Les Etats-Unis, en Amérique et dans le monde

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Les Etats-Unis, en Amérique et dans le monde
Les Etats-Unis : la superpuissance
Depuis la chute de l’URSS, il a fallu inventé une nouvelle appellation pour les Etats-Unis, celle de
superpuissance ou d’hyperpuissance. En effet, les Etats-Unis constituent, aujourd’hui, la seule vraie puissance
mondiale et cela dans tous les domaines.
Qu’est-ce qui fait que les Etats-Unis sont une superpuissance ? Quelles sont les conséquences de cette
situation sur l’organisation du territoire américain ?
Dans une première partie, nous décrirons les composantes de la superpuissance américaine. Puis, dans une
deuxième partie nous tenterons d’expliquer les fondements de cette puissance. Enfin, dans une troisième partie
nous essaierons de mettre en valeur les traductions spatiales de cette puissance.
I. Les composantes de la puissance américaine
La puissance américaine s’appuie sur trois fondements : la puissance économique, la puissance politique et
militaire, la puissance culturelle.
A. Les Etats-Unis, la première économie du monde
Les Etats-Unis forment la première économie mondiale, elle domine les autres économiquement bien sur
mais aussi commercialement et financièrement. Cependant, cette économie présente certaines faiblesses.
1.
La puissance économique
Les Etats-Unis produisent 27% du PNB mondial (29% UE, 18% Japon), soit 14 264 milliards de dollars
(Japon 4 923 ma de $, Chine 4 401 ma de $) et occupent le 1er rang mondial pour la production agricole (20%)
et la production industrielle (25%).
L’agriculture au sens strict n’occupe que 1,5 % des actifs (2,3 millions d'actifs) et ne représente que 1% du
PIB. Cependant, les Etats-Unis sont les 1er producteur de maïs (43%) et de soja (près de 50%) ; les 2e
d’agrumes et de coton (18,7%) ; les 3e d’arachides et de produits de la pêche ; les 4e de sucre, blé, vin et viande.
Cette puissance est permise par le choix du productivisme (augmenter considérablement les rendements par une
intensification des nouvelles méthodes de production :mécanisation, utilisation massive d’intrants, plantes
hybrides et transgéniques, feed lots) et par une forte intégration dans un agrobusiness puissant qui emploie 20
millions de personnes, soit 15% des actifs (en amont, on y trouve le machinisme, les produits chimiques,
l’énergie ; en aval, on y trouve le conditionnement, le transport et la distribution des produits). On distingue
désormais les petites exploitations marginales peu rentables (qui n’ont su ou pu se moderniser), les
exploitations de type familial moyennes (celles des Farmers) qui produisent encore 40% de la production
agricole totale et les grandes exploitations de type capitaliste (qui appartiennent souvent à des firmes
industrielles ou agroalimentaires et qui sont très productives). Cette industrie agro-alimentaire fournit 34% de
leur budget aux firmes publicitaires américaines. En effet, ces sociétés modèlent la civilisation actuelle, et pas
uniquement aux Etats-Unis.
La modernisation de l’agriculture conduit à une nouvelle géographie de l’agriculture. Autrefois, on
distinguait de grandes régions spécialisées dans une monoculture (Les Belts). Depuis ces 50 dernières années,
les Belts se sont très diversifiées et la géographie de l’agriculture est donc devenue plus complexe. Les Grandes
Plaines se sont diversifiées (ainsi les Corn ou Wheat Belts devienent des Corn-Soy / Wheat- Soy Belt par le
développement de la culture du soja). Le Nord-Est, ancienne Dairy Belt, voit se développer les modes intensifs
de production (feed lots, cultures hors-sols…). La culture du coton (Cotton Belt dans le Vieux Sud) s’est
déplacée vers l’Ouest, ce qui est rendu possible par l’irrigation. La Californie est ainsi devenue le 1er Etat pour
la valeur de la production.
Le secteur secondaire est à l’origine de 23% du PIB. Si les Etats-Unis sont une société post-industrielle,
l’industrie américaine reste la première industrie mondiale.
Dans les années 70-80, on a parlé de désindustrialisation des Etats-Unis. La crise et surtout les concurrences
japonaise, européenne et celle des NPI asiatiques ont fortement ébranlée la puissance industrielle américaine.
Ainsi, entre 1950 et 1990, les Etats-Unis ont perdu d’importantes parts de marchés intérieurs et extérieurs et
leur part dans la production industrielle mondiale est passée de 50% à 20%. Parallèlement, les effectifs
industriels ont baissé (35% de la population active dans les années 70 pour 25% dans les années 90, aujourd’hui
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20%) ainsi que la part de l’industrie dans le PNB. Cependant, il faut relativiser ce déclin : la production a
augmenté de 50% grâce aux gains de productivité, les services dépendant directement de l’industrie
représentent 50% du PNB, l’industrie américaine produit encore le 1/5 de la production industrielle mondiale.
En fait, plus qu’en déclin, l’industrie s’est reconvertie. Toutes les industries ne se sont pas sorties également de
la crise industrielle. Les vieilles industries obsolescentes (sidérurgie, textile, électronique grand public) ont très
mal supportées la concurrence japonaise, européenne ou des NPI asiatiques. Certaines industries traditionnelles
ont réussi à redresser la barre : l’automobile et la chimie par exemple. Les plus beaux succès sont remportés par
des industries nouvelles, nécessitant une recherche-développement poussée que les Américains dominent
encore (aéronautique, informatique, aérospatiale, composants électroniques, industrie agro-alimentaire,
biotechnologies).
L’espace industriel s’est modifié depuis 1945. On peut distinguer plusieurs phénomènes :
Evolution des facteurs de localisation industrielle : les industries traditionnelles se localisent à la croisée
de la main-d’œuvre, des marchés et des ressources naturelles (matières 1ères et énergie) (théorie du
Triangle de Weber). Les industries nouvelles se localisent à la croisée des aménités, des capitaux et de la
recherche-développement ;
Déclin de la Manufacturing Belt (Nord-Est) qui a tendance à devenir une Rust Belt, même si elle conserve
un rôle majeur (la ½ des emplois industriels) ;
Installation de nombreuses industries du complexe militaro-industrielle dans les régions de l’Ouest pour
des raisons stratégiques (Seconde Guerre Mondiale, Guerre Froide) et économiques (moindre coût de la
main-d’œuvre du fait de la forte proportion d’immigrés et d’une pression syndicale moins forte qui
incitent à la délocalisation par rapport au Nord-Est) ;
Maritimisation des industries lourdes du fait des importations croissantes de pétrole ;
Installation des industries nouvelles dans la Sunbelt du fait des aménités (héliotropisme, balnéotropisme),
de la présence des capitaux étrangers (nippons), des opportunités offertes par l’interface mexicaine
(maquiladoras) ;
Développement de grands complexes associant l’industrie et la Recherche-Développement (Silicon Valley
(Stanford, 200 000 techniciens supérieurs), Route 128 de Boston (Harvard et MIT), Triangle Research
Park en Caroline du nord…).
Le secteur tertiaire est à l’origine de 76% du PIB et emploie 78,5% des actifs. Il est le secteur clef de
l’économie américaine car les 2 autres secteurs travaillent de concert avec les services qui permettent d’intégrer
l’agriculture et l’industrie dans des filières de production allant de la conception à la distribution des produits
(c’est le cas des services comme la banque, la publicité, le marketing, les transport, le consulting…). Il est
particulièrement fort dans le domaine touristique et dans le domaine de la recherche. Le tourisme occupe une
place toute particulière dans le secteur tertiaire par l’ampleur des activités qu’il recouvrent et la masse des
bénéfices qu’il dégage (forts potentiels variés de sites touristiques, parcs naturels type Yellowstone, parcs de
loisirs type Disneyworld, tourisme de jeux type Las Vegas). Les Etats-Unis constituent la 3 e destination
touristique mondiale et produisent 14% des recettes touristiques mondiales (1 er). Les Etats-Unis disposent d’une
capacité de recherche équivalente à celles du Japon, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni réuni. En
effet, ils sont à l’origine de 25% des dépenses mondiales en R&D car ils investissent 362,7 milliards d’euros
(2,6% PNB) contre 142,9 milliards au Japon (3,3 % PNB) et 43,4 milliards en France (2,1% PNB). Cette force
s’explique par le soutien de l’Etat qui fournit des commandes importantes et par celui des entreprises qui
financent les ¾ de ces recherches (64% dans l’UE). Mais aussi, par la qualité de l’enseignement supérieur
américain : quatre Etats américains (Massachusetts, Californie, New York et Pennsylvanie) mieux classés que
des Etats européens, financement du supérieur de 3,3% du PNB pour les Etats-Unis contre 1,3% du PNB pour
l’Union européenne. De plus, des technopôles existent de façon ancienne, regroupant la matière grise, les
financiers et les commanditaires. Aujourd’hui, les Etats-Unis disposent du tiers des technopoles mondiales.
D’autres chiffres illustrent cette puissance de la recherche américaine :
- en 98 ans, les Etats-Unis ont obtenu 33 Nobel de Chimie, 48 Nobel de Physique, 39 Nobel de Médecine
(54% des Nobels scientifiques) et 34 Nobel d’économie ;
- les Etats-Unis disposent de plus d’1 million de chercheurs américains (900 000 au Japon, 250 000 en
Allemagne, 155 000 en France) et de 500 000 chercheurs étrangers en poste ou en résidence ;
- les chercheurs américains déposent 42% des brevets annuels contre 14% à l’Allemagne, 9% au Japon et
disposent de 30% su stock mondial de brevet.
Le tertiaire a un rôle structurant pour le territoire américain :
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Le développement des transports et les progrès des télécommunications permettent les délocalisations
industrielles et la dissociation entre les sièges sociaux des entreprises et les sites de production.
La concentration des sièges sociaux au sein des CBD des grandes villes donnent à celles-ci un
rayonnement mondial économique et financier (New York, Chicago, Los Angeles).
Les CBD ne cessent de grandir compte-tenu de l’explosion des services (ils ont triplé leurs surfaces de
bureaux en 30 ans).
L’association étroite entre les services et les entreprises conduit à la naissance de nouveaux centres de
décision (les parcs technologiques, les grands aéroports…
Cette domination économique s’appuie sur un Etat intervenant comme arbitre et comme soutien à
l’économie, malgré une contradiction avec le modèle libéral, sur des entreprises de tailles diverses : les FMN
(oligopoles à concentration horizontale, comme les Big Three : GM, Ford, Chrysler, ou conglomérats à
l’activité diversifiée) ou des PME (55% de l’emploi). 57 des 100 premières FMN mondiales sont américaines et
les 10 1eres FMN américaines fournissent 13,5% du PNB.
2.
La puissance commerciale
Depuis 1919, les Etats-Unis sont les premiers ou seconds exportateurs ou importateurs mondiaux de
marchandises et de biens d’équipement. Ils représentent 10,87% des échanges mondiaux, 13,4% des
importations mondiales (2 166 ma de $) et 8,2% des exportations mondiales (1 301 ma de $), 20% des
exportations de service (1er), 20% des exportations agricoles mondiales. Cependant, l’économie américaine est
peu ouverte : elle présente un taux d’ouverture (rapport entre les exportations et le PNB) de 9% contre 25%
pour l’UE. Ce chiffre est à relativiser car une part importante des importations américaines provient de filiales
de FMN américaines basées à l’étranger. En effet, les Etats-Unis ont abandonné des pans entiers de leur
économie pour les remplacer par des importations ou pour les transférer à l’étranger. Les 2/3 du commerce
américain s’effectuent avec les PID et, de plus en plus, avec les NPI (Mexique, dragons asiatiques, Chine).
Cette puissance commerciale est une arme pour les Etats-Unis car si les importations américaines diminuent, la
production mondiale le fait aussi. Cette arme de l’embargo est utilisée depuis 1812 et se double, à présent, de
véritables campagnes de guerre commerciales bilatérales.
3.
La puissance financière
La base de la puissance financière américaine est, bien sûr, le dollar qui constitue, depuis 1944 (Bretton
Woods), la monnaie de référence. Même si les Etats-Unis sont sorti en 71 du système de l’étalon-or, le dollar
reste dominant : 50% des transactions commerciales se font en dollars et les banques centrales constituent des
réserves de change en dollars. Le dollar constitue aussi une arme commerciale : un dollar fort stimule
l’importation et les IDE aux Etats-Unis, un dollar faible favorise les exportations et dynamise l’économie
américaine.
De plus, les Etats-Unis disposent des premières bourses financières (New York Stock Exchange / Wall
Street) et de matières premières (blé, pétrole, soja, maïs) du monde. 49% de la capitalisation boursière mondiale
se trouve aux Etats-Unis. La Banque Mondiale et le FMI sont contrôlés à 17% par les Etats-Unis. Les banques
américaines occupent une place importante au niveau mondial (Citigroup au 1er rang mondial, JP Morgan Case
3e et la Bank of America 5e en 2000).
Enfin, les Etats-Unis sont les plus gros investisseurs mondiaux avec 25% des investissements, en particulier
grâce aux fonds de pension qui exigent des rendements sur capitaux de 15%. Ils constituent le 1er pays récepteur
des investissements directs à l’étranger (220 ma de $, 15% du total mondial).
4.
Les faiblesses de l’économie américaine
Malgré cette domination extrême, l’économie américaine présente un certain nombre de faiblesses, en
particulier un déficit commercial, en 2007, de 854 milliards de dollars à l’origine d’une dette extérieure de 10
056 milliards. La dette représente 70,5 %. Le déficit est financé par le reste du monde par l’intermédiaire de
bons du Trésor et des fonds souverains étrangers, en particulier chinois. Certains secteurs économiques
subissent des difficultés : l’agriculture (surproduction agricole, dépendance des subventions, de la conjoncture
car 20% de production part à l’exportation), l’automobile (30 - 40% des voitures sont importés, refus du
compact car), le textile ou la sidérurgie (délocalisation, concurrence des PED). Aujourd’hui, 17% de la
population américaine vit en dessous du seuil de pauvreté (revenu inférieur au salaire médian) contre 13% en
France.
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On peut aussi ajouter le profond problème de l’énergie provoqué par des problèmes d’ordre technique
(épuisement des réserves de pétrole), écologique (charbon polluant, déchets radioactifs, 2e producteur mondial
de gaz à effet de serre), économique (surconsommation, mentalité de gaspillage)
B. Les Etats-Unis, le gendarme du monde
L’armée américaine, avec 1,5 millions de soldats constitue la 2e armée mondiale après celle de la Chine. Elle
dispose d’une forte capacité de projection grâce à ses flottes – 6e en Méditerranée, 3e et 7e dans le Pacifique, 2 e
dans l’Atlantique, 5e dans l’Océan Indien – et ses bases permanentes. De plus, il s’agit d’une puissance
nucléaire (6 100 têtes nucléaires contre 5 860 en Russie, 350 en France). Cette armée nombreuse, au matériel
incomparable est financée par le 1er budget militaire mondial qui représente 41% dépenses militaires mondiales.
Les Etats-Unis investissent, chaque année, 607 milliards de dollars de dépenses ordinaires contre un budget des
27 de 309 milliards (Chine 85, France 65,7, Royaume-Uni 65,3, Russie 58,6, Allemagne 46,8) mais ce budget
ne représente que 3,99% du PNB américain (France 2,37%). L’Etat investie 1/5 e de son budget dans son armée,
finançant ainsi un important complexe militaro-industriel qui est, sans doute, le plus puissant du monde (6 des
10 premières sociétés d’armement sont américaines, premiers exportateurs d’armement devant la France). Cette
puissance militaire s’appuie enfin sur un réseau d’alliances à travers le monde.
Les Etats-Unis disposent aussi d’un fort poids politique en raison d’une politique hégémonique ancienne
(Doctrine Monroe : contrôle de l’Amérique du Sud ; doctrine Truman ; action préventive depuis 2002) et de son
rôle international lié à son siège de membre permanent de l’ONU (médiation, intervention directe).
C. La puissance culturelle ou Softpower des Etats-Unis
Pour finir, la puissance américaine appuie sa domination sur le softpower, c’est-à-dire le moyen privilégié
pour les Etats-Unis d’atteindre des objectifs internationaux grâce à la capacité de séduction et d’attraction du
modèle américain. Les Américains sont convaincus des valeurs du modèle américain ce qui en fait des
donneurs de leçons ; la Nation américaine doit guider les autres peuples vers la réussite, leur apporter la liberté
et la démocratie. Cette conviction a été renforcée par la victoire dans la Guerre froide. Cette vision
s’accompagne d’un écrasement des cultures mais qui ne nuit pas à une image positive et attractive des EtatsUnis. Ainsi, ½ million d’étrangers sont formés chaque année en Amérique et la moitié va y rester.
Cette puissance culturelle se diffuse d’autant plus facilement que l’idéologie et la culture sont pour les
Américains comme des biens marchands, qui doivent être agréables et faciles à consommer. Le modèle
américain est ainsi largement diffusé par les séries télévisées, le cinéma, la presse, l’alimentation, la langue de
communication internationale et scientifique. Près de 75% des images sur petits et grands écrans dans le monde
sont d’origine américaine. Au Mexique, le Coca est la boisson la plus consommée, dans certaine région il
remplace l’eau potable. Les programmes, ayant été rentabilisés sur le territoire américain, sont diffusés à
l’étranger pour augmenter les bénéfices et ne subissent pas les mêmes pressions que des programmes
européens. 15 des 25 premiers groupes de communication sont américains, les Etats-Unis disposent du premier
réseau de transport de l’information dans le monde et il couvre l’ensemble de la planète. L’Amérique domine
les échanges audiovisuels exportant 10 fois plus qu’elle n’importe. Cette domination a débuté, en France, en
1946, avec les accords Blum-Byrnes favorisant la diffusion des films américains en échange de l’aide financière
américaine. Cependant, les Européens luttent au nom de l’exception culturelle, c’est-à-dire d’une clause
dérogatoire des accords du GATT de 1947 selon laquelle l’audiovisuel et donc le cinéma étaient exclus de la
libéralisation des échanges.
Ces différents types de puissance interagissent : il existe une véritable « diplomatie du négoce » mené par le
gouvernement américain, la puissance financière de FMN comme Coca-Cola bénéficie de l’attrait culturel des
Etats-Unis. Quels sont les fondements de cette puissance ?
II. Les fondements de la puissance
A. Le territoire des Etats-Unis
1.
Un territoire riche de potentialités…
Les Etats-Unis disposent d’un territoire de 9,4 millions de km² dont 7,8 d’un seul tenant (mainland), à titre
de comparaison la superficie de la France est de 0,54 millions de km². Il s’agit de la quatrième superficie au
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monde (Russie, Canada, Chine), elle est comparable à celle de l’Europe. De plus, ce territoire dispose de 20 000
kilomètres de côtes facilitant ainsi son implication dans le commerce mondial.
Le territoire américain s’organise en raison du relief de façon méridienne :
la plaine atlantique forme le berceau des Etats-Unis, lequel s’est développé grâce à l’essor de
l’industrie (Manufacturing Belt) en lien avec les ressources des Appalaches au Nord et de l’économie de
plantation au Sud (Vieux Sud) ;
les Appalaches : fort potentiel énergétique avec la houille et l’hydroélectricité ;
les grandes plaines offrent des terres limoneuses et fertiles, à l’origine du cœur agricole des Etats-Unis et
lier aux Grands Lacs ;
un vaste ensemble montagneux constitué de la Sierra Nevada et des Rocheuses (qui dépassent 4000 m)
qui recèlent une grande variété de ressources minérales et énergétiques ;
la Grande Vallée californienne aux riches potentialités agricoles et touristiques.
Le territoire américain s’étend aussi largement du Nord au Sud offrant ainsi une mosaïque de climats qui est
favorable à la diversité des cultures et au développement du tourisme, tout en exposant les Américains à de
nombreuses excès : cyclones, grands froids, inondations, sécheresse…
2.
… et bien maîtrisé
Pendant la conquête de l’Ouest, le territoire a été divisé en damier (township) pour organiser la trame du
peuplement, des paysages ruraux et des paysages urbains. Dans le même temps, un important réseau de
transport s’est mis en place permettant la maîtrise d’un immense territoire.
Dans un premier temps, c’est le rail qui a été dominateur permettant de relier les deux côtes, maintenant il
sert juste pour le transport des pondéreux (1% du transport voyageur, 1/3 du fret), tout en restant le plus étendu
du monde (300 000 km, 30% du réseau mondial). Les moyens de transport dominants aujourd’hui sont la route
(30% du fret) et l’avion. Avec 150 millions de véhicules (1er parc mondial), 45 millions d’utilitaires, 6 millions
de km de routes, 85 000 km d’autoroutes, le réseau routier américain est le plus important du monde. Le trafic
aérien américain représente 40% du trafic mondial, 15 des 30 premiers aéroports mondiaux sont américains. Le
trafic se concentre dans des centres pivots, les hubs, et sert essentiellement à relier les métropoles (90% des
transports intercités). Le transport fluvial ou côtier joue aussi un rôle non négligeable dans le transport de
marchandises. Enfin, les Etats-Unis disposent du réseau de tubes le plus long du monde (300 000 km
d’oléoducs, 550 000 km de gazoducs, 20% du fret). Ces moyens de transports s’articulent sur des plates-formes
multimodales ou dans des points nodaux (nœud de communication pour un mode de transport). Le réseau est
inégalement réparti, se concentrant sur les littoraux à l’exception du pont continental (coast to coast) reliant les
deux façades.
L’étendue du territoire américain offre à sa population des ressources minières et énergétiques
importantes qu’elle a su mettre en valeur. Ainsi, les Etats-Unis disposent de charbon (28,9% des réserves
mondiales et 2e producteur après la Chine – plaines centrales, les Rocheuses et les Appalaches), de minerais
variés (aluminium 1er producteur – Missouri dans les Monts Ozark, fer 7e – région du lac Supérieur, en
particulier le Minnesota et le Michigan, cuivre 2e – Arizona, Nouveau-Mexique, Or 3e), de pétrole (3e après
Arabie Saoudite et Russie – littoral du Golfe du Mexique, en Californie et en Alaska), de gaz naturel (2e après
la Russie – Texas, Louisiane, Alaska). Les Etats-Unis sont donc parmi les 10 premiers producteurs de minerais,
ce qui leur offre un avantage sur les autres PID qui doivent les importer en plus grande quantité. En
complément des ressources énergétiques disponibles, les Américains ont rapidement développé l’énergie
nucléaire (premier parc de réacteurs au monde, 27% de la production mondiale) et l’électricité hydraulique (les
Appalaches, le Tennessee, le Colorado et la Columbia) mais les Américains dépensent 20% de l’énergie
mondiale. Ils doivent donc avoir recours à l’importation.
La qualité des sols offre de vastes terres agricoles (430 millions d’hectares possibles dont 190 sont mis en
valeur). Il existe 300 millions d’hectares de forêts mais les prélèvements sont importants malgré des tentatives
de préservation de la Nature (50% d’importation de bois pour la fabrication du papier).
B. La population des Etats-Unis
1.
Une population importante, métissée et riche de possibilités…
Près de 315 millions d’habitants peuplent les Etats-Unis en 2004, ce qui représente près de 5% population
mondiale et les place au 3e rang mondial (Chine, Inde). Le peuplement s’est effectué par étapes : avant 1492 par
des Indiens ; avant 1800 par les Espagnols, les Français, les Anglais et les esclaves ; avant 1945 par les
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Européens et les Asiatiques, après 1945 par des réfugiés politiques et des migrants économiques venant
essentiellement d’Asie et d’Amérique latine. Ces multiples vagues de peuplement sont à l’origine d’un brassage
ethnique (melting pot puis salad bowl) mais aussi d’un renouvellement des équilibres ethniques avec une
diminution des populations d’origine européenne (80 % dont 50% de WASP : White Anglo-Saxon Protestant),
un lent progrès des noirs (32 millions) et des indiens (2 millions) et surtout une explosion des hispaniques qui
devancent, depuis 2000, les noirs. Malgré la diversité de leurs origines, les Américains partagent les mêmes
valeurs.
Les Américains ont une confiance profonde dans leur modèle politique (démocratie libérale) et économique
(capitalisme libéral). Cette confiance s’illustre par un chauvinisme profond (jingoïsme). Dans le système de
valeurs américain la religion occupe une place importante (Fidéisme : système de pensée qui place la
connaissance dans la foi et donne la prééminence à la foi sur la raison dans la recherche des vérités) ainsi que
l’éducation qui était une préoccupation centrale des WASP. La mentalité de frontière encore présente conduit à
une forte mobilité (16% change de résidence chaque année), ce qui permet une meilleure appropriation du
territoire et le développement des suburbs (banlieues) et des edge cities (. Cette population importante, habituée
à consommer et disposant d’un niveau de vie élevé, offre un vaste marché intérieur à l’économie américaine.
La présence de nombreux immigrés dans la population présente un certain nombre d’avantages : la
population américaine est plus jeune que celle de la plupart des PID et ne devrait connaître de vieillissement
qu’à partir de 2030-2040 ; les régions se spécialisent en fonction des pays d’origine des immigrants.
2.
… mais inégalement répartie
Les Etats-Unis présente une densité de 34 hbts/km² (115 hbts/km² en France) mais cette répartition est très
inégale avec des espaces peu peuplés (5-50 hbts/km²) dans les Grandes plaines, les montagnes et l’Alaska ou
des fortes concentrations (+de 400 hbts/km²) sur les côtes atlantique et pacifique. Le Nord-Est accueille les 2/5
de la population, c’est le berceau historique du peuplement des Etats-Unis. De nouvelles régions se
développent, en particulier le Sud qui accueille 1/3 de la population et l’Ouest qui en accueille 1/5.
Les Etats-Unis disposent d’une forte population urbaine (79%), 32 villes millionnaires rassemblent 52% de
la population. Enfin, la Megalopolis qui s’étend sur 700 km, de Boston à Washington, rassemble 48 millions
d’habitants (16% de la population totale).
La ville américaine se compose d’auréoles concentriques successives analysées dès les années 30 par l’Ecole
sociologique de Chicago. Elle se caractérise d’abord par son centre qui est le reflet de la puissance américaine.
On parle de CBD (Central Business District). Ils sont consacrés aux affaires (bourses, sièges sociaux,
banques…) et aux services supérieurs (marketing, cabinets juridiques, communication…). Envahis par les
« cols blancs » ils sont actifs le jour mais déserts la nuit où il y règne une certaine insécurité. La première
couronne abrite des quartiers résidentiels de la première génération qui sont habités par les classes laborieuses.
Lorsqu’ils sont dégradés, il s’y forme des ghettos ethniques et sociaux. Les autres couronnes correspondent à
une extension toujours plus spectaculaire des banlieues, nommées « suburbs » et qui abritent aujourd’hui la
moitié de la population. Celles-ci sont très diverses socialement (essentiellement les classes moyennes mais
aussi les catégories les plus aisées, à l’extrême périphérie). Elles ont une fonction essentiellement résidentielle,
d’où l’importance des mouvements pendulaires, mais il s’y développe de plus en plus des activités de service et
de nouveaux centres d’activités. Cependant, des projets de rénovation tentent d’attirer des Américains plus aisés
dans les centres (gentrification).
Pour finir, la richesse est très inégalement répartie. 3 Etats – Californie, Texas, New York – concentrent 30%
du PNB. 10% de la population concentre 60% de la richesse nationale, 14% de la population vit sous le seuil de
pauvreté.
III. Un territoire marqué par la puissance
A. La puissance américaine dans le monde
La puissance américaine s’exerce sur différentes sphères concentriques, plus ou moins bien dominées par les
Etats-Unis.
1.
La chasse gardée américaine : le continent américain
Depuis 1823 (doctrine Monroe), les Etats-Unis ont fait du continent américain une chasse gardée où ils
doivent être les seuls à intervenir pour résoudre les tensions. Des interventions directes ou indirectes (guerre,
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capitaux, règlements sanitaires …), les Etats-Unis ont fait reculer les Européens hors du continent américain.
Les présidents sont aussi intervenus contre les régimes locaux qui ne leur convenaient pas. Cette régence
américaine est politique mais aussi économique car elle permet aux entreprises américaines, d’installer leurs
usines et de disposer de marchés dans des « pays amis ». Les zones frontalières constituent des prolongements
du marché national, voire des prolongements urbains de certaines mégapoles américaines (le Nord du Mexique
avec les maquiladoras, les Rives des Grands Lacs, la région de Vancouver…). Des accords privilégiés doivent
renforcer cette collaboration. Depuis 1992, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, NAFTA) lient
le Canada et le Mexique à leur voisin (450 millions d’habitants, 12 milliards de dollars de PNB). D’autres
accords sont prévus, en particulier la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) prévue pour 2005 et
intégrant l’ensemble du continent. Mais, l’émergence du Brésil (Lula) dans la région freine cette évolution, sans
parler de la présence de régimes hostiles au Venezuela (Hugo Chavez) et à Cuba (Fidel Castro).
2.
Le Pacifique, une Mare Americana
Dès le XIXe, les Etats-Unis prennent position dans le Pacifique, espérant en faire une mer américaine. Après
l’éviction des puissances coloniales d’Asie, les Etats-Unis n’ont pu réaliser ce rêve en raison de l’expansion du
communisme. Aujourd’hui, la pénétration américaine en Asie est surtout économique et rencontre l’opposition
des deux grandes puissances asiatiques : le Japon et la Chine. L’importance du déficit commercial entre les
Etats-Unis et le Japon a conduit les premiers à entamer une guerre commerciale – Japan bashing – afin d’ouvrir
le marché japonais. Malgré une certaine ouverture, le déficit se maintient. De 1949 à 1972, les Etats-Unis ont
soutenu Taiwan face à la Chine communiste mais le réalisme a prévalu et les Etats-Unis se sont rapprochés de
la Chine continentale. Aujourd’hui elle constitue un partenaire privilégié au point que le déficit avec la Chine
devient plus important que celui avec le Japon. De plus, se pose le problème des Droits de l’Homme. Enfin les
Etats-Unis encouragent la mise en place d’ici 2020 d’une zone de libre-échange réunissant les membres de
l’APEC (Coopération Economique Asie-Pacifique).
Le développement des liens avec le continent américain et la zone pacifique provoque le développement des
frontières nord et sud des Etats-Unis ainsi que de la façade littorale pacifique.
3.
L’Europe, une puissance contestataire ?
L’Europe s’est construite grâce aux capitaux des Etats-Unis et s’est donc fortement liée à eux. Le plan
Marshall a ainsi permis une reconstruction rapide de l’Europe mais aussi un regroupement des Européens qui a
donné naissance, plus ou moins directement, à l’Union Européenne. Dès lors s’est constitué un opposant à la
domination américaine mais les limites de l’intégration européenne, les difficultés liées à l’élargissement
facilitent l’action de sape des Etats-Unis (« Vieille Europe » contre « Nouvelle Europe »…).
Les pays de l’Europe de l’Est et de l’ex-URSS constituent aussi des terres à conquérir pour les Etats-Unis.
Les Américains s’y imposent par des investissements financiers, par l’intégration de ces Etats dans l’OTAN ou
par des accords de coopération bilatéraux. Au-delà de la concurrence avec la Russie, cette extension est surtout
liée à la prise de contrôle d’un certain nombre de matières premières et à l’ouverture de nouveaux marchés. On
peut ainsi parler de la construction de l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), reliant la Caspienne et son
pétrole à la Turquie, alliée des Etats-Unis, sans passer par la Russie.
4.
Le Moyen-Orient, zone de tensions
L’Etat d’Israël est certes le fruit de la culpabilité européenne après le génocide mais constitue surtout un
sujet de préoccupation majeur pour les Etats-Unis. En effet, il constitue depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale un point d’appui à la présence américaine au Moyen-Orient tant dans sa lutte contre le communisme,
que dans celle contre les nationalismes arabes ou l’islamisme. Cette présence américaine au Moyen-Orient s’est
développée avec l’installation de troupes dans toute la péninsule arabique et, particulièrement, en Arabie
Saoudite puis en Irak. Cette prise de position suscite l’opposition des opinions arabes mais affaiblit aussi les
régimes amis, menacés par une extension de la démocratie. Cette zone est vitale pour l’approvisionnement des
Américains en pétrole (50% de la consommation mondiale transite par le détroit d’Ormuz) mais est loin d’être
stabilisée.
5.
L’Afrique, le nouvel enjeu
L’Afrique présente trois points d’intérêts : l’Afrique du Sud qui se développe, des ressources naturelles mal
exploitées et la progression de l’Islam vers le Sud. Les Etats-Unis cherchent à prendre position sur ce continent
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profitant des désordres politiques ou ethniques et de l’incapacité des anciennes puissances coloniales à les
résoudre. C’est tout particulièrement la France qui voit son influence décliner au profit des Américains qui
préparent ainsi l’avenir en prenant progressivement le contrôle des Etats africains et de leurs ressources
naturelles. Si la désintégration du système français en Afrique est inquiétante pour la stabilité de la région, elle
permet de renforcer les positions américaines dans la région. Une des armes des Américains est l’African
Growth and opportunity Act (qui permet aux Etats figurant sur sa liste de commercer avec les Etats-Unis sans
frais de douanes.
En prolongement de ces différentes sphères d’influence de la puissance américaine, on pourrait ajouter celle
des firmes multinationales qui prolongent la puissance américaine partout dans le monde. Maintenant,
intéressons- nous au centre de ces différentes sphères : le territoire américain.
B. L’organisation du territoire américain
La présence mondiale des Etats-Unis et le processus de mondialisation de l’économie provoquent une
évolution dans l’organisation du territoire américain avec :
- une littoralisation et une périphérisation des activités et des hommes en raison du rôle des interfaces
maritimes, ce qui conduit à l’affirmation des pôles du pont continental ;
- l’émergence de régions transfrontalières (Puget Sound, Grands Lacs, Mexamérique) ;
- la métropolisation des activités et des hommes dans des mégalopoles concentrant l’innovation et les
pouvoirs de décision, ainsi la Megalopolis (Bos[ton]-Wash[ington]), la région des Grands Lacs
(Chi[cago]-Pit[tsburgh]), la San[ Diego]-San [Francisco] californienne.
Dans cette évolution se dégagent trois grands ensembles : le Nord-Est, la Sun Belt et l’intérieur.
1.
Le Nord-Est, le cœur des Etats-Unis
Situé entre la frontière canadienne, les Grands Lacs et l’Atlantique, le Nord-Est constitue le berceau de la
nation américaine. Il a constitué le cœur de l’industrialisation de l’Etat américain en raison des liens avec
l’Europe grâce aux ports, de la présence d’une importante population, de la densité du réseau de transport, de la
proximité avec les matières premières (Appalaches). C’est ainsi que s’est développé la Manufacturing Belt
mêlant textile, métallurgie, automobile… ainsi qu’une agriculture périurbaine (Dairy Belt). Il s’agit encore de la
région la plus peuplée des Etats-Unis avec plus de 100 millions d’habitants, de la région concentrant les
pouvoirs décisionnels (70% des sièges sociaux d’entreprises, 65 des 500 premières firmes mondiales,
Pentagone, Washington), financier (Wall Street, ¾ des capacités financières américaines).
Pourtant, dans les années 60 – 70, la région a subi une période de déclin, on a même parlé de la Rust Belt.
Cette région a dominante industrielle a subi la concurrence des PED et du développement de l’Ouest américain.
Le Nord-Est a donc dû se reconvertir en se basant sur le fondement de sa richesse : les fonctions de
commandements ainsi que la présence de sièges sociaux, de centres financiers, d’universités et de laboratoires
de recherche. Ainsi, se sont développées les industries de haute technologie et le tertiaire supérieur. Il reste à
l’origine de 43 % de la production industrielle totale. Mais la reconversion n’a pas touché également le NordEst. La Megalopolis s’est renforcée alors que la région des Grands Lacs ne connaît qu’un renouvellement
incomplet (Pittsburgh, Cleveland, Détroit, Buffalo).
Cette région du Nord-Est est essentiellement tournée vers l’Europe et le monde riche. Les liens sont tout
particulièrement fort avec le sud de l’Ontario et le Québec au Canada : les échanges ont été multiplié par 3 entre
1990 et 2002, le Saint-Laurent constitue le débouché maritime des Grands Lacs et le Canada permet le
décongestionnement du Nord-Est en absorbant une partie de sa croissance.
2.
Sun belt, croissant périphérique dynamique
La Sun Belt rassemble une quinzaine d’Etats aux caractéristiques communes : la douceur du climat, la
croissance de la population, le dynamisme d’une économie centrée sur les industries de pointe, l’agribusiness et
le tourisme. Cette région s’est développée grâce à une politique d’aménagement du territoire (programme
d’irrigation, investissements dans l’aéronautique, l’aérospatiale et la défense) à partir de 1941 puis grâce aux
délocalisations venant du Nord-Est dans les années 60 – 70. Le développement de la région s’est renforcé avec
l’essor des relations avec les membres de l’ALENA et de l’APEC. La Sun Belt accueille près de 15% de la
population américaine et surtout est à l’origine de 70% de l’accroissement démographique des Etats-Unis
depuis les années 60. Cependant, cette zone n’est pas homogène et quatre noyaux principaux se dégagent
(Puget Sound, Californie, Texas et Floride).
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Le Nouveau Sud est formé de la Floride et du Texas. La Floride s’est développée grâce au tourisme, à
l’agribusiness et aux capitaux venant d’Amérique latine, des Caraïbes et des retraités américains. Le Texas
représente aujourd’hui l’équivalent de la 12 e puissance mondiale, il connaît la croissance démographique et
économique la plus forte des Etats-Unis et se situe juste après la Californie pour sa population. Son
développement s’est axé autour de l’agriculture irriguée, des hydrocarbures, des hautes technologies et des
infrastructures de transport. Cependant son développement est inégal puisque la moitié de ses habitants sont
rassemblés dans les métropoles de Dallas, Houston et San Antonio.
La Californie constitue le premier Etat de l’Union quant à sa population et est l’équivalent de la 5e puissance
économique mondiale. L’Etat doit son développement à l’agriculture irriguée, au tourisme, aux industries de
pointe, au cinéma mais surtout à son rôle de pôle de décision pour toute la zone Pacifique. D’ailleurs, on assiste
à l’apparition d’une véritable mégalopole entre Los Angeles et San Diego. Un bémol, le coût de la vie en
Californie a provoqué, dans les années 90, un départ de la population et des activités de fabrication vers
d’autres régions des Etats-Unis ou du monde.
Le Puget Sound, bien que présentant un climat moins favorable, est intégré dans la Sun Belt en raison de son
dynamisme. Il est constitué du Nord-Ouest des Etats-Unis autour des villes de Seattle et Portland, on peut y
inclure la ville canadienne de Vancouver. Cette région doit son développement aux industries de pointe, à un
environnement attractif pour des populations et des capitaux tournés vers l’Asie et fuyant la Californie.
D’autres régions de la Sun Belt tentent de se développer, en particulier le Vieux Sud centré autour d’Atlanta,
siège de CNN et de Coca-Cola. La rénovation de cette région s’appuie sur la polyculture, le transfert
d’industries d’assemblage (textile, montage électronique) et l’implantation de centres de recherche et de parcs
technologiques. Le développement inégal de cette Sun Belt renforce les inégalités, on parle ainsi parfois de la
Poverty Belt. Ces inégalités risquent de se renforcer car la Sun Belt est touchée par des délocalisations vers
l’étranger et des relocalisations, surtout dans le domaine de la recherche, dans le Nord-Est. Cependant, elle peut
s’appuyer sur l’apparition d’une Mexamerica formée de twin cities (villes jumelles), s’organisant grâce à des
synergies frontalières (maquiladoras, 2/5 des exportations mexicaines). Devant les problèmes liés à
l’immigration hispanique, les Américains renforcent leur collaboration avec le reste de l’Amérique Latine et
des Caraïbes en développant le système des maquiladoras.
3.
L’intérieur et les marges de la puissance américaine
Le reste du territoire américain (piémont appalachien occidental, grandes plaines, hautes terres de l’ouest)
est constitué d’immenses espaces peu peuplés formant des zones de cultures ou des espaces de réserves. Ces
régions sont éloignées des centres décisionnels et de production, présentent des climats généralement rudes ; on
y observe un poids important des activités primaires, une faible densité des moyens de transport ou de
communication et un réseau urbain non hiérarchisé. Leur dynamique démographique est ralentie.
Les Grandes Plaines constituent l’un des greniers du monde avec la moitié de la production américaine de
maïs, les 2/3 de celle de blé, la présence de FMN de l’agroalimentaire comme Cargill. On y rencontre toutefois
quelques pôles dynamiques (Kansas City, Denver) qui attirent la population de ce vaste espace agricole. Les
Rocheuses forment un vaste espace vide, de réserve mis à part quelques îlots miniers, agricoles ou touristiques
(Phoenix, Las Vegas, Salt Lake City)
Traitons à part, maintenant, les deux Etats n’appartenant pas au mainland : l’Alaska et les îles Hawaï. Il
s’agit d’espaces lointains mais stratégiques. Le premier constitue un espace de réserve disposant d’importantes
ressources naturelles (forêts, pétrole, gaz, minerais, poissons) mais aussi un lieu stratégique proche de la Russie.
Les îles Hawaï qui se développent grâce à l’agriculture de plantation et, maintenant, au tourisme, forment aussi
une position stratégique au cœur du Pacifique (1/3 des îles appartient à l’armée américaine).
Les Etats-Unis sont la première puissance mondiale dans tous les domaines : politique, militaire,
économique, financier. Ils dominent le monde grâce à leur territoire et à leur population. En effet, la population
constamment renouvelée des Etats-Unis a su exploiter au mieux les ressources que lui offrait un immense
territoire. Cette hyperpuissance, cette superpuissance des Etats-Unis a des répercussions sur l’organisation du
territoire américain. En effet, pour pouvoir contrôler au mieux la planète, les Américains ont développé les
régions frontalières du pays : le Nord-Est en direction de l’Europe, la Sun Belt en direction de l’Amérique
Latine et de l’Asie. Seules les relations avec l’Afrique paraissent ne pas jouer de rôle dans l’organisation du
territoire américain, ce que confirme la faible importance du commerce entre les Etats-Unis et ce continent.
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Devant l’émergence de la concurrence européenne, les Etats-Unis ont mis en place, avec le Canada et le
Mexique, l’ALENA. La façade atlantique de l’Amérique du Nord joue-t-elle le même rôle de moteur
économique pour le continent américain que le Nord-Est pour les Etats-Unis ?
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