirmière et de la secrétaire du SST qui ont été nécessaires pour vacciner 120 personnes dans le service maternité RdC. Conclusion • 26 cas de coqueluche recensés parmi le personnel médical et non médical entre le 1er juin et fin octobre 2006, • dont 10 cas à la maternité (RdCh) en juin, juillet et août; • la stratégie préventive conduite de manière réactive à l’égard des personnels et des patients et coordonnée par les services d’Hygiène, de Santé au Travail, des cadres et de la Direction a permis d’éviter toute contamination de nourrisson ou de parturiente; • l’impact économique de cette épidémie est de l’ordre de 50.000 €; • la vaccination contre la coqueluche est désormais systématiquement proposée par le SST aux personnels et élèves susceptibles de travailler au contact de jeunes enfants. Vaccination du personnel à partir de juin 2006 …les chiffres au 15 septembre 2008 SERVICE du site POISSY Nombre vaccinés Médicaux vaccinés Effectif médical hors internes Mater 6ième A (hors SF) Mater RC (dont toutes les SF) Blocs mater/gynéco (hors SF) Gynéco + Consult GHR (hors SF) URGO (Hors SF) Ecole SF (élèves + personnel) Pédiatrie + Urgences + biberonnerie Néo nat 2 Réa néo nat Crèche Anesthésie 5ième D Bio médical Cardio CCP Labo Long séjour Nuit cadre Pédo psy Pharmacie Pool Réa polyvalente Rééducation SMUR UHLIN Urgences TOTAL 17 117 17 14 6 6 89 64 33 53 15 19 1 1 1 1 5 1 1 1 1 4 1 2 1 2 1 474 % 3 + 1 étudiant 1 + 1 interne 4 + 1externe+ 3 internes 21 38% 7 24 29% 2 4 50% 6 + 2 internes 1interne 22 27% 1 1 1 1 36 Agents vaccinés non médicaux 17 113 15 6 6 6 89 57 33 51 15 11 0 1 1 0 5 1 1 1 0 4 1 2 0 2 0 438 Effectif non médical % 20 129 15 20 9 10 138 72 40 62 30 85% 87% 100 30% 66% 60% 65% 79% 83% 82% 50% Au total, entre juin 2006 et septembre 2008 : - nombre de vaccinations REPEVAX® effectuées : 474 - personnel médical, non médical et étudiants - services ciblés exposant les nourrissons et jeunes enfants - taux de couverture : de 50 à 100% selon les services - âge des personnes vaccinées : de 20 ans à 61 ans - intervalle entre DTP ou dTP et REPEVAX® : • minimum : 1 mois • intervalle moyen : 24 mois -nombre de réactions constatées : 1 -type de réaction : générale transitoire ( arthralgies , apyrexie)