Enrique Díez-Canedo Un grand critique espagnol

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Enrique Díez-Canedo Un grand critique espagnol
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Rose Duroux
Enrique Díez-Canedo
Un grand critique espagnol
A mes amis des deux rives
Michael Nerlich
Aurora Díez-Canedo
L’histoire de la critique contemporaine ne peut ignorer le nom de l’une des personnalités espagnoles les plus marquantes de la première moitié du XXe siècle: Enrique Díez-Canedo. Cet écrivain s’emploie à faire connaître à un vaste lectorat
d’Espagne et d’outre-Atlantique les littératures contemporaines et les auteurs qui
comptent. Amoureux „jaloux-zélé“ (grec zêlos) de la littérature, il la recherche dans
le temps et l’espace, la guette dans ses premiers bourgeons comme dans ses derniers éclats, lui offre son savoir et sa sensibilité, en diffuse les valeurs existantes
ou naissantes.1 Attiré par les théories de la littérature comparée, il repousse les
limites nationales et s’ouvre à l’espace sans frontières de la littérature universelle.
Sa pratique de la traduction nourrit sa vocation de comparatiste. Il contribue de la
sorte au renouvellement des études hispaniques et, sur ce terrain, devance ses
compatriotes.
Il en résulte que ses „notices“ sont attendues. Ainsi Valery Larbaud porte cette
mention sur son Journal le 14 janvier 1918: „Dans España de la semaine dernière,
il y a une note excellente et fort judicieuse de Díez-Canedo sur Ramón Gómez de
la Serna“.2 C’est à Canedo qu’il confie la traduction de son roman phare Fermina
Márquez. Il le tient, et il n’est pas le seul de sa génération, pour „le premier d’entre
les critiques espagnols“.
Brève biographie: une vie au service des lettres (1879-1944)
Díez-Canedo se familiarise très tôt avec les langues péninsulaires, sa famille
s’installant successivement à Valence, Vigo, Port-Bou, Barcelone, Madrid. C’est à
Madrid qu’il entreprend des études de droit visiblement moins intéressantes, pour
lui, que la poésie ou les conférences de l’Ateneo. En 1906 et 1907, paraissent ses
premiers recueils de poésie. Dans le même temps, il s’adonne à la traduction poétique et à la critique littéraire ou artistique. Il aime faire dialoguer les arts. Son long
séjour à Paris, de 1909 à 1911, va produire une accélération de sa carrière littéraire. Il est introduit à la NRF. Son horizon s’élargit. C’est à Paris, ville d’exils, qu’il
renforce ses liens avec la culture portugaise et hispano-américaine.
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A son retour en Espagne, il donne des cours d’histoire de l’art, de langue et de
littérature françaises. En 1913, il publie avec Fernando Fortún l’ouvrage qui a fait
son renom dans l’aire hispanique: La poesía francesa moderna. A partir de 1917, il
participe au lancement des Editions Calpe; c’est l’occasion de faire paraître Poemas en prosa de Baudelaire, Del toque de alba al toque de oración de Francis
Jammes ou de préfacer La otra América du critique chilien Armando Donoso. Chez
Calleja, aussi, il publie des traductions – de Jules Renard à Heinrich Heine. Il est
en relation avec les hommes de la Institución Libre de Enseñanza. Ses amis sont
Manuel Azaña, Juan Ramón Jiménez et Alfonso Reyes – en Espagne depuis
1914. Il fréquente les cercles d’intellectuels, sans délaisser la poésie (Algunos versos) et les voyages à Paris. Infatigable, il assume la direction de la collection „Cuadernos literarios“ de La Lectura, avec Reyes et Moreno Villa. Sa collaboration à
des revues et des journaux espagnols s’étoffe – Índice, La Pluma, Revista de Occidente, El Sol, La Voz – et s’étend à La Nación de Buenos Aires et à El Universal
de Mexico
L’année 1927 marque un nouveau tournant dans sa carrière. Pour la première
fois, il se rend en Amérique du Sud. Les écrivains américains prennent une importance croissante dans son œuvre. Il en ramènera Epigramas americanos (1928). Il
trouve le temps de traduire Siegfried de Giraudoux (1930) ou de rédiger son magistral Los dioses en el Prado (1931). A l’avènement de la République, il repart en
Amérique pour une nouvelle série de conférences: New York, Mexico. De 1933 à
1934, il est „ministre culturel“ de la République espagnole en Uruguay. Il entre à
l’Académie Espagnole, en 1935; son discours intègre pleinement l’Amérique. En
1936, il est nommé ministre de la Légation espagnole de Buenos Aires mais,
l’année suivante, il décide de rentrer pour apporter son aide à la cause républicaine et il s’investit dans la publication de Madrid et Hora de España.
A la fin de l’année 1938, alors que la guerre est pratiquement perdue, il accepte
l’invitation du gouvernement mexicain dont Daniel Cosío Villegas est le médiateur.
En exil, son activité demeure intense: il est présent à l’Université Autonome de
Mexico, à la „Casa de España“,3 dans les cafés littéraires et, surtout, dans les colonnes des revues. Il garde un goût marqué pour l’industrie du livre qu’il impulse.4
L’impression de Letras de América s’achève le jour de sa mort, le 6 juin 1944.5
La prestigieuse bibliothèque de Enrique Díez-Canedo
Ordonner une bibliothèque est une manière
silencieuse d’exercer l’art de la critique.
J. L. Borges
On l’aura compris Canedo avait un vice, „ce vice impuni, la lecture…“. Cet „amateur“ de livres – au sens larbaldien du terme –, ce „dégustateur“ (conocedor y catador dira Blanco Fombona), pratique, outre le français et l’anglais, le catalan,
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l’italien, l’allemand, le portugais et s’intéresse au russe et au norvégien. Il traduit
Whitman, Maragall, Croce, Heine, Gomes Leal, etc. Sa culture impressionne:
„Lorsqu’en bavardant avec Alfonso Reyes, raconte José Luis Martínez, nous butions tous deux sur un point, don Alfonso me disait: ‘Ça nous le demanderons à
Enrique Díez-Canedo’“.6 De même, c’est vers Canedo que se tourne Larbaud en
mal de documentation: „Comment faire? A qui m’adresser? A Díez-Canedo?“.7
Depuis toujours, il fréquente les bibliothèques. Le Mexicain Alfonso Reyes, en
exil à Madrid, observe ce lecteur singulier:
[Canedo] Dedicaba desde su primera juventud, un buen par de horas diarias a
examinar cuantos libros, revistas y hojas hispanoamericanas encontraba en la
Biblioteca del Ateneo de Madrid o en las redacciones de los periódicos. Era para él la
cosa más natural del mundo cuando a los demás les parecía una verdadera paradoja.8
Par ailleurs, sa bibliothèque personnelle est „richissime“, une bibliothèque qu’on
aimerait visiter, au XXIe siècle, comme on visite celle de ses amis: la Thébaïde de
Valery Larbaud à Vichy,9 la Capilla Alfonsina d’Alfonso Reyes à Monterrey. Impossible. La sienne a disparu, réquisitionnée, démembrée, en 1939. Une partie s’est
retrouvée à la Biblioteca Nacional. Mais quid des „précieuses archives“10 qu’évoque Reyes?
Asombrará algún día la curiosidad y minuciosidad de sus notas y recortes sobre todas
las manifestaciones de la literatura de nuestra lengua, en las regiones más apartadas
si es que recobramos al fin el precioso archivo, tal vez perdido en los desastres
españoles.11
Essayons de redonner corps à cette bibliothèque défunte à travers le regard de
ceux qui l’ont admirée et auxquels elle est apparue comme la plus riche „librairie
française“ et, de loin, la meilleure bibliothèque latino-américaine de Madrid. L’écrivain chilien Armando Donoso l’a visitée en 1928:
Los libros, en ringlas apretadas, cubren los muros. Librería envidiable la suya por la
selección y el buen gusto, en la cual encontramos lo mejor del simbolismo francés y lo
más reciente de las letras transpirenaicas: Proust, Rémy de Gourmont, Gide, Valery
Larbaud; y los poetas, sobre todo los poetas, en las ediciones más raras y cuidadas.
En un saloncito contiguo volúmenes americanos. El día que llegamos a visitarle nos
dice:
– Aquí están ustedes, todos ustedes.
En efecto, pulcramente alineados en sus filas, los libros de la Mistral, de Pedro Prado,
de Barrios, de Joaquín Edwards, de Contreras; las antologías de poetas, uno que otro
libro antiguo; muchos volúmenes argentinos, uruguayos, mexicanos, de Cuba, del
Perú, colombianos; todo lo de América, en fin; eso que responde a un estudio regular,
a una simpatía constante [...].12
La voici telle qu’elle apparaît, en 1932, au Mexicain Enrique González Martínez:
En aquellos muros tapizados de libros, los nuestros ocupan mayor espacio que en
muchas bibliotecas mexicanas, y era para nosotros motivo de sorpresa jubilosa el
advertir que en tan insigne morada, recinto para el estudio noble y el trabajo asiduo,
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ningún autor mexicano era ignorado, ninguna obra desconocida, ningún prestigio
olvidado, ningún suceso transcendental arrojado al rincón de la indiferencia.13
Il est facile d’imaginer l’amertume de cet homme dépaysé qui écrit, en 1939, en
note liminaire de Letras de América, à propos des articles publiés: „ils constituent
une partie seulement de ceux que j’ai écrits durant ma vie: une autre partie s’est
perdue avec mes papiers et mes livres à Madrid“. Mais, obstinément, il s’entourera
à nouveau de livres. Ses étudiants se souviennent: „comenzamos a frecuentar el
departamento de los Díez-Canedo, por el rumbo de la Tabacalera, que se iba
llenando de libros que compraba don Enrique“.14 Et c’est à partir de cette nouvelle
bibliothèque mexicaine que ses descendants travaillent à reconstituer un lieu de
mémoire Díez-Canedo.15
Ce „liseur“ généreux aime faire profiter ses amis de ses livres. Antonio Castro
Leal en témoigne: „Los libros que le enviaban los escritores americanos corrían de
mano en mano entre los escritores españoles.“16 Avec ses lecteurs, il partage ses
découvertes: l’esthète en herbe, le penseur nouveau, le poète débutant… Il possède la réceptivité à l’œuvre nouvelle si bien formulée par Larbaud dans Ce vice
impuni, la lecture…:
Le plus grand de tous les plaisirs, peut-être, est celui de voir clairement et presque du
premier coup d’œil ce que vaut un livre. Plaisir d’expert. Deux ou trois pages, souvent,
lui suffisent […]. Il sera satisfait d’être un lecteur et de recommander à ses meilleurs
amis, discrètement, les livres qu’il aime, qui passent presque inaperçus, et qui seront
célèbres dans vingt ans.17
De nombreux contemporains ont apprécié sa „sensibilidad despierta para leer“.18
Le critique chilien Armando Donoso admire sa vision anticipatrice des courants
littéraires et artistiques en gestation:
Lector tan frecuente de Apollinaire, de Cocteau, de Reverdy no podía sino ser el
primero en comprender toda manifestación original de la poesía lírica. Es preciso leer
sus artículos enviados a La Nación de Buenos Aires sobre la poesía nueva de España
para sentir hasta donde la sensibilidad del crítico se mantiene en esta constante
tensión que le permite anticiparse a cada expresión inusitada del arte.19
Pour illustrer ce flair du „libro nuevo“ (un titre de Gómez de la Serna), prenons un
exemple concret: Max Aub (mais cela aurait pu être Francisco Ayala, cf. El Sol, 24-1925). En 1925, Díez-Canedo rédige le prologue de Poemas cotidianos, une
édition privée tirée à 50 exemplaires d’un jeune inconnu, Max Aub. C’est le premier texte qu’on ait écrit sur Aub. Le critique ne cache pas les faiblesses rythmiques de cette jeune poésie mais salue l’authenticité et la vérité multiple d’Aub („Me
da la sensación de un hombre múltiple“). Prescience rare qui, de l’aveu même de
Max Aub, porta loin ses fruits:
Si he tenido confianza en lo que hice [...] fue porque Canedo me dijo: –Está bien, esto
está bien, esto no está bien. Y tan seguro sigo fiado en su criterio que aquí lo vengo a
decir: Canedo fue el crítico literario más sagaz que ha tenido España este siglo, el que
supo discernir con más claridad lo que fue y queda.20
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Mais n’allons pas faire de Canedo un cas isolé. Il fait partie de la première génération d’„intellectuels“ internationalistes (concept nouveau), avec des organes
d’expression tels que La Revue européenne, et des organismes „autourdumondistes“: Bourses Albert Kahn, Société „Autour du Monde“, „Residencia de Estudiantes“, etc. De nombreux intellectuels espagnols du début du siècle ont bénéficié
d’une bourse de la Junta para Ampliación de Estudios et se sont formés à
l’étranger: en Allemagne (Ortega, De los Ríos), en France (Machado, Zulueta, Jiménez de Asúa). Ils seront correspondants de guerre en Angleterre (Maeztu, Araquistain, Madariaga) ou en France (Azaña, Corpus Barga, Guillén). Il y a les villescarrefour: Paris, bien sûr, mais aussi Londres où l’on fonde, en 1920, le club des
„Poets, Essayists, Novelists“ (PEN Club), une association internationale pour promouvoir les relations entre écrivains du monde. Enrique Díez-Canedo est membre
fondateur pour l’Espagne.21
Et de partout arrivent des livres… C’est même un leitmotiv de la correspondance qu’échangent tous ces „passeurs“. C’est clair dans le „réseau Larbaud“,
dont fait partie Canedo. VL écrit d’Italie à la libraire de la rue de l’Odéon, Adrienne
Monnier:
j’ai reçu mon courrier de Paris […] des cartes de Joyce (à Ostende), de Supervielle et
Díez-Canedo, de Guillermo de Torre, de Pierre André-May (à Saint-Pourçain-surSioule!), de Marcel Ray, et une lettre de Ricardo Güiraldes m’annonçant l’envoi de ‘Don
Segundo Sombra’.22
Critique traducteur et traducteur critique
Díez-Canedo prêche par l’exemple la saisie „scientifique“ des courants littéraires à
travers leurs contextes, racines et répercussions; il donne à voir des analyses „au
plus près“ de l’œuvre, de sa structure, de ses ressources prosodiques…23 Il devance ses contemporains pour valoriser les poètes oubliés – „Góngora el desconocido“ –, pour cartographier sereinement la Generación del 27, pour capter le
renouveau chez les écrivains dits périphériques (catalans et portugais) dont il traduit des poèmes majeurs.24
Sa „pesée des mots“ lui confère une véritable modernité dans le champ hispanique de la critique. Un bon exemple nous est fourni par son essai Juan Ramón Jiménez en su obra où il passe avec aisance de l’analyse textuelle à la théorie littéraire. Cet ouvrage contient une lettre où le poète de Moguer demande instamment
à Díez-Canedo de s’atteler à une histoire de la littérature: „[vos analyses] feraient
de vous, comme je le dis depuis vingt ans, l’historien le plus compétent et le plus
serein de la littérature contemporaine espagnole en général. Pourquoi ne vous y
mettez-vous pas?“.25 Un jugement qui a du prix porté qu’il est par un poète avare
en satisfecit!
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Díez-Canedo, qui s’est familiarisé avec l’œuvre des historiens du comparatisme,
excelle dans l’analyse transfrontalière et transgénérique.26 C’est fort de cet outil
qu’il pénètre la littérature étrangère et la présente au public hispanique. Il n’est pas
de littérature moderne qu’il ne recherche et étudie. Aussi, hors de l’aire hispanophone, ce „Sainte-Beuve“ (comme l’appelle Chabás) jouit-il de prestige: Fitzmaurice-Kelly, Cassou, Puccini et bien d’autres apprécient sa curiosité intellectuelle
toujours en éveil.
Díez-Canedo aurait pu faire sienne la devise de Paul Ricœur, dans son essai
Sur la traduction: „Honneur, donc, à l’hospitalité langagière“.27 La littérature, sans
la traduction, serait „tribale“ (Nyssen). Elle n’est pas une activité mineure, périphérique, en marge de l’Œuvre-à-majuscule. La tâche du traducteur est la base de la
communication littéraire. De plus, elle est (re)création. Le traducteur-poète est à
son élément devant les barrières du traduisible: „C’est le deuil de la traduction absolue qui fait le bonheur de traduire“.28 N’est-ce pas la traduction de l’anglais qui a
conduit Mallarmé vers ses expériences sur le langage poétique? Canedo
s’intéresse aux traductions des autres. Les Géorgiques chrétiennes de Francis
Jammes dans la version catalane de María Antònia Salvà lui paraissent plus sonores, plus fermes, que les françaises. Il collationne les versions en espagnol du Cimetière marin.29
D’un point de vue quantitatif,30 l’investissement de Canedo-traducteur se mesurerait ainsi: la langue française vient en tête suivie, loin derrière, par l’anglaise31
et, dans une moindre mesure, par le catalan, l’italien, l’allemand32 et le portugais.
Il publie aussi des traductions faites par ses pairs. De son anthologie de 1907 à
son anthologie posthume, Enrique Díez-Canedo a choisi près de deux cents auteurs, dont un nombre important de poètes vivants – beaucoup de Français mais
aussi des Allemands, Anglais, Italiens, Russes, Portugais, Catalans, Américains,
Belges... – ainsi que des traducteurs qu’il a sélectionnés parmi les poètes – Jiménez, Salinas, Alberti, Larrea, Altolaguirre, etc.
Canedo n’a pas systématisé ses idées sur la traduction par un traité, pas plus
qu’il ne l’a fait pour la critique. Mais à l’évidence chez lui la traduction est „une
forme de la critique“: ses traductions et ses analyses communiquent. A tel point
que la plupart des traductions qu’il publie dans España font pendant à un article:
„las más de esas versiones o transcripciones han sido hechas por mí como tema
de estudio, para penetrar bien la estructura íntima de los autores que iba
leyendo“.33 S’ensuivent des textes métapoétiques convaincants.
Résultat: un bon traducteur – tête bien faite et bien pleine – est très demandé.
On peut en juger par la lettre qu’André Gide envoie, en 1917, à Valery Larbaud,
installé à Alicante, au sujet d’une éventuelle traduction de La Porte étroite:
Je demande que la Casa éditorial Calleja entre en rapports avec vous et je vous demande instamment de bien vouloir juger d’après le nom du traducteur proposé (que
j’ignore encore) s’il vous est déjà connu – ou d’après un spécimen de traduction que
vous exigeriez – si cette traduction vous paraît devoir être comestible. Et sinon je vous
serai infiniment reconnaissant de la vomir.34
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Larbaud comme Calleja choisiront Díez-Canedo. Ce dernier avoue „travailler
beaucoup“: „Fermina Márquez sera entièrement traduite en espagnol dans une
semaine. La Porte étroite est chez l’éditeur. Une autre traduction que j’ai faite de
Francis Jammes, De l’Angélus..., vient de paraître“.35 Pourtant, l’effort ne transparaît nullement dans les versions espagnoles. On pourrait appliquer à Canedo ce
jugement de Mathilde Pomès sur Larbaud traducteur:
Ah! Cette conscience en face d’un texte, cette humilité, cette abnégation, ce constant
examen des ressources de la version, et puis le choix mûri, délicat, que tout cela se
sent peu dans les traductions de Larbaud, et que l’artiste a tôt fait de donner au travail
le plus aride la grâce naturelle de perfection spontanée.
Si Canedo pèse longuement ses traductions, en revanche c’est dans l’immédiateté
qu’il compose ses chroniques de théâtre. L’un des intérêts historiques de sa critique théâtrale réside précisément dans le fait qu’il la rédige „à chaud“, souvent à
l’occasion des premières, et ce, régulièrement, de 1908 à 1936, puis au Mexique
dans les colonnes de Excélsior. A côté des pièces à succès, il montre l’importance
des expériences menées par les théâtres d’art ou les théâtres ambulants comme
La Barraca de García Lorca. Même au plus fort de la guerre civile, il en fait une
„mission pédagogique“. Guillermo Díaz-Plaja rappelle son investissement dans „le
théâtre de rue“ de la Barcelone en guerre:
Allí tuve ocasión de tratarle cuando estaba empeñado en la singular aventura de
organizar unas "guerrillas de teatro" que, por calles y plazas, habían de intentar
levantar el quebrantado ánimo de la retaguardia republicana.36
Une fois au Mexique, il rassemble dans El teatro y sus enemigos37 ses idées sur
le théâtre et l’art dramatique mais aussi sur la psychologie des acteurs et leurs relations avec le metteur en scène, le public, les ressemblances et différences avec
le cinéma, les cachets même. Il est fasciné par Edward Gordon Craig, théoricien
du „théâtre total“ (privé de son livre de référence On the Art of the Theatre il se rabat sur la version française), et par Jacques Copeau, acteur, créateur du VieuxColombier, rénovateur de la technique dramatique, auteur, théoricien.
Díez-Canedo était considéré par l’essayiste Juan Chabás comme le meilleur critique théâtral par sa connaissance profonde de la dramaturgie et de la scène et il
appelait de ses vœux la collecte exhaustive de ses notices théâtrales, un pan de
l’histoire littéraire européenne à ses yeux:
Como crítico teatral de mayor autoridad y cultura que todos sus contemporáneos fijó
valores, influyó en el mejoramiento de la escena, aconsejó sabiamente a los actores,
alentó a los autores noveles, tuvo siempre advertencias discretas y sutiles para los
consagrados. Si se pudiesen reunir sus crónicas sobre los estrenos teatrales de las
temporadas madrileñas durante más de diez años, se tendría una de las guías más
importantes para escribir la historia del teatro español contemporáneo y una rica
colección de avisos orientadores sobre el teatro extranjero.38
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Connaisseur de la tradition et détecteur de ruptures, Canedo sait jauger les innovations apportées par Ibsen, Strindberg, Valle-Inclán, García Lorca, etc. Sa passion pour le genre le maintient „à la pointe“.
La prégnance ibéro-américaine
Díez-Canedo a une relation privilégiée avec l’Amérique, une relation saluée par
des écrivains des „deux rives“.39 Dans un texte in memoriam de 1944, Juan José
Domenchina souligne que cette curiosité pour les Lettres d’outre-mer est „un cas
unique“. Selon lui, la plupart des écrivains espagnols ne s’intéressent aux Amériques qu’en vue d’une plus large diffusion de leur propre production.
L’investissement de Canedo en revanche est désintéressé. Sa conception de „la
littérature en espagnol“ n’a cure de ces égoïsmes coloniaux.
Como una de sus dilecciones más evidentes, aireó en toda coyuntura, con satisfacción
ostensible, la atención que le merecían las letras hispanoamericanas. Este caso, su
caso, fue único – y pondérese la exactitud de este nada hiperbólico aserto – entre los
escritores españoles contemporáneos. Porque los escritores españoles contemporáneos, al frecuentar las letras ultramarinas, procurábanse, sobre todo, en este comercio o intercambio, un medio, tan legítimo como eficaz, para la difusión de sus obras originales. Pero Díez-Canedo no actuó nunca con vistas a la reciprocidad. [...]. Porque
para Canedo los problemas españoles no se reducían a las actividades, exclusivamente metropolitanas, de la Península. (Litoral, 14-15).40
Enrique González Martínez lancera cette boutade: „El espíritu de México tiene una
sucursal en Madrid: la casa de Enrique Díez-Canedo“.41 Selon Domenchina, certains prirent cet américanisme inusité pour une pose, voire un „cómodo subterfugio“. Mais Canedo se savait dans le vrai. Et ses complices Valery Larbaud, dont la
bibliothèque hispano-américaine est extraordinaire, et Alfonso Reyes, le plus européen des Américains, l’encourageaient dans cette voie transocéanique. Ecoutons
Reyes parler de celui qu’il appelait „el americano de España“. Il avait vu Canedo à
l’œuvre et collaboré avec lui dans les journaux et revues durant son exil madrilène
et trente ans plus tard au Mexique devenu terre d’accueil du critique espagnol.
Cultura sin fardo, estilo sin estilismo, encanto sin exhibición de saltimbanqui,
entendimiento universal sin alarde ni manifiestos, aceptación congénita de América sin
contorsiones de americanismo; y así en lo demás. (Litoral, 39)
Gabriela Mistral, qui l’appelait quant à elle „el amigo de América“, soulignera la
contribution de Díez-Canedo à la modernisation d’une critique américaine limitée
et agressive:
La crítica constante y regular del madrileño nos ha hecho todavía un bien mayor que el
de presentar nuestra literatura a los españoles, ella ha ido creando lentamente en
nuestra América una modalidad de juicio sofrenada y una sensibilidad más despierta
para leer. Gracias a esta escuela, como a la de Alfonso Reyes, ha amainado
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muchísimo el matonismo de opinión en el que estábamos atollados, especie de ritmo
de fusta y de pedrada.42
Dès son entrée en littérature comme critique, l’„Américain d’Espagne“ montre son
intérêt indéfectible pour les littératures ibéro-américaines. Au pluriel. Il se garde de
les présenter comme un magma indistinct car, s’il tient à retrouver les racines communes, il a aussi à cœur de dégager les spécificités nationales. Depuis le début du
XXe siècle Canedo fréquente l’intelligentsia latino-américaine, à Paris d’abord, spécialement le Nicaraguayen Rubén Darío. Mais c’est surtout à Madrid qu’il a su entendre la leçon des écrivains du Mexique, et d’autres pays, exilés en Espagne
dans les années 1910, tels Alfonso Reyes et Martín Luis Guzmán, qui lui apprennent à (re)connaître diverses caractéristiques des peuples américains. Et aussi
Franscisco de Icaza, Luis G. Urbina… Son penchant pour les études de littérature
comparée trouve là un formidable terrain d’application. Il est impossible de rendre
compte ici du nombre d’auteurs ibéro-américains qu’il a „étudiés“ pour le public
espagnol.43 Il souligne la dette (la sienne, celle de l’Espagne) envers eux et estampille la formule la influencia de retorno pour désigner l’influx de la jeune Amérique qui féconde le vieux continent. Aussi, lorsqu’en 1935 il doit prononcer son discours d’entrée à l’Académie Royale de la Langue, le sujet pour lui ne fait-il pas
l’ombre d’un doute: ce sera l’unité et la diversité des Lettres hispaniques.
¡Diversidad de América, pareja en su ser físico y en su expresión literaria! Diversidad
que es, por encima de todo, aspiración a la personalidad propia y distinta, nunca
lograda a expensas de la profunda unidad [...]. Todo ello para enriquecimiento mayor
del tesoro literario común.44
Quand viendra son tour de prendre le chemin de l’exil, il lui sera loisible, grâce à
ces liens tissés depuis longtemps, de poursuivre son œuvre déjà mûre quelques
années encore, sous les auspices de personnalités telles que A. Reyes ou E. González Martínez. Ce dernier prononcera cette oraison funèbre:
De no ser en su España – en su España ya victoriosa y purificada –, era en México
donde debía morir. (Litoral, 20)
Dernier aspect et non le moindre: le poète
Bien que notre but soit ici de parler du critique, nous ne pouvons passer sous silence le poète. D’abord, parce qu’il existe un lien osmotique entre ses postulats
théoriques et sa création laquelle à son tour irradie l’analyse. L’historien de la littérature Federico de Onís, son contemporain, a pu écrire que s’il ne parvient pas,
comme poète, à occuper la place prééminente et unique qu’il occupe comme critique, il n’en demeure pas moins „l’un des poètes les plus distingués du moment
postmoderniste“.45
Après un long oubli, cette poésie – où Juan Ramón Jiménez décelait „le sens de
la peinture et de la musique“46 – est exhumée par des écrivains espagnols (Tra54
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piello) et hispano-mexicains (Muñiz-Huberman).47 Pour Angelina Muñiz-Huberman, il est „plus connu comme critique plus aimé comme poète“.48 Et elle dit pourquoi: Canedo conjugue harmonieusement de multiples sources: passées ou présentes, livresques ou populaires, musicales ou picturales; dans un poème ténu
comme „Watteau“, pour ne prendre qu’un exemple, il parvient à rendre la tonalité
dorée de la palette du peintre. Une poétique de l’intime se tisse peu à peu. Ainsi
dans „Letras“ les conseils du père à son fils, teintés de philosophie, combinent délicatement l’art du conte et l’autobiographie. A. Muñiz-Huberman en vient à considérer sa poésie comme un véritable journal intime, un journal où s’inscrivent les
expériences matérielles et immatérielles qui modèlent l’homme.
Nous terminerons par la plaquette El desterrado / L’exilé,49 un recueil habité à
la fois par l’idée de l’exode biblique et historique. Sous le poids définitif de cet exil,
la dépossession avance („toi qui n’as rien“). Muñiz-Huberman ausculte ce détachement, cette transparence, ce silence: pas d’image, pas de métaphore, pas d’écho.
Mais si la poésie s’évide elle gagne en signifiance. Avec le poème „El desterrado“,
qui clôt le recueil de même nom, l’épreuve que la voix poématique s’inflige à ellemême efface l’histoire et la mémoire. Un pas définitif est franchi: la voix assume sa
propre mort dans la plénitude de la création („rien ne se perd: ce qui est passé et
aboli est là, vivant“). L’exil n’est qu’un artifice de l’Histoire, alors que le cycle de la
mort („poussière“) est naturel: une promesse d’éternel retour („germe“), tel est le
mot de la fin. Le noyau dur du poème desterrar / enterrar résiste à traduction.
[...] Nadie podrá desterrarte;
tierra fuiste, tierra fértil,
y serás tierra, y más tierra
cuando te entierren.
No desterrado, enterrado,
serás tierra, polvo y germen.
A notre sens, „El desterrado“, aboutissement d’une vie traversée par la littérature
et l’histoire, est l’un des plus beaux poèmes qu’on ait écrits sur l’exil. Et ses compagnons de l’España peregrina ne s’y trompent pas. Si l’on en croit Francisco Giner de los Ríos, „El desterrado“ est considéré par les réfugiés espagnols du Mexique comme l’emblème et le chiffre de leur exil: „era la divisa de todos nosotros, la
cifra de nuestro ser desterrado“.50
Loin de nous l’idée d’enfermer l’„“honnête homme“ dans sa „librairie“, ou de le figer dans l’île de relégation (l’antique relegatio) qu’est l’exil. Pleinement homme de
son temps, cet „humaniste moderne“ est de tous les combats qui comptent, avec
son arme à lui: la littérature. Il ne fait aucun doute que, dans les „camps de dispersion“ de l’exil si bien cernés par José Bergamín, cet infatigable lecteur qui les a
tous lus, continue de colliger, de créer du sens et du lien. Et soyons sûrs que s’il
mise, inlassablement, sur la circulation littéraire, c’est par une volonté „d’éducation
générale permanente“.51
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Ce texte doit beaucoup à l’écrivaine hispano-mexicaine Angelina Muñiz-Huberman,
„Enrique Díez-Canedo entre la crítica y la poesía [A la memoria de Joaquín DíezCanedo, 1917-1999]“, in: Homenaje a Enrique Díez-Canedo Reixa, CAUCE, Revista de
Filología y su Didáctica, 1999-2000, n° 22-23, Université de Séville, p. 271-285; Id.,
„Enrique Díez-Canedo, El americano de España“, El Canto del peregrino. Hacia una poética del exilio, Sant Cugat del Vallés (Barcelone), Gexel-UAB/UNAM, 1999, p. 139-154.
Valery Larbaud, Journal (1912-1935), t. I, Mallet, Gallimard, 1955, p. 190.
Clara E. Lida, „Los intelectuales españoles y la fundación de El Colegio de México“, El
destierro español en América. Un trasvase cultural, compilation de N. Sánchez Albornoz,
Madrid, ICI, 1991. EDC figurait dans le groupe initial de douze intellectuels invités par La
Casa de España en México, dont les promoteurs furent Daniel Cosío Villegas et Alfonso
Reyes. Elle devint El Colegio de México à partir de 1940. José Luis Abellán (coord.), El
exilio español de 1939, Madrid, Taurus, 1976, 6 vol., vol. III.
Son fils Joaquín, l’éditeur Joaquín Mortiz, s’illustrera dans l’art du beau livre, à la manière
de l’imprimeur hollandais A. M. Stols.
Compilations ultérieures: La poesía francesa: del romanticismo al superrealismo; deux
nouvelles séries de Conversaciones literarias; Artículos de crítica teatral (4 vol.); Obra
crítica, etc. Plus la correspondance éditée par Aurora Díez-Canedo, vid. infra.
J. L. Martínez, „Recuerdo de Don Enrique Díez-Canedo“, Cauce, op. cit., p. 13. M. Pomès confirme: „J’ai vu Díez-Canedo. […] J’espérais le coller avec Gosquet, Erlande ou
Camo. Impossible! C’est lui qui m’a collée!“, Lettre du 10-9-1922, in: Valery Larbaud Mathilde Pomès, Correspondance, édition établie et annotée par Béatrice Mousli, Cahiers
des Amis de Valery Larbaud, n° 30 et 31, 1992-1993, n° 30.
Lettre du 11-11-1922, „Valery Larbaud /Mathilde Pomès…“, op. cit., n° 31.
A. Reyes, Presentación del libro Díez-Canedo, México, Letras de América, 1964, cité par
P. Navarro Alcalá-Zamora, „La esencia de la dimensión iberoamericana en Enrique DíezCanedo“, Cauce, op. cit., 287-333, p. 291.
La bibliothèque de V. Larbaud possède six ouvrages de Canedo, des études, des lettres,
envoyés jusqu’en 1935. Consulter La Médiathèque de Vichy. Fonds Larbaud: Domaine
espagnol, Numéro conçu et réalisé par R. Duroux, Cahiers des Amis de Valery Larbaud,
n° 36, 1999.
Lettre de A. Díez-Canedo à R. Duroux, Mexico, 6-9-2002: „[...] muchos de los libros que
fueron ‘incautados’ al final de la guerra están en la Biblioteca Nacional de Madrid y para
reconstruir lo que fue su biblioteca habría que contar con eso“. „Biblioteca saqueada e
incautada“ écrit-elle dans Aurora Díez-Canedo, „Traducir poesía. Correspondencia entre
Enrique Díez-Canedo y Enrique González Martínez“, Literatura mexicana (2) 2005, 187205, p. 197.
A. Reyes, Presentación..., op. cit., p. 291.
Armando Donoso, „Díez-Canedo, el crítico de América“, Repertorio Americano, San
José, XVI, 1928, p. 46.
Cité par Aurora Díez-Canedo, „Traducir poesía...“, op. cit., p. 197.
José Luis Martínez, „Recuerdo de Don Enrique Díez-Canedo“, Cauce, op. cit., p. 13.
Aurora Díez-Canedo, „Apasionados de teatro. Las cartas de Cipriano Rivas Cherif
(Francia) a Enrique Díez-Canedo (México) en 1939“, in: 60 Años después. Las literaturas
del exilio republicano de 1939, Barcelone, GEXEL, 2000, 2 vol., t. I, p. 327. Il s’agit de la
bibliothèque et des archives mexicaines de Enrique Díez-Canedo et de son fils l’éditeur
Joaquín Mortiz. Voir: Edición Homenaje, Rte: Joaquín Mortiz, Université de Guadalajara,
1994. Aurora, sa petite-fille, reprend le flambeau.
Hommages
mmages
16 Purificación Navarro Alcalá-Zamora, op. cit., 291-292, p. 287.
17 V. Larbaud, Ce vice impuni, la lecture…. Domaine anglais [1925], Paris, Gallimard, 1936,
p. 24. Parmi les ouvrages dédicacés par Larbaud à Díez-Canedo, „retrouvés“ à la Biblioteca Nacional de Madrid, figure Ce vice impuni, la lecture...: „A Enrique Díez-Canedo. Su
amigo VL“. Il se trouve également dans la Capilla Alfonsina de Monterrey. Reyes et
Canedo s’en délectèrent.
18 Gabriela Mistral, „Díez-Canedo, el amigo de América“, ABC, 6-3-1932.
19 Armando Donoso, op. cit., p. 46.
20 M. Aub, „Enrique Díez-Canedo“, Pequeña y vieja historia marroquí, Las ediciones de los
Papeles de Son Armadans, „Azanca, 3“, Palma de Mallorca, 1971, 71-81, p. 78.
21 Purificación Navarro Alcalá-Zamora, op. cit., p. 298.
22 Lettre du 1-9-1926, in: V. Larbaud, Lettres à Adrienne Monnier et à Sylvia Beach (19191933), édition établie et annotée par Maurice Saillet, Editions de l’IMEC, 1991.
23 Angelina Muñiz-Huberman: „Enrique Díez-Canedo entre la crítica y la poesía“, op. cit., p.
276-278; Id., „Enrique Díez-Canedo, El americano de España“, op. cit., p. 140-141.
24 Enrique Díez-Canedo (1964) Conversaciones literarias [1e série (1915-1920), 2e (19201924), 3e (1924-1930)], Mexico, Joaquín Mortiz, 1964 (de Ausiás March à Pi i Margall; de
Eça de Queiroz à Teixeira de Pascoaes...).
25 Enrique Díez-Canedo, Juan Ramón en su obra & Correspondencia Juan Ramón
Jiménez/Enrique Díez-Canedo (1907-1944), Aurora Díez-Canedo (éd. et notes), Mexico,
Colegio de México, 2007, Lettre du 6-8-1943, p. 112.
26 Emilia de Zuleta, Historia de la crítica española contemporánea, Madrid, Gredos, 1974.
27 Paul Ricœur, Sur la traduction, Paris, Bayard, 2004, p. 52.
28 Ibid., p. 19.
29 Conversaciones literarias, 1915-1920, Madrid, Ed. América [1921], p. 196-197.
Traducteurs du Cimetière marin: J. Guillén, M. Brull, A. Gutiérrez Hermosillo, R. Lozano,
R. Olivares Figueroa, etc.
30 Selon Marcelino Jiménez Léon, „Algunas ideas sobre la traducción de Enrique DíezCanedo“, Cauce, op. cit., p. 178-179.
31 Nommé chevalier de la Légion d’Honneur, en 1931, pour services rendus à la culture
française.
32 L’un de ses premiers livres de traductions Imágenes (versiones poéticas), Paris, Librairie
Paul Ollendorf, 1909, inclut trois Allemands: Detlev von Liliencron, Ricardo Dehmel, Otto
Julius Bierbaum.
33 „Traductores españoles de poesía extranjera“, in: Conversaciones Literarias, III, op. cit.,
p. 95. NB. Deux essais fondamentaux de EDC ont été publiés dans La Nación de Buenos
Aires: „Traductores españoles de poesía extranjera“ (7-6-1925); „La traducción como arte
y como práctica“ (16-6-1929).
34 Correspondance André Gide Valery Larbaud, 1905-1938, édition établie par Françoise
Lioure, Cahiers André Gide 14, Paris, Gallimard, 1989, L 142.
35 Claire Monnier, „Un traducteur et son auteur: lettres de Enrique-Díez-Canedo à Valery
Larbaud, Cauce, op. cit., 253-269, p. 264. Lettre du 27-1-1921, en français, comme
toutes celles du Fonds Larbaud.
36 Guillermo Díaz-Plaja, „En el centenario de E. Díez-Canedo“, Boletín de la Real Academia
Española, LIX, 1979, 449-450, p. 451.
37 El teatro y sus enemigos, Mexico, La Casa de España, 1939 (vient de faire l’objet d’une
édition critique de la part de Gregorio Torres Nebrera, Badajoz, Junta de Extremadura,
2008).
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Hommages
mmages
38 Cité par Max Aub dans „Enrique Díez-Canedo“, Pequeña y vieja historia marroquí, op.
cit., p. 74, cf. J. Chabás, Literatura española contemporánea (1898-1950).
39 Héctor Perea, „Las dos orillas del exilio hispanoamericano: anticipos y olvidos“, in: AA.
VV., La otra cara del exilio: la diáspora del 39, Madrid, Universidad Complutense, 1989.
40 „Ausencia y presencia del amigo“, A la memoria de Enrique Díez-Canedo, in: LITORAL,
México, août 1944, n° 3 (plusieurs fois facsimilé).
41 Enrique González Martínez, Obras, II, p. 130, cité par Aurora Díez-Canedo, „Traducir
poesía...“, op. cit., p. 197.
42 Gabriela Mistral, op. cit., 6-3-1932.
43 Des auteurs qui vont de José Martí à Jorge Luis Borges. Il projetait certainement d’écrire
un livre sur „Rubén Darío le libérateur“ vu la quantité de notes accumulées à son sujet.
44 Enrique Díez-Canedo, Unidad y diversidad de las letras hispánicas [1-12-1935], Madrid,
Academia Española, 1935, p. 36-37.
45 Federico de Onís, Antología de la Poesía española e hispano-americana, Madrid, 1934,
cité par J. J. Domenchina in: Litoral, op. cit., p. 14-15. R. Blanco Fombona, Motivos y
letras de España, Madrid, Renacimiento, 1930, p. 161: „ Díez-Canedo – y esto no se ha
dicho hasta ahora – es uno de los pocos, uno de los poquísimos poetas de su
generación en España y en América a quien no cubrió por entero la inundación
modernista. Sacá afuera la cabeza como esos peñascos enormes que se yerguen en el
centro de la corriente en los grandes ríos del trópico“, cité par Pedro Correa, „Enrique
Díez-Canedo poeta de encrucijadas: análisis de su testamento literario“, Cauce, op. cit.,
p. 52.
46 Voir lettre 3, in: Correspondencia Juan Ramón Jiménez/Enrique Díez-Canedo (19071944), A. Díez-Canedo (éd.), op. cit., p. 129.
47 Enrique Díez-Canedo, Poesías, Grenade, La Veleta, 2001 (maison d’édition dirigée par
Andrés Trapiello). Amateur de formes brèves, Canedo est l’un des pionniers de l’haïku en
Espagne (cf. „Hay-Kay de Buenos Aires“).
48 A. Muñiz-Huberman, in: El Canto del peregrino, op. cit, p. 147-153.
49 El desterrado [Mexico, Miguel N. Lira, 1940], in: Antología poética, José María Fernández
Gutiérrez (éd.), Salamanca, Almar, 1979, p. 139.
50 Conférence de F. Giner de los Ríos, „La poesías española del destierro en América“,
Boletín de la Unión de Intelectuales Españoles, Paris, n° 38-39, janv.-fév. 1948, 1-5, p. 4.
Je lui emprunte aussi l’expression „educación general permanente“.
51 José Bergamín, dans ses lettres du début des années 50 à Max Aub et Jean Cassou,
transforme le littéral „camp de concentration“ en un métaphorique „camp de dispersion“
pour signifier, non sans amertume, la désagrégation de l’intelligentsia expatriée. Nous
devons ces informations à notre ami Nigel Dennis (University of St Andrews).
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