Plurilinguismes et expressions francophones au Maghreb

Transcription

Plurilinguismes et expressions francophones au Maghreb
Plurilinguismes et expressions francophones au
Maghreb
Cahiers de Linguistique, numéro 34/1, 2008 [2009], Philippe BLANCHET et Khaoula TALEBIBRAHIMI (sous la dir.), 260 p., ISSN 0771-6524, ISBN 978-2-930481-54-8.
Les groupements de chercheurs du programme 1 ont réalisé deux numéros des
Cahiers de linguistique, dont les comptes rendus suivent. Ces Cahiers sont publiés par
les Éditions Modulaires Européennes & InterCommunications, 40, Rue de Hanret.
BE- 5380 Cortil-Wodon.
Cet ouvrage est l’aboutissement d’un travail en réseau qui a réuni des chercheurs d’Algérie, de France,
du Maroc et de Tunisie. Son objectif principal, comme le soulignent Ph. BLANCHET et Kh. TALEBIBRAHIMI, est de décrire, dans une perspective comparatiste, des « pratiques sociolinguistiques
ordinaires, didactiques et littéraires » observées dans les pays du Maghreb et en France (pays d’accueil
de migrants maghrébins) et de faire apparaître les spécificités de cet espace en termes de « ruptures » et
de « continuités ».
Ce volume s’organise en cinq axes introduits par une présentation générale qui trace le cadre
institutionnel, thématique et méthodologique du travail. Le premier axe, intitulé « À propos du français
dans les dynamiques sociolinguistiques maghrébines », examine la présence du français dans les zones
arabophones et les dynamiques auxquelles il donne naissance au contact des variétés locales ; présente
la situation (socio)linguistique en Tunisie, la place qu’occupe le français face à l’arabe (mais aussi à
l’anglais) ; s’arrête sur l’examen de certaines pratiques langagières (emprunts, calques et alternance
codique) observées chez des locuteurs marocains. « Représentations et pratiques plurilingues dans les
pratiques langagières et ordinaires des Maghrébins » est le titre du deuxième axe qui fait état, à travers
des études de cas tirés de la réalité algérienne, de pratiques langagières assez diversifiées : l’alternance
codique (arabe-français-chaoui), les relations qui existent entre langues et espace, les graffiti comme
formes d’appropriation de l’espace investi et la place, très controversée, qu’occupe le français dans des
espaces bien déterminés. Intitulé « Enseignement du français et dynamiques plurilingues dans les
écoles », le troisième axe interroge certaines pratiques didactiques en Algérie et au Maroc. Il est
question notamment de la nécessité de prendre en ligne de compte une didactique adaptée à
l’environnement dans lequel évolue l’apprenant et de l’importance de la dimension (inter)culturelle
dans l’enseignement/apprentissage du français à travers le manuel scolaire. Le quatrième axe traite des
« Dynamiques plurilingues et contextes professionnels et migratoires ». Les contributions abordent les
questions relatives à l’intégration d’expressions et de mots techniques français au système linguistique
de l’arabe marocain et aux fonctions de l’alternance codique (arabe dialectal-français) comme mode
« spécifique de communication » de jeunes marocains vivant en France. Le dernier chapitre s’intitule
« Le français dans les expressions littéraires plurilingues ». Il traite des manifestations du métissage à
travers la dimension métaphorique chez Mohamed DIB, des spécificités de l’écriture dite « bilingue »
ainsi que de ses « points d’ancrage » chez Mouloud MAMMERI et des caractéristiques de cette
pratique stylistique où les frontières linguistiques (mais aussi psychologiques) s’amenuisent pour céder
la place à un mode d’expression singulier, celui d’écrire en deux langues, entre deux langues.
L’intérêt majeur de ce volume est qu’il abonde en études de cas. Il permet ainsi de mieux comprendre
les spécificités de cet espace plurilingue et pluriculturel. Cet ouvrage vaut également par les
perspectives de recherche qu’ouvrent les chercheurs qui ont conduit cette initiative.
Abdelouahad MABROUR
Laboratoire d’Études et de Recherches sur l’Interculturel
Université Chouaïb Doukkali d’El Jadida. Maroc
Membre du CIRDL