dossier Raoul - Archives

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dossier Raoul - Archives
Saison
20102010-2011
Saison
20102010-2011
Raoul
Du mercredi 12 au vendredi 14 janvier 2011
© Richard Haugton
Au Grand T
Dossier Jeune Public
1
Sommaire
Présentation .......................................................................................... 3
Le propos et les personnages.............................................................. 4
Les intentions de mise en scène ......................................................... 6
James Spencer Thierrée, comédien et metteur en scène .................. 7
Entretien avec James Thierrée............................................................. 8
Raoul : extraits vidéo .......................................................................... 10
Les échos de la presse ....................................................................... 11
Dossier réalisé à partir de documents divers
dont ceux fournis par la Compagnie du Hanneton.
2
Raoul
De et avec
James Thiérrée
Assistance à la mise en scène
Interventions scéniques
Intervenants artistiques
Lumières
Son
Scénographie
Costumes, bestiaire
Habilleuses accessoiristes
Volutes électriques
Laëtitia Hélin et Sidonie Pigeon
Mehdi Duman
Kaori Ito, Magnus Jakobsson, Bruno Fontaine
Jérôme Sabre
Thomas Delot
James Thiérrée
Victoria Thiérrée
Danièle Gagliardo ou Liliane Hérin
Matthieu Chedid
Production
La Compagnie du Hanneton/Junebug
Coproduction
La Coursive scène nationale de La Rochelle, Théâtre Royal de Namur,
La Comédie de Clermont-Ferrand, Théâtre de la Ville Paris,
barbicanbite09 (Barbican Theatre Londres) et Crying Out Loud, Abbey Theatre Dublin,
Maison de la Danse Lyon, Théâtre National de Toulouse
Avec le soutien de
la fondation BNP Paribas
Du mercredi 12 au vendredi 14 janvier 2011 à 19h30
au Grand T
Durée du spectacle : 1h15
Public : à partir de 8 ans
Tarif : 6€ par élève ou un pass culture
3
Le propos et les personnages
« Royaumes... domaines, demeures, murs, charpentes,
clous, poussières.
Homme... Seul, barricadé, blessé, impalpable, insatiable.
Guerre... armée, aimée, décimée, oubliée.
Terre...bois, métal, velours, peau, lumière.
Je... tu. il. nous. vous. ils.
Personne.
Musique. »
Raoul.
Homme sans fond ni couvercle. Seule la solitude connait sa mélodie. Son espace, son
temps se remplit de ce qu'il est... Et de ce qu'il n'est pas, car personne ne le regarde.
Sauf au théâtre.
Désir, rage, peurs, pirouettes, vertiges, murmures et barrissements se côtoient dans cette
boite que Raoul Pandore ouvrit dans un excès de curiosité.
Je voudrais créer un personnage théâtral dans le sens noble du terme, donc intemporel.
Peinture craquelée d'une renaissance. Férocité humaine. Créatures bienveillantes. Combats
singuliers.
Raoul, les doigts crispés sur la rive, n'attend qu'un signal...pour partir à la dérive.
Bien à vous,
© Richard Haugton
James Thiérrée
4
Raoul : portrait d’un être humain en son royaume, aussi proche et étranger que le
voisin rencontré chaque jour. Mésaventures d’un hurluberlu légèrement schizophrène,
enfermé dans une tour avec toutes sortes d’animaux fantasmagoriques. Entre autres :
un poisson géant, un scarabée métallique, une méduse à l’agonie, avec lesquels il
entretient des relations de familiarité et d’autorité. Et puis, alors qu’il n’a rien
demandé, quelqu’un vient le délivrer…
© Haugton
Sur scène, de grandes voiles blanches comme un navire échoué ou comme le tipi de notre
enfance. Surgit James Thiérrée, baladeur, conteur, acrobate. Il est Raoul. Un personnage
étrange. Raoul qui intrigue, captive et fascine à la fois.
5
Les intentions de mise en scène
« Bonjour, bonsoir,
Je voudrais aujourd’hui sur cette page ne pas vous raconter l’histoire de Raoul.
Me permettez-vous ?
J’aimerais plutôt, lorsque le temps viendra, un soir de préférence, vous exprimer mon envie
de danser librement, de trembler pour parler, d’abattre les murs, de voler au secours, faire
grincer les cordes arides, galoper mes bras et jambes, dormir debout bien allongé,
rencontrer les bêtes infréquentables, engueuler la belle musique, libérer l’étoile, gifler mes
mauvaises pensées…
BREF, j’aimerais, le moment venu, partager…ce moment venu. Avec vous, simplement.
Etes-vous d’accord ?
Je voudrais ce soir-là vous laisser être en ombres, dans vos sièges indépendants, et
projeter comme un vent cinglant sur vos visages mon décor fragile (malgré ses airs
robustes) ses poulies, ses contrepoids, projecteurs, système de largage, accessoires
cabossés et autres textiles amalgamés…
Me suivez-vous ?
J’espère observer au travers de votre présence la lente métamorphose de ce prénom qui a
pris la tête de mon navire sédentaire sous la forme d’un titre. Ce serait un spectacle où la
solitude aurait pour miroir l’abondance et la foule, et où cette foule cacherait au sein des
fragments singuliers dont elle est composée des désirs fous de liberté, de rencontre et
d’évasion. Tout cela en retour reflété sur un : Raoul.
C’est un peu compliqué j’en conviens…
Il faudra que tout cela se précise dans votre tête un soir, et non dans la mienne, et que ce
sentiment précis n’ait pas de nom, afin que vous puissiez lui en inventer un.
Vous êtes toujours là ?
Bon, le rendez-vous est pris, et le moment venu, ni vous ni moi n’en possédera la clef.
C’est l’essentiel.
Car
je
ne
contrôle
réellement
rien.
Mais
réellement
rien
ne
nous
contrôle.
Je l’espère… »
James Thiérrée, metteur en scène
Texte paru dans le journal bimensuel
du Théâtre de la Ville de Paris, Nov/Dec 2009
Raoul a été créé le 28 avril 2009 au Théâtre Royal de Namur (Belgique).
6
James Spencer Thié
Thiérrée,
comédien et metteur en scène
Héritier d'une prestigieuse dynastie d'artistes, James Spencer
Thiérrée grandit dans le milieu du cirque où il est aussi naturel de
tenir en équilibre sur un fil que de marcher sur le plancher des
vaches.
Dès 4 ans, James apparaît dans les premiers spectacles du Cirque Bonjour, fondé par ses
parents, qui l'initient à toutes les pratiques artistiques : trapèze, bicyclette acrobatique,
jonglage... Déterminé à se consacrer à cet art, il suit une formation de comédien au Piccolo
Teatro de Milan ainsi qu'à la Harvard Theatre School. Ses pas le portent également sur les
bancs du Conservatoire national d'art dramatique de Paris.
Son apprentissage achevé, il entre vraiment dans la lumière en 1994 avec deux spectacles,
Le Cirque imaginaire et Le Cirque invisible, et ce quatre années durant. Entre-temps, il
tourne quelques films.
Puis, en 1998, il monte un spectacle - son spectacle - au titre aussi intriguant que saugrenu :
La Symphonie du hanneton. Le public se presse pour applaudir cet étrange jeune
homme grimé et costumé, au corps de caoutchouc, évoluant dans un univers
fantasmagorique s'inspirant des contes de fées. Il y a en lui du Chaplin, du mime
Marceau, du Laurence Olivier... et même l'âme d'un Paganini. Car, parmi ses talents,
James Spencer Thiérrée possède aussi celui de jouer du violon pour balader sa
symphonie d'insecte étrange sur les scènes du monde entier.
Dès lors, entre cinéma (Dix-huit ans après, Bye Bye Blackbird, Désaccord parfait et plus
récemment Liberté…), télévision (Largo Winch) et scène (La Veillée des abysses, Au revoir
parapluie), James Spencer Thiérrée n'a de cesse d'exprimer sa sensibilité et d'attirer le
public dans son univers étrange et poétique.
7
Entretien avec James Thiérrée
Thiérrée
Raoul, tout un prénom
James Thiérrée a choisi Namur pour mettre Raoul au monde. Après La Symphonie du
hanneton ou La Veillée des abysses, voici un seul en scène habillé, et mieux encore, par
Victoria Chaplin. En route vers la solitude.
Rencontre
Effervescence au Théâtre Royal de Namur. Invité pour la création mondiale de son
nouveau spectacle, Raoul, James Thiérrée peaufine les (nombreux) détails de son
épopée féerique, fantasque voire acrobatique autour d’un personnage théâtral
intemporel : Raoul, son royaume, ses barricades, ses blessures, son aimée et sa
solitude. Murmures et barrissements en vue. Impatience et curiosité aussi à l’idée de
découvrir le dernier-né de ce créateur hors du commun. Trente-deux ans seulement et,
déjà, un parcours d’une réelle densité. […]
Pourquoi vos parents vous ont-ils donné le surnom de hanneton ?
Parce que je faisais du bruit en me déplaçant le matin. Les hannetons, c’est un peu
maladroit, ça se cogne aux vitres, ça accroche aux cheveux, c’est plutôt secret et il y en a
peu. En créant la Symphonie du hanneton je voulais qu’elle soit intime, qu’elle appartienne
au thème de l’enfance. Le hanneton était alors pour moi une identité, le masque de Batman,
une sorte de dédoublement d’un personnage qui vivrait ses pulsions, ses désirs, ses espoirs.
Abordez-vous le théâtre de la même façon ?
Je le vois comme une boîte de possibilités très ludiques. Je me dépatouille avec des effets
partout. Il faut que je coupe, on est à quelques jours de la première et je réalise que j’ai trop
d’effets. Il faut que j’accepte aussi d’être juste quelqu’un sur scène.
Toujours cette attirance baroque ?
Oui, j’ai comme une envie d’abondance, de générosité visuelle. J’essaye de m’entourer au
maximum. Je me rassure avec mes origines qui sont quand même le cirque. Donc avec des
choses qui fonctionnent, des effets, des idées. Le spectacle va devoir évoluer avec ce que je
suis. J’aimerais que le personnage en soit la force motrice.
Pourquoi Raoul ?
Parce que ce prénom est celui d’un homme qui n’est pas un héros mais qui pourrait être un
roi ou le type d’à côté. Je voulais nourrir ce prénom avec le spectacle. J’ai commencé par
Raoul. Je l’ai renvoyé plusieurs fois et il est toujours revenu par son côté atypique, souriant
mais un peu mystérieux dans sa sonorité.
8
Vous avez eu une enfance particulière grâce à vos parents, Jean-Baptiste
Thiérrée et Victoria Chaplin. Vous êtes né dans la marmite...
En effet. Les premières odeurs que j’ai dû sentir sont celles de la toile du chapiteau ou du
foin pour les animaux. A quatre ans, j’étais sur la piste avec le Cirque Bonjour
Votre rôle était-il important ?
Petit, non. J’ai commencé dans des boîtes à apparition, avec ma sœur Aurélia, puis c’est
venu crescendo
Aujourd'hui, c'est votre mère, Victoria, qui travaille avec vous...
Elle amène une musique, une couleur particulière pour ces créatures qui viennent me rendre
visite et pour les costumes, une nouvelle épice qui relève le spectacle, et même au-delà. Un
ingrédient essentiel, en réalité On a un bon rapport de travail, ma mère et moi. De toute
façon, depuis l’enfance, le travail est totalement mélangé à la vie et au plaisir. Mes relations
avec mes parents autour du travail coulent de source.
Vous disiez, à l'époque de la Symphonie du hanneton vouloir raconter des
histoires, ou plutôt une histoire... qui vous échappe. Raoul l'a-t-il rattrapée ?
C’est l’histoire qui se précise mais je ne suis pas sûr qu’on soit déjà au stade de l’histoire
totalement racontée. Au lieu de passer par l’histoire, je passe par l’homme. D’où le prénom
en guise de titre qui me permet de dessiner finement un personnage de théâtre plutôt que de
basculer dans une démonstration de James Thiérrée. Etant seul en scène, il était très
important de créer cette fiction narrative autour d’un personnage. Dans mes spectacles de
groupe, l’énergie des individus constitue le lien. Ici, j’ai été appelé à plus de rigueur,
d’humilité.
Que raconte Raoul ?
La solitude. Mais la solitude comme la porte vers tous les possibles.
Vous l'aimez, la recherchez ou la craignez ?
Elle est la clé des plus belles possibilités et la cave des pires angoisses. Etre seul, c’est être
libre, sans jugement, être soi-même, a priori. C’est aussi faire face à sa part d’ombre, couper
le parasitage de la vie en société. J’ai essayé d’amener un personnage qui ne serait pas
tiraillé par des élans d’amour ou par des problèmes de travail mais d’être le plus proche du
dénuement. En même temps, je voulais malgré tout me créer des personnages. Il y a donc
une sorte de schizophrénie dès le début. Raoul s’assiège lui-même. Il est à la fois l’attaquant
et l’attaqué dans une tour. Il y a des créatures aussi qui l’entourent. Ce spectacle est une
énigme, une épopée intime. Il va faire des rencontres, avec lui, d’abord. Et ensuite avec des
créatures, d’autres espèces qui vont lui permettre de se mettre en relief, de savoir ce que
c’est qu’être un homme. Il y a aussi le public que je vais traiter comme une assemblée.
Raoul sera donc de moins en moins seul...
Oui, il commence très seul puis il réalise que la solution, s’il y en a une, la renaissance, ne
passe que par le regard de l’autre.
Laurence Bertels, 22/04/2009, Lalibre.be
9
Raoul :
extraits vidéo
Youtube :
"Raoul" - James Thiérrée
0’39
http://www.youtube.com/watch?v=jclaDs9bw2g
James Thiérrée, Raoul Athens
3’55
http://www.youtube.com/watch?v=wxkTT5X1gnw&feature=related
10
Les échos de la presse
presse
CULTURE
Raoul, naufragé entre terre et ciel
Dans ce spectacle en solo, James Thiérrée, petit-fils de Chaplin, artiste extraordinaire et
inclassable, semble avoir reçu la grâce en héritage.
Sur scène, un grand vaisseau de voiles blanches échoué au milieu duquel se dresse une
construction de fortune symbolisant un espace d’habitat de bric et de broc et hérissé de
tubes métalliques grimpant vers le ciel. James Thiérrée se fraye un passage depuis le public
pour venir se jeter là tel un naufragé.
Depuis la Symphonie du hanneton (2003), suivi de Veillée des abysses et Au revoir
parapluie, le petit-fils de Chaplin sur qui toutes les bonnes fées de la création semblent s’être
penchées à sa naissance s’est fait une réputation d’artiste extraordinaire et inclassable. Jeu,
danse, mime, acrobatie au sol et aérienne, rien ne lui est inconnu et il excelle en tout.
C’est la première fois néanmoins qu’il joue seul. Si l’on peut dire car, pour ce spectacle
sidérant où il met en scène un personnage solitaire et énigmatique, sorte de premier humain
sur une île déserte qui se découvre et découvre le monde autour de lui, il fait
spectaculairement surgir son double auquel il va s’affronter, ainsi qu’un univers d’animaux
étranges : un poisson immense qui agite ses nageoires comme des éventails, un insecte
métallique, une tête de cheval, un éléphant souple… réalisés par sa mère, Victoria Chaplin
qui a aussi créé les costumes.
Raoul se débat avec lui-même et avec eux ainsi qu’avec une foule d’objets hétéroclites. Il
émet quelques borborygmes mais ne parle pratiquement pas. Du moins ne se sert-il pas de
sa voix car son corps tout entier est un vocabulaire infini.
Il nous fait aussi partager les musiques qu’il a au cœur, Vivaldi ou Schubert, et d’autres que
l’on ne reconnaîtra pas. Il découvre un violon et en joue avec dextérité et jubilation ou se bat
avec un gramophone. Il se moque perpétuellement de son image, met son visage autour
d’un cadre dans lequel il se contorsionne. Il fait naître et renaître tout un monde d’images
fantasmagoriques.
Il occupe l’immense plateau avec une présence évidente, toujours surprenante où il parvient
à jouer avec tout et de tout. Un cercle miroir où il découvre son visage et qu’il tend au public
dans une danse libre et joyeuse. Son corps semble une étoffe qu’il plie et déplie au gré d’une
fantaisie inépuisable, puis il escalade les tubes métalliques et, avec un harnais, se balance
dans les hauteurs. Lorsque des accessoiristes lui amènent une immense échelle, il se fâche
et veut les expulser du cercle sacré de la scène. Puis il s’en empare et y exécute un ballet de
méandres inimitables.
Il se bat avec tout et d’abord avec lui-même dans ce défi qui consiste à mettre sur le plateau
toute sa panoplie d’images intimes qui oscillent entre rêve et cauchemar. Dans Raoul,
James Thiérrée semble vraiment touché par la grâce et, au final, lorsqu’il s’envole comme un
ange vers le ciel, cela ne surprend personne.
Marina Da Silva
L’Humanité, le 28 décembre 2009
11
12
Seul en scène, James Thiérrée danse avec "Raoul"
La grande salle était pleine, et le public, des gens de tous âges, a fait une ovation à Raoul, le
nouveau spectacle de James Thiérrée, présenté au Théâtre national de Toulouse, une des
premières étapes de la tournée qui le mènera au Théâtre de la Ville, à Paris, où il passera
les fêtes de fin d'année.
Comme toujours, le public était tourneboulé par la magie et l'émotion d'une histoire qui
s'inscrit dans la lignée des trois précédents opus de James Thiérrée, tout en s'en
démarquant.
La Symphonie du hanneton, La Veillée des abysses et Au revoir parapluie étaient portés par
des titres rêveurs, et beaucoup de monde sur le plateau. Cette fois, le fils de Victoria Chaplin
et de Jean-Baptiste Thiérrée est seul, et son nouveau-né porte un des prénoms les plus terre
à terre qui soit.
Même s'il revient à la mode dans certains milieux chics ou snobs, Raoul reste associé à des
jeux de mots ("Ça roule, Raoul") qui sentent l'anonyme au comptoir du café du coin. Soit
exactement ce que voulait James Thiérrée : inventer un personnage qui ne soit rien, sinon
vous et moi.
Ce personnage vit dans un drôle de monde : un champ de voiles qui aurait survécu à
quelque tempête. Elles occupent tout le plateau, que Raoul rejoint en arrivant de la salle. Il
porte des habits de voyageur usés et une barbe de plusieurs jours. Une lampe frontale guide
son chemin jusqu'aux voiles qui se déplient, laissant la place à une construction bricolée et
faramineuse, une sorte de tipi constitué de barres en fer, qui tomberont peu à peu sur le sol,
comme un jeu de mikado.
Dans le tipi, il y a ce que le grenier d'une maison d'enfance peut contenir : un phonographe,
un vieux fauteuil, une poubelle en fer emplie d'objets hétéroclites. Dans le corps de Raoul, il
y a la force de l'âge d'homme (James Thiérrée a 35 ans), le désir de jouer encore et la
frayeur de découvrir, dans des gestes si souvent répétés, au fil du temps, un vide qui
perturbe la boussole de la conscience.
Un phonographe peut faire entendre de la musique, quand il veut bien fonctionner - et alors
Raoul est aux anges. Il peut aussi apparaître comme très étrange, si l'on se sert du hautparleur pour laisser entendre les battements de son coeur, ce coeur battant la chamade,
dans la dérive sans cesse renouvelée du quotidien où Raoul cherche sa place, seul.
Avec lui, l'expression d'âme en peine devient concrète. Dans sa tête se bousculent des
sentiments, sans mots, qui étreignent instantanément à l'écoute d'airs connus de Schubert
ou de Vivaldi. Ces airs rappellent à Raoul que personne ne le regarde ni ne lui parle. Ils
exaltent ce qu'il est : un homme anonyme et universel, dans une solitude pouvant aller
jusqu'au vertige. Alors Raoul voit apparaître des animaux étranges, un monstre marin aux
écailles d'argent dont les oreilles se déplient comme des éventails, ou un insecte géant au
squelette blanc (merveilleuses créatures inventées par la mère de James Thiérrée). Il passe
d'une douce ataraxie à une nervosité inquiète et inquiétante, qui fait trembler son corps ou
l'empêche de croiser ses jambes.
LIVRE OUVERT
Il y a ainsi, dans Raoul, des sautes d'humeur intempestives et des moments d'une grâce
infinie. Ce spectacle contient ce que chacun lui prête : c'est un livre ouvert sur le champ de la
perception, en qui certains verront du rêve et d'autres de l'angoisse, aux mêmes moments.
C'est aussi, pour James Thiérrée, l'occasion d'apparaître comme on ne l'a jamais vu : en
danseur. Un danseur naturel. Il n'a pas travaillé la discipline. Mais son corps est rompu à
l'acrobatie, qu'il dépasse pour atteindre, avec sa grâce naturelle, à une beauté d'expression
époustouflante, extraordinairement troublante.
Quand à la fin du spectacle, il s'envole sur le plateau noir et nu, on sent son propre corps se
soulever, comme dans cette séquence de 2001, l'odyssée de l'espace (Stanley Kubrick) où
l'os lancé dans les airs par les premiers hommes devient une fusée en apesanteur dans
l'espace, sur l'air du Beau Danube bleu de Johann Strauss. Mais là, nous sommes au
théâtre, et c'est Raoul 2009, odyssée de l'espèce.
Brigitte Salino,
Le Monde, 3 octobre 2009
13
L'illusionniste magnifique
Raoul est seul et joue double jeu (double je?). Raoul est James Thiérrée et
réciproquement. «Un homme sans fond ni couvercle», dit-il - jolie métaphore -,
voyageur dépenaillé sorti de nulle part ou, qui sait? des voiles blanches d'un vaisseau
fantôme, naufragé sur l'île de son imaginaire fantastique. Raoul-James, prisonnier de
sa solitude, est tiraillé entre les terreurs et les envies de s'échapper de son abri de
fortune. Une sorte de tipi en métal, meublé de bric et de broc, d'un gramophone
hors d'âge, d'une tête de licorne, d'un lustre improbable, d'ustensiles de cuisine.
Soudain, un «étranger», survient, investit les lieux... On s'y perd et c'est merveilleux.
On le croit ici, il est là-bas, la tête aux pieds et vice versa, multipliant les tours de
passe-passe.
Chacun voit ce qu'il veut et vive la liberté!
James Thierrée, c'est l'incarnation de l'illusion, l'inventeur d'un théâtre onirique,
physique, animalier. Souvenez-vous de La symphonie du hanneton, La Veillée des
abysses et d'Au revoir parapluie. Sorti de la nuit d'un conte, de la musique plein les
yeux, il nous entraîne cette fois dans son monde «raoulien», où il se débat avec les
éléments qui lui échappent. Acrobate, mime, clown, danseur naturel, il est tout cela à
la fois, avec une grâce infinie, réinventant la tradition. Il faut le voir devenir cheval,
singe, orchestrer un concert de grillons, marcher à toutes les vitesses, corps délié,
plié, replié. Et les mains, et les pieds, d'une incroyable expressivité au service de
l'inventivité.
Car les songes et cauchemars de Raoul sont aussi peuplés d'animaux fabuleux qui
viennent le titiller, l'apprivoiser. Ainsi le poisson chiffonné, l'insecte cabossé, la
méduse virevoltante et l'éléphant blanc consolateur. Autant de créatures réalisées
par la mère de James, Victoria Chaplin-Thiérrée. L'enfant de la balle, 36 ans demain
dimanche, a de qui tenir. Mais, par-dessus tout, il sublime son hérédité, cumule les
dons, comme si une procession de fées s'était penchée sur son seul berceau.
Burlesque et shakespearien, sensoriel, en perpétuelle apesanteur, James Thiérrée
nous fait croire à ses rêves. Et, en plus, il vole !
By bpasche
Le Matin, 4 avril 2010
14
Saison 20102010-2011
Contacts Jeune Public
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Annie Ploteau / 02 28 24 28 17
[email protected]
Le Grand T
BP 30111
44001 Nantes cedex 01
Tel 02 28 24 28 24
Fax 02 28 24 28 38
De nombreuses pistes de travail autour des spectacles
sont disponibles dans le document
« Aller au théâtre :
lire, voir, dire, écrire et faire… avec les élèves »
Rendez-vous sur :
http://www.legrandT.fr/IMG/pdf/aller_au_theatre.pdf

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