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CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG 10 mars 2013 4e dimanche de Carême – année C Homélie du Chanoine Edouard VOGELWEITH La parabole de l’enfant prodigue est sans doute une des paraboles les plus connues. Une parabole illustrée par Rembrandt. Le peintre a eu l’audace ou la délicatesse de représenter le père posant sur les épaules de son fils une main d’homme et une main de femme, soulignant ainsi la tendresse paternelle et maternelle de Dieu. L’enfant prodigue. Pourquoi focaliser l’attention uniquement sur ce personnage ? Quelqu’un me disait récemment : « tantôt je suis l’enfant prodigue, tantôt le fils aîné ». Un papa me disait un jour : « Cette parabole m’a aidé dans mes relations avec mon fils. Mon fils contestait la vie à la maison, la vie à l’école. Il sortait en boîte le soir et rentrait à des heures impossibles. Il roulait en moto comme un fou. Une nuit les gendarmes sont venus nous annoncer qu’il a eu un grave accident. Que dire à mon fils ? Je me suis souvenu de notre parabole. J’ai été sensible à l’attitude du père. Je suis allé à la rencontre de mon fils à l’hôpital, je l’ai serré dans mes bras. Je pense que c’est une grâce que j’ai eue ». Ces témoignages m’ont fait entrer autrement dans cette parabole, cette histoire, que nous raconte Jésus. C’est vrai les trois personnages, le prodigue, l’aîné, le père, ont quelque chose à nous dire, quelque chose qui peut nous toucher au plus intime et nous révéler à nous-mêmes. Ce retour sur soi du fils qui est parti, cette relecture de sa vie, ce regard lucide et vrai sur ses comportements peuvent nous parler. D’une manière ou d’une autre nous avons vécu des ruptures de relations, que ce soit en famille, que ce soit dans nos relations amicales ou professionnelles. Nous avons senti par quelque part que nous en portions un peu ou beaucoup la responsabilité. Nous avons ressenti en nous un désir de réconciliation. Ce désir voulait nous pousser à nous mettre en route. Mais comment allons-nous être reçus ? Quelles paroles dire, quelles excuses murmurer ? Voilà que nous avons été accueillis à bras ouverts. Les gestes dépassaient les paroles. Quelque chose de neuf pouvait commencer. Les bras ouverts d’un père, d’une mère, d’un ami, d’un collègue peuvent aussi nous parler, nous dire - pourquoi pas - quelque chose de Dieu. Dieu un Père miséricordieux, qui désire accueillir l’être humain qui a l’humilité de se reconnaître pécheur. Dieu, un Père qui va au-devant de la personne pécheresse pour l’introduire dans son intimité. N’avons-nous jamais vécu quelque chose de ce mystère d’amour qui peut tout renouveler ? Tantôt comme pécheur pardonné, tantôt comme signe de Dieu Père qui pardonne ? Et le fils aîné ne nous parle-t-il pas aussi ? Ce fils fidèle en tout, d’une morale stricte, qui s’efforce d’être dans le droit chemin, qui mène une vie bien ordonnée. Ce fils a du mal à comprendre son père qui a laissé partir le jeune, il a encore plus de mal à accepter qu’il fasse la fête quand le prodigue revient. Si nous ressemblons à ce fils aîné, quelle corde avons-nous à réveiller en nous qui nous rende sensibles à l’amour d’un père ou d’une mère, qui nous rende document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr page -1- capables de nous réjouir du retour de celui qui a fugué, qui nous fasse entrevoir que toute notre vie est portée dans la grâce, l’agir de l’Esprit-Saint, et non fruits de nos mérites ? Saint Paul d’une certaine façon nous donne aussi un éclairage sur cette parabole. « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu », nous écrit-il dans la deuxième lecture de notre messe. Nous sommes sur un chemin de réconciliation. Nous sommes en route. Par nos propres moyens nous ne sommes pas capables d’emprunter ce chemin. C’est dans le Christ que nous pouvons emprunter cet itinéraire. Ce n’est pas nous qui nous réconcilions avec Dieu, qui nous convertissons à Dieu. Nous avons à nous laisser réconcilier, à nous laisser convertir. En Christ, c’est Dieu qui prend l’initiative de nous réconcilier avec lui, de nous convertir. Paul nous donne encore un éclairage éblouissant. Et si le fils prodigue était Jésus luimême ? « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu », voilà ce que Paul ose écrire. De façon plus familière disons : Jésus, le Fils de Dieu, a plongé dans l’humanité pécheresse, il s’est immergé dans ce monde pécheur, pour revenir vers le Père portant sur lui le péché du monde, pour revenir vers le Père avec nous tous et nous faire participer à la sainteté, la joie de Dieu, joie que nous pouvons goûter dès à présent. C’est avec des paroles joyeuses que nous sommes entrés dans la célébration de l’eucharistie de ce dimanche « Laetare » : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ». Références bibliques : Josué 5, 10-12 ; Psaume 33 ; 2 Corinthiens 5, 17-21 ; Luc 15, 1-3.11-32. document téléchargé sur www.cathedrale-strasbourg.fr page -2-