Le secteur de la radiodiffusion

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Le secteur de la radiodiffusion
Le secteur de la radiodiffusion
1. Les origines de la radio et de la télévision
Fin du 19e siècle : premières expériences de transmission
hertzienne et de télégraphie sans fil (TSF) par Marconi.
Marconi fonde la British Marcony Company avec un groupe
d’hommes d’affaires qui lui permettent de développer son invention.
Premiers usages de la part de la Marine et au-delà des pouvoirs
publics. Développement selon le modèle de point à point comme le
téléphone (par opposition au modèle de point à masse).
Première rencontre à Berlin en 1903 sur le développement de la
TSF, les ondes hertziennes ignorant les frontières. Les aspects
techniques, économiques et politiques apparaissent imbriqués.
La première station émet à Montréal sous le nom de XWA en 1918
mais c’est à Pittsburgh qu’une station émet une programmation
régulière sur une base permanente. Elle s’appelle KDKA.
C’est aux États-Unis que l’on retrouve à la fois la naissance d’une
industrie des programmes et d’une production massive de
récepteurs. Lien entre programmes et matériels.
La radio se développe très vite en moins de cinq ans mais
exclusivement dans le cadre du modèle commercial. Le
gouvernement intervient au minimum. Un premier modèle est né.
C’est en 1927 que les premières démonstrations publiques de
télévision ont lieu en Amérique du Nord. Mais la télévision ne se
développe finalement qu’après la deuxième guerre mondiale.
2. Les développements de la radio et de la télévision
2.1 Les cas opposés des États-Unis et de la France
Aux États-Unis, ce sont les entreprises privées qui dominent
l’industrie (ABC, NBC, CBS). La radio s’impose avant tout comme
un média de… publicité. Il en sera de même pour la télévision.
Les développements de l’industrie dépendent largement des rapports
de force en présence (dirigeants d’entreprises, responsables
politiques, représentants des mouvements sociaux).
Le secteur public ne naît qu’en 1967 avec la création de Public
Broadcasting System (PBS). Mais celui-ci garde une importance
secondaire, notamment à cause de ressources morcelées.
En France, après un développement mixte public/privé pour la radio,
il y a nationalisation des ondes après la deuxième guerre mondiale.
Le (quasi) monopole public dure jusqu’en 1981 et la télévision est
considérée comme un enjeu surtout politique. Des aménagements
ont lieu (autonomisation de sept sociétés distinctes en 1974).
1981 : retour au pouvoir de la gauche pour la première fois depuis
23 ans. Loi de 1982 : « la communication audiovisuelle est libre ».
L’ouverture est rapide pour la radio, plus lente pour la télévision (on
privilégie les capitalistes « amis »).
De retour au pouvoir en 1986, la droite accélère la libéralisation des
ondes en privatisant la première chaîne du pays (et d’Europe) : TF1.
Le secteur privé devient dominant en France pour la première fois.
La tendance s’accélère depuis. Quid de la mission de service public ?
3. La radio et la télévision au Canada et au Québec
Une voie médiane entre les cas des États-Unis avec l’omniprésence
du secteur privé et de la France, « pays du service public ».
3.1 Le rôle central de l’organisme public de radiodiffusion
La TSF se développe à Montréal, le Canada ayant adopté des lois et
règlements qui favorisent la liberté d’entreprendre. Il s’ensuit la
création de stations privées selon la rentabilité des marchés locaux.
Le premier réseau national public radiophonique est le fait de la
Canadian National Railways qui inaugure son service le 1er juin
1923.
Avec la programmation régulière, une industrie radiophonique prend
forme : de 1926 à 1930, on passe de 35.000 à 530.000 récepteurs, le
nombre des permis d’émission recensés en 1930 se chiffre à 80.
La diffusion des émissions en provenance des États-Unis déborde
sur le Canada dès 1923 et il faut attendre 1932 pour qu’un accord
améliore enfin la situation. Il y a déjà des habitudes d’écoute des
programmes « venus du sud ».
Commission Aird (1929) : un bilan pessimiste sur l’industrie de la
radio au Canada : la concurrence sur le marché publicitaire et la
quête accrue de rentabilité vont mener à la médiocrité des émissions,
à la trop grande présence de la publicité, à l’absence de stations dans
les endroits peu peuplés et à la domination des programmes en
provenance des États-Unis. Vers une nationalisation de la
radiodiffusion ?
Naissance de la Commission canadienne de la radiodiffusion (CCR)
en 1932. À la fois l’organisme public de radio et l’instance de
réglementation des secteurs public et privé.
Se transforme en 1936 en Société Radio-Canada (SRC).
La télévision ? Aux États-Unis, la FCC a émis 24 licences en 1946.
Au Canada, la commission Massey-Lévesque affirme : « Seule une
organisation nationale est en mesure de protéger la nation contre une
commercialisation et une américanisation excessive » (1949).
La SRC lance les premières stations de télévision en 1952. Mais le
secteur privé est considéré comme complémentaire du secteur
public. Des stations privées font partie du réseau public.
En 1958, une loi autorise le lancement de réseaux privés (fin de la
politique du « canal unique »).
Au tournant des années 60, on assiste à la multiplication des stations
de radio et de télévision privées. Vers les créations des réseaux
privés CTV et TVA en 1961.
La radio et la télévision traditionnelle reposent sur le « modèle de
flot ». La programmation est centrale pour les côtes d’écoute.
3.2 Un régime mixte public/privé
Si la loi de 1958 a interdit la propriété étrangère des entreprises de
radiodiffusion, elle n’a pas empêché celle des entreprises du câble.
Vers une domination des capitaux étatsuniens dans ce secteur.
En 1968, la politique de « canadianisation » est élargie aux
entreprises de câblodistribution. Par ailleurs, le service public
comprend à la fois le secteur public et le secteur privé.
Les autorités politiques canadiennes tentent de favoriser la création
d’une industrie de la radiodiffusion canadienne puissante.
Le câble continue de se développer en bénéficiant d’un monopole
local qui lui assure des rentes de situation confortables.
Mais il diffuse, entre autres, des canaux étatsuniens, faute
d’équivalents canadiens.
De plus, la programmation des stations canadiennes reste largement
« made in USA » pour des raisons de rapport audience / coût.
En conséquence, si la propriété est maintenant entre les mains des
investisseurs canadiens, le contenu le demeure beaucoup moins.
La fin des années 60 est aussi celle de la création de canaux de
télévision publique provinciale, notamment au Québec (Radio
Québec). La responsabilité dans l’éducation est mise en avant.
C’est aussi l’époque du développement des médias communautaires,
télévision puis radio.
Celui de la télévision repose sur la dynamique de la
câblodistribution. Mais il dépend aussi de celle-ci !
Le développement de la radio communautaire est plus indépendant
grâce à la possession des moyens de distribution par voie hertzienne.
3.3 La remise en cause du secteur public et la domination du
secteur privé
À partir des années 80, c’est dorénavant l’entreprise privée qui est
considérée comme l’élément moteur du développement des
industries culturelles. Voir le rôle de Téléfilm Canada.
Le Québec s’oriente lui aussi vers un rôle de soutien des autres
acteurs, en premier lieu, l’entreprise privée et vers le développement
de nouvelles technologies. Vers une coopération avec Ottawa.
Les acteurs principaux des industries de la radiodiffusion s’avèrent
être de plus en plus les câblodistributeurs. Vers le « modèle de
club ».
En 1991, une nouvelle loi (l’actuelle) considère le « service public »
comme étant composé du secteur public, du secteur privé et
du secteur communautaire.
La SRC se retrouve plongée dans un véritable cercle vicieux :
diminution du financement public ==> lutte pour les recettes
publicitaires ==> grille de programmes très concurrentielle ==>
manque de distinction par rapport aux stations et réseaux privés ==>
remise en cause de la notion de service public ==> diminution du
financement public, etc.
Une multiplication des canaux privés mais une concentration du
capital qui tend toutefois à augmenter. Exemple : Rogers, Vidéotron,
Shaw et Cogeco concentrent presque 80% des abonnés canadiens au
câble.
Une télévision communautaire qui se porte mal suite à une remise en
cause de son soutien de la part des acteurs politiques (modification
de la réglementation) et des acteurs économiques (abandon de
l'implication de nombreux câblodistributeurs).