Note d`information Baisse du pétrole, baisse du rouble : Quels

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Note d`information Baisse du pétrole, baisse du rouble : Quels
Note d’information
19 décembre 2014
Baisse du pétrole, baisse du rouble : Quels
seront les impacts sur la zone euro ?
Julien-Pierre Nouen
Economiste - Stratégiste
Depuis le début du mois de décembre, les marchés financiers connaissent une
reprise de la volatilité. L’indice Euro Stoxx 50 est passé de 3 130 le 12
décembre à 2 928 quelques jours plus tard, soit une baisse de 6,5% avant de
revenir à 3 150. Principale raison de cette volatilité : la baisse du prix du pétrole
et ses conséquences pour l’économie russe.
Pétrole : les raisons de la baisse
Après avoir atteint un point haut à 114 USD en juin, le
baril de Brent a baissé pour passer sous les 60 USD
courant décembre, soit une baisse du pétrole de 47
%. Cette baisse est liée principalement à l’évolution
de l’offre grâce à :
A fin juin, la position extérieure nette de la Russie était
excédentaire de l’ordre de 7% du PIB du pays. Les
réserves de change sont importantes. Elles couvrent à
peu près la dette en devise étrangère et très
largement la partie à court terme de cette dette. Un
défaut de paiement ne semble donc pas imminent.
 l’énorme hausse de la production américaine
(pétrole de schiste),
Chute du rouble et remontée des taux
 l’amélioration de la production dans des pays
comme la Lybie,
 et la décision de l’OPEP de ne pas réduire la
production.
Une excellente nouvelle pour l’économie
mondiale…
Le FMI estime qu’une baisse de 10% du prix du baril
entraine une hausse du PIB mondial de l’ordre de
0,2%. La baisse actuelle pourrait donc rajouter 1%
au PIB mondial sur deux ans. Avec cette baisse,
c’est près de 1 700 Mds USD qui sont transférés des
producteurs aux consommateurs de pétrole. Une
étude Goldman Sachs estime en revanche la
réduction possible des investissements en exploration
pétrolière à 1 000 Mds USD sur quatre ans, ce qui
veut dire que l’investissement annuel pourrait être
inférieur de 250 Mds USD pour chacune des quatre
années à venir. C’est à ce montant-ci que se
comparent les 1 700 Mds USD de gain de pouvoir
d’achat des consommateurs de pétrole : l’impact net
pour l’économie mondiale est donc très positif.
… mais pas pour la Russie
En revanche, si l’économie mondiale dans son
ensemble bénéficie grandement de cette évolution,
les pays producteurs en pâtiront fortement. La Russie
est le pays le plus exposé : une estimation UBS
montre qu’une baisse de 10 USD du baril réduit le PIB
russe de 1,4%. Selon nos estimations, la baisse du
prix du pétrole réduit les recettes d’exportations du
pays de 140 Mds USD, le faisant basculer d’un
excédent courant de 2% du PIB à un déficit courant de
presque 5%, fragilisant la devise.
La devise s’est effondrée, un dollar valant 68 roubles
le 16 décembre contre 37 fin août, une baisse de 45%
en 3 mois et demi. La forte baisse du rouble
s’explique par la baisse du prix du pétrole et sans
doute également par les sanctions occidentales suite
à la crise ukrainienne. Pour soutenir sa devise, la
Banque Centrale de Russie a augmenté son taux
directeur de 10,5 à 17%, avec des effets tout d’abord
limités. Les investisseurs se sont inquiétés de
l’éventuelle mise en place de mesures de contrôle des
capitaux. Le ministre de l’économie a écarté cette
solution. De nouvelles mesures ont en revanche
permis à la devise russe de se stabiliser autour de 60.
Même si les autorités russes réussissent à stabiliser
le rouble et à éviter une crise financière, le pays
risque de connaître une contraction du PIB très
importante, alors que la croissance était déjà atone.
Après avoir nettement ralenti en 2012, la croissance
s’est maintenue à un niveau inférieur à 1% depuis
lors. Le PMI composite (indicateur de l’activité
économique) a baissé sur les deux derniers mois,
passant de 51 en septembre à 47,6 en novembre. La
Russie a besoin d’un baril à 100 USD pour équilibrer
son budget. La baisse pèsera donc sur la dépense
publique. L’effondrement de la devise va peser sur la
consommation, l’inflation qui est déjà passée de 6% à
9% continuant à accélérer. Dans ces conditions,
l’investissement va se contracter fortement, d’autant
que le coût de financement a fortement augmenté.
L’essentiel pour le gouvernement est d’abord de
stabiliser sa devise avant que la panique ne touche
les ménages qui pourraient retirer leur argent des
banques.
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Impacts pour la zone euro
L’impact sur la zone euro devrait être limité, les
exportations à destination de la Russie ne
représentant que 78 Mds EUR, soit moins de 0,8% du
PIB de la zone euro. La baisse des exportations est
en réalité continue depuis 2012, le niveau de
septembre étant déjà inférieur de 20% par rapport aux
points hauts de 2012. Si l’on se réfère aux crises de
1998 ou 2009, les importations avaient baissé de près
de 40 à 50% par rapport au point haut. Un scénario
similaire provoquerait une baisse de l’ordre de 0,20,3% du PIB de la zone euro. Pour rappel, la baisse
du prix du pétrole pour la zone euro entraîne une
hausse de l’ordre de 0,2% pour 10% de baisse du prix
du baril. Ainsi, pour la zone euro, les effets positifs
de la chute du baril compensent largement les
impacts négatifs liés à la Russie.
Un autre canal par lequel l’impact se ferait sentir est
celui du secteur bancaire. Certaines banques
d’Europe de l’Ouest ont une exposition à la Russie. A
l’exception de Raffeisen, celle-ci devrait être
absorbable.
Conclusion
 Les problèmes de la Russie sont la conséquence
de la trop grande dépendance de l’économie
russe à la rente pétrolière. La Russie représente
3% du PIB mondial : une contraction de 5% du PIB
russe retirerait donc 0,15 point de croissance, à
comparer avec l’impact beaucoup plus favorable
de la baisse du prix du pétrole.
 Les effets de la baisse du prix du pétrole mettront
quelques mois à se diffuser dans l’économie en
soutenant la consommation. Ces bonnes
perspectives de moyen terme devraient amener
les marchés actions à rebondir. En revanche, il
est probable que ce rebond soit porté par d’autres
valeurs plus à même de bénéficier de la baisse du
pétrole.
 Nous restons donc positifs sur les marchés actions
des pays développés, et en particulier la zone Euro
et le Japon. Quant aux marchés émergents, la
baisse du pétrole bénéficiera aux pays
importateurs nets et pénalisera ceux qui sont
exportateurs.
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