La maison de I`enfant fou Un travail de recherche imprévue

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La maison de I`enfant fou Un travail de recherche imprévue
R e v u eE u r o p é e n n d
e u H o n d i c o pM e n l o l
1998, Vol. 5, N" 17, pages 27 à 3l e S.N.A.P.E.I.
La maison de I'enfant fou
Un travail de recherche imprévue
Alfred Bruuner - FrançoiseBraunePF
ette recherchea cornmencépar un fait
divers< iunusânt>, si ce mot està saplace
dms le contexted'un travail psychiatrique.
Une rnère nous présenteson garçonnetde
neul' ans dont le colnporternentest, de toute
é r , i d e n c e ," p s y c h o t i q u e> . A u c o u r s d e
l'entretien,elle soft d'un sacde voyage,un jouet :
uneuèsjolie rnaisonnette
tout en bois.Desarnis
I'ont rapportéepour I'enfant, d'un voyage en
Finlande.Lcs lneublespeuventêtre déplacésde
I'extérieur en p^ssantla rnain. Des figurines
La
iolirnentfonnées< habitent> la rnaisonnette.
rnùre: < Eh bien, voici : Eric a saisi la figurine
rcprésent:urtle Père couché dans le grand lit, à
côtéde la rnère,il I'a sorti et il I'a enferrnédans
lesWC. Qu'en dites-vous? ... Et savez-vous
ce
que le docteurrn'a dit ? Il a dit : < Norrnal ! Un
cornplexe...de je ne saisde quoi !... Il a trouvé
cela < norrnal > ! Ce toubib, il ne me reverra
p l u s .>
Les auteursd'articles scientifiquesont tort
de déd:rignerles anecdotes.Les idées neuves
prennentsouventleur départ,à partir d'un fait
divers. Pour notre part, nous n'avons pu
détachernoue regard de cette maisonnetteen
bois de Finlande.A l'époque, dans les années
I 960, des rnaisonnettes-miniatures
n'existaient
pltsencoredansles rayonsdejouets, en France.
Le soir rnêrne,nous avons< passécommande>
à l'éducateurde notreatelierdesffavauxde bois
d e s a d o l e s c e n t s ,p o u r u n e r n a i s o n n e t t e
scrnblable,mais plus grande.
Cette nouvelle maisonnetteétait faite toute
en piècesdétachées:les façadesextérieureset
les cloisonsintérieures,présentées
à I'enfant en
t:s, pouvaientêtreassembléesfacilement,comme
I'enfant le voulait. Les meublesaussi étaient
évidemmentmobiles. Quant au plancher- (50
cms sur 50 cms),il était métalliqueet, puisque
chaqueélérnentde la maisonportait au pied, un
petit aimant,la miseen placeétaitd'une grande
s i r n p l i c i t é . T o u s l e s a s s e m b l a g e sé t a i e n t
p o s s i b l e s .A u s s i l e s p r e r n i è r e se x p é r i e n c e s
entreprisesavec quelques enfants déjà bien
et nousavons
avurcésétaient-ellesintéressantes,
parlé de cette < rnaisonà construire>, à notre
psychologuevenu àrla vacation.II était ravi,
rnais sa prernièreobjection était : " Un tel test
projectif, sûrernent,existe déjà. Une maison àr
construire,c'est trop évident ! > Nous avons
répondu: < En effet... > Notre bibliothèque,
assezriche, pouvait apporterune réponse.
A la recherche des antécédents de
notre < Maison >
M ê r n es i n o u s n ' a v i o n sp a s e n v i s a g é
un nouveau
testprojectif,c'estparmi
d'élaborer
les épreuvesexistantesque nous avons
recherché
desantécédents.
Dès avantla deuxièmeguerremondiale,
MadarneMinkowskaavait travaillésur un test
projectif- mais graphique- à I'aide de la
., Maison> qui I'intéressait
commemoyen
commeun
d'expressionde la personnalité,
< reflet du Moi > sanstoutefoisenvisager
une
< cotation>. Elle recherchaitvolontiersdes
>. Notre voie à
fonnes< anthropomorphiques
MadameMinkowska
nousétaitdoncdifférente:
des
faisantdessiner
I'enfant,pouvaitrencontrer
< yeux> et des < bouches> faits à la maison,
alors que la manipulationde notre matériel,
davantageà la portée de nos enfantstrès
)3 bld de Reuilly- 750,l4Poris- Fronce
27
R e v u eE u r o p é e n n d
e u H o n d i c o pM e n t o l
LA MAISON DD L'ENFANTFOU
h:urdicapéset psychotisésne pennettait pas de
telles fitnt:risies.
I l e x i s t e , e n s u i t e ,l e < t r i p l e t e s t > d e
B u c k q u e n o u s c o n n a i s s o n sB
. uck était un
c o l l a b o r a t e u rd e G o o d e n o u g hd o n t o n s a i t
qu'elle a crééson < testdu bonhomme > à partir
d'observations fa.itessur les enfants des rues
Le triple test, ( H.T.M. > (housearnér-icaines.
tree-person)date de 1943 et la place de < la
rnaison>> proprernent dite est de peu
d'irnponance,elle n'est qu'un élélnentdansun
ensernble.Mais sufiout, ce uiple test suppose
I ' e x i s t e n c ed ' u n l a n g a g e q u e l q u e p e u p l u s
évolué,plus expressifque celui dont disposait
la rnoyennede nos enfants.
J u s t eà c e t t e é p o q u e( 1 9 6 5 ) , n o u s e û r n e s
connaiss:urce
des travaux de MadzuneRibault,
psychologue,qui avait travaillé sur un projet de
cotationavec <<le dessinde la rnaison>. Elle
:rvait bîrti son systèlnesur les résultatsobtenus
avcc plus de 500 enfantsd'âge scolaire,et était
arrivée au nolnbre fastidieux de 66 iterns
pouvant app:Lraître
ckmsle dessind'un enfant :
clepuisle corps du bâtirnent,le toit, les fenêtres,
l e s p o r t e s , l a c h e r n i n é e j,u s q u ' a u x d i v e r s
r n e u b l e s .C ' é t a i t d o n c u n t e s t p u r e m e n t
graphicluesur la base des règles proposéespar
Goodenough.Ses distinctions établies entre
lllles et giuçons n'étaient guère convaincantes.
En revanche,certainesdifférences constatées,
entre les dessinsde la maison d'enfants vivant
en orphelinat, et d'autres grandissantau foyer
farnili:tl étaient intéressantes.
Voilà pour les antécédentsles plus connus"
Aucun auteur n'avait proposé la rnanipulation
des élérnentsde maison plus facile à observer
cluele dessin qui, par ailleurs, n'était pas à la
portée de nos enfants. L'observation de cette
activité nous a fait découvrir des aspects
insoupçonnésde leurs réactionstrès diverses.
Notre psychologueet nous-mêmesavons
estirné que le travail avec la < rnaison à
construire> était suffisammentintéressantpour
:rutoriserla présentationd'une communication
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l o r s d ' u n C o n g r è s a n n o n c é( T h e " S e c o n d
Congressof the internationalAssociation
for the
scientific study of mental deficiency>>,Août
1970, à Varsovie).La communication < The
farnily in the house>, signéepar le Dr. Françoise
Brauneret notre psychologueJosephSamacher
fut bien accueillie mais, ayant été présentéeen
langue française, elle ne figure pas dans les
Actes du Congrès.
Le cheminementd'un test
Si nousrevenonsici, à ce modestetravail
vieuxmaintenant
detrenteâns,c'estqu'aucours
de cetteexpérience,
dansunepopulationdebas
niveaumentalet présentant
des symptômes
psychotiques
graves,nousavonsrencontrédes
qui mettaienten questionbien des
situations
reposait,
peut
certitudes
surlesquellcs
et repose
êtreencore,le travailquotidienaveceux.Nous
>
n'ironspasjusqu'àcontester
le o 61ngn6t11a
du rnédecinfaceau gested'Eric qui a arraché
pas
sonpèreau lit conjugal,et nousnepensons
qu'il faille faireconstruirela maisonen boisà
titre de thérapeutique,
mais l'observationdes
enfantsau cours de cette < manipulation
> nousa ouvertd'autreshorizons.
constructive
Parexemplelorsquenousconstatons
I'absence
de certainsmembresde la famille dans la
maisonmontée,ou découvrons
la placeinsolite
que I'enfant s'attribueà lui-rnêrnedanscet
>>
ensemble.
Bref,la maisonunefois< arnénagée
a bien des chancesde faire comprendredes
problèmesfarniliaux existantinfluant le
cornportetnent
de I'enfant.
Or, avantd'arriver à de telles situations
utilespour le travaildu psychologue
et des
quede difficultésn'avons-nous
pas
éducateurs,
dû vaincre! Il fallait d'abord obtenir une
ébauche
d'assemblage
deséléments,
ce dontun
grandnombred'enfantsétaient,du moinsau
début,incapables.Il fallait tenir comptedu
niveaucognitif des enfantsexaminéset qui
>"
échouaient
devantla moindre< construction
Pouravancer
doncde
surcechemin,il s'agissait
vaincre, non seulementdes incapacités
psychologiques
maisaussicognitives,
ce qui
e u H o n d i c o pM e n t o l
R e v u eE u r o p é e n n d
LA ùTAISONDE L'ENFANT FOU
signifie qu'une actionpédagogiqueélérnentaire,
adaptéeà chaque<<cas >, devait précéder,puis
I'enneprise.Faceà cesdifficultés,
accornpagner
souvenusde constatations
nous
solnrnes
nous
peut-ôtrecotnparables,dans notre travail avec
desenf:urtsréfugiésveniurtde pays de guerreet
lestéssansaucuneéducation.Les plus jeunes
n'avaient jarnais vu un crayon ou un pinceau.
Pourlant,un brave volontaire arrivé de France,
tendantI'outil à I'un deux. lui a dernandéde
faire < un dessinde la guerre >.
taillespour la fratrie,etc.C'estqu'il existeun
maislogiquechez
trèssommaire
certainréalisrne,
mentauxet,
la plupartdes enfantshandicapés
>.Quant
plusparticulièrement,
chezles< autistes
I'intérêtallait
au rnobilieret aux accessoires,
clairementaux baignoires,cuvettesde WC et
aux lits, les lits doublesétantprioritaires.Les
n'étaientmisesenplaceque
tableset leschaises
par les enfantsd'un relativementbon niveau
mental.Les armoireset les placardsrestaient
vides.
désespérérnent
proprement
dits
Lestravauxdeconstruction
Ils
devaientattendreet être,parfois,suggérés.
n'avaientden à envierà un véritablechantier:
les uns sur les
les matériauxétaiententassés
desstocks,à plat ou
autresjusqu'àépuisernent
. a n s l a r n e s u r eo ù c e s
e n p y r a r n i d e sD
qu'àdesvolurnes
n'aboutissaient
entassements
i n d é f i n i s s a b l edsa n sI ' e s p a c eo, n p o u v a i t
L'enfant face au matériel inconnu
ou alorsà uneforme
conclureà uneincapacité,
en
habitat.
Cependant,
un
refus
d'édifier
de
Jusqu'àrprésent,nous n'avons pas présenté
quelques
enfants
de
analysantles réalisations
le rnatériel dans le détail, ce qui est pourtant
n
o u sa v o n sc o n s t a t é
n
i
v
e
a
u
x
,
m
e
i
l
l
e
u
r
s
d
e
p
o
u
r
c
e
r
t
a
i
n
e
s
colnprendre
indispensable
de ce qu'est
représentation
de
I'absence
totale
difficultés rencontréespar la suite. Comtne
dansleur
un
appartement,
maison
ou
une
é l é r n e n t sc l e b a s e , i l y a v a i t e n v i r o n v i n g t
où toute
résultats
Arrivés
à
des
ensemble.
plurneauxporteursd'aitnants au bord inférieur,
pour
la
structure
absente
était
compréhension
plmneauxdestinéspour rnoitiéà fonner les tnurs
fois
de plus,
fallu,
une
il
nous
a
d'ensernble,
extérieurs,les autrespour dresserdes cloisons
p
s
y
c
h
o
l
o
g
i
q
u ep, o u r
l
'
é
t
u
d
e
r
e
n
o
n
c
e
r
à
intérieuresentre les pièces d'habitation.Les
partir
de
C'est
à
un
apprentissage.
entreprenû'e
prcrniersportaient,découpéeset bien finies,des
intérêt
d'un
que
étaient
nos
là
découvertes
l-cnôtreset des portes d'entrée donnant sur
certain.Ainsi, dansnotre population,une
< I ' e x t é r i e u r> . L e s c l o i s o n s . e l l e s . n e
séparations'établissaitentre les enfants
p
o
r
t
e
s
,
ou étaient
cornportaient que des
habitantun pavillon dansla prochebanlieue
" pleines>. D'autre part, dansuneboite I'enfant
parisienne,et ceux qui, dans une grande
p
e
r
s
o
n
n
a
g
e
s
f
i
g
u
r
i
n
e
s
:
d
e
s
trouvait des
Ces
maison,logeaientdansun appartement.
rnernbresde la fiunille. La plupart des enfants
petite
autres,
maison
des
citadinsadmiraientla
s'ernparaientd'abord des figurines plutôt que
rnais
avecsonjoli toit rougeet unecheminée,
d ' e x a r n i n e r l e s r n a t é r i a u xd e c o n s t r u c t i o n .
propre
leur
rapport
avec
ne
voyaient
aucun
D'ailleurs, notre intérêt à nous allait également
placés
logernentfamilial. Les banlieusards,
d':rbord aux figurines. Il fallait veiller à ne pas
pavillon,
en
mettaient
d'un
Ies
éléments
devant
car il était bientôt évident
trop les personnaliser,
le
et
priorité,
la
extérieure
place,
clôture
en
clue les enfantscherchaientdes ressemblances
o
".
part
à
logement
se
situait
portillon
fer.
Le
en
aveclesrnernbresde la fanille réelle.Nous avons
été
progrès
ont
réjouissants
des
Cependant,
plusieurs
les
figurines
donc créé, en
stylisant,
doncgrâce
obtenusavecI'aidedeséducatrices,
pour un lnêrne< rôle >, variant la coiffure et la
aux activitéspurementéducatives.
corpulence des parents, proposant différentes
A la rentrée scolaire, notre nouveau
p s y c h o l o g u es ' e s t t n o n t r é p e r p l e x e d e v a n t
notle raisonnelnent: il a estilné,sansdouteavec
raison, que, dès qu'il y a apprentissage
préalable,tout < test > psychologiquedevenait
illusoire.< Pour être valable.un test doit être
spontané.ne pas êlre préparé".
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R e v u e E u r o p é e n n ed u H o n d l c o p M e n l o l
LA TIAISONDE L'ENFANTFOU
De Ia philosophie
des Maisons
A notre< rnaisonàrconstruire>>.
nousdevons
aussi des découvertesquasirnentphilosophic 1 u e sO
. n connaît sans doute, les études
passionnantesfaites autour de I'habitat des
Hornrnes,par deszuchitectes,
des sociologueset
dcs philosophes...Ils nousdisentque le simple
lait de franchirle seuild'une porte,quellequ'elle
soit, représente,psychologiquernent,le passage
d'un univers àrun autre. La porte a une double
fonction: elle estun rnoyende cornmunication,
pour aller vers les âutres,rnais elle est aussi un
rnoyen de protection, contre les autres.Nos
enfants < autistes )>,une fois la <<rnaison>>
rtcceptée,s'acharnaientcontre les portes: par
rnornent,ferrnées,obslruées,elles pennettaient
le retrait, la solitude. Un autre jour, elles
s ' o u v r a i c n tu n p e u , . . . e n t i è r e r n e n N
t.ous ne
savionspas non plus, nos enfantshandicapés
pour les fonctionsd'une
aussi cornpréhensifs
cloison. Brusquelnent,elles furent doublées,
t r i p l é e s , b a r r i c a d é e s .L e l e n d e r n a i n ,e l l e s
tornbiùcnt.Nos observationsse sontaccurnulées.
Dcs fenêtresaussi s'ouvraient,chez quelques
enlantsrnêrnedansles dessins(un de nos fihns
l e s p l u s c o n n u se s t i n t i t u l é : < M a i s o n s a n s
lènôtre> qui rnontriùt I'évolution d'un groupe
"
d enfirnts particulièrernent autistes,pendant
touteuneannéescolaile.Cinérnathèque
Spécia).
D a n s n o t r e i r n m e u b l e ,d e s e n f a n t s s e s o n t
intéressésàrla cave, et I'ont cherchéeensuite
d a n s l a r n a q u e t t e . . .D e s e n f a n t s q u e n o u s
croyions < loin du tnonde > (titre d'un autre de
nos films, CinérnathèqueSandoz)ont passéde
l"illusion de la rnaison construite,à la
découverted' uneréalitécornparable.
Désonnais,
certains cornporternents,certaines attitudes
considérées
commecaractéristiques
de I' autisme
infantile sont devenus " logiques " sinon
évidents.
Voici une telle expérience,dansles premiers
ternpsde notretravail. Un garçontrèsautisûque
cluenous appelleronsChristian était le premier
à seo situer > dansune relation < architecturale>.
Il existait, dans sa classe,une curiosité
architecturaleancienne: probablementce qui
restait d'une chambrede bonne ou d'un
débarras installé en hauteur, à environ deux
mètres du sol. Aunefois, sans doute, quelques
marchesy conduisaient.Christian, dès I'entrée
en classe,le prernierjour, avait repéréce refuge
et, avec une dextéritéde singe,I'avait escaladé.
Installé en hauteur,il dominait la classe,mais
pafiicipait bientôt aux activités des autres en
poussantdes cris de joie ou en émettant des
grognementsde désapprobation.L'éducatrice,
excellente,sut I'intégrer dans son groupe tout
en le laissantdansson observatoire.Elle parlait
< à la cantonade>. Un enseignementà distance,
en quelquesorte.Puis, un jour, Christiandaigna
descendreet il s'emparade la < maison > qu'il
connaissaitbien,à distance.Il plaçauneannoire,
horizontalernent,couchée,en hauteur,soutenue
par trois chaises,recréantainsi son observatoire
d'antan. Dans I'arrnoire couchée,une petite
figurine: son alter ego. Ce même garçon,à la
récréationdansla cour, se précipita,toujours le
premier,pour atteindreun agrèsprécis,< la cage
à singes>, où il s'installaau dernieréchelonpour
observer,de là, la foule des enfantsjouant dans
l:tcour.On peutparlerde retrait,certes.rnaispas
d'autisme"
Il avait la passionde la o montée>, partout,
et adorait les escaliersdansla maison.Voilà qui
nous a fait penser aux grands escaliersqui
conduisentet qui montentvers les monuments
d e t o u t e s o r t e . C e s r n a r c h e si r n p o s e n tu n e
d i s t a n c ea u x h o m m e s v e n a n t d u b a s . E l l e s
mènentvers le haut,peut-êtrevers le ciel. Mais
il y a aussi recherchede protection pour celui
qui s'élance... Nous avons bientôt ajouté un
escalieret une petite échelle,à notre rnatérielde
la rnaison< à construire>.
Il ne faut jamais trop généraliser.Toutes nos
o b s e r v a t i o n sn ' é t a i e n t p a s a u s s i f a c i l e s à
" interpréter>. Nous avions un garçon âgé de
onzeans au momentde son entrée: Igor, de son
vrai prénorn.Un < caspsychiatriquetrès grave >,
selon le diagnostic envoyé par I'hôpital. Il a
acceptétrès vite de manipuler les élérnentsde
notre < maison >. Sur le toit, il a placé des
chaises renversées, les pieds en I'air.
R e v u eE u r o p é e n n d
e u H o n d i c o pM e n t o l
LA IITAISONDE L'DNFANTFOU
L'explication? Elle nousest venuepar hasard:
Igor avait découvert,dans la rnaisonfamiliale,
un escalierqui rnenaitvers une trappe donnant
sur le toit. Il I'a ouverte,a passéà I'extérieur,et a
c o n t e m p l é ,a h u r i , u n e s é r i e d e t u y a u x s e
dress:urtde façon magique.Ce n'étaientque des
cherninées.Nous I'avons cornpris lorsqu'il a
dessiné- le graphisrneétait pour lui, le seul et
excellentrnoyen d'expression- cet ensetnble
léérique qui, sur la petite < lnaison ,, était
représentépar des chaisesles pieds en I'air.
Notre rnatériel - la rnaison àrconstruire - a
perrnisàrun enfant <<fou >>d'établir le lien entre
son fantastneet la réalité. Cela I'a rassuré,
sulTisarnrnent
pour ne plus s'y intéresser.Du
jiu din farniliiù,il a rapportépour la rnaîtresse,
de
tr'ùsbellesflcurs.Ce sontellesqu'il a dessinées
pcndantunelonguepériode.Nous-rnêmes,
pour
bioncornprendre
l'épisodedescherninées
sul'le
loit. avonsfait le déplacelnent,
un jour,jusqu'au
ptvillon de la fiunille, dans la grande banlieue
d e P a r i s . I l n e f a u t j a r n a i s s e c o n t e n t e rd e
philosophiques,
spéculations
rnaiseûlerversles
réalitésqui existent.
Post-scriptum: Un quart de siècleplus tard,
nous avons revu un médecin américain qui,
autrefois,était venu voir notre établissernent,
et
avait longuement adrniré la " petite maison à
construire>.
. . . o Commentva votreInaisonde poupée? >
Elle estmerveilleuse,cette< petitemaison>>.
J'ai
voulu en faire faire une, chez nous,exactement
pareille. Hélas, je n'ai pu trouver, dans notre
A r n é r i q u ea u x p o s s i b i l i t é si l l i r n i t é e s , u n
fabricant disposé à me confectionner ce
matérielavecdesaimantsaux pieds... Comment
faire ? Vous ne vendriez pas votre petite
maison? ... Sorry ! >
Version originale : Français
Reçu le 29 Décembre1997
Accepté : Murs 1998
Bibliogrophie
O
Brauner Alfred, Brauner Françoise. L'expression
p s y c h o t i q u e c h e z I ' e n f a n t , P . U . F . ,1 9 7 8 .
O
Brauner-Alfred, Brauner Françoise. \4vre avec un
enfant autistique, P.U.F., 2 édit. 1982.
O
BraunerAlfred, Brauner Françoise. Les enlants des
confins. Grasset, 1967.
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