À Lyon, le deuxième forum islamo-chrétien s`est penché sur les

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À Lyon, le deuxième forum islamo-chrétien s`est penché sur les
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3/12/12 - 15 h 15 LA CROIX – FRANCE
http://www.la-croix.com/Religion/Urbi-Orbi/France/A-Lyon-le-deuxieme-forum-islamo-chretien-sest-penche-sur-les-tentations-extremistes-_NP_-2012-12-03-883084
À Lyon, le deuxième forum islamo-chrétien s’est penché sur les « tentations extrémistes »
Près de cinquante responsables catholiques, protestants et musulmans se sont réunis les
samedi 1er et dimanche 2 décembre à Lyon, au domaine Saint-Joseph, dans le cadre du
deuxième Forum islamo-chrétien, pour échanger sur « les tentations extrémistes ».
Dans une déclaration commune, publiée à l’issue de leur rencontre et intitulée Vivre ensemble,
en amitié et en dialogue, ils reconnaissent que « plusieurs défis sont à relever sans tarder ».
« Le défi de l’interprétation de nos Écritures et d’une lecture commune pour nous ouvrir à
l’autre et au sens qu’il donne à ses propres textes spirituels ;; le défi spirituel où notre être intérieur sera vivifié par une écoute en vérité et un dialogue constructif avec l’autre ;; le défi de la formation des responsables religieux et des acteurs de la vie publique et sociale dans un
contexte de laïcité » et enfin « le défi politique pour qu’une éducation à la citoyenneté permette à chacun d’être également respecté et de vivre pleinement toutes les dimensions de la vie humaine dans les différents champs de la vie sociale. »
Enseignements et prédications
« Avant de nous quitter, nous avons pris les uns et les autres un engagement : dans nos
enseignements et nos prédications, parler de l’autre croyant d’une manière qu’il puisse toujours se sentir respecté et pris en compte dans ce qu’il est profondément », précise encore le communiqué final.
Une cinquantaine de participants – musulmans et chrétiens à parité – ont répondu à
l’invitation d’Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, et du P. Vincent Feroldi,
délégué épiscopal aux relations avec l’islam dans le diocèse de Lyon. Côté musulman, étaient présents de nombreux imams ou responsables d’associations, un directeur d’établissement scolaire (Al Kindi à Décines), des aumôniers de prison, et enfin des représentants des
institutions musulmanes (conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes,
Rassemblement des musulmans de France – proche du Maroc –, Union des organisations
islamiques de France – branche française des Frères musulmans –). « Certains d’entre eux nous ont dit le plaisir qu’ils avaient à se retrouver alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis plus d’un an, compte tenu des tensions existant au sein du Conseil français du culte musulman », note le P. Vincent Feroldi.
En leur nom personnel
Côté catholique, outre Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry et président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France, étaient présents plusieurs
délégués aux relations avec l’islam, des théologiens des divers instituts de sciences et de
théologie des religions. Deux pasteures protestantes ont également participé aux échanges.
« L’invitation émanait de deux personnes et non pas de deux institutions et elle s’adressait à des personnes venues en leur nom personnel », précise le P. Vincent Feroldi. L’objectif était ainsi de favoriser l’établissement « d’un climat de confiance » et des discussions « de manière libre », dans un contexte difficile, marqué à la fois par la crise économique, « la crainte des
chrétiens, leur perception que des chrétiens sont persécutés dans certaines régions du monde
», mais aussi par l’existence de « groupes minoritaires » de musulmans extrémistes. « Nous avons passé beaucoup de temps notamment sur le défi de la formation, car si l’on veut que des jeunes vivent en France un islam spirituel et profond, cela suppose des imams de culture
française et non pas seulement envoyés par les pays d’origine », souligne le P. Feroldi.
Un scandale pour les incroyants et pour tous
Dans le message qu’il a adressé aux participants, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a reconnu que ces tentations extrémistes « provoquent des violences, parfois
meurtrières, ce qui est l’objet d’un grand scandale pour les incroyants, et pour nous tous. Elles
font aussi naître des peurs qui risquent de paralyser nos rencontres et notre dialogue. »
« En même temps, le travail de ce forum et la valeur des intervenants vous permettront sans
doute de voir pourquoi certains de nos frères dans la foi s’égarent dans de telles attitudes », at-il poursuivi. « En comprenant l’autre et les causes de violence qui l’habite, on parvient à déjouer des pièges, on trouve plus aisément les paroles qui pourraient le toucher et le faire
changer. En outre, si vous découvrez en eux des attentes légitimes, et s’il y a quelque chose à convertir en nous pour y répondre, il est important pour nous de le voir et de nous réformer
énergiquement. »
Faire face aux peurs
De son côté, le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci a estimé que « les
musulmans de France doivent faire face à ces peurs (NDLR : liées à l’influence et « l’excès de visibilité » de l’islam et des musulmans) de façon digne et répondre à ces questions de façon responsable ». Et notamment se confronter aux questions suivantes : « Que disent les textes
fondateurs de l’islam sur la guerre, la violence et le respect de l’autre ? Quels sont les facteurs qui poussent certains jeunes à adopter les lectures littéralistes les plus fermées ? La présence
coercitive de l’État dans certains quartiers, les discriminations raciale et ethnique, la paupérisation et toutes les formes d’injustice expliquent-elles et alimentent-elles les tentations
extrêmes ? »
Le principe d’un « troisième Forum national islamo-chrétien » a été adopté à l’unanimité, sans doute élargi au grand public. « Ce que nous avons réussi à vivre, c’est ce qu’il faut promouvoir. Il y a urgence pour que les communautés puissent le vivre », conclut le P.
Feroldi.
A.-B. H.