Quelques extraits de l`ouvrage « matériaux écologiques d`intérieur »
Transcription
Quelques extraits de l`ouvrage « matériaux écologiques d`intérieur »
Quelques extraits de l'ouvrage « matériaux écologiques d'intérieur » Sept chapitres : – Introduction – Doublages thermiques par l'intérieur – Cloisons intérieures – Revêtements de sol, de mur et de plafond – Peintures, lasures, laques, cires, huiles dures et autres produits de décoration – Enduits (chaux, terre, plâtre) – Le matériau bois en intérieur Sans oublier de nombreuses photos couleur, des schémas techniques, la bibliographie, une importante Webographie, un glossaire imposant, et des annexes : normes, labels, liste des professionnels cités et un index. 160 pages 21€ Editions «Terre Vivante» (www.terrevivante.org) Parution mi février 2009 Un extrait de l'introduction D’un point de vue écologique, l’autoconstruction en matériaux bruts « tirés de la terre » (paille, terre, bois…) est préférable. Toutefois, elle n’est envisageable à l’heure actuelle que pour une minorité, pour qui donner du temps à sa construction est possible. C’est pour cette raison que nous avons voulu mettre en avant les matériaux de finition et techniques dignes d’intérêt écologique, largement commercialisés et donc à la portée du plus grand nombre, tout en n’oubliant pas les alternatives non industrielles. Dans le chapitre « doublage thermique par l'intérieur » Les enduits isolants fibrés Les enduits isolants (appelés parfois « correcteurs thermiques ») ont depuis toujours constitué une solution d’amélioration du confort thermique. Ils assurent notamment l’isolation des murs d’une vieille demeure toute en rondeur sans lui faire perdre ses galbes bienveillants. Ils peuvent apporter quelques courbes harmonieuses à un mur désespérément rectiligne ou mettre en vie nos rêves d’architecte-artiste. Mélange d’un liant (chaux, plâtre ou terre argileuse) et d’un matériau isolant fibreux (paille de chanvre, appelée chènevotte, paille de lin, de lavande, copeaux de bois), l’enduit isolant épouse les formes, ne se rétracte qu’assez peu au séchage et peut se modeler aisément. Une première solution est de travailler avec des enduits posés directement sur le mur à isoler. Même si le lambda est théoriquement peu performant (0,09 à 0,12), j’ai souvent été impressionné par le confort de vie résultant, d’autant qu’on évite les problèmes de condensation potentiellement dus à des vides d’air entre isolant et mur froid. L’esthétique des enduits fibreux participe largement à une ambiance chaleureuse. ... Témoignage Recette (épaisseur 8 cm) d’Enzo Pulli, orfèvre des enduits chaux-chanvre Pour la première couche, appelée gobetis, je fais un mélange très liquide de chaux hydraulique NHL 3,5 (60 %) et de sable gros (0-4, 40 %). Elle est jetée sur le support préalablement humidifié à refus. Fine en épaisseur, répartie sur tout le support, non lissée, elle servira d’accroche aux couches suivantes et ne peut en aucun cas être négligée. 24 heures de séchage suffisent souvent pour l’application de la deuxième couche (4 cm) préparée dans ma bétonnière de 140 litres : 2 à 2,5 seaux d’eau, un peu plus de 2 seaux de NHL 3,5 et enfin 4 à 5 seaux de chènevotte. J’ajoute au fur et à mesure le complément d’eau nécessaire à l’obtention d’une pâte onctueuse, liquide « ma non troppo ». Le mélange est jeté à ... (suite dans l'ouvrage) Dans le chapitre consacré aux revêtements de sol Le site suisse de l’écologie Eco-Bau rappelle que, bien souvent, l’écobilan des pierres naturelles est assez mauvais. Cette note négative est due aux chancres laissés par certaines carrières, aux moyens déployés pour l’extraction et surtout au transport, souvent extraeuropéen. Il s’agira de vérifier la provenance de ces matériaux1 Plutôt qu’une pierre du lointain Mexique, pourquoi ne pas choisir un produit local ? La carrière de Guerlesquin, dans le Finistère, extrait et façonne des ardoises qu’un des membres du forum Bâtir-Sain qualifie de « magnifiques, faciles à entretenir et géniales pour capter le soleil ». Chaque chapitre est suivi par une "Foire aux questions". Deux exemples Mon vendeur affirme que des briques de terre cuite (type Carrobric) de 4 cm posées en doublage avec vide d’air constituent une solution thermique suffisante. Qu’en pensez-vous ? Votre vendeur vous a sans doute déclaré que « l’air est le meilleur des isolants ». Simpliste pour tenter d’expliquer… qu’il n’a rien compris. L’air est en effet isolant s’il est immobile, ce qui est impossible à obtenir derrière une telle contre-cloison. Sa mauvaise solution butte également sur le problème de la rupture de capillarité expliqué en page 16. Si on tient compte également de l’énergie grise desdites briques et de leur piètre résistance thermique, il serait utile d’envisager de vous rapprocher d’un autre négoce. Mes fenêtres sont en mélèze. Il s’agit de bois durable. Dois-je donc les traiter ? Contrairement au bardage que vous pouvez laisser griser, les huisseries doivent être protégées (primaire suivie d’une lasure ou d’une laque) pour éviter que le bois, imprégné d’humidité, ne travaille et ne pose problème au niveau des joints. Grande règle à respecter : traiter intérieur et extérieur. L'ouvrage est parsemé de description de techniques, bons à savoir, secrets d'atelier. Deux exemples : Technique : fabriquer ses propres briques ? La fabrication de BTC à partir de terre trouvée sur son terrain, ou celui de son voisin-ami, permet de tendre vers un bilan énergétique zéro, mots magiques qui peuplent les doux rêves de tous les éco-autobâtisseurs. Reste à trouver la terre et la presse. Ce qui s’avère de moins en moins difficile pour le matériel. Une presse de type GEO 50 (3 000 € environ) permet de fabriquer 300 briques par jour, soit l’équivalent de plus de 5 m2 de cloison. Plus chère (comptez 4 500 €), une presse Testaram de la société Appro-Techno permettrait, selon le fabricant, de dépasser 1 000 briques quotidiennes. À quand une presse associative par département français, canton suisse ou province belge ? Location et vente de presses : En France : société Akterre, association Le Gabion, association Nouaisons, association Empreinte (voir la webographie). En Belgique : société Appro-Techno. 1 Certains marbres (et galets de rivière) vendus en Europe proviennent d’Asie du Sud-Est. Michelangelo s’en retourne dans sa tombe (de marbre). Secret d’atelier - une recette de stucco en auto-formulation Appliquer en couche fine (1 à 3mm) un mélange de chaux aérienne en pâte (1 part) et carbonate de calcium (2 parts). Laisser agir et commencer le serrage. Eventuellement, badigeonner plusieurs fois le stuc frais d’un mélange d’eau de chaux et de pigments sans croiser les couches. Laisser carbonater l’ensemble et serrer à la lisseuse en acier. Une application finale au pinceau large d’un mélange d’huile de lin (1 part) et de savon liquide (1/2 part) offrent un rendu lustré. Tous les matériaux sont disponibles chez Pozzo Nuovo. Dans le chapitre consacré aux peintures (extrait de l'introduction du chapitre) Et les fabricants de peinture naturelle ? Sont-ils fidèles à des principes écologiques ? S’adaptent-ils aux nouveaux défis ? En fait, la réponse est délicate. Mission acrobatique en effet pour les fabricants écologiques que de concilier production de masse, exigences de qualité technique, contraintes légales, impératifs de santé et réalité financière. La plupart font de l’excellent travail, ont été les pionniers de la protection de la santé et de l’environnement, ont largement participé à l’amélioration de notre santé en utilisant des solvants légers et en minimisant les adjuvants non naturels (voir à ce propos l’introduction). Ont-ils l’envergure suffisante pour revoir leurs formulations, vieilles pour la plupart de vingt années, moment où les solvants lourds2 de l’industrie conventionnelle maltraitaient notre santé ? Chaque chapitre comprend des tableaux comparatifs. Voici un exemple (partiel) (1) Nous n’apprécions nullement la qualité technique (pouvoir couvrant, facilité de mise en œuvre) du produit mais seulement le niveau de transparence, ce que nous appelons par ailleurs l’« intégrité » du fabricant ou de son représentant : étiquette, fiche technique, réponses aux questions que nous leur avons posées. Le tableau a été établi en août 2008. Certaines données peuvent avoir changé depuis. (3) N'a pas pris le temps ou n'a pas souhaité répondre à notre questionnaire Dans le chapitre "enduits" (début de la présentation du matériau « terre ») Matériau ancestral, la terre revient en force. Excellent régulateur de l’hygrométrie, simple et agréable à 2 Toluène et benzène, altérant la composition du sang, atteintes au foie, au cervelet, pouvant aller jusqu’au coma. travailler, naturel, non toxique, compostable, réutilisable à l’infini, réparable sans effet visible, économique, l’enduit terre cumule les vertus. D’autant que le résultat se révèle lumineux et très esthétique. Et, cerise sur le gâteau, l’argile étant insensible aux UV, les couleurs ne s’altèrent pas en vieillissant. En fait, l’appellation exacte devrait être « enduit à l’argile », nom du liant, auquel s’ajoutent du sable (charge) et quelques adjuvants naturels tels que des fibres végétales qui renforcent la structure et limitent le retrait. Ces enduits sont souvent classés en deux catégories : − Les enduits de base (appelés « monocouches ») : livrés en « big bag », en vrac ou en sacs. Même s’ils sont destinés à la première couche que vous pouvez appliquer jusqu’à 2 à 3 cm sans risque d’affaissement, beaucoup apprécient leur beauté fibrée un peu sauvage en parement de surface ; − Les enduits de finition (parfois appelés « supérieurs ») sont le résultat d’un tamisage fin des constituants. Coûteux, ils sont appliqués en fine couche (2 à 5 mm). Ils sont vendus en sacs ou en pâte, parfois additionnée de cellulose pour une meilleure onctuosité. Et pour terminer deux extraits du glossaire Laines minérales (laine de verre, de roche…). Élaborées à partir de fibres de silicates, de liants phénol-formol ou urée-formol-phénol (3 à 5 %) et d’huiles (1 %) qui empêchent la dispersion des fibres. L’INRS signale dans sa fiche de sécurité ED93 que « seules les fibres de diamètre inférieur à 3 µm atteignent le poumon profond. Les fibres de roche et de verre ont respectivement un diamètre moyen de 2 à 3 µm et de 2 à 8 µm […] ; les utilisateurs des fibres étant probablement plus exposés (que les travailleurs des usines de production) […] ». Pas de quoi nous rassurer donc, même si elles ne sont bizarrement classées qu’« irritantes ». Douze millions de mètres cubes sont utilisés annuellement dans l’habitat en France, soit un chiffre d’affaires de plus d’un milliard d’euros. Cela expliquerait-il le classement « rassurant » des fibres ? Sd : valeur caractérisant la résistance au transport de l’humidité sous forme de vapeur d’eau à travers un matériau. Sd représente l’épaisseur en mètres de la couche d’air équivalente. Sd = μ.d(m), d étant l’épaisseur du matériau en mètres. Exemple : un panneau MFP de 18 mm a un μ de 50. Son Sd est donc égal à 50×0,018, soit 0,9 équivalent mètre d’air. Généralement, un produit ayant un coefficient Sd < 0,5 m est considéré comme très perméable à la diffusion. Bonne lecture.