7 - Land and Freedom bis
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7 - Land and Freedom bis
Ciné-Histoire Jeudi 12 février 2009 LAND AND FREEDOM de Ken Loach (1995- 1h49) Un réalisateur engagé politiquement : Ken Loach est un réalisateur britannique engagé : il se situe à gauche, plus précisément il est de tendance trotskiste (il a ainsi apporté son soutien à Olivier Besancenot lors de la présidentielle de 2007 en France), ce qui signifie concrètement qu’il est communiste et farouchement opposé à Staline et à l’URSS (quand ce pays existait encore). Ses films traitent de thèmes politiques et sociaux contemporains : les milieux ouvriers anglais (Raining Stones en 93), la révolution communiste au Nicaragua et l’action de la CIA pour briser cette révolution (Carla's Song en 1996), la guerre d’Espagne (Land and Freedom en 1995), la guerre civile en Irlande dans les années 1920 et la répression de l’armée britannique en Irlande (Le Vent se lève, Palme d'or à Cannes en 2006), les réactions des cheminots en Angleterre à la privatisation de British Rail (The Navigators, 2001), les travailleurs clandestins (It’s a free world, 2007). Ce que raconte le film : En rangeant les affaires de son grand-père qui vient de mourir, une jeune femme des années 1990 découvre le passé militant anti-fasciste de celui-ci… Un flash-back commence, qui durera presque tout le long du film : Liverpool, 1936, David, jeune chômeur, décide de partir en Espagne pour lutter pour les idéaux révolutionnaires et contre les fascistes, contre un militaire d’extrême droite, le général Franco qui essaie de prendre le pouvoir depuis juillet 1936 contre le gouvernement républicain espagnol de gauche, le front populaire. Il rejoint le POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) composée d'une dizaine d'hommes et de femmes qui se battent en Aragon, qui viennent de pays et d'horizons politique différents. Sous-équipés et mal-armés, ils doivent surtout lutter au quotidien contre la faim et le froid. Après avoir libéré un village, ils participent à une vive discussion entre villageois sur la question de la collectivisation de la terre et la gestion de la production. Puis commence une sorte de second film, où l’on voit la lutte entre les communistes staliniens (PSUC = Parti socialiste unifié de Catalogne) d’une part et d’autre part les communistes du POUM et de la CNT (anarchistes espagnols). On assiste à leur combat dans Barcelone en mai 1937 et on suit les hésitations et retournements du personnage principal, David. Le film se termine par l’intervention d’une unité de l’armée républicaine qui vient arrêter les miliciens du POUM pour haute trahison (les accusant d’être des agents franquistes déguisés !). Quelques entrées historiques du film : - Une mise en cause de la société anglaise actuelle et une incitation à l’engagement : Land and Freedom est aussi une référence explicite de ce qui s’est passé en Grande-Bretagne dans les années 1980, avec une dénonciation des années Thatcher (femme 1er ministre, incarnant la droite libérale anglaise, surnommée « la dame de fer »). A travers le personnage de la petite fille qui découvre le parcours de son grand-père, Loach montre que les combats du film (unité syndicale, solidarité de la classe ouvrière, combat contre le fascisme, nécessité de l’engagement …) restent valables aujourd’hui (observez le sens de la scène finale). - Un film sur la guerre d’Espagne : ce conflit oppose le camp des « nationalistes » -appuyés par Mussolini et Hitler- à celui des « républicains » réunissant, parfois avec de vives tensions, communistes, socialistes, républicains et anarchistes. Elle se déroula de juillet 1936 à mars 1939 et s'acheva par la défaite des républicains et l'établissement de la dictature de Franco, qui conserva le pouvoir absolu jusqu'à sa mort en 1975. La critique du fascisme se voit surtout dans les scènes de la reconquête du village, où les méthodes fascistes sont dénoncées par Loach : enrôlement de jeunes hommes d’une quinzaine d’années comme chair à canon, prise d’otage de civils pour se protéger des balles, soutien de l’Église catholique... - Un film sur les dissensions des combattants anti-franquistes : on le voit à travers les hésitations de David : écœuré par ces combats stériles au sein même du camp républicain -« on se tire dessus entre camarades »- au lieu de combattre Franco, il déchire sa carte du Parti communiste et repart se battre avec le POUM. Land and freedom est un film qui nous livre une violente critique du Parti communiste ainsi que des méthodes staliniennes et du Komintern. Le débat sur le rattachement de la milice aux Brigades Internationales montre que Staline veut supprimer les milices, qui incarnent l’esprit socialiste révolutionnaire, car il ne les contrôle pas. - Un film qui pose la question d’une société égalitaire et libre : on le voit dans l’image très positive donnée du POUM et de son organisation, car l’égalité y règne, avec par exemple un officier élu, des décisions qui font l’objet d’un débat et d’un vote. On le voit surtout dans la discussion organisée entre les paysans par les miliciens après la libération de leur village, qui pose tous les problèmes de la collectivisation, qui était alors un problème majeur dans l’Espagne républicaine, et qui reste, aujourd’hui encore, une interrogation du socialisme révolutionnaire. Le POUM : Parti ouvrier d'unification marxiste était une organisation révolutionnaire espagnole, créée en 1935 et dissoute en 1937, qui a participé activement à la Guerre d'Espagne contre le général Franco. Elle groupait des communistes espagnols anti staliniens, sans pour autant être trotskistes. Staline qui finance la guerre d’Espagne ne peut tolérer que des militants ne lui obéissent pas aveuglément, et il fera donc arrêter ses militants (plusieurs sont torturés voire exécutés pour ne pas avoir été dans la ligne politique du gouvernement aux ordres de l'URSS stalinienne) et interdire ce parti. Les Brigades Internationales : On a appelé Brigades internationales les détachements de volontaires civils venus de plus de 50 pays différents qui luttèrent aux côtés des Républicains lors de la guerre d'Espagne. Dès juillet 1936, des étrangers viennent en Espagne pour participer au combat contre le coup d'État franquiste. Ces BI étaient financées par l’URSS, qui avait d’ailleurs fixé des quotas de communistes dans chacune des unités. Les volontaires étrangers étaient groupés en des formations par langues, comme le Bataillon Abraham Lincoln constitué de Canadiens et Américains, les Allemands antinazis dans le Bataillon Thälmann, La commune de Paris une formation francophone …En juin 1937, on estime que les Brigades internationales regroupaient environ 25 000 Français, 5 000 Polonais, 5 000 Anglo-Américains, 3 000 Belges, 2 000 « Balkaniques », 5 000 Germano-Italiens, soit près de 45 000 personnes. On comptait aussi la participation de deux Chinois. De nombreux combattants des Brigades internationales seront par la suite des résistants au nazisme : Arthur London, Willy Brandt, Pierre Georges alias le Colonel Fabien, Henri Rol-Tanguy responsable FFI de Paris en 1944 …