Sarkozy, notre agriculture a un prix

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Sarkozy, notre agriculture a un prix
RÉUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND
15 OCTOBRE 2009 -
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L’EVENEMENT
Manifestation ➜
A la veille de l’action nationale qui se déroulera ce vendredi à Caen
pour la Basse-Normandie, nous avons demandé aux responsables
des différentes productions la situation de leurs filières. Voici leurs réponses.
Sarkozy, notre agriculture
a un prix
Jean Turmel
président de la section lait
6Quelle est la situation
des producteurs de lait ?
Est-il bien utile d’y revenir ? 2009 est une année
noire avec une baisse du
prix du lait presqu’aussi importante que
la hausse que nous avions vécue en 2007
et 2008. Certains avaient prédit une longue période de cours élevés. C’est la preuve
qu’il faut toujours rester prudent. On ne
sait jamais de quoi notre lendemain sera
fait. Même si les cours des produits industriels semblent s’améliorer depuis un mois
et demi ou deux mois, cela reste timide.
6Que demandez-vous ?
Nous demandons à être mis sur un pied
d’égalité avec nos concurrents : les mêmes
normes pour tous, les mêmes contraintes
réglementaires, les mêmes coûts de main
d’œuvre. L’urgence c’est une baisse des
charges liées au travail car la main d’œuvre représente une part importante de nos
coûts de production.
Yvan Fourré
président de la section porc
6Quelle est la situation
des producteurs de porc ?
Bien sûr. Les difficultés financières touchent l’ensemble des filières. Le revenu de
2009 sera en forte baisse par rapport à
2008. Les producteurs de lait ont donc
toute leur place à Caen vendredi. Notre
force tient dans l’unité de toutes nos productions dans ce combat.
Cela fait deux ans et
demi que l’on résiste à une
crise sans précédent. Les
trésoreries sont exsangues. 1/3 des producteurs sont au bord du
dépôt de bilan. Et cela ne va pas s’arranger. Et cela dans l’indifférence des pouvoirs publics. La France veut-elle garder
ses producteurs de porcs et les emplois
qui vont avec, notamment dans l’Ouest ?
6Que demandez-vous ?
6Manifesterez-vous vendredi à Caen ?
Au vu de la trésorerie tendue de nos
exploitations, nous avons besoin d’une
année blanche sur les remboursements
d’emprunts. Nous avons mis aux normes
nos étables, nous sommes endettés et les
prix baissent! Pour passer le cap, il faut
reporter une annuité en fin de nos tableaux
de remboursement.
Les producteurs de porc sont isolés,
accusés, ils n’osent pas trop s’afficher.
Notre production souffre de son image.
Pourtant, nous n’avons pas à rougir de
nos pratiques et de la qualité de nos produits. Nous devons être fiers de notre
métier. Alors il est évident que nous serons
à Caen vendredi.
6Manifesterez-vous vendredi à Caen ?
Bernard Guillard
président de Jardins de Normandie
6Quelle est la situation
des producteurs de légumes ?
Elle est mauvaise. Veuton encore des productions
légumières locales? On
nous impose toujours plus de contraintes. Les directives succèdent aux directives : directive nitrates, directive cadre sur
l’eau, Grenelle de l’environnement…Je ne
les cite pas toutes. On ne peut pas continuer comme cela.
6Manifesterez-vous vendredi à Caen ?
Nous sommes moins nombreux que les
éleveurs mais nous serons là. On nous met
en concurrence avec des pays où la main
d’œuvre est moins chère, où des produits
phytosanitaires interdits chez nous sont
autorisés. L’Etat doit dire s’il veut encore
une production légumière.
6Que demandez-vous ?
Nous avons besoin de trésorerie. L’année blanche sur les annuités, c’est donc
notre besoin le plus urgent. Nous devons
aussi mettre fin aux distorsions de concurrence environnementales, administratives et sur le coût de la main d’œuvre : l’écart avec l’Allemagne représente 5 euros
par porc.
Daniel Génissel
président de la section viande bovine
6Quelle est la situation
des éleveurs de bovins ?
Comme tous nos collègues, nous sommes confrontés à une baisse de revenu. Il
manque environ 0,40 à
0,50€/kg de viande. Les producteurs ne
comprennent plus rien : la consommation
se tient, la production baisse et les cours
baissent aussi. Il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas dans le marché de la
viande.
6Manifesterez-vous vendredi à Caen ?
Avec des baisses de revenu de 27% en
2007 et 22% en 2008, les éleveurs de bovins
ont toutes les raisons de participer à cette
manifestation. On nous ajoute sans cesse
des charges supplémentaires sans possibilité de mieux vendre nos animaux. Cela
ne peut pas durer.
6Que demandez-vous ?
Il faut que l’Etat arrête de charger la
barque. On continue à réaliser des millions
de tests ESB en abattoir qui sont tous
négatifs, on nous impose la taxe équarrissage… Nous demandons aussi à vacciner nous-mêmes nos animaux contre la
fièvre catarrhale. Cette économie pourrait servir à alléger nos charges.
Jean-Pierre Prévost
président de la section céréales
6Quelle est la situation
des producteurs de céréales ?
A nous aussi on avait
prédit des lendemains qui
chantent, des prix “dura-
Sur le net
chacun peut déposer un message de
soutien sur le blog ouvert à cette occasion:
www.lagricultureaunprix.fr
●
blement élevés”. Il n’en est rien. Les prix
de vente à la récolte sont en retrait de 30%
par rapport à 2008. Aucune entreprise ne
peut survivre à de tels à-coups sur les prix.
De plus, au nom de ces prix prétendument
élevés, on a réduit le montant de nos soutiens. On perd des deux côtés.
6Manifesterez-vous vendredi à Caen ?
Il n’y a aucune raison pour que les
céréaliers soient absents. L’Etat ne se prive
pas de nous rajouter des contraintes qui
s’empilent. Il y en a assez. Qu’on nous
laisse travailler en paix ! La terre, c’est
notre outil de travail, nous la protégeons.
Nous sommes les premiers écologistes.
6Que demandez-vous ?
Un arrêt de l’inflation administrative.
Pour alléger nos trésoreries, nous demandons une suspension de la taxe sur le foncier non-bâti, ainsi que le remboursement
de la TIPP. Il faut bien baisser les charges
pour compenser la baisse des prix de vente.
Si non, comment sortir un revenu ?
Action du 16 octobre :
manifestez votre soutien
• La manifestation du 16 octobre porte un enjeu considérable pour l’agriculture bas-normande. Il s’agit de permettre à de nombreuses exploitations,
toutes filières et toutes productions confondues, de passer le cap de l’année 2009. Pour la FRSEA et les Jeunes Agriculteurs, les pouvoirs publics doivent prendre la mesure du problème. L’année blanche figure en tête des
revendications. Il s’agit de reporter en fin de tableau le remboursement de
l’annuité d’emprunt 2009. De même, les pouvoirs publics doivent prendre en
charge les cotisations sociales. Les charges liées au carburant doivent être remboursées et la taxe sur le foncier non-bâti suspendue. Il est temps que l’Etat
cesse de charger la barque des taxes et des charges. Il est temps que l’Etat arrête d’imposer toujours plus de contrainte pour toujours moins de revenu
agricole : environnement, conditionnalité, bien-être animal…
La FRSEA et les JA appellent tous les partenaires de l’agriculture à se joindre
à leur mouvement, ou à témoigner leur soutien : Les organisations professionnelles agricoles, les entreprises fournisseurs de l’agriculture, les entreprises de transformation…elles ont toutes leur destin lié au dynamisme de
l’agriculture. De même, les élus locaux sont invités à exprimer leur soutien
à cette action. Un agriculteur génère en moyenne sept emplois dans son environnement. Or, cet environnement, c’est le monde rural dans son ensemble. C’est à ce titre que la FRSEA et les JA sollicitent le soutien de tous.
Enfin, chacun peut déposer un message de soutien sur le blog ouvert
à cette occasion : www.lagricultureaunprix.fr