Construire et promouvoir, avec les jeunes, une vision
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Construire et promouvoir, avec les jeunes, une vision
Construire et promouvoir, avec les jeunes, une vision partagée de la culture Avis du 21 octobre 2009 1, place du Wacken • B.P. 91006 - 67070 Strasbourg cedex Tél. : 03 88 15 68 00 • Fax : 03 88 15 68 09 E-mail : [email protected] • Site internet : www.region-alsace.eu Avis ••••••••• Construire et promouvoir, avec les jeunes, une vision partagée de la culture Avis du 21 octobre 2009 Vu la Loi n° 82-213 du 2 mars 1982 relative aux droit s et libertés des Communes, des Départements et des Régions, Vu les articles L. 4111-1 et suivants du code général des collectivités territoriales, relatifs à l’organisation de la Région, Vu les articles L. 4241-1 et L. 4241-2 du code général des collectivités territoriales, relatifs aux compétences du Conseil économique et social régional, Vu le projet d’avis transmis par la commission « Identités régionales et cultures » du CÉSA du 7 octobre 2009, Vu la décision du bureau du CÉSA en date du 21 octobre 2009, Christophe PRAUD, rapporteur, entendu en séance plénière, Le Conseil économique et social d’Alsace a voté le présent avis par : 63 pour 0 contre 2 abstentions Conseil économique et social d’Alsace ……………………………………………………………………………………………………………………………… Avis n°10-09 – Octobre 2009 – Construire et promou voir, avec les jeunes, une vision partagée de la culture INTRODUCTION .................................................................................................................................................4 I. LA CULTURE, FONDEMENT DU LIEN SOCIAL .................................................................................5 1. 2. QU’APPORTE LA CULTURE ? ........................................................................................................................5 QUELLES CULTURES ET QUELLES TRANSMISSIONS ?....................................................................................5 II. LES JEUNES FAÇONNENT, AVEC LEURS PROPRES OUTILS, LA CULTURE DE DEMAIN.................................................................................................................................................................6 1. 2. 3. DES CHOIX ET DES GOUTS QUI S’AFFIRMENT A L’ADOLESCENCE .................................................................6 VERS UNE RECONNAISSANCE DES PRATIQUES CULTURELLES DES JEUNES....................................................7 LE MULTIMEDIA ET LE NUMERIQUE AU SERVICE DE LA TRANSMISSION DU SAVOIR, DE LA CREATION ET DE LA DIFFUSION..........................................................................................................................................8 III. DES REALITES SOCIALES ET ECONOMIQUES INFLUENT SUR LE RAPPORT A LA CULTURE..............................................................................................................................................................9 1. 2. 3. 4. IV. 1. 2. UN OUTIL DE COHESION SOCIALE...............................................................................................................10 VERS UNE REDEFINITION DU PERIMETRE DES CARTES CULTURELLES .........................................................10 AMENER DE LA CULTURE DANS TOUS LES TERRITOIRES ET Y PERMETTRE LE DEVELOPPEMENT DE PRATIQUES CULTURELLES ..........................................................................................................................11 POUR UNE GOUVERNANCE RENFORCEE DES POLITIQUES CULTURELLES.....................................................12 UN ACCOMPAGNEMENT DES ACTEURS ET ARTISTES ..........................................................12 UN SOUTIEN PLUS MARQUE DES ACTEURS CULTURELS ............................... ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. DES MODULES DE FORMATION SPECIFIQUES POUR MIEUX PREPARER A LA PRATIQUE EN AMATEUR ET A L’EMPLOI CULTUREL ..................................................................................................................................13 CONCLUSION ....................................................................................................................................................14 3 Introduction Soucieux de défendre la place de la culture dans la société, le CESA souligne l’importance de la ressource que représentent les jeunes en Alsace. Il inscrit ses travaux, sur leur rapport à la culture, dans la continuité de sa réflexion sur les conditions de vie des jeunes en Alsace. Pour le CESA, la culture est construite par des individus et modifié par eux-mêmes, elle réagit aux nouvelles façons de penser et de faire les choses. Les socioprofessionnels constatent que la culture contribue à façonner la vie des individus, et a fortiori la société, elle les guide dans leur manière de voir, d’interpréter la société et le rôle qu’ils y jouent. 1 En 2007, le CESA avait dans un avis sur les jeunes en Alsace souligné la grande difficulté d’appréhender cette catégorie d’âge dans son ensemble. Le CESA mentionnait alors le paradoxe des représentations qui circulent sur la jeunesse, qui est à la fois source d’inquiétudes, voire de peurs, et source de dynamisme, d’audace et de changement social. Ces façons de percevoir les jeunes intègrent leur rapport à la culture et les pratiques culturelles qui en découlent. Les jeunes, par leur façon d’être, de communiquer, contribuent à faire évoluer la culture. Ils construisent leur identité, leur autonomie en expérimentant différemment de leurs aînés. Ils construisent leur propre univers culturel, en développant des valeurs et des codes partagés par toute une génération. Dans l’esprit de l’avis voté en 2007 sur les jeunes en Alsace, la réflexion porte sur les pratiques culturelles des jeunes âgés de 15 à 25 ans, même si le CESA note que le rapport à la culture se construit dès le plus jeune âge. De nombreux facteurs influent sur les changements culturels, au premier rang desquels se trouvent les situations économiques et sociales. Par ailleurs, la mondialisation, l’urbanisation, l’instantanéité des connexions sont la marque de la jeune génération présente, et il en résulte d’importantes répercussions sur tous les aspects de la vie en général et sur la culture en particulier. Les jeunes sont au cœur de ces changements culturels. Leur influence sur la culture est réelle, ils sont bien souvent producteurs de leur consommation, comme sur Internet, où ils échangent et créent de nombreux réseaux de communication. Leurs pratiques culturelles peuvent modifier certains aspects du construit culturel alors même qu’elles apparaissaient jusqu’alors établies pour les générations précédentes. On ne peut pas envisager les jeunes comme une catégorie homogène, leurs situations de vie, leurs profils sont diversifiés. Les nouvelles technologies engendrent pour les jeunes générations une redéfinition des pratiques comme des modes de consommations culturels. Cette rencontre entre une culture locale, plus traditionnelle, et une culture mondialisée provoque à la fois des tensions et des bouleversements. L’objectif du présent avis est d’identifier un certain nombre de sources d’inspiration des jeunes, de rendre visibles leurs pratiques afin de mieux les comprendre et enfin d’accompagner l’ensemble des acteurs culturels dans leurs projets de diffusion. C’est au terme d’une série de rencontres et d’auditions que le CESA propose à l’ensemble des collectivités publiques des pistes de réflexions pour œuvrer en partenariat avec les jeunes en reconnaissant leur cadre culturel. 1 La jeunesse, une ressource - Avis du CESA – 19 octobre 2007 4 I. La culture, fondement du lien social 1. Qu’apporte la culture ? 2 Nous empruntons à E.B. Tylor, une définition complète et précise de la culture comme étant un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. Cette définition met en lumière l’ensemble de l’activité humaine. Elle laisse la place à l’interprétation et à l’adaptation, et souligne son caractère partagé par une pluralité de personnes. Il peut suffire de quelques personnes pour créer la culture d’un groupe restreint, l’essentiel est de reconnaître que les façons d’être sont bien le produit de règles de vie ayant un caractère collectif et donc social. Rien de la culture n’est inscrit à la naissance, l’acquisition de la culture se fait par le mécanisme de l’apprentissage. Apprises et partagées, les normes et valeurs culturelles contribuent à former une collectivité particulière. Une des fonctions essentielles de la culture est de réunir une pluralité de personnes en une collectivité spécifique. C’est un univers spécifique à travers lequel des personnes se sentent chacune individuellement et toutes collectivement, membres d’une même entité qui les dépasse et qu’on appelle un groupe, une association, une collectivité, une société. La culture propose et fournit des façons d’être et laisse la place aux adaptations individuelles, dans un principe de liberté, de tolérance et de respect de la dignité de la personne humaine. o Pour le CESA ces mécanismes de compréhension et d’adaptation passent par des 3 opérations comme « Le Mois de l’Autre » . Le catalogue des actions auprès des scolaires et apprentis répond à cet objectif de partage et de compréhension des cultures. Ces actions mériteraient cependant de toucher l’ensemble des jeunes de la région, y compris ceux qui ne sont plus scolarisés pour promouvoir une culture commune riche de sa diversité. 2. Quelles cultures et quelles transmissions ? La jeunesse est au cœur des transformations de nos sociétés : transformations des cycles de vie, allongement de la durée de vie et corrélativement allongement de la jeunesse. Les profondes mutations économiques et sociales touchent les jeunes qui, de ce fait, s’inscrivent dans un monde très différent de celui qu’ont connu leurs parents et grands-parents. C’est face à des changements économiques et sociaux importants que les jeunes accèdent à leur autonomie, inventent des façons « d’être ensemble ». C’est au cours de ces différentes étapes de vie que les jeunes vont entrer dans une logique d’expérimentation, dans une logique de réaction vis-à-vis de la transmission des aînés. Il n’en reste pas moins vrai que les institutions sont des éléments structurants, institutions au premier rang desquelles se trouve la famille, l’école. L’attrait pour les loisirs culturels a souvent été éveillé dès le plus jeune âge, et les pratiques à l’âge adulte s’inscrivent dans la continuité de comportements plus anciens. Même ténus, les liens avec l’univers culturel lors de l’enfance ont une influence non négligeable sur les pratiques. 41% des personnes qui ne pratiquent aucune activité culturelle pendant l’enfance se tiennent entièrement en 2 Anthropologue anglais – Primitive Culture - 1871 Opération partenariale entre le rectorat et la Région initiée il y a plus de cinq ans qui vise à sensibiliser les lycéens et apprentis de la région au respect de l’Autre dans ses différences, qu’elles soient sociales, culturelles, religieuses, ethniques, qu’elles soient liées au sexe ou à un handicap. 3 5 retrait des loisirs culturels à l’âge adulte, contre seulement 20% pour celles qui en pratiquent au 4 moins une . C’est autour de 14-15 ans que les jeunes commencent à construire leur univers culturel, c’est à cet 5 âge qu’ils s’émancipent de leur environnement familial et scolaire . Cette tendance à l’autonomisation et à la revendication de choix culturels, éloignés des prescriptions familiales et 6 scolaires, est accentuée par la sociabilité juvénile . Cette dernière est structurée par les rythmes scolaires et les contenus pédagogiques qui impactent le rapport à la culture des jeunes, ils ont alors des pratiques culturelles qui les distinguent de celles qu’avaient leurs parents. Ces pratiques 7 les identifient à une classe d’âge et les font se reconnaître comme membres d’une génération . Malgré une exposition culturelle soutenue pendant l’enfance, les études et enquêtes sociologiques témoignent d’une pause de la transmission verticale parentale au profit de l’horizontalité générationnelle. Les jeunes, de façon peut-être plus précoce que leurs ainés, vont « bricoler » une culture propre en y intégrant les éléments acquis plus tôt. Cela ne valide aucunement l’hypothèse d’un conflit de générations, mais plaide plutôt pour une distance vis-à-vis du schéma culturel traditionnel qui amène les jeunes à construire un rapport personnalisé avec la culture. L’univers culturel construit par le jeune se nourrit du patrimoine culturel transmis par la famille et l’école pendant son enfance, il est réinterprété à l’aune des opportunités de pratiques culturelles. o La prise en compte des résultats d’enquêtes sur les pratiques culturelles des jeunes permettrait d’anticiper la désaffection de certaines activités artistiques et culturelles par les 8 jeunes. Pour le CESA ce « bricolage » culturel comme l’appellent certains spécialistes du champ, demande une meilleure prise en compte des différents âges de la vie pour construire le périmètre des actions culturelles et artistiques. o Le CESA souhaiterait que les actions culturelles et artistiques en direction des jeunes 9 publics soient développées, que les grandes institutions culturelles aillent plus encore à la rencontre des publics. Pour le CESA, les services éducatifs placés au sein des institutions culturelles sont perçus comme des forces de proposition, ils doivent être davantage dans une co-construction des activités artistiques et culturelles avec les enseignants qui au regard des rythmes scolaires et des intentions individuelles, ne peuvent pas toujours assurer la nécessaire sensibilisation à la vie culturelle. Le CESA demande à ce que les partenariats entre les grandes institutions culturelles, le rectorat, la direction régionale des affaires culturelles et les grandes collectivités locales soient renforcés. II. Les jeunes façonnent, avec leurs propres outils, la culture de demain 1. Des choix et des goûts qui s’affirment à l’adolescence L’adolescence est marquée par une relative distance de l’environnement familial au profit du groupe de pairs, qui devient un cadre de référence essentiel. L’amitié, les relations avec les pairs sont des valeurs centrales de l’adolescence et de la jeunesse. Le groupe est ainsi le nouvel environnement relationnel du jeune, son appartenance au groupe est visible grâce à l’apparence. L’image de soi et l’apparence prennent une importance grandissante dans la culture adolescente. Cette vie de groupe est favorisée par le développement des possibilités de communication entre 4 Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l’enfance – Insee Première – n°883 – févr ier 2003 5 Chantal de Linares, adolescence, familles et loisirs – communication – 12 novembre 2003 6 Olivier Galland, sociologue, auteur de nombreux ouvrages et articles sur la jeunesse. 7 Pierre Bruno, Existe-il une culture adolescente, In presse éditions, 2000. 8 Métaphore anthropologique empruntée à Lévi-Strauss 9 Opéra National du Rhin, La Filature, Théâtre National de Strasbourg… 6 jeunes. Ils restent en contact avec leurs groupes, qui deviennent les lunettes à travers lesquelles ils perçoivent le monde. o S’il est important pour le CESA de relever ce besoin fort d’appartenance à un groupe lors du passage de l’adolescence à la vie adulte, les socioprofessionnels soulignent toutefois la nécessité d’amener par la promotion d’activités artistiques et culturelles une porosité entre le monde des jeunes et celui des adultes. D’après une étude de l’Insee sur les pratiques culturelles, au fil des générations, de plus en plus de 10 jeunes accèdent à la culture et plus particulièrement les filles . Depuis 25 ans, d’après les études du ministère de la culture, les pratiques culturelles se développent, mais de façon très inégale selon les domaines. Ainsi, si les salles de cinéma attirent légèrement moins de jeunes 11 spectateurs , les autres équipements culturels (et notamment les bibliothèques) sont de plus en plus fréquentés. Les activités artistiques en amateur se diffusent de plus en plus et la lecture multisupports se généralise. Les jeunes témoignent globalement d’une vie culturelle plus intense et 12 extravertie . Le monde adolescent apparaît ainsi bien souvent comme un monde autosuffisant hermétique aux autres, aux adultes. L’univers des jeunes s’est partiellement homogénéisé autour de l’idée que la culture des jeunes évolue en dehors de la culture « classique », de la culture « scolaire ». Cela est rendu visible par une certaine méfiance des jeunes envers les « passeurs » de culture, tout ce qui est de l’ordre d’un savoir ne passe plus. La culture « légitime » est alors perçue comme la culture « dominante », sa transmission est alors bien souvent vouée à l’échec. Comme le CESA l’avait déjà souligné en 2007, les jeunes demandent à être entendus sur un 13 nombre important de sujets . La tendance à la démocratisation et à l’expression de la société civile touchent et façonnent les nouvelles générations. Ces possibilités accroissent fortement les aspirations des jeunes à participer aux processus décisionnels locaux et nationaux alors même 14 que les politiques publiques prennent peu en compte ces populations jeunes . o Pour le CESA, les jeunes sont des acteurs à part entière du champ culturel, en cela ils doivent être impliqués et associés dans les processus décisionnels. Les structures organisées de jeunesse sont des instances de traductions des aspirations de la jeunesse, elles devraient ainsi être fortement sollicitées et écoutées pour la formalisation d’actions culturelles à destination des jeunes. 2. Vers une reconnaissance des pratiques culturelles des jeunes Les nouvelles générations se caractérisent par le renouvellement des rapports à la culture consacrée. L’accès à une multiplication de sources accélère la connaissance et la mobilité culturelle, les publics ne restent plus dans un genre ou dans un seul mode de rapport à la culture. 10 Pour Olivier Donnat, sachant que le désir de culture reste étroitement corrélé au niveau scolaire, il est difficile de ne pas faire figurer au premier rang des facteurs explicatifs de la féminisation des pratiques culturelles les progrès de la scolarisation : non seulement les femmes sont aujourd’hui, dans les jeunes générations, plus diplômées que leurs homologues masculins, elles sont aussi plus nombreuses à avoir suivi une formation littéraire ou artistique, soit deux atouts qui expliquent en partie l’engagement supérieur des femmes dans l’art et la culture. La féminisation des pratiques culturelles – Direction des études, de la prospective et des statistiques – Ministère de la culture et de la communication - n°147 - Juin 2005. 11 Au premier semestre 2008, 85,9% des 15-24 ans sont allés au cinéma au cours des 12 derniers mois. Ils étaient 88% en 2007, 88,3% en 2006 et 88.8% en 2005. Ce recul est particulièrement marqué pour les jeunes entre 20 et 24 ans. Source - Mediamétrie – sept. 2009. Médiamétrie est l’entreprise qui mesure le taux d’audience et d’études des médias pour les acteurs du marché des médias et de la consommation. 12 Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l’enfance – Insee Première – n°883 – févr ier 2003 13 La commission de concertation sur la politique de la jeunesse formalise ce besoin de reconnaissance de la parole des jeunes dans son livre vert – Haut commissariat à la jeunesse – juillet 2009 14 Témoignages de jeunes entendus lors de la deuxième édition de la jeunesse du CESA – Place aux jeunes – 9 avril 2009. Actes de la journée – Parcours de jeunesse – Septembre 2009 7 Le rapport des jeunes à la culture est souvent stigmatisé, pourtant quelles que soient les activités culturelles, les moins de 30 ans se situent bien au dessus de la moyenne. Ils s’adonnent à un grand nombre d’activités culturelles, sorties, pratiques comme le dessin ou la musique, cela presque deux fois par semaine. C’est notamment le cas des étudiants, vraisemblablement du fait d’une sociabilité propre à la vie étudiante. Les pratiques culturelles dépendent largement de la 15 quantité, de la qualité et de l’offre culturelle . La vitalité artistique et l’innovation culturelle foisonnent sous des formes multiples souvent peu visibles, les pratiques en amateurs explosent. Les expressions artistiques des jeunes constituent un défi permanent aux cadres institutionnels figés. La multiplication de pratiques et d’initiatives privées à l’écart des institutions ou du marché de la culture bouleverse la tranquillité du paysage 16 culturel contemporain . Les cadres institutionnels ne permettent pas de rendre compte de ces cultures jeunes qui font pourtant pleinement partie de la culture d’aujourd’hui et du patrimoine de demain. o Le CESA souhaiterait qu’un espace dédié à la jeunesse ouvert et interdisciplinaire soit créé au niveau régional. Cet espace pourrait accompagner la montée en puissance des nouvelles pratiques culturelles des jeunes, particulièrement celles qui touchent au numérique. Cet espace pourrait, par l’intermédiaire de plusieurs pôles, multiplier les liens dans le domaine de l’art, de la recherche, de la formation et de l’accompagnement aux artistes. o Pour le CESA, la reconnaissance des pratiques jeunes pourrait passer par la création d’un Institut de recherche chargé de mieux identifier et suivre les mouvements culturels émergents. Des universitaires, des acteurs culturels pourraient accompagner les grandes institutions dans leurs démarches de reconnaissance à l’égard des nouvelles formes d’expressions artistiques et culturelles. Cet institut de recherche s’inscrirait également dans une logique d’évaluation des politiques culturelles. Outre la fonction d’étude et d’évaluation, cet institut de recherche serait adossé à un centre de ressources, qui aurait pour mission d’accompagner les jeunes talents dans la création et la diffusion. Un partenariat avec les organismes d’accompagnement reconnus sur le territoire donnerait à cet institut de recherche une emprise directe avec les réalités locales. o Le CESA constate une grande hétérogénéité des pratiques culturelles des jeunes. Les socioprofessionnels notent que ces aspirations de pratiques amateurs se heurtent aux difficultés importantes pour les jeunes d’accéder notamment aux lieux de répétition. Il demande à ce que, sur l’ensemble du territoire régional, l’accès aux équipements culturels soit favorisé. 3. Le multimédia et le numérique au service de la transmission du savoir, de la création et de la diffusion La révolution numérique a bouleversé les usages et modes de consommation culturels, particulièrement auprès des jeunes générations, notamment parce qu’elles sont nées dans un univers où l’accès à l’information, au savoir et à la culture se fait sur les supports numériques. Les jeunes générations sont nées dans un monde dominé par les médias, l’expression « nouvelles technologies » n’a aucun sens pour eux puisqu’ils se sont appropriés ces outils en même temps que d’autres plus anciens, comme la télévision par exemple. La prééminence du multimédia pour les jeunes ne les éloigne pas pour autant des autres supports culturels, puisqu’ils figurent parmi les plus consommateurs de culture. Ils sont plus connaisseurs des équipements culturels que leurs aînés ne l’étaient au même âge, ils développent également bien plus de pratiques amateurs que leurs aînés. 15 16 Pratique sportive et activités culturelles vont souvent de pair – Insee première – n°1008 – Mars 2005 e Parcours de jeunesse – 2 journée de la jeunesse du CESA – 9 avril 2009 8 Les technologies développent chez les usagers de nouveaux modes de consommation, consommation à la demande, ou multi-activités. Les mécanismes traditionnels de transmission 17 sont concurrencés par ces nouveaux modes d’accès au savoir qui sont le quotidien des jeunes . Le multimédia peut cependant être utilisé par les institutions comme support de communication à la médiation, c’est notamment le cas au Vaisseau à Strasbourg. Le succès du Vaisseau conduit à plaider pour un enseignement plus expérimental. Le développement du Vaisseau numérique permet aux utilisateurs, aux enseignants de préparer la visite et de la poursuivre. Les différentes applications du multimédia montrent l’éventail des possibilités d’Internet aux jeunes, elles permettent de sortir du cadre de la consommation entre téléchargement de films et musiques, et du chat sur réseaux sociaux pour témoigner de la diversité de la société d’information et de la créativité des T.I.C. Pour le CESA, la privatisation croissante des loisirs culturels, et la grande liberté laissée aux jeunes pour organiser leur temps façonne une « culture de la chambre » comme la nomme certains spécialistes. C’est en cela qu’il apparaît nécessaire de développer une entité physique, à la disposition de tous les publics pour favoriser l’émergence des pratiques créatives. Pour les jeunes, il s’agirait d’échanger sur leurs pratiques, qui sont à fortes dominantes sociales (téléphone portable, messageries instantanées, jeux en réseaux, blogs et réseaux portables) pour leur faire découvrir d’autres pratiques créatives. o Le CESA a constaté l’importance d’une culture jeune, véritable ciment d’une génération qui ignore parfois les cultures plus traditionnelles. L’essor et la croissance des usages numériques nécessitent la création d’un espace dédié à la jeunesse et à ses pratiques numériques. Cet espace dédié pourrait être un lieu de création, de diffusion, de formation ouvert à tous les publics. Articulé avec l’institut de recherche, il aurait pour mission d’accompagner les publics et les collectivités. En montrant l’intérêt et en favorisant l’opportunité d’utiliser le multimédia, il rapprocherait les jeunes de la société de la connaissance. Cette prééminence des technologies de l’information et de la communication chez les jeunes permet un fort niveau de diffusion des pratiques artistiques amateurs, avec des frontières de plus en plus ténues avec le monde professionnel. L’irruption des techniques numériques a ainsi permis d’élargir le champ de ces pratiques avec des logiciels permettant la création sur Internet. o III. A côté du soutien des collectivités pour la promotion d’artistes locaux à l’échelle nationale ou encore internationale, le CESA souhaite que soit développé un outil de promotion artistique sur Internet afin d'accompagner les jeunes artistes locaux dans la diffusion numérique. Des réalités sociales et économiques influent sur le rapport à la culture Même si elles existent, les contraintes financières ne constituent pas le principal obstacle à l’accès à la culture : elles traduisent en grande partie des inégalités sociales et culturelles. En effet, lorsque l’on tient compte simultanément de l’ensemble des caractéristiques individuelles, il ressort que les pratiques culturelles sont avant tout déterminées par le niveau de diplôme ; viennent ensuite la catégorie socioprofessionnelle et l’âge. Les trois quarts des diplômés ont visité au moins un musée, une exposition ou un monument historique contre un quart des personnes ayant quitté le système scolaire sans diplôme. Certaines activités s’écartent de ce schéma. C’est le cas du cinéma où l’âge est largement prépondérant, et de la lecture qui, si elle n’est pas influencée par 18 l’âge, l’est cependant largement par le sexe . 17 Sylvie Octobre – Pratiques culturelles chez les jeunes et institutions de transmission : un choc de cultures ? – Culture Prospective – janvier 2009 18 Les pratiques culturelles : le rôle des habitudes prises dans l’enfance – Insee Première – n°883 – fév rier 2003 9 1. Un outil de cohésion sociale Pour le CESA, la culture est un outil pour mieux vivre ensemble, elle est un enjeu fort pour le collectif dans le sens où elle est une grille de lecture et d’interprétation du monde. La culture amène le développement de capacités et de compétences qui s’avèrent utiles dans d’autres champs, et qui peuvent faciliter l’adaptation des individus à d’autres milieux de vie, professionnels par exemple. La transmission d’un savoir culturel, par la sensibilisation dès le plus jeune âge, renforce les pratiques culturelles, qui développent pendant la période de jeunesse un phénomène d’autonomisation et une construction artistique et culturelle qui prend de la distance vis à vis de celle des parents. Cette question de la sensibilisation, de l’autonomisation et de la socialisation culturelle est beaucoup plus active chez les urbains, qui ont un accès plus aisé aux institutions culturelles. C’est en cela que les étudiants et les urbains sont plus réceptifs aux offres culturelles. o Pour le CESA, les actions envers le public étudiant ne doivent pas se faire au détriment de ceux qui ne sont pas ou plus impliqués dans des parcours de formation scolaire et universitaire. Un effort important de communication et d’information est à faire en destination de ces publics qui s’éloignent, en raison de conditions matérielles, des pratiques culturelles. Un soutien important doit être apporté pour promouvoir des actions culturelles auprès des publics les plus éloignés du monde de la culture, ceux qui ont des pratiques unilatérales qui peuvent à terme les exclure de la diversité de l’offre culturelle. Une attention particulière doit ainsi être portée à l’information destinée à l’ensemble des jeunes pour promouvoir les offres culturelles. La récente fermeture du Centre d’information jeunesse Alsace (CIJA) et son portail d’information sur Internet pose la question de l’accès pour tous à une information de proximité, gratuite et pluridisciplinaire. Rendre accessible par la sensibilisation, par des politiques tarifaires restent deux enjeux majeurs pour rendre accessible la culture au plus grand nombre, cependant ces leviers ne parviennent pas seuls à résoudre les problèmes de distance culturelle. Les personnes qui n’utilisent pas les équipements culturels ne les considèrent pas sans valeur, bien au contraire, ils revêtent même parfois pour eux une valeur fantasmée. Les évolutions de la société, les évolutions de pratiques culturelles et artistiques alimentent les distances entre le monde de la culture et les pratiques quotidiennes des citoyens. o Une réflexion sur les évolutions culturelles de la société passe autant par une reconnaissance de la diversité culturelle que par les occasions de rencontres entre les publics et les institutions culturelles. C’est en ce sens que le CESA souhaite que les actions de médiations culturelles soient développées dans tous les lieux culturels sur le territoire régional. Il est également opportun d’envisager ces actions dans le cadre d’un réseau renforcé de médiation culturelle. L’animation de ce réseau pourrait se faire au niveau de l’institut régional demandé par le CESA. 2. Vers une redéfinition du périmètre des cartes culturelles Une meilleure visibilité et lisibilité des actions mises en place par les collectivités est nécessaire. Le système de cartes est jugé peu pertinent par les utilisateurs, les opérateurs. Les institutions, les collectivités y trouvent cependant un intérêt, celui de faire valoir une politique culturelle en direction 19 des jeunes. D’autres formes de promotion des évènements culturels sont possibles . 19 Il existe à ce jour 6 cartes culturelles sur le territoire. La carte Vitaculture , la carte Culture, la carte Atout Voir, la carte Max, la carte Culture Pass, le Pass Musées. Certaines de ces cartes sont payantes, elles permettent une réduction des tarifs sur les offres culturelles et pour certaines la gratuité des musées. Les utilisations des cartes sont assez homogènes, globalement c’est le cinéma qui arrive en tête des pratiques culturelles, puis l’entrée à un festival. Une récente étude d’impact de la carte Vitaculture montre que les jeunes fréquentent surtout les lieux culturels proches de chez eux. En Alsace, sur l’année universitaire 2008- 10 Le tarif n’est pas le seul frein à l’accès à la culture, la gratuité n’attire pas à elle seule les noninitiés, elle fait plutôt venir les mêmes … plus souvent. Pour les jeunes qui vont rarement au musée, le manque d’intérêt est un obstacle plus difficile à surmonter que le prix. A noter que la gratuité peut aussi créer des phénomènes de congestion rendant difficiles les conditions de visites et de travail. Par ailleurs, si des musées sont à 40% fréquentés par des jeunes de moins de 26 ans, d’autres sont considérés peu attractifs ou sont peu connus. Le tarif ne joue pas auprès du public réfractaire, il faut mettre autre chose en place. Les politiques tarifaires sont généreuses envers les jeunes, une gratuité ciblée, régulière va créer l’événement. o Pour le CESA, une stratégie de marketing culturel doit être mise en place pour faire venir les jeunes dans les institutions culturelles. Elle passe nécessairement par la promotion d’une carte culturelle unique qui favorise l’accès à la culture en même temps qu’elle révèle la richesse de l’offre culturelle sur les territoires. Cela passe également par des opérations de médiations culturelles, des soirées événements. o Pour le CESA, si les cartes culturelles permettent des réductions de tarifs, elles n’arrivent cependant pas à résoudre les problèmes de mobilité des jeunes, qui renoncent encore bien souvent à un projet de visite en raison des horaires inadaptés ou des coûts de transports. Pour le CESA, la dimension transport doit être intégrée dans cette carte unique. o Le CESA demande que l’ensemble des acteurs du champ culturel, y compris les jeunes, soit consulté pour la création d’une carte unique afin de s’assurer de la prise en compte de tous les paramètres liés à ce dispositif unique. o Plongés dans le monde de l’information, les jeunes ont besoin d’un outil adapté à leurs besoins pour être informés des offres culturelles. Le CESA demande à ce qu’un portail Internet adossé à la carte soit créé pour promouvoir l’offre culturelle en région. 3. Amener de la culture dans tous les territoires et y permettre le développement de pratiques culturelles Hier comme aujourd’hui, la question des publics, et de leur fréquentation des biens culturels, demeure au cœur des préoccupations des décideurs culturels. Dans les efforts toujours plus importants de maîtrise des budgets, force est de constater qu’une évaluation des actions destinées à valoriser les pratiques culturelles traditionnelles est nécessaire. L’empilement des dispositifs ne répond pas aux besoins des jeunes, ils ne permettent pas non plus de répondre à leurs attentes culturelles, notamment lorsqu’ils sont éloignés des grandes villes. o Le CESA souligne la nécessité d’amener les grandes institutions à des opérations « hors les murs » afin de mieux irriguer le territoire alsacien et travailler plus étroitement avec les associations culturelles locales, qui sont à cet égard des partenaires incontestables. Pour le CESA, l’accès à la culture pour tous passe nécessairement par le développement de la vie culturelle dans les territoires. Le CESA salue l’effort des collectivités pour diversifier et encourager la mobilité culturelle, afin de ne pas confiner les publics dans un style de pratiques, il regrette toutefois que ces efforts ne soient mieux déclinés sur les territoires. Certaines zones ont encore peu accès à la culture, elles sont peu desservies et les offres culturelles sont alors réduites à peau de chagrin. Face à cette inégalité de l’offre dans certains territoires, se pose la question de la mobilité, également celle de la sensibilisation et de l’accompagnement culturel. o Pour le CESA les médiathèques et bibliothèques ont réussi à faire évoluer leurs référentiels culturels en proposant aux jeunes des espaces pluridisciplinaires, adaptés à la demande et aux attentes des publics, conformes à l’évolution significative du rapport des 2009, 41 028 étudiants possédaient la carte Culture, au 31/08/09 4200 jeunes strasbourgeois étaient détenteurs d’une carte, et 13 458 cartes Vitaculture ont été distribuées pour la saison 2007/2009. 11 jeunes à la culture. Pour le CESA, ces réseaux de médiathèques et bibliothèques sont des partenaires incontournables pour développer une approche transversale de la jeunesse. Ce réseau structuré pourrait expérimenter des créneaux horaires adaptés aux modes de vie des jeunes. 4. Pour une gouvernance renforcée des politiques culturelles La culture est portée par l’Etat et les différentes collectivités territoriales qui exercent une compétence partagée. Les financements des politiques culturelles se caractérisent par des financements croisés qui sont l’expression la plus visible du partage des interventions. Cette intervention de tous les « bailleurs de fonds » sur l’ensemble du champ culturel affaiblit la visibilité de l’action de chacun et complexifie la recherche de financement des acteurs culturels. L’avis du CESA sur le développement culturel dans les territoires avait repris des éléments du bilan des 30 ans de décentralisation en Alsace et notamment la proposition d’une redéfinition de nouveaux 20 espaces de gouvernance territoriale de la culture . o Le CESA souligne que les évolutions du paysage institutionnel régional amènent à s’interroger sur l’action singulière de chaque collectivité locale. L’exemple des communautés de communes révèle la nécessité de coordonner et mutualiser les actions et équipements à une échelle réévaluée. La thématique jeune et culture est touchée par cet enchevêtrement de niveaux de responsabilités et d’interventions. Les auditions menées avec les acteurs institutionnels ont mis en lumière le besoin de coordination et de pilotage d’une politique culturelle, fixant des objectifs communs et lisibles pour les acteurs culturels comme l’usager. Le CESA constate que beaucoup de fonds publics ont été utilisés pour la construction de salles de spectacles, de répétitions. Ces espaces sont aujourd’hui en nombre suffisant, ne reste que la question de leur utilisation par les jeunes qui reste ouverte. Force est de constater que la « culture » administrative, nécessaire dans le montage de dossier culturel, discrimine les jeunes, notamment dans le cas de l’accessibilité de ces aides pour les projets montés par les jeunes eux-mêmes. Attendre une plus grande implication des jeunes dans les projets culturels demande à ce qu’un accompagnement individualisé soit mis en place. o IV. Dans la continuité de sa réflexion sur la gouvernance territoriale, le CESA demande à ce qu’une collectivité territoriale impulse et coordonne une politique culturelle : - développer une politique de mutualisation des équipements ; - coordonner des projets à l’échelle du territoire régional ; - initier des procédures d’évaluation des actions culturelles ; - animer un réseau de partenaires et d’équipements régional. Un accompagnement des acteurs et artistes 1. Un soutien plus marqué des acteurs culturels Les acteurs culturels dans leurs rapports de proximité avec les publics, c’est notamment le cas pour les centres socio-culturels, les maisons des jeunes de la culture, doivent pouvoir prendre le temps pour échanger et évaluer leurs actions avec les publics. Ils ont pour mission d’accompagner certains publics dans un travail de mobilité intellectuelle, notamment parce que ceux-ci pensent que la culture n’est pas pour eux. A coté de cet accompagnement des publics, ces acteurs culturels ont à assurer des missions d’ingénierie, qui peuvent dépasser le cadre de leurs compétences. La complexité des montages financiers est à juste titre déplorée. 20 Avis du CESA – octobre 2007 – Culture et développement local 12 o Pour le CESA, cette activité de médiation culturelle est au cœur du processus de démocratisation culturelle, elle doit être soutenue et développée. o Par ailleurs, une simplification des procédures de demande de financement est souhaitable, avec pourquoi pas un guichet unique. Il s’agirait autant d’une simplification administrative, que d’un arbitrage collectif. Ce guichet unique permettrait aux politiques culturelles de gagner en lisibilité, sans remettre pour autant en cause l’implication financière et technique des différentes collectivités. 2. Des modules de formation spécifiques pour mieux préparer à la pratique en amateur et à l’emploi culturel 21 L’observatoire de l’emploi culturel a fait l’objet pour la première fois d’une étude en Alsace . Cet état des lieux relève notamment que le secteur culturel, très sensible aux mutations technologiques, se trouve confronté à des bouleversements dans la structure de ses emplois, dans leurs conditions d’exercice et dans leur mode de financement. Ces évolutions importantes posent la question de la formation et de l’insertion professionnelle des personnes. En Alsace 18 200 personnes travaillent dans le secteur culturel. Les salariés dans ce secteur 22 d’activité ont moins de contrats à durée indéterminée que dans d’autres secteurs , 25% des salariés occupent simultanément ou successivement plusieurs emplois. Ce panorama ne doit pas masquer les situations de précarité des jeunes et les capacités d’acceptation de cette précarité. Le CESA a également constaté qu’en matière culturelle et artistique, les frontières entre l’amateur et le professionnel sont floues, que l’utilisation des technologies numériques accentue encore cette opacité. Si les acteurs culturels jugent le système de formation globalement satisfaisant, ils proposent tout de même de développer les modules de connaissance de l’économie de la culture, de l’ingénierie de projet. Ces formations permettraient de remédier à une certaine méconnaissance des secteurs d’activités culturels (réseaux, filières, réalités de l’emploi), notamment parmi les plus jeunes. o Pour le CESA, il convient de développer les modules de formation spécifiques à destination des acteurs culturels comme des artistes afin de faire évoluer les connaissances sur les pratiques émergentes et l’économie de la culture. o Le CESA demande à ce que des instances d’accompagnement, comme l’OGACA ou encore le centre de ressources Artefact soient mieux soutenues dans le cœur de leurs actions quotidiennes vis-à-vis des acteurs culturels. Conscient des difficultés importantes des jeunes en matière d’insertion professionnelle, le CESA souhaite que l’effort d’information et d’orientation vis-à-vis des jeunes talents soit renforcé. 23 21 L’emploi culturel en Alsace – Chiffres pour l’Alsace – n°15 – Janvier 2009 39%des salariés sont en CDI dans le secteur culturel contre 55% dans d’autres secteurs d’activité 23 OGACA – Agence conseil auprès des entreprises culturelles 22 13 Conclusion Les jeunes participent aux grandes évolutions culturelles, les pratiques que les jeunes développent laissent penser qu’à côté de la culture dite « traditionnelle » existe une culture jeune. Diverses études et travaux sur les pratiques culturelles nous montrent qu’il existe une mésinterprétation de cette culture partagée par les jeunes générations, en y voyant notamment un effet éphémère alors même que nombre des phénomènes observés et observables dans les pratiques des jeunes générations vont jalonner toute leur vie et rétroagir sur celle des autres générations. Les évolutions technologiques ont modifié les usages et les modes de consommations culturels. Les jeunes générations nées dans un univers où l’accès à l’information, au savoir et à la culture est numérique chahutent les instances de transmissions culturelles qui ont du mal à s’adapter à ces 24 évolutions. Des événements comme Les nuits électroniques de l’Ososphère rendent visibles les courants les plus dynamiques de la scène artistique, ils transmettent ces nouvelles façons de communiquer, d’être ensemble des nouvelles générations. C’est en cela que la création d’un espace dédié aux pratiques culturelles des jeunes, notamment celles tournées vers le numérique, permettrait d’engager une réelle réflexion sur l’évaluation et la réorientation de certains dispositifs qui ne répondent plus aux référentiels culturels des jeunes. Cet espace permettrait de lutter contre le cloisonnement des lieux de vie des jeunes au profit d’un lieu de rencontre et de partage d’expérience entre jeunes d’horizons différents. Il donnerait un signal fort de reconnaissance de la place des jeunes dans la société. Cet espace de convivialité, de partage et de diffusion se verrait associé à d’autres composantes, comme la recherche pluridisciplinaire et l’accompagnement des artistes. L’aspect technologique devient, dans les travaux prospectifs, central dans la détermination des 25 pratiques culturelles. Il impose sa cadence à tout le champ culturel . Le CESA considère que les habitudes de vie des jeunes sont des sources d’inspiration pour la formalisation d’une politique culturelle, c’est en cela qu’ils doivent être associés aux processus décisionnaires. Leurs attentes de souplesse, d’instantanéité dans l’offre culturelle sont révélatrices des importantes évolutions de modes de vie traversant l’ensemble de la société. 24 Organisé par la Laiterie, Les nuits électroniques de l’Ososphère est aujourd’hui un événement reconnu des arts numériques, qui dépasse le seul champ musical, 10 000 personnes y ont participé en 2008. 25 Approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques – Culture et Prospective – Mars 2007 14 Remerciements Le Conseil économique et social d’Alsace tient à remercier pour leur disponibilité, leur contribution et leur partage d’expériences l’ensemble des personnes qui ont participé à ses travaux. Personnes reçues en audition et entretien Mélanie Aron Directrice de la communication et du mécénat de l’Opéra National du Rhin Christophe de Barry Directeur de la fédération des centres socioculturels du bas-rhin Nathalie Brémaud Responsable déléguée des publics et de l’action éducative au Cube – centre de création numérique à Issy-les-Moulineaux Pierre Bruno Sociologue, Maître de conférences à Dijon Piero Calvisi Directeur de la Fédération départementale du Bas-Rhin des maisons de la jeunesse et de culture Lucien Collinet Directeur administratif et financier de l’Opéra National du Rhin Chantal Dahan Responsable du pôle Culture l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire Thierry Danet Président de l'association Artefact PRL, directeur du festival Ososphère Elisabeth Escande Déléguée académique de l’action culturelle – Académie de Strasbourg Adil Essohl Educateur à la Protection judiciaire de la jeunesse du Bas-Rhin Marie-Claude Farison Conseillère pour l’éducation artistique – Drac Alsace Anne Fléchon-Lang Chargée de mission pour l'observation culturelle - DRAC Alsace Francis Gélin Directeur de l’agence culturelle d’Alsace Yan Gilg Directeur Artistique de la Compagnie Mémoires Vives - Strasbourg Delphine Gougeon Directrice de la Culture et des Sports à la Région Alsace Joël Gunzburger Directeur général de la Filature, scène nationale de Mulhouse Luc Jambois Directeur de l’agence conseil auprès des entreprises culturelles (OGACA) Grégory Jérome Conseiller Accompagnements de projets et études – Ogaca Mathias Kelche Coordinateur de l'association Tôt ou T'Art Anne Krebs Responsable du service des études et de la recherche au musée du Louvre François Laquièze Directeur régional des affaires culturelles en Alsace Laurence Lebeau Animation de la vie lycéenne – Région Alsace Philippe Maillet Directeur des services culturels du Conseil Général du Bas-Rhin 15 Moïse Mayo Directeur des études et de la diffusion – INSEE Alsace Paul Meyer Délégué à la jeunesse et à la vie étudiante de la ville de Strasbourg Fabien Nierengarten Directeur de la culture et du patrimoine du Conseil Général du Haut-Rhin Hervé Petit Département jeune public de l’Opéra National du Rhin Marc Philibert Directeur du centre socioculturel de l’Ares à Strasbourg Christiane Roques Responsable de la section Action sociale, Culturelle et sportive de la Direction interrégionale des services pénitentiaires Laurent Schmitt Directeur du Vaisseau - Strasbourg Marion Schmitt Chargée de mission carte Vita-Culture à l’Agence Culturelle d’Alsace Nicolas Snowman Directeur Général de l’Opéra National du Rhin Valentine Spindler Responsable du service des relations publiques de La Filature, à Mulhouse Nathaniel Symes Artiste, membre du groupe Chapell Hill Gérard Traband Président de la 6 commission « Développement culturel, Sport, e identité Régionale » du Conseil régional d’Alsace Ainsi que tous les participants à la journée de la jeunesse 2009 e Les actes de 2 édition de la journée de la jeunesse sont disponibles sur le site du CESA Contact Conseil économique et social d’Alsace – Tél.: 03 88 15 68 00 – [email protected] 16