La gratuité

Transcription

La gratuité
association DORCAS
paraît deux fois par an
No 2 / 2015
Reflets de la Lanterne
Journal de l'aumônerie œcuménique de rue de Neuchâtel
La gratuité
La gratuité
"Dis merci, au m'sieur" !
C'est ainsi qu'on apprend la politesse aux enfants !
Parce que les adultes attendent un merci ; ils sont généreux
mais ils exigent de la reconnaissance quand ils donnent
quelque chose.
On n'aime pas la gratuité !
Rappelez-vous ceci :
celui qui sème peu
récoltera peu ;
celui qui sème beaucoup
récoltera beaucoup.
2 Corinthiens 9.6
"On ne sait pas où va l'argent !"
Les gens veulent bien répondre aux appels d'argent, mais
ils veulent savoir ce qu'on fera avec leur fric ; en fait, ils
donnent mais ils restent propriétaires de leur générosité.
Encore une manière de passer à côté de la gratuité !
Alors, la gratuité, c'est quoi ?
C'est regarder l'autre en face comme un tout proche ; c'est
établir un lien d'égalité, malgré toutes les inégalités qui nous
séparent, c'est dire à l'autre : ce que j'ai en plus par rapport
à toi, je le partage, parce que ce surplus nous appartient à
tous les deux.
Pas facile, la gratuité, mais ça s'apprend !
Jo Christe, vice-président
Éditorial :
Et en plus, c’est gratuit…
Soyons clairs d’entrée de jeu, il y a comme un parfum de folie dans le
christianisme ! Un parfum de folie avec même parfois une petite note de
scandale…
Un pavé dans la mare… Plus de peurs, plus de sueur, mais plutôt
une puissance positive de Dieu pour le salut, qui vient à l’être humain
dans l’acte de croire en Jésus-Christ. Avec d’autres mots : un don de
Dieu offert gratuitement aux hommes dans la foi en Jésus-Christ.
Je vous disais bien qu’il y avait comme un parfum…
Pour l’être humain, la question de la justice divine et du salut fut de tous
temps une question centrale, une question essentielle, une question
existentielle. Que pouvait bien faire l’être humain pour éviter les foudres
divines et par la même occasion gagner son salut ? Vie irréprochable,
actes de bravoures, dons de soi, sacrifices expiatoires, renoncements,
application minutieuse de la loi ? Quelles pistes suivre ? Par quelles
actions l’homme pouvait-il bien s’ouvrir les portes du salut et ainsi être
justifié devant les puissances divines ? Tout cela, soyons réalistes,
dans une ambiance de peurs et de sueur…
Et en plus, c’est gratuit…
Sébastien Berney, aumônier
Mais voilà, comme annoncé plus haut, une folie scandaleuse a pris
forme il y a maintenant environ deux mille ans dans la personne de
Jésus-Christ. Quel scandale me direz-vous ? Laissons Paul l’exprimer à
sa manière dans le chapitre trois de l’épitre aux Romains :
« Mais maintenant, indépendamment de la loi, la justice de Dieu a été
manifestée ; la loi et les prophètes lui rendent témoignage. C’est la
justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient, car
il n’y a pas de différence : tous ont péché, sont privés de la gloire de
Dieu, mais sont gratuitement justifiés par sa grâce, en vertu de la
délivrance accomplie en Jésus-Christ ».
Aumônerie œcuménique de rue de Neuchâtel
Responsable de la Lanterne :
Pour les aspects administratifs :
accueil :
ouvertures :
Sébastien Berney, aumônier
+41 79 744 90 09
Jean-Claude Zumwald, président
+41 32 725 67 50
[email protected]
méditation :
la Lanterne, rue Fleury 5, 2000 Neuchâtel
lundi
09h00 – 10h30
mercredi 15h00 – 18h00
vendredi 19h00 – 21h30
lundi
10h15
mercredi 17h30
vendredi 21h00
Yves Conne, animateur
+41 76 325 73 01
Nous avons des dons différents que nous devons utiliser selon ce que Dieu
a accordé gratuitement à chacun.
Lettre de Paul aux Romains 12.6
Propos divers sur la gratuité …
Petit exercice personnel : plutôt que se demander de quels actes prétendus
gratuits suis-je, ai-je été l’auteur ?, se demander de quels actes gratuits
dérisoires ou importants ai-je bénéficié ou ai-je été témoin ? Ou encore, de
quels actes apparemment gratuits me suis-je méfié dernièrement ?
Répondent à la seconde interrogation, des stratégies commerciales bien
connues : on donne quelque chose mais en fait, cette apparente gratuité rend
redevable. Refuserai-je dans un second temps une offre – pas gratuite celle-ci –
de quelqu’un qui m’a fait préalablement un cadeau ? Les manipulateurs
connaissent bien cette technique : on attire sans contrepartie initiale pour
plumer ensuite ou du
moins pour proposer une
prestation payante, elle.
On peut se convaincre
que l’on (le public, vous,
moi) est de moins en
moins dupe, que ces
stratégies dénoncées
n’appâtent, n’illusionnent
plus. Vraiment ? Tiens, le
soussigné, quinze minutes
avant qu’il n’écrive ces
lignes. Une offre ciblée
de son cher (très cher)
opérateur téléphonique :
remplacer son abonnement
actuel par un autre mieux adapté selon ce que révèle une étude fine de ses
usages – un cadeau cette analyse personnalisée. Il y a souscrit même si c’est
un peu plus coûteux mais à terme, « il sera gagnant » … étude fine à l’appui.
Tiens, ne serait-il pas en train de rationaliser, trouver de bonnes raisons qui lui
évitent de voir une réalité peu recevable : il est parfois un gogo.
« Réfléchir sur la gratuité pourrait déboucher sur la question difficile de notre
capacité d'accepter la gratuité... Ouvrant à la dimension spirituelle de la
gratuité du salut offert en Christ. Pourquoi ce besoin en nous de payer, d'être
quitte ? Les "œuvres" étant regardées souvent, plutôt que comme un joyeux
service offert en reconnaissance du salut reçu, comme un moyen de
payement... » Carlo Robert-Grandpierre, philosophe
La gratuité, le don de soi
Chacun a reçu un tant soit peu des dons, des talents qu’il peut mettre à
disposition pour aider les autres à faciliter leurs tâches, leurs créations, leur
vie quotidienne.
Ainsi, il n’existe pas que les dons en argent, mais aussi des aptitudes à
partager. Le peu que l’on a, il s’agit de le faire fructifier.
Il y a de la tune en jeu, dira-t-on, puisque là on est dans un échange
commercial ; lorsqu’il s’agit d’actes, de services, c’est différent.
Définition basique : la gratuité caractérise un acte, un service, un don pour
lequel rien n’est demandé en retour. L’absence d’une exigence d’échange
ferait donc la gratuité.
Petit fait divers dont les déclinaisons sont multiples : dans la presse locale,
photo à l’appui, on mentionne la remise, par tel mécène, telle entreprise, d’un
gros chèque à un organisme de bienfaisance. Rien en échange, c’est donc
gratuit … pour autant que la publicité faite (à l’insu des donateurs ?) ne mette
justement pas à mal la gratuité du don.
La psychologie éclaire-t-elle ? Des spécialistes se sont demandé ce qui
détermine les comportements sociaux, civiques, moraux. Ils mettent en
évidence des étapes, des stades. En résumé et chronologiquement dans le
développement de l’humain, ce serait, 1. L’évitement de punitions, de
sanctions ; 2. La recherche d’une récompense ; 3. Le souci d’adaptation
sociale soit, éviter l’exclusion ou l’isolement ; par conséquent être conforme
parmi ses pairs ; 4. L’adhésion à des valeurs dont la transgression rend mal à
l’aise par l’incohérence dont elle témoigne. Les actes qui découlent de ce
dernier stade, le plus abouti, seraient alors gratuits parce que dégagés de la
recherche d’un profit, d’une gratification.
Un bénéfice tout de même à la gratuité. On rétorquera que l’apaisement
éprouvé (consciemment ou non) « je suis en harmonie avec mes principes,
mes idéaux » est tout de même une composante de l’échange. Alors quid de
la gratuité ?
En conclusion, qu’est-ce qui fait la gratuité ? Un peu de provocation : être en
mesure de faire preuve de gratuité (selon la définition ci-dessus) ne traduit
pas forcément de la générosité ou de la grandeur d’âme, mais un état de
détachement auquel la sagesse ou … l’opulence … ou l’une et l’autre permet
d’accéder. Et deux exemples à l’appui de la provoc :
J’aime m’investir dans diverses actions pour le bien-être de tout un chacun
sans demander de prestations en contrepartie. D’être au service de la
communauté, de mon entourage me rend joyeux, heureux. Je me sens utile.
Je fais les œuvres que le Seigneur semble me montrer. Cela peut être dans
des circonstances non prévues. Je reste disponible le plus possible.
Toujours prêt à agir quand il le faut.
Dans le monde la tâche est grande pour soulager les maux, mais le peu que
l’on a, le partager avec le plus grand nombre de personnes est mieux que de
ne rien faire du tout. Un petit rien partagé peut faire beaucoup de bien.
Il suffit que celui qui a une idée la concrétise sans attendre. Nous avons
l’intuition que faire quelque chose de précis est de notre ressort. Mais le don
de soi a des limites, l’épuisement peut nous anéantir, nous décourager.
Faire, mais pas tout faire. Savoir déléguer, savoir aussi indiquer quelles sont
les entreprises possibles, les pistes à suivre, les engagements à prendre.
Seigneur, aide-moi ! Quelles sont les œuvres que tu as préparées d’avance
pour moi ?
Daniel Delay, membre du comité
« Ce qui nous est retiré élargit notre horizon » Gilles Baudry
Photos : Daniel Delay. Recto en haut : Vitrail, temple de Bevaix. Recto en bas : Bord de champ, Bevaix.
Ci-contre : Pigeon en miroir, port de Neuchâtel. Ci-dessus : Pommier, jardin botanique de Neuchâtel.
Un enfant d’une dizaine d’années dans le souk, labyrinthe d’une ville nordafricaine. Il fournit volontiers un renseignement au touriste perdu, le conduit vers une
sortie introuvable pour l’étranger, mais « colle » celui-ci jusqu’à ce qu’il lui remette
quelques piécettes qui lui permettront de survivre.
Un citoyen ouest-européen verse anonymement plusieurs centaines de francs à
la Chaîne du bonheur. Ni vu, ni connu.
Vous sentez-vous appelé(e) à rejoindre
l'équipe des bénévoles de l'aumônerie œcuménique de rue ?
Prenez contact avec l'aumônier
Sébastien Berney au 079 744 90 09
(Temps d'essai avant engagement)
Pour quelques nantis, n’est-ce pas un privilège que de pouvoir accomplir un
geste gratuit ?
Pour un soutien : CCP 20-7403-4
Jean-Claude Zumwald, président
… et, à l’instar de beaucoup de compatriotes, plutôt de la catégorie des
nantis.
Liens Internet pour atteindre les Reflets de la Lanterne
www.protestant-neuchatel.ch www.cath-ne.ch www.catholique-chretien.ch