dans la tourmente ou Les Déom de Behême pendant la
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dans la tourmente ou Les Déom de Behême pendant la
Les "Galanthommes" dans la tourmente ou Les Déom de Behême pendant la période 39-45 "L'armée allemande est entrée à Prague le 14 mars 1939. Mais Hitler veut aller plus loin dans sa volonté d'intégrer dans le Grand Reich toutes les populations germaniques. Le 1er septembre, avec sa brutalité coutumière, il envahit l'ensemble de la Pologne "déconstruisant" ainsi par la force l'Europe bâtie en 1919 par le si fragile traité de Versailles. En Belgique, un Cabinet d'union nationale déclare sa ferme volonté de maintenir la neutralité du pays. Neutralité armée afin de dissuader les belligérants quels qu'ils soient (l'Allemagne, la France et l'Angleterre) de pénétrer sur son territoire. Afin de mettre sur pied une armée de 550 000 hommes, les militaires en congé illimité doivent, dès le 1er septembre 1939, rejoindre par la voie la plus directe et la plus rapide l'endroit indiqué sur leur ordre de rappel. Commence ainsi la longue attente jusqu'au 10 mai 1940. Renouvelant son geste odieux de 1914, l'Allemagne envahit la Belgique. Sous le commandement du Roi Léopold III, l'armée belge se dresse héroïquement contre l'envahisseur. Pendant 18 jours, les troupes belges résistent puis doivent abandonner leurs positions aux frontières pour reculer vers la mer. Le front français enfoncé, le corps expéditionnaire britannique rembarqué, des rumeurs parlent d'armistice du côté français, la confusion et la démoralisation s'installent. Le 28 mai, la capitulation est signée : 6 200 soldats belges dont 528 Chasseurs ardennais ont été tués, près de 12 000 blessés. L'ennemi a fait prisonnier plus de 200 000 hommes aussitôt envoyés dans les camps en Allemagne. Suivons à présent le parcours mouvementé de quelques cousins de Behême en cette période de tourmente. Albert Déom de Behême termine son service militaire en septembre 1938. Le jour de la mobilisation, en septembre 1939, il se retrouve au 4ème Régiment de Chasseurs ardennais (dédoublement du 1er Régiment). De Flawinne, il rejoint Amay puis Seilles où il sera gradé sergent dans une compagnie antichars. La guerre le surprend, le 10 mai 1940, dans les tranchées de Seilles. Pénible recul vers Marche-les-Dames, le fort de Cognelée, Marchovelette, Braine-le-Comte et la Lys. C'est aux environs de Deinze qu'il sera fait prisonnier après trois derniers jours de durs combats qu'il n'oubliera pas. Le leurre allemand du "cachet" qu'il faut absolument recevoir à Anvers pour obtenir la libération, dirigera docilement les prisonniers vers Walschoord dans une atmosphère de défaite, à peine nourris, les pieds endoloris de marcher sous la garde des sentinelles allemandes impitoyables. Ils embarquent dans quatre allèges rhénanes à raison de 1 500 à 1 600 par bateau. Ils s'y trouvaient pressés les uns contre les autres, harassés et déprimés, certains à fond de cale où tout n'était que graisse, huile, poussière de charbon. Le ravitaillement était sommaire, la soif intense. Et c'est ainsi qu'ils allèrent vers Willemstad, petite ville hollandaise. Le 30 mai 1940 à 19 h 20, le "Rhenus 127", une des quatre unités du convoi de malheur, sautait et se brisait en deux en heurtant une mine magnétique semée dès le 10 mai par l'aviation allemande dans ces eaux où toute navigation devait être empêchée. Et pourtant, on avait sans égard aucun, lancé dans ce danger les quatre allèges chargées de soldats belges prisonniers. Cent soixante quatre d'entre eux périrent dans ce naufrage ! Le lendemain, le reste du convoi s'est remis en route jusqu'à Bocholt en Allemagne où les prisonniers furent parqués dans des wagons à bestiaux dans les mêmes conditions d'inconfort et de surnombre. Puis ce fut le long voyage en train jusqu'au stalag XVII B à Krems en Autriche. Albert, après dix mois de travail en ferme, rentre au camp et profite de ses "connaissances" de la langue germanique pour obtenir sa libération et son retour à Behême. La guerre n'est cependant pas terminée pour lui. Il sera actif dans la Résistance, plus spécifiquement dans "l'Armée Blanche". René Déom fait son service militaire au 1er Régiment des Chasseurs ardennais lorsque la mobilisation générale, du 1er septembre 1939, le transfert au 4ème Régiment à Flawinne. Durant ces cinq années, d'autres cousins Déom de Behême et d'Anlier verront leur sort jumelé à celui de René. Je veux citer Firmin, Gaston et Alphonse (qui n'est pas un "Galanthomme" mais un "Colla") et Vital Detaille qui épousera Palma Déom, sœur d'Albert et de René. Ce 10 mai 1940, les avions de transport ennemis avaient laissé tomber des nuées de parachutistes derrière les positions défendues par les troupes belges des Chasseurs ardennais. Beaucoup étaient tombés aux environs de Rancimont. À cette époque de l'année, on avait accordé aux soldats belges agriculteurs des congés saisonniers pour l'ensemencement des champs. Le matin du 10 mai, lorsque les soldats de Behême (dont René, Gaston, Firmin, Alphonse et Vital) en congé apprirent par la radio l'attaque allemande, ils durent rejoindre leur régiment par les moyens les plus rapides. Joseph Detaille mit un camion à la disposition des permissionnaires. Le camion et ses occupants ne purent aller bien loin car des parachutistes allemands stoppèrent le convoi sur la grand-route à Rahiquet dans le bois de la Cornaille. Les soldats de Behême furent donc faits prisonniers aux premières heures, enfermés dans une maison de Rancimont sous les tirs d'un canon belge installé à Léglise, dirigés ensuite à pied à travers la forêt sur Traimont, Fauvillers, Warnach. Ici, tenaillés par la faim, ils cuiront dans un cabouloir un cochon acheté à Arlon par le curé du village. Le pain était si dur, raconte René, qu'il devait être taillé au hache-paille. La malchance les rejoindra encore lors du départ de Warnach. À l'arrivée des trois bus qui devaient les diriger vers l'Allemagne, pour ne pas être séparés, nos trois cousins se rassemblent et se pressent à entrer dans le bus. Mal leur en prit car les derniers, n'ayant pas trouvé de place, furent libérés le lendemain ! René, Gaston, Firmin, Alphonse et Vital sont donc en route vers l'Allemagne, à Fallingbostel au stalag XI B. Durant cinq longues années, ils creuseront des tranchées puis travailleront à Hanovre dans la fabrique "Pelikan" (couleurs, chimie). Alphonse y sera blessé, déclaré inapte au travail et libéré. Pour les autres, en "expert cultivateur", ils travailleront dans des fermes de la région de Utze. René refusant un jour d'obéir à l'Allemand, se retrouve en avril 1944 dans un commando disciplinaire. Malade, il rentre au camp puis à l'hôpital militaire de Fallingbostel jusqu'à la Libération. Tous seront de retour à Behême entre le 30 avril et le 8 mai 1945. Je dois ajouter la participation active et courageuse de Clémentine et Lucien Déom dans les opérations de la Résistance. Dans un souci de vérité, j'ai questionné sur le comportement des cousins restés au pays pendant ces années : jamais je n'ai pu rencontrer le moindre soupçon d'incivisme ou de collaboration. Victimes ou héros, ils ont été jetés, souvent à cause de leur jeunesse, dans le tourbillon sanglant de la guerre. Les quelques phrases couchées dans ce résumé sont incapables d'exprimer les souffrances, les angoisses, les peurs, les privations, la solitude endurcies par les prisonniers mais aussi par leur père, mère, frères et sœurs qu'ils avaient quittés". Lettre-témoignage envoyée par Christian Déom d’Halanzy en 1998 à André Déom lors de la parution du livre consacré à la généalogie de la famille Déom. Retrouvez également ce texte sur le site d’André à l’adresse ci-après : http://andre.deom.free.fr/Index.htm