Détermination de la structure cristallographique de la pyrite
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Détermination de la structure cristallographique de la pyrite
UPMC-Sorbonne Universités M2-SMNO Travaux pratiques de diffraction des rayons X Détermination de la structure cristallographique de la pyrite La pyrite, de formule chimique FeS2 , est un minéral très répandu, que l’on appelle parfois l’or des fous en raison de sa confusion avec l’or natif (couleur jaune, éclat métallique). A la renaissance, on utilisait la pyrite pour fabriquer des pierres de feu. En effet, la pyrite produit par frottement des étincelles aptes à embraser certains matériaux. Aujourd’hui, outre son utilité évidente en joaillerie, elle sert essentiellement à l’extraction du soufre et à la fabrication de l’acide sulfurique. L’objectif de ce TP est d’effectuer une étude cristallographique de la pyrite : symétries d’orientation, système cristallin, réseau de Bravais, paramètres de maille et groupe d’espace. Pour ce faire, on dispose d’échantillons naturels (provenant pour la plupart du Pérou) sous forme de monocristaux et de poudre. Les techniques expérimentales proposées sont la diffraction des rayons X sur poudre et la diffraction des rayons X sur monocristal (méthode de Laue). Cette dernière technique permet d’orienter les échantillons. 1. Observation des monocristaux. Les échantillons monocristallins présentent deux types de faciès : le cube et le pentagonododécaèdre (voir Figs. 2 et 3 de l’annexe 1). (a) Observer les échantillons et leurs modèles en bois. Déterminer les éléments de symétrie communs aux deux types de faciès (axes de rotation, miroirs). Les représenter sur les figures 2 et 3 de l’annexe 1. NB : se laver les mains après la phase d’observation. (b) En déduire le groupe ponctuel et le système cristallin de la pyrite. Donner les caractéristiques de la maille. 2. Diffraction sur monocristal, méthode de Laue. (a) Observer l’échantillon sur la tête goniométrique. Quel est l’axe de rotation du cristal (on donnera les indices de la rangée correspondante) ? (b) Amener l’axe d’ordre pair parallèlement au faisceau de rayons X. Noter la position de la tête goniométrique en lisant l’angle sur le vernier. Effectuer un premier cliché. (c) Calculer la correction nécessaire à apporter au porte-échantillon, afin d’obtenir un cliché présentant une symétrie parfaite (la distance cristal-film, D est de 44 mm). Pour le calcul de la correction, on procèdera de la façon suivante : 1 • Transférer l’image .tif du cliché dans le dossier Bureau/SMNO/Date-du-jour de votre PC. • Ouvrir le fichier avec ImageJ. • Redéfinir l’échelle dans Set scale de façon à avoir 1 pixel=0.025 mm. • Repérer le milieu du cliché en traçant une ligne verticale passant par deux taches symétriques. Pour conserver le tracé de la ligne, taper CTRL Alt b. • Repérer deux taches sur la ligne médiane horizontale qui devraient être symétriques par rapport au centre. Mesurer la distance au centre pour chacune de ces deux taches. Soit d1 et d2 les deux distances mesurées. • Calculer l’erreur d’orientation, qui est donnée par l’angle ε : d1 1 ε = arctan 4 D ! d2 − arctan D ! . (1) (d) Effectuer un nouveau cliché en tenant compte de cette correction. NB : Pour savoir dans quel sens il faut tourner la tête goniométrique pour appliquer la correction ε, il faut avoir en tête la localisation de la plus grande des deux distances, d1 ou d2 , i.e. à droite ou à gauche du centre du cliché. (e) Commenter le cliché corrigé obtenu. 3. Diffraction sur poudre. (a) Dépouillement d’un diagramme θ-2θ. Le diagramme de poudre de la figure 1 a été enregistré avec un diffractomètre θ-2θ, équipé d’un tube à rayons X à anticathode de cobalt. Un filtre de fer a permis d’isoler la radiation Kα du cobalt (λKα =1.790257 Å)1 i. Ouvrir le fichier du diffractogramme avec WinPlotr. Calculer les distances interréticulaires des 10 premières raies. ii. Calculer les rapports de deux valeurs de dhkℓ consécutives di+1 /di (i = 1...9). A l’aide de l’annexe 2, en déduire le mode de réseau de la pyrite et les indices de chaque raie. Donner les indices des premières raies éteintes. iii. Calculer le paramètre de maille de la pyrite. On fera la moyenne des valeurs obtenues pour chacune des 10 raies et on calculera l’écart-type. (b) Enregistrement et dépouillement d’un cliché de Debye-Scherrer. i. Réaliser un diagramme de poudre de pyrite par la méthode de Debye-Scherrer. La radiation utilisée est la raie Kα du cuivre (λKα = 1.5418 Å)2 . La circonférence de la chambre cylindrique de Debye-Scherrer est de 240 mm. ii. Transférer le fichier .tif de votre cliché de Debye-Scherrer dans le dossier Bureau/SMNO/Date-du-jour de votre PC. Ouvrir l’image avec ImageJ. Comparer les raies observées sur le cliché de Debye-Scherrer au diffractogramme 1 Quand le doublet Kα du cobalt n’est pas résolu, ce qui le cas pour les premiers pics de diffraction, on utilise la longueur d’onde λKα = 2 2λKα1 + λKα2 , avec λKα1 = 1, 78896 Å et λKα2 = 1, 79285 Å. 3 Pour le cuivre, λKα1 = 1.5406 Å et λKα2 = 1.5444 Å. 2 50000 2 Intensity 40000 7 3 30000 4 5 1 20000 10000 8 0 9 10 6 20 30 40 50 60 70 80 90 100 2θ (deg.) Figure 1: Diffractogramme de la pyrite (rayonnement Co Kα). étudié en 3a. On comparera notamment le nombre de raies, leur position et leur intensité relative. A votre avis, pourquoi le contraste entre les raies et le fond est-il si médiocre ? iii. Calculer la distance interréticulaire d’au moins une raie du diagramme de DebyeScherrer. Donner ses indices. En déduire le paramètre de maille. Est-il en bon accord avec la valeur obtenue à la question 3(a)iii ? Pour calculer la distance interréticulaire d’une raie du cliché, on procèdera de la façon suivante : • Redéfinir l’échelle dans ImageJ avec Set scale de façon à avoir 1 pixel=0.025 mm. • Mesurer distance séparant deux arcs d’ellipse symétriques selon la ligne médiane du cliché. Cette distance est égale à 4Rθ, où R, le rayon de la chambre, vaut 240mm/2π et où θ est l’angle de Bragg. 4. Détermination du groupe d’espace et origine des raies éteintes. (a) A l’aide du tableau 3.1.4.1 des tables internationales de cristallographie (p53 de l’édition de 2006), donner les groupes d’espace compatibles avec le groupe ponctuel de la pyrite et le mode de réseau trouvé en 3(a)ii. (b) A partir des indices des raies présentes et éteintes, déterminer le groupe d’espace de la pyrite. On procèdera par élimination. (c) A quel élément de symétrie de position sont dues les raies éteintes ? (d) Sur quels sites de Wyckoff peuvent se trouver les atomes de fer et de soufre ? (e) Quel type de réseau occupent les atomes de fer seulement ? (f) En déduire les pics de diffraction qui ne sont dus qu’aux atomes de soufre ? 3 Annexe 1 : Morphologie des échantillons Figure 2: Pentagono-dodécaèdre Figure 3: Cube 4 Annexe 2 : Indexation des réseaux cubiques L’intensité d’une raie hkℓ est proportionnelle au module au carré du facteur de structure : Ihkℓ ∝ |Fhkℓ |2 avec Fhkℓ = X fj e−2iπ(hxj +kyj +ℓzj ) . (2) j (xj , yj , zj ) sont les coordonnées réduites de l’atome j dans la maille et fj est le facteur de diffusion atomique (ou facteur de forme) de l’atome j. On peut factoriser le facteur de structure en deux termes, un terme de motif et un terme de M R réseau : Fhkℓ = Fhkℓ Fhkℓ . Il existe trois réseaux de Bravais (i.e. mode ou type de réseau) pour le système cubique : réseau P (cubique simple), réseau I (cubique centré) et réseau F (cubique à faces centrées). Prenons l’exemple du réseau I. Il est caractérisé par deux nœuds par maille, l’un en (0, 0, 0) et l’autre ( 12 , 21 , 21 ). Cela signifie que, si on a un atome situé en (xj , yj , zj ), on aura également un atome, équivalent, en (xj + 12 , yj + 12 , zj + 12 ). Si on injecte ces deux sites équivalents dans le facteur de structure (Eq. 2), on obtient Fhkℓ = X fj e−2iπ(hxj +kyj +ℓzj ) (1 + e−iπ(h+k+ℓ) ). j Le terme de réseau et le terme de motif du facteur de structure sont, respectivement, (1 + e−iπ(h+k+ℓ) ) P et j fj e−2iπ(hxj +kyj +ℓzj ) . Le tableau 1 donne le terme de réseau pour chaque réseau de Bravais du système cubique. Table 1: Terme de réseau du facteur de structure pour les 3 réseaux de Bravais cubiques, P, I et F. mode de réseau nœuds du réseau direct R Fhkℓ R Fhkℓ = 0 si P (0, 0, 0) 1 pas de condition I (0, 0, 0), ( 12 , 21 , 21 ) 1 h + k + ℓ = 2n + 1 F +e −iπ(h+k+ℓ) (0, 0, 0), ( 12 , 21 , 0), ( 12 , 0, 12 ), (0, 12 , 21 ) 1 +e−iπ(h+k) +e−iπ(h+ℓ) +e−iπ(k+ℓ) h, k et ℓ de même parité R On remarque que, dans le cas des réseaux I et F, le terme de réseau, Fhkℓ , est nul pour certaines valeurs des indices h, k et ℓ. On définit ainsi les conditions d’existence des nœuds du réseau réciproque propre à chaque mode de réseau du système cubique. 5 En l’absence d’extinctions dues au terme de motif, ces conditions sur les indices conduisent à l’indexation des raies de diffraction des réseaux cubiques donnée dans le tableau 2. La dernière colonne du tableau donne les valeurs attendues de dhkℓ/a puisque dans les réseaux cubiques, on a la relation simple suivante, reliant le paramètre de maille a à h2 + k 2 + ℓ2 : dhkℓ = √ h2 a . + k 2 + ℓ2 (3) A partir de l’équation (3), √ on remarque que des rapports de valeurs de dhkl correspondent à des rapports de valeurs de h2 + k 2 + ℓ2 , donc à des valeurs fixes et spécifiques à chaque mode de réseau. Ceci constitue une donnée précieuse pour déterminer le mode de réseau d’un cristal à partir de son diffractogramme de poudre. En effet, le dépouillement du diffractogramme fournit, grâce à la loi de Bragg, une liste de dhkℓ, à partir desquelles on peut calculer des rapports du type : √ 2 + k 2 + ℓ2 h (d ) di+1 hkℓ pic i+1 pic i . = = √ (4) 2 2 2 di (dhkℓ )pic i h +k +ℓ pic i+1 Comme chaque mode de réseau a une liste différente de valeurs pour ces rapports (voir la table 3), il est possible de déterminer le mode de réseau du cristal cubique étudié. 6 Table 2: Indexation des raies de diffraction des réseaux cubiques. Sont listés ici les indices hkℓ attendus pour chaque mode de réseau, classés par ordre de valeurs croissantes de h2 + k2 + ℓ2 . Toute permutation des indices h, k et ℓ est a priori possible. h2 + k 2 + ℓ2 1 2 3 4 5 6 8 9 9 10 11 12 13 14 16 17 17 18 18 19 20 21 22 24 25 25 26 26 27 27 29 29 30 32 33 33 34 34 35 36 P n 1 = 100 n◦ 2 = 110 n◦ 3 = 111 n◦ 4 = 200 n◦ 5 = 210 n◦ 6 = 211 n◦ 7 = 220 n◦ 8 = 221 ou 300 ◦ n 9 = 310 n◦ 10 = 311 n◦ 11 = 222 n◦ 12 = 320 n◦ 13 = 321 n◦ 14 = 400 n◦ 15 = 410 ou 322 ◦ n 16 = 411 ou 330 ◦ n 17 = 331 n◦ 18 = 420 n◦ 19 = 421 n◦ 20 = 332 n◦ 21 = 422 n◦ 22 = 430 ou 500 ◦ n 23 = 431 ou 510 ◦ n 24 = 511 ou 333 n◦ 25 = 520 ou 432 ◦ n 26 = 521 n◦ 27 = 440 n◦ 28 = 441 ou 522 ◦ n 29 = 530 ou 433 ◦ n 30 = 531 n◦ 31 = 600 I F ◦ n◦ 1 = 110 n◦ 2 = 200 n◦ 1 = 111 n◦ 2 = 200 n◦ 3 = 211 n◦ 4 = 220 n◦ 3 = 220 n◦ 5 = 310 n 6 = 222 n◦ 4 = 311 n◦ 5 = 222 n◦ 7 = 321 n◦ 8 = 400 n◦ 6 = 400 ◦ n◦ 9 = 411 ou 330 n◦ 10 = 420 n◦ 7 = 331 n◦ 8 = 420 n◦ 11 = 332 n◦ 12 = 422 n◦ 9 = 422 n◦ 13 = 431 ou 510 n◦ 10 = 511 ou 333 n◦ 14 = 521 n◦ 15 = 440 n◦ 11 = 440 n◦ 16 = 530 ou 433 n 17 = 600 ◦ 7 n◦ 12 = 531 n◦ 13 = 600 dhkℓ /a 1,0000 0,7071 0,5774 0,5000 0,4472 0,4082 0,3536 0,3333 0,3333 0,3162 0,3015 0,2887 0,2774 0,2673 0,2500 0,2425 0,2425 0,2357 0,2357 0,2294 0,2236 0,2182 0,2132 0,2041 0,2000 0,2000 0,1961 0,1961 0,1925 0,1925 0,1857 0,1857 0,1826 0,1768 0,1741 0,1741 0,1715 0,1715 0,1690 0,1667 di+1 dans les réseaux cubiques (éq. 4). di Table 3: Valeurs des rapports di+1 di d2 d1 d3 d2 d4 d3 d5 d4 d6 d5 d7 d6 d8 d7 d9 d8 d10 d9 P I d110 d100 = q 1 2 ≃ 0, 707 d200 d110 = q 1 2 ≃ 0, 707 d200 d111 = q 3 4 ≃ 0, 866 d111 d110 = q 2 3 ≃ 0, 816 d211 d200 = q 2 3 ≃ 0, 816 d220 d200 = q 1 2 ≃ 0, 707 d200 d111 = q 3 4 ≃ 0, 866 d220 d211 = q 3 4 ≃ 0, 866 d311 d220 = q 8 11 ≃ 0, 853 d210 d200 = q 4 5 ≃ 0, 894 d310 d220 = q 8 10 ≃ 0, 894 d222 d311 = q 11 12 ≃ 0, 957 d211 d210 = q 5 6 ≃ 0, 913 d222 d310 = q 10 12 ≃ 0, 913 d400 d222 = q 12 16 ≃ 0, 866 d220 d211 = q 6 8 ≃ 0, 866 d321 d222 = q 12 14 ≃ 0, 926 d331 d400 = q 16 19 ≃ 0, 918 d221 d220 = q 8 9 ≃ 0, 943 d400 d321 = q 14 16 ≃ 0, 935 d420 d331 = q 19 20 ≃ 0, 975 d300 d220 = 8 9 ≃ 0, 943 d310 d221 q = q 9 10 ≃ 0, 949 d411 d400 = q 16 18 ≃ 0, 943 d422 d420 = q 20 24 ≃ 0, 913 d310 d300 = 9 10 ≃ 0, 949 d330 d400 = ≃ 0, 943 = 10 11 ≃ 0, 953 d420 d411 q 16 18 d311 d310 q = q 18 20 ≃ 0, 949 d511 d422 = q 24 27 ≃ 0, 943 = q 18 20 ≃ 0, 949 d333 d422 = q 24 27 ≃ 0, 943 27 32 ≃ 0, 919 27 32 ≃ 0, 919 q d420 d330 d11 d10 d12 d11 d13 d12 d14 d13 F d222 d311 = q 11 12 ≃ 0, 957 d332 d420 = q 20 22 ≃ 0, 953 d440 d511 = q d440 d333 = q d320 d222 = q 12 13 ≃ 0, 961 d422 d332 = q 22 24 ≃ 0, 957 d531 d440 = q 32 35 ≃ 0, 956 d321 d320 = q 13 14 ≃ 0, 963 d431 d422 = q 24 26 ≃ 0, 961 d600 d531 = q 35 36 ≃ 0, 986 d510 d422 = q 24 26 ≃ 0, 961 d400 d321 = q 14 16 ≃ 0, 935 d521 d431 = q 26 30 ≃= 0.931 d521 d510 = q 26 30 ≃= 0.931 8 ...