La Gazette d`Athéna
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La Gazette d’Athéna – n°3 – * * Athéna Vincent Bonhomme La distribution des aides agricoles de la nouvelle PAC en France : l’argent est-il dans le pré ? par Pauline L ECOLE — RSE. . .Vous avez dit Responsabilité Sociale de l’Entreprise ? par Hajar E L B AHRI — Objectif Mars : alerte aux radiations par Axel R ODRIGUEZ — Entre liquide et solide, l’étonnante mécanique du tas de sable par Paul S CHUHMACHER — Rencontre avec un physicien médical par Joël G REFFIER — Adaptez votre micro-nutrition pour obtenir de macro-performances par Jonathan M AURY — Mamie a du sex-appeal par Charlotte P ERROT — Irradier ou ne pas irradier ? Trouver un compromis par Francesco M ACRI — 10 bonnes raisons de laisser les enfants jouer aux jeux vidéo par Antoine C HOLLET — La presse, le pouvoir et l’empire par Fatma Zohra H AMRAT — Bouger son tronc c’est perdre la fonction du bras par Karima B AKHTI — La découverte des nouveaux échangeurs d’anions par Ut Dong T HACH — Traduire ou trahir ? par Asmaa A OUJIL — La recherche médicale, schizophrénie planétaire par Victoria S PARTA. Ce livret compile une partie les travaux effectués durant la formation à la vulgarisation scientifique que j’ai assurée à Montpellier, pour le compte du collège doctoral, en octobre 2014. L’objectif de ce recueil est de présenter la production des auteurs qui m’ont autorisé à le faire. Les textes ne sont pas tous définitifs. Les textes inclus ici sont placés par leurs auteurs sous licence libre Creative Commons Paternité. Merci à eux. — Vincent B ONHOMME www.vincentbonhomme.fr Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 La distribution des aides agricoles de la nouvelle PAC en France : l’argent est-il dans le pré ? Pauline L ECOLE La Politique Agricole Commune (PAC) a été réformée. La nouvelle PAC sera appliquée dans son ensemble et dans tous les Etats-membres de l’Union européenne à partir de 2015. Les règlements européens offrent aux Etats des marges de man ?uvre dans l’application qu’ils feront de cette nouvelle PAC. Actuellement, chaque pays présente donc ses choix dans les modalités de distribution des aides agricoles. Quelles aides toucheront les agriculteurs français ? La distribution de ces aides sera-t-elle plus équitable ? Les aides directes, considérées historiquement comme un soutien au revenu, concentrent la majorité du budget européen et français de la PAC . Chaque État-membre détient une enveloppe nationale relative à ces aides, qu’il doit distribuer à ces agriculteurs. En France, l’enveloppe nationale dédiée aux aides directes pour l’année 2015 est de 7,55 milliards d’euros. Les règlements européens imposent des modalités de distribution. Les enveloppes nationales doivent par exemple être partagées au moins entre trois grandes sous enveloppes : celle du paiement vert, celle de l’aide aux jeunes agriculteurs et celle des droits à paiement de base. La Commission européenne impose également que les aides agricoles ne soient plus définies en fonction des références historiques de l’exploitation agricole. Ces règlements laissent cependant des choix aux Etats-membres comme l’ajout ou non de la sous enveloppe de surprime aux premiers hectares et des marges de manoeuvre sur les modalités du rattrapage des aides entre les agriculteurs. L A DISTRIBUTION DES AIDES AGRICOLES SERA - T- ELLE JUSTE EN F RANCE ? ron 141 euros/ha. En plus, du paiement vert obligatoire et qui en France atteindra en moyenne en 2015, 86 euros par hectare à additionner au paiement de base, il a été décidé de surprimer les premiers hectares. L’objectif est d’assurer une redistribution des aides vers les petites et moyennes exploitations agricoles supposément « riches en emploi » (Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, 2013). Les 52 premiers hectares de chaque exploitation agricole française toucheront donc en plus du paiement de base et du paiement vert, une surprime à hauteur de 26 euros par hectare en 2015. Les références historiques ont pendant des années figé les grandes disparités dans la répartition des aides agricoles en France. Même si la Commission Européenne a apporté la première pierre à l’édifice en demandant leur abandon, le chemin est encore long avant qu’elles ne disparaissent tout à fait. En effet, en France, elles serviront de références de calcul pour les droits à paiement de base et même si le processus de rattrapage est en place, son objectif reste mince : en 2019, les aides des agriculteurs se situant sous la moyenne française devront avoir rattrapé 70% de la différence à cette moyenne. Tous les agriculteurs français, considérés comme actifs (les critères définissant qu’un agriculteur est actif sont en cours de négociation) et dont les surfaces agricoles sont éligibles en 2015 toucheront un droit à paiement de base d’envi3 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 R EDISTRIBUER LES AIDES AGRICOLES AUX sur une vingtaine d’année voire plus. La France PETITES ET MOYENNES EXPLOITATIONS AU DÉTRIMENT DE QUI ? Favoriser une distribution des aides agricoles plus équitable entre les agriculteurs français constitue un objectif acceptable par tous, la question qui se pose alors est au détriment de qui se fera cette redistribution ? Les enveloppes nationales sont fixées et donner plus à certains sousentend donc prendre à d’autres. Les agriculteurs "contributeurs" au rattrapage sont ceux qui se situent au-dessus de la moyenne des aides agricoles françaises. L’activité agricole est capitalistique, les agriculteurs s’endettent sur des années, on peut comprendre que certains tentent de ralentir ce processus de redistribution qui au nom de l’équité, mettra fin à des acquis dont ils bénéficient depuis des années et sur lesquels ils ont construit la stratégie de leur exploitation agricole a donc prévu de mettre en place un dispositif de limitation des pertes des agriculteurs "contributeurs" de 30 La PAC sera appliquée en France dans sa totalité en 2015. Mesurer les impacts de la réforme sur les bénéficiaires de la redistribution ou sur les contributeurs reste difficile à ce stade, une affaire à suivre de près... Je travaille sur la Politique Agricole Commune et réalise une thèse en économie agricole sur les petites fermes européennes. Les objectifs de cette recherche sont de caractériser les petites fermes et de mesurer leurs performances économiques, environnementales et sociales. On souhaite aboutir à des recommandations en termes de politiques publiques pour assurer leur maintien. o 4 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 RSE. . .Vous avez dit Responsabilité Sociale de l’Entreprise ? Hajar E L B AHRI Les poupées russes sont des séries de poupées de tailles décroissantes placées les unes à l’intérieur des autres. En management, cet idée de cascades n’est pas trop loin de la logique de la mise en place d’une démarche de la responsabilité sociale de l’entreprise ( RSE). La RSE consiste à intégrer des préoccupations sociales, environnementales, de droits de l’homme et de consommateurs dans les activités commerciales et la stratégie de base de l’entreprise. Si, vous avez déjà eu l’occasion d’apporter un soutien matériel sans contrepartie directe à une association de développement des recherches biologiques et médicales ( mécénat financière), ouvrir la porte de votre entreprise à un doctorant afin de lui permettre de jouir de votre expérience et découvrir la boite noir de ton métier ( mécénat de compétence), recommandé à un de vos managers de recruter une personne handicapé dans son équipe, proposé à un autre de passer plus de temps dans la sélection des fournisseurs permettant de s’approvisionner en des produits bio non nocifs pour la santé des salariés, ou encore recommandé à votre chef de magasin d’adapter le planning de la caissière qui vient d’avoir son bébé... Vous êtes sans doute comme monsieur Jordan qui faisait de la prose depuis longtemps sans le savoir. Une bonne nouvelle vous attend, vous pouvez dès lors regrouper vos actions mises en ?uvre, les organiser, et ensuite les valoriser auprès de de vos parties prenantes (Clients, fournisseurs, médias ?). L’organisation et la valorisation la RSE à tous les niveaux de l’entreprise est une gage de crédibilité externe et d’efficacité de l’engagement sociétal des questions « pourquoi le faire ? », dans certaines conditions ces propositions peuvent susciter de résistance allant jusqu’à une perception négative considérant la démarche comme « du vent ». Dans d’autres cas, ces investissements sociétales permettent aux collaborateurs de s’enrichir par des nouvelles expériences et développer la fierté d’appartenance et l’épanouissement au sein de l’entreprise. Par conséquent, lors de la recommandation d’une action sociétale à un manager, il est intéressant de présenter d’une manière explicite des réponses aux questions susceptibles d’être posées automatiquement chez ce dernier. L’absence de ces réponses, peut entourer la démarche RSE proposée au niveau de la direction par une certaine sorte d’ambiguité. Nous parlons d’ambiguité d’un concept quand ce dernier est de nature incertaine et peut s’expliquer ou s’interpréter de diverses façons. Plusieurs questions pas idiotes peuvent s’imposer au niveau des collaborateurs : P OURQUOI S ’ EMBARQUER DANS LA RSE ? Est-il pour des raisons éthiques ? Esthétiques ? L A RSE : UNE POUPÉE RUSSE CURIEUSE Pour augmenter la rentabilité financière ? Les raisons éthiques, reposent sur une idée implicite que l’action entrepreneuriale ne peut pas être réducS’investir et chercher une solution à une attible à un calcul seulement économique, elle est tente sociétale interne ou externe, au-delà de ses fondée sur des valeurs morales tel que la sincérité, tâches quotidiennes inscrites dans son contrat de la patience, le respect, la justice. travail peut ne pas être considéré pour un collaborateur comme « évident». Parfois, Il peut susciter Les raisons esthétiques se fondent sur une vo5 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 lonté d’amélioration de l’image de l’entreprise QUELS OUTILS TECHNIQUES ADOPTER aux près des parties prenantes (fournisseurs, acPOUR CES DÉMARCHES RSE AU SEIN DE tionnaires, investisseurs ?).cette motivation s’imL’ ENTREPRISE ? pose de plus en plus suite à des événements ayant contribué à la dégradation de son image (suicide L’entreprise envisage-t-il de s’investir dans un de l’un des salariés, scandales dû à une fraudes nouveau logiciel contenant des indicateurs de mefinanciers révélées par les médiats ?). sure bien formalisés et permettant le suivi des réaL’amélioration de l’image de l’entreprise lisations RSE ( nombre de formations suivis par peut être motivée également par la volonté de les collaborateurs, calcul du taux d’émission de construire une marque employeur positive et d’at- CO2 économisé suite à l’investissement dans des tirer les jeunes talents à fortes compétences. En voitures électriques ?) ? Ou elle envisage de se saeffet, plusieurs études montrent que la généra- tisfaire à rédiger un rapport récapitulant les détion Y (les personnes nées entre 1980 et 2000) sont marches envisagées et réalisées sans se soucier d’avantage sensibilisée aux enjeux sociétaux, par du chiffrage ? Face à une action sociétale urgente, conséquent, à salaire égale cette génération est attendue ou désirée, et face à une multitude de de plus en plus séduite par les entreprises plus configurations de la démarche RSE, les managers citoyennes. s’engagent dans un processus cognitif leur perLes raisons commerciales pourraient être un mettant de choisir une seule interprétation parmi des principales motivations d’un engagement celles dont ils disposent. dans ce type de démarche. Qu’il s’agisse d’un groupe de CAC 40 ou d’une TPE, la RSE permet de se différencier, de pouvoir accrocher un appel d’offre, et ainsi satisfaire une clause RSE exigée par un client déjà intégrant la RSE dans stratégie lors des passages des marchés publics. R EUSSIR UNE DÉMARCHE RSE : JONGLER ENTRE MÉTHODOLOGIE ET ENVIES D’une manière générale, les psychologues nous expliquent que le choix d’une interprétation est souvent le résultat d’un ensemble d’interactions entre les personnes. Les deux éléments de base de cette interaction sont : l’action de l’Un et la réponse déterminée de l’autre. C’est-à-dire quand L’Un propose une interprétation, l’Autre QUI SERA L’ ANGE GARDIEN DE LA accepte, rejette ou modifie l’interprétation. Au DÉMARCHE RSE SÉLECTIONNÉE ? final L’Un abandonne, révise, ou maintient son interprétation. ( Koenig, Gérard, 2003) L’interaction entre les acteurs d’une organisation face à un Tous les collaborateurs dans l’entreprise ? Ou enjeu sociétal, fait appels à deux niveaux de subc’est bien un service RSE dédié exclusivement à la jectivités : Les règles et les normes déjà véhiculés réflexion, la réalisation et le suivi de ce type de dédans l’entreprise (code éthique, charte environnemarches qui sera mise en place ?dans ce cas quels ment, la norme iso26000 ?). Mais également aux sont les compétences exigées pour ce poste ? Comsentiments générés chez les collaborateurs après ment positionner et légitimer ce responsable visla confrontation de ces normes aux réalités du à-vis leurs collègues fonctionnels (responsables terrain (valorisation, fierté, frustration ?). ressources humaines, comptables, ?) qui sont déjà présents dans l’entreprises depuis longtemps avec Plus l’ambigüité de la démarche RSE est éledes habitudes de travail et des compétences tech- vées, plus le nombre des interactions avec les parniques qui peuvent dépasser parfois la vision gé- ties prenantes est élevé afin de réduire cet amnéraliste et limité du responsable RSE ? bigüité et proposer une solution concrète à l’enjeu 6 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 sociétale posé.au contraire, moins la démarche RSE est ambigüe plus le recours aux cadre de références déjà existant est encouragé. Dans ce dernier cas, le processus de construction de sens fonctionne par analogie, les acteurs auront tendance à dire « ce problème posé x ressemble à la situation y ou la solution Z a été adoptée ». Ce qui explique le nombre d’interactions réduit. dire que l’iso9001 va vous obliger à avoir un système qui vous permet d’avoir un reporting, un système qui vous permet de communiquer. Un système qui vous permet de planifier. Un système qui vous permet d’évaluer. Donc vous voyez. En répondant à la mécanique Iso9001, vous avez fait je dirais, vous avez le squelette de la RSE.et après il faut mettre les muscles donc qu’est-ce que je vais travailler en premier tient j’ai envie d’avoir Le verbatim suivant illustre le rôle des normes des gros toussailles, des gros bras, et bein je vais et des contraintes rencontrées dans la déterminame lancer dans le social. Ou non, je préfère avoir tion de démarche RSE retenue « La RSE est ni plus des grosses cuisses, des belles fesses je vais me ni moins que des stratégies que l’on doit déveloplancer dans l’environnement. Vous voyez ! Mais le per dans l’environnement, dans le social et dans squelette il y ait. Après chercher pas à faire de la l’économique. Et l’économique il est partagé dans culture physique si vous n’avez pas de squelette. l’environnement et dans le social. Mais c’est straUne personne qui souffre de décalcification elle tégies ! après, la mécanique, c’est en fait d’avoir va pas s’amuser à faire de la musculation sinon la structure nécessaire pour savoir quels sont les elle va casser ses os ». choses vers où on doit aller, est ce que ces choseslà on les a identifiés ?on les a bien définis ? On a Alors, êtes vous prêt pour cet exercice de musfixé un objectif ? Est-ce que par rapport à cet ob- culation ? jectif on a fixé une planification pour atteindre cet objectif. Et donc tout cette méthodologie et bien l’iso 9001 l’offre par ses exigences. C’est-ào 7 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Objectif Mars : alerte aux radiations Axel R ODRIGUEZ Depuis la nuit des temps, l’Homme a toujours regardé vers les étoiles et ce n’est que récemment, à l’échelle de l’Histoire, qu’il a commencé à pouvoir vaincre la gravité terrestre et ainsi aller au-delà ? En plus de l’environnement hostile qu’ils rencontreront s’ajoute un danger invisible mais bien présent, les rayonnements naturellement présents dans l’espace. N OTIONS DE BASE Ceci est dû à la protection des deux « boucliers » naturels de la Terre, l’atmosphère et la magnétoLa dose de radiations reçue par les humains sphère, qui nous protègent de la grande majorité est quantifiée en Sieverts. A titre d’exemple, l’ex- des rayonnements cosmiques. position annuelle typique d’une personne se situe Mais si l’on prend l’exemple de la station spaentre 3 et 6 millisievert (mSv) par an. tiale internationale, l’ISS, n’est pas protégée par L’environnement radiatif peut poser une menace aux humains de différentes manières : — Par des effets de long terme, une augmentation de la probabilité de certaines maladies (cancers, leucémies, cataractes) à partir de 100mSv/an (dose minimale à partir de laquelle un lien à clairement été identifié), ce qui est loin des taux reçus sur Terre. — Dans le cas de fortes doses (Plusieurs Sv en peu de temps), des symptômes spécifiques peuvent apparaître (Syndrome d’Irradiation Aigüe). Mais il peut aussi porter préjudice à la présence humaine dans l’espace en s’attaquant à l’électronique, c’est pour cela qu’il est important de qualifier et de tester les composants pour le spatial. D ES BOUCLIERS NATURELS Une partie des rayonnements qui nous atteint est d’origine cosmique : les rayons cosmiques (ions lourds), réagissent avec l’atmosphère et créent des cascades de particules (protons, neutrons, ?). Comme vu plus haut, pour nous autres terriens, le milieu radiatif est peu agressif, et seulement 0,4 mSv de la dose annuelle est due aux rayonnements d’origine cosmique. l’atmosphère, les doses reçues sont plus élevées et peuvent atteindre en moyenne 160 mSv en 6 mois. Notre ami le Soleil ? L’activité solaire joue aussi un grand rôle dans l’environnement radiatif spatial : au-delà du vent solaire (protons), les éruptions solaires et éjections de masse coronale (EMC) sont des événements spontanés qui relâchent de fortes quantités de rayonnements (rayons X, gammas, protons). Leurs effets sont même observés sur Terre sous la forme d’aurores boréales, ainsi que de perturbations GPS et radio. C’est l’un des facteurs posant la plus grande menace à la vie humaine et a l’équipement au-delà de la magnétosphère. L’activité solaire module aussi les rayonnements cosmiques reçus : — Au maximum de l’activité solaire, les rayonnements cosmiques sont au minimum grâce au vent solaire augmenté. La probabilité d’éruption ou d’EMC est la plus forte. — Au maximum de l’activité solaire, les rayonnements cosmiques sont au maximum à cause du vent solaire diminué. La probabilité d’éruption ou d’EMC est la plus faible. 8 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 O BJECTIF M ARS ? tions sous le sol, dans les régions les moins exposées afin que les colons soient protégés au mieux. L’environnement radiatif spatial pose donc un défi de taille aux opérations humaines dans l’espace, c’est pour cela qu’il est observé, étudié et modélisé, afin de maitriser son impact et, qui sait, bientôt permettre à la première génération de colons d’atteindre ces terres distantes sans enMais ni la Lune, ni Mars ne possède une macombres. gnétosphère. De plus l’atmosphère de Mars est ténue et la Lune n’en possède pas, ce qui fait que leurs colons potentiels ne seront que très peu proP OUR ALLER PLUS LOIN tégés contre les rayonnements. Par exemple, sur Mars, les doses au sol sont estimées entre 200 mSv 1. Rask et al., Space Faring The Radiation et 300 mSv par an. Challenge (2008), NASA De plus, les événements solaires poseraient 2. Zeitlin et al., ?Measurements of Energetic un problème de taille : ils sont impossibles à préParticle Radiation in Transit to Mars on the voir et une fois détectés, les colons n’auraient que Mars Science Laboratory. ? (2013) Science quelques heures pour se mettre à l’abri. Une des solutions avancées afin de minimiser ces risques serait de construire les infrastructures et habitao Et si l’on veut s’installer sur la Lune, ou Mars ? Le parcours n’est pas de tout repos : un instrument embarqué dans le robot Curiosity a mesurée une dose d’à peu près 660 mSv pour le plus court trajet entre la Terre et Mars ! 9 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Entre liquide et solide, l’étonnante mécanique du tas de sable Paul S CHUHMACHER Le sable n’est ni solide, ni liquide : il est les deux à la fois. Ce résultat surprenant a été observé pour la première fois grâce à des simulations numériques pour être par la suite confirmé expérimentalement. Comment peut-on expliquer cette dualité entre états de la matière pourtant bien distincts dans ces milieux dits granulaires ? Le tas de sable est-il dans deux états à la fois ? La clef de cette énigme réside dans la coexistence au sein du matériau de deux phases bien distinctes d’un point de vue mécanique . Qui n’a jamais fait un château de sable ou versé du sel dans son assiette ? Ce matériau particulier, qui tantôt se fait tas, tantôt s’écoule, n’est rien d’autre qu’une assemblée dense d’objets en contact les uns avec les autres. Que ce soit le sable d’une plage, le sucre, le sel de cuisine ou encore des éboulis à flanc de montagne, ces milieux peuplent notre quotidien et nous sont familiers. Cependant, leur comportement nous l’est certainement moins. L A CONTRAINTE DÉVIATORIQUE DANS UN MATÉRIAU TRADUIT LE FAIT QU ’ IL RÉSISTE À SON PROPRE ÉCOULEMENT Allons au delà de l’expérience commune et tâchons de définir l’état solide et liquide pour aiguiser notre observation et tenter de poser un regard neuf sur l’expérience intuitive du sablier. Les états de la matière tels que nous les connaissons sont définis d’un point de vue mécanique, par leur caPrenons le sablier par exemple, cette horloge pacité à transmettre des contraintes. Lorsque l’on rudimentaire dont le fonctionnement est intuitif : appuye ou tire sur un corps on lui applique une le sable s’écoule sous son propre poids dans la contrainte qui se propage ensuite dans l’intégrapartie supérieure puis se tasse et demeure sous la lité du corps. forme d’un tas conique dans la partie inférieure. La contrainte est la force appliquée que divise On y distingue deux comportements bien disla surface sur laquelle elle s’exerce. On peut détincts, un comportement de type liquide, où les composer cette contrainte en deux contributions : grains se déplacent les uns par rapport aux autres, puis un comportement de type solide, où la rigi- une contribution orthogonale à la surface ou presdité des grains et les forces de frottement assurent sion, et une contribution tangente à la surface ou dans le temps une stabilité et une forme propre à contrainte tangentielle. La pression est typiquement une contrainte qui tend à changer le volume l’empilement. du corps qui y est soumis alors que la contrainte Le sable du sablier alterne ainsi d’un état litangentielle tend à changer sa forme. quide à un état solide. Or, la nature même de la La persistence de contraintes tangentielles transmission des forces dans un milieu granulaire semble indiquer que cette vision est faussée et que dans un corps au repos témoigne de sa résistance le comportement est plus riche et plus complexe à sa propre mise en écoulement. Cela signifie qu’un équilibre a été trouvé malgré la présence que nous l’avions imaginé jusqu’à présent. d’une contrainte résiduelle, appelée contrainte déviatorique, qui cherche à éloigner le matériau de cet équilibre. Plus la valeur de la contrainte déviatorique est élevée dans un corps plus il s’oppose à sa propre mise en écoulement. 10 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 L A TRANSMISSION D ’ UNE CONTRAINTE met des contraintes jusqu’à trois fois la contrainte DÉVIATORIQUE EST LA CARACTÉRISTIQUE moyenne totale alors qu’une grande majorité transmet des contraintes pouvant être mille fois D ’ UN ÉTAT SOLIDE plus faible que la contrainte moyenne totale. La transmission des contraintes est comme assurée Si l’on place un petit cube dans un liquide au par deux réseaux distincts de grains, un réseau repos la pression est la même sur toutes ses faces fort et un réseau faible, bien que les grains soient et les contraintes tangentielles sont nulles. Aussilibres de passer de l’un à l’autre. tôt qu’on applique une contrainte tangentielle à Si à présent nous mesurons la contribution du un liquide il se met en écoulement. La contrainte réseau faible à la contrainte déviatorique totale déviatorique est donc toujours nulle en tout ennous trouvons qu’elle est tout simplement nulle ! droit d’un liquide. Le réseau faible participe seulement à la presSi l’on place à présent ce même cube dans un sion totale à hauteur de 15%, c’est une pression solide au repos, les contraintes tangentielles sur moyenne faible représentant la partie "liquide" ses faces seront généralement non nulles. Un sodu matériau granulaire. Le réseau fort mobilise lide est donc, contrairement aux liquides, capable quant à lui l’intégralité de la contrainte déviatode transmettre une contrainte déviatorique. Il faut rique ainsi que 75% de la pression moyenne totale. alors dépasser une valeur seuille de la contrainte Autrement dit, il forme la partie "solide", le squedéviatorique pour qu’il finisse par céder. lette du matériau. L’existence d’une contrainte déviatorique Un matériau granulaire redistribue donc les dans un corps est donc ce qui distingue un état contraintes entre deux assemblées distinctes de solide d’un état liquide. grains : une supporte les efforts cherchant à déformer le milieu, et l’autre stabilise les défauts et les faiblesses de la première. L A RÉPARTITION HÉTÉROGÈNE DES CONTRAINTES EST CARACTÉRISTIQUE DES MATÉRIAUX GRANULAIRES Les simulations numériques sont un moyen efficace pour collecter de l’information difficilement accessible expérimentalement. Elles sont devenues aujourd’hui un moyen de prospection incontournable et ont permis de révéler la véritable nature de la transmission des contraintes dans les milieux granulaires. Les contraintes dans les matériaux granulaires sont obtenues directement à partir des forces qui s’exercent entre les grains. De manière générale, la contrainte déviatorique n’y est pas nulle. La répartition des contraintes au sein du matériau est complètement hétérogène, des véritables "chaînes" de forces se développent et cottoyent des zones où la contrainte est quasi nulle. Une faible proportion des grains trans- Si l’on devait faire une analogie avec l’architecture, la première phase s’apparenterait aux arches et la deuxième aux contreforts. Comme en société les faibles soutiennent les forts, sans l’apport des faibles tout l’édifice s’écroule. Le sable n’est pas successivement dans l’état solide et dans l’état liquide mais simultanément. De même, du sel en écoulement se comporte également comme un solide bien qu’il s’écoule. Nous ignorons encore aujourd’hui comment s’organise cette hétérogénité des contraintes et ce qui contrôle l’apparition des chaînes de forces. Le comportement des matériaux granulaires n’ a pas fini de bousculer notre conception des états de la matière. o 11 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Rencontre avec un physicien médical Joël G REFFIER Le métier de physicien médical est peu connu. Son rôle est pourtant très important dans la bonne réalisation de l ?examen du patient en imagerie médicale : c ?est le responsable de la sécurité radiologique du patient. La physique médicale regroupe tous les doJ USTIFIER , OPTIMISER ET LIMITER maines de la physique appliquée par la médecine. Des techniques existent et utilisent différents phéPour limiter au maximum l ?apparition de ces nomènes physiques pour pouvoir diagnostiquer effets, les autorités compétentes demandent aux ou traiter les patients. L ?échographie utilise par services d ?imagerie d ?appliquer avec beaucoup exemple l ?écho des ultra-sons ; le scanner ou la ra- de rigueur les 3 principes de la radioprotection : diographie utilise la physique des rayonnements — Justifier l ?acte, ce qui nécessite un échange et notamment les Rayons X (RX). entre le prescripteur et le réalisateur de l ?acte sur le rapport bénéfice/risque ; — Optimiser la dose délivrée aux patients, ce qui implique de la réduire à un niveau aussi bas que l ?on pourrait raisonnableL A RADIOGRAPHIE ET LE SCANNER ment atteindre ; UTILISENT LES RAYONS X — Limiter les doses en les contrôlant. Les physiciens médicaux qui ont pour mission principale d ?assurer la sécurité radiologique du En radiographie ou au scanner les RX créés patient s ?occupent principalement de ces deux et orientés vers le patient par un tube à RX, inderniers points ; ce qui nécessite de connaitre et teragissent dans le patient. À la sortie du patient, de maitriser plusieurs aspects. les rayons restant arrivent sur le détecteur pour former l ?image. La différence entre le nombre de rayonnements à l ?entrée et à la sortie du patient reflète l ?atténuation dans celui-ci. Lorsqu ?ils sont atténués, ils entraînent indirectement un dépôt de dose dans le patient. L E PHYSICIEN MÉDICAL : ROI DE L ? OPTIMISATION ET DU COMPROMIS DOSE / QUALITÉ IMAGE La dose délivrée aux patients peut engendrer des effets néfastes aux patients : — Les effets déterministes, à court terme et pour des doses élevées comme par exemple des brûlures ou des pertes de cheveux — Les effets aléatoires, à moyen et long terme, conséquence de petites expositions répétées dans le temps dont la probabilité d ?apparition augmente avec la dose reçue, comme par exemple l ?apparition des cancers radio-induits Le physicien médical doit tout d ?abord maîtriser l ?installation utilisée. Il doit s ?assurer que la quantité et la qualité des RX émis par l ?installation est en accord avec les paramètres choisis par l ?opérateur. En amont il participe aux choix des appareils. En routine il vérifie les maintenances réalisées par les constructeurs et contrôle les installations via des appareils de mesures. Il doit trouver les bonnes combinaisons de paramètres afin de pouvoir réduire les doses tout en conservant une qualité d ?image adaptée. Le com12 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 promis dose/qualité image est l ?élément clé du métier de physicien médical. dans l ?évaluation de la dose reçue par les femmes enceintes ou les enfants, sujets plus sensibles aux rayonnements. Il est capable de reconstituer la La formation joue un rôle primordial dans le dose délivrée à un organe ou à l ?ensemble de métier du physicien. Il est très important de forl ?organisme. mer les opérateurs (radiologue, manipulateur radio, etc) aux bonnes pratiques de radioprotection Le physicien participe aux développements mais aussi au fonctionnement et à la fonction- des techniques complexes et innovantes pour annalité de l ?installation qu ?ils utilisent. Une mau- ticiper les avancées médicales. Il joue un rôle imvaise combinaison de paramètres peut engendrer portant dans la mise en place et le bon dérouleune augmentation des doses aux patients. ment des protocoles en recherche clinique. Le physicien est aussi responsable du recueil et de l ?enregistrement des doses délivrées aux patients. Ces deux points permettent de suivre les doses reçues par le patient pour prévenir l ?apparition des effets néfastes et s ?assurer de la bonne prise en charge thérapeutique du patient le cas échéant. Le physicien joue un rôle crucial Le physicien médical est donc le responsable de la dose reçue par le patient en imagerie. Il joue un rôle de l ?ombre essentiel dans la bonne prise en charge du patient en complément du personnel médical et paramédical. o 13 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Adaptez votre micro-nutrition pour obtenir de macro-performances Jonathan M AURY Pour être réalisée dans des conditions optimales, la pratique de l’activité physique est indissociable de la nutrition. Ainsi pour apporter l’énergie nécessaire au bon fonctionnement du corps humain, l’ensemble des spécialistes préconisent une alimentation riche et équilibrée mais dans certains cas, cela n’est pas suffisant. . . Que ce soit pour des sportifs de haut niveau ou non, le monde dans lequel nous vivons nous pousse à être le plus performant possible au prix bien souvent d’entraînements très exigeants physiquement. Ces excès sont susceptibles d’engendrer des effets néfastes pour l’organisme et cela se témoigne notamment par des états de fatigues importants conduisant parfois jusqu’à la blessure. Pour éviter ces problèmes, de nombreuses solutions existent dont notamment la micronutrition. cas là, l’augmentation de nos défenses antioxydantes est obligatoire mais pour autant, le recourt aux compléments alimentaires est-il réellement nécessaire chez l’ensemble des sportifs ? L ES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES : BÉNÉFIQUES MAIS . . . Une idée plus que largement répandue depuis de nombreuses années, est qu’il faut supplémenter les sportifs avec des compléments alimentaires V ERS LA MICRONUTRITION riches en antioxydants (vitamines C et E, zinc, sélénium, etc.) afin de limiter les effets délétères des Les aliments que nous consommons tous radicaux libres. En effet, des études notamment les jours sont constitués de vitamines, d’oligochez des basketteurs et footballeurs de haut niéléments et bien d’autres micronutriments. Ces veau, ont montré que la prise de « cocktails » antimicronutriments ont de nombreuses fonctions et oxydants permettent de diminuer les dommages permettent d’assurer le bon fonctionnement cellucellulaires causés par les radicaux libres. laire via notamment des capacités antioxydantes Aujourd’hui, cette approche est actuellement importantes. complètement remise en question. Les études Lorsque nous respirons, une faible partie de d’intervention avec des compléments alimenl’oxygène (de 2 à 5%) est transformé en molécules taires chez des sportifs de haut niveau n’ont pas oxydantes, ce sont les radicaux libres. Il est imporpermis de démontrer clairement une diminution tant de préciser que ces radicaux libres ont des de l’incidence des blessures ni même une améeffets bénéfiques au niveau des cellules mais dès lioration de la performance sportive. Les sportifs qu’ils sont produits en excès, ils peuvent devenir pour lesquels les bénéfices des compléments alinéfastes s’il n’y a pas de compensation par le sysmentaires sont le plus marqués sont ceux qui ont tème antioxydant. des déficits en antioxydants à l’état basal. Un biOr, il est bien admis que la pratique d’une acti- lan sanguin des antioxydants s’impose avant de vité physique intense entraîne une augmentation démarrer à l’aveugle un éventuel traitement par de la consommation d’oxygène et par conséquent des antioxydants sous forme de compléments alila production de radicaux libres. Ainsi, dans ce mentaires. 14 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Selon les scientifiques, l’individualisation est ralisations car les antioxydants, c’est comme les une étape indispensable dans l’utilisation des médicaments, ce n’est pas automatique. compléments alimentaires notamment chez les sportifs. Donc lorsque nous parlons de micronutrition du sportif, il faut faire attention aux généo 15 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Mamie a du sex-appeal Charlotte P ERROT Choisir son partenaire sexuel, ce n’est pas si facile. Chez les espèces animales, le choix d’un partenaire sexuel est une décision importante au cours de la vie des individus, notamment quand le partenaire participe aux soins parentaux (1) . Elever des jeunes n’est pas de tout repos, il faut les nourrir, les défendre contre les prédateurs, leur apprendre la vie, etc. La qualité du partenaire telle que sa condition physique ou encore son expérience dans la reproduction, est donc une composante importante qui va, en partie, déterminer la capacité du couple à élever sa progéniture. Ainsi, bien choisir son partenaire c’est assurer sa descendance et son succès reproducteur. que lorsqu’on avance dans la saison des parades, les flamants âgés se font de plus en plus rares dans les groupes de parades nuptiales, ceux-ci ayant déjà réussi à trouver leur moitié. Ceci suggère fortement une préférence pour les individus les plus âgés puisqu’ils sont choisis en premier. L’âge est donc un critère primordial chez le flamant rose pour son choix de partenaire sexuel. Mais ce n’est pas si étonnant puisque chez cette espèce, il existe une corrélation positive entre l’âge de l’individu et ses compétences acquises pour l’élevage des jeunes (4). C’est-à-dire que plus on est vieux, plus on est doué pour se reproduire et plus on plait ! U N BALLET DE PLUMES P OUR ALLER PLUS LOIN Les flamants roses sont régulièrement confrontés à ce choix puisqu’ils changent de partenaire sexuel chaque année avant la reproduction (2). De novembre à mars, les flamants, mâles et femelles, forment des groupes de parades nuptiales composés de 20 à plusieurs centaines d’individus où ils effectuent des enchainements de mouvements synchronisés, un peu comme une chorégraphie (3). Cette danse est un moyen d’obtenir diverses informations sur leurs congénères ce qui leur permet de choisir la bête à plumes avec laquelle ils copuleront et élèveront leur poussin. Mais quels sont les critères de choix des flamants roses ? L’ EXPÉRIENCE , ÇA A DU BON Une étude réalisée au centre de recherche de la Tour du Valat en Camargue, vient de montrer 1. Danchin, E., Giraldeau LA., Cézilly, F. (2005). « La selection intersexuelle ». Dans Ecologie Comportementale, p. 256-275. DUNOD 2. MEEDDAT-MNHN. Flamant rose, Phoenicopterus roseus. Cahiers d’Habitat ?Oiseaux ?. 3. Johnson, A., & Cézilly, F. (2007). The greater flamingo. AC Black. 4. Schmaltz, L., Cézilly, F., & Béchet, A. (2011). Using multistate recapture modelling to assess age ?specific bottlenecks in breeding success : a case study in the greater flamingo Phoenicopterus roseu. Journal of Avian Biology, 42(2), 178-186. o 16 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Irradier ou ne pas irradier ? Trouver un compromis Francesco M ACRI La réduction de la dose et la non réalisation des examens irradiants inutiles sont la seule méthode pour réduire le risque de cancer radio-induit chez les patients. Dans les 30 dernières années l’imagerie médicale a largement dépassé les sources environnementales d’irradiation et elle en est devenue la majeure responsable d’irradiation humaine. Ce qu’il en suit c’est un risque de cancers radio-induit augmenté. C AUSES DÉTERMINANT UNE IRRADIATION EXCESSIVE EN RADIOLOGIE DIAGNOSTIQUE La tomodensitométrie (TDM), méthode irradiante, est la plus réalisée. Cela du fait de sa disponibilité sur le territoire, rapidité et sureté pour définir un diagnostic, comparée aux autres méthodes radiologiques (p. e. IRM). De ce fait les médecins demandent beaucoup de TDM pour être rassurés sur leurs hypothèses diagnostiques voire remplacer carrément l’examen du patient par rapport à une époque où la TDM n’existait pas ou était moins accessible sur le territoire. TDM avec une quantité de rayons adapté à la morphologie du patient, en essayant toujours de la réduire tant que possible. 3. Le radiologue devrait réaliser des TDM en gardant un compromis entre la moindre dose de rayons possible et une qualité d’image suffisante au diagnostic. 4. Le radiologue doit utiliser les quelques méthodes existantes, si disponibles sur la machine TDM, pouvant corriger la dégradation de l’image consécutive à la réduction de la dose de rayon. 5. Le radiologue devrait informer constamment les collègues prescripteur et les patients sur les risques d’une irradiation excessive et proposer des méthodes alternatives quand possible. I MPLICATIONS ÉCONOMIQUES DE L’ IRRADIATION MÉDICALE Une correction de la réalisation de TDM non En dernier l’angoisse des médecins examinateurs pour une éventuelle plainte du patient en- justifiées ou avec une dose de rayons excessive gendre une augmentation des demandes de TDM. par rapport à la morphologie du patient pourrait avoir des effets immédiats et tardifs. Les immédiats sont l’économie d’argent pour la Sécurité Sociale. Les tardifs sont une logique réduction de S OLUTIONS AU PROBLÈME : UN la future prévalence des cancers radio-induits, qui PENTALOGUE POUR LES RADIOLOGUES se traduirait toujours par une économie d’argent pour la Sécurité Sociale. 1. Le radiologue doit distinguer quelles sont Le problème de la radioprotection en général les demandes appropriées de TDM à réaliet notamment en TDM n’est pas encore perçu par ser. la plupart des radiologues, cliniciens et patients. 2. Le radiologue, à l’aide du personnel spécialisé (physicien médical), doit réaliser des Le radiologue est le seul en charge de faire ap17 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 pliquer ce concept fondamental dans la pratique quotidienne. conscience de ce phénomène nuisible et silencieux. L’application des bonnes attitudes en tout cas ne pourront s’activer que lorsque les médecins prescripteurs et patients auront une prise de o 18 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 10 bonnes raisons de laisser les enfants jouer aux jeux vidéo Antoine C HOLLET Jouer aux jeux vidéo durant l’enfance peut-il être utile à l’enfant ? Pour répondre à cette question, voici 10 raisons de laisser jouer l’enfant aux jeux vidéo sans que cela lui soit nocif. Le but n’est pas de rendre l’enfant accro aux jeux vidéo, mais de lui laisser vivre une expérience unique via l’immersion dans des mondes remplis de mystères, d’action et de fantaisie. 1 - A MÉLIORER LA CRÉATIVITÉ les années 80. Jouer avec les autres devient de plus en plus une nécessité pour accomplir les difféCertains jeux vidéo font appel à la créativité rentes missions qui se présentent à l’enfant. Ainsi, de l’enfant comme par exemple le jeu MineCraft. cela lui permet de pouvoir collaborer avec d’autres Véritable jeu de Lego à grande échelle, MineCraft joueurs de tout âge et par conséquent, apprendre permet à l’enfant de construire et déconstruire à partager et à communiquer avec d’autres perà sa guise pour créer différentes infrastructures sonnes à la fois par messagerie vocale (micro) et telles que des maisons, des grottes, voire des bâti- par écrit. Dans certains cas, ces collaborations ments connus. Également possible à plusieurs, le peuvent même devenir internationales favorisant jeu peut devenir un véritable chantier où chacun l’échange dans une langue étrangère, dont l’anessaye d’apporter sa contribution architecturale. glais. 2 - D ÉCOUVRIR LES TECHNOLOGIES DU MULTIMÉDIA Avec la diversité des périphériques de commandes, le jeu vidéo peut aujourd’hui se jouer sur plusieurs supports comme la télévision, la tablette, le téléphone ou encore l’ordinateur. Sans abuser de ces différentes technologies, l’enfant peut ainsi découvrir plusieurs outils actuels de communication et ainsi se préparer à mieux les appréhender dans le futur. À l’heure de la société connectée, apprendre à utiliser ces différentes technologies en jouant aux jeux vidéo devient une manière ludique de se les approprier. 4 - FAVORISER L’ IMAGINATION ET L’ IMMERSION Les univers composants les jeux vidéo, et plus précisément ceux des jeux de rôles, possèdent très souvent des environnements fantastiques à l’instar du film Avatar de James Cameron. Ainsi, des jeux vidéo comme Tales of Symphonia (jeu sur console) ou encore Grand Fantasia (jeu sur ordinateur massivement multi-joueurs) peuvent nourrir l’imagination de l’enfant grâce à la singularité des paysages, des musiques, du scénario et des personnages souvent attachants. 5 - P ROGRESSER DANS LA LOGIQUE ET LA 3 - C OLLABORER AVEC D ’ AUTRES RÉFLEXION PERSONNES Tous les jeux vidéo ne se résument pas à tuer Via Internet ou même dans le salon, le jeu vi- des ennemis à coup de fusil ou à combattre des déo n’est plus une pratique solitaire comme dans méchants pour aller secourir une princesse dans 19 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 un château. Des jeux d’énigmes et d’enquêtes comme Professeur Layton ou de puzzle comme Tetris aident l’enfant à résoudre des problèmes simples à la difficulté croissante, ou encore à mieux s’orienter dans l’espace grâce aux formes géométriques. Ainsi, l’enfant améliore ses capacités cognitives. game over par exemple. Il apprend à recommencer sans que cela lui soit préjudiciable, parfois plusieurs dizaines de fois d’affilé. Ainsi, l’action d’échouer est dédramatisée amenant l’enfant à mieux appréhender l’échec dans sa vie future. 6 - D ÉVELOPPER SES CONNAISSANCES ET D’après Jayne Gackenbach, psychologue canadienne spécialisée dans le royaume des songes, le cauchemar représente un mécanisme de protection contre les mauvais événements de la vie. Toujours selon elle, le fait de jouer aux jeux vidéo permet de réduire le taux de cauchemars chez le joueur. Durant son temps de jeu, le joueur fait l’expérience de sentiments et de situations désagréables comme la mort d’un personnage principal ou la peur. De ce fait, tout en respectant les recommandations d’âge au dos de chaque jeu, les enfants et adolescents joueurs de jeu vidéo font moins de cauchemars que des enfants nonjoueurs. SA CULTURE GÉNÉRALE Avant critiqués pour leur inutilité, les jeux vidéo se sont peu à peu dotés de contenus plus profonds. En retraçant les ?uvres musicales de Chopin, le jeu vidéo Eternal Sonata offre à l’enfant la possibilité d’apprendre tout en jouant. Plus généralement, les scénarios abordés dans certains jeux vidéo permettent à l’enfant et à l’adolescent d’approfondir leur culture générale, à l’instar du jeu vidéo Soldat Inconnu qui raconte simplement et de manière ludique l’histoire de la Première Guerre Mondiale du côté français. 7 - E NCOURAGER L’ ENFANT À PERSÉVÉRER 9 - P RÉVENIR LES CAUCHEMARS LA NUIT 10 - E VEILLER UNE VOCATION PROFESSIONNELLE Lorsque l’enfant joue aux jeux vidéo, celui-ci est souvent confronté à des difficultés mettant à contribution sa patience et son courage comme tuer un monstre puissant, réussir à passer au niveau supérieur, etc. Parfois, franchir ces difficultés demande à l’enfant beaucoup d’efforts qui seront récompensés par des trésors et des objets souvent très intéressants pour continuer son aventure. Par conséquent, l’enfant doit persévérer pour ne pas abandonner et atteindre ses objectifs. Par la pratique de certains jeux vidéo, l’enfant peut se passionner pour un rôle qui lui est confié ou pour la tâche qui lui est demandée. Au fil du temps, l’enfant puis l’adolescent peut se spécialiser dans ce jeu vidéo et éventuellement devenir une référence dans sa communauté. Ainsi, des jeux vidéo comme Football Manager (jeu sportif) ou Trauma Center (jeu médical) peuvent faire naître chez l’enfant une vocation pour un futur métier, découvert via une pratique ludique. Les jeux vidéo permettent également à des 8 - D ÉDRAMATISER L’ ACTION D ’ ÉCHOUER joueurs de passer du monde ludique à celui du Dans la société actuelle, le fait d’échouer s’apparente chez certaines personnes à une catastrophe et une peur parfois pathologique. En jouant aux jeux vidéo, l’enfant fait inévitablement l’expérience de l’échec dans un environnement ludique, fictif et sans conséquences graves via le professionnel, soit par des concours (cas de Lucas Ordonez, vainqueur de la Gran Turismo Academy Nissan et devenu pilote de course professionnel), leurs compétences (cas de Stephen Gillet recruté chez Yahoo pour ses talents de meneur sur World of Warcraft), ou encore du sport électronique (cas de League of Legend où les meilleurs 20 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 joueurs deviennent joueur de jeu vidéo profes- jeux vidéo adaptés à son âge. Utilisés judicieusesionnel avec des récompenses en compétition ment, ceux-ci peuvent aider l’enfant à s’épanouir pouvant atteindre plusieurs millions de dollars). et à grandir tout en s’amusant afin de l’amener progressivement à l’âge adulte, car comme disait En définitive, la pratique du jeu vidéo doit être Nietzsche : « Chaque Homme cache en lui un enencadrée par les parents en limitant le temps de fant qui veut jouer ». jeu de l’enfant, surtout chez les plus jeunes. Néanmoins, même si l’enfant joue beaucoup, les parents ne doivent pas s’inquiéter si celui-ci voit touP OUR ALLER PLUS LOIN jours ses amis, fait d’autres activités et continue à avoir des résultats scolaires satisfaisants. Site web de l’auteur : http ://www.extragames.fr Ces quelques exemples permettent de mieux comprendre l’utilité de laisser l’enfant jouer à des o 21 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 La presse, le pouvoir et l’empire Fatma Zohra H AMRAT Qui d’entre vous n’a pas lu le journal au moins une fois dans sa vie, malgré l’existence des autres moyens d’information telle que la radio, la télévision et bien sûr internet ?. Pourquoi les politiciens continuent à lire le journal tous les matins pour voir s’ils y sont ou pas ? Et pourquoi des centres d’analyse de la presse existent ? Est ce que, comme dit l’autre, c’est juste pour rendre compte de ce qui est dit ? Pour répondre à toutes ces questions, il faut d’abord revenir à l’histoire’, car depuis l’existence de la presse ,au XVII siècle en France, et peu de temps après en Angleterre, l’accès à l’information est devenu universel, du moment que la personne sache lire ou assiste à une lecture en groupe, comme les réunions de lectures dans les pubs anglais à la fin du siècle dernier. la première action du lecteur est de commenter, ensuite, se faire une opinion. Cest là tout l’enjeu. tion de contre pouvoir, en surveillant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, elle est désormais considérée comme le quatrième pouvoir. Toutefois pendant la période coloniale où les pays Européens s’étaient engagés dans la ruée vers les colonies, la presse était au c ?ur des événements, elle a même fait l’objet de manipulations. Par le moyen de subvention, certains journaux devenaient des alliés du pouvoir politique en place. Certaines parties politiques avaient leurs propre La presse est un moyen d’information certes, journaux pour promouvoir leurs idées. mais aussi un moyen de diriger l’opinion public, Prenant l’exemple de l’empire Britannique en le besoin de s’informer évolue en un besoin de Égypte, qui fait l’objet de notre étude. A leur arricritiquer, ainsi la presse refléte la tendance de la vée, les Britanniques trouvèrent un pays en pleine société. évolution culturelle ; certes au bord de la banqueDécider d’ouvrir un journal que çe soit aujour- route,le théâtre, l’opéra, et surtout la presse faid’hui ou deux siècles avant, n’est pas une tache saient partie du décors culturel. A cette époque, facile. Mis à part les contraintes matérielles, les la presse était qu’elle le seul moyen de s’informer rédacteurs en chef et leurs équipes de journalistes sur ce qui se passe dans le pays ou ailleurs. Très s’engagent non seulement à traquer l’information, vite les autorités Britanniques, qui commençaient mais surtout s’accaparer de l’information et avoir à sentir l’animosité de la population envers leur l’exclusivité. Cette dernièredemande dans certain ingérence dans les affaires du pays, se tournaient cas de faire des alliances avec le pouvoir et la poli- vers la presse pour amadouer l’opinion public et tique. montrer qu’ils ne sont là que pour sortir le pays de la faillite ! ! ! Cependant, quel interêt le monde politique porte à la presse ? Il faut dire que la relation entre Lord Cromer, le vice consul le plus influent la presse et la politique ne s’arrête pas à l’informa- dans l’histoire de l’empire Britannique en Égypte, tion, mais plutôt à ce qui doit faire l’objet d’une encouragea les minorités étrangères à avoir leurs information et a qui décide de ce qui doit être dif- propres journaux pour faire le poids devant la fusé ou pas. La raison est que la presse d’un côté presse locale. Il finance le journal al moukatam a un pouvoir d’influencer la population dans son qui devient par la suite l’organe de propagande choix électoral, et de l’autre elle est un moyen de pour la politique Britannique. La presse nationale gagner le soutient de l’opinion public vis à vis de de son coté est rentrée en conflit avec les autoritel ou tel projet politique. La presse a une posi- tés pour revendiquer le droit à la non ingerence ? 22 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Donc on peut dire que la presse fut un moyen de en les comparant. L’originalité consiste premièconquête tout comme une armée de colonisation. rement dans le choix des journaux qui sont des quotidiens à grand tirage, ainsi que dans la méEntre temps, sur le vieux continent, le pouvoir thode d’analyse : une méthode utilisée par un laen place devait convaincre et expliquer l’intérêt boratoire d’analyse de la presse contemporaine, de sa nouvelle conquête : l’Egypte. Le moyen le et sollicitée par les entreprises pour connaître l’efplus efficace pour gagner le soutient de l’opinion ficacité de leurs politiques de marketing, entre public est bien sûre la presse qui comporte ceux autres. qui sont convaincus de l’idée de l’empire , en général les conservateurs, et ceux qui defendent les Pour conclure un message aux nondroits de l’homme , les Liberals. Toutefois, l’iro- spécialistes : l’histoire est ce qui fait de nous nie du sort a voulu que la colonisation de l’Égypte les hommes d’aujourd’hui, car on est façonné par se fasse sous le gouvernement des liberals . En notre passé. Un scientifique, sans connaitre l’hisfin ! bref, on comprend maintenant que la presse toire, ne peut entreprendre un projet pour pouvoir a été un moyen d’influence et de conquête par les innover et avancer. Autrement dit, c’est l’occasion britanniques et un moyen de révolte et de reven- de mettre la science au service de l’histoire et vice dication par les nationalistes en Égypte versa. Dans notre étude on essaie de démontrer l’engagement ou pas dans le projet impérialiste, de certains journaux britanniques et égyptiens tout o 23 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Bouger son tronc c’est perdre la fonction du bras Karima B AKHTI Après un accident vasculaire cérébral, les patients hémiparétiques ont tendance a utiliser leur tronc au détriment de leur bras parétique, or cela est un frein à la récupération. P OUR LES PRATICIEN - NE - S Bien récupérer c’est retrouver les schémas moteurs présents avant l’AVC. Compenser c’est créer de nouveaux schémas moteurs qui résultent d’une adaptation à une situation pathologique : la parésie. La compensation maladaptative, est une compensation qui pourrait être éviter du fait de la capacité du sujet à faire la tâche sans compensation. Cette compensation maladaptative est détectée par une tâche de préhension réalisée le tronc libre puis le tronc bloqué. De nombreuses études ont montré que les compensations maladaptatives du tronc limitaient la récupération du membre supérieur. Pour limiter cette compensation maladaptative, il faut pouvoir l’évaluer. L’évaluation doit être objective et rapide, elle est donc réalisée au moyen d’un appareil d’analyse du mouvement avec des capteurs qui donnent à chaque instant les coordonnées 3D du tronc et des 2 mains. P OUR LES PATIENT- E - S Après un AVC, lors des acticités quotidiennes, les patients ont tendance à utiliser le tronc au détriment du bras atteint. Or ces mouvements du tronc freinent la récupération du bras. Pour permettre une meilleure récupération du bras ilfaut s’en servir et éviter les mouvements du tronc Chaque année il y 130000 nouveaux patients et seulement 25 à 45% récupérent un bras fonctionnel. En utilisant le tronc plutot que le bras atteint lors des tâches manuelles vous créez des nouveaux schémas moteurs. Plus vous utilisez votre tronc et plus vous ancrez ces mauvais schémas. Pour briser ces schémas et récupérer les bons schémas d’avant l’AVC il faut vous servir de votre bras atteint. De nombreuses études ont montré que les mouvements du tronc freinent la récupération du L’évaluation de cette compensation mala- bras atteint. daptative doit doit être accessible à tous (CHU, Avant tout il faut connaitre l’importance des centres, cabinets). Or les systèmes d ?analyse tridimouvements du tronc. Pour cela l’évaluation doit mensionnelle du mouvement restent très coûteux. être rapide et facile : utilisation de la kinect à dol ?idée est d ?utiliser la Kinect (système peu coûmicile. Vous obtenez un index de mouvement du teux). Les résultats de l ?étude pilote montrent des tronc de 0 à 100. Plus cet index est élevé et plus résultats encourageants. vous bougez le tronc. D ?autre part la rééducation doit être intensive Pour limiter les mouvements du tronc, vous et spécifique. Or nous pouvons intégrer cette méavez la possibilité de télécharger un jeu vidéo qui thodologie de calcul de la compensation maladapvous permettra de voir en temps réel si vous boutative du tronc dans des jeux vidéos avec biofeedger le tronc ou pas lors des mouvements de la back du positionnement du tronc. Ceci converge main vers l ?idée de briser les mauvais schémas moteurs et d ?aider à la récupération des schémas moteurs Plus votre index est faible et plus vous utilisez présents avant l ?AVC votre bras. Vous êtes sur la bonne voie. 24 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 o 25 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 La découverte des nouveaux échangeurs d’anions Ut Dong T HACH Les chercheurs à Institut Charles Gerhardt de Montpellier ont développé de nouveaux échangeurs d’anion très efficaces pour éliminer les anions toxiques dans l’eau, notamment le chrome hexavalent. Le chrome hexavalent, dont le symbole chimique est Cr (VI), est un ion très toxique pour les organismes. Il apparaît dans l’air, l’eau, le sol lors des processus naturels et du fait des activités humaines. Les déchets provenant de l’inductrie de l’électro-peinture, du cuir et du textile sont les sources principales du Cr (VI) dans l’eau. Ce polluant provoque des conséquences sur l’environnement et l’écosystème. On sait que le Cr (VI) a diverses conséquences sur la santé. Il peut causer des irritations du nez, des yeux et de la gorge en cas d’exposition limitée, et des lésions du foie et des reins ainsi que le cancer des voies respiratoires dans les cas les plus extrêmes. par l’anion Cr (VI). Si l’on compare avec les matériaux utilisés actuellement pour éliminer le Cr (VI), ce nouveau système présente une efficacité d’échange de deux fois ou plus. De plus, les matériaux sont réutilisables. La réaction d’échange est réversible, après avoir échangé, le Cr (VI) peut être libéré. On peut réutiliser des matériaux dans un nouveau cycle d’échange. Ces résultats sont très intéressant et promettent des applications larges de ces matériaux pour purifier l’eau dans le futur. Les nouveaux échangeurs d’anion seront très utiles dans plusieurs domaines de l’industrie pour le traitement de l’eau polluant, et la surveillance de la concentration du Cr (VI) dans l’eau de boisson, les eaux souterraines et des eaux de surface. Dans ce contexte, les chercheurs ont synthétisé des échangeurs d’anion qui permettent Enfin, les chercheurs souhaitent étudier la staéchange afin d’éliminer le Cr (VI) de l’eau. On sait bilité de ces nouveaux échangeurs d’anion sous que le chrome est présent dans l’eau sous forme irradiation. Si les matériaux sont stables en condid’anions : CrO42- ; HCrO4 ?. tion d’irradiation, ils peuvent utiliser pour traiter les déchets dans les centrales nucléaires. Le résulPour élimer ces anion on peut utiliser les tat montrera une solution efficace pour traiter les échangeurs d’anion qui sont des matériaux comdéchets nucléaire. portant des groupements cation ayant la propriété de les échanger de façon réversible. L’équipe de chercheurs a donc synthétisés des échangeurs P OUR ALLER PLUS LOIN d’anion à base de silice comportant des groupements cationiques échangeables. En modifiant les — P. Hesemann, P. Moisy, M. Gigue, U.D. conditions de synthèse. Ils peuvent contrôler la Thach, B. Prelot. Ionosilicas for Exchange structure, la morphologie, la texture et la formaReaction. 8th International Symposium on tion les groupements cationiques afin de produire Technetium and Rhenium : Science and des matériaux à capacité d’échange très élevée. Utilization, September 29th- October 3rd En effet, les premièrs tests d’échange du Cr 2014, La Baule-Pornichet, France. (VI) au labo ont donné de bon résultats. 80% des sites échangeables sur le matériau ont été échangé o 26 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 Traduire ou trahir ? Asmaa A OUJIL Selon les musulmans, le Coran est intraduisible parce qu’il relève du miracle : c’est la parole de Dieu qui a été transmise par l’ange Gabriel au Prophète des musulmans Mohamed. Le miracle consiste dans le fait que le Coran est arrivé à un moment où on parlait une langue très savante, où on échangeait en poèmes. Ainsi, le Coran est venu défier ces érudits en leur langue certes, mais encore : une langue plus savante et surtout inimitable. Aussi le miracle consiste dans le fait que Mohamed est un illettré, ce qui leur démontre que ce n’était pas lui l’auteur. Traduire le Coran est une chose difficile à réaliser, mais par contre interpréter le coran est possible, quand on cherche à respecter le sens général du verset.Traduire revient donc à respecter le sens voulu, à diffuser la connaissance espérée sur son auteur, ses objectifs, et faire preuve de partialité et d’objectivité. On parle de trahison quand on déforme une réalité, une vérité, on apporte des propos mensongers sur le livre traduit, on falsifie la vérité. Le but premier est bien déterminé, celui de rejeter l’autre, sa croyance, ses idées ou tout simplement tromper le lecteur, le manipuler.Mais une fois le message transmis par le livre originel est autre dans la traduction, on peut parler de trahison, car la connaissance n’est pas diffusée, elle n’est pas tout simplement respectée. D’ailleurs, c’est le cas des premières traductions que nous estimons fausses, car elles ont été travaillées dans un but de rejeter l’autre, de réfuter ses croyances. combattre [...] personne ne s’est soucié de rechercher ou d’étudier le moins du monde ce qu’était cette doctrine pestiférée,ni d’où elle venait. C’est la raison pour laquelle moi, Pierre, humble Abbé de la sainte église de Cluny [...] j’ai fait traduire d’arabe en latin au prix de beaucoup de peines et de dépenses toute cette doctrine impie et l’exécrable vie de son fondateur. Je l’ai dévoilé aux nôtres, afin que l’on sache à quel point cette hérésie est suspecte et ridicule [...] Hélas ! en ces temps de tiédeur, que bien d’hommes pour s’intéresser à ce genre d’études, je me suis promis à moi-même de me mettre à la tâche, avec l’aide de Dieu, mais j’aurais aimé que ce fût fait par un meilleur que L’Islam au XII siècle propage le monde occimoi »1 dentale avec la domination des Ottomans, et se fait connaitre par le biais des croisades, l’ennemi Cette citation nous mène à dire que la traducest méconnu, il est puissant, et c’est le moment tion du Coran au XII siècle par Robert de Ketton de rassembler la communauté chrétienne autour à l’initiative de L’abbé Cluny , quatre ans avant la d’un seul objectif, celui d’écarter le danger immi- Deuxième croisade, est destinée non pas à diffuser nent que cette nouvelle religion peut entrainer. la connaissance, mais plutôt à accentuer la peur Alors il fallait s’informer sur l’autre, sa religion, chez le chrétien croyant, afin qu’il se rallie à cette pour pouvoir estomper le danger, ce qui permet cause et combatte les hérésies. aussi de raffermir le chrétien dans sa propre foi. Cinq siècles après, Du Ryer fait la première Ainsi la traduction erronée pour détourner le traduction du Coran en langue vernaculaire eulecteur de la vraie connaissance dans une peur ropéenne translatée directement de l’arabe. Son qu’il adhère à une nouvelle religion, est un moyen texte « n’est pas conçu comme une arme pour très efficace pour dominer son ennemi, et pour- combattre l’Islam et les musulmans, mais plutôt quoi pas le convertir :" s’il se trouve un homme une œuvre littéraire qui donne une information décidé à écrire contre cette hérésie, et qui en ait plus détaillée sur l’Orient et la culture orientale ». la possibilité, il faut qu’il sache quel ennemi il va En outre, Du Ryer a cherché à diffuser la connais- 27 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 sance , tout en respectant l’éthique de l’époque : fiée, on peut parler d’une traduction fidèle. Transcelle de blasphémer la religion musulmane et son mettre le message de l’autre, peu importe le type livre sacré. de message, est une mission des plus honorables. Mais au XVII siècle, sous le règne de Louis XIV, Il était difficile pour Du Ryer de traduire le Coran sans l’annoter de documents pour réfuter la religion musulmane et la considérer comme une hérésie, tout en défendant le christianisme. Traduire est donc communiquer avec l’autre, ôter les barrières et non pas rajouter d’autres obstacles qui limitent tout échange avec l’autre. La langue d’autrui ne doit pas être un obstacle qui limite nos échanges, notre quête du savoir , au contraire, elle doit être un moteur qui nous perDu Ryer a apporté des informations impormet d’avancer et de chercher à comprendre autantes et inédites à l’époque, un travail érudit trui ! certes, même s’il n’est pas parfait. Mais au moins il a le mérite de diffuser la connaissancetelle qu’il l’a Laissons nous tenter par cette experience : si reçue. Il a cherché à aller vers l’autre à un moment nous maitrisons plusieurs langues et on a un ami de l’histoire où ce n’était pas facile d’imposer des qui est d’une autre culture, est ce qu’on traduit sa idées nouvelles et révolutionnaires. pensée ou on répète mot par mot ce qu’il vient de nous dire ? j’ai déjà essayé moi même et je ne vous Du Ryer a le mérite d’être le pionnier dans cache pas que je me contente plutôt de la pensée cette voie vers une ouverture sur l’autre, une oude mon interlocuteur. ce qui peut m’induire en erverture d’esprit, un échange culturel et humain. reur, car rien ne me garanti que j’ai bien assimilé Ainsi la traduction ne se limite pas à répéter la pensée de l’autre. les termes de l’autre le plus fidèlement possible, même si cela a un impact important sur la récepLa traduction est un exercice difficile certes, tion, mais elle joue un rôle déterminant dans ce mais il faut chercher à être le plus honnête posqui suit, c’est à dire la relation avec l’autre et tout sible. Parler d’une traduction parfaite, à mon avis, ce que cela peut engendrer par la suite. est impossible. A vous de juger ! La traduction peut ne pas être parfaite, mais une fois le message du livre originel est transmis, le lecteur n’est pas trompé, la vérité n’est pas falsi- o 28 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 La recherche médicale, schizophrénie planétaire Victoria S PARTA "On n’est jamais trop âgé pour s’instruire" — Benjamin Franklin La recherche en médecine a commencé par les études anatomiques, qui décrivent notre enveloppe corporelle et tout ce qu’elle contient. La connaissance de cette science nous permet de mieux comprendre comment est structuré notre corps. dans tous les pays du monde. Des pays, sont toujours en dessous du seuil de pauvreté. Comment se fait-il que certains pays aient des populations vieillissantes et en bonne santé ? D’autres, comme les pays du tiers monde, n’ayant pas accès aux soins ? A l’origine des études anatomiques, se Nous naissons donc chanceux, si nous naistrouvent la vivisection animale et la dissection du sons dans un pays industrialisé. Mais est-ce-que corps humain. L’artiste italien Léonard de Vinci, ceci devrait être une fatalité ? adoré de la monarchie française (Charles VIII, Louis XII et François Ier), peintre de La Cène ou encore de La Joconde ( ?Portrait de Mona Lisa ?), L A SUITE DU PÉRIPLE : AVANCÉES était réputé pour ses dessins anatomiques. Il a été SCIENTIFIQUES le précurseur des études anatomiques et ainsi des recherches médicales. Par la suite, les avancées technologiques et L’anatomie est donc une discipline ancienne techniques ont aussi permis à la médecine de se et a été la genèse des recherches médicales dans moderniser. Du point de vue technologique, nous d’autres domaines. avons vu l’apparition du scanner mis au point en 1972, par le Dr Newbold Hounsfield et MacLeod Cormack. Ces deux chercheurs ont reçu le prix noL ES DÉBUTS D ’ UNE GRANDE AVENTURE bel pour cette invention. La première imagerie à résonnance magnétique (IRM) fut faite par Lauterbur en 1973, prix nobel pour la contribution à L’anatomie aura été la première discipline à cette invention. avoir connu son essor dans le milieu médical. Elle a permis au médecin de pouvoir mieux comDu point de vue technique, nous donnerons prendre le corps humain et ainsi de mieux le soi- l’exemple de la fécondation in vitro (FIV) et du gner. Nous donnerons l’exemple de la première clonage. La FIV a été mise au point par les doctransplantation cardiaque faite par le Dr Barnard teurs Steptoe et Edwards, au Royaume-Unis. Le en Afrique du sud en 1967. premier clonage animal fut réalisé sur une carpe, en 1963 par l’embryologiste Tong Dizhou. Toutes ces nouveautés scientifiques ont donc permis aux hommes de vivre mieux et plus longToutes ces avancées sont des atouts considétemps. En France, entre 1950 et 1997, l’espérance rables pour l’humain mais également des boîtes de vie est passée de 66 ans à 78 ans. de Pandore. Cependant, il faut prendre conscience que l’amélioration de la qualité de vie n’a pas été faite En effet, le scanner envoie des radiations aux patients à chaque utilisation. De ce fait, certains 29 Athéna - Formation à la vulgarisation • Octobre 2014 patients peuvent développer des cancers après des scanners répétés. Le clonage existe à l’état naturel, il permet la multiplication à l’identique d’une être vivant. Néanmoins, le clonage n’existe pas chez les mammifères. La base de l’espèce animale est sa diversité inter-individuelle. Le clonage est autorisé chez les animaux, comme pour les chevaux de compétition ou bien les riches américains voulant faire renaître leurs animaux de compagnie préférés. Voulons nous vraiment perdre cette diversité qui nous caractérise tant ? A vous d’y réfléchir. Pour moi, la grande question n’a jamais été : "Qui suis-je ? Où vais-je ?" comme l’a formulé si adroitement notre ami Pascal, mais plutôt : "Comment vais-je m’en tirer ?" — Jean Yanne o 30 * Athéna Vincent Bonhomme *