les sujets en moins - Editions Léo Scheer

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les sujets en moins - Editions Léo Scheer
LES SUJETS EN MOINS
Dossier de presse
20 juin - 19 juillet 2008
Vernissage le vendredi 20 juin à partir de 18h00
Commissariat : Eric Mangion
Sur une invitation de la revue Fresh Théorie
Boris Achour
Fayçal Baghriche
Julie Béna
S t é p h a n e B é r a rd
P i e rr e B i s m u t h
Julien Bouillon
M a rc e l B ro o d t h a e r s
Anthony Duchêne
P a t r i c k E v e r a e rt
R o b e rt F i l l i o u
Ceal Floyer
Vi n c e n t G a n i v e t
D a v i d Vi n c e n t
Ta t i a n a Tr o u v é
Galerie Léo Scheer
14-16 rue de Verneuil - 75007 Paris
01 44 55 01 90
www.leoscheer.com - [email protected]
L'exposition Les sujets en moins réunit une quinzaine d'oeuvres qui ont toutes pour point commun d'effacer le sujet qu'elles sont censées évoquer : pièce sonore sans son, pièce lumineuse
sans lumière, peinture sans peinture, dessin sans dessin...
Le titre fait référence aux Objets en moins produits par Michelangelo Pistoletto entre 1965 et
1966 afin de les soustraire à leur existence conceptuelle au travers d'une étonnante banalité. Le
plus célèbre de ces « objets » demeure le Mètre cube d'infini qui, par son système de miroirs
refermés sur eux-mêmes, tente d'effacer l'infini de toute préoccupation esthétique ou politique.
Mais l'exposition pourrait aussi faire référence à Georges Perec et son roman/lipogramme La
Disparition écrit sans que ne soit utilisée la lettre « e », clin d'oeil expérimental à tous « eux »
disparus de son enfance. Comme elle pourrait aussi s'appuyer sur le tableau de Robert
Rauschenberg qui, en 1953, efface d'un seul geste un dessin de Willem de Kooning. La disparition devient, selon un terme très duchampien, une forme « d'apparition négative ».
Michelangelo Pistoletto
Un mètre cube d’infini, 1965-66
Ce choix répond à l’invitation de la revue Fresh Théorie à construire une exposition
autour de son dernier numéro consacré à la notion d’évènement.
Ici, «l’évènement» n’est plus une valeur ajoutée à la création, mais, au contraire, une
soustraction effectuée à l’encontre de son propre support ou de son propre récit. Les
oeuvres de cette exposition privilégient leur économie poétique plutôt que leur mise en
scène dans l’espace.
Eric Mangion est Directeur du Centre National d’Art Contemporain de la Villa Arson (Nice). Critique d’art
et ancien directeur du FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Remerciements :
Paul Devautour, Marie Glissen, Maxime Puglisi, Claire Durand-Ruel et la Galerie Bonneau-Samames (Marseille), la
Galerie Aline Vidal (Paris), Le Fonds National d’Art Contemporain, ainsi que les auteurs de Fresh Théorie, Art 21 et
Trouble.
Boris Achour
La première pièce de Boris Achour est un des éléments de la série
Cosmos, composée de 200 boîtiers vidéo vides contenant chacun
une jaquette. Toutes ces jaquettes révèlent un film avec ses acteurs,
metteurs en scènes, producteurs, images à l'appui, dans lesquelles
se croisent des associations improbables d'univers artistiques et
culturels a priori fort différents (Bo Derek, Takeshi Kitano, Saverio
Lucariello dans une production de Georges de Beauregard avec un
style de « métaphysique barbecue »). Ces films ont néanmoins un
point commun : ils se nomment tous Cosmos et forment dans leur
ensemble l'adaptation du roman éponyme de Witold Gombrowicz («
une tentative d'organisation du chaos »).
Le titre de la seconde pièce révèle également son contenu :
BLACK HOLE SUN. Toutes les oeuvres dont j'ai eu l'idée durant le
mois de février 2008, que je n'ai pas réalisées et que je ne réaliserai jamais. L'effacement est double. Non seulement ce disque
contient des oeuvres non produites, ôtées à leur existence formelle,
mais son encadrement empêche toute écoute éventuelle des 8
minutes d'enregistrement. Ces projets dont on aurait bien aimé
connaître le secret dorment en silence, gravés au coeur du vinyle.
Toutes les oeuvres dont j’ai eu l’idée durant le mois de février 2008, que je n’ai pas réalisées et que je ne realiserai jamais.
Disque encadré, 37 x 37 cm, 2008
Fayçal Baghriche
Enveloppement
Photographie couleur, 40 x 30 cm, 2008
La majorité des oeuvres de Fayçal Baghriche s'appuient sur des gestes ou des idées extrêmement simples. Néanmoins, chacune d'elles obéit à des charges symboliques fortes.
Pour l’exposition, il accroche au mur une hampe et son drapeau français dont il ne laisse apparaître que
la partie rouge. Ce dispositif s’inspire de son observation des drapeaux nationaux placés sur les façades
des bâtiments officiels. Souvent par l’effet du vent, le tissu s’enroule sur lui-même, affectant ainsi la lisibilité de l’emblème national. En modifiant l’agencement du drapeau, Fayçal Baghriche entend donner au
tissu une réalité concrète, permettre au matériau de dominer le symbole.
Julie Béna
Par des dispositifs souvent discrets, Julie Béna cherche à créer des expériences sensibles afin de provoquer une attention, une relation spécifique entre le visiteur, l’œuvre et leur espace commun. Ici, de la buée
se diffuse régulièrement sur la vitrine principale de la galerie. A chaque apparition du phénomène, une
phrase, écrite à la main se dévoile « du présent et de son retrait ». Lorsque la buée s'estompe, les mots
disparaissent avec elle. Au-delà de la plasticité même du texte, c'est une horloge poétique qui nous est
proposée.
Du présent et de son retrait
décolleuses à papier peint, timers, dimension variable, 2007
Stéphane Bérard
Stéphane Bérard propose une photographie spectaculaire de notre système solaire dont la terre a tout
simplement été effacée. La vie se composerait désormais sans nous. C’est le rêve d’une absence radicale et définitive. L’homme ne serait plus au centre de toutes les préoccupations : il n’y aurait plus d’anthropocentrisme. Nous serions condamnés à ne plus être vus et observés, ou, mieux encore, à ne plus
nous observer nous-mêmes. Néanmoins le titre en est : Houlàlà...
Houlàlà
Edition numérique 4 x 3 m, 2008
Pierre Bismuth
“Toutes les 3 heures une actrice déguisée en étudiante passera devant la librairie
alors qu’au même moment, un peu plus loin dans la rue, un acteur prétendra faire
des photos d’un mur rempli de graffitis.”
Pierre Bismuth, Performance #7, Juin 08
Le travail de Pierre Bismuth ne cesse d’interroger les langages de l’art, ou du moins tout ce qui constitue
les modes d’appropriation et de perception de l’esthétique. Pour cela, il met en place des dispositifs qui
prennent à contre-pied les postulats les plus évidents, oscillant en permanence entre signifié et signifiant.
Ici, le texte inscrit au mur est celui d’une performance, partant du principe que des acteurs éxécuteront
des gestes qui devront autant que possible se confondre à l’activité normale des passants de la rue et
des visiteurs de la galerie. Tout en jouant avec la défintition du terme performatif (« dire c’est faire »),
Pierre Bismuth réactive d’une certaine manière le fameux statement de Laurence Weiner : l’oeuvre peut
être faite, l’oeuvre peut ne pas être faite.
Julien Bouillon
Julien Bouillon se distingue par sa propension à disséquer, au travers de leurs ambivalences, les supports et les matériaux qu’il utilise dans ses différents travaux, menant ainsi
une analyse critique de l’art. Dans cette logique, il réalise entre 2006 et 2007, des
tableaux peints de mémoire à partir de nombreux motifs empruntés à l’histoire de l’art, de
Paul Cézanne à Juan Miro, en passant par
Hans Holbein, Marc Chagall ou Neo Rauch.
Ces tableaux sont alors photographiés et
développés sous un format standard (70 x 70
cm) en lieu et place des « originaux ». Ce
n’est plus la peinture qui est exposée mais
son fantôme.
Modulor
photographie couleur encadrée, 70 x 70 cm, 2006
Marcel Broodthaers
La pluie (projet pour un texte)
film 16 mm, 2 mn, noir et blanc, silencieux, 1969
Marcel Broodthaers commence en 1963 sa carrière artistique
en noyant dans le plâtre une cinquantaine de recueils de ses
propres poèmes, marquant ainsi sa relation complexe à l’écriture. Cette pièce inaugurale s’appelle Pense-Bête. En 1969, il
entame à l’extérieur de son atelier la rédaction d’un poème
sur une grande feuille posée sur une table. A l’instar du Coup
de dés de Mallarmé, l’écriture doit occuper l’espace. Mais
sous l’effet de la pluie, le texte s’efface au fur et à mesure qu’il
se produit, ne laissant que des traces d’encre dégouliner le
long du papier. La pluie a eu raison de l’inspiration.
Anthony Duchêne
La Liaison sub-acoustique avec les pieds lourds d'Anthony
Duchêne est constituée de fûts et d'une pédale connectés à des
tuyaux suspendus. Cet objet hybride évoque une station de communication sous-marine, tout en faisant référence aux premiers
scaphandres de plongée et à des instruments de percussion.
L'objet, silencieux se contente de suggérer une circulation d'air et
de son. Les deux autres pièces de l'artiste Prise de son spongiaire
et Appeau des véhicules de la désinformation obéissent à la
même logique. Le mécanisme est là, mais ne produit rien. Leur
seule présence simule la transmission et le traitement d'une information sonore.
Liaison sub-acoustique avec les pieds lourds
Techniques mixtes. Dimensions variables, 2006
Patrick Everaert
Patrick Everaert réalise des photographies qui n’en sont pas vraiment. Puisant des images dans une littérature étrangère sans autre information que leur propre contenu, ils ne cessent – grâce à de simples
techniques numériques - de les modifier en permanence en supprimant petit à petit leur narration originelle afin d’en reconstruire une nouvelle, beaucoup plus énigmatique et mystérieuse. La photographie
choisie pour l’exposition pose une double question : celle de l’origine ou de l’usage de cet environnement
extrêmement architecturé qui nous fait face, et celle de la présence fantomatique du personnage au coeur
de ce dispositif imposant.
Robert Filliou
Fidèle à son principe d’équivalence (bien fait = mal fait = pas fait), Robert Filliou propose ici un dessin
elliptique. Un quart de la page est déchiré à partir de l’un de ses angles. Dans la partie encore visible, on
peut lire la date du geste, la signature de l’artiste et une phrase : « il y avait un dessin au coin de cette
page ». Ici, le dessin n’existe plus que par le texte qui le nomme et par la trace de son absence. Il a disparu dans un geste ludique et violent à la fois.
Ceal Floyer
Une grande partie du travail de Ceal Floyer se distingue par sa faculté à occuper l’espace tout en produisant le minimum de signes, s’appuyant sur les discrètes possibilités qu’offrent les objets, le texte ou
l’image dans le contexte de l’architecture. Monochrome Till Receipt (White) se compose d’un véritable
ticket de caisse daté du 21 avril 2008, dans lequel ne sont énoncés que des produits blancs (crème fraîche, farine, coton, sucre, cabillau...). Par ce geste, Ceal Floyer établit une triple opération : un palimpseste
en superposant un texte composé de produits au signifiant blanc sur un support blanc, une accumulation
d’objets invisibles dans l’espace d’exposition et le retrait de ces mêmes objets de leur contexte d’origine.
Vincent Ganivet
La pièce de Vincent Ganivet se compose d’une installation lumineuse dont tous les globes en verre des ampoules ont été éventrés.
En contact avec l’air, le filament de ces dernières ne peut plus fonctionner. Dès que le courant est branché, il brûle en se consommant
de lui-même. Un flash se produit. La lumière cesse de fonctionner.
Fidèle à sa démarche, Vincent Ganivet continue d’explorer les frontières du ratage et de l’accident, toutes ces petites occurrences qui
perturbent nos systèmes de visibilité et de croyance. Un robinet ne
peut fonctionner que s’il fuit.
Tatiana Trouvé
Sans titre. Estampe issue du Module à Lapsus
48 x 65 cm, 2000
/Les Lapsus/ de Tatiana Trouvé sont formés par un ensemble d’une quarantaine de propositions succinctes qui ont toutes pour point commun de se retourner sur elles-mêmes afin de créer des apories dans une
sorte de déperdition du sens. Toutes ces notes sont consignées soit sur des documents à vocation administrative, soit sous la forme de petites annonces (affichage ou texte mural, petites annonces, post-it,
publicités...). /JE REVIENDRAI/ est le /Lapsus /le plus bref/. /Le texte est inscrit sur la page centrale d’un
passeport (celle généralement consacrée aux visas). Il annonce le départ refusé à son propriétaire, et son
retour à la case départ. Il reviendra pour tenter de repartir, mais il revient, pour l’instant, de là où il est parti
(c’est-à-dire chez lui).
David Vincent
Dans l’organigramme de la Collection Devautour, David Vincent est celui qui s’immisce dans les espaces
laissés vacants par les propositions des autres. Partant du principe que l’art est inévitablement inséré
dans un réseau de communication et de diffusion qui donne corps au travail, il présente pour la première
fois en 1994, une artiste qui n’existe qu’au travers des propos tenus sur elle. Aujourd’hui, la présence de
Nancy Crater réapparaît dans les textes d’auteurs de trois revues : Fresh Théorie, Art21 et Trouble. Les
textes viendront alimenter le site web A propos de Nancy Crater sur :
http://www.immediate.org/crater
Un fascicule sera disponible dans l’exposition avec les contributions de :
Patrice Blouin
Laurent Goumarre
Eric Mangion
Aurélien Mole
Joseph Mouton
Magali Nachtergael
Cedric Schonwald
Pacoôme Thiellement
La revue Trouble
Frédéric Wecker
David Zerbib

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