Dernière édition avant la fusion - Haut-Rhin
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Dernière édition avant la fusion - Haut-Rhin
Région Q JEUDI 26 FÉVRIER 2015 BAS-RHIN Lutter d’abord contre le terrorisme > P.14 VIOLETTA À STRASBOURG Q La troupe de la série Disney Violetta est à Strasbourg pour trois spectacles. Belle cohue hier matin devant l’hôtel qui abrite les artistes. Objectif prioritaire, un selfie avec Martina. P 16 PARIS Salon international de l’agriculture Dernière édition avant la fusion Une page s’est tournée hier au salon international de l’agriculture. Les responsables agricoles et politiques alsaciens ont inauguré, pour la 52e et dernière fois, le stand collectif régional. L’an prochain, les exposants de la région présenteront leurs produits aux côtés des agriculteurs et des producteurs de Lorraine et de Champagne-Ardenne. L a date de l’inauguration est déjà fixée : ce sera le 24 février 2016. À ce stade, c’est à peu près la seule certitude. La forme que prendra la présence alsacienne au prochain salon international de l’agriculture est encore à définir. Mais avec le bon sens paysan qui les caractérise, les représentants des agriculteurs de la future grande région ont pris les devants. « Avec les présidents des chambres de Lorraine et de Champagne-Ardenne, nous avons fait les démarches pour réserver des emplacements les uns à côté des autres », a annoncé hier Jean-Paul Bastian, le président de la chambre d’agriculture de Région Alsace, aux nombreux élus et responsables profess i o n n e l s q u i av ai e n t f ai t l e déplacement jusqu’à Paris pour inaugurer le village alsacien. Mais quelle que soit la proximité géographique, « chacun défendra ses produits ». gne ». Cela suppose de « convaincre un maximum d’éleveurs » d’opter pour des Vosgiennes plutôt que pour des Montbéliardes ou des Prim’Holstein. Le salon, où il présente Edelweiss (673 kilos, 10 454 kg de lait total produit), une de ses plus belles bêtes, est pour l’association qu’il préside l’occasion de « séduire » les professionnels en rappelant les performances laitières et économiques de cette race mixte, dont la viande est aujourd’hui valorisée par la marque Race Bovine Laitière. Edelweiss et la demi-douzaine d’autres Vosgiennes venues d’Orbey ou encore de La Bresse ont en tout cas séduit les visiteurs, nombreux à s’étonner de leurs robes tachetées. Pour la plupart d'entre eux, le salon de l’agriculture, est d’abord une gigantesque ferme qui se visite en famille. ODILE WEISS R RÉVOLUTION AGRICOLE Vitrine incontournable Florent Campello, éleveur à Mittlach, présente Edelweiss, une de ses plus belles bêtes. PHOTO J.-L. STADLER Pas question en effet pour les collectivités locales, les agriculteurs, les producteurs fermiers et les industriels de l’alimentaire de la région de perdre en visibilité. Réforme territoriale ou pas, le salon international de l’agriculture reste, avec ses 700 000 visiteurs annuels, une vitrine incontournable pour les territoires et leurs acteurs économiques. Ce n’est pas pour rien que le conseil régional y a investi cette année « 132 000 euros, une somme en progression par rapport à l’an dernier, pour accompagner les professionnels » réunis par la chambre d’agriculture, a indiqué le vice-président de la Région, Antoine Herth. En l’occurrence dix-huit viticulteurs, brasseurs, restaurateurs, producteurs de foie gras, de fromage, de charcuterie, de biscuits ou encore de pâtes (DNA du 20 février 2015), réunis « sous la bannière de la marque Alsace qui nous permet de parler un langage commun », a souligné M. Herth. Ces exposants, dont la présence est mise en valeur par des animations culinaires et folkloriques, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Il faut en effet y ajouter les très nombreuses entreprises qui participent au concours général agricole des produits et des animaux. Toutes ces exploitations et ces PME, ont relevé les présidents des conseils généraux Charles Buttner et GuyDominique Kennel, devant un parterre de députés, de sénateurs, de conseillers généraux, régionaux et de représentants de l’Eurométropole, témoignent des efforts déployés ces dernières années pour développer les circuits courts et valoriser le territoire alsacien. Toutes contribuent donc à « défen- dre le modèle agricole alsacien » constitué d’exploitations de petite taille (45,6 hectares en moyenne, soit 1,7 % de moins que la moyenne nationale) à la production extrêmement diversifiée. Ces caractéristiques font que « nous avons besoin de circuits courts, de l’industrie agroalimentaire et de la vente directe pour dégager de la plus-value et vivre de notre production », a rappelé M. Bastian. Le salon international de l’agriculture est évidemment surtout une vitrine pour la profession. « Nous voyons passer tous les politiques », constate Laurent Wendlinger, premier vice-président de la chambre d’agriculture de région Alsace. C’est évidemment précieux pour faire passer des messages. « Cela nous permet aussi de prendre des contacts avec des représentants de pays » qui sont à la recherche de partenariats techniques et commerciaux. « Par exemple, ce matin [hier NDLR] nous avons accueilli l’ambassadeur d’Afrique du Sud ». Et à la fin de la semaine, le vice-président de la Région, François Loos, recevra une délégation de la province chinoise du Sichuan composée notamment de PME agricoles avec la chambre d’agriculture, l’interprofession des fruits et légumes d’Alsace, le comité interprofessionnel des vins d’Alsace et la fromagerie de la vallée de Munster. Pour Florent Campello, éleveur à Mittlach et président de l’organisme de sélection de la race Vosgienne, le salon est aussi un outil de promotion irremplaçable. « Notre objectif est, à terme, de ne peupler le massif vosgien qu’avec de la Vosgienne », une race rustique « particulièrement bien adaptée aux systèmes d’élevage en monta- La réforme territoriale aura un impact aussi pour les chambres d’agriculture, et pas des moindres. Elles vont en effet être obligées de fusionner pour s’aligner sur la nouvelle carte des régions, en principe dès le 1er janvier 2016. Cela suppose, a expliqué hier Laurent Wendlinger, premier vice-président de la chambre d’agriculture alsacienne, d’organiser des élections en novembre prochain, avec trois ans d’avance sur la date normale, afin d’élire de nouveaux représentants. « On veut faire une révolution agricole en l’espace de neuf mois », constate le responsable agricole. Ce projet de rapprochement des chambres régionales d’agriculture d’Alsace, de Lorraine et de Champagne-Ardenne pose un autre problème. En 2013, l’Alsace a en effet fusionné ses trois chambres, départementales et régionale, en une seule structure alors que la Lorraine et la Champagne-Ardenne sont restées sur le schéma antérieur. Les discussions s‘annoncent serrées. « Nous allons devoir négocier pour préserver cette spécificité régionale afin de ne pas casser l’organisation et la mécanique qui ont été mises en place. » En 1958, le salon de l’agriculture... au Wacken Le salon de l’agriculture a toujours eu lieu à Paris, sauf en 1958 où il a été exceptionnellement délocalisé à Strasbourg. Ses organisateurs avaient décidé de lui donner une dimension européenne, quelques mois après la naissance du Marché commun. LE TRAITÉ DE ROME a eu des consé- quences inattendues. Il est ainsi à l’origine de l’unique tentative de transplantation du salon international de l’agriculture hors de Paris. En 1958, cette manifestation, qui était déjà une institution, a en effet eu lieu à Strasbourg « à titre d’essai et à titre exceptionnel », expliquent les Dernières Nouvelles d’Alsace de l’époque. « Pour la première fois, relève le quotidien, le concours général agricole » (dont c’était la 69e édition) « et le salon international de la machine agricole ont délaissé le cadre parisien qui a toujours été le leur » pour le parc des expositions du Wacken. Cette délocalisation en Alsace s’explique aussi par la forte présence ministérielle du strasbourgeois Pierre Pflimlin à la fin des années 50. Il fut ministre des Affaires Etrangères de novembre 1957 à mai 1958 et ministre des Affaires économiques et des finances du gouvernement Félix Gaillard, sous le président René Coty. Il fut également ministre de l’Agriculture dans huit gouvernement de la IVe République. En 1957, il était aussi conseiller général de Haguenau et président du conseil général du Bas-Rhin. «Prendre des contacts pour la future réalisation du Marché commun» « La grande Semaine internationale de l’agriculture » qui a ouvert ses portes le 29 mars 1958 « se tient à Strasbourg sous le signe du Carrefour de l’Europe », explique le ministre de l’Agriculture, M. BoscaryMonsservin, dans les colonnes du journal. « Elle est, au moment de la naissance du Marché commun, l’affirmation que l’agriculture française entend s’adapter sans réticence à cet élargissement de ses hori- zons commerciaux habituels. » Concrètement, « nous avons voulu ici, dans l’Est de la France, attirer non seulement des visiteurs français mais également des visiteurs étrangers en vue de prendre des contacts pour la future réalisation du Marché commun », précise M. Blanchot, président du comité d’organisation du salon de la machine agricole. Les organisateurs, qui avaient fait le pari de faire se déplacer 300 000 personnes en une semaine, ont reconstitué au Wacken les pôles qui faisaient déjà le succès du salon de l’agriculture : une exposition de machinisme pour permettre aux visiteurs « de se rendre compte des progrès de la technique française dans le domaine du matériel agricole », un ring (aménagé sur le stade de l’ASS) réservé au concours des animaux et un hall dédié aux « provinces françaises ». « Dès le premier jour, ont constaté les DNA, « la Semaine internationale de l’agriculture a attiré à Strasbourg un nombre imposant de visiteurs étrangers ». Même constat En 1958, le salon de l’agriculture a été exceptionnellement délocalisé à Strasbourg. PHOTO ARCHIVES DNA de M. Blanchot : « De nombreux techniciens et représentants des milieux agricoles de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, de Hollande et du Luxembourg ont visité notre salon. Nous avons également vu des techniciens soviétiques au Wacken. Et une personnalité présente remarquait qu’ils sont restés suffisamment longtemps pour copier les modèles de nos machines. » En revanche, a déploré M. Lavoine, commissaire général du concours général agricole, « les citadins ont montré peu d’empressement et hélas peu d’intérêt pour notre manifestation ». À son grand regret « le rush attendu ne s’est pas produit ». La Semaine agricole n’a attiré en six jours que « quelque 100 000 visiteurs ». C’est sans doute ce qui explique que l’initiative n’ait jamais été renouvelée. Le salon de l’agriculture a retrouvé dès 1959 son cadre parisien habituel. O.W. R