Bâtir un Canada en santé - Canadian Journal of Public Health
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Bâtir un Canada en santé - Canadian Journal of Public Health
REVUE CANADIENNE de SANTÉ PUBLIQUE CANADIAN JOURNAL of PUBLIC HEALTH Supplément 1 Volume 106(1) Supplement 1 Bâtir un Canada en santé ESTABLISHED IN 1910 cjph.cpha.ca ÉTABLI EN 1910 Remerciements Le présent supplément et les articles qu’il contient n’auraient pas été possibles sans le financement accordé à la coalition Bâtir un Canada en santé par Santé Canada via le programme COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) du Partenariat canadien contre le cancer. Des fonds ont également été fournis par le Réseau canadien pour la santé urbaine, la Real Estate Foundation of British Columbia et la fondation Bullitt. Les points de vue exprimés dans ce supplément sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux des bailleurs de fonds du projet. Photos de couverture : En haut à gauche : Sentier récréatif pour piétons et cyclistes, Vancouver, Gene Chin, 2013. En haut à droite : Région du Grand Toronto, autoroute de la série 400, Kim Perrotta, 2014. En bas à gauche : Toronto, rue King, Kim Perrotta, 2014. En bas à droite : Piste cyclable, Montréal, Daniel Tobias. REVUE CANADIENNE de SANTÉ PUBLIQUE CANADIAN JOURNAL of PUBLIC HEALTH TABLE DES MATIÈRES Bâtir un Canada en santé AVANT-PROPOS/PRÉFACE eS2 Introduction M. Arango COMMENTAIRE eS3 Bâtir un Canada en santé : traduire les connaissances scientifiques en action et en prévention D.L. Mowat eS5 Toronto, une ville saine à dessein : pour un milieu bâti plus sain R.G. Macfarlane, L.P. Wood, M.E. Campbell eS9 Influencer les politiques publiques : deux (très bonnes) raisons de se tourner vers les connaissances scientifiques en politique publique F. Gagnon, O. Bellefleur RECHERCHE QUANTITATIVE eS12 La demande de marchabilité insatisfaite : disparités entre les préférences et les choix réels de cadres de vie à Toronto et Vancouver L.D. Frank, S.E. Kershaw, J.E. Chapman, M. Campbell, H. Swinkels eS22 Projets de proximité axés sur l’environnement bâti : association avec la défavorisation du quartier, la diversité des usages du sol et le risque de traumatismes pour les usagers de la route A.S. Dubé, M. Beausoleil, C. Gosselin, G. Beaulne, S. Paquin, A. Pelletier, S. Goudreau, M.-H. Poirier, L. Drouin, L. Gauvin eS27 Application d’un outil fondé sur les données probantes pour évaluer les effets sanitaires de changements dans le milieu bâti J.M. Ulmer, J.E. Chapman, S.E. Kershaw, M. Campbell, L.D. Frank INTERVENTION EN SANTÉ PUBLIQUE eS35 Intégrer la prise en compte des impacts sur la santé dans les processus d’approbation des plans d’aménagement du territoire : l’élaboration d’un cadre d’étude de base sur la santé B.W. Moloughney, G.E. Bursey, J. Neumann, D.H. Leeming, C.E. Gutmann, B. Sivanand, D.L. Mowat eS43 Pour que les autorités sanitaires influencent davantage l’aménagement du territoire et la planification des transports : leçons du projet Bâtir un Canada en santé de l’initiative COALITION en Colombie-Britannique A. Miro, K. Perrotta, H. Evans, N.A. Kishchuk, C. Gram, R.S. Stanwick, H.M. Swinkels eS54 La coalition Bâtir un Canada en santé : Leçons de la première phase d’une initiative intersectorielle et interprovinciale sur le milieu bâti A. Miro, N.A. Kishchuk, K. Perrotta, H.M. Swinkels eS64 Bâtir une communauté de pratique : la coalition Bâtir un Canada en santé renouvelée – Post-scriptum K. Perrotta ÉDITEUR Association canadienne de santé publique Ian Culbert, Directeur général © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. ISSN 0008-4263 SIÈGE SOCIAL Revue canadienne de santé publique 1525, avenue Carling, bureau 404 Ottawa (Ontario) Canada K1Z 8R9 Tél. : 613-725-3769 Téléc. : 613-725-9826 Courriel : [email protected] journal.cpha.ca PERSONNEL Louise Potvin (Rédactrice en chef) Karen Craven (Rédactrice adjointe) Debbie Buchanan (Adjointe à la rédaction) © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS1 Introduction Au nom de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, je suis fier de présenter cette édition spéciale de la Revue canadienne de santé publique (RCSP) consacrée au travail des partenaires de la coalition Bâtir un Canada en santé (BUCS) du projet COALITION I. La coalition BUCS, créée en 2009, est financée Partenaires de la coalition Bâtir un Canada en santé du depuis cinq ans par le Partenariat canadien contre le projet COALITION I cancer dans le cadre de l’initiative Connaissances et • Fondation des maladies du cœur et de l’AVC action liées pour une meilleure prévention • Réseau canadien pour la santé urbaine (COALITION) et de Santé Canada. Il y a eu deux • Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé phases à la coalition BUCS : le projet COALITION I, • Institut canadien des urbanistes financé de 2009 à 2012, et le projet COALITION • Fraser Health Authority renouvelé, financé de 2012 à 2014. Les articles du • Direction de santé publique de Montréal présent supplément à la RCSP sont fondés sur les • Bureau de santé de la région de Peel projets financés dans le cadre du projet COALITION I • Santé publique Toronto seulement. La coalition BUCS est un partenariat • Vancouver Coastal Health intersectoriel. Dans le cadre du projet COALITION I, • Vancouver Island Health Authority elle a inclus 10 partenaires : quatre partenaires nationaux et six autorités de santé publique dans trois provinces. La vision de la Coalition en est une où les autorités sanitaires, les planificateurs, les ingénieurs, les ONG et les universitaires des communautés de tout le Canada collaborent à la création de milieux bâtis sains qui soutiennent et favorisent la santé et les modes de vie sains. La Coalition s’attache particulièrement à créer des communautés propices à l’activité physique, l’objectif à long terme étant de réduire les maladies chroniques comme les cardiopathies, le cancer et le diabète. Les huit articles du supplément traitent des recherches orientées vers les politiques qui ont été menées, des outils et des ressources qui ont été élaborés et des interventions qui ont été employées, tout cela dans le but de tenir compte de la santé dans les processus d’usage du sol et de planification des transports qui façonnent les communautés et qui influent sur la santé de leurs résidents. Ce fut un privilège pour la Fondation que d’être l’organisme responsable du soutien stratégique et administratif de la coalition Bâtir un Canada en santé au cours des cinq dernières années. Manuel Arango, directeur, politique de la santé Fondation des maladies du cœur et de l’AVC eS2 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. COMMENTAIRE Bâtir un Canada en santé : traduire les connaissances scientifiques en action et en prévention David L. Mowat, M.B.Ch.B., M.P.H., F.R.C.P.C., F.F.P.H. I l y a 10 ans, peu de lecteurs de la Revue canadienne de santé publique auraient eu plus qu’une vague connaissance de la question du milieu bâti et de la santé. Aujourd’hui, cette question est solidement ancrée dans la pratique de la santé publique. Elle figure au programme de conférences, les étudiants s’attendent à ce qu’on en parle, et on entreprend et on publie davantage d’études sur le sujet1. De 1993 à 2003, Medline recensait 176 articles liés au milieu bâti; entre 2003 et 2013, il y en a eu 1 003. La plupart des études publiées portent sur les relations entre l’aménagement du territoire, la marchabilité, le transport actif et un éventail de résultats sanitaires, comme la masse corporelle et le diabète, ainsi que des sujets aussi divers que la connexité sociale, les traumatismes et la qualité de l’air. Que pouvons-nous conclure de ce corpus de recherches? Des associations transversales – comme celles entre les indicateurs d’aménagement du territoire, en particulier la densité de population résidentielle, l’utilisation des moyens de transport actifs et la prévalence de l’obésité – sont systématiquement reproduites 2-7 . Ces preuves sont loin d’être concluantes cependant; les résultats d’études longitudinales sont rares, et les difficultés méthodologiques abondent. Entre autres, les mesures des caractéristiques d’utilisation des terres à l’échelle géographique peuvent ne pas saisir tous les effets à une échelle différente : une petite oasis de « nouvel urbanisme » sertie dans une vaste zone de banlieues tributaires de l’automobile pourrait ne pas être complètement efficace. La difficulté a souvent trait à la complexité inhérente des objets à l’étude : la forme construite, les systèmes d’aménagement du territoire et de planification des transports, et les interventions8-10. Pas étonnant qu’aujourd’hui on ne puisse pas répondre avec assurance à des questions comme « Comment fait-on pour concevoir un quartier où les enfants seront plus susceptibles de se rendre à l’école à pied ou en vélo? » ou « Quel est l’effet net des carrefours giratoires sur la santé? » Il faudrait clairement davantage d’études empiriques, mais il faut être réaliste quant à la vraisemblance de trouver des réponses simples, que l’on pourra facilement mettre en application partout. Comme l’écrit Pawson, « Les interventions sociales sont si complexes qu’il y a peu d’espoir de les reproduire telles quelles; même si c’était possible, elles sont si sensibles au contexte que le “même” assemblage, dans d’autres circonstances, peut rater. Néanmoins, la planification possible dans des systèmes ouverts consiste à réunir une foule d’expériences sur les options et les possibilités et à comprendre quels genres de choses fonctionnent pour quels genres de sujets, dans quels genres de situations11 » (traduction libre). © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. Les praticiens de la santé publique sont convaincus que les caractéristiques du milieu bâti exercent une grande influence sur la santé, mais ils ne sont pas encore capables de trouver des preuves solides pour orienter des interventions précises, adaptées aux circonstances locales12. Il reste que les arguments en faveur d’une action immédiate sont convaincants. Entre 1978 et 2009, les taux d’obésité mesurés chez les Canadiens adultes ont grimpé de 13,8 % à 25,4 %13. La prévalence du diabète augmente – de 6,4 % en 2002-2003, elle est passée à 8,7 % en 2008-200914. À peine 15 % des adultes et 7 % des enfants et des jeunes affichent les niveaux d’activité physique recommandés15,16, et les niveaux de forme physique des enfants et des jeunes ont diminué entre 1981 et 2007-200917. Autour des grands centres urbains, on continue d’asphalter les terres agricoles au profit de développements domiciliaires à faible densité, tributaires de l’automobile. Simultanément, les personnes qui se préoccupent de la durabilité écologique, de la qualité de vie ou des pertes économiques dues à l’encombrement de la circulation ou à l’entretien d’infrastructures tentaculaires expriment elles aussi des craintes. De meilleures politiques d’aménagement du territoire et de transport semblent offrir un vaste éventail d’avantages sociétaux et montrent peu de signes d’effets néfastes. La difficulté est de trouver les moyens d’opérer les changements désirés. L’initiative COALITION – Connaissances et action liées pour une meilleure prévention, un programme de subventions financé par le Partenariat canadien contre le cancer et par Santé Canada, vise à mettre les connaissances en action, à promouvoir les partenariats entre les intéressés et à générer des « données probantes fondées sur la pratique », sachant que le maillage de pratiques novatrices avec les mécanismes de recherche appropriés peut mener à des percées dans les connaissances sur les processus et les effets de systèmes complexes, comme les inter ventions en santé des populations18. L’une des coalitions financées par l’initiative COALITION s’appelle Bâtir un Canada en santé (BUCS); ses membres sont le Réseau canadien pour la santé urbaine (les directeurs de santé publique ou médecins hygiénistes de 19 grandes villes), la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, l’Institut canadien des urbanistes, le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé et l’Institut canadien des ingénieurs en transport. La première phase a englobé le travail de six autorités sanitaires dans trois provinces, comme l’expliquent Miro et coll. dans le résumé de BUCS 19 . La phase actuelle, qui n’est pas abordée dans le Affiliation de l’auteur Médecin-hygiéniste, Région de Peel (Ontario) REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS3 BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ présent supplément, a été élargie pour inclure six autres autorités sanitaires dans cinq autres provinces. Les articles du présent supplément décrivent certaines des activités de BUCS à Vancouver, Toronto et Montréal et les progrès qui en ont résulté. Macfarlane et coll., à Toronto, nous rappellent que le milieu bâti en tant qu’enjeu sanitaire a à certains endroits plusieurs dizaines d’années d’histoire : le mouvement des Villes-santé, par exemple, a été le fondement des initiatives en cours 20 . Montréal a déjà mobilisé des regroupements de quartier et des ONG autour d’enjeux liés au milieu bâti, comme l’explique l’article de Dubé et coll. sur la participation citoyenne à l’élaboration de politiques publiques de transport actif21. L’article de Gagnon et Bellefleur examine deux nécessités de l’élaboration de politiques publiques saines : en prédire les effets et en évaluer la viabilité politique22. Le premier aspect est repris par Ulmer et coll., qui décrivent l’application d’un outil logiciel fondé sur les preuves dans une évaluation des effets sanitaires de la remise en valeur d’un site désaffecté à Toronto23. L’article de Moloughney et coll. décrit un autre outil fondé sur les preuves et son adoption systématique pour l’évaluation de propositions d’aménagement (principalement sur des sites de première implantation) dans la région de Peel 24 . Miro et coll. réfléchissent à l’expérience de la Colombie-Britannique, où l’on a voulu renforcer la capacité de participer aux processus d’aménagement du territoire et de planification des transports, tisser des liens entre les acteurs du milieu et influencer les plans et les politiques25. Enfin, pour illustrer la question de l’acceptabilité des politiques, les résultats d’un sondage sur les préférences résidentielles mené dans la région du Grand Toronto et dans la région métropolitaine de Vancouver par Frank et coll. indiquent qu’il existe une demande pour des communautés propices à la marche, et qu’elle n’est pas entièrement comblée par les schémas d’aménagement actuels26. Les projets décrits ici montrent qu’il est possible de faire fond sur des preuves empiriques pour élaborer des initiatives qui mettent à l’essai des approches pratiques et en partager les constatations avec d’autres. Ces projets ne représentent qu’une petite partie des activités menées par des professionnels de la santé publique en collaboration avec des urbanistes, des ingénieurs en transport, des ONG et d’autres partout au Canada. En même temps, nous devons continuer à évaluer les nouvelles pratiques aussi rigoureusement que possible afin de produire des connaissances généralisables. Ce sera difficile, pour les raisons susmentionnées; mais ce n’est que par une combinaison d’études empiriques et d’observations critiques, reposant sur des bases théoriques, que ce domaine continuera d’avancer. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. Jackson RJ, Dannenberg AL, Frumkin H, 2013, « Health and the built environment: 10 years after », Am J Public Health, 103, p. 1542-1544. Feng J, Glass T, Curriero F, Stewart W, Schwartz B, 2010, « The built environment and obesity: A systematic review of the epidemiological evidence », Health Place, 16, p. 175-190. 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Dubé AS, Beausoleil M, Gosselin C, Beaulme G, Paquin S, Pelletier A et coll., 2015, « Projets de proximité axés sur l’environnement bâti : association avec la défavorisation du quartier, la diversité des usages du sol et le risque de traumatismes pour les usagers de la route », Rev can santé publique, 106 (suppl. 1), p. eS22-eS26. Gagnon F, Bellefleur O, 2015, « Influencer les politiques publiques : deux (très bonnes) raisons de se tourner vers le savoir scientifique en politique publique », Rev can santé publique, 106 (suppl. 1), p. eS9-eS11. Ulmer JM, Chapman JD, Kershaw SE, Campbell M, Frank LD, 2015, « Application d’un outil fondé sur les données probantes pour évaluer les effets sanitaires de changements dans le milieu bâti », Rev can santé publique, 106 (suppl. 1), p. eS27-eS34. Moloughney BW, Bursey GE, Neumann J, Leeming DH, Gutmann CE, Sivanand B, Mowat DL, 2015, « Intégrer la prise en compte des impacts sur la santé dans les processus d’approbation des plans d’aménagement du territoire : l’élaboration du cadre d’une étude de base sur la santé », Rev can santé publique, 106 (suppl. 1), p. eS35-eS42. Miro A, Perrotta K, Evans H, Kishchuk NA, Gram C, Stanwick RS, Swinkels HM, 2015, « Pour que les autorités sanitaires influencent davantage l’aménagement du territoire et la planification des transports : leçons du projet Bâtir un Canada en santé de l’initiative COALITION en Colombie-Britannique », Rev can santé publique, 106 (suppl. 1), p. eS43-eS53. Frank LD, Kershaw SE, Chapman JE, Campbell M, Swinkels H, 2015, « La demande de marchabilité insatisfaite : disparités entre les préférences et les choix réels de cadres de vie à Toronto et Vancouver », Rev can santé publique, 106 (suppl. 1), p. eS12-eS21. COMMENTAIRE Toronto, une ville saine à dessein : pour un milieu bâti plus sain Ronald G. Macfarlane, M.Sc., Linda P. Wood, M.A., Monica E. Campbell, Ph.D. RÉSUMÉ Les maladies chroniques, l’obésité et les modes de vie sédentaires sont parmi les enjeux sanitaires auxquels le Canada fait face aujourd’hui. Il est de plus en plus reconnu et prouvé que la façon dont nos villes sont planifiées, conçues et bâties peut contribuer à ces problèmes. Bon nombre des leviers stratégiques pour aborder le milieu bâti existent en dehors du secteur de la santé, à l’échelle municipale, dans des domaines comme l’urbanisme, les transports, les parcs et les loisirs, et le logement. Le défi pour le secteur de la santé publique est de tisser et d’entretenir des partenariats et des collaborations entre divers secteurs pour que l’on tienne compte de la santé dans les politiques sur le milieu bâti. À titre de bureau de santé publique pour la ville de Toronto et d’élément de l’administration municipale, le Service de santé publique de Toronto est particulièrement bien placé pour fournir l’impulsion, l’action sociale et le soutien nécessaires à des politiques publiques municipales saines liées au milieu bâti. Notre article présente des exemples d’initiatives du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) entreprises pour favoriser l’appui aux politiques publiques saines dans le milieu bâti et suggère que l’approche des « Villes-santé » est un cadre utile pour promouvoir un changement d’orientation dans le milieu bâti à l’échelle municipale. MOTS CLÉS : politique publique; santé publique; milieu bâti; urbanisme; santé en zone urbaine; action intersectorielle Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS5-eS8. A u cours des dernières décennies, les maladies chroniques comme l’asthme, le diabète, le cancer, l’hypertension artérielle et les maladies coronariennes sont devenues les problèmes de santé les plus courants des Canadiens. Toronto est confrontée à un alourdissement du fardeau des troubles médicaux chroniques courants et de leurs facteurs de risque. Environ 30 % des résidents de 12 ans et plus ont dit avoir reçu un diagnostic d’un ou plusieurs états chroniques courants en 20081. On reconnaît de plus en plus que les façons dont nos milieux de vie sont planifiés, conçus et bâtis ont une incidence sur ces états et facteurs de risque. On réclame donc des améliorations au milieu bâti pour aborder les enjeux sanitaires actuels. Étant donné que de nombreuses politiques et décisions liées au milieu bâti sont formulées hors du secteur de la santé, dans des domaines comme l’urbanisme et les transports, le secteur de la santé publique doit trouver des moyens efficaces d’influencer et d’appuyer les responsables des décisions qui touchent la qualité de vie en milieu urbain. Notre article explique comment une approche comme celle des « Villes-santé » peut contribuer à promouvoir des politiques publiques saines, en citant des exemples d’initiatives du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention). L’approche des Villes-santé pour le milieu bâti Le concept de la « ville-santé » est attribué à Edwin Chadwick, secrétaire de la commission Health in Towns établie en Angleterre en 1843 2 . En 1909, le Canada crée la Commission de la conservation. Selon son comité de santé publique, le bon aménagement urbain est essentiel à la préservation de l’environnement et de la santé des gens. En 1910, Toronto est © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. l’une des premières villes au monde à procéder à la chloration de l’eau potable, puis en 1915, à celle des eaux usées et des eaux filtrées. En juillet 1915, la revue Maclean’s déclare que Toronto est la plus saine des grandes villes du monde. Ce niveau élevé de santé publique est atteint sous la direction du Dr Charles Hastings, médecin hygiéniste, avec l’engagement politique du conseil municipal et l’appui de la population. Ces mesures d’intervention en santé publique et celles qui s’ensuivent allègeront beaucoup le fardeau des maladies transmissibles. Après un hiatus dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale, on assiste dans les années 1980 à un regain d’intérêt pour l’impact des environnements urbains sur la santé. Le concept des Villes-santé se développe à la suite d’une conférence, Au-delà des soins de santé, tenue à Toronto en 19842. Celle-ci est suivie d’un projet lancé en 1985 par le Bureau régional pour l’Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS); il mène à la création du mouvement mondial des Villes-santé, dans le cadre duquel des villes du monde entier abordent la santé urbaine selon une approche intersectorielle. Le mouvement cherche à appliquer à l’échelle locale les concepts et les stratégies de promotion de la santé définis dans la Charte d’Ottawa3. L’approche de la Ville-santé reconnaît que la santé est influencée par les conditions sociales, économiques et ambiantes d’une ville (Figure 1)4. Elle part de l’hypothèse selon laquelle, pour optimiser la santé de la population, la communauté doit Affiliation des auteurs Service de santé publique de Toronto, Toronto (Ontario) Correspondance : Ronald Macfarlane, Service de santé publique de Toronto, 277, rue Victoria, Toronto (Ontario) M5B 1W2, tél. : 416-392-6788, courriel : [email protected] Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS5 TORONTO, UNE VILLE SAINE À DESSEIN être conviviale, équitable et vivable; l’économie doit bien se porter et être durable sur le plan social; la prospérité doit être répartie équitablement au sein de la population; et l’environnement doit être durable, viable et vivable. Selon la vision de l’OMS, une ville-santé est une ville « qui crée et améliore en permanence les environnements physiques et sociaux et développe les ressources communautaires qui permettent aux individus de se soutenir mutuellement pour accomplir toutes les fonctions de la vie et réaliser pleinement leur potentiel5 ». Une ville-santé cherche à instaurer un contexte de sollicitude et de soutien pour tous les citoyens et tient compte de leurs divers besoins; elle ménage les conditions et opportunités qui favorisent les modes de vie sains; et elle offre un milieu physique et un environnement bâti accessibles à l’ensemble des citoyens, qui favorisent la santé, les activités récréatives et le bienêtre, la sécurité, l’interaction sociale, la mobilité, un sentiment de fierté et une identité culturelle. Cette approche met l’accent sur des principes de politique publique saine, de mobilisation des administrations locales, de participation populaire et de coopération intersectorielle. Elle invite les administrations locales à prendre conscience des enjeux sanitaires enfouis dans leurs politiques, leurs programmes et leurs services. La création d’une ville-santé est un processus qui vise à mettre la santé au premier rang des préoccupations des décideurs, qui mobilise des partenariats et permet la collaboration entre les secteurs, qui encourage la participation communautaire et qui veille à ce que la politique publique favorise la santé des résidents. Faire de Toronto une ville saine à dessein Au moment où l’OMS élabore ses initiatives des Villes-santé, Toronto prend des mesures dans le même sens. En 1986, le Conseil de la santé de la ville forme le sous-comité Healthy Toronto 2000, qu’il charge de formuler des orientations sur les moyens de créer une ville plus saine, ce qui aboutit à la création du Bureau Ville en santé (BVS) en 19896. À la recommandation du Conseil, en 1987, l’ancienne Ville de Toronto approuve aussi la création du Bureau de protection de l’environnement (BPE) au sein des services de santé; il a pour mandat de détecter et de prévenir les menaces environnementales pour la santé humaine à Toronto. Après la fusion des six municipalités de la communauté urbaine de Toronto en 1998, on insiste davantage sur la durabilité écologique que sur la santé urbaine. Le BVS, que l’on a intégré dans l’Unité des politiques stratégiques et ministérielles du Bureau du directeur général de l’administration, pilote la publication du Plan environnemental en 2001. À la faveur d’une réorganisation des services de la ville en 2006, le BVT est dissous et remplacé par le Bureau environnemental de Toronto. Ce dernier publie en 2007 un « Plan d’action sur le changement climatique, l’air pur et l’énergie durable ». Les élections municipales de 2010 changent radicalement le climat politique de la ville : le maire et le conseil municipal mettent désormais l’accent sur la responsabilité financière de l’administration municipale. En 2010, le Service de santé publique de Toronto (SSPT) crée une Direction de la politique publique saine dans laquelle on intègre le BPE. Le mandat de cette nouvelle direction est d’aborder les déterminants environnementaux, sociaux et économiques de la santé. Figure 1. Le modèle de la Ville-santé Source : voir la référence no 4 À Toronto, les services de santé publique font partie de l’administration municipale. Il leur est donc possible d’influencer directement les processus décisionnels locaux. Le SSPT est le plus grand bureau de santé au Canada; il est chargé de protéger et de promouvoir la santé des quelque 2,7 millions de résidents de la Ville de Toronto. Selon les Normes de santé publique de l’Ontario (2008) 7 , les bureaux de santé publique ont le mandat de collaborer avec la municipalité afin de soutenir l’élaboration de politiques publiques saines et de créer des milieux bâtis favorables. L’une des priorités stratégiques du SSPT est de se faire le champion des politiques publiques saines en faisant appel à des approches pangouvernementales et à la collaboration intersectorielle. En octobre 2011, le SSPT profite de la publication du rapport Healthy Toronto by Design8 pour parrainer la prise en compte de la santé dans les décisions de l’administration municipale en revenant à l’approche de la « Ville en santé », alors que le maire se concentre sur la réduction des dépenses publiques. Des initiatives pour améliorer le milieu bâti à Toronto Membre actif du Réseau canadien pour la santé urbaine, le SSPT est invité en 2009 à participer à plusieurs initiatives du projet COALITION : élaborer des outils d’aide à la décision fondés sur la santé pour les utiliser dans le processus d’aménagement du territoire; mieux comprendre et faire comprendre la relation entre le milieu bâti et les résultats sanitaires; et explorer comment miser sur les améliorations stratégiques et l’implication du public pour créer des milieux plus sains qui contribuent en bout de ligne à prévenir les maladies chroniques (tableau 1). Ces initiatives bénéficient de la collaboration de plusieurs services de la ville, dont la Division de l’urbanisme, le Bureau de modernisation des tours d’habitation et le Service des transports, et de celle de partenaires communautaires, dont le Centre for Urban Growth and Renewal, le Toronto Centre for Active Transportation et Centraide. Elles contribuent à promouvoir la santé des milieux eS6 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) TORONTO, UNE VILLE SAINE À DESSEIN Tableau 1. Initiatives choisies du Service de santé publique de Toronto sur le milieu bâti* Initiative Healthy Toronto by Design Description Le rapport Healthy Toronto by Design8 (octobre 2011) décrit les grands impacts des villes et de leur conception sur la santé et souligne le rôle des administrations locales dans la création de villes saines, vivables et prospères. Objectif Collaboration accrue avec les autres services de l’administration municipale et de ses agences pour que l’on tienne compte de la santé dans les processus décisionnels. Sondage sur les préférences résidentielles Le rapport Walkable City: Neighbourhood Design and Preferences, Travel Choices and Health13 (avril 2012) résume les résultats du Sondage sur les préférences résidentielles et inclut des cartes indiquant les secteurs peu propices à la marche et à faible revenu qui profiteraient le plus d’interventions visant à rehausser le potentiel piétonnier. Soutien accru aux changements nécessaires pour rehausser le potentiel piétonnier des quartiers et mise en place de mesures pour favoriser des améliorations dans les secteurs de Toronto actuellement moins propices à la marche, en particulier les quartiers où vivent une proportion élevée de personnes à faible revenu. Transport actif et santé Le rapport Road to Health: Improving Walking and Cycling in Amélioration de l’infrastructure de transport actif, adoption de Toronto14 (avril 2012) examine les avantages du transport actif mesures de sécurité et accroissement des taux de marche et de pour la santé, notamment ses avantages économiques, sociaux, cyclisme chez les résidents de Toronto. environnementaux et liés au système de transport. Built Environment Health Impact Assessment (outil logiciel) Un outil logiciel pour aider les décideurs et les responsables des politiques à comprendre les effets possibles de différentes approches de conception des quartiers sur des résultats sanitaires comme les niveaux d’activité physique, le poids et les émissions de gaz à effet de serre (2010-2012). Examen du Plan des parcs de Toronto Le rapport Improving Health and Health Equity through the Investissements accrus et accès amélioré aux parcs pour les personnes les plus défavorisées. Toronto Parks Plan16 (novembre 2011) explique le rôle des parcs dans la promotion de la santé en soulignant spécifiquement comment le Plan des parcs de Toronto pourrait aussi contribuer à réduire les iniquités face à la santé. Planning a Healthier Toronto17 (table ronde) Une table ronde de spécialistes de la santé et de l’urbanisme a cerné des enjeux hautement prioritaires à Toronto et suggéré des moyens de renforcer le Plan officiel de la ville (mars 2012). Insertion dans le Plan officiel de politiques qui contribuent à réduire les inégalités et à favoriser des milieux bâtis plus sains dans les secteurs où l’on prévoit peu de croissance. Toward Healthier Apartment Neighbourhoods15 Synthèse des obstacles et des opportunités liés au zonage pour promouvoir des quartiers plus sains, en particulier dans les grappes de tours d’habitation résidentielles situées dans les secteurs à faible revenu et les banlieues proches de Toronto (septembre 2012). Suppression des obstacles à la création de quartiers plus sains et plus propices à la marche dans les grappes actuelles d’immeubles d’habitation à usage mixte de Toronto. Inventaire des pratiques exemplaires L’inventaire Creating Healthy Built Environments18 (mai 2012) présente des pratiques et des politiques novatrices en usage dans l’administration municipale torontoise. Adoption généralisée d’initiatives susceptibles d’améliorer le milieu bâti et la santé. Rendre disponible au public et aux décideurs de l’information sur les avantages pour la santé des options présentées dans les grandes propositions d’aménagement et de réaménagement, afin d’éclairer les décisions. * Pour en savoir davantage sur ces initiatives : www.toronto.ca/health/builtenvironment (consulté le 1er avril 2014). bâtis en produisant de nouvelles données probantes grâce à la recherche, en faisant la synthèse des connaissances, en créant des outils d’aide à la décision, en rehaussant le transfert des connaissances et en améliorant la promotion de choix plus sains. DISCUSSION On a décrit les Villes-santé comme étant un mouvement social qui vise à améliorer la santé des citadins 9 . Son approche fondamentale inclut la collaboration intersectorielle, l’action communautaire et la poursuite de l’équité. Un « cadre d’action sociale en coalition » définit le processus de réorientation des politiques comme étant une lutte entre diverses coalitions (des groupes d’acteurs qui partagent un ensemble de convictions ou d’objectifs), modulée en partie par l’utilisation d’informations scientifiques et techniques10. L’approche des Villes-santé peut donc être vue comme une tentative par les acteurs de la santé publique d’utiliser des données probantes pour influencer les perceptions et la compréhension et pour favoriser le changement par la formation de coalitions. La santé est souvent une puissante motivation pour aborder les enjeux de la planification11. En situant les données probantes dans leur contexte local, avec les données locales et les coûts et avantages de la politique proposée, on peut plus facilement obtenir l’appui des décideurs municipaux 12 . Comme nous l’expliquons ci-dessous, les initiatives du projet COALITION ont fourni des informations adaptées au contexte torontois. L’ouvrage The Walkable City 13 fait appel aux résultats du Sondage sur les préférences résidentielles pour décrire les avantages d’un milieu bâti plus propice à la marche et la demande latente pour des quartiers plus favorables à l’activité. Comme en témoigne le niveau d’attention médiatique qu’il a reçu, ce message trouve un large écho dans la population, ce qui favorise un soutien accru aux changements nécessaires pour créer des quartiers propices à la marche. De même, les rapports Road to Health14 et Toward Healthier Apartment Neighbourhoods15 ont éclairé le débat en reliant plus directement les données probantes et le vécu des résidents et des décideurs torontois. Ces rapports ont stimulé des collaborations avec différents partenaires pour aborder les préoccupations soulignées. Le SSPT travaille maintenant avec la Division des services de transport de la ville et le Toronto Centre for Active Transportation à faire la démonstration d’options qui rendraient les quartiers plus sûrs pour les cyclistes et les piétons. De plus, la Division de l’urbanisme a invité le SSPT à collaborer à l’étude des règles de zonage qui empêchent la transformation des quartiers constitués d’immeubles d’habitation en espaces plus sains. Il est par ailleurs essentiel d’agir quand la conjoncture est favorable. En juillet 2011, le conseil municipal a approuvé une stratégie de consultation du public et des acteurs du milieu pour l’élaboration du Plan des parcs. Le SSPT a utilisé les modules de l’outil logiciel Built Environment Health Impact Assessment pour repérer les secteurs à faible revenu mal desservis par la ville. Ceci a amené le Conseil de la santé à recommander que l’on accorde REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS7 TORONTO, UNE VILLE SAINE À DESSEIN une attention particulière à ces secteurs lorsqu’on planifie la création de nouveaux parcs, l’amélioration du couvert arboré ou la construction d’installations de loisirs16. La Division de l’urbanisme amorce l’examen quinquennal du Plan officiel de Toronto. La table ronde Planning a Healthier Toronto17 a permis de repérer les enjeux hautement prioritaires, lesquels ont été présentés au Conseil de la santé et ont servi à fournir une rétroaction au planificateur en chef de la ville. Cet effort a permis à la Division de l’urbanisme de reconnaître que le Plan officiel doit mieux aborder les quartiers dont la conception actuelle est sous-optimale pour la santé et où il se fait peu d’aménagements nouveaux, y compris les secteurs moins propices à la marche selon les données de l’outil logiciel. L’inventaire Creating Healthy Built Environments18 fournit un autre type de données probantes : il montre ce qui peut être fait. Son but est de convaincre les décideurs et autres acteurs du milieu que certaines options sont faisables, et donc de solliciter leur appui pour qu’on les mette en œuvre à plus grande échelle. L’approche des Villes-santé favorise l’action intersectorielle, utilise les données probantes pour créer une vue commune et fait de la santé un objectif commun pour réorienter les politiques. Si, comme le suggère Fafard19, l’élaboration d’une politique publique est un processus social et que les données probantes sont socialement construites, alors les délibérations entre des personnes qui ont des perceptions différentes du meilleur moyen de résoudre un enjeu sont un élément essentiel du processus décisionnel et de la promotion de milieux bâtis plus sains. Healthy Toronto by Design8 offre un cadre général dans lequel le SSPT présente le débat. Dans la mesure où les divers acteurs s’entendent sur l’objectif de créer une ville-santé, ce cadre fournit un terrain commun à partir duquel on peut commencer à délibérer du meilleur moyen d’atteindre l’objectif. Les initiatives du projet COALITION que nous avons décrites peuvent être considérées comme des moyens de soutenir une réorientation des politiques en produisant des données probantes sur la santé afin de créer une vue et un but communs. CONCLUSION La réorientation des décisions d’urbanisme en faveur d’environnements et de politiques qui intègrent des objectifs de santé des populations et qui visent à réduire les inégalités de santé se fera probablement petit à petit. En ajoutant aux données probantes et en engageant un dialogue avec les élus, les divers acteurs gouvernementaux, le grand public et le secteur privé, on peut en arriver à une vue commune et tisser des alliances pour un changement positif. Pour créer un milieu bâti sain, les décideurs municipaux doivent être conscients des effets sanitaires possibles de diverses décisions et des avantages de faire en sorte que la santé soit prise en compte dans les processus décisionnels. Le SSPT utilise les données probantes des initiatives et des outils du projet COALITION pour promouvoir des milieux bâtis plus sains. Diverses stratégies sont nécessaires pour intégrer la santé dans les décisions municipales, comme de favoriser des politiques systémiques et pangouvernementales pour élaborer des approches communes face aux enjeux transversaux qui touchent la santé, et de collaborer avec des collègues d’autres secteurs municipaux, comme l’urbanisme, les transports et les parcs et loisirs, pour promouvoir des politiques publiques municipales saines. Créer un milieu bâti sain et durable est un processus complexe auquel le secteur de la santé publique peut offrir son leadership et son soutien. La réussite dépendra de la participation citoyenne, des partenariats et de la collaboration entre tous les secteurs de la société : les gouvernements, les entreprises et la population. Les Villes-santé offrent un cadre de changement qui utilise l’objectif commun de la santé pour mobiliser les acteurs. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. eS8 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) Santé publique Toronto, 2010, Toronto’s Health Status 2010, Toronto, Toronto Public Health. Sur Internet : http://www.toronto.ca/ health/hsi/pdf/ pht_10.pdf (consulté le 16 avril 2012). Hancock T, 1997, « Healthy cities and communities: Past, present and future », Natl Civ Rev, 86, 1, p. 11-21. Organisation mondiale de la santé, 1986, Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé, Copenhague (Danemark), OMS, Santé Canada, Association canadienne de santé publique. 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RÉSUMÉ Le mouvement pour des politiques publiques favorables à la santé repose sur la conviction que diverses politiques publiques devraient être au moins en partie fondées sur les données probantes concernant leurs effets positifs sur la santé des populations, les inégalités de santé et leurs déterminants. Pour aborder certaines des difficultés auxquelles le mouvement est confronté, les connaissances produites dans diverses disciplines scientifiques au sujet des politiques publiques pourraient être d’une aide précieuse. Dans ce bref commentaire, nous examinons comment les connaissances des disciplines scientifiques qui étudient les politiques publiques permettent d’aborder deux des difficultés de la formulation de politiques publiques favorables à la santé : 1) anticiper adéquatement les effets des politiques publiques et 2) évaluer la viabilité politique des options dont on fait la promotion. Comme les politiques de circulation urbaine intéressent la plupart des autres collaborateurs du présent supplément, nous avons choisi des exemples de ce domaine pour illustrer certains de nos arguments. MOTS CLÉS : politique publique; effets; contexte; échelles; horizons temporels; viabilité politique Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS9-eS11. e mouvement des politiques publiques favorables à la santé repose sur la conviction que diverses politiques publiques devraient être au moins en partie éclairées par les données probantes de leurs effets positifs sur la santé des populations, les inégalités de santé et leurs déterminants. Pour aborder certaines des difficultés auxquelles le mouvement est confronté, les connaissances* produites dans diverses disciplines scientifiques au sujet des politiques publiques pourraient être d’une aide précieuse. Dans ce bref commentaire, nous examinons comment les connaissances évoquées dans le secteur des politiques permettent d’aborder deux des difficultés de la formulation de politiques publiques favorables à la santé : 1) prévoir adéquatement les effets des politiques publiques et 2) évaluer la viabilité politique des options dont on fait la promotion. Comme les politiques de circulation urbaine intéressent la plupart des autres collaborateurs du présent supplément, nous avons choisi des exemples de ce domaine pour illustrer certains de nos arguments. L des effets favorables, neutres ou même préjudiciables sur la santé des populations, les inégalités de santé et leurs déterminants. C’est la raison pour laquelle la santé publique consacre des efforts aussi importants à élaborer des méthodes d’analyse pouvant produire des connaissances valides et fiables sur ces effets. Toutefois, un examen des méthodologies développées en santé publique et de la littérature scientifique concernant les politiques publiques révèle que ces méthodologies font face à deux défis majeurs : la transférabilité des résultats de recherche et la multiplicité des horizons temporels et des échelles d’effectivité des politiques publiques. La transférabilité des résultats de recherche est un concept qui se résume bien par la question suivante : dans quelle mesure les résultats d’une étude permettent-ils de prévoir adéquatement ce qui se passerait si l’option stratégique était mise en œuvre dans un autre contexte? La question peut paraître inoffensive, mais elle se trouve néanmoins au confluent de plusieurs débats importants qui ont cours au sein Prévoir adéquatement les effets des politiques publiques Affiliation des auteurs Quand les effets d’options stratégiques sont mal ou incomplètement évalués, promouvoir ces options peut avoir Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé, Montréal (Québec) Correspondance : François Gagnon, Institut national de santé publique du Québec, Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé, 190, rue Crémazie Est, Montréal (Québec) H2P 1E2, tél. : 514-864-1600, poste 3627, courriel : [email protected] Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. * Dans cette discussion, les « connaissances » désignent tout autant les analyses empiriques que les cadres analytiques et méthodologiques qui en structurent l’élaboration. © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS9 REGARD SUR LA SCIENCE APPLIQUÉE AU DOMAINE POLITIQUE du mouvement des politiques publiques favorables à la santé. Ces débats découlent, en particulier, de la tentation d’appliquer l’étalon de la médecine fondée sur les données probantes – l’essai clinique randomisé – lorsqu’on élabore une politique publique fondée sur les données probantes1. L’essai randomisé est un protocole expérimental qui sert à isoler complètement une intervention donnée de tous les facteurs conjoncturels ou contextuels pouvant en influencer les effets (considérant que certaines variables sont dites confusionnelles). Une telle approche se heurte rapidement à l’un des postulats de la science des politiques publiques : les effets d’une politique publique dépendent en partie de la conjoncture ou du contexte de sa mise en œuvre † . Pour illustrer simplement l'idée, on peut considérer qu’un tronçon autoroutier actualisant une politique de transport n’aura pas les mêmes effets sur la santé publique, sur les inégalités de santé ou leurs déterminants s'il est construit en milieu rural ou dans un milieu densément peuplé. Il ne suffit donc pas de demander quelles sont les interventions qui permettent en général d’atteindre un objectif de santé donné. Les acteurs de santé publique doivent aussi pouvoir évaluer les conditions dans lesquelles ces interventions produisent les effets désirés. Par exemple, analyser les mécanismes d’action des interventions, en plus de leurs effets sur les états de santé, est une façon pour les acteurs de santé publique de pouvoir adapter les options stratégiques qu’ils préconisent au contexte dans lequel ils travaillent. Évaluer ces conditions et ces mécanismes d’action a un autre avantage manifeste : cela peut aider à comprendre des résultats d’évaluation divergents et parfois franchement contradictoires, un phénomène devant lequel les revues systématiques et les méta-analyses nous laissent impuissants. Diverses méthodes ont d’ailleurs été élaborées pour tenir compte de la complexité de cette dynamique, dont « l’évaluation réaliste2 », le travail du groupe de collaboration en santé publique Cochrane 3 et celui du Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé4. En outre, les travaux publiés sur les effets des politiques publiques montrent clairement qu’il faut se pencher sur une autre dimension des options stratégiques parfois insuffisamment abordée en santé publique : les niveaux multiples, les horizons temporels et les échelles d’effets des politiques publiques. Pour reprendre l’exemple précédent, un tronçon routier peut avoir des effets positifs et négatifs à différents niveaux (le nombre et la gravité des collisions, l’activité physique et le transport actif, le bruit, la qualité de l’air, les relations sociales, etc.). Ces effets varieront selon l’horizon temporel envisagé (court, moyen ou long terme)5. Ils varieront aussi selon l’échelle ou le territoire géographique couvert par l’analyse. À titre d’exemple, une analyse a montré que les zones immédiatement adjacentes aux tronçons routiers ressentaient beaucoup les impacts de leur construction, tandis que les zones plus isolées étaient † Ici, le mot « contexte » désigne, entre autres, le « contexte stratégique » (ou les politiques parallèles à celle que l’on examine), le « contexte organisationnel » (ou les structures, les ressources, les systèmes idéologiques, etc. des organisations concernées par une politique), le « contexte environnemental » (le milieu matériel, physique et humain) et ainsi de suite. significativement moins touchées6. Les niveaux multiples, les horizons temporels et les échelles d’effets expliquent pourquoi les politiques publiques ont nécessairement des effets différents sur divers groupes ou sous-groupes d’une population donnée. Par exemple, de nombreuses infrastructures routières nord-américaines en milieu urbain ont été construites très proches de quartiers défavorisés, sinon directement à travers7. Les résidents de ces quartiers (plus démunis et moins motorisés) ont donc été obligés d’endurer plus ou moins directement l’impact de ces travaux8. Les niveaux d’impact, les horizons temporels et les échelles d’effets examinés influencent donc toute évaluation des effets d’une option stratégique et des jugements que l’on peut émettre à son propos. On explore déjà certains de ces enjeux dans le domaine de la santé publique, en particulier par l’utilisation des méthodes d’évaluation d’impact sur la santé9. Mais il est nécessaire que les acteurs de la santé publique commencent à examiner plus systématiquement les niveaux d’impact multiples, les horizons temporels et les échelles d’effets des options stratégiques qu’ils évaluent. Leur tâche n’en sera certes pas simplifiée, mais cela pourrait mener à des évaluations plus complètes des options stratégiques qu’on leur demande d’évaluer. Évaluer la viabilité des politiques dont on fait la promotion Les contextes de travail des acteurs de la santé publique déterminent quels énoncés de politique ont une probabilité d’être mis en œuvre. En réalité, à tout moment, certains types de changements peuvent être soit entièrement, soit partiellement bloqués, ou plus ou moins largement acceptés. Pour ne citer qu’un exemple, ces dernières années, la hausse croissante des temps de déplacement‡ en voiture a stimulé la demande pour d’autres formes de mobilité. Ceci a contribué à ouvrir les possibilités pour des politiques qui préconisent un transfert modal vers le transport actif et collectif. Une telle conjoncture pourrait faire en sorte que les recommandations des acteurs de la santé publique dans ce secteur politique reçoivent un accueil favorable dans les années à venir. Les acteurs de la santé publique ont donc intérêt à examiner soigneusement les contextes dans lesquels ils travaillent, afin de pouvoir diagnostiquer les blocages et les ouvertures que présentent ces contextes et à en déterminer la nature et la portée. Devant des obstacles importants, les acteurs pourraient devoir envisager des stratégies à moyen et long terme. Par exemple, ils peuvent commencer par travailler sur les normes sociales et culturelles qui sous-tendent ces blocages, comme cela a été fait dans la lutte contre le tabagisme. Plusieurs analyses et cadres analytiques peuvent être utilisés, seuls ou en combinaison, pour évaluer les conjonctures politiques où évoluent les acteurs de la santé publique et pour élaborer des stratégies en vue de leur transformation. Par exemple, les travaux s'inscrivant dans le courant du cadre des ‡ Ce changement s’est produit malgré la poursuite d’une politique de mobilité, dans la plupart des grands centres urbains du pays (sauf à Vancouver), visant à maintenir la fluidité du trafic même avec une hausse constante du nombre de kilomètres-véhicules parcourus. eS10 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) REGARD SUR LA SCIENCE APPLIQUÉE AU DOMAINE POLITIQUE coalitions plaidantes montrent que des politiques publiques mises en œuvre dans un contexte politique donné peuvent être comprises comme découlant des rapports de force entre des coalitions d’acteurs diverses. Ces acteurs ont des intérêts et des idéologies qui convergent (au sein d’une même coalition) et qui divergent (d’une coalition à l’autre) 10. Ces travaux montrent notamment qu’un changement d’orientation peut survenir de plusieurs façons. Entre autres, les chocs extérieurs peuvent provoquer une réorganisation des intérêts et des idéologies de divers acteurs, et donc mener à une réorganisation plus ou moins importante des relations entre les coalitions. Ces nouvelles relations peuvent créer différentes conjonctures politiques. Par exemple, le retour de groupes socioéconomiquement plus aisés vers les quartiers centres de nombreuses villes du Canada§ a fait augmenter les demandes politiques en faveur de milieux de vie plus paisibles et d’une réduction des pressions environnementales, et donc en faveur de politiques de transport qui atténuent ou qui réduisent l’impact des déplacements motorisés sur ces milieux de vie. En somme, il y a de bonnes raisons pour les acteurs de la santé publique qui travaillent à promouvoir des politiques publiques saines de se familiariser avec les connaissances scientifiques en matière de politiques publiques. Dans notre bref commentaire, nous avons abordé deux de ces raisons : 1) les connaissances dans ce domaine pointent vers les grands enjeux à examiner lorsqu’on acquiert et qu’on utilise le savoir, ce qui permet de prévoir adéquatement les effets des politiques publiques sur la santé des populations et 2) les connaissances dans ce domaine peuvent aider les acteurs de la santé publique à mieux analyser les contextes d’intervention, et donc à formuler des politiques et des stratégies plus viables sur le plan politique. RÉFÉRENCES 1. Haynes L, Service O, Goldacre B, Torgerson D, 2012, Test, Learn, Adapt: Developing Public Policy with Randomised Controlled Trials, Londres, Cabinet Office Behavioural Insights Team. Sur Internet : http://www.cabinetoffice.gov.uk/ sites/default/files/resources/TLA1906126.pdf (consulté le 12 juin 2012). 2. Pawson R, 2005, Evidence-based Policy: A Realist Perspective, Londres, Sage. 3. 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REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS11 RECHERCHE QUANTITATIVE La demande de marchabilité insatisfaite : disparités entre les préférences et les choix réels de cadres de vie à Toronto et Vancouver Lawrence D. Frank, Ph.D.1, Suzanne E. Kershaw, M.S.A.2, James E. Chapman, M.S.2, Monica Campbell, Ph.D.3,4, Helena M. Swinkels, M.D., F.R.C.P.C.5 RÉSUMÉ OBJECTIFS : Les préférences individuelles en matière de lieu de résidence, de caractère du quartier et d’options de déplacement ne sont pas toujours satisfaites. La disponibilité et le coût des logements et plusieurs autres facteurs nécessitent souvent des compromis. Les principaux objectifs de notre étude étaient d’examiner le type de quartier préféré, de chiffrer la demande insatisfaite pour des environnements plus propices à la marche et d’explorer les associations entre le milieu bâti, le comportement en matière de déplacements et la santé en tenant compte du type de quartier préféré. MÉTHODE : Un sondage en ligne illustré sur les préférences de cadre de vie a été mené auprès de 1 525 adultes de la région du Grand Toronto et de 1 223 adultes de la région métropolitaine de Vancouver âgés de 25 ans et plus (5,8 % et 11,8 % des recrues potentielles, respectivement). Les participants ont été sélectionnés au hasard à partir de répondants prérecrutés selon un éventail de niveaux de marchabilité et de revenu objectivement quantifiables à l’échelle de la région de tri d’acheminement. RÉSULTATS : Selon les attributs de conception des quartiers, 45 % à 64 % des résidents des villes de Toronto et de Vancouver préféraient fortement les cadres de vie propices à la marche, contre 6 % à 15 % qui préféraient fortement des cadres orientés vers l’automobile. Sur les participants qui percevaient leur quartier actuel comme étant très orienté vers l’automobile, entre 11 % et 20 % des répondants de la Ville de Toronto et entre 6 % et 30 % des répondants de la Ville de Vancouver préféraient fortement un quartier très marchable. Les résidents des quartiers très propices à la marche disaient marcher beaucoup plus à des fins utilitaires, utiliser plus fréquemment les transports collectifs et parcourir un moins grand nombre de kilomètres en automobile. CONCLUSION : Il existe de fortes préférences pour les quartiers propices à la marche et aux transports collectifs dans deux des plus grandes régions métropolitaines du Canada, et on observe une demande insatisfaite considérable pour de tels cadres. Ces constatations peuvent étayer les politiques qui misent sur la marchabilité et éclairer les analyses de marché, la planification et les approches réglementaires plus conformes à l’offre et à la demande pour les environnements de quartier propices à la marche. Offrir des possibilités accrues de transport actif pourrait avoir un impact positif sur les comportements favorables à la santé. MOTS CLÉS : choix de lieu de résidence; marche; urbanisme; environnement et santé publique; quartier; Canada Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS12-eS21. L es effets sanitaires des caractéristiques de conception des quartiers font les manchettes depuis quelques années. L’Organisation mondiale de la santé, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis, la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et d’autres organismes ont tous établi des énoncés de politiques promulguant des environnements urbains sains à l’échelle mondiale, à la lumière de l’urbanisation rapide, du vieillissement des populations, des faibles taux d’activité physique et de l’obésité1-3. Les données établissant des associations positives entre les milieux bâtis « marchables » (propices à la marche) et les déplacements non motorisés s’accumulent rapidement4-6. En particulier, les résidents des quartiers ayant une densité de population résidentielle supérieure, des destinations commerciales à proximité, une connectivité accrue des rues et un bon réseau de transports collectifs marchent davantage à des fins de transport et conduisent moins que les résidents des quartiers moins marchables caractérisés par une faible densité de population résidentielle et des usages du sol homogènes, qu’on appelle souvent « la banlieue » 7-9 . Bien que les eS12 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) associations entre le milieu bâti et les résultats sanitaires soient moins systématiques, de récentes études font aussi état d’une association inverse entre la marchabilité des quartiers et Affiliations des auteurs 1. Écoles de santé environnementale et de planification communautaire et régionale, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver (ColombieBritannique) 2. Urban Design 4 Health, Ltd., Vancouver (Colombie-Britannique) 3. Service de santé publique de Toronto, Toronto (Ontario) 4. École de santé publique Dalla Lana, Université de Toronto, Toronto (Ontario) 5. Fraser Health Authority, Surrey (Colombie-Britannique) Correspondance : Lawrence D. Frank, Écoles de santé environnementale et de planification communautaire et régionale, Université de la Colombie-Britannique, 231-1933 West Mall, Vancouver (Colombie-Britannique) V6T 1Z2, tél. : 604-8225387, courriel : [email protected] Remerciements : L’étude dont il est question dans cet article a été rendue possible grâce à l’apport financier de Santé Canada, octroyé à Bâtir un Canada en santé par le biais du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) du Partenariat canadien contre le cancer. Les points de vue exprimés sont ceux de Bâtir un Canada en santé et ne reflètent pas nécessairement ceux des bailleurs de fonds du projet. Nous remercions pour leur soutien les partenaires de Bâtir un Canada en santé, dont Stephen Samis (anciennement de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et maintenant de la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé), Alice Miro, Kim Perrotta (anciennement de Santé publique Toronto) et d’autres à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC. Nous reconnaissons aussi la contribution des effectifs de Santé publique Toronto et le soutien de la Santé publique de Peel, de Fraser Health et de Vancouver Coastal Health. Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE l’obésité 10,11 , les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires12,13 et le diabète de type II14. Le lien causal entre le milieu bâti et l’activité physique a été examiné plus avant dans des études tenant compte de « l’autosélection » du lieu de résidence, soit la tendance des gens à choisir des quartiers conformes à leurs préférences en matière d’activité physique et de déplacements15-17. À vrai dire, si l’autosélection du lieu de résidence n’est pas prise en compte, on risque de surestimer l’ampleur des associations entre le milieu bâti et l’activité physique9,18. La recherche canadienne sur l’influence de la conception des quartiers sur l’activité physique et le comportement en matière de déplacements est plus limitée, bien que plusieurs études publiées récemment aient trouvé des associations positives entre la marchabilité et la marche à des fins de transport17,19,20. Selon une étude à Calgary, les résidents des quartiers très marchables étaient plus susceptibles de s’adonner à ³150 minutes de marche à des fins de transport au cours d’une semaine ordinaire17, mais les associations entre la marchabilité du quartier et la marche récréative étaient plus faibles, comme dans d’autres études au Canada19 et ailleurs dans le monde8,16. Des associations entre la marchabilité et les résultats sanitaires ont aussi été trouvées dans des villes canadiennes : les résidents de quartiers très marchables de Toronto présentaient une plus faible incidence de diabète14,20 et d’obésité20, mais ces constatations ne tenaient pas compte des facteurs d’autosélection du quartier. Vu les preuves croissantes que le milieu bâti pourrait potentiellement améliorer la santé des populations en favorisant les déplacements actifs, il est important de comprendre comment et dans quelle mesure la conception des quartiers influence le choix d’un cadre de vie. Un tel choix est souvent la décision de consommation la plus complexe que prennent bien des gens. Il se fonde sur des compromis entre les coûts, les caractéristiques des maisons et des propriétés, l’accessibilité des transports et les caractéristiques de conception du quartier 21,22 . L’importance relative de ces facteurs varie considérablement selon le profil sociodémographique individuel. Comprendre la demande pour différents types d’environnements de quartier est un aspect fondamental de l’urbanisme et de la recherche sur le marché immobilier23,24; dans un contexte de promotion de la santé publique, cela montre que le public appuie les politiques qui accordent la priorité aux quartiers propices à la marche et aux transports collectifs. Selon des études menées aux ÉtatsUnis au cours des 10 dernières années, les préférences pour des quartiers plus compacts et plus marchables se répandent, même si cela signifie l’abandon des caractéristiques désirables des environnements à faible densité, comme les maisons unifamiliales et les grands terrains25,26. Selon une étude menée à Atlanta, entre 18 % et 38 % des répondants ont exprimé une forte préférence pour les quartiers marchables25, et selon une étude nationale américaine, le taux d’appui aux communautés de conception classique, propices à la marche, est passé de 44 % en 2003 à 59 % en 200526. L’évolution des préférences en faveur de l’aménagement plus compact que l’on trouve généralement près des centres-villes est imputée à la convergence de plusieurs facteurs, dont le vieillissement de la population, la baisse de la taille des ménages et du nombre d’enfants, la hausse des prix de l’essence, le grave encombrement de la circulation et les préoccupations accrues pour la santé et l’environnement associées aux zones suburbaines à faible densité23,27. Les études établissant des liens entre les préférences résidentielles et les révélations des choix de cadre de vie, des comportements en matière de déplacements et des profils d’activité sont limitées15,28, surtout dans le contexte canadien. Notre étude cherche à combler cette lacune en examinant les préférences résidentielles dans deux des plus grandes régions métropolitaines du Canada : la région du Grand Toronto (RGT) et la région métropolitaine de Vancouver (RMV)29. Plus précisément, elle évalue l’appui aux quartiers marchables en déterminant les caractéristiques de conception des quartiers que les gens sont prêts à « troquer » pour un cadre de vie plus propice à la marche. Elle se penche aussi sur la demande pour des quartiers plus marchables chez les personnes vivant dans des zones à faible marchabilité. Enfin, elle décrit comment le comportement en matière de déplacements et le statut pondéral sont liés à la marchabilité objective lorsqu’on tient compte du profil sociodémographique et du type de quartier préféré déclaré par les répondants. MÉTHODE Zone de l’étude Les participants étaient situés dans la RGT (sud de l’Ontario) et dans la RMV, en Colombie-Britannique (5,1 et 2,1 millions d’habitants en 2011, respectivement)30. Les villes de Toronto et de Vancouver sont les municipalités les plus densément peuplées de chacune de ces régions. Collecte des données Un sondage transversal sur les préférences résidentielles a été administré en ligne en 2011 par Urban Design 4 Health, Ltd., en partenariat avec Ipsos Affaires publiques, une société de recherche marketing qui administre une liste nationale de répondants prérecrutés. Des répondants de 25 ans et plus vivant dans les zones admissibles de la RGT ou de la RMV ont été sélectionnés au hasard parmi les répondants prérecrutés pour participer au sondage sur les préférences résidentielles. Il y avait environ 26 000 et 10 000 répondants potentiels, respectivement, dans ces deux régions. Les participants recrutés ont été stratifiés selon les niveaux de marchabilité et de revenu dans chaque région métropolitaine à l’échelle de la région de tri d’acheminement (RTA). Les valeurs de l’indice de marchabilité ont été calculées pour les RTA de chaque région métropolitaine d’après les indicateurs suivants du milieu bâti : la densité de population résidentielle, la densité des intersections et l’ « indice piétonnier » médian de la RTA (voir www.walkscore.com)*. Les valeurs de ces indicateurs pour les RTA ont été normalisées à l’intérieur de chaque région métropolitaine et additionnées * L’indice piétonnier était fondé à l’origine sur l’étude d’Urban Design 4 Health sur la marchabilité publiée dans le Seattle Times; on en a fait un outil réseautique grâce à une subvention de la fondation Robert Wood Johnson accordée à Urban Design 4 Health, Inc. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS13 PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE a) Illustration pour le compromis no 1 : proximité des magasins et des services Orienté vers l’automobile Marchable Je préfère un quartier… préfère beaucoup A b) préfère un peu A neutre préfère un peu B préfère beaucoup B Descriptions narratives de chaque compromis lié au quartier Je préfère un quartier… Compromis Marchable Orienté vers l’automobile 1. Proximité des magasins et des services Où les maisons et les zones commerciales sont à moins de 10 minutes de marche les unes des autres pour que je puisse me rendre à pied aux magasins, à la bibliothèque ou aux restaurants. Où les zones commerciales sont maintenues séparées (à plus de 30 minutes de marche) des maisons, même si cela veut dire que je ne peux pas me rendre à pied aux magasins, à la bibliothèque ou aux restaurants. 2. Niveau d’activité et mixité des logements Avec beaucoup de services et d’activités à proximité, même si cela veut dire plusieurs types de logements, proches les uns des autres, sur des lots de dimensions variables avec une cour arrière moins privée. Avec des maisons unifamiliales éloignées les unes des autres, sur des lots de 10 mètres de largeur ou plus, avec une cour arrière plus privée, même si cela veut dire qu’il n’y a pas de services ni d’activités à proximité. 3. Taille des maisons et options de déplacement Où je peux marcher, faire du vélo ou prendre les transports en commun parce que les zones commerciales sont proches (à moins de 10 minutes de marche), même si cela veut dire que les maisons sont plus petites et moins spacieuses. Où les maisons sont plus grandes et plus spacieuses et où les zones commerciales sont éloignées (à plus de 45 minutes de marche) des maisons, même si cela veut dire qu’il faut prendre l’auto pour tous les trajets. 4. Dimensions des lots et distance de déplacement À moins de 5 km du travail, des écoles et autres destinations importantes, même si cela veut dire que les maisons sont rapprochées et sur des lots plus petits. Où les maisons sont éloignées les unes des autres et sur des lots plus grands, même si cela veut dire qu’il faut faire plus de 25 km (plus de 30 minutes de marche) pour se rendre au travail, à l’école ou à d’autres destinations importantes. 5. Conception des rues Où je peux marcher, faire du vélo ou prendre les et options de transports en commun pour certains trajets, même déplacement s’il y a des rues directes et que des gens d’autres quartiers marchent ou conduisent dans les rues. Avec des culs-de-sac et moins de gens d’autres quartiers qui marchent et qui conduisent dans les rues, même si cela veut dire que je dois prendre l’auto pour tous mes trajets. 6 Espaces récréatifs publics et dimensions des lots À quelques minutes de marche d’espaces récréatifs publics et d’espaces verts, mais avec peu d’espace pour les activités récréatives sur les terrains privés. Où il y a amplement d’espace pour les activités récréatives sur les terrains privés, mais peu d’espaces récréatifs publics et d’espaces verts à quelques minutes de marche. 7. Accès et taille des magasins d’alimentation Où je peux facilement me rendre à pied à toutes sortes d’épiceries de petite et de moyenne tailles, de marchands de fruits et légumes, de boucheries, de boulangeries et de magasins d’alimentation de spécialité. Où il y a peu de magasins d’alimentation à distance de marche, mais plusieurs très gros supermarchés à moins de 10 minutes en auto. Figure 1. Outil illustrant les compromis possibles entre deux types de quartiers afin de saisir les attitudes des participants à l’égard de cadres de vie invitants pour les piétons ou tributaires de l’automobile. Des illustrations accompagnaient chaque compromis. Nous incluons un exemple d’illustration a) pour le compromis no 1, Proximité des magasins et des services, ainsi qu’un exemple des descriptions narratives b) accompagnant chaque compromis. eS14 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE Tableau 1. Statistiques descriptives des variables sociodémographiques (les chiffres du Recensement de 2006 pour chaque région sont présentés afin d’évaluer la représentativité de l’échantillon par rapport à la population) RGT (n=1 525) Préfèrent marchabilité faible/moy.faible† Moyenne (ET)/% Âge 50,0 (13,3) % femmes 56,7 % répondants mariés 47,9 % vivant en logement individuel isolé 37,8 % propriétaires du logement 59,9 Taille moyenne du ménage 2,4 (1,3) % ménages avec enfants <18 ans 22,3 Revenu annuel du ménage|| 4,9 (1,9) % immigrés au Canada 34,3 % minorité visible 19,0 Nb de véhicules/ménage 1,2 (0,9) Moyenne (ET)/% 48,7 (12,4) 52,2 60,9 55,9 75,9 2,7 (1,2) 23,4 5,2 (1,8) 32,4 17,9 1,7 (1,0) RMV (n=1 223) Préfèrent marchabilité élevée/moy.élevée‡ Préfèrent marchabilité faible/moy.faible† Moyenne (ET)/% 50,5 (13,6) 58,4 42,7 30,6 53,6 2,3 (1,3) 21,8 4,7 (1,9) 35,0 19,4 1,0 (0,9) Moyenne (ET)/% 50,9 (14,3) 59,9 44,4 39,3 59,9 2,2 (1,2) 18,6 4,6 (1,8) 32,6 16,9 1,3 (1,0) Moyenne (ET)/% 51,2 (13,5) 59,1 58,8 63,9 70,4 2,5 (1,2) 27,5 4,8 (1,8) 27,2 16,4 1,8 (1,1) Données démographiques du Recensement de 2006* Préfèrent marchabilité élevée/moy.élevée‡ RMR de Toronto Moyenne Moyenne/ (ET)/% % 50,8 (14,6) 37,5§ 60,1 51,4 39,0 52,3 30,1 41,7 55,9 67,6 2,0 (1,1) 2,8 15,2 33,7 4,5 (1,8) 64 128¶ 34,7 45,7 17,1 42,9 1,2 (0,8) RMR de Vancouver Moyenne/ % 39,1§ 51,2 50,3 35,5 65,1 2,6 28,5 55 231¶ 39,6 41,7 RGT=région du Grand Toronto; RMV=région métropolitaine de Vancouver. * Statistique Canada, Recensement de la population de 2006. † Quartiles 1 et 2 de l’élément « type de quartier préféré » (RGT : n=435; RMV : n=335). ‡ Quartiles 3 et 4 de l’élément « type de quartier préféré » (RGT : n=1 090; RMV : n=888). § Âge médian fondé sur toute la plage d’âge du Recensement, tandis que la plage d’âge du sondage commence à 25 ans. || Paliers de revenu: 1=<10 000 $, 2=10 000 $-19 999 $; 3=20 000 $-39 999 $; 4=40 000 $-59 999 $; 5=60 000 $-79 999 $; 6=80 000 $-99 999 $; 7=100 000 $-119 999 $; 8=120 000 $+ ¶ Revenu médian en 2005 ($), ménages privés (avant impôts). pour produire un indice de marchabilité, lequel a été divisé en quartiles pour produire quatre catégories de marchabilité. Le revenu par RTA était fondé sur les données sur le revenu médian des ménages selon le Recensement de 2006. Chaque RTA a été classée dans l’une de 12 cellules (quatre catégories de marchabilité par trois catégories de revenu : <50 000 $, 50-70 000 $ et >70 000 $). La répartition des recrues potentielles entre les 12 cellules n’était pas égale. Dans les deux régions métropolitaines, il n’y avait aucune recrue potentielle dans la cellule de la marchabilité la plus élevée et du revenu le plus élevé, et dans la RMV, il n’y avait pas non plus de recrues potentielles dans la cellule du deuxième niveau de marchabilité et du revenu le plus élevé. Indicateurs Caractéristiques des participants Les participants ont fourni de l’information sur leur âge, leur sexe, leur ethnicité, leur statut migratoire, le revenu du ménage, la taille et le nombre d’enfants du ménage, le nombre de titulaires de permis de conduire et le nombre de véhicules du ménage. Leur indice de masse corporelle (IMC) a été calculé en kg/m2 à l’aide de la taille et du poids déclarés. Les sujets ayant un IMC ≥25 ont été classés comme étant en surpoids ou obèses. Les participants ont aussi indiqué s’ils limitaient actuellement leur activité physique pour une raison quelconque. type et les kilomètres-véhicule parcourus (KVP) par année déclarés par les participants ont aussi été saisis. Marchabilité objective du quartier La marchabilité objective du quartier a été mesurée au niveau du code postal à six éléments pour la Ville de Toronto et la RMV en intégrant dans un système d’information géographique les données de 2011 sur le réseau routier et sur l’aménagement des parcelles. Une zone tampon d’1 km basée sur le réseau routier a été créée autour de chaque centroïde de code postal, et l’indice de marchabilité a été calculé en fonction de quatre éléments selon la méthode décrite en détail par Frank et coll.32 : a) la densité de population résidentielle nette; b) le rapport surface de vente (Ville de Toronto) ou surface commerciale (RMV)/territoire; c) la diversité des usages du sol; et d) la densité des intersections. Des indices standardisés pour chaque indicateur ont été calculés séparément pour chaque région. L’indice de marchabilité était la somme des écarts Z des quatre indicateurs normalisés du milieu bâti. Les participants de la Ville de Toronto et de la RMV ont été maillés à l’indice de marchabilité d’après le code postal de leur domicile et affectés à des quartiles de marchabilité objective calculés à l’aide de l’éventail complet des valeurs de l’indice de marchabilité trouvées dans chaque région. Des versions semblables de l’indice de marchabilité ont déjà été utilisées pour prédire l’activité physique dans plusieurs milieux, ce qui témoigne de leur validité et de leur généralisabilité8,15,16. Comportements de déplacement Type de quartier préféré Les déplacements à pied de 10 minutes ou plus, à des fins utilitaires ou récréatives, déclarés par les participants ont été saisis (nombre de jours au cours d’une semaine type) à l’aide des éléments du Neighbourhood Physical Activity Questionnaire, dont la fiabilité est jugée acceptable pour les adultes31. Les déplacements en transports collectifs au cours d’une semaine Les participants ont rempli un questionnaire validé antérieurement sur leurs préférences déclarées25 pour diverses caractéristiques de conception des quartiers. Ce questionnaire avait été adapté pour saisir également les attitudes à l’égard des caractéristiques de conception des quartiers propres aux environnements récréatifs et alimentaires. L’utilisation d’un REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS15 PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE a) Type de quartier préféré b) Demande insatisfaite % préférant beaucoup un quartier très marchable % dont le quartier actuel est MOINS marchable et qui aimeraient trouver un quartier PLUS marchable Moyenne 1. Proximité des magasins et services 2. Mixité des logements et proximité des magasins 3. Taille des maisons et options de déplacement 4. Dimensions des lots et distance de déplacement 5. Conception des rues et options de déplacement 6. Espaces récréatifs publics et dimensions des lots 7. Accès et taille des magasins d’alimentation TOR VAN PRGT PRMV 52 57 25 34 61 64 31 38 48 53 18 32 53 55 25 32 47 52 21 29 53 58 23 31 45 55 30 37 54 62 30 40 Légende Figure 2. TOR VAN PRGT PRMV 15 15 13 17 11 20 20 24 13 6 9 11 19 18 13 19 20 14 9 10 12 4 10 14 12 13 11 16 16 30 20 25 % dont le quartier actuel est PLUS marchable et qui aimeraient trouver un quartier MOINS marchable % préférant beaucoup un quartier peu marchable Moyenne 1. Proximité des magasins et services 2. Mixité des logements et proximité des magasins 3. Taille des maisons et options de déplacement 4. Dimensions des lots et distance de déplacement 5. Conception des rues et options de déplacement 6. Espaces récréatifs publics et dimensions des lots 7. Accès et taille des magasins d’alimentation Moyenne 1. Proximité des magasins et services 2. Mixité des logements et proximité des magasins 3. Taille des maisons et options de déplacement 4. Dimensions des lots et distance de déplacement 5. Conception des rues et options de déplacement 6. Espaces récréatifs publics et dimensions des lots 7. Accès et taille des magasins d’alimentation TOR VAN PRGT PRMV 11 8 29 20 8 8 26 19 15 12 44 29 7 6 24 18 11 7 34 22 12 7 29 24 12 8 25 15 11 7 22 15 <30 % 30-49 % ≥50 % Moyenne 1. Proximité des magasins et services 2. Mixité des logements et proximité des magasins 3. Taille des maisons et options de déplacement 4. Dimensions des lots et distance de déplacement 5. Conception des rues et options de déplacement 6. Espaces récréatifs publics et dimensions des lots 7. Accès et taille des magasins d’alimentation Légende TOR VAN PRGT PRMV 5 4 14 9 2 2 9 3 6 5 23 12 4 5 12 8 8 7 24 11 4 5 10 12 6 5 13 10 3 2 7 5 <10 % 10-19 % ≥20 % a) Type de quartier préféré par les participants au sondage d’après les réponses à la question A – « Quel quartier préférezvous? ». Nous ne montrons que les réponses des participants ayant exprimé une forte préférence pour un quartier marchable (8-10 sur l’échelle de Likert) ou orienté vers l’automobile (0-2 sur l’échelle de Likert). b) Demande insatisfaite pour les quartiers orientés vers les piétons et orientés vers l’automobile. Nous n’avons utilisé que les participants dont les réponses se situaient aux extrémités de l’échelle de Likert (0-2 ou 8-10) pour le type de quartier actuel (question B) et désiré (question C). N.B. : TOR=Ville de Toronto (n=1 133); VAN=Ville de Vancouver (n=512); PRGT=Périphérie de la RGT (n=392); PRMV=Périphérie de la RMV (n=711). sondage en ligne a permis d’inclure des illustrations dans le questionnaire. Les répondants ont évalué deux quartiers opposés, de coût équivalent, selon un scénario de compromis – un quartier plus marchable, et un autre plus tributaire de l’automobile (figure 1) – et répondu aux trois questions suivantes selon une échelle de Likert de 0 à 10. • Question A : Quel quartier préférez-vous? • Question B : Indiquez si votre quartier actuel ressemble plus au quartier « A » ou « B ». • Question C : En ce qui a trait [aux attributs décrits], le quartier que vous aimeriez trouver ressemblerait-il davantage à « A » ou davantage à « B » que votre quartier actuel? Sept comparaisons différentes décrivant les attributs particuliers de la conception des quartiers (p. ex., dimensions des lots, distance de déplacement) ont été utilisées pour décrire le compromis plutôt que de fournir des descriptions plus abstraites (p. ex., « banlieue » ou « croissance intelligente »). Chaque comparaison présentait des compromis tirés du monde réel – p. ex., l’accès à des espaces récréatifs publics contre des lots plus grands. La présence de ces deux éléments serait plutôt rare dans un même quartier; en forçant les participants à faire un compromis, ces paires aident à comprendre à quels attributs ils accordent plus de valeur. Plan d’analyse des données Les compromis liés au quartier selon l’échelle de Likert ont été regroupés en trois catégories pour en faire une analyse descriptive : i) peu marchable (0-2), ii) moyennement marchable (3-7) et iii) très marchable (8-10). Nous avons calculé le pourcentage de participants affichant une forte préférence pour un quartier très marchable plutôt qu’un quartier orienté vers l’automobile (question A). La tabulation en croix de la question B (marchabilité autodéclarée du quartier) et de la question C (marchabilité du quartier désiré par rapport à celle du quartier actuel) a déterminé la demande insatisfaite pour des quartiers plus marchables à l’aide des mêmes réponses regroupées. Les résultats ont été analysés séparément pour les participants i) de la Ville de Toronto (TOR); ii) en périphérie de la RGT (PRGT), incluant toutes les autres municipalités de la RGT; iii) de la Ville de Vancouver (VAN); et iv) en périphérie de la région métropolitaine de Vancouver (PRMV), incluant toutes les autres municipalités de la RMV. Pour analyser le poids relatif du type de quartier préféré et de la marchabilité afin d’expliquer le comportement en matière de déplacements et le statut pondéral, nous avons effectué une analyse en composantes principales (ACP) distincte pour chaque région afin d’extraire un seul élément par participant pour ce qui est du type de quartier préféré (question « A ») et des réponses sur le quartier actuel (question « B ») pour les sept compromis liés au quartier. Le coefficient alpha de Cronbach a été supérieur à 0,85 dans tous les cas, ce qui montre que l’ACP reflétait chaque variable d’entrée et convenait à la tâche. Tous les éléments expliquaient entre 53,8 % et 58 % des écarts dans les données, et les saturations pour les éléments de préférence et de marchabilité autodécrite du quartier pour les deux régions s’échelonnaient de 0,59 à 0,85. Les scores des éléments qui en ont résulté ont servi à eS16 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE Tableau 2. Moyennes des trajets marchés, des trajets en transports collectifs, des KVP et du statut pondéral stratifiés par quartiles de marchabilité a) subjective et b) objective du quartier a) Marchabilité subjective du quartier % prenant une marche utilitaire Quartile de marchabilité subjective de la RGT* quartiles+* n=1 525 Quartile 1 (Peu marchable) 35,9 Quartile 2 44,6 Quartile 3 65,7† Quartile 4 (Très marchable) 84,5† Quartile de marchabilité subjective de la RMV§ marchabilité subjective des quartiles+§ n=1 223 Quartile 1 30,4 Quartile 2 40,1 Quartile 3 61,2† Quartile 4 83,8† Marche utilitaire (j/sem) % prenant une marche récréative Marche récréative (j/sem) % prenant les transports collectifs Usage des transports collectifs (j/sem) Kilomètresvéhicule parcourus par année (milliers) % surpoids/ obésité (IMC ≥25,0) n=1 525 1,4 (SD 2,3) 1,8 (2,4) 2,7 (2,6)† 4,1 (2,6)† n=1 525 61,5 71,6 70,8 73,4‡ n=1 525 2,3 (2,6) 3,0 (2,6) 2,7 (2,5) 2,9 (2,6) n=1 525 12,8 27,4† 45,5† 65,4† n=1 525 0,7 (1,9) 1,0 (2,0) 1,9 (2,5) † 2,5 (2,5) † n=1 042 17,3 (10,8) 16,6 (13,2) 12,7 (13,7) † 8,5 (9,2) † n=1 380 59,2 % 62,8 % 55,4 % 46,2 %‡ n=1 223 1,2 (2,2) 1,5 (2,3) 2,5 (2,6)† 4,1 (2,6)† n=1 223 70,9 73,4 76,5 80,6 n=1 223 3,0 (2,7) 3,1 (2,6) 3,1 (2,5) 3,3 (2,5) n=1 223 16,5 25,1 39,7† 51,3† n=1 223 0,7 (1,7) 0,9 (1,8) 1,5 (2,3)† 1,8 (2,3)† n=787 17,4 (22,9) 15,1 (12,0)† 11,8 (11,4)† 7,6 (9,4)† n=1 124 51,4 % 61,6 % 54,2 % 45,0 % % prenant une marche récréative Marche récréative (j/sem) % prenant les transports collectifs n=1 129 2,0 (2,4) 3,4 (2,6)† 4,8 (2,4)† 5,4 (1,7) n=1 129 67,0 72,9 71,6 82,6 n=1 129 2,8 (2,7) 2,8 (2,5) 2,9 (2,7) 4,0 (2,7) n=1 129 38,1 60,6† 68,0† 91,3 n=1 129 1,4 (2,2) 2,4 (2,5)† 2,4 (2,4)† 3,5 (2,3) n=745 14,5 (13,0) 10,0 (9,9)† 6,3 (8,6)† 2,3 (4,7) n=1 017 59,9 % 48,7 %‡ 43,5 %† 42,9 % n=1 210 1,4 (2,1) 3,1 (2,7)† 4,4 (2,4)† 4,8 (2,5)† n=1 210 75,5 76,0 83,6 78,3 n=1 210 3,2 (2,6) 3,0 (2,5) 3,2 (2,5) 3,5 (2,7) n=1 210 19,5 45,1† 60,7† 56,5† n=1 210 0,7 (1,6) 1,7 (2,3)† 2,2 (2,5)† 2,0 (2,4)† n=777 15,8 (14,8) 10,6 (11,5)† 6,6 (6,4)† 4,2 (5,6)† n=1 111 59,7 % 49,6 %† 50,0 % 38,4 %† b)Marchabilité objective du quartier % prenant une marche utilitaire Quartile de marchabilité objective de la Ville de Toronto|| n=1 129 Quartile 1 (Peu marchable) 52,3 Quartile 2 75,8† Quartile 3 89,2† Quartile 4 (Très marchable)¶ 100,0 Quartile de marchabilité objective de la RMV** objective des quartiles+** n=1 210 Quartile 1 40,6 Quartile 2 68,3† Quartile 3 88,5† Quartile 4 88,0† Marche utilitaire (j/sem) Usage des transports collectifs (j/sem) Kilomètresvéhicule parcourus par année (milliers) % surpoids/ obésité (IMC ≥25,0) N.B. : Écart-type entre parenthèses. * % de l’échantillon de marchabilité subjective du quartier de la RGT (n=1 525) : Q1 : 5,1 %; Q2 : 19,9 %; Q3 : 38,2 %; Q4 : 36,8 %. † Écart significatif (p<0,01) par rapport au groupe témoin, c.-à-d. le quartile de faible marchabilité (Quartile 1). ‡ Écart significatif (p<0,05) par rapport au groupe témoin : le quartile de faible marchabilité (Quartile 1). § % de l’échantillon de marchabilité subjective du quartier de la RMV (n=1 223): Q1 : 6,5 %; Q2 : 21,8 %; Q3 : 35,8 %; Q4 : 35,9 %. || % de l’échantillon de marchabilité objective du quartier de la Ville de Toronto (n=1 129): Q1 : 17,4 %; Q2 : 63,3 %; Q3 : 17,2 %; Q4 : 2 %. ¶ Résultats de l’analyse du khi-carré et de l’analyse de la variance non présentés en raison du faible échantillon dans le Quartile 4 (n<30). ** % de l’échantillon de marchabilité objective du quartier de la RMV (n=1 210): Q1 : 31,7 %; Q2 : 50,6 %; Q3 : 10,1 %; Q4 : 7,6 %. classer les participants en quartiles régionaux égaux fondés sur la « préférence » et la « marchabilité » autodécrite. En raison des contraintes de taille de l’échantillon, l’effectif complet des participants de chaque région a été divisé en quartiles plutôt que stratifié selon leur résidence en ville ou en banlieue. Des analyses du khi-carré et des analyses de la variance de Welch, avec des comparaisons de Games-Howell ultérieures, ont permis de déterminer s’il y avait des écarts significatifs entre i) les quartiles de marchabilité autodécrite et ii) les quartiles de marchabilité objective pour la marche utilitaire, la marche récréative, l’usage des transports collectifs, les KVP par année et l’incidence de surpoids/d’obésité. Tous les résultats liés aux déplacements ont été positivement distribués et logtransformées pour approximer une distribution normale. Des analyses de régression logistique ont ensuite été effectuées sur les quatre variables dépendantes suivantes : la vraisemblance que les participants prennent une marche utilitaire, une marche récréative et fassent un trajet en transports collectifs au cours d’une semaine ordinaire, et l’incidence de surpoids/d’obésité. Le but des modèles était de déterminer les effets indépendants des facteurs sociodémographiques, du type de quartier préféré et de la marchabilité objective du quartier sur les résultats ci-dessus. Quand la prévalence d’un résultat dépassait 10 % et que les rapports de cotes associés à la préférence ou à la marchabilité étaient significativement différents de ceux du groupe témoin, les rapports de cotes corrigés ont été indiqués pour donner une estimation plus exacte du risque relatif33. Des analyses de régression linéaire ont permis d’évaluer l’apport relatif du type de quartier préféré et de la marchabilité objective du quartier dans la variation des KVP par année. Les résultats du coefficient de détermination partielle (r au carré partiel, sr2) sont présentés pour montrer la variance expliquée imputable à chaque variable. Les variables de contrôle sociodémographiques utilisées dans la modélisation prédictive étaient l’âge, le sexe, le revenu du ménage, le statut de minorité visible, le statut migratoire, la taille du ménage, le nombre d’enfants du ménage, les titulaires de permis de conduire par véhicule, la propriété d’un véhicule et le statut d’activité physique. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS17 eS18 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) 1,23 (0,86-1,76) 1,09 (0,69-1,74) 2,25 (0,73-7,0) 1,62 (1,19-2,14)§ 2,55 (1,65-3,66)§ S/O¶ 0,044 1,01 (1,00-1,02) 1,37 (1,03-1,82) 1,15 (1,06-1,25) 0,70 (0,49-1,0) 0,63 (0,45-0,88) 1,59 (0,94-2,69) 1,98 (1,25-3,04)§ 2,51 (1,58-3,84)§ 0,99 (0,71-1,39) 1,41 (0,80-2,51) 1,0 (0,55-1,83) 0,178 0,99 (0,98-1,0) 1,31 (1,0-1,71) 0,57 (0,41-0,80) 1,46 (0,86-2,50) 2,69 (1,69-4,20)§ 4,43 (2,79-6,75)§ 1,75 (1,43-2,09)§ 3,10 (2,36-3,74)§ 2,88 (2,04-3,63)§ Toute marche récréative RCa (IC de 95 %) 0,98 (0,46-2,08) 1,09 (0,53-2,26) 1,35 (0,65-2,79) 3,28 (1,51-6,95)§ 5,44 (2,60-10,95)§ 10,12 (4,96-19,21)§ Toute marche utilitaire RCa (IC de 95 %) 0,74 (0,53-1,05) 1,67 (1,30-2,11)§ 2,48 (1,79-3,24)§ 1,92 (1,29-2,71)§ 2,18 (1,06-4,41)§ 3,54 (1,80-6,71)§ 5,86 (3,04-10,66)§ 1,34 (1,02-1,75) 0,175 0,97 (0,96-0,98) 0,76 (0,59-0,99) 0,82 (0,76-0,88) Tout trajet en transports collectifs RCa (IC de 95 %) 1,59 (1,18-2,10)§ 1,74 (1,19-2,47)§ 5,28 (2,19-7,69)§ 2,07 (0,89-4,82) 3,04 (1,37-6,56)§ 6,32 (2,94-12,86)§ 0,91 (0,85-0,97) 1,07 (1,0-1,15) 1,41 (1,07-1,87) 0,132 0,97 (0,96-0,98) Tout trajet en transports collectifs RCa (IC de 95 %) 0,022 1,01 (1,0-1,02) Toute marche récréative RCa (IC de 95 %) 0,72 (0,60-0,87) 0,54 (0,38-0,78) 0,151 0,99 (0,98-1,0) 0,73 (0,54-1,0) Toute marche utilitaire RCa (IC de 95 %) 0,80 (0,64-0,99)§ 0,69 (0,43-1,11) 0,62 (0,40-0,92)§ 1,57 (0,91-2,71) 1,22 (0,72-2,04) 1,35 (0,80-2,29) 1,89 (1,34-2,66) 0,56 (0,39-0,79) 0,092 1,02 (1,01-1,03) 0,52 (0,40-0,67) Surpoids/obésité (IMC ≥25,0) RCa (IC de 95 %) 0,75 (0,52-1,09) 0,64 (0,40-1,01) 0,60 (0,23-1,56) 0,89 (0,39-2,02) 0,65 (0,30-1,44) 0,64 (0,29-1,40) 2,01 (1,41-2,87) 0,75 (0,57-0,98) 0,075 1,02 (1,01-1,03) 0,60 (0,47-0,78) Surpoids/obésité (IMC ≥25,0) RCa (IC de 95 %) -0,07 -0,08 0,35 0,11 -0,09 0,13 -0,06 Beta 0,066 0,032 <0,001 0,053 0,009 <0,001 0,074 valeur p 0,004 0,005 0,053 0,004 0,007 0,014 0,004 sr2 -0,50 (0,11) 2,22 (0,28) 0,35 (0,14) -0,38 (0,18) 0,19 (0,05) R =0,294 2 B (SE) -0,15 0,34 0,12 -0,07 0,12 Beta <0,001 <0,001 0,013 0,032 <0,001 valeur p 0,020 0,063 0,006 0,005 0,012 sr2 Kilomètres-véhicules parcourus par année -0,34 (0,18) -0,28 (0,13) 2,6 (0,38) 0,43 (0,22) -0,55 (0,21) 0,22 (0,06) -0,51 (0,28) R =0.293 2 B (SE) Kilomètres-véhicules parcourus par année N.B. : B = coefficient non standardisé * 1=homme; 2=femme. † 1=<10 000 $, 2=10 000 $-19 999 $; 3=20 000 $-39 999 $; 4=40 000 $-59 999 $; 5=60 000 $-79 999 $; 6=80 000 $-99 999 $; 7=100 000 $-119 999 $; 8=120 000 $+ ‡ Comparaisons individuelles des quartiles par rapport au quartile le plus faible de cette variable. § Rapport de cotes ajusté et IC de 95 % présentés. || Faible taille d’échantillon (n<30). ¶ 100 % des participants du Q4 ont fait une marche utilitaire. pseudo R Âge Sexe* Revenu annuel du ménage† Minorité visible Immigré au Canada Nb de titulaires de permis/véhicule Nb de véhicules du ménage Restriction à l’activité physique Quartile du type de quartier préféré‡ Q2 : Moyen-faible Q3 : Moyen-élevé Q4 : Élevé Quartile de marchabilité objective du quartier Q2 : Moyen-faible Q3 : Moyen-élevé Q4 : Élevé 2 b) Région métropolitaine de Vancouver pseudo R Âge Sexe* Revenu annuel du ménage† Minorité visible Immigré au Canada Nb de titulaires de permis/véhicule Nb de véhicules du ménage Restriction à l’activité physique Quartile du type de quartier préféré‡ Q2 : Moyen-faible Q3 : Moyen-élevé Q4 : Élevé Quartile de marchabilité objective du quartier Q2 : Moyen-faible Q3 : Moyen-élevé Q4 : Élevé|| 2 a) Ville de Toronto Tableau 3. Résultats des modèles examinant les associations entre le type de quartier préféré, la marchabilité, le comportement en matière de déplacements et le statut pondéral PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE RÉSULTATS Caractéristiques de l’échantillon Les réponses au sondage ont été recueillies auprès de 1 525 participants de la RGT et de 1 223 participants de la RMV (5,8 % et 11,8 % des recrues potentielles, respectivement). Au moins 30 sondages ont été obtenus pour 10 (RGT) et pour 8 (RMV) des 12 cellules marchabilité/revenu. Le pourcentage de participants de l’étude provenant de la RGT vivant dans la Ville de Toronto était de 74,2 %, contre 41,9 % des participants de la RMV qui habitaient la Ville de Vancouver. L’âge moyen de l’échantillon était d’environ 50 ans, et près de la moitié des répondants étaient mariés (tableau 1). Dans les deux régions, l’échantillon contenait une plus faible proportion d’hommes, de ménages avec enfants, d’immigrants et de minorités visibles que dans les chiffres du Recensement de 2006. Les répondants qui préféraient les quartiers plus marchables avaient tendance à ne pas être mariés, à vivre dans un ménage plus petit, à louer leur logement et à vivre dans un ménage au revenu annuel inférieur. Type de quartier préféré Une forte préférence pour les quartiers marchables a été exprimée dans les sept scénarios de compromis décrivant différents aspects de la conception des quartiers, surtout chez les citadins (TOR : 52 %, VAN : 57 %). Par contre, à peine 11 % et 8 % des résidents de Toronto et de Vancouver, respectivement, ont exprimé une forte préférence pour un quartier orienté vers l’automobile (figure 2a). Une grande valeur était accordée au fait de vivre à distance de marche de magasins et de services (TOR : 61 %, VAN : 64 %) et d’un éventail de magasins d’alimentation (TOR : 54 %, VAN : 62 %). Les participants des banlieues préféraient aussi un quartier propice à la marche, mais dans une moindre mesure que ceux des villes. En moyenne, les participants en PRMV ont exprimé une préférence pour les endroits marchables plus élevée (34 %) que ceux vivant en PRGT (25 %). Le fait de vivre près d’un éventail de magasins d’alimentation était très désirable pour environ le tiers des participants des banlieues (PRGT : 30 %, PRMV : 40 %), tout comme le fait de vivre à distance de marche de magasins et de services (PRGT : 31 %, PRMV : 38 %). Le fait de vivre près d’espaces récréatifs publics et d’espaces verts était très désirable pour les résidents en PRMV (37 %), même si cela signifiait d’avoir une cour plus petite. Le compromis lié au quartier qui a reçu le plus d’appui pour les éléments orientés vers l’automobile était celui avec des lots unifamiliaux avec une grande cour arrière et moins de magasins à proximité (compromis no 2). La demande insatisfaite pour des cadres de vie différents Chez les participants qui percevaient leur quartier actuel comme étant très orienté vers l’automobile (0-2 sur l’échelle de Likert), selon l’attribut, entre 11 % et 20 % des participants de la Ville de Toronto et entre 6 % et 30 % des participants de la Ville de Vancouver ont dit préférer un quartier très marchable (figure 2b). Peu importe la région, les participants vivant dans une zone de faible marchabilité accordaient le plus de valeur au fait de vivre à distance de marche d’un éventail de magasins d’alimentation et plus près de magasins et de services. La demande insatisfaite pour ces types de commodités de proximité était exprimée par une proportion de 20 % et 25 % des participants vivant dans les banlieues peu marchables de la RGT et de la RMV. En moyenne, les personnes vivant dans les banlieues peu marchables de la RMV exprimaient la plus forte demande pour un environnement plus propice à la marche (17 %). La demande pour des quartiers orientés vers l’automobile chez les participants qui percevaient leur quartier actuel comme étant très invitant pour les piétons (8-10 sur l’échelle de Likert) était remarquablement plus faible dans les villes de Toronto et de Vancouver, soit de 5 % et de 4 % respectivement, en moyenne, pour les sept scénarios de compromis. Associations entre la marchabilité du quartier, le comportement en matière de déplacements et le statut pondéral Le fait de vivre dans les deux quartiles supérieurs de marchabilité (subjective ou objective) du quartier était associé à une probabilité accrue de prendre une marche utilitaire et de faire un trajet en transports collectifs, et avec des KVP par année significativement plus faibles (tableau 2). La probabilité de prendre une marche récréative était significativement plus élevée (p=0,028) chez les participants de la RGT dans le quartile de marchabilité subjective supérieur; cependant, les différences interquartiles n’étaient pas significatives lorsque la marchabilité objective était utilisée. Les participants de la RGT vivant dans le quartile de marchabilité subjective supérieur étaient moins susceptibles d’être en surpoids ou obèses (46,2 %) que ceux du quartile inférieur (59,2 %) (p=0,041). Les résultats des analyses de régression logistique prédisant la probabilité d’une marche utilitaire, d’une marche récréative, d’un trajet en transports collectifs et le statut pondéral sont présentés dans le tableau 3. Compte tenu du profil sociodémographique et du type de quartier préféré, la probabilité de prendre une marche utilitaire augmentait avec chaque quartile de marchabilité objective passé le quartile le plus bas (pseudo R 2 : TOR=0,15; RMV=0,18). Dans l’échantillon de la RMV, les personnes vivant dans les zones les plus marchables étaient près de trois fois plus susceptibles de prendre une marche utilitaire (rapport de cotes [RC]=2,88, intervalle de confiance [IC] : 2,04-3,63) et près de deux fois plus susceptibles de faire un trajet en transports collectifs (RC=1,92, IC : 1,29-2,71) que les personnes vivant dans les zones où la marchabilité était la plus faible. De même, les participants de la Ville de Toronto vivant dans les deux quartiles de marchabilité supérieurs étaient plus d’une fois et demie plus susceptibles de prendre une marche utilitaire et de faire un trajet en transports collectifs que les participants du premier quartile. La probabilité de prendre une marche récréative ne variait pas significativement selon le quartile de marchabilité, peu importe la région, si l’on tenait compte du profil sociodémographique et des préférences. Dans la RMV, la probabilité de prendre une marche récréative était REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS19 PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE significativement accrue dans les troisième et quatrième quartiles de préférence (p<0,001). Les participants de la RMV vivant dans le quartile de marchabilité le plus élevé présentaient une probabilité significativement moindre d’être en surpoids ou obèses (Q1 : 59,7 %; Q4 : 38,4 %) selon un niveau de confiance de 95 % (RC=0,62, IC : 0,40-0,92). Le sexe féminin, le faible revenu du ménage, le faible nombre de titulaires de permis de conduire par véhicule, l’accès limité à un véhicule, et le fait de vivre dans une zone plus marchable étaient des facteurs associés avec un moindre nombre de KVP par année dans la Ville de Toronto (R2=0,29) et dans la RMV (R2=0,29) : les participants vivant dans les troisième et quatrième quartiles de marchabilité objective ont déclaré près de 2,5 fois moins de KVP par année que ceux vivant dans les zones de faible marchabilité. DISCUSSION Cette étude jette un éclairage important sur les attitudes face à différents cadres de vie dans deux des plus grandes régions métropolitaines du Canada. Elle rend aussi compte du lien entre la marchabilité subjective et objectivement mesurée, des grandes tendances en matière de déplacements, ainsi que du statut pondéral, et ce, à un niveau de détail plus élevé que les études antérieures menées au Canada. Selon l’attribut étudié, entre 45 % et 61 % (Ville de Toronto) et entre 52 % et 64 % (Ville de Vancouver) des participants ont exprimé une forte préférence pour un quartier où ils peuvent marcher ou utiliser les transports collectifs. Les résidents des banlieues ont aussi exprimé un appui considérable aux quartiers marchables, environ le tiers préférant un tel cadre de vie. Ces constatations sont conformes à celles des études américaines25,26 et appuient l’argument en faveur de l’apport de changements dans les banlieues pour qu’elles correspondent davantage aux préférences résidentielles. Une demande insatisfaite pour des quartiers marchables, avec des commerces et des magasins d’alimentation à distance de marche, a été observée chez 20 % à 25 % des résidents des banlieues qui perçoivent leur quartier comme étant très peu marchable; ces personnes se disent prêtes à sacrifier des éléments orientés vers l’automobile pour vivre dans un quartier marchable. Ces constatations sont semblables à celles d’autres études 25,34 , bien que la nôtre fasse appel à la marchabilité subjective du quartier pour évaluer la demande insatisfaite. L’élaboration d’indicateurs objectifs du milieu bâti correspondant directement aux questions sur les compromis liés au quartier permettrait de mesurer concrètement la relation entre l’offre et la demande pour des facteurs clés, comme la taille des lots et des logements, les espaces récréatifs et l’accès aux magasins d’alimentation, et d’évaluer également les éléments pour lesquels la demande insatisfaite pour des quartiers marchables est la plus forte. La marchabilité du quartier évaluée objectivement était associée positivement à la marche utilitaire, même compte tenu du type de quartier préféré, ce qui est conforme aux constatations d’autres études8,15-17. Le type de quartier préféré a contribué de façon significative aux modèles de la marche utilitaire, des transports collectifs et des KVP, ce qui confirme les données probantes sur l’importance d’apporter des ajustements selon les facteurs d’autosélection du lieu de résidence quand on examine les associations entre le milieu bâti et le comportement en matière de déplacements 9,18 . Notamment, nous avons observé une plus faible incidence de surpoids ou d’obésité dans les zones les plus marchables de la région métropolitaine de Vancouver après avoir tenu compte des facteurs sociodémographiques et du type de quartier préféré. Cependant, la marchabilité ne contribuait pas à l’incidence de surpoids ou d’obésité dans la Ville de Toronto, ce qui pourrait être imputable à une plus grande uniformité du milieu bâti. Les forces de la présente étude sont sa comparaison unique entre les régions de Toronto et de Vancouver et entre des milieux urbains et suburbains, et sa capacité de tenir compte du type de quartier préféré dans l’évaluation des associations entre le comportement en matière de déplacements, le statut pondéral et la marchabilité objective. Une autre force est la conception de l’étude, qui amène les répondants à faire des compromis et permet ainsi de jauger les préférences sousjacentes pour une caractéristique particulière du quartier, toutes choses étant égales par ailleurs. Toutefois, le protocole d’étude demande aux participants de supposer que des facteurs comme le prix et la qualité des écoles sont constants d’un quartier à l’autre, ce qui peut sembler irréaliste. Au demeurant, certains des choix proposés peuvent ne pas exister dans l’une des deux régions à l’étude, et certains quartiers peuvent comporter un mélange de caractéristiques propices à la marche et orientées vers l’automobile. L’étude comporte plusieurs contraintes. Son plan transversal limite la possibilité d’inférer des liens de causalité, et la capacité de l’échantillon de représenter exactement la population de chaque région est limitée par l’absence de recrues potentielles dans les catégories « très marchable » et « revenu élevé ». De même, il y avait des différences notables entre l’échantillon et la population du Recensement de 2006 pour ce qui est du sexe, des ménages avec enfants et de la proportion d’immigrants et de minorités visibles, ce qui pourrait restreindre la généralisabilité de l’étude. Les quartiers marchables présentent d’importants avantages sociosanitaires en offrant quotidiennement des occasions de faire de l’activité physique et d’avoir des interactions sociales, ainsi qu’un meilleur accès à des choix alimentaires sains et des services communautaires 2,3,6 . Un aménagement urbain tentaculaire à faible densité mène à des quartiers tributaires de l’automobile, où les possibilités de transport actif sont limitées. L’étude confirme qu’il faudrait augmenter l’offre de logements dans des cadres plus marchables, à la fois pour répondre à la demande des consommateurs et pour améliorer la santé des populations. Elle démontre qu’une part importante du public appuierait des quartiers marchables et orientés vers les transports collectifs, ce qui, en retour, permettrait aux gens de mieux assortir leur cadre de vie à leurs préférences. Les promoteurs et les urbanistes peuvent aussi se servir de cette information pour convaincre les décideurs et les financiers de la qualité marchande et de la demande latente pour les caractéristiques particulières des cadres urbains propices à la marche. L’évolution du prix des maisons ces dernières années – on le voit sur les marchés de l’habitation de Toronto et de eS20 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PRÉFÉRENCES POUR LES CADRES DE VIE PROPICES À LA MARCHE Vancouver, tous deux classés comme étant « sérieusement inabordables35 » – montre qu’il existe une demande accrue pour des environnements plus marchables, comme en témoignent nos résultats. Les données sont transversales, mais les résultats indiquent qu’une demande excédentaire de cadres de vie marchables pourrait expliquer ces augmentations des prix. Des mesures ciblant l’aménagement de quartiers marchables et offrant diverses options de logement accessibles à un éventail de revenus égaliseraient les chances des résidents de s’adonner à des comportements sains. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. Organisation mondiale de la santé, Policy Brief – Health and Environment Linkages in the Urban Environment. Sur Internet : http://www.who.int/ heli/risks/urban/urbanenv/en/ (consulté le 17 octobre 2013). US Centers for Disease Control and Prevention, Healthy Community Design. Sur Internet : http://www.cdc.gov/healthyplaces/factsheets/ healthy_ community_design_factsheet_final.pdf (consulté le 17 octobre 2013). Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, L’aménagement des collectivités, l’activité physique, les maladies du cœur et les accidents vasculaires cérébraux (AVC), énoncé de position. 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REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS21 RECHERCHE QUANTITATIVE Projets de proximité axés sur l’environnement bâti : association avec la défavorisation du quartier, la diversité des usages du sol et le risque de traumatismes pour les usagers de la route Anne Sophie Dubé, M.Urb.1-3, Maude Beausoleil, M.A.3, Céline Gosselin, M.A.3, Ginette Beaulne, inf. aut.3, Sophie Paquin, Ph.D.3, Anne Pelletier, M.Sc.3, Sophie Goudreau, cert. post-diplôme3, Marie-Hélène Poirier, M.Urb.2,3, Louis Drouin, M.D., M.P.H.1,3, Lise Gauvin, Ph.D.1-3 RÉSUMÉ OBJECTIFS : 1) Décrire des projets de proximité axés sur l’environnement bâti et associés au transport actif sur l’île de Montréal; et 2) examiner les associations entre le nombre de projets et les indicateurs de défavorisation matérielle et sociale du quartier et de l’environnement bâti. MÉTHODE : Nous avons identifié les organismes de financement et les groupes communautaires menant des projets portant sur les environnements bâtis sur l’île de Montréal. En consultant leurs sites Web et selon un processus en boule de neige, nous avons répertorié les projets visant à transformer les environnements bâtis exécutés par des organismes communautaires entre le 1er janvier 2006 et le 1er novembre 2010. Nous avons codé et validé l’information sur les activités de projet et créé une carte interactive à l’aide du logiciel Geoclip. Des analyses corrélationnelles ont permis de quantifier les associations entre le nombre de projets, les caractéristiques du quartier et la défavorisation. RÉSULTATS : En tout, 134 organismes communautaires ont été identifiés et 183 projets de proximité répertoriés. Un grand nombre de projets visaient à mieux faire connaître/améliorer le transport actif ou collectif (n=95), à sécuriser les déplacements (n=84) et à rehausser l’esthétisme et le verdissement des quartiers (n=69). La corrélation entre la présence des projets et l’étendue de la défavorisation matérielle du quartier était faible (τ de Kendall=0,26, p<0,001), mais dans les zones plus défavorisées sur le plan social, les projets étaient plus nombreux (τ de Kendall=0,38, p<0,001). La présence de nombreux projets était aussi associée à une plus grande diversité des usages du sol (τ de Kendall=0,23, p<0,001) et à une plus grande proportion d’intersections avec piétons, cyclistes et automobilistes blessés (τ de Kendall=0,43, p<0,001). CONCLUSION : Il existe une importante mobilisation communautaire autour des environnements bâtis et du transport actif. Ses processus de mise en œuvre et ses impacts méritent d’être étudiés plus avant. MOTS CLÉS : transport durable; transport actif; mobilisation communautaire; milieu bâti; défavorisation matérielle et sociale Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS22-eS26. O n constate de plus en plus que la dépendance trop importante envers les modes de transport motorisés a des effets négatifs sur la santé (obésité, sédentarité) et sur l’environnement (pollution de l’air, pollution par le bruit)1-3. Des inter ventions sont en cours pour rendre les environnements bâtis plus propices au transport actif (cyclisme et marche)4-6. Des recherches antérieures ont montré que le transport actif est favorisé par : une plus grande accessibilité aux services 7-10; la disponibilité de services de transport collectif et d’infrastructures de marche et de cyclisme 7,9,11,12 ; l’amélioration de la sécurité face à la circulation et à la criminalité7,9,13,14; une couverture végétale plus étendue; et la présence de milieux naturels (lacs, forêts). Certaines études indiquent que les groupes défavorisés vivent souvent dans des milieux moins propices au transport actif15. Sachant que les environnements bâtis sont construits et transformés par des urbanistes, des ingénieurs et d’autres employés municipaux, une grande partie de la recherche porte sur les façons de mobiliser ces professionnels16,17. Un corpus croissant de recherches se concentre sur le rôle des groupes communautaires et de la société civile, qui exercent des eS22 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) pressions sur les responsables des politiques et les élus pour qu’ils approuvent et soutiennent financièrement les changements à l’environnement bâti promulgués par les urbanistes et les ingénieurs18-21. Plus précisément, les preuves indiquent que la collaboration entre les professionnels et les Affiliations des auteurs 1. Département de médecine sociale et préventive, École de santé publique, Université de Montréal, Montréal (Québec) 2. Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM), Montréal (Québec) 3. Direction de santé publique, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, Montréal (Québec) Correspondance : Anne Sophie Dubé, Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 1301, rue Sherbrooke Est, Montréal (Québec) H2L 1M3, tél. : 514-528-2400, courriel : [email protected] Remerciements : Le financement de ce projet, octroyé à Bâtir un Canada en santé, provient de Santé Canada par le biais du projet Connaissances et action liées pour une meilleure prévention (COALITION) du Partenariat canadien contre le cancer. Lorsque le travail a été effectué, Lise Gauvin était titulaire d’une chaire en santé publique appliquée sur les quartiers, le mode de vie et le poids santé des Instituts de recherche en santé du Canada/Centre de recherche en prévention de l’obésité. Nous remercions Alice Miro, gestionnaire du projet COALITION, Environnement bâti et santé, Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada, pour son appui. Certaines de nos constatations ont été présentées à la 9e édition annuelle de la conférence Active Living Research en mars 2012 (San Diego, Californie) et lors des Journées annuelles de santé publique en novembre 2011 et 2013 (Montréal, Québec). Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. PROJETS DE PROXIMITÉ ET ENVIRONNEMENTS BÂTIS Tableau 1. Nombre et cibles des projets de proximité en cours entre le 1er janvier 2006 et le 1er novembre 2010 sur l’île de Montréal Attributs de l’environnement bâti associés au transport durable ayant été ciblés Accessibilité des services et des commodités (p. ex., mise en œuvre de marchés publics) Sensibilisation/amélioration des options de transport actif ou collectif (p. ex., ajout de supports à vélos, élaboration de plans de transport) Sécurisation des déplacements (p. ex., mesures de modération de la circulation, Pédibus) Amélioration de la sécurité face à la criminalité (p. ex., éclairage et signalisation routière) Esthétisme et verdissement des lieux (p. ex., jardin communautaire, toit végétalisé) Protection et mise en valeur des milieux naturels (p. ex., front d’eau, forêts, conservation de la nature) groupes communautaires est essentielle pour changer les environnements et maximiser les effets sanitaires19-21. On s’attarde beaucoup aux difficultés inhérentes à l’établissement de partenariats et à la recherche des meilleurs moyens d’appuyer les organismes communautaires, dont les sources de financement sont le plus souvent limitées et inconstantes 22,23 . Malgré le rôle essentiel des groupes communautaires en tant que porte-parole des citoyens, on en sait peu sur le nombre d’organismes qui ont des projets de proximité en cours, sur les cibles des changements à l’environnement bâti et sur les quartiers où l’on met en œuvre des projets. Or, de telles informations sont essentielles si l’on veut établir des partenariats et commencer à transformer les environnements bâtis. Les buts de notre étude étaient 1) de décrire les projets de proximité axés sur l’environnement bâti et associés au transport actif sur l’île de Montréal et 2) d’examiner les associations entre le nombre de projets, les indicateurs de la défavorisation matérielle et sociale des quartiers et l’environnement bâti. MÉTHODE L’étude s’inscrivait dans une initiative plus vaste appelée Bâtir un Canada en santé : une coalition canadienne de bureaux de santé, d’organismes de planification et d’ONG voulant unir les efforts existants et émergents dans plusieurs secteurs en vue de promouvoir la santé des environnements bâtis en traduisant les données de recherche les plus récentes en outils d’intervention de pointe. Méthode d’élaboration d’un répertoire des projets de proximité Nous avons commencé par identifier les organismes ayant octroyé des fonds à des groupes communautaires pour modifier les environnements bâtis sur l’île de Montréal. Une liste d’organismes avait été compilée dans le cadre des activités courantes de la Direction de santé publique de Montréal. Nous avons défini les groupes communautaires comme étant des organismes sans but lucratif contribuant à l’exercice de la citoyenneté, enracinés dans la communauté, entretenant une vie associative et libres de déterminer leur mission, leurs approches, leurs pratiques et leurs orientations. Ces critères englobaient les organismes communautaires à vocation environnementale et d’autres groupes de dialogue locaux (comme les tables rondes de quartier ou les comités locaux de revitalisation), mais excluaient les organismes religieux, les fondations ayant essentiellement pour mission de recueillir et de redistribuer des fonds et les organismes exclusivement composés de bénévoles. Nombre de projets de proximité 27 95 84 46 69 7 Les projets à répertorier ont été retenus selon deux critères d’inclusion : 1) les projets s’étant déroulés entre le 1er janvier 2006 et le 1 er novembre 2010 et 2) les projets visant à promouvoir la marche, l’activité physique ou le transport actif en intervenant sur les environnements bâtis pour appuyer le transport durable selon un ou plusieurs des attributs suivants, connus comme étant liés au transport durable : i) accroître l’accessibilité des services et des commodités (p. ex., mise en œuvre de marchés publics); ii) mieux faire connaître et améliorer les commodités ou les infrastructures de transport actif ou collectif (p. ex., ajout de supports à vélos, élaboration de plans de transport); iii) sécuriser les déplacements (p. ex., mise en œuvre de mesures de modération de la circulation); iv) améliorer la sécurité face à la criminalité (p. ex., l’éclairage et la signalisation routière); v) améliorer l’esthétisme et le verdissement des lieux (p. ex., jardins communautaires, toit végétalisé); et vi) protéger et mettre en valeur les milieux naturels (p. ex., front d’eau, forêts, conservation de la nature). Au départ, l’information sur les projets a été extraite des bases de données existantes et des archives des activités en cours à la Direction de santé publique de Montréal. Nous avons aussi contacté des organismes de financement pour obtenir de l’information sur les groupes communautaires et les projets qu’ils finançaient, si ces données n’étaient pas disponibles sur leurs sites Web. Ceci a permis de procéder par « boule de neige » : nos contacts ont identifié des projets qui n’étaient pas nécessairement mentionnés sur des sites Web ou qui étaient financés par un organisme ne figurant pas sur nos listes originales. Une fois dressée notre liste de projets, l’information sur les activités et les partenaires des projets a été extraite des descriptions et des documents de projets. Cette information a ensuite été codée pour indiquer les six attributs de l’environnement bâti, énumérés plus haut, que les projets visaient à changer. L’information codée a été envoyée aux groupes communautaires pour la faire valider et rectifier. L’information erronée a été corrigée. Création d’un répertoire géoréférencé Les organismes communautaires menant des projets ont été géoréférencés par un programme informatique appelé Geoclip (mis au point par emc3) selon leur adresse de voirie et leur code postal. Nous avons créé une carte interactive avec un point cliquable pour chaque organisme. Un clic ouvre une nouvelle fenêtre avec une fiche documentaire indiquant le titre du projet, sa durée, ses promoteurs, les attributs du transport durable visés par le projet, les objectifs du projet, la description de ses activités et de son territoire, ses partenaires et son programme de soutien financier. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS23 PROJETS DE PROXIMITÉ ET ENVIRONNEMENTS BÂTIS Quartier Quartier Indice de défavorisation sociale Indice de défavorisation matérielle Moins défavorisé Moins défavorisé Plus défavorisé Plus défavorisé Nombre de projets Nombre de projets 0 0 1à5 1à5 6 à 13 6 à 13 kilomètres kilomètres Panneau A Figure 1. Panneau B Représentation spatiale du nombre de projets de proximité visant à transformer les environnements bâtis pour améliorer le transport durable menés entre le 1er janvier 2006 et le 1er novembre 2010, dans des quartiers ayant différents niveaux de défavorisation sociale (panneau A) et matérielle (panneau B) sur l’île de Montréal Défavorisation matérielle et sociale et environnement bâti dans les zones où se déroulent des projets de proximité Pour déterminer l’étendue de la défavorisation matérielle et sociale dans les zones où il y avait des projets de proximité, nous avons utilisé les indices de défavorisation matérielle et sociale élaborés par Pampalon et coll., qui sont largement utilisés au Québec comme indicateurs d’inégalités sociales24-26. L’indice de défavorisation matérielle de Pampalon est un indice composite qui combine les données du Recensement sur la scolarité, l’emploi et le revenu, tandis que l’indice de défavorisation sociale est un indice composite qui combine la structure familiale, l’état matrimonial et le niveau de vie (voir les références bibliographiques pour plus de renseignements sur la validité de ces indicateurs). Les valeurs ont été recodées en quintiles pour les besoins de l’analyse, les quintiles supérieurs dénotant une plus grande défavorisation. Étant fondés sur le Recensement, les indicateurs de défavorisation matérielle et sociale peuvent être regroupés selon diverses unités territoriales. Vu notre intérêt pour le travail des groupes communautaires impliqués dans des projets de proximité, nous avons utilisé les indicateurs de défavorisation matérielle et sociale à l’échelle des quartiers. La Direction de santé publique de Montréal a adopté une division du territoire en quartiers (n=111 quartiers) d’après les frontières des secteurs de recensement, les frontières physiques ou naturelles (voies de chemin de fer, parcs) et la reconnaissance des quartiers par les résidents et leur sentiment d’appartenance à un quartier. Nous nous sommes servis de ces divisions du territoire pour situer les groupes communautaires dans des quartiers, et nous avons calculé la défavorisation matérielle et sociale de chaque quartier. De plus, nous avons dérivé les indicateurs de l’environnement bâti des quartiers. À l’aide des données du rôle municipal d’évaluation foncière, le territoire a été catégorisé comme étant résidentiel, résidentiel à haute densité combiné à des usages commerciaux, institutionnel, commercial ou industriel. Un indice a été attribué à chaque type d’usage du sol, puis ces valeurs ont été combinées en un indice de 0 à 1, les indices supérieurs dénotant une plus grande diversité d’usages du sol dans le quartier. À partir des données des constats d’accidents des services ambulanciers, nous avons calculé la proportion d’intersections du quartier où une ambulance s’était rendue entre 1999 et 2008 pour secourir un piéton, un cycliste ou un automobiliste blessé. Analyses statistiques Après avoir géoréférencé chaque groupe communautaire, nous avons examiné les corrélations (coefficient tau [τ] de Kendall vu le nombre d’occurrences des projets) entre le nombre de projets dans chacun des 111 quartiers, le niveau de défavorisation matérielle et sociale des populations vivant dans ces quartiers et les indicateurs de l’environnement bâti. RÉSULTATS Nous avons identifié sur l’île de Montréal 134 organismes communautaires menant 183 projets de proximité visant à transformer les attributs des environnements bâtis associés au transport durable entre le 1er janvier 2006 et le 1er novembre 2010. Les emplacements de ces organismes communautaires ont été géocodés. Leur cartographie est disponible sur un site Web (http://emis.santemontreal.qc.ca/outils/atlas-sante-montreal/ ressources/les-ong-projets-en-environnement-bati-et-mobilitedurable/). eS24 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) Nombre de projets Nombre de projets PROJETS DE PROXIMITÉ ET ENVIRONNEMENTS BÂTIS Médiane 25 %–75 % Valeurs non aberrantes Valeur aberrante Valeur extrême Médiane 25 %–75 % Valeurs non aberrantes Valeur aberrante Valeur extrême Quintile de défavorisation sociale Quintile de défavorisation sociale Panneau A Figure 2. Panneau B Boîtes à pattes représentant les associations entre le nombre de projets de proximité dans le quartier et la défavorisation sociale (panneau A) et matérielle (panneau B) à l’échelle du quartier * Le 1er quintile représente le plus faible niveau de défavorisation matérielle et sociale. Le tableau 1 montre qu’il y a eu davantage de projets visant à faire connaître/améliorer les options de transport actif et collectif et à sécuriser les déplacements que de projets portant sur les autres attributs. Dix projets visaient trois cibles ou plus, 107 visaient deux cibles, et 64 n’en visaient qu’une seule. Comme le montre la figure 1, les projets étaient concentrés dans les zones centrales, plus urbanisées, de l’île de Montréal. À l’échelle des 111 quartiers, un sous-groupe de 52 quartiers ne comptait aucun groupe communautaire menant des projets, tandis que 26, 15 et 17 quartiers comptaient respectivement 1, 2 ou 3 groupes communautaires ou plus menant des projets de proximité. L’examen des corrélations a permis de cerner de petites associations significatives entre la présence de projets dans un quartier et l’étendue de la défavorisation matérielle (τ de Kendall=0,26, p<0,001) et sociale (τ de Kendall=0,38, p<0,001) des résidents. Pour mieux illustrer la nature de ces associations, nous avons créé des boîtes à pattes (figure 2). Comme on peut le voir, les associations avec la défavorisation matérielle sont mineures, mais celles avec la défavorisation sociale sont plus fortes. En outre, un plus grand nombre de projets étaient associés à la présence d’une plus grande diversité d’usages du sol (τ de Kendall=0,23, p<0,001) et à une plus grande proportion d’intersections du quartier où des piétons, des cyclistes ou des automobilistes avaient été blessés (τ de Kendall=0,43, p<0,001). DISCUSSION Les résultats de l’inventaire et de la cartographie des projets de proximité sur l’île de Montréal montrent qu’un grand nombre de projets (183) visant à transformer les attributs de l’environnement bâti associés au transport durable se sont déroulés entre le 1er janvier 2006 et le 1er novembre 2010. Les plus nombreux de ces projets ciblaient l’amélioration des commodités ou des infrastructures de transport collectif ou actif et l’amélioration de la sécurité face à la criminalité. L’esthétisme et le verdissement des lieux, y compris les jardins communautaires, étaient aussi une cible fréquente. Ces données montrent que les groupes communautaires s’emploient très activement à changer les environnements bâtis. Nous avons observé un plus grand nombre de projets en cours dans les zones où la défavorisation sociale, la défavorisation matérielle, la diversité des usages du sol et le risque de traumatismes aux usagers de la route étaient plus élevés. L’association plus faible observée pour la défavorisation matérielle pourrait être liée au fait que l’action communautaire dans ces quartiers cible d’autres priorités, comme le logement ou l’emploi. L’association plus forte entre le nombre de projets et la défavorisation sociale pourrait indiquer une réaction adaptative des communautés, qui tentent d’améliorer les zones où les gens ont davantage besoin de mesures de soutien communautaire. À notre connaissance, il s’agit de la première tentative de répertorier les projets de proximité visant à transformer les environnements bâtis et de mieux comprendre la mobilisation communautaire autour du transport actif à Montréal. Les résultats de l’étude donnent une représentation visuelle, quoique descriptive, des lieux de mobilisation communautaire autour de cet enjeu. Une telle information est utile aux responsables des politiques, qui peuvent ainsi plus efficacement planifier les transformations de l’environnement bâti selon les besoins et les préoccupations communautaires. Le fait que la présence de projets est associée à une plus grande défavorisation matérielle et sociale permet aussi de mieux comprendre le contexte des efforts pour transformer les environnements bâtis. La répétition de ces résultats dans d’autres villes canadiennes et leur vulgarisation semblent justifiées, car les groupes communautaires font souvent porter leurs efforts sur les activités et les projets les plus appréciés des citoyens. Les procédés de mise en œuvre de ce type de mobilisation communautaire sont aussi intéressants, car ils pourraient permettre la création de mesures de soutien financier et social plus efficaces des groupes communautaires, ainsi que de partenariats plus durables. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS25 PROJETS DE PROXIMITÉ ET ENVIRONNEMENTS BÂTIS Contraintes L’étude comporte plusieurs contraintes. Nous avons tenté d’identifier tous les groupes communautaires et de répertorier tous les projets de proximité ciblant les environnements bâtis et le transport durable. Il est cependant possible que les organismes de financement et les organismes communautaires aient été trop occupés pour vérifier minutieusement toute l’information que nous leur avons transmise. Il est possible aussi que certains projets n’aient pas été répertoriés. Néanmoins, leur nombre est probablement négligeable, car le processus en boule de neige a entraîné une saturation. Bien que nous ayons réussi à géolocaliser les adresses de voirie des groupes communautaires, nous n’avons pas pu décrire avec précision la portée territoriale des projets, ni la dépeindre avec l’outil logiciel interactif. De nombreux projets avaient une portée territoriale diffuse, et certains ne compilaient tout simplement pas ce genre d’information. D’autres méthodes de collecte de données devraient être élaborées pour établir avec précision ces attributs des projets. À tout le moins, nous avons pu localiser les quartiers où les projets se déroulaient. Enfin, les données recueillies sur les groupes communautaires et leurs projets ne nous ont pas permis de déterminer si ces projets avaient été lancés à la demande ou en fonction des priorités des communautés (démarche ascendante), ou plutôt en raison du financement disponible (démarche descendante). Il faudrait pousser la recherche pour en savoir plus sur l’émergence des projets et les raisons pour lesquelles les groupes communautaires décident d’agir sur les cibles choisies. Un complément d’information sur l’efficacité et la complémentarité des démarches ascendante et descendante serait aussi un domaine fructueux pour la recherche future. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. CONCLUSION Un grand nombre de projets de proximité visent à améliorer les attributs des environnements bâtis associés au transport actif sur l’île de Montréal. Ces projets sont concentrés dans les quartiers plus urbains, où vivent des populations plus socialement isolées et plus matériellement défavorisées et où un plus grand nombre d’intersections sont le site de traumatismes. Il faut pousser la recherche sur l’impact de tels projets sur l’environnement bâti, car les groupes communautaires sont des porte-parole de la population et sont un mécanisme par lequel elle peut exercer sa citoyenneté. 20. 21. 22. 23. 24. 25. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. Frank LD, Andresen MA, Schmid TL, 2004, « Obesity relationships with community design, physical activity and time spent in cars », Am J Prev Med, 27, 2, p. 87-98. Lake A, Townsend T, 2006, « Obesogenic environments: Exploring the built and food environments », J Roy Soc Promot Health, 126, p. 262-267. Direction de santé publique, Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 2006, Le transport urbain, une question de santé, Rapport annuel 2006 sur la santé de la population. 26. eS26 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) Bergeron B, Reyburn S, 2010, L’impact de l’environnement bâti sur l’activité physique, l’alimentation et le poids, Québec, Institut national de santé publique du Québec. Frank LD, Sallis JF, Conway TL, Chapman JE, Saelens BE, Bachman W, 2006, « Many pathways from land use to health: Associations between neighbourhood walkability and active transportation, body mass index, and air quality », J Am Planning Assoc, 72, 1, p. 75-87. 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RECHERCHE QUANTITATIVE Application d’un outil fondé sur les données probantes pour évaluer les effets sanitaires de changements dans le milieu bâti Jared M. Ulmer, M.P.H.1, James E. Chapman, M.S.1, Suzanne E. Kershaw, M.S.A.1, Monica Campbell, Ph.D.2,3, Lawrence D. Frank, PhD4 RÉSUMÉ OBJECTIFS : Créer et appliquer un outil empirique d’évaluation de l’impact sur la santé et sur les gaz à effet de serre (GES) qui relie des indicateurs détaillés du potentiel piétonnier et de l’accessibilité régionale aux déplacements, à l’activité physique, aux indicateurs de santé et aux émissions de GES. MÉTHODE : Les caractéristiques d’aménagement des parcelles et du système de transport ont été calculées dans une zone tampon d’un kilomètre autour de chaque code postal à Toronto. Des indicateurs du milieu bâti ont été reliés aux caractéristiques sanitaires et démographiques tirées de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et aux comportements de déplacement fournis par le sondage Transport Tomorrow. Les résultats ont été intégrés dans un outil logiciel existant et ont servi à prédire les indicateurs sanitaires et les émissions de GES associés à la remise en valeur des terrains de l’Ouest de la rivière Don à Toronto. RÉSULTATS : Le potentiel piétonnier, l’accessibilité régionale, les trottoirs, les installations pour cyclistes et l’accès aux installations de loisirs ont été associés positivement avec l’activité physique et négativement avec le poids, l’hypertension artérielle et les impacts des transports. Appliqué aux terrains de l’Ouest de la rivière Don, l’outil logiciel a prédit un recul important de l’usage de l’automobile au profit de la marche, du cyclisme et des transports en commun. Selon l’outil, les trajets à pied et à vélo pourraient plus que doubler, et les trajets en transports en commun pourraient augmenter du tiers. Les trajets en automobile par habitant pourraient diminuer de moitié, les kilomètres parcourus en automobile, de 15 %, et les émissions de GES, de 29 %. CONCLUSION : Les résultats présentés ici sont nouveaux et comptent parmi les premiers à relier des effets sanitaires et des caractéristiques précises du milieu bâti au Canada. L’outil qui en résulte est le premier du genre au Canada. Il peut aider les responsables des politiques, les urbanistes, les planificateurs des transports et les professionnels de la santé à évaluer les influences du milieu bâti sur les indicateurs sanitaires et les émissions de GES résultant de politiques et d’actions comparées en matière d’aménagement du territoire et de transports. MOTS CLÉS : environnement et santé publique; techniques d’aide à la décision; urbanisme; systèmes d’information géographique; évaluation d’impact sur la santé; analyse spatiale Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS27-eS34. L ’épidémie d’obésité en cours est bien attestée 1,2 . Au Canada, la prévalence du surpoids est passée de 28 % à 34 % entre 1985 et 2003, et l’obésité a grimpé de 7 à 16 % sur la même période3. Les facteurs sociétaux communément cités sont le glissement des professions actives aux professions sédentaires, la domination actuelle de l’automobile sur la liste des moyens de transport, l’augmentation des temps de loisir sédentaires, l’activité physique insuffisante pendant les loisirs et l’accès facile à des aliments peu coûteux et à haute teneur en calories4,5. La sédentarité et le surpoids ou l’obésité sont des facteurs de risque pour de nombreuses maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète de type II), lesquelles sont aussi en hausse6-8. Ces conditions ont un impact de plus en plus préjudiciable sur la qualité de vie des particuliers et des répercussions sur les dépenses individuelles et publiques en soins de santé9,10. Inverser les tendances haussières du poids et des maladies chroniques exigera à la fois des approches individuelles et populationnelles menées dans de multiples milieux11. Jusqu’à maintenant, les données probantes publiées indiquent que le milieu bâti a un impact léger mais significatif sur l’activité physique, l’obésité et les maladies chroniques12. Ces données identifient les caractéristiques du milieu bâti associées à des © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. niveaux supérieurs de transport actif (p. ex., la diversité des usages du sol), à l’activité physique pendant les loisirs (p. ex., l’accès aux parcs et aux installations récréatives) et la consommation d’aliments sains (p. ex., l’accès aux magasins de fruits et légumes frais)13-15. Des études ont aussi identifié les Affiliations des auteurs 1. 2. 3. 4. Urban Design 4 Health, Vancouver (Colombie-Britannique) Service de santé publique de Toronto, Toronto (Ontario) École de santé publique Dalla Lana, Université de Toronto, Toronto (Ontario) Écoles de santé environnementale et de planification communautaire et régionale, Université de la Colombie-Britannique, Vancouver (Colombie-Britannique) Correspondance : Lawrence D. Frank, Écoles de santé environnementale et de planification communautaire et régionale, Université de la Colombie-Britannique, 231-1933 West Mall, Vancouver (Colombie-Britannique) V6T 1Z2, tél. : 604-822-5387, courriel : [email protected]. Remerciements : L’étude présentée dans cet article a été rendue possible grâce à l’apport financier de Santé Canada octroyé à « Bâtir un Canada en santé » par le biais du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) du Partenariat canadien contre le cancer. Les points de vue exprimés sont ceux de Bâtir un Canada en santé et ne reflètent pas nécessairement ceux des bailleurs de fonds du projet. Nous remercions aussi pour leur soutien les partenaires de Bâtir un Canada en santé, dont Stephen Samis (anciennement de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et maintenant de la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé), Alice Miro, Kim Perrotta (anciennement de Santé publique Toronto) et d’autres à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC; Ronald Macfarlane et d’autres à Santé publique Toronto; Santé publique de Peel; Fraser Health Authority; et Vancouver Coastal Health. Enfin, nous remercions pour leur contribution les autres membres de l’équipe, issus d’Urban Design 4 Health (Eric Fox et Sarah Kavage) et de Placeways (Doug Walker, Amy Anderson et Emily Cubbon). Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS27 OUTIL D'ÉVALUATION DE LA SANTÉ ET DU MILIEU BÂTI caractéristiques qui font obstacle à l’activité physique (p. ex., la circulation intense) ou qui sont associées à la consommation d’aliments malsains (p. ex., l’accès aux restaurants rapides)16,17. De récentes études canadiennes commencent à confirmer ces constatations, tant chez les adultes que chez les enfants18. Glazier et coll. ont constaté que les quartiers à fort potentiel piétonnier pour les adultes de Toronto présentent une corrélation significative avec des déplacements actifs plus nombreux, des trajets en automobile moins nombreux, une plus faible prévalence de surpoids ou d’obésité et une plus faible prévalence de diabète sucré 19 . Pouliou et Elliott rapportent qu’une densité de population résidentielle supérieure était associée à un indice de masse corporelle (IMC) inférieur chez les adultes torontois, et que des valeurs accrues pour la diversité des usages du sol, la densité de population résidentielle, la connectivité des rues et un indice du potentiel piétonnier étaient toutes associées à un IMC inférieur chez les adultes de Vancouver20. Dans une étude auprès de jeunes de 10 à 14 ans menée à London (Ontario), Gilliland et coll. ont constaté une association entre un meilleur accès résidentiel aux possibilités récréatives et un IMC inférieur, et entre un plus grand accès des écoles aux établissements de restauration rapide et un IMC supérieur21. À l’échelle individuelle, l’ampleur de l’effet des interventions sur le milieu bâti est probablement réduit, mais leurs avantages sont importants parce qu’ils profitent à beaucoup de gens, ce qui crée une exposition populationnelle à des changements structurels de l’environnement soutenus au fil du temps. Les changements au milieu bâti sont une forme durable de prévention et devraient compter parmi les nombreuses stratégies complémentaires utilisées pour améliorer la santé publique. Des changements structurels au milieu bâti sont souvent nécessaires à l’efficacité d’autres changements instaurés par des programmes. Il n’est pas efficace de promouvoir la marche et les déplacements actifs en l’absence d’infrastructures adéquates, par exemple. Les outils coûts-avantages qui servent actuellement à établir l’ordre de priorité de gros investissements dans les transports ne tiennent pas compte de toute la gamme des effets sanitaires qui, selon les études, résulteraient de changements au milieu bâti. Les données probantes de l’étude en cours, ainsi que celles du corpus croissant de recherches dans ce domaine, donnent à penser que ces outils devraient inclure les coûts associés à un plus vaste éventail de résultats sanitaires. On intègre de plus en plus les évaluations d’impact sur la santé (ÉIS) dans les pratiques locales pour fournir aux acteurs du milieu et aux décideurs des informations liées à la santé. Les ÉIS peuvent être appliquées à des propositions de lois, de politiques, de programmes, de plans, de projets d’aménagement ou de priorités d’investissement pour évaluer leur impact potentiel sur la santé humaine. Le recours aux ÉIS gagne en popularité en Amérique du Nord depuis quelques années, bien qu’elles reposent le plus souvent sur des indicateurs non quantitatifs fondés sur l’application d’un nombre limité de données probantes publiées au sujet d’une décision ou d’un projet donné. Dans des revues récentes de la littérature, on a constaté que des indicateurs quantitatifs n’étaient fournis que dans 11 ÉIS sur 27 menées aux ÉtatsUnis et dans 17 ÉIS sur 98 menées en Europe22,23. La spécificité et la légitimité des ÉIS pourraient être considérablement renforcées par l’intégration de données quantitatives fondées sur des données probantes locales24,25. C’est particulièrement souhaitable lorsque des interventions visant à améliorer les résultats sanitaires et environnementaux d’importantes proposition de développement des transports et d’aménagement du territoire peuvent avoir des conséquences financières à grande échelle et susceptibles de s’attirer des critiques. Les données qualitatives sont moins à même de résister aux contestations judiciaires. L’étude en cours donne un aperçu de l’élaboration de modèles et de l’application d’une étude de cas pour un outil quantitatif d’ÉIS fondé sur des données probantes, créé et appliqué dans la Ville de Toronto. L’outil a été élaboré pour Santé publique Toronto dans le cadre de l’initiative Bâtir un Canada en santé du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention), financé par le Partenariat canadien contre le cancer26. Il est déjà appliqué ailleurs au Canada et a été conçu pour prédire les niveaux d’activité physique, d’indicateurs sanitaires et d’émissions de GES associés à des propositions d’aménagement du territoire et de développement des transports. MÉTHODE La mise au point de l’outil du projet COALITION a comporté deux grandes étapes : l’agencement des modèles de prévision associant les caractéristiques du milieu bâti à des comportements/indicateurs sanitaires à l’aide des données transversales locales de Toronto, et la modification d’un outil logiciel existant (CommunityViz, développé par Placeways, LLC, Boulder, Colorado) pour prédire les changements des comportements/indicateurs sanitaires en réponse à des changements définis par l’utilisateur dans les caractéristiques du milieu bâti. L’outil a ensuite été appliqué à l’étude de cas de la remise en valeur des terrains de l’Ouest de la rivière Don, à Toronto, pour en démontrer la fonctionnalité. CommunityViz (CViz) est une extension que l’on trouve dans le commerce du logiciel ArcMap (ESRI, Redlands, Californie). Nous avons sélectionné CViz pour la mise en œuvre de l’outil du projet COALITION parce qu’il est déjà très utilisé par les urbanistes pour évaluer les impacts de base (p. ex., sur les transports, l’environnement, les écoles) de scénarios d’aménagement des terres et d’investissements dans les transports et qu’il peut être personnalisé pour inclure des modèles d’effets sanitaires. CViz fournit une interface de système d’information géographique conviviale dont les planificateurs et les acteurs du milieu peuvent se servir pour analyser les conditions actuelles du milieu bâti, modifier les conditions futures et obtenir une rétroaction sur leurs impacts. Les utilisateurs de CViz ont deux grands moyens de manipuler les conditions futures pour générer de l’information sur leurs effets sanitaires : aménager/remettre en valeur le territoire et modifier les infrastructures de transport. La rétroaction de CViz est présentée selon une combinaison de cartes, de chiffres et de diagrammes qui comparent les conditions de base et les scénarios futurs pour les indicateurs qui intéressent l’utilisateur. eS28 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) OUTIL D'ÉVALUATION DE LA SANTÉ ET DU MILIEU BÂTI Figure 1. Vue d’ensemble du site des terrains de l’Ouest de la rivière Don (le secteur orangé représente les limites du site d’aménagement) Variables dépendantes Des variables dépendantes ont été dérivées de deux sources de données : le cycle 2007-2008 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) et le sondage Transport Tomorrow (STT) mené en 2006. Les variables dépendantes envisagées pour la construction du modèle ont été (pour celles tirées de l’ESCC) la marche et le vélo pour faire de l’exercice, la marche et le vélo pour se rendre au travail/à l’école, l’indice de masse corporelle, la dépense d’énergie quotidienne et la probabilité d’hypertension artérielle; et (pour celles tirées du STT) les trajets à pied/en vélo par jour, les trajets en transports en commun par jour, les trajets en automobile par jour, les kilomètres parcourus par jour et les émissions de CO 2 estimatives des véhicules par jour. L’échantillon de l’ESCC comptait 4 077 participants dans la ville de Toronto qui ont été géocodés par leur code postal. L’échantillon du STT comptait 22 091 participants dans la Ville de Toronto, géocodés par code postal. Il n’a pas été possible d’obtenir les dossiers de chaque répondant du STT; les données représentent plutôt les moyennes par code postal. Variables indépendantes Les variables du milieu bâti ont été mesurées pour les 47 246 codes postaux de la Ville de Toronto à l’aide des données des parcelles locales spatialement cadastrées, du réseau de transport (transports en commun et voies pour les véhicules, les piétons et les cyclistes) et des destinations (établissements de restauration, parcs et écoles). La zone tampon d’un kilomètre autour de chaque code postal a été incluse dans le calcul des variables du milieu bâti. Ces zones tampon ont été créées pour englober le rayon des déplacements à partir du centre du code postal, dans toutes les directions, sur un kilomètre le long du réseau routier (à l’exception des routes à accès limité). Cette approche a été validée à maintes reprises dans d’autres études évaluées par des pairs27-29. Les variables du milieu bâti étaient la longueur des routes; les installations pour bicyclettes et les trottoirs; la distance jusqu’à la grande artère, l’école et l’arrêt/la station de transports en commun les plus proches; l’accessibilité des grandes destinations régionales; plusieurs vecteurs de densité, dont la densité résidentielle nette, les intersections, les écoles, les arrêts de transports en commun et le type de chaque établissement de restauration (restaurants assis et rapides, épiceries et dépanneurs) et les indicateurs d’aménagement du territoire, dont un indicateur entropique des zones polyvalentes, du rapport surface de vente/territoire et de la zone de parc. Des covariables démographiques et socioéconomiques ont aussi été incluses dans les modèles à titre de variables de contrôle indépendantes. Ces covariables ont été directement tirées de l’ESCC et du STT lorsqu’elles étaient disponibles. Quand des covariables essentielles n’étaient pas présentes dans ces deux sources, leurs valeurs pour chaque participant ont été imputées à l’aide du Recensement de 2006 au Canada. Ces données n’étaient disponibles qu’au niveau des aires de diffusion (AD). Les valeurs des AD ont été affectées à tous les codes postaux compris dans l’AD, puis affectées aux participants de l’ESCC et du STT comptés dans chaque code postal. Les variables démographiques utilisées pour la modélisation prédictive incluaient celles des participants de REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS29 OUTIL D'ÉVALUATION DE LA SANTÉ ET DU MILIEU BÂTI Tableau 1. Caractéristiques démographiques des résidents de la zone d’étude et de la zone d’impact des terrains de l’Ouest de la rivière Don (TORD), de la Ville de Toronto, et des participants de l’ESCC et du STT Variable Âge médian % de femmes Nb moyen par ménage % de diplômés universitaires Revenu médian du ménage ($) Zone d’étude des TORD (niveau du code postal, n=15)* Zone d’impact des TORD (niveau du code postal, n=350)* 45,2 53,0 2,6 47,8 61 078 38,4 48,3 2,6 38,5 76 082 Ville de Toronto† 38,4 51,9 2,5 37,3 52 833 ESCC (niveau des participants, sauf indication contraire), moyenne (N) STT (participant moyen du sondage, niveau du code postal, sauf indication contraire), moyenne (N) 46,6 (4 077) 54,0 (4 077) 2,5 (4 077) 32,3 (3 926) 77 049 (3 127)‡ 42,4 (22 102) 56,2 (21 028) 2,7 (22 113) 30,0 (21 828)* 83 988 (21 828)* * Statistique Canada, valeurs des aires de diffusion du Recensement de 2006 affectées aux centroïdes des participants/code postal. † Statistique Canada, Profils des communautés du Recensement de 2006. ‡ Revenu des ménages en 2006. ESCC=Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes; STT=sondage Transport Tomorrow. Tableau 2. Indicateurs du milieu bâti dans la zone d’étude Variable Conditions actuelles Densité résidentielle nette (unités résidentielles par acre résidentiel) Diversité des usages du sol (0-1) Rapports surface de vente/territoire Écoles Établissements d’alimentation Densité des intersections (nombre/km2) Densité des transports en commun (nombre/km2) Routes accessibles aux piétons (km) installations pour cyclistes (km) 72,4 0,5 0,8 12,0 159,0 134,8 40,4 58,4 11,8 Futur : Plan général des TORD % chgt des cond. actuelles 119,0 0,5 1,2 13,0 193,0 152,0 42,0 62,2 18,5 64,4 % 0,0 % 50,0 % 8,3 % 21,4 % 12,8 % 4,0 % 6,5 % 56,8 % Tableau 3. Valeurs estimatives des résultats pour les zones d’étude et d’impact des terrains de l’Ouest de la rivière Don (TORD) Résultat Trajets actifs/personne par jour Trajets en transports en commun/personne/jour Trajets en automobile/personne par jour Kilomètres parcourus/personne par jour Émissions de CO2 véhicules (kg/ménage/jour) Épisodes de marche de loisir par mois Trajets à pied au travail/à l’école par mois Épisodes de cyclisme de loisir par mois Trajets en vélo au travail/à l’école par mois Dépense d’énergie quotidienne (kcal/kg/jour)* Indice de masse corporelle Probabilité d’hypertension artérielle Zone d’étude (15 codes postaux) Conditions Plan % chgt actuelles (TORD) cond. (TORD) actuelles 0,23 0,60 1,00 18,17 3,38 13,63 7,79 1,08 0,80 2,28 24,31 9,63 % 0,48 0,79 0,52 15,43 2,39 14,40 10,94 1,53 2,71 2,73 24,14 9,19 % 108,7 % 31,7 % -48,0 % -15,1 % -29,3 % 5,7 % 40,4 % 41,7 % 238,8 % 19,7 % -0,7 % -4,6 % Zone d’impact (350 codes postaux) Conditions Plan % chgt actuelles (TORD) cond. (TORD) actuelles 0,37 0,74 0,64 14,58 2,34 11,80 10,84 1,15 0,98 2,44 24,03 5,55 % 0,42 0,77 0,55 14,18 2,28 12,06 11,54 1,26 1,47 2,51 23,99 5,48 % 13,5 % 4,1 % -14,1 % -2,7 % -2,6 % 2,2 % 6,5 % 9,6 % 50,0 % 2,9 % -0,2 % -1,3 % * La dépense d’énergie quotidienne, exprimée en kcal/kg/jour (PACDTLE), a été dérivée par Statistique Canada d’après les réponses des participants à plusieurs questions sur l’activité physique. Elle a été calculée en combinant le temps que chaque participant a consacré aux loisirs (p. ex., marche, cyclisme, sports) et au transport (p. ex., marche/cyclisme pour aller au travail) au cours des trois mois antérieurs. On a calculé le nombre total de calories brûlées durant l’ensemble des activités et on l’a converti en une valeur quotidienne basée sur le poids du participant. Les répondants ont été classés comme suit : 3,0 kcal/kg/jour ou plus =actif; 1,5 à 2,9 kcal/kg/jour=modérément actif; moins de 1,5 kcal/kg/jour=inactif. Source : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) : 2008 (Composante annuelle) et 2007-2008, Spécifications des variables dérivées (VD), Fichiers maître et partagé. http://www.statcan.gc.ca/imdb-bmdi/document/3226_D2_T9_V6-fra.pdf l’ESCC et du STT et les variables fondées sur le Recensement. Ces variables étaient l’âge, le sexe, le revenu du ménage, la taille du ménage, la propriété d’un véhicule, le niveau d’instruction, l’emploi et le pourcentage de populations minoritaires dans l’AD. Méthodes d’analyse Les données ont été jointes au niveau du code postal (la plus petite unité géographique commune). Des modèles de régression multivariée ont servi à prédire la valeur de chaque résultat/comportement sanitaire d’après les caractéristiques du milieu bâti et les caractéristiques démographiques/ socioéconomiques de chaque participant. Quatre types de modèles de régression ont été utilisés, selon le type et la ventilation de la variable de résultat : linéaire, log-linéaire, à logique binaire et à deux échelons (enflée en zéro). Dans chaque cas, on a d’abord construit un modèle de base incluant toute variable démographique/socioéconomique significative (p<0,05). Ensuite, les variables du milieu bâti ont été ajoutées au modèle jusqu’à ce qu’on trouve la combinaison de variables offrant l’adéquation prédictive la plus élevée (R au carré) par rapport au résultat. Le processus de modélisation a été limité par le fait que les formulations des variables résultantes devaient être utilisables par le logiciel de modélisation et applicables à la mise à l’essai de scénarios dans le monde réel. L’objectif final des analyses était donc la modélisation prédictive (et non le test d’hypothèses). En outre, les variables eS30 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) OUTIL D'ÉVALUATION DE LA SANTÉ ET DU MILIEU BÂTI Figure 2. Dépense d’énergie quotidienne (kcal/kg/jour/personne) – valeurs calculées* * Valeurs des quartiles : faible=0,57-1,70, moyenne-faible=1,70-1,94, moyenne-élevée=1,94-2,34, élevée=2,34-7,56 du milieu bâti ont été incluses dans certains cas où elles ne présentaient pas une corrélation significative avec le résultat d’intérêt, parce qu’elles amélioraient l’adéquation prédictive du modèle. Comme constaté par le passé, les variables du milieu bâti sont multicollinéaires; elles ont donc été combinées en un indice. Des transformations log ont été utilisées pour les variables dont l’asymétrie était extrêmement positive. Certaines contraintes pratiques, liées au besoin d’appliquer ces modèles avec un outil logiciel de planification de scénarios, ont limité la sélection des variables indépendantes. Par exemple, toutes les variables de modèles devaient être disponibles pour tous les codes postaux de Toronto dans le scénario de base, et elles devaient être modifiables pour les scénarios futurs. De même, tous les indicateurs requis pour calculer chaque variable devaient être techniquement possibles dans l’outil logiciel et pouvoir être calculés en moins d’une heure (l’outil logiciel étant fait pour être utilisé en temps réel lors d’assemblées publiques). CViz est plus limité à cet égard que d’autres plateformes logicielles qui ont accès à des capacités informatiques externes par l’Internet. Sélection de la zone d’étude de cas et application des modèles Les terrains de l’Ouest de la rivière Don (TORD), présentés à la figure 1, ont été sélectionnés pour l’étude de cas de mise à l’essai de l’outil du projet COALITION. Le scénario d’essai est fondé sur le Plan général des TORD pour la remise en valeur de ces terrains industriels riverains sous-utilisés. Ce plan définit l’emplacement, l’échelle, le caractère et la fonction de tous les lieux publics, rues, bâtiments et installations à fournir et à aménager dans la communauté des TORD. Des changements importants sont prévus sur ce site de 80 acres situé à l’est du centre-ville : • 6 000 à 6 500 unités d’habitation, dont 1 300 logements locatifs abordables • Divers types d’habitations : des maisons en rangée aux bâtiments de mi-hauteur et aux tours • 1 million de pieds carrés de locaux à bureaux et de locaux pour commerce de détail • De nouvelles rues pour améliorer la connectivité • De nouveaux parcs, dont un parc de 18 acres immédiatement adjacent à la rivière Don • Une nouvelle ligne de tramways • Une nouvelle école REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS31 OUTIL D'ÉVALUATION DE LA SANTÉ ET DU MILIEU BÂTI Les changements au milieu bâti de la zone d’étude sont censés avoir un impact non seulement sur le comportement des résidents de la zone, mais sur ceux des résidents des alentours. Par exemple, les nouveaux magasins, lieux de travail ou transports en commun construits dans la zone d’étude offriront de nouveaux choix de destinations aux personnes des environs. C’est la raison pour laquelle les modèles ont été appliqués à la fois à la zone d’étude (n=15 codes postaux) et à la « zone d’impact », définie comme étant la zone d’étude plus tous les codes postaux dans la zone tampon d’un kilomètre qui recoupent la zone d’étude (n=350 codes postaux). Les caractéristiques démographiques et socioéconomiques pour l’étude de cas ont été dérivées des données des AD du Recensement (2006). Le tableau 1 présente les valeurs moyennes des caractéristiques démographiques au niveau du code postal pour les zones d’étude et d’impact, globalement pour la Ville de Toronto et à l’échelle individuelle pour les participants de l’ESCC et du STT, dont les données ont servi à créer les modèles de régression. Les résidents des codes postaux de la zone d’étude sont plus âgés, plus instruits et ont un revenu supérieur à ceux de la ville dans son ensemble. Les résidents de la zone d’impact ressemblent davantage à ceux de la ville dans son ensemble, à l’exception de la proportion inférieure de femmes et du revenu très supérieur des ménages. Les modèles de régression définitifs ont ensuite été appliqués au niveau du code postal pour chaque résultat d’intérêt, à la fois pour les conditions de base et pour le scénario d’aménagement futur. Pour en faciliter l’interprétation, les caractéristiques démographiques et socioéconomiques pour chaque code postal ont été laissées constantes d’un scénario à l’autre. Des résultats estimatifs ont été générés à la fois pour la zone d’étude et pour la zone d’impact. RÉSULTATS Les résultats des régressions sont résumés ci-après. Les caractéristiques les plus communément associées à un niveau d’activité physique supérieur, à un poids inférieur, à une meilleure santé et à un impact véhiculaire réduit étaient la diversité accrue des usages du sol, la densité des intersections, les rapports surface de vente/territoire, la densité de population résidentielle, la densité des arrêts et des stations de transports en commun et la densité des magasins d’alimentation de détail. Un accès élargi aux parcs et aux pistes était associé à la marche d’exercice, tandis qu’une plus grande surface de trottoirs et un meilleur accès aux installations pour cyclistes étaient associés à des niveaux accrus de marche ou de vélo à des fins de transport. Une meilleure accessibilité régionale était associée à un nombre accru de trajets à pied, en vélo et en transports en commun, à un moindre nombre/une moindre distance des trajets en automobile et à une réduction des émissions de GES. Le tableau 2 présente les valeurs d’un sous-ensemble de valeurs du milieu bâti utilisées par les modèles de régression et calculées pour les conditions présentes et futures dans la zone d’étude. Ces valeurs sont fondées sur le secteur englobant les codes postaux de la zone tampon. En vertu du Plan pour les TORD, ce secteur devrait se densifier et comporter davantage de destinations; bien que la diversité des utilisations résidentielles et non résidentielles du sol reste inchangée, le nombre et la densité des nouveaux commerces de détail augmenteront. On s’attend à ce que le réseau de transport s’étende pour les marcheurs, les cyclistes et les usagers des transports en commun. Le tableau 3 montre les prédictions pour chaque résultat et le taux de changement entre les conditions futures et les conditions de référence. La moitié gauche du tableau présente les résultats pour les personnes vivant uniquement dans la zone d’étude, et la moitié droite du tableau, les résultats pour les personnes vivant dans la zone d’impact. Seuls les résultats pour la zone d’étude sont examinés en détail ci-après. Dans tous les cas, les personnes vivant hors de la zone d’étude ressentent des impacts tout aussi positifs, mais de moindre ampleur, que ceux de la zone d’étude. Avec la mise en œuvre du Plan général de remise en valeur, on s’attend à un recul considérable des déplacements en automobile au profit des déplacements actifs (marche et vélo) et des trajets en transports en commun. Pour les résidents de la zone d’étude, on s’attend à ce que les déplacements actifs augmentent de plus du double, et les trajets en transports en commun, du tiers. Les trajets en automobile devraient au contraire diminuer de près de la moitié. Parallèlement à la diminution des trajets en automobile, on prédit une baisse de 15 % des kilomètres parcourus en automobile par personne et une baisse de 29 % des émissions de GES liées aux véhicules par ménage. On prédit que les résidents de la zone d’étude se rendront beaucoup plus souvent au travail ou à l’école à pied ou à vélo après la mise en œuvre du Plan général, avec une hausse de 40 % pour la marche et de 238 % pour le vélo. On prédit des hausses plus faibles de la marche et du cyclisme de loisir, soit de 5,7 % pour la marche et de 42 % pour le cyclisme. Ces hausses des déplacements à pied et à vélo entraîneront une augmentation prévue de 20 % dans la dépense d’énergie quotidienne des résidents de la zone d’étude après la mise en œuvre du Plan général, soit de 2,3 à 2,7 kcal par personne par jour. Les avantages pour la santé des résidents de la zone d’étude de la transition vers des modes de transport actif et de l’augmentation de l’activité physique pendant les loisirs après la mise en œuvre du Plan général sont démontrés par la baisse prévue de l’IMC et la probabilité réduite d’hypertension artérielle. On prédit que l’IMC moyen diminuera de 0,17 point, et que la prévalence de l’hypertension passera de 9,6 % de la population à 9,2 %. L’application des résultats du modèle peut aussi servir à créer des cartes thématiques de résultats par code postal pour l’ensemble de la ville. La figure 2 montre les résultats par quartile pour un résultat sélectionné : la dépense d’énergie quotidienne. On voit clairement que la partie centrale et les secteurs à l’ouest et au nord du centre-ville, représentés en jaune, indiquent une activité plus élevée, avec de moindres niveaux d’activité hors de ces secteurs. DISCUSSION L’étude rend compte du développement et de l’application d’un outil logiciel fondé sur les données probantes servant à eS32 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) OUTIL D'ÉVALUATION DE LA SANTÉ ET DU MILIEU BÂTI prédire les effets sanitaires de changements apportés au milieu bâti. L’application de cet outil aux terrains de l’Ouest de la rivière Don a démontré le potentiel de prédire comment des changements proposés au milieu bâti peuvent améliorer la santé humaine en augmentant les niveaux d’activité physique. Il était prédit que la mise en œuvre d’un plan d’aménagement visant à ajouter des habitations, des espaces pour le commerce de détail et des infrastructures de transports améliorées dans les espaces inutilisés des TORD augmenterait les trajets à pied, en vélo et en transports en commun des résidents, particulièrement à des fins utilitaires, mais aussi récréatives. Les augmentations prévues du transport actif et de l’activité physique de loisir ont accru la dépense d’énergie quotidienne totale. Bien que ces résultats ne soient pas conclusifs sur la seule base des données transversales, il est logique que la dépense d’énergie accrue entraîne avec le temps une baisse du poids et une meilleure santé. Les résultats de l’étude de cas sont conformes à ces relations causales, car il est également prédit que les résidents des TORD auront un IMC inférieur et une probabilité réduite de faire de l’hypertension artérielle. Bien qu’ils n’aient pas été mesurés pour l’étude de cas, on prévoit aussi que les avantages pour la santé réduiront les coûts des soins de santé liés à l’obésité30. En plus d’avantages sur le plan de l’activité physique et de la santé, les résultats montrent aussi qu’il y aurait d’importants avantages connexes sur le plan des transports et de l’environnement, dont une diminution des trajets en automobile, des kilomètres parcourus par les véhicules et des émissions de GES. L’ampleur des changements est relativement faible pour de nombreux résultats, mais le nombre de personnes touchées par le Plan (sans parler des avantages connexes) donne à penser que les changements au milieu bâti méritent d’être envisagés parmi les nombreuses stratégies complémentaires qui peuvent servir à lutter contre la hausse des taux d’obésité et de maladies chroniques. L’élaboration des modèles de régression et celle de l’étude de cas ont souffert de quelques contraintes. Premièrement, les données utilisées pour construire les modèles de régression étaient transversales. L’application de la modélisation prédictive implique une relation de cause à effet, mais il est important de reconnaître que la causalité ne peut être déterminée à partir de ces données. Deuxièmement, la sélection des variables et les méthodes de modélisation ont été limitées par l’échantillon (ESCC et STT) et par la disponibilité de données populationnelles, ainsi que par les contraintes d’application de l’outil CViz. Ainsi, nous n’avons pas pu apporter d’ajustements pour les variables des modèles définitifs que nous savions être associées à des résultats d’intérêt, comme le régime, les facteurs attitudinaux et la génétique. Troisièmement, les caractéristiques démographiques et socioéconomiques ont été tenues constantes entre les conditions de base et les scénarios futurs. Cette décision a été prise strictement pour faciliter l’interprétation des données. L’un des aspects les plus difficiles de la planification de scénarios est d’arriver à prédire le portrait démographique futur d’un lieu donné. En ne modifiant que les caractéristiques du milieu bâti, nous avons pu isoler l’impact des changements au milieu bâti en les démêlant de l’impact potentiel des changements dans les caractéristiques des personnes. L’outil logiciel qui en résulte est pleinement capable de modéliser simultanément les changements individuels et les changements au milieu bâti, ce qui est recommandé si on veut l’appliquer à des situations réelles. Malgré ces contraintes, les modèles de régression et les résultats de l’étude de cas ont été intuitifs et conformes à d’autres constatations publiées. Une plus grande accessibilité locale et un accès amélioré aux infrastructures de marche, de vélo et de transports en commun ont été associés à un niveau accru d’activité liée au transport et d’activité physique totale, ainsi qu’à une réduction du poids et de la tension artérielle31-33. Un meilleur accès aux parcs et aux installations de loisir a été associé à un niveau accru d’activité physique durant les loisirs15,34. L’accessibilité locale et l’accessibilité régionale ont été associées à une réduction des kilomètres parcourus en automobile et des émissions de GES13,35. Le développement d’un outil d’évaluation quantitative de l’impact sur la santé et sa mise à l’essai dans le cadre de projets pilotes à Toronto sont d’importantes contributions au domaine, car ils démontrent l’intérêt d’utiliser des sources de données locales pour générer des prédictions sanitaires fondées sur les données probantes en réponse à des changements du milieu bâti. L’outil a aussi été appliqué avec succès à la croissance rapide de la Ville de Surrey, en Colombie-Britannique, en démontrant les avantages sanitaires considérables du plan de remise en valeur du centre-ville qui a été adopté26. Plutôt que d’être une analyse ponctuelle, cet outil peut être utilisé par la Ville de Toronto pour évaluer systématiquement les propositions d’aménagement et pour éclairer les révisions des plans et le choix des infrastructures à financer en priorité. Mener des analyses systématiques des effets sanitaires contribue à démontrer que la santé est un élément clé à prendre en considération en urbanisme, ce qui accroît la probabilité que les « modes de vie sains » s’implantent plus généralement dans la culture des secteurs public et privé. La capacité de chiffrer les effets sanitaires présente un avantage supplémentaire par rapport aux évaluations non quantitatives : celui d’offrir des indicateurs mesurables et défendables que l’on peut comparer aux propositions ou aux plans concurrents. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Caballero B., 2007, « The global epidemic of obesity: An overview », Epidemiol Rev, 29, 7, p. 1-5. Katzmarzyk PT, 2002, « The Canadian obesity epidemic, 1985-1998 », CMAJ, 166, 8, p. 1039-1040. Katzmarzyk PT, Mason C, 2006, « Prevalence of class I, II and III obesity in Canada », CMAJ, 174, 2, p. 156-157. Swinburn BA, Sacks G, Hall KD, McPherson K, Finegood DT, Moodie ML, et al., 2011, « The global obesity pandemic: Shaped by global drivers and local environments », Lancet , 378, 9793, p. 804-814. Ng SW, Popkin BM, 2012, « Time use and physical activity: A shift away from movement across the globe », Obes Rev, 13, 8, p. 659-680. 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Mowat, M.B.Ch.B., M.P.H., F.R.C.P.C.7 RÉSUMÉ OBJECTIFS : Notre projet impliquait l’élaboration d’un cadre d’étude de base sur la santé (ÉBS) qui permette de tenir compte des impacts sur la santé dans le processus d’approbation des plans d’aménagement du territoire des municipalités. PARTICIPANTS : Le Bureau de santé de la région de Peel et Santé publique Toronto ont dirigé le projet avec la participation de planificateurs, d’urbanistes, d’ingénieurs, de fonctionnaires en santé publique et de représentants du secteur de l’aménagement. LIEU : La croissance historique dans la Région de Peel et en banlieue de Toronto a entraîné un aménagement à faible densité généralisé, créant ainsi des communautés tributaires de l’automobile avec des rues sans issue et des utilisations compartimentées des terrains. INTERVENTION : L’inclusion d’une ÉBS dans les demandes que les promoteurs présentent aux municipalités est une approche permettant d’établir des attentes sanitaires pour le milieu bâti dans le processus d’approbation. L’élaboration du cadre d’ÉBS a utilisé les six éléments fondamentaux du milieu bâti pour lesquels il existe les indications les plus solides d’impacts sur la santé et s’est fondée sur l’analyse des contextes des politiques provinciales et locales, sur les pratiques d’autres municipalités et sur des entrevues avec les acteurs. Le contenu du cadre a été peaufiné à la lumière de la rétroaction d’ateliers multipartenaires et multidisciplinaires. RÉSULTATS : Le cadre d’ÉBS définit des normes minimales pour les éléments fondamentaux du milieu bâti que les promoteurs doivent aborder dans leurs demandes. Ce cadre se veut un outil simple et instructif qui peut s’appliquer à un éventail de lieux et d’échelles d’aménagement et aux diverses étapes du processus d’approbation des plans d’aménagement. Le Bureau de santé de la région de Peel dirige plusieurs initiatives qui appuient l’utilisation de l’ÉBS dans le processus de demande des plans d’aménagement. CONCLUSION : Le cadre d’ÉBS est un outil dont les fonctionnaires en santé publique et en planification peuvent se servir pour appuyer la prise en compte des impacts sur la santé dans les processus d’aménagement du territoire des municipalités. MOTS CLÉS : environnement et santé publique; urbanisme; activité physique; politique publique; marchabilité Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS35-eS42. L’activité physique pratiquée régulièrement comporte d’importants avantages pour la santé1,2. Bien que l’on fasse depuis longtemps des efforts pour promouvoir l’activité physique, à peine 15 % des Canadiens adultes respectent les niveaux recommandés3. L’une des grandes difficultés est que l’activité physique devient caduque avec le progrès technique, qui réduit le besoin de marcher et crée des désincitations à la marche4. Les preuves s’accumulent sur les liens entre le milieu bâti, l’activité physique et les résultats sanitaires. Les caractéristiques Recommandations fondées sur des preuves pour des politiques populationnelles appuyant l’activité physique • Améliorer les infrastructures favorisant le cyclisme et la marche. • Appuyer l’emplacement des écoles à distance de marche raisonnable des secteurs résidentiels. • Améliorer l’accès aux transports collectifs. • Établir des zones d’aménagement polyvalentes – avec intégration et interpénétration des logements, des écoles, des lieux de travail, des commerces et des lieux publics. • Améliorer la sécurité personnelle et la sécurité routière dans les secteurs où les gens sont actifs (ou pourraient l’être). • Améliorer la marchabilité, un indicateur composite intégrant la diversité des usages du sol, la connectivité, les infrastructures piétonnes, l’esthétique, la sécurité routière ou la sécurité face à la criminalité. © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. de l’aménagement suburbain classique (faible densité, maisons unifamiliales et dépendance envers l’automobile même pour les courts trajets) sont associées à une activité physique réduite, à l’obésité et aux maladies chroniques5-11. Par contre, les milieux bâtis compacts, propices à la marche et aux transports collectifs sont associés à des niveaux supérieurs de transport actif et d’activité physique globale12. Selon des examens fondés sur les Affiliations des auteurs 1. Président, BWM Health Consultants Inc.; professeur associé, École de santé publique Dalla Lana, Université de Toronto, Toronto (Ontario) 2. Directrice, Prévention des maladies chroniques et des blessures, Bureau de santé de la région de Peel, Mississauga (Ontario) 3. Collaboratrice, The Planning Partnership, Toronto (Ontario) 4. Associé, The Planning Partnership, Toronto (Ontario) 5. Facilitatrice en planification sanitaire, Prévention des maladies chroniques et des blessures, Bureau de santé de la région de Peel, Mississauga (Ontario) (au moment de l’étude; travaille actuellement pour Saskatoon North Partnership for Growth, Saskatoon [Saskatchewan]) 6. Superviseure intérimaire, Politique et planification de la recherche, Prévention des maladies chroniques et des blessures, Bureau de santé de la région de Peel, Mississauga (Ontario) (au moment de l’étude; travaille actuellement pour Johnson & Johnson/UCLA Anderson [Californie]) 7. Médecin-hygiéniste, Bureau de santé de la région de Peel, Mississauga (Ontario) Correspondance : Gayle Bursey, Chronic Disease and Injury Prevention, Peel Public Health, 7120 Hurontario St., Mississauga (Ontario) L5M 2C1, Tél. 905-791-7800, poste 2617, courriel : [email protected] Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS35 ÉLABORATION D’UN CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ Cadre de référence Indice de développement sain (IDS) • Enquête bibliographique complète avec analyse de force de la preuve • Consultation des acteurs du milieu • Analyse des lacunes dans les politiques • Identification des sept éléments clés du milieu bâti associés à la santé Figure 1. Un « aide-mémoire » pour déterminer si les nouveaux aménagements répondent aux normes minimales de santé communautaire et un forum pour encourager les demandeurs à justifier leurs décisions d’aménagement. Guide Appuie le cadre de référence en donnant de l’information supplémentaire correspondant à chaque grand élément structural de santé communautaire qui favorise des normes d’aménagement plus élevées; à appliquer dans les nouveaux aménagements au sein des communautés existantes. Stratégie de mise en œuvre Fondée sur le Guide d’utilisation, elle offre un plan de match aux municipalités qui ont décidé de mettre en œuvre l’ÉBS. On y présente les lois favorables, une marche à suivre précise (qui fait quoi et quand) et un plan de surveillance de la mise en œuvre et de la réussite de l’ÉBS. Examen IDS Cadre d’étude de base sur la santé (ÉBS) Évaluation situationnelle Ordinogramme d’élaboration du cadre d’étude de base sur la santé preuves, on recommande tout un éventail de politiques pour favoriser l’activité physique (voir la zone de texte en bas à gauche)13-15. Outre leur impact sur l’activité physique, on peut aussi s’attendre à ce que les améliorations au milieu bâti réduisent la pollution atmosphérique liée à la circulation, améliorent la santé mentale et le bien-être social, favorisent l’équité face au transport et fournissent un meilleur appui à une population vieillissante6,16. Les recommandations existantes guident les fonctionnaires en santé publique et d’autres sur les politiques du milieu bâti souhaitables, mais elles sont moins claires sur le meilleur moyen d’en influencer l’adoption 4 . Bien que les services de santé publique se soient impliqués dans la conception de villes plus saines dès la fin des années 1800, depuis quelques dizaines d’années, ils se trouvent principalement en dehors du régime d’urbanisation institutionnalisé. Néanmoins, la collaboration entre les fonctionnaires en santé publique et en urbanisme est essentielle pour améliorer le milieu bâti, et donc, les résultats sanitaires. Heureusement, il y a une convergence de vues sur les éléments d’une forme construite plus saine et plus durable entre les professionnels de plusieurs secteurs17-22. Souvent, les solutions pour obtenir des communautés en santé répondent aux objectifs de plusieurs acteurs, surtout ceux qui agissent dans une perspective environnementale, sociale ou économique. Bâtir intentionnellement des communautés plus saines est une approche qui s’écarte considérablement du statu quo des aménagements à faible densité, tributaires de l’automobile23. La politique provinciale offre une vision de haut niveau pour des communautés compactes et saines24, mais ce sont les multiples paliers de planification – des plans régionaux/municipaux officiels aux plans de situation détaillés (voir l’annexe A) – qui doivent globalement appuyer l’accroissement de la marche, du cyclisme et de l’utilisation des transports collectifs 13,14,25. En Ontario, les services de santé publique ont des liens de financement, de gouvernance et, dans biens des centres urbains, des liens administratifs avec les gouvernements municipaux. Cela leur permet de travailler plus étroitement avec les planificateurs, les ingénieurs en transport et d’autres vers l’objectif commun de communautés compactes et saines. Selon nos discussions avec des urbanistes, la préparation d’études de base pour accompagner les demandes d’aménagement serait une façon d’établir des attentes sanitaires pour le milieu bâti. Les demandes que font les promoteurs auprès des municipalités comportent généralement plusieurs types de rapports ou « d’études » obligatoires qui montrent qu’aucune répercussion indûment néfaste n’est associée à la nature, à l’échelle ou à la forme de l’aménagement envisagé. Le Bureau de santé de la région de Peel et Santé publique Toronto ont donc collaboré à l’élaboration d’un cadre d’étude de base sur la santé (ÉBS) pour établir un mécanisme de prise en compte des impacts sur la santé dans le processus d’approbation des plans d’aménagement du territoire. Notre article vise à décrire l’élaboration et les éléments du cadre d’ÉBS et les prochaines étapes de sa mise en œuvre. CONTEXTE La Région de Peel et la Ville de Toronto sont deux des plus grandes municipalités du Canada. La Région de Peel (1,3 million d’habitants) est une municipalité à deux paliers qui englobe trois municipalités locales : la Ville de Mississauga, la Ville de Brampton et la Ville de Caledon 26 . La Ville de Toronto (2,6 millions d’habitants) fonctionne comme une municipalité à palier unique27. De la fin de la Deuxième Guerre mondiale aux années 2000, la croissance de la Région de Peel a entraîné un eS36 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) ÉLABORATION D’UN CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ Tableau 1. Résumé de thèmes d’entrevue sur la pertinence d’utiliser ou non une étude de base sur la santé (ÉBS) Pour un processus d’ÉBS Contre un processus d’ÉBS • Les éléments du milieu bâti liés à la santé sont interdépendants. Une ÉBS distincte pourrait contribuer à ce qu’ils soient abordés de façon globale et intégrée. • C’est le signe que la municipalité accorde la priorité à la santé de ses citoyens. • Cela pourrait occasionner des coûts et des délais supplémentaires. • On pourrait intégrer les impacts sur la santé dans les études déjà exigées. aménagement à faible densité généralisé où les terres cultivées ont été converties en communautés tributaires de l’automobile, avec des rues sans issue et une utilisation compartimentée des terrains. Ce modèle est caractéristique de la plupart des banlieues de l’après-Deuxième Guerre mondiale en Amérique du Nord, mais des municipalités comme la Région de Peel admettent à présent les multiples impacts indésirables de ce type d’aménagement et tentent de changer de cap en adoptant des politiques de planification fondées sur un modèle d’aménagement plus sain. La vieille Ville de Toronto, créée avant l’ère de l’automobile, est bien pourvue en rues propices à la marche, en aménagements denses et en usages du sol mixtes. Toutefois, le reste de la ville (ce qu’on appelle la « proche banlieue ») présente les mêmes caractéristiques de planification d’après-guerre que les banlieues du reste du continent. ÉLABORATION DU CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ Aperçu La figure 1 présente l’évolution du projet depuis l’indice de développement sain (IDS) initial jusqu’au cadre d’ÉBS complet. L’indice de développement sain Quand le Bureau de santé de la région de Peel s’est impliqué dans l’examen des demandes d’aménagement, en collaboration avec les fonctionnaires en planification en 2005, il est devenu clair qu’il fallait des critères fondés sur les preuves pour cerner les impacts sur la santé éventuels5. Avec l’aide financière du gouvernement provincial, le Bureau de santé de la région de Peel a engagé une équipe de recherche pour préparer une enquête bibliographique complète et élaborer l’IDS. L’IDS inclut les sept éléments du milieu bâti pour lesquels la force de la preuve d’associations avec la santé est la plus importante (voir la zone de texte ci-dessous)5. Pour chaque élément, on a défini des cibles liées à la santé qui ont fait l’objet de consultations avec les planificateurs régionaux et locaux et avec des sociétés de planification privées. Éléments de base du milieu bâti associés à la santé • • • • • • • Densité Proximité des services Diversité des usages du sol Connectivité des rues Caractéristiques du réseau routier et des trottoirs Stationnement Esthétique et échelle individuelle faire préparer aux promoteurs une étude sur la santé, ceci a mené à l’élaboration du cadre d’ÉBS. Pour commencer, on a procédé à une évaluation situationnelle pour examiner les politiques et les approches qui abordaient déjà les liens entre la santé du public et l’aménagement du territoire5,28-31. Cette évaluation a mis en lumière les politiques provinciales qui favorisent l’aménagement de communautés complètes, saines et actives, incluant des endroits où vivre, travailler, faire des achats, se divertir et s’instruire et des possibilités de marcher, de faire du vélo et d’utiliser les transports collectifs24,32. L’adoption de telles politiques exige des approches qui appuient la diversification des usages du sol et des densités plus élevées, propices au transport collectif; la gestion de la croissance par des critères d’intensification; et l’orientation des nouveaux aménagements vers les secteurs centraux et les corridors24. C’est la vision qui anime la Région de Peel et ses municipalités constituantes33-36. De nombreuses autorités municipales en Amérique du Nord adoptent dans leurs documents de planification à long terme un langage qui reconnaît le maillage entre le milieu bâti et les résultats sanitaires. Mais rares sont celles qui ont élaboré ou instauré des mécanismes pour influencer directement les résultats sanitaires par le processus de planification et d’approbation des plans d’aménagement37. Pour évaluer le niveau d’appui à la prescription d’une étude de plus et pour obtenir des conseils sur son contenu, on a mené une série de 25 entrevues avec des planificateurs, des promoteurs, des fonctionnaires en santé publique et des experts-conseils privés en santé susceptibles d’intervenir dans l’application future de tout nouveau processus proposé. Le tableau 1 résume les opinions divergentes sur le besoin d’une ÉBS. Étant donné qu’une ÉBS est une nouvelle approche qui n’a pas encore été appliquée ni évaluée, l’éventail d’opinions exprimées n’a rien d’étonnant. Dans la Région de Peel, on a considéré qu’il était important d’avoir un outil distinct pour encourager une approche globale et visible de création d’un milieu bâti favorisant la santé. D’après les constatations de l’examen de l’IDS et de l’évaluation situationnelle de l’ÉBS, on a cerné plusieurs endroits où l’on pouvait partir de l’IDS (voir la zone de texte ci-dessous). Sachant que dans la Région de Peel il y a plusieurs services de planification distincts (trois municipaux et un régional), le cadre se veut souple, pour pouvoir être intégré dans le processus d’approbation ou servir de guide à des processus existants, au gré de chaque municipalité. Examen de l’IDS et évaluation situationnelle de l’ÉBS Résumé des améliorations à l’IDS recommandées Une société d’experts-conseils en planification a appliqué l’IDS à deux aménagements classiques et à trois aménagements récents. Ces derniers étaient inspirés des notions de pointe sur ce qui constitue une bonne planification23. L’IDS a donné d’assez bons résultats, mais il a été recommandé d’en accroître la facilité d’utilisation en incluant davantage de commentaires descriptifs et en créant un guide de mise en œuvre. Combiné à l’objectif de • Établir une formule pour l’ÉBS qui soit simple, standardisée et instructive pour les demandeurs, avec un guide de mise en œuvre explicatif. • Utiliser une liste de contrôle pour évaluer si les nouveaux aménagements répondent aux normes de soutien de la santé communautaire. • Indiquer comment adapter l’ÉBS à différents niveaux de planification. • Atténuer les aspects trop normatifs. • Permettre des explications plus descriptives de la façon dont on compte aborder les éléments structuraux. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS37 ÉLABORATION D’UN CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ Figure 2. Paysage hypothétique de rue représentant les objectifs du Plan de croissance en matière de densité pour des sites nouveaux désignés (ci-dessus : environ 50 résidents et emplois combinés par hectare) ©Imprimeur de la reine pour l’Ontario, source de l’image : Secrétariat des initiatives de croissance de l’Ontario, ministère de l’Infrastructure. Utilisé avec permission (voir https://www.placestogrow.ca/index.php?option=com_rs gallery2&Itemid=2&catid=9) Élaboration du cadre d’ÉBS Le cadre de référence de l’ÉBS définit les exigences de l’étude et les grands enjeux que les promoteurs doivent aborder en préparant une ÉBS pour accompagner leur demande. Le cadre de référence s’articule autour de six des éléments clés du milieu bâti selon l’IDS (on a exclu l’élément « esthétique et échelle individuelle », déjà abordé dans les politiques et les lignes directrices d’urbanisme existantes). Pour chaque élément de base, on a élaboré des normes minimales en fonction des opinions d’experts et d’un examen des normes et des lignes directrices de pratiques exemplaires. L’équipe s’est aussi inspirée des principes de la Norme verte de Toronto, qui précise que les critères doivent être mesurables, orientés sur le rendement, axés sur la conception et la construction de la forme construite, conviviaux, et qu’ils doivent fixer des attentes élevées mais réalistes en matière de rendement28. Sur les conseils de ses informateurs, l’équipe de projet a présenté les normes sous forme de liste de contrôle et introduit, pour chaque élément de base, des sections complémentaires qui abordent la justification et les objectifs de l’élément, les questions clés et les exigences de déclaration. L’annexe B donne un exemple de normes minimales, avec des descriptions et la justification de chaque élément. Dans le Guide d’utilisation de l’ÉBS, on a développé ces sections pour les rendre plus conviviales, avec des illustrations, des renseignements généraux et des ressources. Les figures 2 et 3 reproduisent des illustrations du Guide d’utilisation montrant des aménagements hypothétiques avec des densités approximatives de 50 et de 150 résidents et emplois combinés par hectare. Elles dépeignent aussi, selon le contexte, d’autres caractéristiques souhaitables, dont la diversité des usages du sol, la proximité des services et les éléments de planification pour les piétons, les cyclistes et les transports en commun. Le cadre de référence et le Guide d’utilisation ont été peaufinés à l’aide d’un atelier auquel ont assisté 50 planificateurs publics et privés, ingénieurs en transport, fonctionnaires en santé publique, urbanistes, fonctionnaires des parcs et loisirs, promoteurs, et représentants d’un office de protection de la nature et de conseils Figure 3. Paysage hypothétique de rue du centre-ville représentant les objectifs du Plan de croissance en matière de densité (ci-dessus : environ 150 résidents et emplois combinés par hectare) ©Imprimeur de la reine pour l’Ontario, source de l’image : Secrétariat des initiatives de croissance de l’Ontario, ministère de l’Infrastructure. Utilisé avec permission (voir https://www.placestogrow.ca/index.php?option=com_rs gallery2&Itemid=2&catid=9) scolaires. Les participants ont été répartis en six groupes; on leur a demandé d’appliquer les normes de conception et le Guide d’utilisation à trois études de cas d’aménagements : un plan de site nouveau (vierge), un projet de site intercalaire urbain (remise en valeur du quartier) et un plan de site vierge-intercalaire étalé dans le temps. On a reçu de nombreux commentaires sur la validité et la spécificité des normes; leurs possibilités d’application dans divers contextes d’aménagement; et les possibilités d’application du cadre d’ÉBS aux divers stades du processus d’approbation des plans d’aménagement existants (Plan secondaire, Plan de masse et Plan de situation). Les normes ont ensuite été modifiées pour les rendre plus défendables du point de vue de leurs liens avec les résultats sanitaires et de leurs possibilités d’application dans des contextes variés. Une fois le cadre de référence et le Guide d’utilisation achevés, on a préparé une stratégie de mise en œuvre avec des mesures recommandées pour les administrations régionales et locales. DISCUSSION Le cadre d’ÉBS inclut des normes d’aménagement minimales qui pourraient potentiellement changer le visage de l’aménagement pour que des communautés nouvelles (et réaménagées) favorisent mieux la santé que celles construites dans la foulée de la Deuxième Guerre mondiale. Allier les données probantes et les perspectives multiples dans l’élaboration de politiques publiques L’élaboration du cadre d’ÉBS s’est appuyée sur les données probantes examinées dans l’IDS, où l’on a cerné les éléments du milieu bâti pour lesquels il existe les indications les plus solides d’impact sur la santé du public5. Les données probantes ne sont cependant qu’un des ingrédients influant sur les décisions stratégiques; les croyances personnelles, les valeurs, les facteurs externes (p. ex., les élections), les pressions de groupes d’intérêts et les contraintes institutionnelles y contribuent aussi 38 . Améliorer l’utilisation des terres et la planification des transports est un problème ambigu impliquant les perspectives eS38 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) ÉLABORATION D’UN CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ Tableau 2. Évolution de la rétroaction et de l’élaboration de l’indice de développement sain (IDS)/étude de base sur la santé (ÉBS) Stade Acteurs d’élaboration des outils Processus Rétroaction Réponse Projet d’IDS Planificateurs régionaux, planificateurs municipaux, sociétés privées d’experts-conseils en planification Rétroaction sollicitée sur chaque indicateur (inclusion, pertinence et faisabilité des cibles, et obstacles à leur mise en œuvre) Surtout des obstacles à la mise en œuvre (conflits avec les normes plus anciennes, besoin d’une approche concertée avec d’autres secteurs, différences entre sites vierges et sites d’intensification). Inclure plus de détails sur l’impact santé de chaque indicateur, aborder le défi du calcul des indicateurs, comparer les cibles et les intervalles, les différences entre les sites. Examen de l’IDS Fonctionnaires régionaux et municipaux Le groupe-conseil a appliqué l’IDS à deux communautés existantes et trois communautés récemment planifiées en fonction des notions de pointe sur ce qu’est une bonne planification. Les résultats ont une résonnance intuitive. Les défis étaient la disponibilité de données et les problèmes de notation de certains indicateurs, les pondérations et le manque de données qualitatives. Remanier l’IDS pour en rehausser la facilité d’utilisation avec un alliage d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour chaque élément. Ajouter un texte narratif sur la façon dont les indicateurs se combinent pour créer des communautés en santé. Créer un guide de mise en œuvre. Évaluation situationnelle de l’ÉBS Planificateurs, promoteurs, 25 entrevues dans la Région de fonctionnaires en santé publique et Peel et à Toronto experts-conseils privés en santé Reconnaissance générale du lien Partir de l’IDS pour appuyer la prise entre la planification et la santé. en compte des impacts sur la santé Points de vue divergents sur le fait dans les processus de planification. d’avoir une ÉBS distincte au lieu de citer les éléments de l’IDS dans les processus de planification existants. Projet d’ÉBS Fonctionnaires en santé publique, planificateurs publics et privés, ingénieurs en transport, urbanistes, fonctionnaires des parcs et loisirs, promoteurs, office de protection de la nature et conseils scolaires Grande facilité d’utilisation. Certains désaccords quant au niveau de normativité désiré. Plus facile à traduire à un site vierge qu’à un site intercalaire. Besoin d’une équipe interdisciplinaire pour la mise en œuvre. Le rôle de la santé publique est d’être les « gardiens » de l’ÉBS. On a divisé les 50 participants de l’atelier en groupes, on leur a fourni des outils et des données de cartographie et de mesure et on leur a demandé de traduire les normes et le Guide d’utilisation à trois études de cas d’aménagements (un plan pour un site vierge, un plan de site vierge-intercalaire étalé dans le temps et un projet de site intercalaire urbain). économiques, sociales, environnementales et sanitaires. Pour ce genre de problèmes, le cadre des « courants multiples » (Multiple Streams Framework) souligne que la solution stratégique doit être faisable sur le plan technique et acceptable sur le plan des valeurs39,40. On a donc mené un processus de consultation de manière à pouvoir « regrouper les données probantes avec les perspectives, expériences et connaissances tacites de ceux qui seront impliqués dans — ou affectés par — les décisions à venir38 » concernant la mise en œuvre du cadre d’ÉBS. Le tableau 2 résume les résultats des consultations avec les acteurs du milieu tenues durant l’élaboration de l’IDS et de l’ÉBS. Au cours de ce processus, en plus des éléments à inclure, on a commencé à s’intéresser aux meilleurs moyens d’aider les promoteurs, les planificateurs et les fonctionnaires en santé publique à appliquer ces éléments. Le processus de consultation itératif a été décisif pour rehausser la validité du cadre et sa facilité d’utilisation et pour en promouvoir l’utilisation. Le but des éléments est resté le même, mais la meilleure façon de rédiger et d’appliquer les normes a fait l’objet d’un examen et d’une discussion plus poussés. Par exemple, les normes de densité dans l’IDS avaient au départ été présentées comme des densités d’habitat et des rapports plancher-sol moyens minimaux. Au fil des consultations, on a opté pour le nombre de résidents et d’emplois par hectare, ce qui s’harmonise avec les orientations stratégiques provinciales. En testant leurs normes par rapport à des études d’aménagement, les participants ont obtenu de l’information sur leur facilité d’utilisation. Ceci a entraîné des améliorations au cadre d’ÉBS en clarifiant les possibilités d’application des normes à différents types d’aménagements et à différents stades de planification. Améliorer le glossaire, créer des icônes pour clarifier les possibilités d’application des normes sur différents sites, préparer une matrice indiquant où chaque norme s’insère dans le processus de planification. On a généralement convenu de l’effet important des caractéristiques du milieu bâti sur la santé du public, mais tout le monde ne s’entendait pas sur l’intégration de normes plus élevées pour bâtir des communautés qui favorisent l’activité physique et les modes de vie plus sains. À la suite des commentaires formulés par les participants de l’atelier, on a ajusté la stratégie de mise en œuvre de l’ÉBS et commencé à aborder les préoccupations du secteur de l’aménagement au sujet des délais et des coûts associés. Celles-ci pouvaient être atténuées en intégrant l’ÉBS dans le processus d’approbation existant, en utilisant beaucoup d’indicateurs dont les promoteurs tenaient déjà compte (p. ex., dans les lignes directrices d’aménagement urbain et durable) et en recommandant que les municipalités fixent des délais d’approbation (p. ex., 60 jours ou moins). Le projet pilote a aussi apporté des éclaircissements sur les capacités requises pour la mise en œuvre. Mise en œuvre Sachant que les dirigeants municipaux doivent concilier de nombreux éléments durant la planification, le cadre d’ÉBS se veut un mécanisme renforcé pour la prise en compte des résultats sanitaires dans les processus stratégiques existants. Par l’action de la santé publique et de ses partenaires de planification, l’administration régionale et les administrations locales de Peel créent, dans leurs plans officiels, le contexte stratégique qui permet l’utilisation de l’ÉBS. L’obtention de communautés en santé dépendra de ce que ces administrations donnent suite à leur engagement de fournir des transports collectifs, des rues accessibles et des systèmes de parcs diversifiés pour encourager la marche et le cyclisme. Il faudra pour cela offrir des options de REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS39 ÉLABORATION D’UN CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ déplacement, des destinations locales et des points d’intérêt dans les communautés de toutes tailles. Surtout, l’amélioration des transports doit être une priorité si l’on veut qu’un aménagement densifié et polyvalent remplace les anciennes formes d’aménagement. Vu l’ampleur de l’écart par rapport à l’aménagement suburbain classique, il est essentiel que la santé publique poursuive sa collaboration avec les planificateurs pour appuyer l’application du cadre d’ÉBS. Il ne manque pas de recommandations de haut niveau pour bâtir des communautés saines. La difficulté intrinsèque est de traduire ce que l’on sait des impacts sur la santé du milieu bâti en lignes directrices d’aménagement spécifiques, que l’on intégrera ensuite à tous les stades de la planification. À cette fin, le Bureau de santé de la région de Peel collabore activement avec les planificateurs à traduire l’ÉBS à des scénarios précis, avec le soutien de ressources dédiées et l’établissement de postes conjoints dans les services de la planification et des transports. En outre, la stratégie de mise en œuvre de l’ÉBS recommande un certain nombre d’activités, dont des ateliers de formation du personnel, des projets de démonstration pilotés par les municipalités, un programme de surveillance et un programme de prix pour reconnaître les nouveaux aménagements sains. L’action de la santé publique doit être fondée sur les meilleures données probantes disponibles et guidée par les connaissances acquises en évaluant l’impact des interventions 41 . Les fonctionnaires en santé publique régionaux travaillent actuellement avec les planificateurs régionaux et municipaux à intégrer les éléments de l’ÉBS dans des politiques, des plans et des règlements pertinents afin d’optimiser le potentiel de promotion de la santé de divers instruments de planification. Ce sont entre autres les plans d’amélioration communautaire, les plans directeurs des transports, les lignes directrices d’aménagement urbain et les plans secondaires. Par ailleurs, les fonctionnaires régionaux et municipaux commencent aussi à exiger des évaluations sanitaires pour compléter les propositions d’aménagement, notamment des concepts d’utilisation du sol comme les plans de masse et les plans de situation. Cette mise en œuvre progressive est encourageante pour les nouveaux utilisateurs et témoigne du besoin continu de rallier stratégiquement des appuis au changement en démontrant la validité et l’utilité du nouvel outil. Comme il s’agit d’une intervention novatrice, il faudra tirer des leçons de la mise en œuvre de l’ÉBS et en améliorer continuellement le contenu et les processus. CONCLUSION Pour améliorer la santé du public, il faut promouvoir et créer des milieux bâtis qui favorisent et qui soutiennent la santé. Le leadership de la santé publique consiste non seulement à cerner ce qu’il faut changer, mais à s’impliquer activement dans la facilitation de ces changements. Le cadre d’ÉBS traduit les données probantes sur le lien entre le milieu bâti et la santé en un processus d’approbation des plans d’aménagement du territoire. C’est une approche qui permet à la santé publique de contribuer à créer des milieux bâtis favorables à la santé du public. Les travaux à venir viseront à accroître la connaissance et l’utilisation du cadre et à en évaluer l’impact sur les aménagements futurs. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. eS40 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) Samitz G, Egger M, Zwahlen M, 2011, « Domains of physical activity and all-cause mortality: Systematic review and dose-response meta-analysis of cohort studies », Int J Epidemiol, 40, 5, p. 1382-1400. Warburton DE, Nicol CW, Bredin SS, 2006, « Health benefits of physical activity: The evidence », JAMC, 174, 6, p. 801-809. 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Recensement 2011, No 98-316-XWF au catalogue, publié le 24 octobre 2012. Sur Internet : http://www12.statcan.gc.ca/censusrecensement/2011/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F (consulté en version anglaise le 31 juillet 2014). 27. Statistique Canada, Toronto, Ontario (code 3520) et Canada (code 01) (tableau). Profil du recensement. Recensement 2011, N o 98-316-XWF au catalogue, publié le 24 octobre 2012. Sur Internet : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/dppd/prof/index.cfm?Lang=F (consulté en version anglaise le 31 juillet 2014). 28. City of Toronto, Toronto Green Standard for New Low-Rise NonResidential/New Low-Rise Residential/Mid-Rise to High-Rise Development, 2010. Sur Internet : http://www.toronto.ca/planning/environment/ greendevelopment.htm (consulté le 17 avril 2012). 29. Whitford J, Final Draft Report: TPH Health Impact Assessment Framework, Toronto, Santé publique Toronto, 2008. 30. 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Hiérarchie des plans municipaux Voici une description générale des principaux types de plans utilisés par les municipalités. Plan officiel – décrit les politiques du conseil d’une municipalité de palier supérieur, de palier inférieur ou à palier unique sur l’usage que l’on devrait faire du territoire de la région, de la ville ou de la communauté. Ce plan est examiné et actualisé sur une base pluriannuelle. Plan secondaire – établit les politiques de développement locales qui guident la croissance et l’aménagement de certains secteurs d’une ville où des changements majeurs sont attendus et désirés. Pour que leur but ait force obligatoire, les plans secondaires sont adoptés par modification du Plan officiel. Plan de masse – présente le lien entre les bâtiments d’un pâté de maisons ou d’un quartier en montrant les rues, la localisation des principaux équipements collectifs ainsi qu’un concept général. Un plan secondaire comprend plusieurs plans de masse. Les plans de masse sont aussi adoptés par modification du Plan officiel. Plan de situation – plan détaillé d’un bâtiment situé sur une seule propriété, avec ses caractéristiques associées : sentiers, aménagement paysager, stationnement, chemins, etc. À ce stade, les principes d’aménagement (usage, densité, limites de hauteur) ont été établis dans d’autres documents. Le plan de situation n’englobe pas les propriétés voisines, mais il inclut certaines des caractéristiques en bordure immédiate de la chaussée. Annexe B. Éléments structuraux de l’étude de base sur la santé et leurs descriptions Le tableau suivant présente les éléments structuraux de l’ÉBS en décrivant à quoi ils ressemblent et pourquoi ils sont importants. En outre, il donne des exemples de normes minimales. L’ÉBS proprement dite contient beaucoup d’autres normes et explications. Élément Normes minimales (exemples seulement; voir l’ÉBS pour tous les détails) À quoi cela ressemble-t-il? Pourquoi est-ce important? Densité • Tout aménagement sur un site nouveau désigné doit atteindre une cible de densité globale de 50 personnes et emplois par hectare. • Tout aménagement dans un centre de croissance urbain désigné de la Région de Peel (y compris le centre-ville de Brampton et celui de Mississauga) doit atteindre une cible de densité minimale globale de 200 personnes et emplois par hectare. • Dimensions réduites des lots, des façades et des marges de recul. • Configuration efficiente des lots. • Davantage de surface construite et de bâtiments. • Mélange de types de structures à haute densité (maisons en rangée superposées, multiplex, immeubles d’appartements, etc.). • Offre de stationnement réduite et introduction de structures de stationnement sur la rue. • Réseaux routiers compacts. • Une densité supérieure crée une demande et permet de soutenir un plus vaste éventail de services, d’occasions d’emploi et d’autres destinations et installations locales sur une plus courte distance. • Offre des possibilités de transport actif. • Rend les transports en commun plus viables financièrement. • Une masse critique de densité plus élevée réduit les coûts de prestation unitaires des équipements publics et des services publics et récréatifs. Proximité des services • La distance entre au moins 50 % de la population prévue de • Procurer un choix raisonnable de • A un effet sur la distance de l’aménagement et un arrêt de transport en commun de base services clés et d’occasions d’emploi déplacement entre les destinations ne doit pas dépasser 200 m. Le service de transport en et de nœuds de transport aux quotidiennes (maison et travail) et commun proposé doit offrir en 30 minutes ou moins un résidents, selon la distance de influence les décisions de se rendre à parcours direct vers un Noyau urbain régional, un Corridor marche. pied ou en vélo plutôt qu’en d’intensification urbaine ou un plus petit centre d’activité • Établir des distances de marche automobile. polyvalent, de plus haute densité, axé sur le transport en maximales pour encourager la • Rend la communauté plus équitable commun. marche – les établir en fonction du et inclusive pour les personnes qui ne • La distance entre au moins 75 % de la population prévue et plus court chemin que pourrait conduisent pas. trois ou plus des commodités et des services suivants ne doit emprunter un piéton. pas dépasser 800 m (garderie, jardin communautaire, parc, hôpital ou clinique, bibliothèque publique, lieu de culte, centre de soins pour adultes/personnes âgées, centre de services sociaux, espace de culturel ou de spectacle, bureau de poste ou centre de loisirs). ...suite/ REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS41 ÉLABORATION D’UN CADRE D’ÉTUDE DE BASE SUR LA SANTÉ Annexe B. Éléments structuraux de l’étude de base sur la santé et leurs descriptions, suite Le tableau suivant présente les éléments structuraux de l’ÉBS en décrivant à quoi ils ressemblent et pourquoi ils sont importants. En outre, il donne des exemples de normes minimales. L’ÉBS proprement dite contient beaucoup d’autres normes et explications. Élément Normes minimales (exemples seulement; voir l’ÉBS pour tous les détails) À quoi cela ressemble-t-il? Pourquoi est-ce important? Diversité des usages du sol • Là où l’échelle de l’ensemble résidentiel est suffisamment • Alliées à la proximité des services et • Offrir une gamme d’options de grande, on offrira un éventail d’usages du sol : à la densité, les normes favorisent logement crée des communautés – Pour les ensembles de 5 000 logements ou plus, offrir des une grande diversité d’usages du plus équitables. commerces et des services à l’échelle du quartier sol, avec des commerces, des • Cela permet aux résidents de rester (dépanneur, école primaire, bibliothèque). services et des emplois bien situés et dans leur communauté quand leurs – Pour les ensembles de 10 000 logements ou plus, offrir reliés par des artères sûres et besoins changent (vie seule, en une pleine gamme d’usages du sol, y compris des confortables à des secteurs couple, en famille, avec ou sans commerces, des services et des occasions d’emploi à plus résidentiels qui offrent une gamme enfants, ou comme personne âgée). grande échelle. d’options de logement. • La diversité des usages du sol • Là où l’échelle de la communauté le permet, il faut inclure diversifiés fait de la marche et du vélo des structures d’habitation des trois groupes suivants des moyens de transport plus viables, (aucun groupe ne doit composer plus de 50 % ou moins favorise une forme urbaine compacte de 10 % des unités totales) : et efficiente et crée la demande – maisons unifamiliales, maisons jumelées et duplex nécessaire pour soutenir les transports – maisons en rangée et multiplex en commun. – immeuble d’appartements. Connectivité des rues • Sur les sites intercalaires, il faut cerner les occasions d’accroître la connectivité des rues. • Sur les sites nouveaux, les réseaux routiers et les pistes hors route doivent toujours offrir un maximum d’options de déplacement aux gens; tenir pleinement compte des types de déplacements que le nouvel aménagement va générer; et établir des connexions claires avec les routes et les installations existantes. • Les croissants, les lots dont la cour arrière donne sur la rue et les rues en boucle ne doivent pas constituer plus de 20 % de la façade de la rue et devraient être évités. • Caractérisée par des pâtés de • Créer des communautés avec une maisons plus petits et l’absence de bonne connectivité des rues réduit la certains types de rues (comme les distance des trajets, favorise le culs-de-sac). transport actif en offrant des options • Un réseau routier bien relié fait qu’il plus nombreuses et plus commodes est plus facile et plus attrayant de pour les trajets et dissipe la circulation marcher, de faire du vélo ou de automobile dans tout le réseau. prendre l’autobus que de se • Un réseau en grille densément relié déplacer en voiture. offre la plus grande liberté de mouvement et les parcours les plus directs vers les points de destination. Caractéristiques • Toutes les rues doivent avoir des trottoirs de chaque côté, • Inclut des installations pour les du paysage d’au moins 1,5 m de largeur dans les secteurs résidentiels à piétons, les cyclistes et les usagers de rue faible densité et d’au moins 2 m de largeur dans les quartiers des transports en commun le long résidentiels à densité moyenne, les zones polyvalentes et les de la voie publique, comme des zones commerciales. trottoirs, des voies cyclables, du • Un réseau de voies cyclables bien reliées et axées sur les mobilier urbain, des intersections, points de destination doit être fourni dans toute la de l’ombre, de l’éclairage, de la communauté, avec diverses voies cyclables, sur la chaussée signalisation et des mesures et hors route, convenablement séparées de la circulation d’apaisement de la circulation. automobile selon la vitesse et le volume de la circulation dans la rue. • Un paysage de rue bien conçu améliore la sécurité, le confort et la commodité des déplacements à pied ou à vélo et rend les espaces publics plus invitants (une rue urbaine très fréquentée a tendance à être une rue sûre). • Le paysage de rue peut promouvoir l’activité physique, les interactions communautaires et l’accessibilité tout en réduisant la criminalité et les traumatismes et décès de piétons et de cyclistes liés à la circulation. Stationnement • Il faut réduire les places de stationnement exigées près des bâtiments et autres installations situés à moins de 400 m d’un arrêt de transport en commun; et les appartements/ immeubles en copropriété devraient offrir des places de stationnement pour le partage de véhicules (un espace d’autopartage pour 10 espaces ordinaires). • Si possible, il faut trouver et utiliser des incitations économiques pour offrir des structures de stationnement plutôt que des aires de stationnement de surface. • Tous les nouveaux aménagements devraient respecter ou dépasser soit les exigences locales concernant les espaces de stationnement de vélos (p. ex., le règlement de zonage local), soit les normes minimales pour les espaces de stationnement de vélos décrites dans l’ÉBS, selon les plus strictes des deux. • L’objectif de la norme de stationnement est de décourager le recours aux véhicules privés et de promouvoir les moyens de transport actifs comme la marche, le vélo et les transports en commun. • Le stationnement automobile est une importante commodité, mais il peut avoir un effet négatif sur la proximité, la densité et l’esthétique de la sphère publique. • Offrir des espaces de stationnement de vélos convenablement protégés contre le vol et les intempéries est un élément clé de la promotion du cyclisme comme moyen de transport. • Chercher à réduire l’offre de stationnement automobile tout en augmentant l’offre de stationnement de vélos. • Faire un usage plus efficient du stationnement automobile (p. ex., places de stationnement partagées, stationnement préférentiel pour le covoiturage) et réduire les impacts environnementaux et esthétiques des parcs et structures de stationnement de grande surface. Source : Region of Peel, Health Background Study – Terms of Reference & User Guide. eS42 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) INTERVENTION EN SANTÉ PUBLIQUE Pour que les autorités sanitaires influencent davantage l’aménagement du territoire et la planification des transports : leçons du projet Bâtir un Canada en santé de l’initiative COALITION en Colombie-Britannique Alice Miro, B.Sc.1, Kim Perrotta, M.Sc.S.2, Heather Evans, M.A. Plan., M.C.I.P., R.P.P.3, Natalie A. Kishchuk, Ph.D., É.A.4, Claire Gram, M.A. Plan.5, Richard S. Stanwick, M.D., M.Sc., F.R.C.P.C., F.A.A.P.6, Helena M. Swinkels, M.D., F.R.C.P.C.7 RÉSUMÉ OBJECTIFS : Le principal objectif de la coalition Bâtir un Canada en santé en Colombie-Britannique (C.-B.) était d’élaborer, de mettre en œuvre et d’évaluer un projet de renforcement des capacités des autorités de santé. Les effets escomptés du projet étaient les suivants : 1) la capacité accrue des autorités de santé participantes de s’impliquer de façon productive dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports; 2) des relations ou des collaborations nouvelles et soutenues entre les autorités de santé participantes et avec les administrations locales et les autres acteurs du milieu bâti; et 3) des indications de l’influence des autorités de santé ou de l’application des données probantes et des outils liés à la santé dans les plans et les politiques d’aménagement du territoire et de transport. PARTICIPANTS : Le projet visait à rehausser les capacités de trois autorités de santé régionales (Fraser Health, Island Health et Vancouver Coastal Health) et de leur personnel – les participants du projet. LIEUX : Les régions de la C.-B. servies par les trois autorités de santé couvrent des milieux urbains, suburbains et ruraux dans des zones géographiques relativement vastes et diverses. Le statut socioéconomique, le profil démographique et le contexte culturel et politique de leurs populations varient beaucoup. INTERVENTION : L’initiative a offert aux trois autorités de santé les services d’une consultante ayant plusieurs années d’expérience professionnelle en aménagement du territoire et en planification des transports. La consultante a mené des évaluations situationnelles pour appréhender les connaissances de base, les lacunes à combler, les atouts et les objectifs de chaque autorité de santé participante pour le travail sur le milieu bâti. En fonction de cette information, la consultante a mis au point des plans de travail personnalisés pour renforcer les capacités de chaque autorité de santé et l’aider dans la tâche de mise en œuvre. Les activités de renforcement des capacités étaient les suivantes : recherche sur les stratégies, les politiques et les données probantes sur la santé et le milieu bâti; application des données probantes sur la santé, des politiques et des pratiques prometteuses d’autres provinces aux contextes de planification locaux; formation et soutien du personnel des autorités de santé liés à la santé et au milieu bâti; rencontres entre le personnel de santé publique et les planificateurs locaux à des fins de réseautage; et participation aux processus d’aménagement du territoire. RÉSULTATS : Le projet a contribué à renforcer les capacités des autorités de santé participantes d’influencer les décisions d’aménagement du territoire et de planification des transports en rehaussant les connaissances du personnel de santé publique en matière de contenu et de processus. Le projet a balisé des changements structurels au sein des autorités de santé, comme la réaffectation des ressources humaines pour faire progresser le travail sur le milieu bâti après le projet. Les autorités de santé ont aussi tissé de nouveaux liens intra- et intersectoriels, ce qui a facilité l’échange des connaissances et l’accès du secteur de la santé publique aux occasions d’influencer les décisions sur le milieu bâti. À la fin du projet, on a eu de nouvelles indications que la santé était intégrée dans des documents de politique sur l’aménagement du territoire. CONCLUSIONS : Le projet a contribué à prioriser, à accélérer et à officialiser l’implication des autorités de santé participantes dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports. À long terme, ceci devrait mener à des politiques et à des programmes de santé qui tiennent compte du milieu bâti, et à des politiques et des pratiques sur le milieu bâti qui intègrent des objectifs de santé des populations, réduisant ainsi le risque de maladies chroniques. MOTS CLÉS : environnement et santé publique; relation interinstitutionnelle; conception de l’environnement; maladie chronique Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS43-eS53. Affiliations des auteurs U n vaste corpus de recherche fait état d’associations significatives entre le milieu ou l’environnement bâti (c.-à-d. l’aménagement physique et les infrastructures d’une communauté) et des variables sanitaires comme l’activité physique1-4, les choix alimentaires, les blessures de la route et la santé mentale5. En conséquence, plusieurs organismes de santé considèrent le milieu bâti comme étant un important déterminant de la santé6-10. Le milieu bâti d’une communauté est le résultat d’une foule de décisions dans les plans et les politiques de transport et d’aménagement du territoire, concrétisées sur de nombreuses années par divers ordres de gouvernement. Les politiques et les décisions de planification communautaire peuvent être influencées par une gamme complexe et assez considérable d’acteurs de l’extérieur de la santé publique, dont les promoteurs immobiliers, les résidents et les entreprises locales, les organisations non gouvernementales (ONG) et les organismes © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. 1. Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, Vancouver (Colombie-Britannique) 2. Fondation des maladies du cœur et de l'AVC, Hamilton (Ontario) 3. Heather Evans Consulting (Colombie-Britannique) 4. Program Evaluation and Beyond Inc., Montréal (Québec) 5. Vancouver Coastal Health (Colombie-Britannique) 6. Island Health (Colombie-Britannique) 7. Fraser Health Authority, Surrey (Colombie-Britannique) Correspondance : Alice Miro, Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, 200-1212 West Broadway, Vancouver (Colombie-Britannique) V6H 3V2, tél. : 778-372-8007, courriel : [email protected] Remerciements : L’intervention en santé publique dont il est question dans cet article a été rendue possible grâce à l’apport financier de Santé Canada octroyé à Bâtir un Canada en santé dans le cadre du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) du Partenariat canadien contre le cancer, de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada (C.-B. et Yukon), de la Real Estate Foundation of British Columbia et de la Fondation Bullitt. Les organismes suivants ont aussi offert une contribution en nature au projet décrit : la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, Fraser Health, Island Health, Vancouver Coastal Health, ainsi que la BC Healthy Built Environment Alliance par l’entremise de la BC Provincial Health Services Authority. Nous remercions de tout cœur les personnes suivantes, qui nous ont aidés à réviser le manuscrit ou nous ont fourni des données : Marla Steinberg et Andi Cuddington (anciennement du projet CAPTURE) et Julia McFarlane (Island Health). Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement ceux des bailleurs de fonds ni des partisans du projet. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS43 PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE communautaires11-14. Comme pour beaucoup d’autres déterminants sociaux de la santé, harmoniser les politiques, les pratiques et les décisions sur le milieu bâti et les objectifs de promotion de la santé exige donc une collaboration intersectorielle15. La collaboration intersectorielle entre la santé publique et les planificateurs communautaires sur la question du milieu bâti est un phénomène relativement jeune. Au Canada, un travail intersectoriel considérable s’est amorcé en Ontario au cours des 10 dernières années en réaction à deux politiques provinciales : la Déclaration de principes provinciale (2005), qui propose des orientations sur des questions d’intérêt provincial liées à l’aménagement et à l’urbanisme, dont plusieurs politiques de création de communautés saines, vivables ou actives; et les Normes de santé publique de l’Ontario (2008), des lignes directrices pour les programmes et les services attribués à la santé publique par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de la province; le travail sur le milieu bâti est abordé dans les « Normes relatives aux programmes de maladies chroniques et blessures » et dans les « Normes relatives aux programmes de santé environnementale »16. Une étude de cas descriptive de 2011 réunit des informations sur les stratégies employées par 10 des 36 autorités de santé publique de l’Ontario pour intégrer les considérations sanitaires liées à l’activité physique, à la prévention des blessures, à la saine alimentation, à la qualité de l’air et de l’eau et aux changements climatiques dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports de leurs communautés. Cette étude ne tente pas d’évaluer l’efficacité de ces stratégies, mais les politiques et les pratiques recensées indiquent que la santé publique tisse réellement des liens avec les autorités de planification, qu’elle s’implique dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports et qu’elle apporte des considérations sanitaires aux politiques et aux plans des communautés en question16. En Nouvelle-Galles du Sud (Australie), où le secteur de la santé collabore aux processus d’aménagement du territoire dans le but de créer des environnements urbains plus durables et équitables, des chercheurs ont réalisé une étude post-mise en œuvre pour évaluer l’efficacité d’une telle démarche. On a mené un audit complet de la correspondance entre le Service de santé de la région du Sud-Ouest de Sydney, l’administration locale et d’autres organismes entre 2005 et 2010 sur les questions liées aux documents d’aménagement du territoire. Les chercheurs ont constaté que 75 % des recommandations formulées par l’autorité de santé au cours de la période avaient été intégrées dans 77 % des documents d’aménagement du territoire révisés, ce qui indique que le secteur de la santé peut, de fait, influencer ces processus17. En Colombie-Britannique (C.-B.), la direction et l’intendance de la santé publique sont principalement assurées par le ministère de la Santé, par une autorité de santé provinciale et par cinq autorités de santé régionales. En 2013, on en a créé une de plus, la First Nations Health Authority, qui assure la prestation des programmes et des services de santé destinés aux Premières Nations. Les cinq autorités de santé régionales relèvent du ministère de la Santé et sont indépendantes des administrations locales. Leur mandat couvre à la fois la santé publique, les soins à domicile et les soins actifs (leur champ d’action principal). Parallèlement, les municipalités et les districts régionaux de la C.-B. ont une autonomie considérable lorsqu’il s’agit de prendre des décisions d’utilisation des sols et de planification des transports ou de négocier et d’approuver les demandes d’aménagement des terres qui sont de leur ressort. La loi la plus importante pour les administrations locales est la Local Government Act (« Loi sur les gouvernements locaux ») et, pour la Ville de Vancouver, la Vancouver Charter (« Charte de Vancouver »). En C.-B. comme ailleurs, au-delà des questions d’égouts, d’air et d’eau, le secteur de la santé n’intervenait que de façon intermittente dans l’aménagement du territoire et la planification des transports. Les choses ont commencé à changer en 2005 avec la résurgence de la démarche des « communautés en santé18 » et la publication d’un cadre du ministère de la Santé décrivant les fonctions de santé publique de base de la province. Ce document reconnaissait que « les structures physiques et sociales de nos communautés et quartiers influencent notre santé de nombreuses façons, et (que) la santé publique doit s’impliquer dans la création de quartiers sains » (traduction libre). Il exhortait aussi les agents de santé publique à se prononcer sur l’aménagement du territoire et la planification de l’environnement19. La dynamique en faveur du milieu bâti sain a pris de l’ampleur. La BC Provincial Health Services Authority [l’autorité de santé provinciale] a publié une page Web et des ressources sur le thème de « la santé et la planification20 » et, en 2008, elle a contribué à établir la BC Healthy Built Environment Alliance pour favoriser le réseautage intersectoriel et la coordination de l’échange de connaissances et d’activités clés sur la santé et le milieu bâti21. En 2009, des représentants des cinq autorités de santé régionales ont reçu une formation de l’autorité de santé provinciale sur les bases de la planification communautaire11,22. Quelques autorités de santé ont commencé à se pencher sur les façons de mobiliser leur personnel pour influencer les décisions d’aménagement du territoire et de planification des transports. Les grandes questions suivantes se sont posées : « Quel est le moyen le plus efficace pour les autorités de santé de la C.-B. de mobiliser leur personnel pour influencer les décisions d’aménagement du territoire et de planification des transports? Comment peuvent-elles contribuer à la création d’environnements qui encouragent les modes de vie sains par leur implication dans les processus de planification communautaire? Comment peuvent-elles collaborer pour adopter une démarche cohérente dans leur travail et leurs recommandations sur le milieu bâti sain? » À l’été 2009, Fraser Health, Island Health (anciennement Vancouver Island Health Authority) et Vancouver Coastal Health se sont unies au Réseau canadien pour la santé urbaine, à trois autorités de santé urbaines du Québec et de l’Ontario et à plusieurs ONG nationales pour demander une subvention au Partenariat canadien contre le cancer dans le cadre du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) afin de lancer la coalition « Bâtir un Canada en santé »23. On y voyait une occasion d’accélérer les progrès des autorités de santé dans la définition et l’officialisation de leur rôle pour façonner le milieu bâti tout en créant des réseaux pour faciliter l’échange des connaissances et la coordination entre les autorités de santé. eS44 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE L’acceptation de la demande de financement dans le cadre de COALITION a marqué le début de la coalition Bâtir un Canada en santé décrite dans un autre article du présent supplément. En plus de financer un projet de renforcement des capacités à l’échelle locale en Colombie-Britannique, la participation à COALITION a offert aux autorités de santé : 1) Une toile de fond nationale pour le travail sur le milieu bâti; 2) Des occasions d’apprentissage et d’échange des connaissances avec des organismes de santé de même opinion dans d’autres provinces; 3) Des perspectives de réseautage avec des chercheurs, des responsables des politiques et des praticiens de tout le Canada pour faire progresser le domaine localement en Colombie-Britannique. Le présent article décrit le projet de renforcement des capacités élaboré et exécuté en C.-B. dans le cadre de la coalition Bâtir un Canada en santé. Son but à long terme était de créer : a) un environnement politique du milieu bâti qui intègre pleinement les objectifs de santé des populations; et b) un environnement politique de la santé qui intègre pleinement les considérations liées au milieu bâti, afin de réduire les facteurs de risque des maladies chroniques et d’améliorer la santé des populations. La coalition Bâtir un Canada en santé en ColombieBritannique avait trois effets escomptés : 1) La capacité accrue des trois autorités de santé de participer de façon productive aux processus d’aménagement du territoire et de planification des transports; 2) Des relations ou collaborations nouvelles et soutenues entre les trois autorités de santé et avec les administrations locales et les autres acteurs du milieu bâti; 3) Des indications de l’influence des autorités de santé ou de l’application des données probantes et des outils liés à la santé dans les plans et les politiques d’aménagement du territoire et de transport. PARTICIPANTS Population cible Le projet visait à renforcer les capacités de trois autorités de santé régionales, à savoir Fraser Health, Island Health et Vancouver Coastal Health, et de leur personnel. Les membres du personnel ont été considérés comme étant les participants du projet (les 11 personnes directement impliquées ont été invitées à répondre aux sondages d’évaluation du projet). Quatre membres du personnel de Fraser Health et quatre autres de Vancouver Coastal Health ont participé au projet du début à la fin. Il s’agissait de quatre médecins hygiénistes, d’un agent d’hygiène du milieu et de trois agents de santé des populations jouant des rôles de coordination et de gestion. Un seul membre du personnel de la Vancouver Island Health Authority (un médecin hygiéniste) a participé au projet du début à la fin. En outre, deux agents de santé des populations jouant un rôle de coordination y ont participé pendant la moitié du projet chacun, en raison du roulement du personnel. Les trois autorités de santé ont collaboré avec le personnel de l’administration locale des communautés où le projet s’est déroulé (n=14 planificateurs en tout, répartis entre les trois autorités de santé) ou avec le planificateur d’une autorité de transport locale (n=1), des universitaires (n=2), un fonctionnaire provincial (n=1) et un agent de l’autorité de santé provinciale (n=1). Ces personnes, les collaborateurs du projet, étaient au nombre de 19 et provenaient de 14 organismes. Les collaborateurs du projet ont participé de diverses façons. Les planificateurs, par exemple, ont identifié les processus d’aménagement du territoire ou de planification des transports particulièrement susceptibles de bénéficier de l’apport des autorités de santé; suggéré aux professionnels de la santé les moyens les plus productifs de s’impliquer; aidé à établir des mécanismes officiels pour assurer la participation continue des autorités de santé aux processus de planification; aidé à organiser des activités d’échange de connaissances et des rencontres de réseautage intersectorielles; organisé des réunions stratégiques entre les acteurs des administrations locales et les autorités de santé; et proposé aux autorités de santé des occasions de donner des présentations aux comités et aux décideurs clés. Tous les collaborateurs se sont prononcés sur les rapports préliminaires, les mémoires sur « la santé et le milieu bâti » et d’autres documents de rayonnement produits par les autorités de santé. LIEU Les trois autorités de santé servent ensemble une population de 3,4 millions de personnes (sur les 4,6 millions d’habitants de la Colombie-Britannique) dans des milieux urbains, suburbains et ruraux du Sud-Ouest de la province. Le statut socioéconomique, le profil démographique et le contexte culturel et politique de cette population sont très variés. Pour les besoins du projet, les participants ont travaillé avec des collaborateurs de divers milieux : • Des milieux suburbains et urbains (les villes de Richmond, de Surrey et de North Vancouver, le district de North Vancouver, le Grand Victoria et la région métropolitaine de Vancouver dans son ensemble); • Des communautés rurales en périphérie de grandes régions métropolitaines (les villes de Powell River et de Chilliwack, le secteur D – Roberts Creek – du district régional de Sunshine Coast, la municipalité de villégiature de Whistler et les districts régionaux de Sunshine Coast et de Fraser Valley dans leur ensemble). INTERVENTION Intervention en santé publique Le travail dans le cadre du projet s’est déroulé en deux phases correspondant aux phases du financement. Lors de la première phase, d’octobre 2009 à décembre 2010, le financement a été fourni par le programme COALITION du Partenariat canadien contre le cancer. La seconde phase, de janvier 2011 à septembre 2012, a été financée par le programme COALITION du Partenariat canadien contre le cancer et par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC (C.-B. et Yukon), la Real Estate Foundation of British Columbia et la Fondation Bullitt. Le leadership et la responsabilité du projet ont été assurés par différents programmes au sein des trois autorités de santé : le programme de Santé des populations (Vancouver Coastal Health), le programme des Partenariats pour des communautés en meilleure santé (Fraser Health) et les médecins hygiénistes (Island REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS45 PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE Health et Fraser Health). Les médecins hygiénistes, les agents d’hygiène du milieu et d’autres membres du personnel des autorités de santé ont assuré le leadership et participé ou contribué au projet sur une base continue ou de façon ponctuelle, selon le rôle et la tâche. La Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, à titre d’organisme responsable et d’administrateur de la coalition Bâtir un Canada en santé, a retenu les services d’une consultante en planification (ci-après, « la consultante ») ayant plusieurs années d’expérience en planification municipale dans la région. La personne choisie, spécialiste autorisée de la planification communautaire et régionale, possédait 10 ans d’expérience de travail en planification des politiques et de l’aménagement auprès d’administrations locales en Colombie-Britannique. Elle possédait aussi une compréhension manifeste des politiques et des programmes d’aménagement du territoire que les administrations locales de la province peuvent adopter pour promouvoir les modes de vie sains24. La consultante, qui relevait de la gestionnaire de projet de la coalition Bâtir un Canada en santé, a travaillé avec les autorités de santé de janvier 2010 à janvier 2012. Elle a travaillé 1 500 heures en tout et consacré de 85 % à 90 % de ce temps à aider les trois autorités de santé à faire des démarches auprès de collaborateurs éventuels du projet; à élaborer des plans de travail pour guider leur participation au projet; et à faciliter la mise en œuvre des plans de travail. Chaque autorité de santé a reçu un appui correspondant à un peu moins du tiers d’un équivalent temps plein. Les 10 % à 15 % restants du temps de la consultante ont été consacrés à l’administration générale du projet, à faciliter l’échange de connaissances entre les trois autorités de santé et à produire des rapports pour les acteurs externes, comme les bailleurs de fonds du projet. Le travail de la consultante a été effectué à la faveur de communications téléphoniques et électroniques, de séances de travail en personne et de réunions avec chacune des autorités de santé et avec les acteurs locaux de la planification et du milieu communautaire. La consultante a divisé son temps à parts égales entre les trois autorités de santé et travaillé avec elles en même temps afin d’accroître le potentiel de diffusion des idées et des pratiques prometteuses entre les trois. Chaque autorité de santé a eu droit à plusieurs mesures particulières : 1) Conduite d’une évaluation situationnelle (deux mois) • La consultante a : i. Rencontré le personnel responsable dans chaque autorité de santé pour évaluer le niveau de base des capacités, des connaissances et des outils de travail sur le milieu bâti; ii. Rassemblé les idées préliminaires des autorités de santé sur les projets liés au milieu bâti à mener avec les administrations locales et les relations à établir avec les acteurs de la planification communautaire par le biais de cette initiative; iii. Contacté officieusement les planificateurs des administrations locales pour cerner les possibilités d’impliquer de façon productive le secteur de la santé dans les processus de planification à venir. 2) Élaboration d’un plan de travail de « renforcement des capacités » pour chaque autorité de santé (un mois) • À l’aide de l’information recueillie lors de l’évaluation situationnelle et en collaboration étroite avec la gestionnaire de projet, les équipes de projet et la consultante ont rédigé un plan de travail échelonné sur neuf mois pour chaque autorité de santé. • Les plans de travail visaient à : i. Accroître les capacités des autorités de santé de participer de façon productive aux processus d’aménagement du territoire et de planification des transports, surtout en rehaussant leurs connaissances du contenu et des processus; ii. Créer des liens ou des mécanismes de collaboration nouveaux et soutenus avec les autres autorités de santé, les administrations locales et les autres acteurs du milieu bâti; iii. Produire des données probantes sur l’influence exercée par les autorités de santé sur les plans et politiques d’aménagement du territoire et de transport. • Pour chaque projet de renforcement des capacités sélectionné par les autorités de santé, les plans de travail contenaient les sections suivantes : 1) brève description du projet et de ses objectifs; 2) tâches/activités; 3) extrants; 4) description de la façon dont le projet en question rehausserait les capacités de l’autorité de santé de travailler sur des enjeux liés au milieu bâti; 5) ressources humaines, et rôles de la consultante en planification et du personnel des autorités de santé; et 6) échéanciers et jalons. • Les trois autorités de santé ont eu une rencontre d’une journée pour partager leurs plans de travail préliminaires et les peaufiner en fonction de leur rétroaction mutuelle. • Une fois les premiers plans de travail achevés, on a obtenu des fonds de projet supplémentaires, et la consultante en planification et les participants des projets ont élaboré d’autres plans de travail pour la deuxième année de l’initiative. 3) Mise en œuvre des plans de travail Selon les besoins, les possibilités et le contexte propres à chaque autorité de santé, la consultante en planification a travaillé à divers extrants et tâches avec les participants des projets : • Élaboration de ressources, comme des mémoires et des modèles de présentations PowerPoint sur « l’environnement bâti favorable à la santé », pour aider le personnel des autorités de santé à participer aux processus d’aménagement du territoire et de planification des transports. • Production de rapports, comme une étude de cas sur une association de quartier ayant collaboré avec une autorité de santé pour aborder une préoccupation liée à l’aménagement du territoire. • Facilitation de l’échange intersectoriel des connaissances, notamment en réunissant des planificateurs, des chercheurs et des professionnels de la santé pour entendre parler des preuves les plus récentes des liens entre la santé et le milieu bâti et trouver des occasions de collaborer à l’échelle locale. • Examen et commentaire de projets de documents de politique sur l’aménagement du territoire, comme eS46 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE des plans communautaires officiels et des stratégies de croissance régionales. Évaluation L’évaluation du projet a été intégrée dans l’évaluation globale de la coalition Bâtir un Canada en santé. Une société d’expertsconseils en recherche-évaluation de niveau doctoral a aidé les autorités de santé à élaborer un cadre d’évaluation définissant les extrants et les effets escomptés de leurs projets; à préparer un plan et des outils d’évaluation; et à évaluer les projets à certains intervalles et en fin de parcours. Dans le présent article, nous présentons les données d’évaluation résultant des deux sondages en ligne administrés aux participants du projet en décembre 2010 et en novembre 2011 (pour la C.-B., n=6 et taux de réponse=60 %, avec des répondants issus des trois autorités de santé, les deux années du sondage). Ces sondages comportaient à la fois des échelles de Likert et des questions ouvertes. Nous avons aussi inclus les données recueillies lors des entrevues de fin de projet menées par le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé (CCNPPS) en 2012 (n=5 participants de projets, issus de trois autorités de santé)7. Les données d’évaluation recueillies auprès des collaborateurs du projet 19 mois et 27 mois après le lancement du projet sont également présentées. Ces données ont été produites au moyen : a) d’un sondage en ligne anonyme administré aux collaborateurs du projet en mai 2011 (n=6 collaborateurs de Fraser Health et de Vancouver Coastal Health, taux de réponse=60 %); b) d’un sondage en ligne anonyme administré aux collaborateurs du projet en janvier 2012 (n=5 collaborateurs de Fraser Health Authority et de Vancouver Island Health Authority, taux de réponse=31 %); et c) d’un groupe de discussion non anonyme organisé pour le personnel des autorités de santé (participants) et le personnel de planification (collaborateurs) le 17 octobre 2011 pour réfléchir aux résultats de leur partenariat jusqu’à maintenant (n=2 membres du personnel de planification ayant été les collaborateurs de Vancouver Coastal Health, taux de participation=50 % des quatre personnes invitées au groupe de discussion). EFFETS En tout, 11 membres du personnel des trois autorités de santé ont travaillé avec la consultante à élaborer et à exécuter trois plans de travail de renforcement des capacités. Neuf des 11 participants des trois autorités de santé ont été impliqués du début à la fin du projet. Dans un sondage en ligne anonyme administré aux participants du projet en novembre 2011 (n=6 et taux de réponse=60 %), deux répondants ont dit consacrer entre 41 % et 79 % de leur temps au projet au cours d’un mois type, et quatre répondants ont dit consacrer moins de 40 % de leur temps au projet au cours d’un mois type. Les tableaux 1 à 4 présentent les principaux extrants générés par le projet. Premier effet escompté : Accroître les capacités des autorités de santé de participer de façon productive aux processus d’aménagement du territoire et de planification des transports Les sondages annuels auxquels ont répondu les participants du projet en 2010 et 2011 indiquent que le projet a accru les capacités de certains participants à collaborer aux processus de planification communautaires, en partie en rehaussant leurs connaissances du contenu et des processus. Les résultats des sondages peuvent être résumés comme ceci : • En 2010, tous les répondants au sondage sauf un ont dit avoir accru leurs connaissances des milieux bâtis sains grâce au projet. En 2011, tous les répondants au sondage ont dit avoir accru leurs connaissances. Dans la section ouverte du sondage, une personne a indiqué : J’ai amélioré ma connaissance de la recherche sur la santé et l’environnement bâti. • En 2010, quatre répondants sur six ont indiqué avoir amélioré leurs compétences ou en avoir acquis de nouvelles grâce au projet. En 2011, tous les répondants au sondage étaient de cet avis. Une personne en a donné un exemple : Nous sommes plus aptes à travailler auprès des administrations locales et à comprendre leurs besoins. • En 2011, tous les répondants étaient plutôt d’accord, d’accord ou tout à fait d’accord pour dire qu’ils connaissaient mieux les autres organismes du domaine. Les réponses au sondage de 2010 sur cette question étaient sensiblement plus faibles. Les commentaires recueillis lors des entrevues du CCNPPS sur l’impact du projet reflètent ces résultats : Le projet COALITION a aidé [notre autorité de santé] à élaborer des outils et des approches très utiles dans notre travail. Par exemple, nous avons élaboré et adapté un protocole d’entente pour définir et renforcer les partenariats. Nous avons également élaboré des outils et des ressources qui nous aident à établir des liens et à travailler de façon proactive avec les divers publics participant à des processus de planification de l’utilisation du sol : les représentants élus, les communautés, les parties prenantes et les résidents des communautés.25 Nous [l’autorité de santé] avons constitué une modeste base de données sur le sujet (bibliothèque, fiches d’information, pratiques et précédents en matière de participation communautaire, etc.) sur laquelle s’appuieront les responsables de l’EBFS [environnement bâti favorable à la santé] au sein de notre organisation pour mettre à contribution d’autres intervenants dans nos activités futures. Nous avons développé des idées plus concrètes sur la signification de l’EBFS dans notre contexte et nous avons aujourd’hui une meilleure connaissance et une meilleure maîtrise de la question que lorsque nous avons joint l’initiative COALITION il y a quelques années25. Le projet pourrait aussi avoir contribué à renforcer les capacités des autorités de santé participantes à collaborer aux processus d’aménagement du territoire et de planification des transports en facilitant les modifications aux stratégies, aux programmes, aux affectations des ressources humaines ou aux pratiques des autorités de santé. En 2010, la moitié des répondants au sondage ont déclaré avec conviction que leur organisme était en train d’élaborer un nouveau programme ou de modifier un programme existant en raison du projet, par exemple : • [Nous avons une nouvelle] stratégie de mobilisation communautaire; • La province a fait de l’EBFS une priorité; chaque autorité de santé élabore maintenant des programmes en conséquence; • Il y a bon espoir que le rapport sur les installations saines servira à éclairer la planification et l’aménagement futurs des établissements de santé de [l’autorité de santé]; REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS47 PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE Tableau 1. Activités et produits livrés par Fraser Health dans le cadre de sa participation à la coalition Bâtir un Canada en santé en Colombie-Britannique (20092012) Tableau 2. Activités et produits livrés par Island Health dans le cadre de sa participation à la coalition Bâtir un Canada en santé en Colombie-Britannique (20092012) Description des activités et des produits Description des activités et des produits Mémoires explicatifs sur l’environnement bâti favorable à la santé • Effectué des recherches, rédigé et réalisé une série de mémoires pour éclairer les politiques de planification municipales et faire ressortir les enjeux importants à la fois pour la santé et la municipalité. • Thèmes : logement sain; communautés complètes, compactes et connectées; accès et possibilités équitables; alimentation saine et sécurité alimentaire; transport; et dangers environnementaux. Chaque mémoire explique la pertinence pour la santé, les données probantes à l’appui et présente des recommandations pour les politiques et les pratiques sur le milieu bâti. • Impliqué des partenaires municipaux et divers membres du personnel des autorités de santé dans la conception, l’examen et la réalisation des mémoires. Participation à un processus de planification régional • Examiné et commenté le projet de stratégie régionale de développement durable du District régional de la Capitale. Atelier pour le personnel de l’autorité de santé • Conçu et offert un atelier d’une journée sur l’environnement bâti à l’intention des agents d’hygiène du milieu et du personnel de promotion de la santé communautaire (n=31). • Deux planificateurs locaux ont donné des présentations sur leur travail actuel et leurs orientations stratégiques. • Le médecin hygiéniste associé au projet a présenté les grands principes et les données probantes sur « la santé et l’environnement bâti ». • Les participants de l’atelier ont analysé un plan municipal type et déterminé : a) s’il contribuait ou non à rendre l’environnement bâti plus favorable à la santé, b) certains des obstacles et des intérêts divergents pouvant se manifester lors de l’élaboration d’un plan d’aménagement du territoire et c) les stratégies que les autorités de santé peuvent utiliser pour commenter un plan proposé et offrir leur appui aux planificateurs. • Les participants du projet au sein de cette autorité de santé ont aussi présenté des projets parallèles et complémentaires par le biais desquels l’autorité de santé collabore avec les municipalités locales. Participation aux processus de planification et à l’édification de liens avec les planificateurs • Examiné et commenté les projets de plans communautaires officiels de la Ville de Surrey et du District de Mission et un projet de plan de quartier pour la Ville de Surrey. • Le but de l’exercice était de tisser des liens avec le personnel de planification municipal, de se renseigner sur les moyens de s’impliquer efficacement, et de contribuer à renforcer le potentiel de promotion de la santé des plans en cours de mise au point. • Organisé un « déjeuner-causerie » pour le personnel de l’autorité de santé et les planificateurs de la Ville de Surrey afin de favoriser le réseautage, l’échange des connaissances et le partage d’expériences, de points de vue et de priorités en ce qui a trait au milieu bâti. Guide de travail des Plans communautaires officiels (PCO) • Adaptés des fiches d’information (voir plus haut), les éléments proposés étaient des modèles de présentations PowerPoint et d’autres ressources et un algorithme pour aider le personnel de l’autorité de santé et le service de planification de l’administration locale à trouver les contacts appropriés dans l’organigramme de l’autre. • Obtenu les commentaires des administrations locales, régionale et provinciale pour l’élaboration du guide de travail. Intégration de la santé dans la planification des établissements de santé • Consulté des organismes communautaires sans but lucratif, le personnel de divers services des autorités de santé, les planificateurs municipaux et des architectes de sociétés d’experts-conseils privées afin de produire un rapport explorant des questions comme : Comment les établissements de santé s’insèrent-ils dans un cadre « d’environnement bâti favorable à la santé »? Comment les établissements de santé peuvent-ils contribuer à la santé des divers « groupes d’utilisateurs » – les patients, le personnel, les visiteurs, les résidents du quartier? et Comment peut-on planifier ces établissements pour qu’ils contribuent au choix de modes de transport actifs et à d’autres éléments clés d’un environnement bâti plus favorable à la santé? • Effectué des recherches sur des exemples de plans directeurs d’établissements de soins de santé conformes aux principes et aux pratiques de l’environnement bâti favorable à la santé. • Examiné un exemple local (à Victoria), à savoir, un nouveau centre de soins aux patients, ainsi que le plan directeur à long terme d’un complexe d’établissements de soins de santé. Qualité de l’air – groupe de travail et forum • Dirigé la reconstitution du groupe de travail sur la qualité de l’air du District régional de la Capitale et élargi son mandat pour inclure des liens avec la planification du développement durable et de la santé. • Exploré les possibilités pour le groupe de travail sur la qualité de l’air de collaborer plus étroitement avec ses partenaires des administrations locales et avec les professionnels de la santé au sein d’un cadre d’aménagement du territoire. • Organisé conjointement un forum d’apprentissage sur les enjeux régionaux de la qualité de l’air et l’action locale. Le forum a attiré des fonctionnaires fédéraux, provinciaux, régionaux et locaux, des universitaires et des représentants d’organismes sans but lucratif. Enseignements de la James Bay Neighbourhood Association • En partenariat avec la James Bay Neighbourhood Association (à Victoria), décrit et partagé les processus, les réussites et les défis de cette association de quartier, qui tentait de cerner les problèmes de santé locaux associés à l’aménagement du territoire et de mobiliser des ressources pour en aborder les impacts. • Le but principal du rapport était de renseigner l’autorité de santé sur les meilleurs moyens de travailler avec les associations de quartier pour aborder les problèmes de santé communautaire. • L’environnement bâti fait maintenant partie de notre planification stratégique globale; • Probablement une plus grande implication du personnel dans la planification communautaire officielle à l’échelle des administrations locales ou régionales. Durant le projet, la consultante a directement formé et soutenu trois ou quatre membres du personnel de chaque autorité de santé. Ces personnes, en retour, se sont servies de l’expérience et des connaissances acquises grâce au projet pour se prononcer sur les structures et les pratiques organisationnelles du travail sur le milieu bâti au sein de chaque autorité de santé. On en trouve des indications dans les entrevues du CCNPPS : À l’interne [au sein de l’autorité de santé], dans le cadre de l’initiative COALITION, nous avons été en mesure d’élaborer graduellement un modèle pour la réalisation de nos travaux sur l’EBFS qui convient à [l’autorité de santé]. Un grand nombre d’employés et de services au sein de [l’autorité de santé] participent aux travaux sur l’EBFS (protection de la santé, santé des eS48 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) populations, médecin hygiéniste, planification autochtone, logement, etc.). Nous avons pu travailler avec ces groupes pour renforcer progressivement la sensibilisation, l’appui, l’engagement et l’expérience de ce travail en collaboration. Nous avons appris — par l’expérience et la réflexion — comment former nos équipes de [l’autorité de santé] à une échelle locale et assigner les postes aux employés de [l’autorité de santé] afin de soutenir les communautés le plus efficacement possible. Cette approche consistant à inclure des employés de [l’autorité de santé] provenant de divers groupes nous a offert un éventail de perspectives et d’optiques quant aux composantes du travail sur l’EBFS25. […][L’autorité de santé] renforce ses capacités internes pour travailler sur l’EBFS. Les projets COALITION que nous avons sélectionnés nous ont permis de savoir quels services et quel personnel doivent prendre part aux initiatives de planification municipale et quels rôles ils doivent jouer. Par exemple, dans le cadre de l’initiative Partenariats pour des communautés en meilleure santé 2010, un gestionnaire de la protection de la santé et des médecins hygiénistes ont conjointement analysé différentes options d’utilisation du sol qui étaient discutées dans un plan de quartier. Nous avons allié notre expertise et nos connaissances pour que la municipalité aborde ces différentes options dans une optique de santé. Nous cherchons à PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE Tableau 3. Activités et produits livrés par Vancouver Coastal Health dans le cadre de sa participation à la coalition Bâtir un Canada en santé en ColombieBritannique (2009-2012) 40 Description des activités et des produits 30 Participation aux processus de planification municipaux (communautés rurales) • Compilé des profils de santé communautaire liés à la planification communautaire de la région de Sunshine Coast et de ses municipalités, puis organisé un groupe de discussion avec les planificateurs et les représentants d’organismes communautaires pour obtenir leur rétroaction. • Examiné et commenté le projet de stratégie de développement durable de la région de Sunshine Coast, ainsi que les projets de plans communautaires officiels de Roberts Creek, de la circonscription de Powell River et de la municipalité de villégiature de Whistler. • Élaboré un classeur numérique de ressources pour aider le personnel de l’autorité de santé à s’impliquer dans les processus de planification des communautés rurales et de petite taille. Tableau 4. Activités et produits livrés en partenariat par Fraser Health et par Vancouver Coastal Health dans le cadre de leur participation à la coalition Bâtir un Canada en santé en Colombie-Britannique (20092012) Description des activités et des produits Création d’un organisme de concertation pour la conception de communautés en santé dans la région métropolitaine de Vancouver • En partenariat avec l’administration régionale, l’autorité de transport locale et des chercheurs universitaires, on a convié des planificateurs, des professionnels de la santé et des chercheurs à des séances pour échanger des connaissances et étudier les possibilités de collaboration. Ces partenariats ont fait fond sur les discussions et les commentaires du processus de la « stratégie de croissance régionale » auquel les deux autorités de santé ont participé. • Planifié et mis en œuvre deux ateliers régionaux de plus de 100 participants chacun (des planificateurs et des professionnels de la santé de toute la région). Région métropolitaine de Vancouver – planification régionale • Les deux autorités de santé ont rencontré les planificateurs régionaux à plusieurs reprises et donné une présentation devant le Comité consultatif de planification régionale (anciennement le Comité consultatif technique), composé des directeurs de la planification et des directeurs généraux de l’administration des 21 municipalités et des deux entités locales de la région métropolitaine de Vancouver. définir, au sein de [l’autorité de santé], un modèle durable afin de faciliter nos travaux sur l’EBFS dans la vaste région que nous desservons25. Deuxième effet escompté : Créer des liens ou des mécanismes de collaboration nouveaux et soutenus avec les autres autorités de santé, les administrations locales et les autres acteurs du milieu bâti En 2011, tous les participants du projet qui avaient répondu aux questionnaires d’évaluation déclaraient que le projet les avait aidés à tisser de nouvelles relations ou collaborations avec des collègues d’autres autorités de santé, des administrations locales ou d’autres secteurs intervenant dans les décisions sur le milieu bâti. Par contre, les améliorations ou les changements à la façon Avant COALITION Après COALITION Nombre total d’interactions Participation aux processus de planification municipaux (communautés urbaines) • Participé intensivement à l’examen des plans communautaires officiels du District de North Vancouver, de la Ville de North Vancouver et de la Ville de Richmond. • Il a fallu pour cela examiner et commenter les plans préliminaires, donner des présentations aux acteurs du milieu (maire, conseillers, résidents et organismes communautaires locaux) et préparer des documents imprimés (documents de réflexion, affiches) pour les consultations publiques. • Pour le District et la Ville de North Vancouver, il a aussi fallu rédiger et conclure un protocole d’entente entre les administrations locales (services de planification) et l’autorité de santé afin d’établir les paramètres de leur collaboration et de définir les rôles de chaque entité. • Participé à l’examen des directives d’aménagement municipales et d’un plan de transport municipal. 35 25 20 15 10 5 0 Aucune interaction Figure 1. Réseautage Coordination Coopération du travail Types d’interactions Collaboration Fraser Health, Island Health et Vancouver Coastal Health : Nombre total d’interactions avec les autres organismes ayant participé à la coalition Bâtir un Canada en santé dont les autorités de santé disaient travailler avec d’autres organismes du même domaine n’étaient pas aussi solides. Un répondant a fait ce commentaire : Beaucoup de défis intéressants quand on collabore avec de nouveaux partenaires et avec les communautés – le processus d’apprentissage est sans fin! Quand on leur a demandé de commenter les avantages et les impacts du projet, le personnel des autorités de santé ayant répondu aux sondages annuels a donné de nombreux exemples de liens nouveaux ou améliorés avec d’autres organismes ou d’autres secteurs. C’est ce type d’impacts qui a suscité les commentaires les plus fournis de la part des répondants. Les grands thèmes qui sont ressortis des réponses aux questions ouvertes des sondages indiquent que le projet a amélioré plusieurs aspects de la collaboration : • Les occasions d’échange de connaissances ou de collaboration entre les autorités de santé de la C.-B.; • Les nouveaux maillages intersectoriels à l’échelle locale; • Le réseautage, la coordination ou la collaboration entre les autorités de santé et les administrations locales (surtout les services de planification); • L’accès à des partenaires potentiels et au savoir d’autres provinces, du reste du Canada et même de l’étranger; • De nouveaux éclairages sur le travail en partenariat. Ces améliorations sont aussi, dans une certaine mesure, appuyées par les résultats des sondages en ligne administrés aux collaborateurs du projet en mai 2011 et janvier 2012 (n=6, taux de participation=60 %, et n=5, taux de participation=31 %, respectivement). On a demandé à ces collaborateurs : Dans quelle mesure êtes vous d’accord ou non que dans ce projet, les connaissances, les conseils techniques, le savoir-faire ou les recommandations de l’autorité de santé/de la coalition Bâtir un Canada en santé ont aidé les secteurs de la santé et de la planification de votre région à travailler étroitement ensemble? Ici, 67 % des répondants en 2011 et 60 % des répondants en 2012 se sont dits d’accord ou tout à fait d’accord. À l’opposé, 0 % en 2011 et 20 % en 2012 se sont dits en REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS49 PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE désaccord, et 33 % en 2011 et 20 % en 2012 n’ont pas répondu. De même, à l’énoncé Mon organisme applique les connaissances, les conseils techniques, le savoir-faire ou les recommandations de l’autorité de santé/de la coalition Bâtir un Canada en santé, 60 % des répondants au sondage de janvier 2012 ont répondu « oui », 20 % ont répondu « non » et 20 % n’ont pas répondu. Quand on leur a demandé de décrire comment (leur) organisme applique les connaissances, les conseils techniques, le savoir-faire ou les recommandations de l’autorité de santé/de la coalition Bâtir un Canada en santé, les répondants ont écrit : • Durant l’élaboration du nouveau Plan communautaire officiel et des plans secondaires (plans de quartier, de couloirs de verdure, de sentiers pédestres etc.), notre partenariat a rehaussé la prise en compte des conséquences sanitaires de différentes politiques. • [L’autorité de santé] a fourni une rétroaction sur notre plan régional. Elle a présenté « l’optique de la santé » et fourni des conseils stratégiques sur les moyens de renforcer le plan du point de vue de la santé. Voici d’autres exemples d’impacts mentionnés par les répondants aux sondages en ligne (n=5; taux de réponse=31 %) et les planificateurs ayant participé au groupe de discussion pour aider à évaluer le projet (n=2, taux de réponse=50 %) : • La question de la santé et de la planification a été mise en avantplan pour les planificateurs, en partie grâce à [l’autorité de santé] et à l’initiative COALITION. • Utilisé les ressources autour de la table pour travailler sur un enjeu commun. Ce ne serait jamais arrivé si nous avions travaillé en vases clos. • [L’autorité de santé] a fourni un apport qui a mené à des changements dans le contenu et les orientations; p. ex., la sécurité alimentaire : [l’autorité de santé] a aidé à renforcer les politiques touchant à la sécurité alimentaire/l’agriculture urbaine. • [L’autorité de santé], en tant que partenaire importante du PCO [Plan communautaire officiel], a exercé un poids politique sur l’appui moral du Conseil au PCO. La coalition Bâtir un Canada en santé a probablement aussi stimulé des niveaux accrus de réseautage, de coordination et de coopération entre les autorités de santé de la C.-B. et les organismes ayant participé à la coalition Bâtir un Canada en santé dans les provinces canadiennes. On le sait grâce aux sondages annuels, où les participants britanno-colombiens du projet ont catégorisé leurs interactions avec des organismes ontariens, québécois et nationaux, avant et après leur implication dans le projet (figure 1). Des anecdotes sur l’impact du projet sur la collaboration sont aussi ressorties des entrevues du CCNPPS. Par exemple : L’initiative COALITION a également aidé [l’autorité de santé] à jouer un rôle proactif dans les partenariats avec d’autres organisations. […] L’initiative COALITION nous a aussi permis d’améliorer continuellement la communication avec d’autres partenaires (urbanistes municipaux, etc.) et d’établir quelques nouvelles relations qui nous aideront dans nos travaux futurs. Par exemple, nous avons consulté des urbanistes au début de nos projets de COALITION et nous pourrions reprendre contact avec eux25. Troisième effet escompté : Influencer les plans et les politiques d’aménagement du territoire et de transport À la fin du projet, on a eu des preuves modestes de l’influence de la santé publique sur un plan d’aménagement du territoire en particulier. Le Plan communautaire officiel du District de North Vancouver, adopté en 2011, mentionne explicitement Vancouver Coastal Health parmi les acteurs impliqués dans son élaboration26. Aspects à améliorer Lorsqu’on leur a posé des questions ouvertes pour comprendre ce qu’il faudrait faire pour améliorer ou faciliter le projet Bâtir un Canada en santé ou pour accélérer les changements au milieu bâti, les employés des autorités de santé ayant répondu aux sondages en ligne ont donné plusieurs exemples et idées : 1) Davantage de temps et de ressources; 2) Des rôles et des partenariats plus définis, et une idée plus claire du rôle particulier de la santé et de son apport potentiel au processus de planification; 3) Une plus grande collaboration d’un projet ou d’une autorité de santé à l’autre; 4) L’appui de la haute direction, l’implication d’un effectif plus diversifié de personnel/de services et une plus grande intégration de ce travail dans les plans et stratégies existants de l’organisme. Les collaborateurs du projet qui ont répondu au sondage en ligne ont aussi cerné des éléments à améliorer. En réponse à la question Comment pourrait-on améliorer les connaissances, les conseils techniques, le savoir-faire ou les recommandations reçus de l’autorité de santé/de la coalition Bâtir un Canada en santé? un répondant a indiqué : • Les études de plus en plus nombreuses qui découvrent des liens entre l’aménagement des collectivités et les résultats sanitaires sont une bonne chose, mais ces études doivent être plus spécifiques et nuancées pour être plus utiles en tant qu’élément probant dans la prise des décisions de planification. • Si cela convient (p. ex., si l’échelle d’un projet est assez grande, si les impacts sur la santé sont considérables), il serait bon d’avoir l’avis de [l’autorité de santé] sur les impacts sur la santé des grands projets ou aménagements proposés dans [la région]. Ce serait utile pour mieux comprendre le genre d’indicateurs à utiliser pour évaluer les communautés en santé. • Il faudrait travailler davantage avec la communauté, le grand public et les élus/la classe politique. Les planificateurs et les professionnels de la santé publique sont déjà très étroitement alignés et « chantent la même partition ». Quand il y a des problèmes, ils se posent plutôt avec le public et les décideurs. Les conseils d’administration des hôpitaux devraient aussi être ciblés par des mesures de formation. • Il devrait être possible pour [l’autorité de santé] et le District de mieux diffuser l’information (sur les enjeux, les solutions et les réussites) « à l’externe » (aux membres de la communauté). • La mise en œuvre du PCO [Plan communautaire officiel] est d’une importance clé, et le District a besoin que [l’autorité de santé] soit impliquée. De plus, en réponse à la question Comment pourrait-on améliorer les réunions ou les activités organisées par l’autorité de santé [XX]/la coalition Bâtir un Canada en santé? les collaborateurs du projet ayant répondu au sondage ont fait les commentaires suivants : • Ces réunions pourraient être davantage axées sur les promoteurs immobiliers et les experts-conseils en aménagement, qui hésitent souvent à admettre les conséquences d’une conception plus saine des communautés et des quartiers, car elles sont perçues comme limitant leurs options d’aménagement ou ajoutant aux coûts des projets. eS50 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE • Inclure les décideurs, les personnes du public, les administrateurs d’hôpitaux. Peut-être aussi des gens d’autres disciplines comme les ingénieurs municipaux... Mais encore une fois, je crois que nos ambitions et nos approches sont les mêmes. Le défi est plutôt l’état d’esprit général sur l’usage de l’automobile, les choix de modes de vie, l’environnement bâti. • Leur travail devrait se poursuivre. Les réunions, les activités, le réseautage, les prises de contact devraient se poursuivre à l’échelle régionale et municipale. L’action sociale exercée par [l’autorité de santé] demeure importante. [L’autorité de santé] pourrait être plus claire quant aux types d’actions que les municipalités et les régions peuvent mener pour créer des communautés en santé. CONCLUSIONS Le projet décrit dans cet article est novateur. Il a fourni aux autorités de santé les services d’une planificatrice professionnelle pour les aider à influencer les décisions d’aménagement du territoire et de planification des transports. Par le passé, l’implication des autorités de santé dans les processus de planification en Colombie-Britannique se limitaient en général aux questions d’eau, d’égouts et de qualité de l’air. Le projet a réuni des professionnels de la santé et des planificateurs communautaires pour stimuler les capacités des autorités de santé de contribuer aux plans de transport et d’aménagement du territoire en les harmonisant avec les objectifs de promotion de la santé. Les données d’évaluation présentées dans cet article indiquent que le projet a accru la connaissance du milieu bâti chez les autorités de santé participantes. Les tableaux 1 à 4 énumèrent les nombreux extrants et ressources générés par la consultante avec les autorités de santé. Après COALITION, la BC Provincial Health Services Authority s’est servie de certaines de ces ressources dans l’élaboration de la trousse d’information « Built Environment Linkages Toolkit27 », qui présente aux autorités de santé de la province les principes communs d’un milieu bâti sain. Sur cette base, et d’après les données d’enquête (résumées à la rubrique des Effets), nous conjecturons que le projet pourrait avoir contribué à accélérer la concertation entre les autorités de santé régionales de la C.-B. pour élaborer des messages et des démarches plus uniformes dans leur travail sur le milieu bâti. Selon les entrevues d’évaluation menées par le CCNPPS, certains participants du projet ont acquis de nouvelles connaissances sur la réaffectation possible des ressources humaines au sein des autorités de santé pour appuyer la collaboration à l’aménagement du territoire et à la planification des transports. Deux ans après la fin du projet, au-delà de la période d’évaluation décrite dans cet article, on voit des signes de changement dans les structures des autorités de santé pour faciliter la collaboration aux processus de planification. Par exemple, certaines ont ajouté le milieu bâti aux sujets abordés dans les descriptions de poste du personnel de santé communautaire et des agents d’hygiène du milieu; deux autorités de santé ont été jusqu’à créer une nouvelle équipe d’agents d’hygiène du milieu (3,5 et 2,5 équivalents temps plein chacune) qui se consacrent à travailler avec les administrations locales et d’autres acteurs sur le milieu bâti et les politiques connexes. Ces changements structurels ne peuvent être imputés uniquement à la coalition Bâtir un Canada en santé, mais les représentants des autorités de santé qui ont collaboré à la rédaction du présent article conviennent que le projet a joué un rôle dans ces changements. Le projet a aussi jeté les bases de partenariats intersectoriels et interorganisationnels. Une revue de la littérature spécialisée dans le monde a permis de constater que ce type d’alliances, à l’échelle locale et nationale, facilite beaucoup l’intégration de considérations sanitaires dans les décisions d’aménagement du territoire28. Des observations semblables ont été mises de l’avant à titre anecdotique au Colorado (États-Unis). Là-bas, d’après leur expérience de travail sur des dossiers d’aménagement du territoire, les professionnels de la santé ont recommandé que la première étape pour que les agents d’hygiène du milieu puissent influencer le milieu bâti soit de tisser des liens avec les planificateurs et les décideurs municipaux29. Au pays, la coalition Bâtir un Canada en santé a favorisé le réseautage, l’échange des connaissances et la collaboration entre les autorités de santé de la ColombieBritannique et des organismes semblables dans d’autres provinces. À l’échelle locale, en Colombie-Britannique, l’initiative a été pour les professionnels de la santé publique une occasion d’apprendre à travailler avec des collègues des secteurs de l’aménagement du territoire et de la planification des transports sur des enjeux qui dépassent les égouts et la qualité de l’air et de l’eau. À la fin du projet en 2012, on commençait à voir les signes de l’influence du secteur de la santé dans les politiques et les documents d’aménagement du territoire et de planification des transports. D’octobre 2012 au printemps 2014, plusieurs autres documents stratégiques de planification ont fait une place importante à la santé. Le Plan communautaire officiel de la Ville de Richmond, adopté en novembre 201230, la dernière version du Plan communautaire officiel de la Ville de Surrey (en cours de révision)31, le projet de Plan communautaire officiel de la Ville de Chilliwack (en cours de révision)32 et le projet de Stratégie de développement durable du District régional de la Capitale (en cours de mise au point)33 en sont des exemples. Le prochain défi à relever par le secteur de la santé en C.-B. sera de veiller à ce que ces documents de planification de haut niveau soient bel et bien appliqués, ce qui pourrait prendre plusieurs dizaines d’années. Leçons apprises Voici les principaux enseignements du projet : 1) Il faut du temps pour obtenir des résultats. Le processus de changement nécessaire pour intégrer pleinement et de façon productive un domaine de travail nouveau et complexe, comme le milieu bâti, dans les modes de fonctionnement des autorités de santé a exigé du temps et une vision élargie de la santé. De plus, la plupart des processus de planification communautaire s’étendent sur plusieurs mois, sinon plusieurs années, et peuvent être retardés par des facteurs politiques ou autres indépendants de la volonté du secteur de la santé. Il a donc été très difficile de produire des résultats stratégiques dans les délais du projet. Dans les futures interventions de ce type, il faudrait songer à prolonger le calendrier de mise en œuvre. 2) Il faut des rôles bien définis et une idée claire du rôle spécifique de la santé et de son apport éventuel au processus de planification. La nature intersectorielle et pionnière de l’intégration des acteurs et des données REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS51 PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE 3) 4) probantes de la santé dans l’aménagement du territoire et la planification des transports a ajouté à la difficulté du projet. Les deux années de mise en œuvre du projet étaient presque écoulées quand les participants ont commencé à se faire une idée de « qui doit faire quoi et quand ». Néanmoins, les réponses à cet exercice de définition des rôles n’ont pu être établies qu’avec l’expérience, en envoyant une petite équipe d’ « adoptants précoces » sur le terrain. Cette approche d’ « apprentissage par la pratique » a été difficile, mais elle a beaucoup aidé les autorités de santé à déterminer les moyens le plus efficaces d’influencer les décisions sur le milieu bâti. On a notamment clarifié les rôles que les différents membres du personnel des autorités de santé peuvent jouer pour influencer les décisions sur le milieu bâti, les besoins en ressources humaines, les lacunes à combler dans les données probantes et la difficulté d’appliquer les preuves disponibles sur la santé et le milieu bâti dans des recommandations de politiques et de pratiques pour divers contextes (urbains, suburbains et ruraux). L’appui de la haute direction à ce domaine de travail est erratique. Une autorité de santé a eu du mal à s’impliquer pleinement dans le projet en raison du manque d’appui aux projets de santé des populations (comme celuici), car la haute direction accordait la priorité aux initiatives de soins actifs. Il faut du temps pour favoriser une vaste adhésion à ce nouveau domaine de travail au sein des autorités de santé. Dans toutes les autorités de santé, il a fallu plusieurs années pour rallier les gens et cultiver les capacités internes de faire ce type de travail au sein des autres services et du personnel. Étant donné la jeunesse du portefeuille du milieu bâti au sein des autorités de santé et le nombre relativement faible d’employés possédant des compétences de pointe dans ce domaine pour l’instant, la capacité de ces organismes de collaborer efficacement à l’aménagement du territoire et à la planification des transports est particulièrement vulnérable aux changements de personnel. Contraintes de l’évaluation de projet abordées dans le présent article Les taux de participation aux sondages d’auto-évaluation annuels ont été plutôt faibles (60 %). C’est probablement parce que près de 50 % des participants du projet étaient des médecins hygiénistes, qui ont une très lourde charge de travail. Néanmoins, les répondants ont fourni des réponses complètes et détaillées aux questions ouvertes des sondages, ce qui a donné un précieux aperçu de l’impact de la coalition Bâtir un Canada en santé en Colombie-Britannique. Des représentants des trois autorités de santé régionales ont rempli les questionnaires d’évaluation en ligne et participé aux entrevues d’évaluation menées par le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé. Cependant, les résultats présentés dans cet article pourraient ne pas être généralisables en raison du petit nombre de participants du projet. Une autre contrainte a été l’absence de registres détaillés des heures consacrées par les participants au projet (le travail « en personne »). Dans le questionnaire d’évaluation en ligne de novembre 2011, on a demandé aux participants du projet En moyenne, quel pourcentage de votre temps de travail avez-vous consacré aux activités du projet COALITION au cours d’un mois type? Ici, les répondants avaient les choix de réponses suivants : a) moins de 40 % de mon temps; b) entre 41 % et 79 % de mon temps; et c) plus de 80 % de mon temps. Cette démarche ne nous permet pas d’explorer les associations éventuelles entre le temps consacré au projet par les employés participants des autorités de santé et la réussite de l’initiative. Nous avons aussi été limités par le faible taux de réponse des collaborateurs du projet aux questionnaires d’évaluation en ligne. En général, les collaborateurs étaient des membres du personnel de planification des administrations locales servies par les autorités de santé ayant participé au projet. Nous n’avons eu aucun problème à collaborer avec les planificateurs des administrations locales lors des réunions ou des dialogues portant sur l’élaboration de politiques de planification directement pertinentes pour leurs communautés et leurs descriptions de tâches au quotidien, mais nous avons trouvé très difficile de les convaincre de répondre au questionnaire d’évaluation. De plus, une des autorités de santé a tenu un groupe de discussion de deux heures avec ses collaborateurs clés, en octobre 2011, pour évaluer le projet, ce qui pourrait avoir épuisé la volonté de ces planificateurs de collaborer à d’autres activités d’évaluation, comme le sondage en ligne. Les futurs efforts d’évaluation de projets similaires devraient avant tout chercher à comprendre comment améliorer le projet et le rôle des autorités de santé dans les processus de planification du point de vue des planificateurs des administrations locales ou d’autres collaborateurs clés, comme les ONG de la santé. Dans l’ensemble, le projet a beaucoup gagné à faire partie d’une initiative pancanadienne. Comme l’a dit une participante : Le projet COALITION a été efficace pour [notre autorité de santé] parce qu’il nous a permis de nous associer à un mouvement pancanadien. […] À l’inter ne, dans le cadre de l’initiative COALITION, nous avons été en mesure d’élaborer graduellement un modèle pour la réalisation de nos travaux sur l’EBFS [environnement bâti favorable à la santé] qui convient à [l’autorité de santé]. […]L’initiative COALITION a fait mieux connaître le travail sur l’EBFS en démontrant que nos travaux sur l’EBFS s’inscrivent dans le cadre d’un mouvement de pratique progressive qui se produit partout au pays. Les études futures devraient miser encore davantage sur la perspective nationale en examinant en quoi les structures de la santé publique dans diverses provinces canadiennes (sources de financement, liens avec les administrations locales, affiliations avec les soins actifs, enveloppes budgétaires de santé provinciales) facilitent ou entravent la participation efficace des autorités de santé à l’aménagement du territoire et à la planification des transports. L’information ainsi obtenue aiderait à comprendre comment améliorer les structures de la santé publique en Colombie-Britannique pour qu’elles appuient mieux l’intégration des données probantes sur la santé dans les décisions sur le milieu bâti et, en bout de ligne, pour qu’elles favorisent les modes de vie sains et réduisent le risque de maladies chroniques. eS52 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) PROJET COALITION EN COLOMBIE-BRITANNIQUE RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. Renalds A, Smith TH, Hale PJ, 2010, « A systematic review of built environment and health », Fam Community Health, 33, 1, p. 68-78. Durand C, Andalib M, Dunton GF, Wolch J, Pentz MA, 2011, « A systematic review of built environment factors related to physical activity and obesity risk: Implications for smart growth urban planning », Obes Rev, 12 (suppl. de mai), p. 173-182. 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PARTICIPANTS : L’initiative a été élaborée et mise en œuvre par une coalition de professionnels de la santé publique, de chercheurs, de planificateurs professionnels et de membres du personnel d’organisations non gouvernementales (ONG) de tout le Canada, qui en ont aussi été les participants. LIEUX : Au cours de la première phase, les interventions de BUCS se sont déroulées pour la plupart dans de grands centres urbains et suburbains du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique. Des activités nationales d’application et d’échange des connaissances (AEC) ont été offertes à l’échelle locale et nationale. INTERVENTION : Les participants du projet ont élaboré des outils ou des processus de collaboration entre les secteurs de la santé et de la planification communautaire afin de renforcer les capacités du secteur de la santé d’influencer les décisions d’aménagement du territoire et de planification des transports. L’élaboration d’outils et de processus s’est accompagnée d’essais pilotes, d’une évaluation, et de la diffusion des résultats et des leçons apprises. En parallèle, les ONG impliquées dans la coalition BUCS ont mené des interventions d’AEC à l’échelle nationale. RÉSULTATS : La première phase de BUCS a démontré la possibilité pour les organismes de santé publique d’influencer les déterminants du cancer et des maladies chroniques liés au milieu bâti. Les autorités de santé publique ont tissé des liens avec plusieurs organismes qui interviennent dans les décisions sur le milieu bâti : services de planification municipaux et régionaux, gouvernements provinciaux, organismes gouvernementaux fédéraux, chercheurs, groupes communautaires et ONG. L’initiative a : 1) créé de nouveaux liens intersectoriels et entre les autorités de santé; 2) amélioré les connaissances et les compétences nécessaires chez les professionnels de la santé publique pour influencer les processus d’aménagement du territoire; 3) amélioré la connaissance des données probantes sur la santé et l’intention de changer les pratiques chez les personnes prenant les décisions sur le milieu bâti; et 4) facilité l’inclusion de considérations sanitaires dans les plans, les politiques et les décisions au palier local. CONCLUSIONS : La première phase de BUCS a mobilisé les acteurs du milieu bâti (professionnels de la santé publique, planificateurs, chercheurs, groupes communautaires et ONG) par des moyens susceptibles d’influencer à long terme les facteurs de risque pour la santé et les résultats de santé de la population. MOTS CLÉS : environnement et santé publique; relation interinstitutionnelle; conception de l’environnement; maladie chronique Rev can santé publique 2015;106(1)(Suppl. 1):eS54-eS63. U n important corpus de données laisse croire que le « milieu bâti » ou l’ « environnement bâti » (l’aménagement et la conception physiques des communautés) est fortement associé à certains facteurs de risque pour la santé, comme les niveaux d’activité physique à des fins récréatives et utilitaires1-4. En fait, le milieu bâti est bien connu comme étant l’un des grands déterminants de la santé5-8. Il peut favoriser la santé des populations non seulement en prévenant l’exposition aux dangers environnementaux 9, mais aussi en facilitant les pratiques qui préviennent ou qui limitent les maladies chroniques (p. ex., accroître l’activité physique, appuyer une alimentation saine, accroître la connexité sociale et réduire le stress)10,11. Il existe aussi des indications que le milieu bâti peut atténuer les inégalités de santé10,11. L’initiative Bâtir un Canada en santé (BUCS) du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) promeut l’édification de communautés canadiennes qui encouragent les modes de vie sains. Avant le lancement de BUCS, le travail des professionnels de la santé publique, des chercheurs, des responsables des politiques et des groupes communautaires du Canada pour promulguer des milieux bâtis eS54 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) favorables à la santé était très peu coordonné entre les secteurs et les autorités compétentes. La coordination était compliquée par la multiplicité des ordres de gouvernement et des secteurs détenant Affiliations des auteures 1. Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, Vancouver (Colombie-Britannique) 2. Program Evaluation and Beyond Inc., Montréal (Québec) 3. Fraser Health (Colombie-Britannique) Correspondance : Alice Miro, Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada, 200-1212 West Broadway, Vancouver (Colombie-Britannique) V6H 3V2, tél. : 778-372-8007, courriel : [email protected] Remerciements : L’intervention en santé publique dont il est question dans cet article a été rendue possible grâce à l’apport financier de Santé Canada octroyé à Bâtir un Canada en santé dans le cadre du projet COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) du Partenariat canadien contre le cancer, de l’Institut canadien d’information sur la santé et du Réseau canadien pour la santé urbaine. Les organismes suivants ont aussi offert une contribution en nature au projet : Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, Fraser Health, Island Health, Vancouver Coastal Health, Bureau de santé de la région de Peel, Santé publique Toronto, Direction de santé publique de Montréal, Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé, Centre de collaboration nationale pour la santé environnementale, Institut canadien des urbanistes et Agence de la santé publique du Canada. Nous remercions les personnes suivantes, qui nous ont aidées à réviser le manuscrit ou nous ont fourni des données : Marla Steinberg et Andi Cuddington (anciennement du projet CAPTURE), Gene Chin (Fondation des maladies du cœur et de l’AVC) et Heather Evans (Heather Evans Consulting). Conflit d’intérêts : aucun à déclarer. Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux des auteures et ne reflètent pas nécessairement ceux des bailleurs de fonds ni des partisans du projet. © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I Figure 1. Modèle logique de Bâtir un Canada en santé AEC : application et échange des connaissances; COALITION : Connaissances et action liées pour une meilleure prévention; FMC : Fondation des maladies du cœur et de l’AVC; ASR : autorités de santé régionales. N.B. : cette version du modèle logique a été simplifiée pour les besoins de cet article. les leviers nécessaires pour aborder les milieux bâtis malsains8,12. En outre, on faisait peu de chose pour évaluer ou diffuser les méthodes, les constatations et les leçons apprises par les divers organismes intervenant dans ce domaine. Les organismes de santé publique avaient besoin d’informations fondées sur les preuves pour exercer une influence au-delà de la santé environnementale classique et faciliter l’intégration de considérations sanitaires dans la hiérarchie des politiques, des plans et des pratiques d’aménagement du territoire et des transports qui façonnent le milieu bâti. Notre article décrit les activités et les effets préliminaires de la première phase de l’initiative BUCS dans son ensemble. Les résultats des activités constitutives de BUCS sont abordés dans d’autres articles du présent supplément. 1) OBJECTIFS PARTICIPANTS, LIEU, INTERVENTION ET ÉVALUATION L’initiative BUCS a rassemblé des partenaires de divers secteurs et de plusieurs provinces en un réseau coordonné et intégré axé sur le milieu bâti et la santé. Financée par Santé Canada dans le cadre du projet COALITION du Partenariat canadien contre le cancer, la première phase de BUCS a réuni des spécialistes de la recherche, de la pratique et des politiques de divers horizons pour faire fond sur les efforts en cours dans ce domaine13. La première phase de l’initiative avait trois objectifs : faciliter l’intégration de données probantes sur la santé dans la prise de décisions sur le milieu bâti; 2) élaborer de nouveaux modèles et outils de collaboration intersectorielle; 3) favoriser une communauté de pratique nationale unissant des planificateurs communautaires, des professionnels de la santé publique et des organisations non gouvernementales (ONG). En bout de ligne, l’initiative visait à contribuer à la prévention des maladies chroniques en faisant en sorte que les politiques et les programmes de santé tiennent compte du milieu bâti, et que les politiques et les pratiques sur le milieu bâti intègrent des objectifs de santé des populations. Population cible De 2009 à 2012, les partenaires de BUCS ont mobilisé les secteurs pouvant influencer les milieux bâtis 8 : la santé publique, l’urbanisme et la planification des transports, les ONG et les organismes communautaires. Ces secteurs se sont impliqués par le biais d’organismes (les « partenaires de BUCS »). Entre 2 et REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS55 COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I Tableau 1. Activités de la coalition Bâtir un Canada en santé (BUCS) de l’initiative COALITION (Connaissances et action liées pour une meilleure prévention) Type d’activité (voir modèle logique) Organismes meneurs de BUCS Exemples d’activités menées dans le cadre de BUCS Élaboration de processus, de liens et de mécanismes de collaboration durables et efficaces entre le secteur de la santé, le secteur communautaire et le secteur de la planification Bureau de santé de la région de Peel Intégré le savoir-faire en planification dans la santé publique en créant le poste de « facilitateur de la planification en matière de santé » pour assurer la liaison entre le Service de planification et le Service de santé publique. Production d’outils et de ressources pour appuyer l’intégration de données probantes sur la santé dans la prise de décisions sur le milieu bâti Créé et saisi des occasions de collaborer avec les planificateurs des municipalités, dans la région de Peel et à l’échelle provinciale, pour réussir à intégrer des concepts et des outils de santé dans les initiatives et les politiques de planification en cours, p. ex., dans les lignes directrices sur la conception durable de la Ville de Brampton. Fraser Health, Vancouver Coastal Health, Vancouver Island Health Intégré le savoir-faire en planification dans la santé publique en retenant les services d’une consultante en planification ayant une expérience professionnelle au sein d’administrations locales. Cette personne a aidé les autorités de santé à renforcer leur capacité de s’impliquer dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports. Entre autres activités de renforcement des capacités, on a élaboré des ateliers et des outils de formation pour aider le personnel des autorités de santé à travailler avec des planificateurs; et saisi les occasions pour les autorités de santé de collaborer avec des planificateurs pour intégrer les concepts et les outils de santé dans les initiatives et les politiques de planification en cours. Par exemple, le personnel des autorités de santé a commenté la stratégie régionale de développement durable du District régional de la Capitale, le plan communautaire officiel de la Ville de Surrey et le plan communautaire officiel de la Ville de North Vancouver. Direction de santé publique de Montréal Dressé l’inventaire et cartographié des interventions communautaires visant à promouvoir des quartiers plus verts et plus propices à la marche dans le Grand Montréal et évalué un sousensemble de ces interventions. Au moyen de consultations et de forums, engagé un dialogue avec les partenaires communautaires, la Ville de Montréal et ses arrondissements pour réfléchir aux résultats et aux solutions susceptibles d’améliorer le potentiel piétonnier. Réseau canadien pour la santé urbaine (RCSU) et Institut canadien des urbanistes (ICU) Créé un répertoire national de ressources sur la santé et le milieu bâti. Il recense plus de 150 études de cas, lignes directrices, outils et articles scientifiques clés liés à la santé et au milieu bâti. On peut l’interroger par sujet, par type de ressource, par population cible et par mot clé. ICU Élaboré le manuel Healthy Communities Practice Guide, qui oriente les planificateurs canadiens vers des pratiques davantage fondées sur des données probantes et vers une collaboration accrue entre les secteurs de la santé et de la planification. Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et ICU Préparé des mémoires de recherche sur le milieu bâti et la santé, Built Environment & Health: A Summary of Canadian Health and Built Environment Research (2007 à 2011), organisés selon des thèmes pertinents pour la pratique de l’urbanisme au quotidien. Bureau de santé de la région de Peel Géré le peaufinage, la validation et l’essai pilote d’un « indice de développement sain ». Il s’agit d’un ensemble de cibles et d’intervalles éclairés par des données probantes pour divers éléments du milieu bâti; il peut servir à formuler des recommandations sanitaires uniformes et quantifiables pour les décisions de planification. Géré l’élaboration d’un « cadre d’étude de base sur la santé ». Cet outil à l’intention des promoteurs et des autorités de planification présente une justification et des recommandations précises pour intégrer les considérations sanitaires dans les processus d’aménagement du territoire aux stades de la demande de plan d’aménagement et des politiques préalables. Direction de santé publique de Montréal Élaboré et validé un « audit de potentiel piétonnier » à l’intention des organismes communautaires, un outil éclairé par les données probantes pour évaluer le potentiel de tronçons de rues de favoriser les déplacements à pied ou en fauteuil roulant. Santé publique Toronto Géré l’élaboration, la mise en œuvre et l’analyse d’un sondage sur les préférences résidentielles mené dans la région du Grand Toronto et la région métropolitaine de Vancouver. Le sondage portait sur les préférences des résidents pour les quartiers propices à la marche ou pour les quartiers orientés vers l’automobile. Produit le rapport stratégique The Walkable City (2012), fondé sur les résultats du sondage, pour accompagner les commentaires formulés sur le Plan officiel de Toronto. Santé publique Toronto Géré le développement et l’essai pilote d’un prototype logiciel qui estime l’impact de divers scénarios d’aménagement du territoire et de planification des transports sur les niveaux d’activité physique, les modes de transport et les émissions de gaz à effet de serre. Cet outil a été développé à Toronto, mis à l’essai pour la proposition d’aménagement du quartier Donlands West à Toronto et mis à l’essai à Surrey, en Colombie-Britannique. Santé publique Toronto a utilisé les résultats du logiciel pour formuler des commentaires sur le Plan officiel de Toronto et le plan torontois des parcs et loisirs. Ces résultats ont aussi étayé deux rapports stratégiques publiés en 2012 : • The Walkable City Policy; et • Towards Healthier Apartment Neighbourhoods. Activités et produits d’application et d’échange des connaissances (AEC) à l’échelle nationale Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, RCSU, Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé et ICU Mené diverses activités d’AEC, par exemple : Créé trois grands sites Web sur la santé et le milieu bâti; donné des présentations lors de conférences et de webinaires à l’intention des professionnels de la planification et de la santé publique; et diffusé les effets, les réflexions et les leçons apprises du projet dans des revues professionnelles, des bulletins, des revues évaluées par des pairs et des rapports. eS56 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I 10 permanents ou bénévoles de chaque organisme partenaire (les « participants de BUCS ») ont été directement impliqués dans les initiatives de BUCS. Les partenaires et les participants étaient : 1) Six autorités de santé – la Direction de santé publique de Montréal, Santé publique Toronto, le Bureau de santé de la région de Peel, Fraser Health, Vancouver Coastal Health et Island Health (qui s’appelait alors Vancouver Island Health Authority). Ces organismes sont membres du Réseau canadien pour la santé urbaine, lequel aborde les problèmes de santé publique que les populations urbaines ont en commun. Le personnel participant de ces autorités de santé comptait des directeurs de santé publique ou des médecins hygiénistes (DSP-MH), ainsi que des directeurs, des gestionnaires et des coordonnateurs travaillant dans les domaines de la santé environnementale, de la mobilisation communautaire, de l’analyse décisionnelle, de la promotion de la santé et du développement communautaire. 2) Quatre organismes nationaux – la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, le Réseau canadien pour la santé urbaine (RCSU), le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé et l’Institut canadien des urbanistes (ICU). Ces organismes ont accès à quelquesuns des principaux secteurs à cibler pour obtenir un milieu bâti plus sain. Le personnel participant de ces organismes comptait un directeur des politiques, deux documentalistes et un directeur des politiques et des affaires publiques. Plusieurs planificateurs professionnels ont participé bénévolement par l’entremise du Comité sur les collectivités saines de l’ICU, et plusieurs DSP-MH se sont portés volontaires par le biais du RCSU. Les participants de BUCS ont consulté ou collaboré avec de nombreux acteurs du milieu bâti : planificateurs municipaux ou régionaux, chercheurs, fonctionnaires provinciaux et fédéraux, représentants d’associations du secteur privé, résidents et personnel d’organismes communautaires et d’ONG intervenant dans des initiatives sur le milieu bâti. Ces personnes et leurs organismes sont considérés comme étant les « collaborateurs de BUCS ». Le degré d’implication des collaborateurs a beaucoup varié d’une autorité de santé à l’autre et au fil du temps. Dans trois régions sanitaires sur six, ils ont été impliqués dès le début du projet, par exemple en aidant à rédiger l’énoncé des travaux de certaines activités, à sélectionner les entrepreneurs du projet et à identifier les acteurs privilégiés. Dans ces cas, les collaborateurs ont souvent continué à s’impliquer activement jusqu’à la fin du projet, en participant aux réunions hebdomadaires ou mensuelles, en ayant des échanges fréquents avec les participants de BUCS et en collaborant au travail « pratico-pratique » de l’analyse décisionnelle, de la mobilisation des acteurs et de l’élaboration des outils. Dans une région sanitaire, les collaborateurs sont beaucoup intervenus au début du projet, pour cerner les besoins et définir la portée des travaux, mais plus sporadiquement durant la mise en œuvre. Enfin, dans les deux autres régions sanitaires, les collaborateurs ont participé à des consultations ponctuelles à deux étapes ou moins du projet. Lieu Les six autorités de santé ayant participé à la phase 2009–2012 de BUCS sont responsables de la santé publique de plus de 9 millions d’habitants de quelques-uns des plus grands centres urbains et suburbains du Canada, soit environ le quart de la population canadienne. Bien que la plupart des outils et des processus élaborés durant la première phase de BUCS se soient appliqués à des milieux urbains ou suburbains, certaines ressources ont été élaborées pour le milieu rural. Les activités d’application et d’échange des connaissances (AEC) se sont déroulées dans le Grand Victoria, le Grand Vancouver, le Grand Toronto et le Grand Montréal et à l’échelle nationale. Intervention en santé publique D’octobre 2009 à mars 2012, les participants de BUCS ont élaboré et mis en œuvre un ensemble d’activités régionales, interrégionales et nationales visant à obtenir l’ensemble d’effets communs illustré dans le modèle logique de BUCS (figure 1). Les interventions étaient surtout axées sur le renforcement des capacités de la santé publique d’intégrer des données probantes sur la santé dans les documents d’aménagement du territoire et de planification des transports. Les types d’activités menées par les partenaires et les collaborateurs de BUCS sont résumés dans le tableau 1. Méthode d’évaluation et effets mesurés Le groupe de travail chargé de l’évaluation de BUCS, composé de participants du projet intéressés à en superviser l’évaluation, était animé par une évaluatrice professionnelle. L’initiative BUCS dans son ensemble est un amas de projets régionaux et nationaux (tableau 1). Les répondants de l’évaluation se sont penchés sur les volets de BUCS auxquels ils avaient directement participé; leurs réponses aux sondages et leurs commentaires lors des entrevues sont présentés ici globalement. L’évaluation a porté sur les extrants et les effets préliminaires, sachant que les changements au milieu bâti pouvant affecter les facteurs de risque de maladies chroniques ne seraient pas observables au cours des trois ans du projet. Pour les effets préliminaires, on a mesuré : • La création de liens intra- et intersectoriels, interorganisationnels et interprovinciaux; • Les connaissances accrues et les compétences améliorées pour pouvoir influencer les milieux bâtis afin de promouvoir la santé; • L’accroissement de la sensibilisation et de l’engagement à tenir compte de la santé dans les décisions sur le milieu bâti; • L’inclusion de préoccupations sanitaires dans les plans, les politiques et les décisions sur le milieu bâti. La collecte de données a été intégrée dans une évaluation du programme de financement du projet COALITION menée en parallèle par le Partenariat canadien contre le cancer. Participants Les participants de BUCS ont fourni des données d’évaluation en répondant à des sondages et en se prêtant à des entrevues : • Sondage en ligne de décembre 2010 : 13 répondants, taux de réponse de 56 %. Les répondants étaient des DSP-MH et des membres du personnel des autorités de santé. • Sondage en ligne de novembre 2011 : 21 répondants, taux de réponse de 78 %. Les répondants étaient principalement des DSP-MH et des membres du personnel des autorités de santé, dont 6 (29 %) avaient participé au sondage de 2010. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS57 COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I Tableau 2. Nombre de collaborateurs de Bâtir un Canada en santé, par secteur Nb en 2011 Nb en 2012 2 5 (plusieurs ministères dans 5 provinces) Gouvernements provinciaux Administrations de municipalités et de villes 6 33 Autorités régionales, de district ou de comté, dont des conseils scolaires et des autorités de transport 3 24 Autorités de santé 0 9 Organisations non gouvernementales (nationales, provinciales, régionales ou locales) 4 10 (principalement au Québec) Chercheurs ou unités universitaires 0 9 Associations et sociétés du secteur privé (planification, conception, génie, bâtiment) 13 13 Fondations 0 3 5 Interactions nulles ou minimes Nb. de liens par répondant Collaborateurs par secteur 6 Réseautage 4 Coordination Coopération Collaboration 3 2 1 Sources : Nomination d’organismes partenaires par les régions sanitaires; Cross-CLASP Monitoring Form (le registre tenu par la gestionnaire de projet de BUCS tout au long de l’initiative). • Entrevues en personne, en groupes semi-structurés ou au téléphone de janvier et février 2012 : 10 entrevues avec 12 chefs d’équipe du projet dans toutes les autorités de santé sauf une. • Exploration par courriel des impacts décisionnels (6 entrevues en ligne menées par le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé avec les participants du projet de chacune des six autorités de santé). 0 2010 : Lien antérieur Figure 2. 2010 : Lien actuel 2011 : Lien antérieur 2011 : Lien actuel Nature des liens entre les participants de BUCS Source : sondages en ligne administrés en décembre 2010 et novembre 2011 aux partenaires de l’initiative BUCS (n=13 et 21 respectivement, taux de réponse de 56 % et 78 % respectivement). Le nombre de liens par participant au sondage avant et après BUCS était plus élevé en 2011 qu’en 2010 en raison du plus grand nombre total de participants du projet et du taux de réponse plus élevé en 2011. Contraintes Collaborateurs Les collaborateurs de BUCS ont fourni des données d’évaluation en répondant à des sondages et, dans un cas, en participant à un groupe de discussion : • Sondage en ligne de mai 2011 : 34 répondants, taux de réponse de 49 %. • Sondage en ligne de janvier 2012 : 52 répondants (taux de réponse de 42 %), dont 14 (27 %) avaient participé au sondage de 2011. Les collaborateurs ayant répondu aux sondages étaient, les deux années, le plus souvent des fonctionnaires municipaux (52 % en 2011 et 56 % en 2012), mais aussi des fonctionnaires provinciaux et des membres du personnel des autorités régionales (p. ex., autorité de transport régionale), d’ONG ou de groupes communautaires, des citoyens et des membres du personnel d’entreprises privées (en 2011 seulement dans ce dernier cas). • Groupe de discussion avec 8 planificateurs municipaux et membres du personnel d’une autorité de santé régionale. Impact des activités d’AEC • Les personnes ayant assisté aux ateliers ou aux présentations de BUCS ont été invitées à remplir un questionnaire après l’activité (n=356, dont 50 %, 22 % et 26 % respectivement provenaient des secteurs de la planification, de la santé et d’autres secteurs – élus, citoyens et membres d’ONG). • En tout temps, la gestionnaire de projet de BUCS a tenu un registre des activités d’AEC et des organismes mobilisés dans le cadre de BUCS, y compris les collaborateurs. L’évaluation comportait des contraintes, dont certaines étaient dues à la nature de l’intervention à l’étude. Nous les présentons ici pour que les lecteurs puissent en tenir compte en lisant les résultats. Premièrement, la population des organismes participants et des organismes collaborateurs a évolué au fil du temps, à la fois parce que l’on a adapté l’intervention pour saisir les occasions pour la santé publique de s’impliquer dans les systèmes de planification, et en raison du roulement et de la réorganisation du personnel (les représentants des organismes ont parfois changé avec le temps). Les données d’enquête sont donc une représentation transversale de la situation à certains points dans le temps et non des changements au fil du temps. Certaines contraintes sont inhérentes à la recherche organisationnelle : les points de vue de chaque répondant peuvent ne pas refléter ceux de tout l’organisme, et les populations des organismes sont beaucoup plus petites que celles des individus, ce qui limite les tailles d’échantillon possibles. Le faible taux de réponse aux sondages était une autre contrainte clé. Les taux déclarés ici sont basés sur la population complète des personnes invitées à participer aux sondages; or, certaines d’entre elles peuvent avoir été relativement peu impliquées dans l’initiative BUCS au moment du sondage, ce qui peut avoir réduit leur intérêt à y répondre. Globalement toutefois, à notre connaissance des organismes impliqués, les points de vue de tous les principaux participants et collaborateurs sont représentés dans les données. RÉSULTATS À la fin du projet en septembre 2012, BUCS avait produit deux grands extrants et quatre grands effets. eS58 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I Tableau 3. Interactions ou pourparlers ayant aidé les secteurs de la santé et de la planification à collaborer plus étroitement Type de pourparlers ou d’interaction % étant d’accord ou tout-à-fait d’accord 2011 (n=34) 2012 (n=46) Faire participer BUCS ou [une autorité de santé] à nos réunions ou activités Appui général et alliance stratégique Partage des connaissances, conseils techniques, expertise ou recommandations Utilisation d’outils, de ressources ou d’autres types de produits du savoir créés par BUCS 90 % 78 % 71 % 44 % 45 % 48 % 61 % 44 % Source : Sondages auprès des collaborateurs, mai 2011 et janvier 2012. Les valeurs de n par question en 2012 variaient selon le type de lien entretenu. 1er extrant : La portée intersectorielle et les mécanismes de collaboration de BUCS Dans le cadre des projets et des interventions susmentionnés, BUCS a travaillé avec plus de 100 organisations, organismes gouvernementaux et services (tableau 2). En outre, plus de 4 000 élus, citoyens et professionnels de la planification, de la santé, de l’environnement et de la sécurité alimentaire ont assisté aux ateliers, présentations et activités publiques offerts localement par BUCS. 2e extrant : Les nouveaux outils et méthodes On a élaboré plusieurs outils et méthodes dans le cadre de BUCS : • Un jeu d’outils et de méthodes utilisés par les autorités de santé pour justifier leur implication dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports ou pour faciliter l’inclusion de données probantes sur la santé dans les décisions d’aménagement du territoire; • Des données probantes canadiennes pour combler des lacunes importantes sur les préférences résidentielles et l’impact de la conception du quartier sur les modes de déplacement, les niveaux d’activité physique et les kilomètres-véhicule parcourus; • Des documents et des sites Web d’AEC pour appuyer la diffusion de ces produits du savoir. Plusieurs des outils et méthodes élaborés pour cette initiative sont les premiers du genre au Canada. Comme la plupart des outils produits par BUCS n’ont pas été disponibles avant la fin de la période de financement, il n’a pas été possible d’en mesurer le recours ou l’utilisation. À la fin du projet, BUCS avait produit quatre grands effets. 1er effet : Les liens intersectoriels Les participants de BUCS ont tissé des liens intra- et intersectoriels, mais aussi interorganisationnels et interprovinciaux. Ils ont évalué la fréquence relative de cinq niveaux d’intensité des liens entre les participants du projet avant et après le lancement de l’initiative : interactions nulles ou minimes, réseautage, coordination, coopération et collaboration. La forme la plus commune de liens actuels (c.-à-d. après le lancement) aux deux points dans le temps était le réseautage (figure 2). Dans le sondage de 2011, les répondants ont indiqué que leurs liens étaient passés des interactions nulles ou minimes à tous les autres types d’interactions, le plus remarquablement la collaboration. On observe un changement perçu semblable dans les données de 2010, mais pas de saut de l’interaction nulle à la coopération. Comme nous l’avons indiqué à la rubrique des contraintes, il ne faut pas inférer de changements au fil du temps entre les deux sondages. Voici les mécanismes de collaboration qui se sont développés entre les secteurs de la santé publique et de la planification : • Créer ou saisir des occasions (réunions de cadrage, consultations communautaires) pour le personnel de santé publique de mieux connaître les processus de planification et d’y contribuer de façon informelle; • Créer ou saisir des occasions pour le personnel de santé publique d’examiner officiellement les projets de documents de planification afin de départager les choix d’aménagement selon « l’optique de la santé »; • Créer des protocoles d’entente pour faire de la santé publique un membre proactif de l’équipe de planification. Ces constatations sont étayées par d’autres données d’enquête. En 2011 par exemple, 90 % des répondants au sondage (n=20) ont convenu qu’en raison de leur participation à l’initiative BUCS, ils connaissaient mieux les autres organismes travaillant dans le domaine. De même, 75 % des répondants au sondage de 2011 (n=20) ont dit avoir formé de nouveaux partenariats ou tissé des liens avec d’autres organismes. Les données qualitatives font état de défis dans la création et la préservation de liens. Du point de vue des collaborateurs, leurs échéanciers et leurs impératifs internes, dont les cycles électoraux municipaux, ont beaucoup compliqué les prises de contact avec la santé publique. Comme l’a noté un collaborateur : Nous avons réussi à intégrer les documents fournis par [la santé publique], mais les occasions manquées ont été nombreuses à cause de nos délais ridicules. Aussi, l’horaire de nos réunions changeait constamment; il était difficile de vraiment coordonner la participation de [la santé publique] à notre équipe de planification. Les maillages établis entre la santé publique et le secteur du milieu bâti ont souvent impliqué plusieurs niveaux intra- et interorganisationnels : • Au sein de la santé publique, entre les rôles des DSP-MH et du personnel professionnel. Dans plusieurs régions, le personnel de santé publique a tissé des liens avec les planificateurs municipaux, et les DSP-MH ont monté des plateformes pour influencer les élus ou les organismes publics. Quand les planificateurs faisaient déjà la promotion de l’environnement bâti favorable à la santé (EBFS), cette action à deux niveaux a été particulièrement efficace. Des planificateurs ont indiqué, par exemple, que : En se préparant à lancer le processus [de planification], l’équipe de planification de la ville était consciente que lorsqu’un bureau de santé se prononce de façon objective et impartiale – et qu’il parle au nom de la santé du public – ça aide vraiment à justifier les initiatives municipales et le processus [de planification]. • Au sein de la santé publique, entre la pratique classique de la santé environnementale comme protection de la santé et le nouvel accent sur la promotion de la santé par le milieu bâti. Par exemple, dans une évaluation d’un atelier interne, les agents d’hygiène du milieu n’avaient pas tous la même connaissance du domaine de l’EBFS et ont suggéré qu’il fallait REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS59 COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I Tableau 4. Points de vue des collaborateurs sur les résultats des réunions ou des activités de Bâtir un Canada en santé Type de résultats Nb étant d’accord ou tout-à-fait d’accord 2011 (n=26) 2012 (n=34) J’ai eu la possibilité de resserrer un lien ou d’en tisser un nouveau. Ma conscience de l’enjeu ou ma réflexion à ce sujet a changé. Mes connaissances se sont accrues. Mes compétences se sont accrues. Mon attitude a changé. 88 % 69 % 62 % 46 % 23 % 73 % 74 % 94 % 67 % 50 % Source : Sondages auprès des collaborateurs, mai 2011 et janvier 2012. Les valeurs de n par question en 2012 variaient selon le type de lien entretenu. encore clarifier les rôles : Je ne vois pas encore très bien comment le Service de protection de la santé peut mettre en œuvre des initiatives d’EBFS; on pourrait avoir un rôle à jouer, mais lequel exactement? Ce n’est pas encore très clair. • Au sein des autorités de santé régionales, entre la santé publique et le système de santé axé sur les soins curatifs. Le personnel de santé publique a indiqué qu’il était Difficile de convaincre nos gens…. ce n’est pas vu comme faisant partie de notre mandat. • Entre des régions sanitaires contiguës qui partagent certains partenaires ou intérêts municipaux ou régionaux. Des questions ont été soulevées quand les régions contiguës n’avaient pas la même approche ou la même volonté de travailler sur le milieu bâti et la santé. Dans un cas, ceci a poussé deux bureaux de santé publique impliqués dans l’initiative BUCS à dissocier leur travail. • Dans une relation à trois : mobiliser le secteur communautaire pour plus tard utiliser la mobilisation citoyenne pour influencer les municipalités. Dans l’ensemble, bien que des liens se soient tissés, on ignore s’ils seront durables – surtout après la fin du financement du projet COALITION. Certains mécanismes par lesquels le secteur de la santé peut mobiliser d’autres secteurs autour des enjeux du milieu bâti pourraient être plus efficaces. En 2011, les collaborateurs ont dit que le fait de faire participer BUCS à leurs réunions ou activités était l’élément le plus efficace de la relation de travail, tandis qu’en 2012, ils jugeaient que le partage des connaissances, les conseils techniques, l’expertise ou les recommandations étaient plus efficaces (tableau 3). Dans les entrevues, le rôle de planificateur ou de planificatrice intégré(e) dans la santé publique était vu comme étant particulièrement utile pour tisser des liens. Par exemple, une personne interrogée a indiqué : Notre plus grande réussite a été de pouvoir siéger à différents comités; en connaissant les rouages de la planification, nous avons pu demander d’en faire partie. Les deux années, l’utilisation des outils, des ressources ou d’autres types de produits du savoir créés par BUCS a été évaluée par les collaborateurs externes comme étant l’élément le moins susceptible d’avoir aidé à tisser des liens plus étroits entre les secteurs de la santé et de la planification. 2e effet : Les connaissances accrues et les compétences améliorées BUCS a accru les connaissances et amélioré les compétences des participants et collaborateurs pour qu’ils puissent influencer le milieu bâti afin de promouvoir la santé : • 89 % et 70 % des répondants de 2010 et 2011, respectivement, ont dit mieux connaître la relation entre le milieu bâti et la santé en raison de BUCS; • 62 % et 80 % des répondants de 2010 et 2011, respectivement, se sont dits plus compétents pour travailler avec des partenaires de l’extérieur de la santé publique à améliorer le milieu bâti. Les résultats des sondages en ligne auprès des collaborateurs de BUCS ont été semblables : • 56 % et 83 % des répondants de 2010 et 2011, respectivement, ont dit mieux connaître la relation entre le milieu bâti et la santé en raison de BUCS; • 56 % et 67 % des répondants de 2011 et 2012, respectivement, se sont dits plus compétents pour travailler avec des partenaires de l’extérieur de la santé publique à améliorer le milieu bâti; • 68 % et 65 % des répondants de 2011 et 2012, respectivement, se sont dits plus compétents pour travailler avec leur organisme à aborder la santé par le biais du milieu bâti. Pour les collaborateurs municipaux, l’un des résultats de leurs relations avec la santé publique dans le cadre de BUCS a consisté à démystifier la nature de l’organisme de santé publique et son rôle dans le milieu bâti. Un de ces collaborateurs a déclaré par exemple : Je pense que les gens comprennent mieux qu’un autre partenaire peut contribuer à un processus de planification municipal, non seulement comme « acteur », mais comme un véritable partenaire… Je pense que mon organisme avait du mal à comprendre le meilleur moyen d’impliquer [la santé publique]; ce projet n’est pas parfait, mais il a aidé à faire la lumière sur ce qui a fonctionné ou pas; je pense que c’est positif quand on songe à des partenariats futurs. 3e effet : L’accroissement de la sensibilisation et de l’engagement à tenir compte de la santé dans les décisions sur le milieu bâti Chez les acteurs de l’extérieur du milieu de la santé, BUCS a accru la sensibilisation et l’engagement à tenir compte de la santé dans le milieu bâti. On a demandé aux participants aux ateliers et aux activités d’AEC d’évaluer s’ils étaient susceptibles de modifier leurs pratiques en raison de ce qu’ils avaient appris. Sur les 166 personnes du secteur de la planification qui ont assisté aux 13 ateliers de BUCS, 92 % ont dit être assez ou très susceptibles de modifier leurs pratiques en raison de ce qu’ils avaient appris. En réponse aux questions sur l’impact de leur présence aux réunions ou aux activités organisées par BUCS, les collaborateurs étaient le plus susceptibles de convenir que cette présence avait eu un impact sur les connaissances ou le réseautage (tableau 4). Les faibles notes attribuées aux changements dans les attitudes pourraient s’expliquer par la sous-estimation par la santé publique du haut niveau d’appui préexistant aux concepts de l’environnement bâti favorable à la santé (EBFS), comme l’indique ce commentaire d’un collaborateur du domaine de la planification : Nous savions déjà qu’il y avait un lien entre la forme urbaine et la santé; nous appuyons les efforts en ce sens, mais étant donné notre contexte et le besoin de juger chaque situation à son eS60 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I mérite, nous ne pouvions pas faire grand chose de plus. Une participante issue de la santé publique a indiqué, au sujet de ses consultations initiales avec les planificateurs : Nous avons été surpris par le message très clair des urbanistes lors de cette journée : ils ont tous compris les avantages de l’EBFS et de l’intégration des principes d’EBFS dans la politique municipale et n’avaient pas besoin de plus d’information sur le sujet. Ils avaient plutôt besoin d’un soutien de la part des autorités de santé pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques. 4e effet : L’inclusion de préoccupations sanitaires dans les plans, les politiques et les décisions sur le milieu bâti Selon l’évaluation, l’initiative BUCS a contribué à inclure les préoccupations relatives à la santé dans les plans, les politiques et les décisions sur le milieu bâti. À la fin de la première phase du projet, dans la région de Peel et la région métropolitaine de Vancouver, il y a eu des indications selon lesquelles les plans régionaux et municipaux ont fait référence à la santé en raison de BUCS. Dans Peel, par exemple, cinq politiques régionales et trois politiques de planification municipales ont été modifiées pour faciliter l’application du « cadre d’étude de base sur la santé » élaboré par le Bureau de santé de la région de Peel à la faveur du projet BUCS. Le plan communautaire officiel du District de North Vancouver, qui reconnaît formellement le rôle de l’autorité de santé locale dans l’élaboration de ce document de politique, en est un autre exemple. Voici quelques exemples, tirés du sondage de 2012 auprès des collaborateurs, de l’application de nouvelles connaissances à l’élaboration ou à l’examen de plans, de lignes directrices ou d’évaluations : Durant l’élaboration du nouveau Plan communautaire officiel et des plans secondaires (plans de quartier, de couloirs de verdure, de sentiers pédestres etc.), notre partenariat a rehaussé la prise en compte des conséquences sanitaires de différentes politiques; et Mon organisme favorise l’inclusion de politiques de conception de collectivités saines dans les plans officiels locaux et les plans secondaires. Nous avons créé une liste de contrôle des éléments de conception sains pour examiner les grandes propositions d’aménagement. En entrevue, une participante de BUCS a indiqué : Selon des employés municipaux, le support de [la santé publique] pour plusieurs politiques en matière d’environnement bâti a été instrumental; si [la santé publique] n’était pas un fervent défenseur des politiques […] pour des quartiers centraux connectés et le transport actif, il est fort possible que ces politiques aient été diluées dans le plan. Défis et réussites de la prestation de BUCS Certains des défis de la première phase de BUCS ont découlé de la complexité de travailler sur les enjeux liés au milieu bâti à une échelle interprovinciale. Les interventions de BUCS ont été menées par des autorités de santé situées dans trois provinces où les structures de santé publique, les lois sur l’aménagement du territoire et les liens entre les municipalités locales et régionales sont différents. Par exemple, l’une des deux autorités de santé basées en Ontario fonctionne comme un service dans une municipalité régionale à deux paliers, tandis que l’autre fonctionne comme une direction au sein d’une municipalité locale à palier unique. Au Québec et en Colombie-Britannique, les autorités de santé participant à BUCS fonctionnent indépendamment des administrations locales et régionales. Au début de l’initiative BUCS, l’expérience professionnelle sur la santé et le milieu bâti, la capacité de faire ce genre de travail, la participation à ce travail et la connaissance des concepts liés à ce travail étaient différentes au sein des six autorités de santé publique. Il a donc été difficile de trouver des projets communs dont la prestation pouvait être assurée par toutes les autorités de santé; il en est résulté une grande diversité d’interventions. L’élaboration d’une structure de dotation et de gouvernance adaptée à ce vaste projet novateur s’est avérée complexe et a pris plus d’un an. Gérer l’administration, l’évaluation, les activités d’AEC et le développement de partenariats pour la première phase de BUCS a exigé deux équivalents temps plein, et non un seul comme prévu à l’origine. Il a fallu plusieurs tentatives et restructurations avant d’en arriver à une structure de gouvernance efficiente qui permette à tous les partenaires de BUCS de se prononcer sur l’orientation du projet et d’en influencer les décisions clés. CONCLUSION La première phase du projet BUCS a été révolutionnaire, car elle a uni des acteurs du milieu bâti et de la santé autrefois disparates en un réseau pancanadien. Les ressources de l’initiative et son alliage unique de la recherche, des politiques et des pratiques a permis aux professionnels des secteurs de la planification, de la santé publique et des ONG de collaborer à des projets aux paliers local et national; elle a permis aux professionnels de la santé publique de différentes provinces de collaborer à des projets sur le milieu bâti; et elle a justifié que l’on oriente la recherche appliquée vers les lacunes dans les politiques sur le milieu bâti. Malgré ses contraintes, l’évaluation de BUCS a apporté des perspectives intéressantes quant à savoir si le projet a mis les participants de BUCS « sur la bonne voie » pour atteindre l’objectif à long terme de l’initiative : la prévention des maladies chroniques. De 2009 à 2012, BUCS a contribué à accélérer les modifications au milieu bâti favorisant la santé au Canada, en partie en jetant les bases d’un réseautage et d’une coordination sur cet enjeu entre les autorités de santé, les planificateurs et les ONG. On associe souvent les changements communautaires et systémiques à la mise en œuvre de partenariats de collaboration 14. C’est pourquoi BUCS a été le fondement d’alliances stratégiques et de partenariats intersectoriels qui pourraient entraîner des changements généralisés au milieu bâti. Bien que les initiatives et les stratégies élaborées durant la phase 1 de BUCS aient principalement porté sur le Canada urbain, elles pourraient aussi s’appliquer au milieu rural et aux environnements bâtis du monde entier. Les collaborateurs de BUCS ont trouvé que le partage de connaissances, de conseils techniques, de savoir-faire ou de recommandations en personne étaient les tactiques les plus susceptibles d’avoir aidé les secteurs de la santé et de la planification à collaborer plus efficacement et à produire des effets sur les politiques locales. Par contre, la forme plus classique de transfert des connaissances en santé publique, par la diffusion unidirectionnelle de documents d’un secteur (la santé) à l’autre (la planification), était jugée comme étant la moins efficace pour faciliter la collaboration intersectorielle. Cette stratégie pourrait avoir accru les connaissances fondamentales nécessaires, mais elle REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS61 COALITION BÂTIR UN CANADA EN SANTÉ PHASE I n’est pas suffisante, en soi, pour tisser des liens qui alimentent une collaboration intersectorielle. Cette observation fait ressortir l’importance d’affecter des ressources humaines et d’établir des mécanismes intersectoriels pour entretenir les liens, échanger les connaissances, dialoguer, agir conjointement et élaborer des ressources en concertation. La première phase de l’initiative BUCS a aussi rehaussé la connaissance spécialisée du contenu et les compétences des organismes de santé publique participants pour qu’ils puissent communiquer avec les planificateurs municipaux et régionaux et influencer les décisions sur le milieu bâti. Les participants de BUCS ont mieux compris comment s’y retrouver dans le dédale d’acteurs et d’agents qui influencent les décisions sur le milieu bâti au sein des services de planification municipaux et au-delà. Ils ont aussi élaboré et mis en pratique une vaste panoplie d’outils et de processus. Le chemin le plus direct vers des politiques et des pratiques qui favorisent l’environnement bâti favorable à la santé varie selon le contexte, en fonction des cadres juridiques provinciaux et régionaux, des priorités et des contraintes des administrations locales, de la conjoncture politique et de la culture organisationnelle15. Ceci donne à penser que des initiatives comme BUCS, qui produisent une gamme d’outils, peuvent accroître la probabilité que leurs extrants soient pertinents dans des régions sanitaires diverses. Peu de collaborateurs externes ont fait état de changements dans les pratiques, les politiques ou les programmes organisationnels en raison de leur interaction avec BUCS. Ceci pourrait s’expliquer par la durée relativement brève du projet. Toutefois, les collaborateurs « adoptants précoces » qui ont mis en œuvre des changements organisationnels ont établi un précédent sur lequel on peut miser pour favoriser des changements institutionnels à plus grande échelle à moyen terme. Le milieu bâti est façonné par une hiérarchie de documents de politique et de décisions qui commence au palier provincial et qui descend vers les paliers régional, municipal, du quartier, de la rue et de la parcelle de terrain. On a élaboré l’initiative BUCS en partant de l’hypothèse que d’avoir des données probantes sur la santé intégrées dans les documents de politique aux paliers régional et municipal, « en amont », facilitera à moyen terme l’intégration des considérations sanitaires « en aval », à l’échelle du quartier, de la rue et de la parcelle de terrain. La première phase de l’initiative BUCS a contribué à inclure les considérations sanitaires dans certaines politiques d’amont; on a jugé que c’était là un impact encourageant, étant donné la complexité du domaine du milieu bâti et les délais requis pour des changements d’orientation, et un premier pas vers des milieux bâtis plus sains. Il est toutefois important de mentionner que la mise en œuvre concrète de politiques sur le milieu bâti favorisant la santé présentera sans doute des difficultés considérables. L’application de stratégies comme la densification, la diversification des usages du sol et l’allocation de couloirs réservés au transport actif suscite souvent la résistance des résidents ou des entreprises locales16-19, et elle est compliquée par les pressions économiques et les besoins des promoteurs immobiliers20. De plus, la construction réelle de communautés favorisant la santé sera probablement confrontée aux pressions du marché pour édifier de nouveaux aménagements sur des sites nouveaux7,16-19, autrement dit sur des parcelles vierges à l’extérieur ou en périphérie des zones déjà aménagées. On commence à s’apercevoir que les nouveaux aménagements construits pour promouvoir la marche à l’échelle du quartier et de la rue sur des sites vierges, loin des centres urbains ou suburbains établis, sont associés à de faibles niveaux de marche pour les déplacements quotidiens21. Nous mettons en garde les autorités de santé contre ces difficultés possibles pour qu’elles en tiennent compte en élaborant des programmes d’application des connaissances et d’élaboration et de défense des politiques sur le milieu bâti. Pour résumer, les résultats de la première phase de l’initiative Bâtir un Canada en santé montrent que le secteur de la santé peut être un atout et un allié précieux pour le secteur de la planification en créant un potentiel d’assainissement des milieux bâtis. Le projet illustre à la fois les possibilités et les obstacles qui attendent les organismes de santé publique lorsqu’ils travaillent autrement, et avec de nouveaux partenaires, pour influencer les facteurs du milieu bâti qui sont des déterminants des maladies chroniques. Conformément aux modèles de renforcement des capacités de pratique de la santé publique14, l’initiative a créé une base de compétences et de liens intersectoriels qui peut d’ores et déjà donner une cohérence et rehausser la coordination du travail sur la santé et le milieu bâti au Canada au moyen d’une communauté de pratique. Enfin, BUCS a mobilisé les administrations municipales et le secteur de la planification d’une manière qui, à long terme, pourrait produire des orientations sur la santé et le milieu bâti qui soient pleinement intégrées et qui contribuent à réduire le risque de maladies chroniques et à améliorer l’équité en santé. RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. eS62 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) Butler EN, Ambs AMH, Reedy J, Bowles HR, 2011, « Identifying GIS measures of the physical activity built environment through a review of the literature », J Phys Act Health, 8 (suppl. 1), p. S91-S97. Ding D, Gebel K, 2012 (18 janvier), « Built environment, physical activity, and obesity: What have we learned from reviewing the literature? », Health Place, 1, p. 100-105. 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L a coalition Bâtir un Canada en santé (BUCS), créée en 2009, a été financée pendant cinq ans par le Partenariat canadien contre le cancer (PCCC) dans le cadre de l’initiative Connaissances et action liées pour une meilleure prévention (COALITION) et par Santé Canada. Il y a eu deux phases à la coalition BUCS : le projet COALITION I, financé de 2009 à 2012, et le projet COALITION renouvelé, financé de 2012 à 2014. Le présent supplément est consacré au travail des partenaires de la coalition BUCS du projet COALITION I. À titre de post-scriptum, nous voulions que nos lecteurs sachent que ce travail s’est poursuivi dans le cadre de la coalition BUCS renouvelée entre le 1er octobre 2012 et le 30 septembre 2014. Notre article résume très succinctement les activités menées par les partenaires de la coalition BUCS renouvelée. Durant le second cycle de financement, les partenaires de BUCS ont convenu de faire fond sur le travail accompli dans le cadre de BUCS-COALITION I; de s’attacher au transport actif; d’étendre leur travail des milieux urbains aux milieux ruraux; et d’élargir le partenariat pour inclure : un autre partenaire national, l’Institut canadien des ingénieurs en transport; six autres autorités sanitaires, de la Saskatchewan, du Manitoba, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et de l’Ontario; deux ONG; et un partenaire universitaire (voir la boîte 1). L’une des autorités sanitaires qui était partenaire dans le cadre de BUCS-COALITION I, Vancouver Island Health Authority, n’a pas participé à la coalition BUCS renouvelée. Avec le renouvellement de la coalition BUCS, le travail a été réparti en trois volets : approfondir l’impact en s’attachant aux défis cernés dans le cadre de BUCS-COALITION I; élargir l’impact en étendant le travail de la coalition BUCS à de nouvelles provinces et au milieu rural; et accroître l’impact de la coalition BUCS au moyen d’un programme d’application des connaissances et de communication. Approfondir l’impact de la coalition BUCS Les projets BUCS axés sur les défis cernés dans le cadre de BUCSCOALITION I ont compris deux projets de données, une analyse de la conjoncture, un rapport d’étude de cas et trois projets pilotes : 1. Données sur la santé et le transport actif – Lower Mainland de la Colombie-Britannique (C.-B.) : Ce projet était dirigé par les partenaires de la coalition BUCS renouvelée à l’Université Simon Fraser. En collaboration avec deux autorités sanitaires partenaires de BUCS, 15 municipalités et deux districts régionaux de la C.-B., l’équipe de projet a identifié les données nécessaires pour intégrer des considérations sanitaires dans les processus de planification des transports, puis elle a cerné les endroits où ces données étaient et n’étaient pas disponibles. Le eS64 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) Encadré 1. La coalition Bâtir un Canada en santé renouvelée Organismes nationaux • Fondation des maladies du cœur et de l’AVC (FMC) – organisme responsable • Réseau canadien pour la santé urbaine (RCSU) • Institut canadien des urbanistes (ICU) • Institut canadien des ingénieurs en transport (CITE) • Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé (CCNPPS) Autorités sanitaires • Direction de santé publique de Montréal • Santé publique Toronto • Bureau de santé de la région de Peel • Fraser Health Authority • Vancouver Coastal Health Authority • Provincial Wellness Advisory Council/ Eastern Health Region (TerreNeuve-et-Labrador) • Capital District Health (Nouvelle-Écosse) • Ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick • Office régional de la santé de Winnipeg • Région sanitaire de Regina Qu’Appelle • Santé publique Ottawa Établissements d’enseignement • Université Dalhousie* • Université McGill* • Université Memorial* • Université Simon Fraser • Université de la Colombie-Britannique* • Université de Montréal* Organisations non gouvernementales • Toronto Centre for Active Transportation (TCAT) • Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM) * Par le biais de partenaires rapport final contient des recommandations pour améliorer la disponibilité et l’accessibilité de ces données pour les administrations locales et régionales et le gouvernement provincial de la C.-B. 2. Évaluation des impacts sur la santé de scénarios de transport à Montréal : Ce projet a été mené par des chercheurs et des praticiens de la santé publique de la Direction de santé publique de Montréal, de l’Université de Montréal, de l’Université McGill et de l’Institut national de santé publique du Québec. Il impliquait la cueillette des données nécessaires au développement d’un modèle logiciel pouvant servir à prédire les impacts sur la santé positifs et négatifs associés à divers scénarios de planification des transports dans la région de Montréal, en tenant compte de leurs effets sur la qualité de l’air, l’activité physique et les collisions entre véhicules automobiles. 3. Étude comparative des lois affectant la santé des communautés : L’Institut canadien des urbanistes a mené une Affiliation de l’auteure Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, Hamilton (Ontario) Remerciements : L’auteure remercie les personnes suivantes pour leurs commentaires et leurs conseils au sujet du présent article : Gene Chin et Alice Miro, Fondation des maladies du cœur et de l'AVC, Vancouver (Colombie-Britannique); et Natalie Kishchuk, Program Evaluation and Beyond Inc. © Association canadienne de santé publique, 2015. Tous droits réservés. POST-SCRIPTUM analyse de la conjoncture portant sur les lois provinciales. À l’aide d’entrevues avec des urbanistes de tout le pays, on a examiné l’effet des lois, des programmes et des politiques de différentes provinces sur la capacité des urbanistes d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques de santé communautaire aux paliers local et régional. 4. Études de cas – Tracés de rues novateurs élaborés ou mis en œuvre : Mené par l’Institut canadien des ingénieurs en transport, ce projet visait à élargir le concept des milieux bâtis sains aux secteurs de la planification des transports et du génie. En collaboration avec l’Université de la Colombie-Britannique (Okanagan), on a sondé des municipalités de tout le Canada sur leurs pratiques de transport novatrices. Le rapport du projet a été présenté dans le cadre de webinaires pour sensibiliser les professionnels des transports. 5. Mobilisation communautaire et transport actif : deux projets de démonstration à Toronto : Composée du Toronto Centre for Active Transportation et de Santé publique Toronto avec l’appui du Centre d’écologie urbaine de Montréal, l’équipe de projet a interrogé les répondants de deux quartiers de Toronto sur leurs besoins de transport actif. L’un des quartiers est assez bien nanti et a une longue histoire de militantisme en faveur du transport actif, tandis que l’autre compte un pourcentage élevé de familles à faible revenu et peu d’antécédents de mobilisation citoyenne. 6. Évaluation des impacts sur la santé d’une proposition d’aménagement axée sur les transports collectifs à Sainte-Catherine au Québec : Le Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santé a collaboré avec la région de la Montérégie, au Québec, pour démontrer comment traduire des principes d’apaisement de la circulation et d’autres mesures axées sur le transport actif à une proposition d’aménagement dans cette municipalité à l’aide d’une approche d’évaluation des impacts sur la santé. 7. Promotion des transports durables à Clearwater (C.-B.) : Sous la direction de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, une équipe de projet a travaillé avec les fonctionnaires municipaux et les résidents de la petite ville de Clearwater (C.-B.) à intégrer le transport actif dans le tracé des routes et des lotissements résidentiels; il s’agissait d’un premier pas vers l’élaboration et l’application d’un règlement administratif sur le transport actif. Élargir l’impact de la coalition BUCS Pour élargir l’impact de la coalition BUCS, cinq autres autorités sanitaires, ainsi que le Provincial Wellness Advisory Council de Terre-Neuve-et-Labrador (« Conseil de T.-N.-L. »), se sont engagés à intégrer les considérations de santé dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports de leurs communautés à l’aide du modèle employé par les autorités sanitaires de la Colombie-Britannique dans le cadre de BUCSCOALITION I. Quatre des cinq autorités sanitaires, ainsi que le Conseil de T.-N.-L., ont reçu du financement de la coalition BUCS renouvelée afin d’embaucher un urbaniste pour travailler avec eux sur une longue période (de 12 à 18 mois). En s’inspirant du modèle BUCS-COALITION I de la Colombie-Britannique, ces urbanistes devaient aider les autorités sanitaires et le Conseil de T.-N.-L. à : tisser des liens avec les urbanistes et les professionnels des transports de leur municipalité; renforcer la capacité de créer des milieux bâtis sains dans le périmètre d’action des autorités sanitaires; et intégrer des considérations de santé dans les processus d’aménagement du territoire et de planification des transports. La sixième autorité sanitaire, Santé publique Ottawa, a embauché un urbaniste sur une base permanente pour travailler directement avec le service de santé sur des dossiers liés au milieu bâti, mais n’a pas reçu de fonds de projet de la coalition BUCS renouvelée. Dans chacun de ces six projets, les équipes de projet, composées de professionnels de la santé publique et d’une ou d’un urbaniste, étaient censées : cerner les besoins de renforcement des capacités et les priorités des autorités sanitaires/du Conseil de T.-N.-L. à l’égard du milieu bâti; recenser les possibilités d’influencer les politiques d’aménagement du territoire et de planification des transports dans leur zone de responsabilité respective au cours de la période de leur projet; élaborer des plans d’action précisant des objectifs, des rôles, des extrants, des résultats et un calendrier; et mettre en œuvre ces plans d’action. Les plans d’action des six équipes de projet étaient très différents les uns des autres en raison : des capacités de leur organisme respectif; des différents niveaux de sensibilisation au lien entre la santé et le milieu bâti dans les municipalités; des possibilités présentées par les processus d’aménagement du territoire et de planification du transport actif; et des besoins et priorités de leur communauté respective. Après avoir mené à bien le travail prévu dans leurs plans d’action, les équipes de projet ont préparé des rapports d’étude de cas précisant leurs objectifs, les mesures prises, les résultats obtenus, les difficultés rencontrées et les leçons apprises de leurs projets. Application des connaissances et communication Au début de 2013, des plans d’application des connaissances et de communication ont été élaborés pour le Réseau canadien pour la santé urbaine, la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, l’Institut canadien des urbanistes et la coalition BUCS renouvelée dans son ensemble. Celui de la Coalition est un plan multiniveaux dont les activités sont conçues pour répondre à quatre objectifs : 1. Soutenir les nouvelles équipes de projet des autorités sanitaires en créant un bassin multicommunautaire de professionnels pouvant s’entraider; 2. Mieux faire connaître et comprendre aux acteurs locaux les mesures nécessaires pour créer des communautés qui favorisent et qui soutiennent l’activité physique et le transport actif dans les communautés où travaillent les nouvelles équipes de projet des autorités sanitaires; 3. Créer une communauté de pratique intersectorielle dans laquelle des professionnels de différents secteurs de tout le pays peuvent partager de l’information, fait fond sur leur travail mutuel et trouver des occasions de collaborer; 4. Appuyer la diffusion d’informations sur les ressources, les outils, les interventions, les activités et les leçons apprises de la coalition BUCS avec les professionnels de la santé, de la santé publique, de l’urbanisme et des transports de tout le Canada. Objectif no 1 : Créer un bassin multicommunautaire de professionnels Plusieurs stratégies ont été employées pour créer un bassin multicommunautaire de professionnels : • Des séances officielles entre pairs ont été organisées pour aider les six nouvelles équipes de projet des autorités sanitaires avec leurs REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS65 POST-SCRIPTUM projets liés à la coalition BUCS renouvelée. Ces séances ont inclus des présentations données par des membres de la coalition BUCS renouvelée et par des invités, avec des périodes de questions et de discussion. L’objectif était d’offrir aux membres la possibilité de partager leurs informations et leurs expériences et d’apprendre de leurs pairs de l’extérieur de la Coalition qui travaillent aussi à créer des communautés soutenant et favorisant l’activité physique et le transport actif. • Des séances informelles entre pairs ont aussi été organisées pour appuyer le partage continu de l’information et les discussions entre les membres de la coalition BUCS renouvelée. Ces séances n’ont pas comporté de longues présentations ni de conférenciers invités. Elles ont servi à appuyer le partage d’informations et les discussions plus informelles sur certains enjeux d’intérêt immédiat pour les membres de la coalition BUCS renouvelée. • Un site Web pivot pour BUCS a été lancé en mars 2013 pour faciliter le partage d’informations entre les membres de la coalition BUCS renouvelée. Il inclut des pages Web pour les ressources, les outils et les rapports de la coalition BUCS; des présentations et des enregistrements tirés des séances entre pairs; des présentations données par les membres de BUCS lors de conférences et de webinaires; des nouvelles des projets sur des pages Web protégées par mot de passe; les rapports d’évaluation des projets; et des ressources pour créer des communautés saines, produites par d’autres organismes (http://hcbd-clasp.com/). Objectif no 2 : Rallier les acteurs locaux Les quatre autorités sanitaires financées, ainsi que le Conseil de T.-N.-L., ont chacun eu accès à une spécialiste renommée des milieux bâtis sains qui a pu les aider à sensibiliser et à informer les acteurs des municipalités sur les façons possibles de créer des milieux bâtis sains et sur les nombreux avantages connexes de ces mesures. Le temps de cette spécialiste a été consacré à prononcer des discours-thèmes lors de conférences organisées avec les instituts d’urbanisme et lors d’ateliers, d’assemblées publiques, d’entrevues accordées aux médias et de réunions avec les acteurs du milieu (urbanistes locaux, fonctionnaires provinciaux, directeurs de santé publique ou médecins hygiénistes, professionnels de la santé et chambres de commerce des municipalités) pour chacun des cinq projets financés par les autorités sanitaires. Objectif no 3 : Créer une communauté de pratique intersectorielle Plusieurs stratégies ont été employées pour créer une communauté de pratique intersectorielle entre les partenaires de la coalition BUCS renouvelée : • Une réunion en personne a été convoquée pour tous les partenaires de la coalition à Winnipeg en novembre 2013. La séance de deux jours a compris des mini-présentations par les 19 partenaires; des présentations sur plusieurs projets techniques menés dans le cadre du premier et du deuxième cycle de financement; une séance de questions avec un panel stratégique de médecins hygiénistes; et une table ronde sur divers thèmes, dont la durabilité de la coalition BUCS. Les réunions en personne ont permis aux membres de tous les organismes partenaires de la coalition BUCS renouvelée de se rencontrer, d’entendre parler de leurs projets mutuels, de se concerter sur des enjeux d’intérêt commun et de cerner les domaines de collaboration possibles. • Des séances officielles entre pairs ont été organisées pour les membres de la coalition BUCS renouvelée et pour des invités d’organismes partenaires. Au sein de BUCS, environ 50 membres étaient activement impliqués dans les projets ou les activités actuellement financés. Pour les séances de mentorat entre pairs, on a invité d’autres personnes au sein des organismes partenaires qui, tout en n’étant pas membres de BUCS, s’intéressaient aux communautés saines ou au transport actif. Des invitations ont été envoyées, par exemple, aux gestionnaires et aux directeurs de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC et à tous les membres du Réseau canadien pour la santé urbaine. Ces séances, menées par téléconférence, se sont articulées autour de présentations données par d’éminents conférenciers invités venant de provinces chefs de file dans le domaine de la collaboration intersectorielle, du transport actif, de l’offre de transports collectifs dans de petites communautés éloignées ou des liens entre le transport actif et les transports collectifs. • Plusieurs cyberbulletins ont été préparés pour la coalition BUCS pour tenir les membres, répartis dans tout le pays, au courant des travaux de leurs collègues. Ces bulletins ont aussi été utiles pour informer les décideurs et d’autres membres de nos organismes partenaires du travail accompli par la Coalition. Ces bulletins ont présenté les faits saillants d’activités récentes ou à venir de la coalition BUCS, des liens vers de récents articles sur le site Web de la coalition et des liens vers de nouvelles ressources pouvant intéresser les personnes qui travaillent sur les communautés saines ou le transport actif. Objectif no 4 : Appuyer la diffusion de l’information Plusieurs stratégies ont été employées pour diffuser l’information sur le travail accompli par la coalition BUCS : • Le site Web de la coalition BUCS a facilité le partage d’informations avec le réseau élargi des professionnels des secteurs de la santé, de la santé publique, de l’urbanisme et des transports au Canada, ainsi qu’avec les membres de la coalition BUCS renouvelée. Depuis sa création en mars 2013, le site reçoit en moyenne environ 1 300 visites par mois. • Des blogues – de brefs articles avec photos et liens – ont été préparés pour promouvoir les outils élaborés, les rapports préparés et les activités organisées par les partenaires de la coalition BUCS renouvelée. Ces articles de 500 mots ont été publiés sur le site Web et diffusés par courriel et au moyen de listes de diffusion, de LinkedIn et de Twitter. En tout, 21 articles ont été préparés, chacun générant en moyenne 450 visites sur le site Web. • Quatre webinaires nationaux ont été organisés pour présenter 12 des projets de la coalition BUCS financés par le projet COALITION renouvelé. Chaque webinaire comportait des présentations de deux à quatre équipes de projet BUCS. • Les membres de BUCS ont souvent présenté leurs projets lors de conférences locales, provinciales et nationales, mais de plus, les résumés de panels de la coalition BUCS renouvelée ont été soumis aux conférences et congrès annuels 2014 de l’Association canadienne de santé publique, de l’Institut canadien des urbanistes et de l’Institut canadien des ingénieurs en transport pour que chacun des 12 projets actuellement financés soit présenté au moins une fois à un auditoire national de professionnels de la santé publique, de l’urbanisme ou des transports. eS66 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 106, NO. 1 (SUPPLÉMENT 1) POST-SCRIPTUM Derniers commentaires Conformément à son engagement financier avec le Partenariat canadien contre le cancer (PCCC), la coalition BUCS renouvelée a été officiellement évaluée pour déterminer la mesure dans laquelle elle a accéléré les prises de contact, la collaboration intersectorielle et les changements d’orientation au sein des communautés et des organismes participants. Elle contribuera aussi à une évaluation globale de l’initiative COALITION du PCCC, surtout en ce qui a trait aux résultats des volets d’application des connaissances. Ce rapport sera publié en 2015. Selon le rapport d’évaluation de la coalition BUCS, « Bâtir un Canada en santé » a joué un important rôle d’incubateur de relations de travail efficaces et d’élaboration de politiques sur les milieux bâtis sains dans les municipalités du pays où nos partenaires étaient présents. REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • SUPPLÉMENT 1 (2015) eS67