Critiques Cinéma

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Critiques Cinéma
Cinéma
Critique
Old Boy
Un film de Park Chan Whook
Pendant quinze ans, un homme est enfermé dans une chambre. À sa
sortie, il n’a plus qu’une chose en tête : savoir qui l’a emprisonné et
pourquoi.
Décoré à Cannes, ce film coréen est construit de manière magistrale. On
se laisse emporter tout au long de l’histoire par l’acteur principal. Sa haine tellement énorme, son
désir de vengeance insatiable, Choi Min-Sik les exprime parfaitement.
Comment ne pas se souvenir de ces scènes chocs où Choi Min-Sik mange un poulpe, où il frappe
les murs de sa chambre avec son poing ou quand il crie comme un enragé dans sa voiture ?
Son ennemi par contre est extrêmement calme. Et c’est en suivant Choi Min-Sik que nous le
découvrons.
Ce film asiatique a pu éviter de tomber dans les pièges hollywoodiens. Le personnage principal est
donc tout sauf un héros parfait, la fin reste ouverte et puis il se moque de tout ces films idiots où le
héros met tout le monde à terre sans une égratignure (attention scène mythique).
Certains disent que ce film est violent... c’est vrai mais ce n’est pas de la violence gratuite mais
plutôt le résultat de la haine de deux personnages extrêmes dans des circonstances extrêmes.
En résumé, un film noir, violent mais superbe et inattendu.
Simon Pêtre
Un long dimanche de fiançailles
Un film de Jean-Pierre Jeunet, avec Audrey Tautou, Gaspard Ulliel, Dominique Pinon, et André Dussollier.
Mathilde aime Manech. Manech aime Mathilde. Seulement, la Grande Guerre les sépare. Manech
est mobilisé sur le front pour garnir les tranchées de la Somme. Ce qu’il découvre là-bas l’écœure.
N’y a-t-il pas réaction plus humaine ? Il en vient dès lors à recourir à la mutilation volontaire. Or,
les juges de la Cour martiale ne sont pas dupes. Avec quatre autres mutilés, il est condamné à mort
et les hasards de circonstance les amènent à se retrouver sur le no man’s land séparant les tranchées
françaises de celles de leurs ennemis allemands.
En 1919, Mathilde attend toujours Manech qui, près d’un an après la fin de la guerre, n’est pas
encore revenu dans sa Bretagne natale. Tout porte à croire qu’il a péri au beau milieu de cette
boucherie. Pourtant, Mathilde persiste à se fier à son intuition première. Au gré d’espoir et de
désespoir, elle va mener sa propre contre-enquête.
Jean-Pierre Jeunet est parvenu à mêler adroitement drame et guerre. Il retransmet sur écran toutes
les facettes de la guerre 14-18 avec un réalisme méticuleux. Il y apporte d’aimables touches
d’humour et d’émotion, s’encadrant d’acteurs aux faciès typiques les plus adéquats pour la
situation. Il conte ainsi avec dextérité son histoire qui, certes, par sa complexité, contraint parfois
ses spectateurs à lâcher prise et à se perdre dans les lourds méandres du scénario ; scénario qui, bien
que très fluide, semble, dès lors, par moment trop long.
Tout cela, il le fait avec le style qui lui est propre. Ce qui amène certaines critiques à reprocher à
"Un long dimanche de fiançailles" ses trop et très troublantes ressemblances avec le dernier long
métrage à succès, que Jeunet réalisa, "Le fabuleux destin d’Amélie Poulain". Or, il est d’avis qu’il
n’est rien de plus non-avenu qu’une telle accusation. Qu’aurait-on supputé si Picasso n’avait peint
qu’un seul tableau cubiste ? Qu’aurait-on maugréé, insatisfaits, si Beethoven n’avait composé
qu’une seule sonate pour piano ? Jean-Pierre Jeunet fait de même. Il ne cherche qu’à améliorer son
style, qu’à l’approcher de son stade le plus abouti possible.
Thomas Vermer
Novembre 2004 - Le Marais
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