Quelques éléments de connaissance sur la culture malgache

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Quelques éléments de connaissance sur la culture malgache
Quelques éléments de connaissance sur la culture malgache
Synthèse proposée par Christelle CHARRIER, CPAIEN
1. Les différentes ethnies
Ethnie
Antaifasy
« Ceux qui vivent dans le sable »
Antaimoro
« Ceux du rivage »
Région
Autour de Farafangana sur la côte est
Antaisaka
« Ceux du pays sakalava »
Antakarana
« Ceux des rochers »
Antambahoaka
« Ceux de la communauté »
Antandroy
« Ceux des épines »
Antanosy
« Ceux de l’île »
Bara
Sud est
Betsileo
« Les invincibles »
Autour de Fianarantsoa
Betsimisaraka
« Ceux qui ne se séparent pas »
Bezanozano
« Ceux qui portent beaucoup de
petites nattes »
Mahafaly
« Faiseurs de tabous »
Région côtière du nord est
Merina
« Ceux des hautes terres »
Hauts plateaux du centre
Sur la côte est près de Manakara
Autour du massif d’Antakarana, à l’extrémité nord
Sud est près de Manajary
Forêts d’épineux, arides et désolées de l’extrême sud
Zone semi-aride de l’extrême sud est du pays près de
Fort-Dauphin
Centre sud
Portion de la forêt tropicale qui s’étend sur une étroite
bande de montagne orientée nord-sud entre
Antananarivo et la côte
Sud et sud-ouest
Particularités
Anciennes traditions islamiques
Ecriture apparentée à l’arabe : le sorabe
Pratique du sikidy, sorte de divination par les graines
Qualité de combattants
Pêcheurs et éleveurs
Influencés par l’islam
Traditions islamiques (ex. interdit de la viande de porc)
Culture du manioc et du maïs
Production et vente de charbon
Nombreux fady
Eleveurs
Guerriers
Le vol de bétail est une pratique répandue qui prouve la virilité et le mérite des jeunes hommes
avant le mariage
3ème groupe ethnique par le nombre
Connus pour leurs talents d’ébénistes et d’agriculteurs
Ils maîtrisent la culture du riz en terrasse
2ème groupe ethnique par le nombre
Le café, la canne à sucre et le clou de girofle constituent leurs principales ressources
Ils arborent des coiffures de style africain
Les tombes mahafaly, avec leurs extravagants aloalo (scuptures de bois complexes) et leurs stèles
illustrant la vie des ancêtres sont les plus étonnantes de l’île.
Les mahafaly doivent leur réputation à leur sagesse
1er peuple de Madagascar en nombre et principale composante ethnique des hauts plateaux
Teint plus clair et traits plus asiatiques
Système de castes reposant essentiellement sur la couleur de la peau :
- les andirana ou nobles
- les hova ou roturiers
- les andevo ou travailleurs
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Sakalava
« Ceux des longues vallées »
Région de l’ouest depuis Tulear au sud jusqu’au nordouest au-dessus de la Betsiboka
Sihanaka
« Ceux qui errent dans les marais »
Tonala
« Ceux de la forêt »
Basses terres marécageuses autour du lac Alaotra
Tsimihety
« Ceux qui se coupent les cheveux »
Zafusiri
Nord-ouest de l’île
Partie montagneuse des forêts tropicales orientales,
autour de Ranomafana
Pratique du famadihana (retournement des morts)
Sombres de peau
Deux sous-groupes importants :
- les Makoa, qui descendent d’esclaves africains
- les Vezo, pêcheurs semi-nomades des côtes de l’extrême sud-ouest qui construisent des
pirogues dont les voiles servent de toiles de tente
Pêcheurs et riziculteurs qui ont drainé la région, considérée comme le grenier de Madagascar
De petite taille
Réputés pour la connaissance des plantes médicinales et le miel qu’ils récoltent
Chasseurs, agriculteurs qui cultivent le café et le riz
Même territoire que les Antaifasy
2. Le culte des ancêtres
Le culte des ancêtres pratiqué à Madagascar reflète une vision du monde particulière. Alors que de nombreuses cultures et religions opposent la vie et la mort, l’esprit malgache voit dans la mort
une étape de la vie parmi d’autres. « Ceux qui sont partis n’ont qu’une avance de temps car la route est commune » exprime un proverbe malgache. Les morts, à Madagascar, ne sont pas morts
dans le sens où l’entendent les cultures occidentales, c’est-à-dire retirés du monde des vivants : ils ont atteint la phase ultime de la vie, le stade supérieur du hasina, c’est-à-dire la sagesse que
procure la vieillesse. Leur rendre hommage est ainsi une manière de rendre grâce à la vie, dans sa forme la plus aboutie. Loin d’être cantonnés à une existence céleste déconnectée du quotidien, les
ancêtres exercent ainsi leur influence sur la vie de tous les jours :
 le coin-est des habitations, appelé zoro firarazana leur est traditionnellement réservé ; il arrive qu’on y dépose grains de riz lors des repas afin de partager la nourriture avec eux ;
 la suie n’est pas nettoyée car elle témoigne du contact avec les ancêtres qui ont fait cuire ;
 il existe de nombreux fady, terme malgache qui peut se traduire par tabou ou interdit :
o siffler sur telle plage
o marcher devant un arbre sacré
o consommer de la viande de porc
Le culte des ancêtres fournit ainsi un cadre social : les ranzana symbolisent en effet la continuité, le respect des règles, l’attachement à la famille, au village (fokonolona) et au groupe. Proches
dans leur fonction sociale de « vieux sages garants des traditions », ils suscitent un mélange de respect et de crainte. Dans l’esprit malgache, une catastrophe naturelle ou une maladie a souvent pour
cause quelque ancêtre offensé par la transgression d’un fady ou le nom respect d’une fomba (tradition).
Les ancêtres parlent aux vivants par la voix des ombiasy : sorciers-guérisseurs, ils ont le pouvoir d’entrer en communication avec les razana (ancêtres), de lire leur volonté et d’interpréter les
signes qu’ils envoient aux vivants. Les ancêtres peuvent notamment indiquer aux ombiasy comment guérir telle ou telle maladie grâce à la médecine traditionnelle.
Autre personnage important de la spiritualité malgache : le mpanandro (astrologue) qui détermine la date des retournements des morts et d’autres cérémonies importantes. Il sait lire le vintana
(destin) et interpréter l’avenir grâce à ses sikidy (graines).
3. La vie à la campagne
3.1. Le village
Au centre du village, se trouve un grand tronc d’arbre autour duquel les cérémonies ont lieu (circoncisions, discours…).
Les notables habitent au nord.
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De nombreux fady, dont la transgression déclenche la colère des ancêtres, régissent la vie des campagnes. Ils trouvent leur origine dans l’histoire du terroir auquel ils se rapportent :
 ex. ne pas pointer un tombeau du doigt ;
 ex. ne pas manger du porc ou apporter du porc ou venir dans un endroit après avoir mangé du porc ;
 ex. certains aliments sont interdits : porc, ail, or (en fonction des régions) ;
 ex. les étrangers ne peuvent entrer dans le village.
Si un fady est transgressé, le sage (équivalent d’un roi) décide de la solution rituelle à donner.
Si des disputes se déclarent entre deux familles, il les réunit dans la grande maison près de l’arbre pour réconciliation.
3.2. Le schéma familial
La vie communautaire est encore très marquée. Les grands-parents occupent une place importante dans l’éducation des enfants. Les liens affectifs sont très forts. En parlant de son enfant, de son
père, de sa mère, d’un frère, d’une sœur ou d’une épouse, un malgache dira volontiers « aiko ity » (c’est mon « aina »). Le mot « aina » est intraduisible en français.
Un proverbe malgache dit que « quand on aime ses parents, on ne vit pas avec » (en raison des risques de discorde).
Le père détient l’autorité et n’a pas besoin de parler.
Les enfants se mettent un petit caillou ou un brin d’herbe sous la langue pour ne pas te faire gronder quand ils ont fait une bêtise.
Certaines relations sont sujettes à un faly :
- frère et sœur qui deviennent époux ;
- père et fils qui deviennent égaux ;
Une fois commis le délit qui a abîmé la relation de parenté, le rite du faly s’impose :
- faly qui détruit la relation de parenté et sanctionne la relation conjugale : par aspersion du sang du bœuf ; par argent ou alcool
- faly qui revivifie la relation de parenté et détruit la relation conjugale : par aspersion du sang de bœuf, par introduction de celui ou celle qui a commis la faute dans le ventre d’un bœuf.
3.3. La maison
Elle se compose généralement d’une pièce.
Le nord-est est réservé aux ancêtres (zoro firarazana).
Les ouvertures ne sont jamais orientées au sud. La porte principale se trouve à l’ouest et les fenêtres au nord et à l’est.
La tête du lit est orientée au nord ou à l’est (pour ne pas donner de coups de pied au soleil).
Quelques fady :
- ne pas ouvrir un parapluie dans la maison ;
- ne pas prendre le balai le soir car il paraît que le lendemain il y aura des dettes ;
- s’il y a les miettes, les balayer mais on ne pas les sortir pour ne pas avoir de dettes ;
- ne pas essuyer la table avec du papier au risque d’avoir des dettes ;
- ne pas rester trop longtemps à regarder le feu au risque de faire pipi au lit.
Les tortues protègent des mauvais sorts.
A table, les meilleurs morceaux (croupion de la volaille) sont réservés aux plus âgés. Le père mange le premier et peut terminer le repas sans rien laisser.
3.4. Le statut de l’enfant
3.4.1. Rituels
Certains aliments sont interdits pendant la grossesse.
Les mères qui mettent au monde des jumeaux ne peuvent garder les deux enfants. Les jumeaux sont déposés à l’entrée du parc à zébus. Ne sera gardé que celui des deux qui survivra.
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Il existe des mauvais jours de naissance : les enfants nés ces jours ont un fort caractère. Le sage décide de son sort. Il pourra être déposé à l’entrée du parc à zébu. S’il n’est pas écrasé, le mauvais
sort est conjuré. Il pourra également être pendu par les pieds et asphyxié dans les fumées de piment.
Après la naissance de l’enfant le placenta est enterré sous un bananier. L’endroit où l’on est né est l’endroit où l’on retournera. Une fois le placenta enterré, il ne faut pas se retourner au risque de
faire loucher l’enfant. La première coupe de cheveux a lieu à l’âge de 3 mois. Les garçons sont circoncis à l’âge de 3 ans. Un membre de la famille – le grand-père ou le frère de la mère, avale le
prépuce.
Le nom n’est pas définitif.
3.4.2. Rythme de vie
Les enfants se lèvent très tôt.
Filles et garçons participent aux tâches ménagères : aller chercher de l’eau, le bois ou le charbon et allumer le feu, piler le riz, sortir les zébus, aider au marché… La sœur aînée s’occupe des puînés
et les porte sur son dos dès l’âge de 5 ans.
L’enfant ne se mêle pas aux conversations des adultes. On ne lui parle pas. Il n’a pas droit à la parole. Expliquer, justifier sont irrespectueux. C’est pourquoi il est très discipliné à l’école.
On se couche très tôt pour économiser la bougie.
Quelques fadys :
- ne pas attraper les petites sauterelles vertes au risque de perdre son petit frère ou sa petite sœur.
3.4.3. Jeux traditionnels
Jeux mixtes :
- katro (équivalent de l’awele africain)
- fanorona (jeux d’alignement de cailloux sur des quadrillages tracés)
- katra-tanisa (jeux de jonglages)
- tsobato (jeux des osselets avec 5 cailloux)
- rondes dansées :
o mandihiza rahitsikitsika (ronde, au frapper de mains, on s’arrête et on danse)
o aoy mangataka tzahay (j’ai perdu mon fils)
o tany katsaka
o soamiditra (le filet de pêcheurs)
Jeux typiquement féminins
- tantara : les petites filles font des jeux de rôles avec des cailloux ; elles racontent tour à tour des évènements domestiques.
- dihim-bazaha (corde à sauter) sur des comptines françaises
Jeux typiquement masculins (virils)
- vitsilia (équivalent approximatif de l’épervier)
- fanenjika (gendarmes et voleurs)
4. La vie en zone urbaine
Le rythme de vie des enfants est conditionné par le milieu social dans lequel ils vivent.
Dans les milieux aisés, où l’éducation est prise en charge par les nainaines, les enfants sont souvent peu autonomes et peuvent se montrer tyranniques avec les adultes.
Dans les milieux modestes, les enfants sont plus débrouillards.
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5. Lexique
- aina : flux vital, corps animé par le flux vital, personne
- faly : rite qui dénoue les conflits à l’intérieur de la famille
- fihavanana : formé à partir de « havana » (famille), ce mot est généralement traduit par « parenté ; il se réfère, en réalité, dans la communauté parentale, à une manière spécifique
de penser et de vivre les relations interpersonnelles
- fokolona : communauté des cohabitants ;
- ray amandreny : « père et mère » ; nom donné, par extension, à tous ceux dont je reçois le bienfait
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