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©Media Online 2001. All rights reserved. Le journalisme: mode ou
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Le journalisme: mode ou vocation?
L’education des journalistes en Roumanie
Ioana Avadani
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une enquête dirigée en septembre 2001 par Media
plan Institut de Sarajevo. L’enquête avait pour but de rassembler les données sur
l’éducation des journalistes et autres professionnels des médias dans les pays de
l’Europe du Sud-Est (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, RF de Yougoslavie,
Macédoine, Albanie, Roumanie, Bulgarie et Moldavie). Les résultats des analyses ont
fait ressortir les différences entre les formes d’éducation des journalistes et des
professionnels des médias de la région. Malheureusement, il n’existe pas d’analyses
systématiques ni de bases de données sur l’éducation dans ce domaine. Le rapport
sur la Roumanie, ainsi que ceux qui concernent les autres pays de la région, a pour
but de créer une vue d’ensemble des projets d’éducation et de formation proposés
dans la sphère des médias. Ici sont exposés les faits concernant les différents
niveaux et formes d’éducation des journalistes et des professionnels des médias,
ainsi que les diverses activités dans ce domaine et les différentes approches
professionnelles. Enfin, le présent rapport évoque aussi les perspectives de
l’éducation des journalistes.
1. INTRODUCTION
Si vous demandez aux Roumains de citer les changements les plus
marquants occasionnés par la chute du communisme en 1989, ils ne manqueront
pas d’évoquer les médias. Au début, les médias proliféraient comme des
champignons après la pluie. Ils étaient des milliers. Afin de réunir les moyens
financiers nécessaires, des journalistes vendaient leurs postes de télévision; ensuite,
ils installaient dans une pièce dans leur appartement un téléphone, un bureau, une
machine à écrire et du papier et - le journal était lancé. La radio a également connu
le renouveau et les ondes FM ont été littéralement submergées. Quant à la
télévision, industrie plus sophistiquée et plus onéreuse, elle n’est apparue sur scène
que quelques années plus tard. Actuellement, il n’y a que trois médias publics : la
radio, la télévision (les deux contrôlés par le Parlement) et l’agence de presse
nationale la ROMPRES (sous le contrôle du ministère de l’information). Onze ans
plus tard, le mot qui résume le mieux la situation dans les médias roumains reste – la
profusion : il existe plus de 1000 journaux et magazines, 300 stations de radio et 150
chaînes de télévision. Un aussi grand nombre de médias a certainement contribué à
la propagation des produits médiatiques, au détriment de la qualité, cependant. En
effet, il est difficile de fournir des journalistes compétents pour un aussi grand
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nombre de médias. C’est précisément pour cette raison que l’éducation des
journalistes a une importance particulière en Roumanie.
2. LE
NIVEAU
D’EDUCATION
DES
JOURNALISTES
ET
DES
PROFESSIONNELS DES MEDIAS
Il existe une différence flagrante entre ceux qui sont devenus journalistes au
début des années 90 et les nouvelles générations. A l’époque, beaucoup de jeunes
aux différents profils professionnels décidaient de tenter leur chance dans les médias
nouvellement créés. C’était des enthousiastes qui n’avaient pas une formation de
journalistes mais qui ne s’en souciaient guère. Ils apprenaient sur le tard, méthode
qui avait de bons et de mauvais côtés.
C’était l’époque des prises de position radicales, de la nouveauté à tout prix
(toute idée extravagante était acceptable pourvu qu’elle soit nouvelle), du
« journalisme révolutionnaire » et du désir de changer le monde.
Quelques années plus tard, les diplômés des écoles de journalisme créées
entre-temps sont apparus sur le marché. Ils avaient une approche théorique qui s’est
avérée peu utile dans le “feu de l’action”. En effet, ce n’est pas le diplôme qui fait le
journaliste. Les jeunes doivent prouver la valeur de leur diplôme par leur travail.
Il n’est pas rare que les étudiants soient engagés dans des rédactions pour
une durée déterminée dès leur deuxième année d’études. Même si leur formation ne
suscite pas l’enthousiasme, ils sont pour d’autres raisons les bienvenus dans les
rédactions. Les propriétaires des magazines préfèrent embaucher des jeunes gens
inexpérimentés ; en effet, ceux-ci ont moins d’assurance, ils sont prêts à accepter
des modestes rémunérations et sont plus faciles à contrôler. Selon certains rapports,
des directeurs de presse n’hésitent pas à engager des jeunes pour une période dite
“d’essai” non rémunérée qui dure de deux semaines à trois mois ; à la fin de cette
période, les jeunes sont remerciés. Ces rapports ont tenu compte des médias locaux
et nationaux.
Dans des médias de petite taille on peut trouver encore des journalistes qui
n’ont pas eu de formation académique ; cependant, leur nombre diminue alors que
celui des journalistes ayant fait des études universitaires ne cesse de croître.
Actuellement en Roumanie il existe encore des journalistes qui exerçaient
leur métier avant 1989. Avant la chute du communisme, il existait qu’un seul
établissement où l’on pouvait étudier le journalisme : c’était l’Ecole de journalisme.
Contrôlée par le parti communiste, les techniques du journalisme n’y constituaient
qu’une faible partie du programme qui était plutôt concentré sur l’enseignement de la
doctrine du parti.
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3. LA FORMATION TRADITIONNELLE
En Roumanie, il existe une vingtaine d’établissements, privés et publics, où il
est possible d’étudier le journalisme. Ce sont des écoles de journalisme mais aussi
des départements de communications, de littérature, de langues ou de philosophie,
où on enseigne aussi le journalisme.
Il y a six écoles de journalisme dans le cadre des universités publiques : à
Bucarest, Clui, Temisvoara, Iasa, Sibi et Baia Mare. Elles tombent sous le coup de la
Loi sur l’éducation (n° 84/1995).
Les écoles de journalisme, comme tous les autres établissements
universitaires, doivent d’abord passer par la procédure d’attribution de licence (en
vertu de la Loi sur l’évaluation académique et l’attribution des licences, adoptée en
1994 et révisée en 1999). La Loi prévoit deux étapes : l’autorisation et l’attribution de
la licence. Cette dernière est attribuée par le Conseil national, composé de 19
membres élus par l’Assemblée. le Conseil prend en considération les qualifications
du personnel enseignant, le contenu du curriculum et la qualité de l’enseignement,
les locaux et l’équipement de l’établissement (il est nécessaire de satisfaire les
exigences liées à la surface des salles de cours, au type d’équipement, à la
bibliothèque, etc.). Des six écoles publiques, quatre ont obtenu la licence jusqu’à
présent.
La formation dure quatre ans. A la fin, les étudiants doivent se présenter à
l’examen final et soumettre une thèse, suite à quoi ils obtiennent la “licence”. Au bout
de quatre ans d’études, les étudiants se voient décerner un certificat, pas un
diplôme. Ils ont le droit de se présenter trois fois à l’examen final pendant les cinq
années qui suivent la fin de leurs études.
Les programmes contiennent de nombreuses matières, différentes, selon les
universités. Les matières générales (la théorie des communications de masse,
l’histoire des médias, l’histoire des civilisations, la sémiologie, les sciences politiques,
les langues étrangères, la logique, l’histoire des mentalités) côtoient les matières
spécialisées (rédaction des nouvelles et reportage, la loi sur les médias, l’éthique,
l’actualité, rédaction des sujets, les nouvelles technologies, les matières liées aux
spécialités – radio, télévision, presse écrite, photographie, agences de presse, etc.).
Cette formation leur permet de se familiariser avec tous les médias, en théorie du
moins ; en effet, ils ont l’obligation de faire des stages de plusieurs semaines chaque
année dans des établissements professionnels.
Les conditions techniques ne sont pas égales dans toutes les écoles. A
Bucarest et Sibi, les laboratoires et la bibliothèque sont bien équipés, alors que les
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nouvelles écoles comme celle d’Isai, sont toujours en quête de moyens qui
permettraient à leurs étudiants d’étudier dans de bonnes conditions. La qualité de
l’équipement dépend en grande partie de la capacité des gestionnaires à attirer les
donations et les prêts car il est évident que les moyens prévus par le budget d’Etat
ne sont pas suffisants.
Le défaut majeur de l’éducation traditionnelle réside dans son caractère trop
“classique”. L’approche théorique n’y est que trop présente ; les étudiants, censés
mémoriser des idées toutes faites, ne sont nullement incités à développer le
dialogue, l’initiative, la créativité et l’échange des idées. La majorité des matières est
tout sauf pragmatique. Le cours de télévision, par exemple, ne prévoit pas plus de
deux occasions pour les étudiants de toucher la caméra : au courant de “l’instruction”
et lors de l’examen. Les enseignants étant responsables de l’équipement, ils
n’acceptent que difficilement que les étudiants l’approchent et l’utilisent.
Nombreux sont les enseignants qui ont peu ou pas du tout d’éducation
formelle. La Loi sur l’attribution des licences prévoit pourtant que l’université qui
désire lancer une nouvelle spécialité, doit assurer un nombre d’enseignants ayant
des titres académiques (professeurs, maître de conférences). Ces titres sont
attribués à des conditions précises, allant des examens à passer au nombre
d’ouvrages publiés. Peu de journalistes remplissent ces conditions. Pour mettre en
place un programme d’études de journalisme, on “emprunte” des professeurs
enseignant des matières jugées proches du journalisme (sociologie, philosophie). La
qualité du programme et de l’enseignement en souffre et les étudiants sont à la fin de
leurs études incapables de répondre aux exigences réelles du métier.
Un autre volet du problème est le fossé qui sépare les universitaires des
professionnels, fossé de communication teinté du mépris que nourrissent les uns
pour les autres. Les universitaires se plaignent du caractère superficiel des médias,
de leur soif du “sensationnel”, alors que les professionnels dénoncent la mauvaise
qualité de la formation qui est destinée à leurs jeunes confrères ainsi que l’absence
de compréhension des universitaires pour ce qu’est réellement le journalisme.
Les écoles de journalisme en Roumanie accueillent un nombre de plus en
plus important de jeunes filles, qui constituent 90 à 95% de l’ensemble des étudiants.
Environ 60% de journalistes débutants sont des femmes. Elles forment 30% de
gestionnaires au niveau intermédiaire, mais elles sont peu nombreuses parmi les
décideurs. Les raisons qui expliquent la présence aussi importante des jeunes filles
sont diverses et variées. Certaines d’entre elles aiment écrire et confondent l’écriture
et le journalisme. D’autres sont attirées par la popularité de certaines stars du
journalisme de télévision. Il n’y a qu’une poignée d’étudiants qui sont réellement
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conscients des tenants et des aboutissants du métier de journaliste, condition sine
qua non pour faire le bon choix professionnel.
Malheureusement, les mauvaises estimations au départ et un enseignement
peu attirant par la suite présentent un “cocktail qui tue”. Le moral des étudiants en
est affecté. Les jeunes diplômes sont souvent déçus et peu motivés, ce qui ne leur
facilite nullement le début de carrière. Le marché est submergé de “diplômés” :
environ 60 diplômés sortent des 20 écoles de journalisme par an ; il y a donc
beaucoup de demandeurs d’emploi qui ont le même profil. On estime à 20% les
journalistes diplômés qui réussissent à trouver un emploi dans leur branche. Les
autres se tournent vers les relations publiques, les communications, la publicité ou
d’autres métiers ayant peu de rapport avec leur formation initiale.
Afin de multiplier leurs chances, les plus ambitieux parmi eux cherchent à
compléter leurs connaissances théoriques en recourant aux formations alternatives
qui leur permettent de développer un savoir-faire et de créer des contacts avec les
gens du métier.
4. LA FORMATION ALTERNATIVE
La profusion des médias dans les années 90 a été suivie par une avalanche
d’écoles alternatives de journalisme privées. En 1994 il y avait 20 écoles de
journalisme au niveau de l’université. Douze ont survécu au processus d’attribution
de licence et à la concurrence.
Selon la Loi sur l’éducation, les universités privées doivent impérativement
être à but non lucratif. Les étudiants versent des frais de scolarité de l’ordre de 300 à
1000 US dollars par an, conformément aux moyens dont l’école en question dispose
et la qualité de l’enseignement qui y est dispensé.
Le nombre d’étudiants varient d’une école à l’autre: certaines ne rassemblent
guère plus de 20, alors que d’autres croulent sous leurs 1200 étudiants.
Les écoles privées sont techniquement loin des universités publiques.
L’équipement laisse à désirer et les bibliothèques sont peu fournies. Bien sûr, il y a
des exceptions à la règle : l’école de l’Université Spiru Haret de la fondation
“Romania de Maine” est étroitement liée à une chaîne de télévision soutenue par la
même fondation, ce qui permet aux étudiants d’avoir un solide formation pratique
grâce à un équipement numérique de très bonne qualité.
Le corps enseignant souffre du même antagonisme entre universitaires et
professionnels qui existe dans le secteur public. Pour satisfaire aux critères posés
par la Loi sur l’attribution des licences, les écoles privées font appel aux professeurs
retraités des universités publiques, d’où ce que certains auteurs nomment “la
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gérontocratie des universités privées”. Cette situation n’est guère stimulante : on ne
tient pas compte des nouvelles méthodes d’apprentissage, ni des nouvelles
technologies et ni approches. L’apprentissage est aussi affecté par les niveaux
disparates des enseignants, vu qu’ils sont pour la plupart spécialistes des disciplines
qui n’ont qu’un lointain rapport avec le journalisme. Dans certains établissements les
matières spécialisées ne dépassent pas 20%. C’est pour cette raison que les écoles
privées ne sont pas considérées comme viables et compétitives.
Pourquoi alors un si grand nombre d’étudiants se présentent aux examens
d’admission des écoles privées ? On peut fournir plusieurs réponses à cette
question. Le métier de journaliste est considéré comme facile. C’est, pour certains,
un moyen d’établir des contacts au plus haut niveau, une bonne base pour entamer
une autre carrière plus lucrative. Ensuite, les jeunes courent après les diplômes sans
trop se soucier de leur valeur réelle. Ce sont souvent les parents qui incitent leurs
enfants à s’inscrire aux universités privées, surtout après les échecs aux concours
d’admission aux établissements publics. Certains étudiants essaient de quitter les
universités privées pour s’inscrire aux établissements publics dès qu’ils réussissent
les examens de première année. D’autres recommencent tout à zéro, en se
présentant à l’examen d’admission.
L’obtention des licences n’est pas facile pour les universités privées. L’une
des conditions est que 50% des premiers trois groupes d’étudiants de quatrième
année réussissent leur examen final. Les examens finaux sont organisés par les
établissements qui ont déjà obtenu leur licence ; il s’agit d’universités publiques pour
la plupart. Les critères d’enseignement et les programmes étant différents, il est
difficile d’atteindre l’objectif voulu. Les étudiants ont protesté, ainsi que les
enseignants et les dirigeants des universités privées, dénonçant l’attitude des
établissements publics qui seraient en train de créer des obstacles artificiels au
développement du secteur privé de l’enseignement.
Les rapports entre le privé et le public sont devenus encore plus tendus
récemment ; lorsque le gouvernement a exigé que les écoles privées cèdent une
partie de leurs revenus au secteur public. Le gouvernement a aussi attribué des
licences à plusieurs écoles privées, ne respectant pas la procédure telle qu’elle est
fixée par la Loi. Cette décision a été prise quelques jours seulement après que
plusieurs universités se sont vues refuser la licence, suite à la mauvaise notation du
Conseil national pour l’attribution des licences. La situation doit être placée dans un
contexte plus large : il semble que l’attribution des licences est politisée et qu’elle
s’éloigne de sa principale raison d’être, c’est à dire la mise en place des mêmes
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critères de qualité. Tout cela ne peut avoir que des conséquences négatives sur la
crédibilité de l’enseignement privé et sur son avenir.
5. LA FORMATION COMPLEMENTAIRE DES JOURNALISTES
Compte tenu du marché des médias en Roumanie et du grand nombre de
journalistes qui y travaillent, on pourrait s’attendre à ce qu’il y ait beaucoup
d’organismes qui assurent des formations complémentaires pour des journalistes
entre deux âges. Pourtant il n’y a qu’une institution qui s’en charge : le Centre pour le
journalisme indépendant (CIJ) à Bucarest. Un autre établissement du même type,
l’Ecole de la BBC, a été fermé en juin 2001.
Le Centre pour le journalisme indépendant est une organisation non
gouvernementale et non lucrative qui soutient les médias libres et indépendants. Il a
été créé en 1994, en même temps que les centres de Budapest, Prague et
Bratislava, par la Fondation indépendante de journalisme dont le siège est à New
York.
Le CIJ organise des cycles de formation destinés aux journalistes et aux
étudiants de journalisme, de sciences politiques, d’économie ou de droit. En février
et en octobre chaque année, le CIJ lance des cours de rédaction de nouvelles, de
reportage, de l’art de rédiger, des techniques d’interviews, de journalisme politique et
économique, de reportage photographique, de législation ayant trait aux médias, de
gestion des médias, de journalisme aidé par ordinateur, de production de nouvelles
dans l’audiovisuel. Les cycles s’étalent sur six à 12 semaines, les cours se déroulent
une fois par semaine et l’approche et interactive et pragmatique. Les instructeurs
sont des journalistes expérimentés, réputés pour leurs critères professionnels et
l’équidistance qu’ils pratiquent. Le prix est de 15 à 30 dollars par cycle ; les étudiants
jouissent d’un rabais de 50%. A la fin de la formation, les étudiants obtiennent un
diplôme, non reconnu par le Ministère de l’éducation. Mais, comme le Centre et les
instructeurs qui y enseignent jouissent d’une grande notoriété, leurs diplômes sont
très appréciés dans le milieu professionnel.
Le CIJ “exporte” en province des formations de ce type sous forme
condensée de cours du soir. Les médias locaux et les associations de journalistes
sont des partenaires sur place qui se chargent de la promotion, de l’animation et de
la logistique.
Le CIJ propose aussi des formations dirigées par des instructeurs étrangers,
le plus souvent des professionnels américains. Ils organisent soit des ateliers pour
des journalistes aux spécialités diverses, soit des formations ciblées à la demande
des médias. Ces formations-là sont en règle générale gratuites.
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Le CIJ a une coopération développée avec des écoles de journalisme de tout
le pays. Les universités de Bucarest, Isai, Sibi, Cluj et Timisoara bénéficient des
compétences des instructeurs du CIJ et des moyens dont le Centre dispose.
En 1999 le Centre a lancé un projet de développement du programme
scolaire, dans le cadre du programme Pro Media financé par USAID. Suite à une
étude approfondie des besoins et des capacités, l’Ecole de journalisme de
l’Université de Bucarest a été sélectionnée pour accueillir des étudiants de troisième
année qui allaient suivre un programme en anglais. Une équipe de professeurs
américains enseigne la rédaction des nouvelles et le reportage, la législation ayant
trait aux médias et l’éthique, les nouveaux médias et le reportage photographique. Ils
dirigent aussi des séminaires qui offrent la possibilité aux étudiants de rencontrer des
professionnels des médias (journalistes, gestionnaires des médias, publicitaires,
etc.). Ces cours correspondent à la moitié des crédits obligatoires pour une année
d’études. Les étudiants du programme anglais suivent les autres cours en roumain,
avec leurs collègues.
Le Centre dispose d’une salle d’informatique avec accès Internet, des
laboratoires radio et télévision avec des équipements analogique et numérique. La
bibliothèque Freedom Forum News y est installée, avec sa collection unique de livres
de périodique et de CD ROMS.
Le CIJ participe aussi aux programmes liés à la législation, le renforcement
des associations de journalistes et la promotion des jeunes journalistes gitans. Il
dirige également les cours d’initiation au journalisme destinés aux lycéens.
L’Ecole de la BBC a été créée en 194 avec le soutien du gouvernement
britannique. La formation type, dirigée par des journalistes britanniques renommés,
était d’une durée de 14 semaines. On y enseignait l’édition et le management aussi.
L’Ecole de la BBC offrait aussi des formations plus courtes de quatre à six semaines
dirigées par des professionnels roumains. Ces cours étaient très appréciés, surtout
parmi les journalistes de province : nombreux sont des professionnels de
l’audiovisuel qui ont réussi leur carrière grâce à la formation qu’ils ont suivie à l’Ecole
de la BBC. Malheureusement, lorsque les priorités du gouvernement britannique et
du Département de l’éducation de la BBC ont changé, l’Ecole de Bucarest s’est
retrouvée sans ressources. Elle est donc fermée en juin 2001.
Le seul programme de longue haleine est celui dirigé par Pro Media IREX
(Washington DC) et la Fondation indépendante pour le journalisme (New York). Le
CIJ est chargé de le mettre en œuvre localement. La fin de ce programme est prévue
pour juin 2002.
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Le réseau pour un journalisme professionnel en Europe du Sud-Est
(SEENPM), dont la Roumanie fait partie, offre aux professionnels la possibilité de
suivre les cours focalisés sur des sujets variés (reportage politique, journalisme et
informatique,
journalisme d’investigation, reportage économique, écologique,
couverture des élections, etc.).
La Fondation Open Society a mis fin il y a quelques années aux programmes
concernant les médias, alors que l’Union européenne compte parmi ses programmes
quelques-uns à caractère régional qui ne sont ni éducatifs ni informatifs, mais plutôt
orientés vers la protection des journalistes et la libéralisation de la législation ayant
trait aux médias. Il s’agit des programmes suivants :
•
L’aide juridique pour les programmes dirigés par la Fédération
internationale des journalistes et financés par la Commission européenne.
les partenaires roumains sont l’Association des journalistes roumains
(SZR), l’Agence pour le monitoring des médias “Academia Catavencu” et
le CIJ ;
•
Le programme “Démocratie en pratique” mené par Article XIX (Londres),
financé par la Commission européenne. Les partenaires roumains sont :
le Comité d’Helsinki roumain et le CIJ.
•
Les programmes de l’Union européenne destinés aux universités
(SOCRATES, ERASMUS).
•
Les autres agences telles que le Conseil de l’Europe, l’Association
mondiale des journaux ou l’UNHCR organisent occasionnellement pour
les professionnels des médias des formations de courte durée concentrée
autour des thèmes d’actualité (la diversité dans le reportage, la publicité,
le retour des réfugiés, etc.).
Les journalistes ont également accès aux formations, programmes et bourses
offertes par le Centre européen de journalisme (Maastricht), Alfred Friendly Program,
The Knight Fellowship for Eastern Europe et German Marshall Fellowship Program.
Plusieurs écoles internationales de journalisme (en France, GrandeBretagne, Espagne, Pays-Bas, Suède, Etats-Unis et autres) offrent aux étudiants
roumains un spectre assez large de bourses, de programmes d’été, d’échanges, etc.
Malheureusement, ces programmes ne sont pas accompagnés d’une publicité
suffisante et beaucoup d’étudiants en ignorent l’existence. Certains programmes sont
en partie payants, ce qui représente un obstacle majeur pour beaucoup d’étudiants.
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De ce fait, ce sont uniquement les étudiants aisés qui ont accès à ces programmes;
ainsi est créée une “caste aisée et éduquée” qui n’est pas forcément composée des
meilleurs.
6. L’ATTITUDE DES MEDIAS ET DES JOURNALISTES LOCAUX ENVERS LES
PROGRAMMES DE FORMATION
L’attitude des journalistes envers les programmes éducatifs a évolué depuis
le début des années 90. A l’époque, les gens étaient désireux avant tout de travailler
et la combinaison “étudier en travaillant” a marqué cette première phase. De plus,
beaucoup de journalistes qui avaient quelques années d’expérience se considéraient
comme omniscients et étaient offusqués lorsqu’on leur proposait une formation.
Apprendre plus était pour eux l’équivalent de “ne pas en savoir assez”, et ils
estimaient que leur statut professionnel pâtirait s’ils acceptaient de suivre des cours.
Petit à petit, les journalistes ont pris conscience de la qualité des programmes
qui leur étaient proposés, et des avantages qu’ils pouvaient en tirer (l’acquisition de
nouvelles techniques et de nouvelles approches, l’établissement des nouveaux
contacts et, pourquoi pas, l’ouverture de nouvelles possibilités d’embauche). Cette
attitude a découlé de l’expansion des produits médiatiques étrangers, du câble
notamment. La Roumanie est l’un des pays européens avec le plus de foyers
câblés ; de ce fait CNN, BBC, Euronews, ABC, NBC, RTL ou TF1 sont pratiquement
accessibles à tout le monde. Les journalistes locaux ont donc reconsidéré leurs
critères professionnels et sont devenus plus attentifs aux programmes de formation
en tant que sources d’acquisition de nouvelles connaissances.
Actuellement il existe un antagonisme entre les journalistes des médias
nationaux et ceux des médias locaux. Les opportunités de formation sont
principalement offertes à Bucarest ; de ce fait, il y a une certaine saturation dans les
médias les plus influents qui, en outre, démontrent une certaine arrogance (“trop bon
pour avoir besoin de formation” semble être leur devise). En province en revanche, il
existe une réelle soif d’apprentissage : les instructeurs qui ont dirigé des cours à
Bucarest et en province s’accordent à dire que, même si le niveau des compétences
est plus faible chez les journalistes de province, l’intérêt qu’ils montrent pour la
formation est exceptionnel.
Le même antagonisme peut être observé au niveau des médias : les médias
locaux sont obligés de vivre sur des petits marchés, souvent surpeuplés et pauvres,
et ils sont plus motivés pour lutter et améliorer leur position. Comme nous l’avons
indiqué plus haut, un grand nombre de médias a été créé par des personnes qui
n’avaient aucune formation professionnelle de journalistes et de gestionnaires. Le
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bon sens et l’enthousiasme ont pu pendant un certain temps combler l’absence
d’éducation structurée. Mais on a fini par comprendre que pour survivre dans le
monde de l’information, il est nécessaire de respecter certaines règles. Plusieurs
médias locaux se sont donc adressés aux organismes chargés d’assurer des
formations complémentaires. Ils ont ainsi eu l’opportunité de suivre une formation
gratuite, ce qui leur a permis de renforcer leur position sur le marché, sans puiser
dans leurs réserves financières.
Quant aux médias nationaux, ils ont mis en place des départements de
développement professionnel, ce qui a contribué à leur survie. Les plus influents
d’entre eux jouissent de la « bienveillance » des politiques ; ils bénéficient aussi des
positions privilégiées dans le domaine publicitaire et fiscal. Au niveau purement
professionnel, ils ont développé un style reconnaissable et ils exigent que leurs
jeunes collaborateurs s’y conforment. Ils ne montrent que peu d’intérêt pour la
formation complémentaire de leurs journalistes. Ils invoquent le plus souvent le
manque de temps et de personnel ; ils se justifient aussi en disant : « nous sommes
ici pour travailler, nous n’avons pas de temps à perdre ». Un gestionnaire a même
déclaré que la qualité des petites radios de son réseau ne l’intéressait pas du tout,
tant qu’elles émettent et arrivent à prolonger leur licence !
L’année dernière a été marquée par une stagnation de la presse écrite.
L’économie en crise ne pouvait plus financer la publicité et la lutte pour le tirage est
devenue sans merci. De nombreux médias estimaient que tous les moyens étaient
permis ; les critères ont chuté, la notion même de professionnalisme est dévalorisée
et les jeunes journalistes ne sont plus persuadés que pour réussir il faut être
compétent. Les rédacteurs et les éditeurs n’encouragent pas la concurrence : ils
préfèrent travailler avec un personnel peu qualifié qui accepte d’être moins
rémunéré. La formation des personnes qui sont en milieu de carrière est plutôt
optionnelle qu’exigée par l’institution qui les emploient.
Les médias publics forment une exception. La radio et la télévision ont des
départements de ressources humaines qui s’occupent de la formation des
journalistes. Les deux institutions ont lancé des programmes de formation dirigés par
leurs professionnels les plus doués. Elles ont aussi établi une coopération avec des
partenaires étrangers (allemands et néerlandais) et elles « importent » leurs modèles
de formation..
Il est vrai néanmoins que les programmes de cours pour journalistes et autres
professionnels des médias reprennent souvent les mêmes thèmes, ce qui pourrait tôt
ou tard provoquer une saturation, problème que nous avons déjà évoqué. Toutefois,
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compte tenu des médias pléthoriques en Roumanie et le nombre décroissant de
programmes de formation, cette perspective nous semble encore lointaine.
7. L’AVENIR
L’avenir de l’éducation des journalistes roumains dépend de plusieurs
facteurs. L’objectif à long terme est la création d’une culture d’éducation qui
accepterait la « formation continue », concept qui est malheureusement étranger à
une grande partie des professionnels des médias.
Les universités devraient reconsidérer leurs programmes, afin d’harmoniser
le milieu académique et les exigences du métier. Elles gagneraient à introduire des
nouvelles disciplines, des nouvelles méthodes d’apprentissage plus pragmatiques et
les nouvelles technologies. L’industrie médiatique devrait être plus consciente du rôle
qu’elle a à jouer dans le développement de l’éducation professionnelle.
Malheureusement, la mauvaise situation économique de la plupart des médias,
associée à une absence de politique de sponsoring et à une législation
décourageante, n’incitent pas les facteurs économiques à s’investir dans l’éducation
des journalistes.
La formation professionnelle dépend du financement. Les donateurs
étrangers mettent petit à petit fin aux programmes d’aide aux médias roumains.
Quant aux organisations locales, elles sont sans ressources ou elles ne sont tout
simplement pas intéressées par des projets de ce type, même si la société dans son
ensemble en bénéficierait. Les associations des journalistes et des professionnels
des médias n’ont pas les moyens nécessaires ; lorsqu’elles désirent que leurs
membres se perfectionnent, elles se tournent vers les organismes non lucratifs pour
demander leur soutien.
Dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 100 USD (les salaires des
journalistes ne sont guère supérieurs à la moyenne), créer des centres de formation
financièrement indépendants n’est qu’un vœu pieux. Une formation de qualité coûte
cher, surtout à une époque où les technologies ne cessent d’évoluer. Si le taux de
croissance reste à son niveau actuel, l’industrie ne sera pas en mesure avant
longtemps de financer les programmes de formation.
A l’avenir, on pourrait imaginer que les établissements d’éducation
traditionnelle et les centres alternatifs de formation cessent de se conduire comme
des concurrents. Au contraire, ils devraient coopérer car ils répondent à des besoins
différents : ils sont complémentaires. Enfin, on devrait ouvrir un dialogue public afin
de réunir les moyens nécessaires pour améliorer la situation dans le journalisme
roumain.
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8. CONTACTS
Chaire de journalisme
Ecole de journalisme et des communications de masse
Université de Bucarest
1-3, Boulevard Iuliu Maniu, Secteur 6, Bucarest
Doyen: Daiela Roventa Frumusani
Tél: +40 01 410 06 43; e-mail: [email protected]; www.fjsc.ro
Fax: +40 01 410 06 43
Haaute école de journalisme
52, Rue Blanari, Secteur 3, Bucarest
Doyen: Sorin Iliesiu
Tél: +40 01 312 45 52
Fax: +40 01 312 15 83
Faculté de journalisme
Université “Hyperion”
9-11, boulevard Energeticienilor, Secteur 3, Bucarest
Doyen: Victor Visinescu
Tél: +40 01 323 54 04
Fax: +40 01 323 54 04
Faculté de journalisme et de philosophie
Université “Spiru Haret”
313 rue Splaiul Independentei, Secteur 6, Bucarest
Doyen: Ion Tudosescu
Tél: +40 01 410 39 13
Fax: +40 01 411 33 84
Faculté de journalisme
Université “Media”
33 rue Jean Louis Calderon, Secteur 2, Bucharest
Dekan: Mihai Coman
Tél: +40 01 310 37 94
Fax: +40 01 310 37 20
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Chaire de journalisme
Faculté de philologie “Vest” Timisoara
4, rue Vasile Parvan, Timisoara
Doyen: Ileana Oancea
Tél: +40 56 194 068
Fax: +40 56 193 886
Faculté de journalisme
Université “Tibiscus”
4-5 rue Alexandru Lazar, Timisoara
Doyen: Doina Bogdan Dascalu
Tél: +40 56 202 932
Fax: +40 56 202 930
Faculté de philologie, d’histoire et de journalisme
Université “Lucian Blaga”
5-7, boulevardVictoriei Blvd. 5-7, Sibiu
Doyen: Nicolae Jurca
Tél: +40 69 215 556
Fax: +40 69 430 556
Faculté des sciences politique et de journalisme
Université “Babes-Bolyai”
1, rue Universitatii, Cluj
Doyen: Ilie Rad
Tél: +40 64 198 619; e-mail: [email protected]
Fax: +40 64 192 861
Faculté d’études humaines et chrétiennes
Université “Western University Vasile Goldis”
3, rue Unirii, Arad
Président de la Chaire de journalisme: Dumitru Marcus
Tél: +40 57 282 324
Fax: +40 57 282 324
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Faculté de journalisme
Université roumano-canadienne
11, rue Oltet, Brasov
Doyen: Ion State
Tél: +40 68 164 681
Chaire de philosophie et de journalisme
Faculté de philosophie
Université “Nord”
76, rue Victoriei , Baia Mare
Doyen: Nicolae Felecan
Tél: +40 62 276 305
Chaire de journalisme
Université “Al. I. Cuza” Iasi
11, boulevard Copou, Iasi
Doyen: Andrei Hoisie
Tél: +40 32 144 760
Fax: +40 32 201 201
Chaire de journalisme
Faculté d’études de communications
Université “Apolonia”
11, rue Pacurari, Iasi
Doyen: Mircea Rusu
Tél: +40 32 215 900
Facultéé de journalisme
Université “Andrei Saguna”
25, rue 1907, Constanta
Doyen: Jipa Rotaru
Tél: +40 41 510 500
Fax: +40 41 662 520
Centre pour le journalisme indépendant
18, rue Bibescu Voda, 2ème étage, Secteur 4, Bucarest
Directeur exécutif: Ioana Avadani
©Media Online 2001. All rights reserved.
Tél: +40 01 335 62 00; e-mail: [email protected]; www.cji.ro
Fax: +40 01 335 62 97
9. BIBLIOGRAPHIE
1. Index de durabilité des médias (Media Sustainability Index), étude dirigée par
CIJ/IREX, à paraître.
2. L’éducation des journalistes en Europe centrale et orientale (Journalism
Education in Central and Eastern Europe) dans “The Global Network”, numéro
15/16, 2001, Bucarest, FJSC
Ioana Avadani est le directeur exécutif du Centre pour le journalisme indépendant à
Bucarest, Roumanie. Traduction: D. D. © Media Online 2001. All rights reserved.

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