M. René Mayer, garde des sceaux, mi
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M. René Mayer, garde des sceaux, mi
Mme la présidente. La parole est à M. PéM. René Mayer, garde des sceaux, ministre de lu justice. Mes chers collègues, ron, pour un rappel au règlement. si, comme vient de le dire l'honorable M. Yves Péron. Il est de tradition et il rapporteur de la commission de la justice, est même prévu par le règlement qu'un certains prévenus étaient détenus illéga- membre de l'Assemblée a toujours le droit lement en Algérie, le garde des sceaux de répondre au Gouvernement ou à la serait le premier à se rallier à l'urgence. commission. :,lais le fait même qu'une loi soit néJe ne comprends vraiment pas pourquoi, cessaire pour décider une amnistie des comme si cela devait faire obstacle à la condamnations prononcées, non pas, discussion au fond ou à toute autre quescomme le reconnaît d'ailleurs la commis- tion, on refuserait maintenant à un orasion, en vertu du décret Régnier, mais teur le droit de ¡répondre à la commisen vertu de l'article 80 du code pénal, sion. âprès des instructions parfaitement réguMme la présidente. Reconnaissez avec lières et des jugements passés en force rie chose jugée, montre que la question ne moi que l'Assemblée perd du temps à présente pas l'urgence que la commission discuter sur un point du règlement, alors qu'il ne s'agit pour elle, en ce moment, indique. C'est pourquoi le Gouvernement, qui que de se prononcer sur rurgenco d'un respecte la loi portant abrogation du dé- débat. Si l'urgence est adoptée, l'Assemblée cret Régnier, mais ne laissera jamais prescrire le droit que détiennent le mi- pourra discuter au fond et c'est alors que nistère public et les juridictions de qua- les orateurs présenteront toutes les obserlifier les infractions, estime que le texte vations qu'ils jugeront utiles. proposé par la commission de la justice, M. Yves Péron. Madame la présidente, et qui devrait d'ailleurs être modifié, no voulez-vous me citer la référence à la disjustifie pas un vote d'urgence. position réglementaire à laquelle vous faiLe Gouvernement demande- donc à l'As- tes allusion ? semblée de repousser l'urgence, Mme C'est l'alinéa 18 de M. Pierre Fayet. Je demande la pa- l'article la63présidente. du règlement, qui dispose : role. « Le débat sur l'urgence ne doit pas porMme la présidente. Est-ce pour parler ter sur le fond: l'auteur de la demande, ;contre l'urgence, monsieur Fayet ? un orateur d'opinion contraire, le GouverM, Pierre Fayet. Je désire parler en fa- nement et le président ou le rapporteur ¡veur de l'urgence, madame la présidente. de la commission saisie du fond peuvent seuls intervenir et disposent chacun de Mme la présidente. Je ne puis donc vous cinq m'nu tes au maximum. » ,donner la parole. Seul, un orateur peut Cette disposition réglementaire est apmaintenant l'obtenir contre l'urgence, plicable, l'Assemblée étant appelée à disM. Toujas étant déjà intervenu au nom de cuter sur l'urgence et non pas au fond. la commission. ' Je consulte l'Assemblée, par scrutin, sur M. Pierre Fayet. Je demande la parole l'urgence, à laquelle s'oppose le Gouvernement Comme auteur de la proposition. Le scrutin est ouvert. M. le rapporteur. Madame la présidente, (Les votes sont recueillis.) je suis intervenu au nom de la commisMme la présidente. Personne ne desion de la justice, en qualité de rappormande plus à voter ?... teur. Le scrutin est clos. Un orateur pouvant prendre la parole (MM. les secrétaires font le dépouillepour l'urgence, je pense que M. Fayet, qui est l'auteur de la proposition de loi, pour- ment des votes.) rait être cet orateur. Mme la présidente. Voici le résultat du Mme la présidente. L'Assemblée délibère dépouillement du scrutin ; sur une demande d'arbitrage. Nombre des v o t a n t s — r>84 L'auteur de la demande d'arbitrage est, Majorité absolue 293 en l'occurrence, la commission elle-même. Pour l'adoption 183 Elle est déjà intervenue. Le Gouvernement Contre 401 est également intervenu. Nous ne pouvons donc plus entendre éventuellement qu'un L'Assemblée nationale n'a pas adopté. Orateur supposant à l'urgence. L'auteur de la proposition de loi pourra obtenir la parole sur le fond, si l'urgence —8 — est adoptée. AMNISTIE EN FAVEUR DE CERTAINS M. Pierre Fayet. Je demande la parole TRAVAILEURS pour répondre au Gouvernement. Arbitrage sur une demande de discussion Mme la présidente. M. le rapporteur d'urgence. vient déjà de répondre à M. le garde des sceaux I (Exclamations à l'extrême gauMme la présidente. L'ordre du jour che.) appelle la. demande d'arbitrage de la comM. Pierre Fayet. Alors, je demande la mission de la justice et de legislation sur parole pour répondre à la commission. l'avis défavorable donné par M. le présiconseil sur la discussion d'urMme ta présidente. Je ne puis vous don- dent du des conclusions du rapport n° 7697, ner la parole. (Interruptions à Vextrême gence fait par ladite commission sur les proposigauche.) tions de loi: 1° de M. Camphin et plusieurs Respectons tous le règlement; sinon, de ses collègues tendant à accorder l'amétant donné la multiplicité des demandes nistie pleine et entière pour les condamnade discussion d'urgence déjà déposées, tions prononcées contre des travailleurs de l'Assemblée ne pourra aborder aucun dé- la mine et similaires à l'occasion de l'exerbat au fond. mine et similaires à l'occasion de l'exerIl est de l'intérêt même de tous les mem- cice du droit de grève consacré par la bres de l'Assemblée de se soumettre au Constitution de la République et à faire règlement. cesser toutes les poursuites judiciaires enM. Yves Péron. Je demande la parole gagées à l'occasion des conflits sociaux pour un rappel au règlement, I dans les mines ; 2° de M. Camphin cl plu- sieurs de ses collègues tendant à accorder l'amnistie pleine et entière pour les con« damnations prononcées contre des travailleurs de la mine et d'autres corporations à l'occasion de l'exercice du droit de grève consacré par la Constitution de la Ré pu« blique, à faire cesser toutes les poursuites judiciaires engagées à la suite des conflits sociaux et à ordonner la remise deftoutes les amendes et dommages-intérêts qui ont frappé tous ces travailleurs. Je rappelle, comme pour la demanda précédente, que seuls, pourront intervenir, après la commission, un orateur contre l'urgence et le Gouvernement. Sur l'urgence, la parole est à M. Delahoutre, rapporteur de la commission de la justice et de législation. M. Eugène Delahoutre, rapporteur. Mes chers collègues, l'arbitrage sur l'urgence, qui est actuellement demandée pour la discussion des propositions de loi de M. Camphin relatives à l'amnistie pour les condamnations prononcées contre les travailleurs de la mine et d'autres corporations, avait déjà été demandé par la commission au mois de juillet dernier. Mais, à la veille du jour où l'Assemblée devait être appelée à se prononcer, le décret présidentiel du 12 juillet 1919 ava;t accordé des remises de' peine dont ont bénéficié de très nombreux délinquants — 95 p. 100 environ — parmi ceux visés par les propositions de loi dont it s'agit. La remise de peine ayant entraîné la libération de ces délinquants, l'urgence avait alors*été repoussée. Cette remise de peine ne produisait pas d'autres effets. En particulier, l'inscription de la condamnation au casier judiciaire n'était pas effacée. Les incapacités et les peines accessoires étaient maintenues. L'amnistie, en ce qui concerne les bénéficiaires des remises de peine en question, présente donc un intérêt actuel; elle doit jouer pleinement pour les autres. Votre commission de la justice et de législation, par 15 voix contre 5 et 7 abstentions, a décidé de demander <\e nouveau la discussion d'urgence de cette proposition. J'ai donc l'honneur de demander à l'Assemblée de bien vouloir se prononcer. Mme Julie Darras. Je demande la parole. Mme la présidente. Je ne puis vous donner la parole, madame Darras, votre intention étant, sans doute, cle parler pour l'urgence. Mme Julie Darras. Je demande la parole pour un rappel au règlement, en me référant à l'article 4i. Mme la présidente. Il serait, préférable d'entendre maintenant le Gouvernement. Mais, puisque vous invoquez le règlement, je vous donne la parole, madame Darras, pour un rappel au règlement. Mme Julie Darras. Mesdames, messieurs, la commission de la justice et de législation a demandé la discussion d'urgeneo de la proposition de loi présentée au nom du groupe communiste par M. Camphin. M. le président du conseil a fait savoir que le Gouvernement n'acceptait pas la discussion d'urgence de cette proposition de loi concernant l'amnistie pleine et entière pour les condamnations prononcées contre les travailleurs de ta mine et similaires. L'opposition formulée, en novembre, par M. Georges Bidault, président du conseil, nous étonne. M. Jean Minjoz;Ce n'est pas là un rappel au règlement I