Bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec

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Bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec
Bourse de carrière
CALQ
Bourses du Conseil des arts et des lettres du Québec
Quatre artistes, dont Guy Nadon, récompensés pour leur carrière
Photo: Jacques Grenier
Drôle de fond de scène pour clore, hier, la remise officielle des bourses du Conseil
des arts et des lettres du Québec (CALQ). Du haut de ses 73 ans et ses 60 ans de
carrière, il fallait voir le p'tit roi du drum, Guy Nadon, faire courir les baguettes à
la vitesse de l'éclair sur les boîtes de fèves au lard et de chop suey qui le
poursuivent depuis son enfance.
C'est que le frêle batteur, qui a frappé sur tout ce qui bouge et groove depuis les
années 50 à Montréal, se voyait attribuer hier l'une des quatre bourses de carrière
de 60 000 $ décernées tous les deux ans par le CALQ pour saluer la contribution
exceptionnelle d'un artiste à sa discipline.
«J'ai 73 ans; j'ai commencé en 1945 quand j'allais à l'école et mes parents,
c'étaient des pauvres. Je jouais avec n'importe quoi, des barreaux de chaise, des
pots, des "cannes". Moi, je ne lâcherai jamais. Il y a eu Johnny Cash, et maintenant
il y a Johnny Broke», a dit en ricanant hier le petit homme, qui a partagé la scène
avec les Buddy Rich, Oliver Jones, Elvin Jones et plusieurs autres grands jazzmen
et s'est depuis amusé à se faire appeler «Buddy Poor».
Son grand ami, le musicien Vic Vogel, lui a d'ailleurs rendu un singulier hommage,
rappelant que «ti-Guy» Nadon, vite sorti du conservatoire, avait appris son métier
sur le tas, dans la rue, en vivant d'expédients. «On allait écouter des disques au
magasin, on en mettait trois dans une pochette pour n'en payer qu'un seul, et on
apprenait à imiter les jazzmen», a-t-il raconté, sourire en coin. Il a rappelé que le
«roi du drum» avait rendu fou le grand Buddy Rich en 1950, lors d'un jam session,
en martelant sa batterie à la vitesse grand V.
Cinéma, littérature et architecture
Le Conseil des arts et des lettres du Québec a aussi décerné une de ses bourses au
cinéaste Serge Giguère, qui, en 30 ans de carrière, s'est fait connaître pour ses
documentaires-portraits sur des personnages excentriques, des artistes du
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Bourse de carrière
CALQ
quotidien, dont l'ineffable ti-Guy Nadon. L'auteur d'À force de rêves, couronné
cette année du Jutra du meilleur documentaire et du Prix du jury au festival Hot
Docs de Toronto, a dit avoir choisi ce métier après avoir tourné avec les Perrault,
Groulx et Lamothe.
Le CALQ a aussi honoré le travail de l'écrivaine Madeleine Gagnon, auteure
prolifique qui a produit plus de 30 titres et a été couronnée de plusieurs
récompenses, dont le Prix du gouverneur général en 1991, pour Chant pour un
Québec lointain, et le prix Athanase-David en 2002, pour l'ensemble de son oeuvre.
«Je suis très heureuse, car j'étais à un carrefour et cette réponse va me permettre
de continuer», a dit celle qui s'apprête à entamer un prochain roman, inspiré de la
vie de sa famille dans la vallée de la Matapédia.
Enfin, la prestigieuse bourse Jean-Paul-Riopelle, créée en 2003, a été décernée à
Jocelyne Alloucherie, dont les oeuvres mi-architecturales, mi-sculpturales ont fait
le tour du monde. Après avoir été exposée en Espagne, en Italie, à New York, à
Paris, à Tokyo et à Toulouse ce printemps, l'artiste exposera de nouveau ses
oeuvres à Manhattan en septembre, puis à Turin et à Paris l'hiver prochain. «Je
suis très touchée parce que Riopelle était une grande figure de ténacité et
d'autonomie», a-t-elle commenté.
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