Les obstacles au développement de politique et programmes
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Les obstacles au développement de politique et programmes
Commission de l’Education, de la Communication et des Affaires Culturelles DIVERSITE CULTURELLE SENEGALAISE ET CONVENTION DE L UNESCO: Quelles limites? Débat préparatoire à la Conférence interparlementaire sur la diversité des expressions culturelles : motifs limitant les Etats dans le développement de politiques de programmes culturels. Par Dr Omar NDOYE Président de la Commission Santé, Population, Action Sociale et Solidarité Nationale, Assemblée Nationale du Sénégal Rapporteur DE LA CECAC Chargé des questions relatives au VIH/sida *** Québec, Canada, les 30 et 31 janvier 2011 SOMMAIRE I°)INTRODUCTION II°)LA POLITIQUE CULTURELLE ACTUELLE DU SENEGAL 1°) Le financement de ce secteur a°) Contribution de l’Etat b°) Les autres sources de financement 2°) Les programmes et projets exécutés et en cours 3°) Les résultats globaux atteints 4°)Les difficultés du secteur de la culture qui freinent les programmes 5°) Nouvel élan III°)CONCLUSION QUE DOIT-ON ATTENDRE DE LA CONVENTION POUR UNE AMELIORATION DES POLITIQUES CULTURELLES? Introduction Le président-poète Léopold Sédar Senghor avait l’habitude de dire que la culture est au début et à la fin de tout développement. Dès le début des indépendances africaines, il a choisi de faire de la culture le levier de son orientation politique. Introduction « La diversité culturelle est une caractéristique inhérente à l’humanité, elle constitue un patrimoine commun de l’humanité et crée un monde riche et varié qui élargit les choix possibles, nourrit les capacités et les valeurs humaines » Introduction Ces quelques lignes tirées du préambule de la convention de l’UNESCO sur la culture, montre à suffisance l’importance qu’il y a à promouvoir et à protéger la diversité culturelle. Le Sénégal, dès son accession à la Souveraineté Internationale, a inscrit la diversité culturelle dans le préambule de sa Constitution. Ainsi, la Culture est devenue le socle de son développement. Introduction Le Président Senghor articula sa politique autour de deux axes fondamentaux que sont l’enracinement dans les valeurs de la civilisation négro-africaine et l’ouverture aux autres civilisations. Il a ainsi accordé la priorité à la formation de l’homme, aux arts et aux lettres et a impulsé un véritable mécénat d’Etat. Introduction Le premier festival mondial des arts nègres a été la consécration de cette politique culturelle qu’il a voulu faire partager à toute la communauté noire. Lors de l’ouverture de la première édition de ce festival mondiale des arts nègres (Fesman), il disait : Introduction « A quelque Dieu, à quelque langue qu’elles appartiennent, les nations sont conviées au dialogue de Dakar, appelées à combler les fossés, dissiper les malentendus, accorder les différences. Participant, depuis toujours, mais toujours à distance et par personnes interposées, à l’édification de la civilisation de l’universel, l’Afrique unie, réunie, offre, à l’attente du monde, aux lieux et place d’une gigantesque panoplie, le sens de ses créations artistiques. Elles disent notre vision, notre obsession de l’homme, parce que du Dieu invisible. Et notre volonté d’aménager la terre pour qu’y chante la lumière du ciel » Introduction Grace à ce fondement culturel sur lequel Senghor a conçu le développement de son pays, le Sénégal est devenu un Etat avec la culture comme moteur de développement. Ce legs culturel du Président-poète a été perpétué par les Présidents Diouf et Wade. Introduction Le Sénégal a été le deuxième pays africain après l’ile Maurice à ratifier la convention de l’Unesco relative à la protection et à la promotion de la diversité des expressions culturelles (110 Etats dont 50 membres ou observateurs de la francophonie). Dire du Sénégal que c’est un pays de culture est donc une lapalissade eu égard à son passé et à ses orientations fortement empreintes de culture. La politique actuelle du Sénégal Les politiques d’ajustement structurel des années 80 ont été un facteur de ralentissement du dynamisme culturel du Sénégal. Cependant, une reprise en mains de la culture par les autorités a été tentée au cours des années 2000. C’est en cette période que furent mis en réseaux des acteurs culturels à travers des cadres fédérateurs comme la coalition nationale pour la diversité culturelle et le réseau des acteurs socioculturels La politique actuelle du Sénégal Ce choix politique a donné naissance à plusieurs projets et programmes inspirés par : la Loi 96-07 du 22 mars 1996, portant transfert des compétences aux régions et aux communautés rurales la « Lettre de Politique de Développement du Secteur de la Culture », signée en juillet 1999 La politique actuelle du Sénégal le Sénégal dispose d’un patrimoine culturel régi par deux textes : •le décret n° 2001 - 1065 du 11décembre 2001, relatif à l’établissement d’un inventaire des sites et des monuments du Sénégal présentant un intérêt historique, archéologique, culturel et naturel. •l’Arrêté n° 05.2006 * 002711/MCPHC/DPC portant publication de la liste des sites et monuments historiques classés et fixant leur régime ainsi que celui des fouilles, découvertes et biens culturels. La politique actuelle du Sénégal 1°) Financement du secteur et allocation des ressources L’Etat occupe la première place dans le financement du secteur de la culture à coté d’autres sources de financement. a°) Contribution de l’Etat : évolution et allocation de 2006 à 2008 De 2006 à 2008, le Ministère a bénéficié d’un volume total de ressources financières qui s’élèvent à plus de 30 millions d’Euros. Ces budgets bien que connaissant une tendance générale à la hausse avec un taux de croissance annuelle moyen de 33 % restent très insuffisants. La politique actuelle du Sénégal b°) les autres sources de financement Au niveau de la coopération multilatérale -L’Union Européenne (UE) -L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) -L’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) -L’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO). Au niveau de la coopération bilatérale :-La Chine-le Japon-la Belgiquela France-les Etats unis… Les partenaires nationaux : - la Fondation Frederich Hebert -la fondation SONATEL- EIFFAGE- SOCOCIM- AGF… La modicité de ces contributions issues de cette coopération constitue un des freins les plus importants pour mener à terme certains programmes. La politique actuelle du Sénégal 2°) Programmes et projets exécutés ou en cours En application de sa lettre de mission, le Département ministériel de la culture a élaboré et mis en œuvre au cours des dernières années les projets et programmes suivants : • réalisation d’infrastructures et d’équipements, •appui à la décentralisation de l’action culturelle, •inventaire des sites et monuments historiques, • numérisation du fonds des archives culturelles, • financement des initiatives privées, •animation de la scène artistique et littéraire nationale, • formation et de renforcement des capacités, • consolidation des relations de coopération culturelle entre le Sénégal et le reste du monde, • « éducation de qualité pour tous (EQPT2)», •Programme national de développement de la culture (Pndc) La politique actuelle du Sénégal 3°) Résultats atteints La mise en œuvre de ces programmes a permis d’atteindre les quelques résultats suivants : •Construction et équipement de huit (8) complexes culturels régionaux ; •Construction de la Direction du patrimoine culturel •Erection de quatre (4) centres régionaux en pôles logistiques et techniques d’appui à l’action culturelle décentralisée. A cet effet, Ziguinchor, Thiès, Fatick et Louga ont été équipés de matériels et logistiques performants dans l’optique de consacrer leur autonomie vis-à-vis de Dakar. Chaque pôle couvre deux à trois régions •Réhabilitation de la Maison de la Culture Douta Seck qui est un centre polyvalent de recherche, d’animation et de diffusion culturelle à vocation nationale et internationale •Institution du Service du «Spectacle Sons et Lumières », comme structure d’appoint technique et matériel aux manifestations culturelles •Organisation biennale décentrée du Festival national des Arts et Cultures La politique actuelle du Sénégal: les Résultats atteints •Organisation de la Biennale de Dakar qui constitue la principale vitrine des arts visuels d’Afrique et de sa diaspora ; •Organisation de la Foire internationale du Livre et du Matériel didactique (FILDAK), rendez-vous biennal des professionnels du livre et de l’imprimé ; •Organisation des Journées nationales du Patrimoine culturel ; •Inventaire des sites et monuments historiques classés ; •Réhabilitation de 30 sites et monuments historiques ; La politique actuelle du Sénégal: les Résultats atteints •Classement des îles de Saint Louis et de Gorée sur la liste du patrimoine mondial ; •Classement transfrontalier des mégalithes de Sine Ngayene (Région de Fatick) sur la liste du patrimoine mondial ; •Inscription du «Kankourang» sur la liste des chefs d’œuvre du patrimoine immatériel de l’UNESCO ; •Numérisation du fonds des archives culturelles ; • Enrôlement de 2 132 000 personnes de 1993 à 2008 dans les programmes d’alphabétisation ; La politique actuelle du Sénégal: les Résultats atteints • Construction et Equipement de vingt deux (22) Centres de Lecture et d’Animation culturelle (CLAC), installés en zones rurales et périurbaines ; • Edition de 293 000 manuels (brochures, guides, textes législatifs) en langues nationales ; • Codification de 18 langues nationales. Malgré les résultats enregistrés, le secteur de la culture peine à jouer son rôle de moteur de développement du fait de nombreux problèmes auxquels sont confrontés les acteurs culturels. La politique actuelle du Sénégal 4°) DIFFICULTES DU SECTEUR DE LA CULTURE qui freinent les programmes En dépit d’un énorme potentiel et du rôle important qu’il joue sur le plan socio-économique, le secteur de la culture n’a pas atteint les niveaux de performances souhaités, du fait de multiples contraintes dont les plus importantes sont : La politique actuelle du Sénégal: les difficultés La dégradation de la production culturelle : L’insuffisance de la décentralisation culturelle : Un déficit de culture de gestion axée sur les résultats : L’insuffisance d’informations statistiques : L’insuffisance de moyens Les politiques actuelles du Sénégal: les difficultés Ces principales difficultés, du fait de leur caractère transversal, sont vécues par les toutes filières •Les arts plastiques • La musique • La photographie • Le cinéma • Le livre • La mode et le stylisme • La gestion du patrimoine •Les langues nationales Les politiques actuelles du Sénégal: les difficultés Malgré toutes ses contrariétés qui constituent un frein certain au développement culturel du Sénégal, la naissance de la convention culturelle de l’Unesco a suscité un grand espoir de relance. La politique actuelle du Sénégal: 5°) Nouvel élan Depuis que le Sénégal a ratifié en novembre 2006 la convention de l’Unesco adoptée en octobre 2005, la diversité culturelle a été fortement boostée. En effet, la culture a connu ces dernières années un nouvel essor. Elle attire de plus en plus l’attention des autorités qui ont clairement défini une politique cadrant plus avec le contenu de la convention. C’est ainsi que la diversité des expressions culturelles a été plus que jamais priorisée. Les sénégalais redécouvrent les valeurs culturelles et la richesse des activités relevant de ce patrimoine. La politique actuelle du Sénégal: Nouvel élan Notre pays met en exergue ses différentes facettes culturelles qui sont l’objet d’attentions particulières des populations et des étrangers. La politique menée par le gouvernement encourage fortement l’initiative privée à travers des subventions favorisant l’organisation annuelle de manifestions culturelles dans toutes les régions du pays. La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan La politique menée par le gouvernement encourage fortement l’initiative privée à travers des subventions favorisant l’organisation annuelle de manifestions culturelles dans toutes les régions du pays. Ces dites subventions participent à la promotion de la diversité des expressions culturelles au Sénégal. De ce fait, l’initiative privée, encouragée, se traduit aujourd’hui par la multiplication des événements culturels à travers tout le pays. . La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan Ainsi, chaque ethnie a son festival et ses manifestations culturelles propres qu’elle organise annuellement. Le festival devient une opportunité de réunir les enfants du terroir autour d’activités appartenant à l’ethnie et il favorise les échanges commerciaux et économiques La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan A titre d’exemple l’on peut citer : -le Festival de Ritti (instrument de musique traditionnel peul) organisé par les Peuls, populations nomades du nord du Sénégal ; - -le festival des peuples de l’eau organisé par les Lébous de la presqu’ile du cap vert, populations autochtones qui vivent au bord de l’eau, La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan •le Khoy qui est une rencontre à dimension culturelle au cours de laquelle les « Saltigués Sérères» (tradipraticiens) prédisent l’avenir, •les 72h de Dioum pendant lesquelles les populations du Fouta revisitent le folklore et les différentes facettes de la culture « Al Pulaar », •le Kankourang à Mbour où les populations, pendant plus d’un mois, font revivre les épopées du génie protecteur de leur ville, • le festival des peuples Bassarie, (population fortement conservatrice vivant à la frontière entre le Sénégal et la Guinée Bissau) pendant lequel, la richesse culturelle millénaire de ce peuple est revisitée, La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan •les manifestations culturelles des peuples djollas (ethnie majoritaire de la région naturelle de la Casamance) •le festival Mandingue ou remémoration de la culture des peuples qui ont jadis occupé une partie de l’empire du mandingue (actuelle région naturelle de la base Casamance et du Mali) …etc. La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan Le Président WADE, dans sa démarche culturelle, n’a pas hésité, malgré la crise et les difficultés économiques, à mobiliser des Dizaines de milliards pour l’organisation du troisième festival mondial des arts et nègres (Fesman 3)du 10 au 31 décembre 2010. Cette haute opportunité culturelle qui a duré 21 jours, a célébré 16 disciplines, des arts anciens au design en passant par la danse et la musique. Sur la Place dakaroise de l’Obélisque où se trouvait la plus grande scène, ainsi que dans d’autres villes du pays qui avaient leurs festivals «labellisés Fesman», se sont notamment produits les plus grands artistes africains et de la diaspora. La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan De nombreuses conférences ont réuni des intellectuels et créateurs de tous horizons et de toutes provenances. Le Brésil était le pays invité d’honneur. Le Fesman a enregistré la participation de 7000 artistes africains et acteurs culturels de la diaspora dont plus de 3000 musiciens (300 groupes de musique). Il va certainement favoriser un apport dans plusieurs secteurs économiques. La politique actuelle du Sénégal: Nouvel Elan Toutefois malgré les efforts consentis par nos Etats en vue de promouvoir et de développer des politiques et des programmes culturels, force est de reconnaître qu’il ya beaucoup encore à faire et les résultats escomptés ne sont pas souvent atteints. L’apport de la convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles peut être à ce niveau déterminant III°) CONCLUSION QUE DOIT-ON ATTENDRE DE LA CONVENTION POUR UNE AMELIORATION DES POLITIQUES CULTURELLES? L’ apport attendu de la convention après sa ratification par le Sénégal (2éme pays africain à l’avoir ratifié après l’ile Maurice), est le renforcement de l’accompagnement dans la stratégie de protection et de promotion de la culture. Les pays en voie de développement, avec le soutien des Institutions internationales, gagneraient à mieux s’approprier la convention à travers toutes ses dispositions pour une bonne application de leurs politiques et programmes culturels, gage d’un développement durable. Conclusion Cependant, comment l’UNESCO, la francophonie et l’APF vont s’y prendre pour réussir ce pari ? La Conférence du Québec amorcera sans nul doute des hypothèses d’évolution pertinentes. Par ailleurs, la convention doit-être mieux vulgarisée au niveau des Etats pour que les pays prennent conscience que la culture est un maillon fort de leur développement. Conclusion En définitive, il s’agit pour la francophonie et l’APF aujourd’hui, après avoir joué un rôle important dans la naissance puis dans la ratification de cette convention, de passer à sa mise en œuvre comme nous y invite notre secrétaire général, Monsieur Jacques LEGENDRE. Il faut reconnaitre toutefois que ce combat n’est pas gagné d’avance. Il s’agit, entre autres, de demander aux chefs d’Etat d’accorder une place plus importante à la culture dans leur politique de développement notamment en augmentant le budget du secteur. Conclusion Aussi, au delà de la robe d’avocat que l’APF nous demande de porter pour un plaidoyer fort dans nos pays respectifs, il convient de faire participer les chefs d’Etat et de gouvernement à la promotion de la convention à travers des rencontres comme celle-ci dont les conclusions pourront servir de tremplin pour une documentation efficiente. Conclusion Toujours à propos de notre rencontre d’aujourd’hui et de la perspective qui est la nôtre de vouloir participer activement à la mise en œuvre de la convention sur la protection et la promotion des diversités culturelles nous proposons des questions dont les réponses pourront peut-être constituer une véritable charpente dans le déroulement de notre programme de mise en œuvre de la convention. Conclusion •Comment promouvoir la culture pour qu’elle soit un vecteur de développement dans les pays sous-développés? •Comment peut-on aider les pays à faibles ressources à faire de la culture un levier de développement ? •Comment peut-on encourager le dialogue des cultures notamment entre les pays du nord et ceux du sud ? • N’y a-t-il pas un déséquilibre en faveur des pays du nord de par des moyens financiers plus importants ? •En quoi la culture peut-être un tremplin pour le développement notamment dans les pays du sud ? Conclusion •Quel lien existe-t-il entre culture et développement économique ? Si oui, comment faire ressortir de manière claire ce lien afin de rendre les Etats moins frileux quant à l’adoption et le financement de politiques culturelles ? •Enfin, quel sera le plan d’action de l’APF pour accompagner la mise en œuvre de cette convention ? Nous saisissons l’opportunité offerte par la célébration des 5 ans de la convention pour magnifier l’effort considérable que l’Etat du Québec a joué dans la naissance et la ratification de la convention. Conclusion Je vous remercie de votre attention.