Histoire de Noah, Gypaète sauvé par les

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Histoire de Noah, Gypaète sauvé par les
SAUVETAGE D’UN GYPAETE BARBU ACCIDENTE DANS
LES PYRENEES
M.Razin. Coordination Casseur d’os. LPO
--
La plupart des personnes et organismes cités dans ce rapport font partie du réseau
« Casseur d’os », un réseau de partenaires en charge du suivi du gypaète barbu sur le
versant nord pyrénéen réalisé dans le cadre du plan de restauration ministériel piloté par la
DIREN Aquitaine. Leur coopération a permis de réaliser une opération de sauvetage
réussie : nous les félicitons et les remercions tous vivement. Nous remercions
particulièrement le Dr Lydia Vilagines, vétérinaire référent du réseau, qui a suivi
bénévolement l’évolution de ce gypaète, de sa découverte jusqu’à sa libération.
1. Découverte du gypaète
12 décembre 2007 : à 16h, des chasseurs de l’ACCA de Bagnères de Luchon en Haute
Garonne, découvrent un gypaète barbu couché dans la neige sur la piste de Ravi près de
Superbagnères (31) ; ils alertent la gendarmerie et l’ONCFS SD 31. L’ONCFS transporte
alors le gypaète (handicapé d’une patte) dans ses locaux les plus proches, à Villeneuve de
Rivière. JM Cugnasse (ONCFS-DR Midi-Pyrénées) contacte aussitôt le Dr L Vilagines
(vétérinaire référente du réseau) qui transporte dans la soirée le gypaète à Toulouse chez le
Dr Freix, un confrère vétérinaire, afin que le gypaète puisse être examiné et radiographié. Le
gypaète - baptisé Noah par le Dr Vilagines - ne présentait ni fractures ni lésions apparentes.
Il montrait une paralysie du « pied » droit avec une perte de sensibilité sur tout le tarse et le
« pied » qu’il gardait fermé suite à une lésion probable du nerf fémoral. Il pesait 6,2 kg bien
qu’ayant le bréchet saillant et montrait une conjonctivite ainsi qu’un léger coryza, et évacuait
une diarrhée verte liée à une absence d’alimentation depuis 2 à 3 jours. Il fut mis aussitôt
sous antibiotique (baytril) et se nourrit avec appétit de 3 cous de canard qu’il ne régurgita
pas. Vers 20h, P Constantin (DIREN-Aquitaine), F Aliacar (FDC-31), M Jarrige (ONCFS-SD
31), JM Cugnasse (ONCFS DR Midi-Pyrénées), P Serre (LPO / Pyrénées Vivantes) et L
Goyeneche (centre de soins Hegalaldia), furent informés par téléphone par la LPO de la
découverte de cet oiseau et de son état de santé, ainsi que des décisions prises par le Dr
Vilagines concernant son transfert dès le lendemain au centre de soins Hegalaldia pour
observation et précision du diagnostic. Il fut assuré aux chasseurs ayant sauvé ce gypaète
que celui-ci serait relâché en leur présence, près du site où il avait été découvert en Haute
Garonne.
2. Transfert en centre de soins
13 décembre 2007, Noah fut transporté au centre de soins Hegalaldia (64) par le Dr
Vilagines qui s’assura de bon déroulement de son séjour. Le centre de soins Hegalaldia a
été conçu pour recueillir des vautours fauves et présente l’avantage d’être équipé de volières
de 50m de longueur, adaptées à l’envergure du gypaète barbu. Hegalaldia confirma que
Noah était incapable de se tenir sur sa patte handicapée qui nécessitait une attelle. Il tombait
ou se tenait immobile sur « le dos de la main avec les doigts fermés ». Ce point d’appui ne
comportant pas de cal, suggère que le gypaète fut victime d’une chute récente. Une
libération rapide de l’oiseau fut finalement écartée compte tenu de l’ampleur de son
handicap. Une nouvelle radio de la patte fut effectuée dans l’après midi et ne révéla aucune
fracture, ni problème apparent. Le Dr Vilagines conclut à une affection neurologique ou à
une lésion ligamenteuse (entorse) sur une patte déjà fragilisée par l’atteinte neurologique
consécutive à une chute inexpliquée.
Le Dr A Llopis (expert gypaète, vétérinaire du centre de Vallcalent / EEP, Catalogne
espagnole) fut sollicité et conseilla l’ajout de vitamines B dans son alimentation et
déconseilla une nourriture à base d’oiseau (poulet et poussin, en particulier, dont il peut
attraper les virus et herpes) ou de porc (qui peut provoquer de l’artériosclérose chez les
rapaces).
Le Dr G Joncour (LPO, SNGTV) et le Dr JM Péricard (SNGTV) déterminèrent une liste
d’analyses à effectuer afin de pouvoir disposer d’un diagnostic précis de l’état de santé de
Noah. Le centre de soins Hegalaldia et le Dr L Vilagines mirent la priorité aux conditions de
détention du gypaète, à cause du comportement visiblement stressé du gypaète et
préférèrent limiter les manipulations.
La FDC-31, l’ONCFS-31 et la DIREN Aquitaine furent tenus informés de l’évolution de la
situation par la LPO.
3. Vérifications d’usage et préparatifs pour la libération
17 décembre 2007: un prélèvement sanguin fut envoyé au Pr Berny (référent SAGIR, ENV
Lyon) pour détermination du taux de plomb (non préoccupant).
18 décembre 2007 : les premières démarches techniques en prévision de la libération de
l’oiseau sont réalisées:
1) le biologiste A Margalida (biologiste spécialiste du gypaète barbu, Catalogne espagnole)
qui étudie les déplacements des gypaètes de la fraction flottante est contacté par la LPO: il
capture et équipe des gypaètes avec des émetteurs satellitaires munis de piles solaires. Le
suivi de Noah après sa libération pouvant entrer dans le cadre de son étude, il propose de
mettre à notre disposition gratuitement un émetteur satellitaire GPS afin de pouvoir suivre les
déplacements de Noah après sa libération et d’avoir ainsi la possibilité, le cas échéant, de le
récupérer. Un émetteur GPS coûte environ 3000€ (+ 20€ d’abonnement argos / jour) et il
n’existe pas d’autre type d’émetteur qui permette d’obtenir une localisation précise et
continue d’un grand rapace vivant en haute montagne. En échange de l’émetteur et d’une
carte des déplacements actualisée tous les 15 jours, A Margalida se réserve le droit
d’exploiter et de publier les données obtenues grâce à ce suivi.
2) une « recette » permettant de décolorer les rémiges afin d’identifier l’oiseau par
l’observation, est recueillie auprès de P Fontanilles (Parc national des Pyrénées) par la LPO.
3) le centre de soins Hegalaldia dispose de bagues du muséum d’histoire naturelle et Noah
sera bagué avant sa libération.
19 décembre 2007: trois demandes d’autorisation Cites furent envoyées à la DIREN
Aquitaine par Hegalaldia suite à une demande de la LPO ; celles-ci sont soumises à l’avis
du muséum et nécessitent un délai de réponse.
1) pour l’envoi d’une plume au laboratoire LFVS (Madrid) afin de sexer Noah par
détermination de l’ADN ; ce sexage fut proposé par le Dr Hernandez (expert du ministère de
l’environnement espagnol) qui réalise une étude génétique sur la population pyrénéenne de
gypaète, complémentaire à celle d’A Margalida (Cites en attente).
2) pour l’envoi d’échantillons d’une éventuelle prise de sang pour analyses complémentaires
bactériologiques, virales et recherches de mycoses comme conseillé par les Dr Joncour et
Péricard.
3) pour l’éventuel transfert de Noah au centre de reproduction en captivité de Vallcalent en
Catalogne espagnole (réserve génétique pyrénéenne de gypaète, réseau EEP) au cas où il
ne retrouvait pas l’usage de sa patte et ne pourrait pas être relâché.
Le couple de gypaète nicheur de Haute Garonne est observé. Noah est donc bien un
individu de la fraction flottante (non reproducteur) et entre donc parfaitement dans le cadre
du suivi satellitaire effectué par A.Margalida.
15 février 2008 : un courrier est envoyé par la LPO au ministère de l’environnement
espagnol afin de solliciter la coopération de leur expert en pose d’émetteur, le Dr V
Mattaranz.
18 mars 2008 : le centre de soins Hegalaldia (responsable de l’oiseau jusqu’à son relâcher)
nous prévient que Noah doit être libéré le plus rapidement possible car il a été transféré en
grande volière et se jette dans les filets, ce qui pourrait entraîner de nouvelles lésions.
Dans le cadre des démarches administratives à mettre en œuvre pour ce type de libération,
une interprétation différente des textes relatifs aux régimes d’autorisation concernant la pose
d’un émetteur sur une espèce protégée, a entraîné une complication de la mise en œuvre
rapide du relâcher : une demande d’autorisation avait été préparée par la DIREN Aquitaine
mais suite à un contact rapide avec la DNP, cette autorisation ne semblait plus nécessaire et
compte tenu de l’urgence, le dossier n’a pas été envoyé.
A Margalida et V Mattarranz sont contactés : ils viendront poser l’émetteur le 27 mars, seule
date où les deux experts sont disponibles, l’un venant de Catalogne, l’autre de Madrid.
Hegalaldia demande à ce que l’émetteur soit posé au centre et non sur le lieu de libération.
26 mars 2008 : un nouveau problème administratif apparaît. Nous apprenons que
l’autorisation de transport dont bénéficie le centre de soins ne concerne pas la Haute
Garonne et qu’Hegalaldia n’a donc pas le droit de transporter Noah sur le site de lâché prévu
(le même problème se pose pour l’ONCFS-64) car sa zone d’action ne comprend pas ce
département. De même, après une recherche approfondie au niveau de la DNP, il s’avère
que finalement l’émetteur ne peut être posé sans l’obtention d’un avis favorable du CNPN.
Une autorisation de transport pour la libération du gypaète en Haute Garonne par
Hegalaldia, précisant que l’oiseau sera équipé d’un émetteur, est finalement demandée en
urgence au CNPN par la LPO avec l’aide de la DIREN Midi-Pyrénées, en soutien à la DIREN
Aquitaine, qui obtient un accord verbal à 20h.
27 mars 2008 : l’autorisation (cf annexe 1) est faxée au centre de soins dans la matinée et
les experts espagnols posent l’émetteur à Noah avant 12h. Noah ne réagit pas, ne cherche
pas à enlever l’appareil ni à desserrer le harnais.
27 mars au 2 avril 2008 : il pleut sans discontinuer et Noah ne peut être libéré (nécessité de
disposer d’un créneau de 3 jours de beau temps pour que Noah puisse s’alimenter et
retrouver ses repères). Le site où Noah a été découvert est très enneigé et donc d’accès
difficile. La fédération départementale des chasseurs de la Haute Garonne propose de
relâcher Noah sur la commune de Larboust mais là aussi le site est trop enneigé ; puis la
commune de Sacourvielle est proposée mais là aussi des problèmes d’accès se posent car
la presse et le public doivent pouvoir se rendre facilement sur le site du lâché. Finalement
c’est le village d’Artigues, proche de Bagnères de Luchon, qui est retenu le 2 avril.
Un communiqué de presse est réalisé par la LPO (cf annexe 2) et validé par ses partenaires
avant sa diffusion à la presse le 2 avril (joint en fin de document).
4. Libération
3 avril 2008 : après plus de 90 jours passés en centre de soins, le gypaète Noah est libéré à
12h30 à Artigues (Haute Garonne) avec l’autorisation du maire (obtenue la veille par la
DIREN Midi-Pyrénées), en présence de la presse et de la télévision (France 2 et FR3), des
chasseurs de l’ACCA de Bagnères de Luchon et de la Fédération départementale des
chasseurs de la Haute Garonne, des DIREN Aquitaine et Midi Pyrénées, de l’ONCFS, de la
LPO et des partenaires techniques du département : ONF, Nature Midi Pyrénées, Nature
Comminges, et du centre de soins Hegalaldia qui l’a transporté. Le site est parfaitement
adapté et Noah prend son envol sans difficulté. Il traverse la vallée, vole pendant 45’ avant
d’être perdu vers le col de Peyresourde (limite avec les Hautes Pyrénées).
5. Déplacements de Noah
L’étoile rouge situe le lieu de découverte et de libération de Noah. La ligne jaune matérialise
la frontière franco-espagnole
Haute
Garonne
Ariège
Hautes
Pyrénées
Catalogne
Aragon
4 et 5 avril 2008 : pas de donnée, la pile solaire de l’émetteur s’est déchargée à cause de la
pluie qui a précédé la libération de Noah.
6 au 15 avril 2008 : Noah traverse la frontière à Aragnouet (65) le 6 avril et passe la journée
dans le Haut Aragon (probablement près du nourrissage spécifique du parc national
d’Ordesa y Monte Perdido) puis se dirige vers l’est. Noah est contacté ensuite dans la région
de Pont de Suert et Tremp en Catalogne entre le 7 et le 15 avril puis retour en Aragon le 15
avril par le massif de Cotella, au sud de Bagnères de Luchon.
17 au 30 avril 2008 : Noah reste dans la région du massif de Cotella et du nourrissage du
parc d’Ordesa du 17 au 22 (il y est observé le 19 avril par un technicien) puis se déplace
vers l’ouest, sur un autre site de nourrissage spécifique alimenté par le gouvernement
d’Aragon (DGA) au nord de Jaca.
Noah est photographié sur ce nourrissage par JA Sése (DGA) le 30 avril. Sur une
photographie (voir page suivante), une fistule est visible sous l’œil gauche. Cependant, le
suivi par satellite de ses déplacements nous permet de nous assurer que Noah se comporte
normalement et continue à se déplacer.
Noter l’antenne de l’émetteur, visible sur le dos de Noah et la blessure sous l’œil gauche.
1 au 13 mai 2008 : Noah rayonne autour du site de nourrissage du Haut Aragon et fait 2
incursions plus à l’est dans la région d’Ordesa, le 5 et le 12 mai.
13 au 27 mai 2008 : Noah se déplace vers l’ouest de l’Aragon et rayonne autour du site de
nourrissage de la DGA et effectue plusieurs allers et retours vers la frontière (vallée
d’Ossau). Son comportement sur le site de nourrissage est tout à fait normal, il ne montre
aucun signe de handicap.
27 au 29 mai 2008 : Noah repart vers l’est de l’Aragon.
ANNEXE 1.
ANNEXE 2.
Contacts Presse
Philippe SERRE LPO, coordination générale du programme Pyrénées Vivantes, gestion
concertée et communication.
Tél : 05 59 21 65 53 Courriel : [email protected]
Martine RAZIN LPO, coordination scientifique gypaète barbu. Tél : 05 59 41 99 90
Courriel : [email protected]
Gwénaëlle PLET LPO, programme Pyrénées Vivantes, gestion concertée et communication.
Tel 05 62 97 27 02 / 06 76 82 40 56 [email protected]
Stéphan MAURY et Laurence GOYENECHE, HEGALALDIA, Responsables capacitaires du
CSFS HEGALALDIA-05 59 43 08 51/06 76 83 13 31 [email protected]
Résumé : Le 12 décembre dernier, un Gypaète barbu, blessé à la patte droite, était trouvé
par des chasseurs aux environs de Superbagnères. Aussitôt alertés, les partenaires du plan
national de restauration de l’espèce ont rapidement réagi. Les agents de l’Office National de
la Chasse et de la Faune Sauvage ont alors assuré son transport. Soigné au Centre de
Sauvegarde de la Faune Sauvage Hegalaldia au Pays Basque durant plus de trois mois, il a
désormais retrouvé toutes ses facultés motrices. Il sera relâché, équipé d’un émetteur GPS,
le jeudi 3 avril 2008 à 12 h 30 sur la commune d'Artigue (entre Cier de Luchon et
Bagnères de Luchon) à proximité du lieu où il avait été trouvé. Un nouveau départ pour ce
Gypaète adulte, une chance pour les Gypaètes de Haute-Garonne et des Pyrénées !
La clé de la réussite, le travail en réseau !
L’histoire de ce gypaète est la parfaite illustration de l’efficacité du fonctionnement en
réseau mis en place à l’échelle du massif par la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux),
dans le cadre du plan national de restauration du Gypaète barbu validé par le Ministère de
l’écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire.
Nombreux ont été les acteurs qui se sont relayés efficacement pour la prise en charge de ce
gypaète blessé. Tous ont été tenus informés depuis le moment de la capture de l’oiseau
blessé jusqu’au moment de son lâcher. La Direction régionale de l'environnement
d'Aquitaine, chargée de la coordination du plan à l'échelle du massif, a accompagné et validé
l'ensemble
des démarches. Ainsi,
- le 12 décembre 2007, les chasseurs locaux, partenaires de ce plan national de restauration
depuis l'an 2000, ont très rapidement donné l’alerte dès qu’ils ont trouvé ce gypaète blessé à
la patte droite près de Superbagnères.
- les agents de l’ONCFS de la Haute-Garonne ont alors assuré le transport de l’oiseau
jusque dans leurs locaux à Villeneuve de Rivière.
- Lydia Vilagines, vétérinaire partenaire du plan de restauration de l’espèce a transporté le
soir même le gypaète chez un vétérinaire de Toulouse, le Dr Feix, spécialiste également des
oiseaux. Il fut alors radiographié et examiné. Aucune lésion et aucune fracture n’ont alors été
détectées à la patte. Il présentait une paralysie du pied droit avec perte de sensibilité sur tout
le tarse et le pied qu’il gardait fermé suite à une lésion probable du nerf fémoral.
- Dès le lendemain, il fut amené au centre de soins d’Hegalaldia au Pays Basque notamment
spécialisé dans le soin aux grands rapaces pyrénéens. Laurence Goyénèche et Stéphan
Maury constatèrent que l’oiseau était incapable de se tenir sur sa patte handicapée. L'oiseau
n'avait plus aucune sensibilité ni aucune force. Il tombait ou se tenait immobile sur le dos de
son « pied » avec les doigts fermés.
Le Dr Lydia Vilagines conclut à une affection neurologique consécutive à une chute récente
inexpliquée. Ils lui posèrent alors une attelle immobilisant son tibio-tarse et permettant de
conserver sa serre droite ouverte. En parallèle, depuis le début de son arrivée au centre de
soins, des séances d’ostéopathie furent administrées par le docteur vétérinaire Delphine
David.
- Fin janvier, l’oiseau commençait à retrouver une certaine sensibilité et mobilité de ses
doigts et marchait sans boiter. L’attelle était retirée définitivement début février, l’oiseau se
perchait alors correctement et retrouvait, petit à petit, la totale mobilité de tous ses doigts. La
date du lâcher s’approchait.
- La coopération transfrontalière est également le maître mot du programme. En vue
de son relâcher imminent, jeudi 27 mars, l’oiseau a été équipé d’un émetteur GPS par le
spécialiste catalan Antoni Margalida. Cet équipement permettra d’obtenir des informations
précises sur la localisation en temps réel de l’oiseau pour suivre ses déplacements, pour
mieux comprendre les phénomènes d’erratisme et pour accroître nos connaissances
relatives aux territoires utilisés par les gypaètes. Il permettra aussi d’intervenir très
rapidement en cas de difficulté pour ce gypaète.
Très prochainement, les déplacements de cet oiseau pourront être suivis via le site internet
www.pourdespyreneesvivantes.fr, site présentant l'ensemble des actions menées dans les
Pyrénées, par la LPO et ses partenaires en faveur du Gypaète barbu notamment.
Le lâcher, un nouveau départ !
En présence de tous les partenaires locaux du programme, le gypaète sera donc relâché le
jeudi 3 avril 2008 à 12 h 30 sur la commune d'Artigue (entre Cier de Luchon et Bagnères
de Luchon).
Le Gypaète barbu, une espèce phare des Pyrénées
Bénéficiaire d’un plan national de restauration initié par l’Etat en 1997, et en cours de
renouvellement, le Gypaète est donc l’objet de toutes les attentions et de tous les défis.
Le rapace le plus menacé d’Europe !
Seuls 165 couples nichent dans toute l'Europe, 135 sur l'ensemble des Pyrénées dont 29
couples pour le versant français. En Haute-Garonne, un seul territoire est occupé depuis
1997. En 2006, le couple a pondu mais il n'y a jamais eu de jeune à l'envol. La population
des Pyrénées est en légère augmentation et gagne un couple supplémentaire par an en
moyenne mais elle reste très fragile.
Adulte à l'âge de 7 ans, c'est le plus souvent vers l'âge de 10 ans que le gypaète réussira sa
première reproduction. Il faudra alors 9 mois de présence au nid entre novembre et juillet
pour que le couple puisse élever un seul poussin jusqu'à son envol. Soumis aux rigueurs de
l'hiver, à la prédation mais encore trop souvent aux dérangements par les activités humaines
à proximité du nid, la reproduction de l'année échoue deux fois sur trois...
Collisions contre les câbles, tir, empoisonnement sont autant d'autres menaces directes qui
affectent les populations de gypaètes à travers le massif.
Tout oiseau recueilli et soigné qui peut retrouver la liberté constitue donc une opportunité
pour l’avenir de cette espèce dans les Pyrénées !
Un programme, créateur de synergies entre partenaires
Le Gypaète barbu est une espèce bénéficiaire d’un plan national de restauration. Ce plan
initié par le Ministère de l’écologie, de l'énergie, du développement durable et de
l'aménagement du territoire est coordonné et financé en partie par la DIREN Aquitaine.
La LPO est l'opérateur technique qui assure la mise en oeuvre des différentes actions
prévues dans ce plan. Pour cela, elle s'appuie sur un réseau de partenaires. Ce plan est
intégré au programme transfrontalier, intitulé « Pyrénées Vivantes » qui est soutenu par des
crédits européens, des crédits d'état et des collectivités territoriales dont le Conseil Régional
de Midi-Pyrénées. Les objectifs sont notamment d’accroître les effectifs de la population de
gypaète barbu. Une des actions phares est le suivi technique et scientifique de l’espèce.
Ainsi, des actions de suivi de reproduction, de comptage, de soutien alimentaire (des os
issus des abattoirs ou pattes issues de la chasse grand gibier) sont assurées par une
trentaine d’organismes partenaires soit plus de 300 observateurs répartis à travers le versant
nord du massif. Les partenaires de la LPO sont des associations naturalistes, des
établissements publics (ONF et ONCFS), des espaces protégés (Parc National, Réserves
naturelles), des administrations, des fédérations d’usagers (fédérations de chasse de la
Haute-Garonne, de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales), et des organismes du monde
pastoral (association des pâtres de haute montagne). Tous se sont engagés au quotidien
pour garantir l’avenir de cette espèce dans les Pyrénées.
Le deuxième volet du programme promeut et développe des outils et des actions d’éducation
à l’environnement montagnard et au développement durable des territoires pyrénéens. Il met
en avant la nécessité de l'information, de la sensibilisation et de la formation des acteurs
pour une meilleure connaissance et prise en compte de la biodiversité des Pyrénées dans
les projets de développement. Il s'appuie sur le réseau Education Pyrénées Vivantes, réseau
de structures d'éducation à l'environnement à l'échelle du massif des Pyrénées.
Enfin, des actions de préservation de sites sensibles notamment les zones de reproduction
du Gypaète barbu, sont menées en concertation avec les habitants et les élus. Elles
permettent de créer un maillage d’expériences pilotes concrètes et partagées mettant en
oeuvre les principes du développement durable pour l’avenir des Pyrénées.

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