Bébé-Lune et sa descendance - Le Centre Spatial Guyanais

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Bébé-Lune et sa descendance - Le Centre Spatial Guyanais
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Bébé-Lune et
sa descendance
« Ariane, bip, bip, bip, hurrah ! » titrait la Dépêche du Midi
pour annoncer le lancement réussi, le 25 décembre 1979,
de la première Ariane 1 (LO1). L’Europe franchissait une étape
majeure dans le programme spatial, et la France confortait sa place de troisième puissance spatiale. La Dépêche ne s’y est pas
trompée en faisant une franche allusion à un autre événement dont on a fêté les 50 ans le 4 octobre dernier : la mise sur orbite
de Spoutnik, le tout premier satellite artificiel de la Terre. Avec cet exploit, l’Union Soviétique ouvrait l’ère de la conquête spatiale.
Tentons de parcourir les grandes étapes de cette conquête en y mêlant étroitement l’histoire du Centre Spatial Guyanais.
’année 1957 voit apparaître le personnage de Gaston Lagaffe
dans «Spirou», la troisième semaine de congés payés,
l’instauration de la vignette automobile, la signature du Traité
de Rome… et la naissance du premier «bébé-Lune», Spoutnik-1.
L
La saveur particulière de Spoutnik, en pleine Guerre froide
Les Etats-Unis et l’Union soviétique, à l’idéologie politique
opposée, cherchent à se dominer l’un l’autre sans prendre le
risque de s’affronter militairement. L’Espace devient l’un des
grands enjeux de la Guerre Froide.
Quelques mois après Spoutnik, le 31 janvier 1958, Explorer-1,
le premier satellite américain, est placé sur orbite. Dans les mois
suivants, la Lune devient une lutte de prestige entre les deux
blocs. Les Soviétiques sont les premiers à envoyer un Homme
dans l’Espace, le 12 avril 1961, Youri Gagarine. Les Américains
répliquent le 20 février 1962 : John Glenn réalise le premier vol
suborbital. Plus tard, ils créent le programme Saturn/Apollo qui
permet à Neil Armstrong et Buzz Aldrin de marcher sur la Lune
le 21 juillet 1969.
La même année, l’Europe ne dispose pas encore de lanceur.
C’est dix ans plus tard, après avoir vainement tenté de mettre
au point le lanceur Europa qu’elle acquiert une renommée avec
le premier lancement d’Ariane.
Enveloppe du 1er lancement
Diamant au CSG
10 / LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007
Après un tir avorté, L01 décolle avec succès de Kourou,
le 24 décembre 1979. «Que l’espace est étroit entre le succès
et l’échec ! », dira Roger Vignelles, chef de projet Ariane L01.
Enveloppe du
1er lancement Diamant
Avec Diamant, la France avait montré sa capacité à réaliser seule
des lanceurs. Le 26 novembre 1965, le lancement de Diamant-A
avait fait de la France la troisième puissance mondiale.
Après le départ de la base d’Hammaguir en Algérie, cinq
Diamant B et trois Diamant-B-P4 ont été lancés depuis le CSG.
Interrogé sur les souvenirs de ses premiers pas au CSG qu’il
dirigeât de 1973 à 1976, Hubert Bortzmeyer cite le lancement du
premier Diamant B comme son moment le plus mémorable.
«Nous étions à l’avant-garde européenne de la conquête d’une
nouvelle frontière : l’espace ». Quant au sentiment d’être en
concurrence avec les autres puissances spatiales, il en était
dépourvu : «Les Américains et les Russes étaient trop loin devant
à l’époque ; et les autres, trop loin derrière ».
Malgré le succès du programme, l’arrêt de Diamant est décidé
en octobre 1974. La France, engagée dans le programme du
lanceur européen Ariane, ne peut mener de front les programmes
national et européen. La famille Ariane a démontré que le lanceur
répondait à des demandes de lancement de plus en plus
diversifiées, pour des charges commerciales de plus en plus lourdes.
En direct
Les commémorations des 50 ans de conquête spatiale
Un beau bouquet éditorial, un site Internet dédié, un document
philatélique exceptionnel, des expos… Le CNES n’a pas manqué
d’imagination pour relayer l’événement auprès de tous.
Parmi les innombrables publications éditées à l’occasion des
50 ans de Spoutnik, le CNES s’est associé en octobre au hors série
de «Ciel et Espace» et au magazine «VSD» qui ont publié un
dossier spécial sur les activités spatiales passées. Le journal «Mon
quotidien», destiné aux jeunes lecteurs, a également consacré un
numéro sur l’épopée spatiale. Original, un manga sur la course à
l’espace et ses enjeux, a connu un second tirage pour y insérer
trente pages dédiées au CNES. De plus, des ouvrages de référence
tels que «Les débuts de la recherche spatiale française» (fuséessondes) et «Les 50 ans de la conquête spatiale», ont été écrits par
le CNES ou avec son partenariat, accompagnant de nouvelles
publications d’auteurs faisant autorité dans le domaine.
Le néophyte qui a en mémoire la seule phrase «Un grand pas pour
l’Homme, un pas de géant pour l’humanité » découvrira de
nombreux autres épisodes de la conquête spatiale. Tous ces titres
figurent dans la bibliographie élaborée par le Centre de
Documentation et d’Information du CSG.
Ceux que l’édition électronique tente davantage auront plaisir
à consulter le site http://www.cnes-tv.com/dossiers/50ans.
Il propose vidéos, interviews et illustrations pour replonger dans
les activités passées et se projeter dans l’avenir.
Le Service philatélique de la Poste s’est associé au CNES
pour éditer un timbre dédié aux 50 années d’aventure spatiale.
Il a été mis en vente dès le 4 octobre dans les centres du CNES,
puis le lendemain dans tous les bureaux de Poste. Le CNES
a célébré l’événement en remettant un document philatélique
(timbre et enveloppe) à chacun de ses salariés.
© Cnes, David Ducros
S’affranchir de la pesanteur, conquérir l’espace, explorer l’univers
ont permis aux Russes et aux Américains puis à l’Europe et à
d’autres nations d’asseoir une autorité politique et technologique.
Au-delà de cet objectif, l’Espace est devenu une activité
commerciale. Aujourd’hui, si l’activité est fortement
concurrentielle, les puissances spatiales empruntent aussi la voie
de la coopération. La Station spatiale internationale en est
l’illustration phare.
Sur ce timbre apparaissent Spoutnik, la capsule Apollo, un satellite SPOT,
Ariane 5 lançant un cargo ATV, Soyouz avec le télescope orbital Corot.
Au CSG, un bureau temporaire de la Poste installé sous le hall
Jupiter a permis à tous de se procurer l’édition « Premier jour »,
appréciée des philatélistes. Là, Michel Vasse, du Club philatélique
de Kourou, a présenté des documents philatéliques édités et
oblitérés à l’occasion des lancements du CSG ou d’événements
marquant l’histoire spatiale internationale. Merci à lui pour les
illustrations de cet article !
Sur Toulouse, la Cité de l’Espace accueille l’exposition
pédagogique Cosmomania jusqu’au 6 janvier 2008. Imaginez enfin
80 photographies remarquables sur la conquête spatiale et ses
résultats les plus spectaculaires. L’exposition, réalisée par le CNES
en partenariat avec le Sénat, se tient à Paris, sur les grilles du
Jardin du Luxembourg jusqu’au 2 janvier 2008. Elle connaîtra une
seconde vie en Guyane. 4
Par Fabienne Famaro
Au début était Spoutnik-1
Traduction du nom : Compagnon de route (le satellite,
qui gravitait autour de la Terre, accompagnait la Lune dans
sa course autour du Soleil).
Lancement par le lanceur R-7, dit Semiorka et désormais
appelé Soyouz.
Description : petite sphère métallique d’un diamètre de
58 cm, pesant 83,6 kg. A l’intérieur, divers instruments et
sources d’énergie électrique. Au moyen de 4 antennes,
le satellite a émis des ondes radio à destination de la Terre :
les fameux « bip… bip…bip ».
Missions : mesurer la densité de l’atmosphère, étudier la
propagation des signaux hertziens dans l’ionosphère, vérifier
des solutions techniques de base (problèmes de mise en
orbite, régime thermique, etc).
Placé sur une orbite elliptique, Spoutnik-1 émet pendant 21
jours avant de tomber en panne. Il se désintègre le 4 janvier
1958 en rentrant dans l’atmosphère. Durant sa mission, il aura
accompli près de 1400 révolutions autour de la Terre.
LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 /
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