Folia veterinaria

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TRAITEMENT ANTIVIRAL CHEZ LE CHEVAL
Un précédent article paru dans les Folia (Folia Veterinaria 2005 n°. 2) faisait la synthèse des
traitements antiviraux chez les animaux domestiques, chiens et chats. Cet article complète ces
informations en envisageant le traitement de l’infection par l’herpèsvirus équin 1 (EHV-1)
responsable de rhinopneumonie, d’avortement et de myéloencéphalopathie chez le cheval
(Thiry, sous presse).
L’acyclovir, ou acycloguanosine, est le premier médicament antiherpétique. Développé d’abord
pour traiter les infections à herpèsvirus humains, herpès simplex et varicelle-zona, il a été
ensuite testé envers d’autres herpèsvirus, par exemple l’herpèsvirus félin (voir le précédent
article dans les Folia). L’acyclovir a également été utilisé dans le traitement d’infections par
l’EHV-1. L’une d’elles concernait des chevaux adultes d’une école d’équitation de Virginie
atteints de myéloencéphalopathie (Friday et al., 2000) et l’autre impliquait des poulains
nouveau-nés d’un élevage. Ces derniers présentaient une inflammation pulmonaire grave en
période périnatale (Murray et al., 1998). La dose d’acyclovir administrée aux poulains a été
déterminée par extrapolation de données provenant de la médecine humaine. Les poulains ont
été traités avec une dose de 16 mg/kg répétée 3 fois par jour par voie orale pendant 7 à 12 jours
et les chevaux adultes ont reçu une dose de 20 mg/kg 3 fois par jour par voie orale durant 5
jours.
L’école d’équitation comprenait 46 chevaux, 37 hongres et 9 juments, tous étaient vaccinés au
moyen d’un vaccin inactivé répété tous les 4 mois. Trente chevaux sur 45 ont présenté de la
fièvre et 19 sur 46 ont présenté, à différents niveaux de gravité, de la parésie, de l’ataxie et des
dysfonctions de la vessie. Les 6 chevaux les plus atteints ont reçu de l’acyclovir à la dose
décrite ci-dessus, en plus d’un traitement de soutien. Un cheval a été euthanasié car il ne
pouvait plus se lever et un autre a gardé une légère parésie postérieure. Dix-sept chevaux
parmi ceux qui avaient présenté des signes nerveux ont complètement récupéré.
Les poulains ont été infectés in utero en fin de gestation, l’EHV-1 a pu être isolé du liquide
amniotique et des poumons des poulains nouveau-nés. Dix-sept poulains sont nés dans cet
élevage entre mars et avril 1995, cinq d’entre eux ont présenté des signes cliniques en relation
avec une infection par l’EHV-1. Trois de ces poulains sont morts ou ont été euthanasiés. Parmi
3 poulains traités à l’acyclovir, deux ont survécu.
La difficulté d’évaluer l’intérêt de l’acyclovir avec les résultats de ces deux études réside dans
l’association de plusieurs traitements et, surtout, l’absence d’animaux contrôles. Chez les
poulains, on peut estimer que le traitement n’est efficace que s’il débute les prodromes de la
maladie ; chez les chevaux, le traitement avait été initié assez tardivement, au moins 72 heures
après les premiers signes neurologiques. Aucun effet néfaste pour le cheval n’a cependant été
observé même après l’administration de dose de 10 mg/kg 5 fois par jour (Donaldson et
Sweeney, 1997).
Des études in vitro ont permis de déterminer qu’une dose de 0.3 µg/ml d’acyclovir pouvait
inhiber de 50 % la formation de plages de lyse provoquée par une infection d’une culture de
cellule par l’EHV-1 (Wilkins, 2004). Après une administration intraveineuse d’une dose de 10
mg/kg, la diminution de la concentration plasmatique se déroule en deux phases : une rapide
suivie d’une plus lente. Par administration intraveineuse la concentration plasmatique reste
supérieure à la dose de 0.3 µg/ml durant 8 heures (Wilkins et al., 2005). L’acyclovir per os
semble être mieux absorbé chez le poulain que chez le cheval adulte (Murray et al., 1998).
L’hypothèse d’un effet cumulatif des doses a été proposée. Des doses répétées d’acyclovir per
os permettent d’atteindre une concentration plasmatique de 0,20 à 0,38 µg/ml (Wilkins et al.,
2003).
Il manque cependant plusieurs éléments pour tirer des conclusions définitives sur l’efficacité
de l’acyclovir pour le traitement de l’infection à EHV-1. La difficulté réside aussi dans le coût
d’un tel traitement chez un animal pouvant peser jusqu’à 800 kg. De plus, la mise en œuvre du
traitement doit se baser sur un diagnostic étiologique précis et débuter le plus tôt possible
après l’apparition des premiers signes cliniques. L’utilisation chez le poulain se révèle plus
intéressante au point de vue de l’efficacité et du coût.
Références
Donaldson M.T., Sweeney C.R. Equine herpes myeloencephalopathy. Compend. Cont. Educ. Pract. Vet., 1997, 19, 864-871.
Friday P.A., Scarratt W.K., Elvinger F., Timoney P.J., Bonda A. Ataxia and paresis with equine herpesvirus type 1 infection in
a herd of riding school horses. J. Vet. Intern. Med., 2000, 14, 197-201.
Murray M.J., Del Piero F., Jeffrey S.C., Davis M.S., Furr M.O., Dubovi E.J, Mayo J.A. Neonatal equine herpesvirus type 1
infection on a thoroughbred breeding farm. J. Vet. Intern. Med., 1998, 12, 36-41.
Thiry E. Virologie clinique des équidés. Collection Virologie Clinique. Editions du Point Vétérinaire, sous presse.
Wilkins P.A. Acyclovir in the treatment of EHV-1 myeloencephalopathy. Proceedings of the 22nd American College of
Veterinary internal Medicine Forum, Minneapolis, MN, 2004, pp. 170-172.
Wilkins P.A., Henninger R., Reed S.W., et al. Acyclovir as treatment for EHV-1 myeloencephalopathy. Am. Assoc. Equine
Pract. Conf., 2003, 49, 394-396
Wilkins P.A., Papich M., Sweeney R.W. Pharmacokinetics of acyclovir in adult horses. J. Vet. Emergency and critical care,
2005, 15 (3), 174-178.
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