Aperçu sur l`évolution de l`enseignement agricole camérounais et
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Aperçu sur l`évolution de l`enseignement agricole camérounais et
11 Aperçu sur l’évolution de l’enseignement agricole camérounais et les projets en perspective - Caméroun Bamzok Ntol Cyprien - Ministère de l'Agriculture -Yaoundé I - Situation et problématique Dès les années 1960, le Cameroun s’est doté d’établissements de formation agricole afin de former des techniciens dont avaient besoin les pouvoirs publics pour assurer le développement du secteur rural. Ces premières institutions avaient également pour missions d’étudier scientifiquement l’agriculture avec la participation de la collectivité agricole, d’en présenter les résultats à un vaste ensemble d’agriculteurs susceptibles de les utiliser et de former les cultivateurs, vulgarisateurs, enseignants et chercheurs, de façon à ce que la production agricole puisse poursuivre sa croissance sur des bases durables. Pour soutenir cette politique, le Gouvernement a entrepris au fil du temps, un vaste programme d’investissement dans les infrastructures de formation agricole. De nombreuses transformations du dispositif de l’enseignement et de la formation agricole et rurale ont ainsi vu le jour aussi bien dans les orientations que dans l’organisation. Au stade actuel, on pourrait distinguer : 1 - Du point de vue du dispositif d’établissements de formation Au niveau supérieur, les principaux établissements de formation agricole ci-après : - La faculté de sciences agronomiques (FASA) de l’Université de Dschang ; - L’Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agro-industrielles (ENSAI) ; - La faculté des sciences de l’Université de Yaoundé I où il existe déjà une formation dans les filières du domaine agricole et forestier ; - L’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) qui forme des cadres supérieurs en animation susceptibles d’œuvrer dans les zones rurales ; - L’Ecole Nationale des Travaux Publics pour la formation en génie rural. L’enseignement agricole supérieur, à l’exception de la formation des Techniciens Supérieurs (Bac+2) assurée par les ministères techniques du développement rural, est placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement Supérieur. Au niveau moyen, de nombreuses structures subsistent. - Le ministère de l’Agriculture dispose de 18 établissements (collèges et écoles); - Le ministère de l’environnement et des forêts de deux écoles; - Le ministère de l’élevage dispose de 3 Centres de Formation Zootechnique et Vétérinaire - Le ministère de l’éducation nationale suit les activités de deux collèges confessionnels catholiques qui ont ouvert des cycles de formation dans le domaine de l’agriculture. En plus de ce dispositif d’enseignement agricole moyen, une instruction du Premier ministre, Chef du Gouvernement, a prescrit une étude en vue soit de la création de 10 lycées agricoles ou de la transformation de certaines structures d’enseignement technique ou général en lycées agricoles. Au niveau de base, le ministère de l’Agriculture dispose de 67 centres de formation agricole et rurale plus ou moins fonctionnels. Certaines ONG disposent également des centres de formation assez opérationnels. Les confessions religieuses s’affirment davantage dans l’encadrement et la formation agricole des populations rurales à travers un réseau de centres d’apprentissage agricole. 6èmes Journées d’Etudes « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international » – 11 et 12 octobre 2001 – Agropolis Montpellier 12 2 – Du point de vue de la gestion du système et de son fonctionnement Jusqu’en 1988, les personnels formés dans les établissements d’enseignement agricole étaient systématiquement intégrés dans la fonction publique camerounaise. Puis, face aux difficultés économiques que connaissait le Cameroun et à la nécessité de compresser les dépenses budgétaires, le gouvernement a décidé de geler les recrutements dans la Fonction Publique. Les conditions générées par la crise économique et les mesures d’ajustement structurel conséquentes, ont imposé des restrictions budgétaires drastiques qui ont affecté négativement les ressources et les budgets de l’enseignement et de la formation agricole et rurale. Ces mesures ont eu pour principales conséquences : ? une baisse considérable de la demande en formation agricole; ? l’exode massif des formateurs pour d’autres secteurs d’activités ; ? la quasi fermeture de certains établissements de formation agricole; ? la décrépitude des infrastructures ; ? la baisse générale du niveau d’activités dans les structures de formation agricole. Face à l’ampleur du sinistre, le gouvernement a obtenu l’assistance de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture pour entreprendre une évaluation approfondie de la situation, définir les grandes orientations de la réforme du système d’enseignement et de formation agricole et rurale et proposer une stratégie de mise en œuvre des réformes. Les études réalisées dans ce cadre présentaient une situation d’ensemble dont les principaux points faibles étaient: ? l’absence d’un document officiel dans lequel sont consignées les grandes orientations et les options fondamentales retenues pour une politique de l’enseignement et de la formation agricole et rurale au niveau national et qui détermine les missions, les objectifs, les méthodes et les moyens du système ; ? l’obsolescence des programmes de formation encore en vigueur bien qu’étant inadaptés aux emplois effectifs sur le terrain et à la formation d’entrepreneurs agricoles et ruraux ; ? l’inexistence de relation formelle entre les trois niveaux de formations : niveau de base, moyen et supérieur ; ? le manque de suivi et de coordination des structures publiques, privées ou associatives qui apportent des soutiens variés au développement de l’enseignement et de la formation agricole et rurale ; ? L’absence d’un plan cohérent de développement du système d’enseignement et de formation agricole et rurale, prenant en compte la diversité agro-écologique ? la faiblesse des liens entre les structures de formation et leur environnement ; ? l’absence de cadre d’appui à l’insertion des diplômés et formés dans le circuit économique ; ? l’absence d’un texte régissant le statut des formateurs occasionnant un départ massif des enseignants vers d’autres secteurs d’activités plus rémunérateurs. Dans ses efforts de maintien d’une croissance durable et de réduction de la pauvreté, le Gouvernement entend revaloriser le secteur rural pour mieux exploiter les énormes possibilités d’extension de la production agricole et surtout d’amélioration de la productivité des exploitations. L’agriculture demeurera le secteur clé du développement économique et social futur du pays. Pour améliorer sa participation actuelle de 32% au PIB, ce secteur aura besoin de se doter d’outils efficients parmi lesquels un projet d’avenir pour l’enseignement et la formation agricole et rurale, un projet concerté, global, partagé par tous les partenaires et opérationnel. II- ¨Projet de reconstruction Le projet de reconstruction en cours d’élaboration porte sur les principaux éléments suivants. 6èmes Journées d’Etudes « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international » – 11 et 12 octobre 2001 – Agropolis Montpellier 13 II –1 Axes stratégiques de la réforme Les axes stratégiques de réforme arrêtés sont : 1 - La professionnalisation, basée sur l’acquisition des compétences adaptées aux conditions réelles de développement de l’agriculture ; 2 - La formation à l’emploi; 3 - La régionalisation en vue de prendre en compte la diversité écologique et socioéconomique de l’agriculture camerounaise et de mettre en place des pôles régionaux de formation pluridisciplinaires ; 4 - La généralisation de la formation continue qui doit concerner l’ensemble des acteurs du développement ; 5 – La contractualisation entre l’Etat et les établissements privés de l’enseignement et de la formation agricole et rurale ; 6 – Le renforcement de la formation technique de base dans le domaine de l’agriculture en général à travers les programmes d’enseignement agricole dans l’enseignement général et la création des établissements d’enseignement technique agricole. II-2 Finalités Le nouveau système de l’enseignement et de la formation agricole et rurale au Cameroun aura pour principales finalités de contribuer à: - l’émergence d’une nouvelle race d’entrepreneurs ruraux, véritables professionnels exerçant un métier, aptes à se faire employer ou à s’auto-employer et de servir de courroie d’entraînement de la modernisation du secteur traditionnel ; - la formation des ressources humaines nécessaires pour assurer le progrès agricole et rural et par conséquent, le développement économique et social du Cameroun ; - la transformation des structures de formation en véritables pôles de développement économique et social dans la région d’implantation ; - la revalorisation du métier d’agriculteur en suscitant l’intérêt surtout des jeunes et des élites pour les professions du secteur rural et en élevant le niveau technique et d’organisation des agriculteurs. II-3 Cadre institutionnel proposé 1 - Statut, structuration administrative et missions Une Agence Nationale de Coordination du Système de l’Enseignement et de Formation Agricole et Rurale (ANCSEFAR) pourrait régir le nouveau système. Les structures d’enseignement et de formation agricole et rurale en deçà de Bac+2 devraient être rattachées à cette Agence comme structures opérationnelles, soit au total : 142 structures potentielles. Les missions de formations antérieurement dévolues aux divers ministères techniques seront transférées à l’ANCSEFAR pour en faire un tout plus homogène, mieux intégré et plus systémique. Les structures de formation regroupées au sein de l’ANCSEFAR seront rattachées au niveau de chaque région agro-écologique à une Agence Régionale de Coordination du Système de l’Enseignement et de la Formation Agricole et Rurale. 2 - Les outils de gestion et d’évaluation du système Le système devrait être doté d’outils de gestion et d’évaluation aussi bien au plan national que régional. La concertation associera l’Etat, les représentants des professionnels du secteur rural, les représentants des organisations fédératives regroupant les établissements privés agricoles, les personnels formateurs, les apprenants. 6èmes Journées d’Etudes « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international » – 11 et 12 octobre 2001 – Agropolis Montpellier 14 Outils de concertation Comme outil de concertation, le système sera doté de : Un Conseil National de l’Enseignement et de la Formation Agricole et Rurale (CNEFAR). Une Commission Professionnelle Consultative (CPC). Les instruments de pilotage Le pilotage national du système se fera à travers : Un schéma national prévisionnel de l’enseignement et de la formation agricole et rurale Des schémas régionaux prévisionnels de l’enseignement et de la formation agricole et rurale Les outils d’évaluation L’évaluation interne sera faite à partir du bilan annuel et des rapports de l’inspection. L’évaluation externe sera faite par l’Observatoire National de l’Enseignement et de la Formation Agricole et Rurale. Le système préconisé doit être compris comme un appendice de l’éducation mais gérer pour le compte de l’Etat par une organisation parapublique ayant pour tutelle une administration publique du secteur rural en l’occurrence et pour l’instant, le ministère de l’Agriculture. Ceci tient de l’impératif de cohésion et de l’intégration optimale des composantes actuellement éparses du système. L’Etat continuera à travers l’Observatoire National et l’Agence Nationale de Coordination du Système d’Enseignement et de Formation Agricole et Rurale à : - préserver l’intérêt commun et l’équité ; - veiller sur la réglementation des services, les résultats et le contrôle de qualité ; - participer au financement du système. II-4 Mesures d’accompagnement nécessaires Le nouveau système devrait s’appuyer sur une bonne stratégie d’insertion des apprenants, plus de dynamisme et d’agressivité sur le plan managérial de la part des responsables et des infrastructures et équipement appropriés II-5 Programme d’accompagnement Un projet de mise en œuvre d’une durée d’un an et en cinq phase a été élaboré et les estimations préliminaires situent son coût à près de 5millions FF Un programme de renforcement des capacités constitué de trois projets de formation et recyclage a été élaboré pour : - 12 responsables des fermes et établissements de formation agricole, 60 responsables et formateurs de niveau moyen en Ingénierie des dispositifs de formation et en Ingénierie pédagogique, 40 responsables des centres de formation de niveau de base en Ingénierie des dispositifs de formation et en Ingénierie pédagogique. Bamzok Ntol Cyprien - Chef cellule enseignement agricole - Ministère de l'Agriculture – Yaoundé - [email protected] 6èmes Journées d’Etudes « Ingénierie des dispositifs de formation à l’international » – 11 et 12 octobre 2001 – Agropolis Montpellier