resumé PACHER Corinne

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resumé PACHER Corinne
L’haptonomie : une rencontre.
Par Madame Pacher Corinne, psychologue clinicienne.
Contexte : psychologue et psychothérapeute, je travaille depuis 12 ans dans le service
d’oncologie et de radiothérapie du Centre Hospitalier de Niort (Deux-Sèvres) où je rencontre
et accompagne à leur demande des patients atteints de cancers ainsi que leurs proches
(conjoints, enfants..). Dans la guérison, je continue à suivre des patients ou patientes après les
traitements, par exemple lors de la reprise du travail mais aussi, au long cours à travers toutes
les étapes de la maladie jusqu’à la fin ultime.
Il s’agit toujours cependant d’accompagner la vie qui est là, quelle que soit l’avancée de la
maladie. La pratique de l’haptonomie permet de trouver du plaisir et du sens dans la rencontre
humaine, jusqu’au bout.
Qu’est-ce que l’haptonomie ? Frans Veldman*, médecin et chercheur néerlandais né en
1921 et arrivé en France initialement pour prendre sa retraite au début des années 1980, est à
l’origine de cette pratique tout à la fois thérapie et art de vivre entre humains.
Ayant connu les horreurs de la deuxième guerre mondiale, il s’est interrogé sur la nature
humaine, sa spécificité : qu’est-ce qu’être humain ? Dans l’ouvrage qu’il fait paraître aux
Presses Universitaires de France en 1989*, il donne le ton et définit l’haptonomie comme la
science de l’affectivité.
Le mot vient du grec hapsis qui signifie le toucher, le ressenti, le sentiment et de nomos, la
règle, la loi. « L’haptonomie est donc l’ensemble des lois qui régissent le terrain de notre
cœur, de nos sentiments. C’est la science de l’affectivité ». Ainsi s’exprime Frans Veldman
interrogé pour l’émission qui l’a fait connaître à certains, Le bébé est une personne.
Le monde humain est donc celui de l’affectivité où la tendresse et les relations intimes sont
primordiales, tissant un univers subtil et complexe d’émotions et de sentiments.
Hapto vient du verbe Hapsein qui signifie : toucher, réunir, établir une relation. Le thérapeute
formé à l’haptonomie établit donc un contact dit psycho-tactile avec le patient et j’ajouterai,
pas n’importe comment (nomos étant la règle et la loi) de façon prudente et
circonspecte…avec tact.
C’est une pratique thérapeutique passionnante qui s’avère très exigeante pour le thérapeute !
L’approche psychothérapeutique haptonomique a pour but de rencontrer l’autre dans sa
singularité, de le confirmer dans son être, de l’apaiser, de lui faire découvrir ses ressources
propres devant l’adversité. Le patient va se vivre avec une présence au monde plus ouverte et
plus tranquille en accord avec son authenticité.
L’apaisement et le plaisir de la rencontre, c’est déjà beaucoup en cancérologie lorsque le
corps et la personne sont malmenés, empêchés, amputés…
L’haptonomie n’est pas une technique corporelle (ce n’est pas une gestuelle), elle ne fait appel
à aucun exercice physique, respiratoire ou autre, aucune image mentale. Nous proposons au
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patient d’expérimenter de façon très simple et spontanée des changements tangibles dans son
tonus neuromusculaire. Sa façon d’être là change. Il découvre en le vivant concrètement une
qualité de présence à l’autre en sécurité, sans feinte, agréable. Ceci rend possible un dialogue
d’emblée très authentique autour de ses ressentis, ses questionnements existentiels.
L’intérêt est évident en psychothérapie mais cette approche permet aussi très rapidement dans
la séance de se vivre moins tendu, moins douloureux. C’est une découverte vivifiante en
particulier pour des patients très atteints : redécouverte de leur capacité à vivre du bon. Ici, le
silence devient agréable et apaisant dans la douceur de la rencontre. Il n’est pas nécessaire de
toujours raconter.
A travers quelques exemples de rencontres :
Georges, 44 ans, père de trois jeunes enfants, atteint d’une tumeur cérébrale inextirpable ;
Aline, belle femme d’à peine 50 ans, luttant contre un cancer de la vessie et devant accepter
une poche de stomie définitive ou Camille, douce jeune fille de 27 ans aussi touchée par un
glioblastome ( tumeur cérébrale )…tous aujourd’hui décédés, je vais illustrer mon propos et
tenter de décrire la spécificité de cette approche et mon expérience au quotidien.
C’est par définition une affaire difficile car ce n’est qu’en faisant soi-même l’expérience du
contact haptonomique et de ses effets que l’on pourra discerner comme le font les patients et
se positionner, continuer ou pas la démarche. Il y a beaucoup d’étonnements dans les
premières rencontres, beaucoup de sourires et de tendresse partagés au fil des séances.
J’aimerais vous faire appréhender un peu de cette pratique intense, en milieu hospitalier où
j’ai eu la chance de faire accepter et respecter cette forme innovante et peu conventionnelle de
soutien psychologique. Peu à peu, tous les outils et moyens nécessaires ont été mis à ma
disposition : table d’haptonomie, bureau adapté au respect de l’intimité des patients, cela
grâce à la qualité humaine d’une équipe médicale sans à priori, forgeant son opinion à
l’écoute des patients. Je m’inscris pleinement dans cette équipe dont je salue ici l’ouverture. =
*Frans Veldman (6/9/1921-25/1/2010) :
*L’haptonomie. Science de l’affectivité, Paris, PUF, Dunod, première édition 1989.
L’haptonomie. Science de l’affectivité. Redécouvrir l’humain, Paris, PUF, 7e édition
1998 entièrement révisée, 8e édition, 2001.
*Le bébé est une personne, émission documentaire de Bernard Martino.1989.
Autre lecture :
Jean Louis Revardel,
Comprendre l’haptonomie, Paris, PUF, 2007.
Site internet du CIRDH, centre international de recherche et développement de
l’haptonomie : www.haptonomie.org/ pour toute information sur les formations.
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