Les Nouveaux Loups de Wall Street

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Les Nouveaux Loups de Wall Street
2015 - Les Nouveaux Loups de Wall Street
Le trading à haute fréquence pour les nuls
Par David Carzon — 29 avril 2015 à 17:00
Construit à la manière d'une enquête policière, ce docu explique les rouages de ce
système invisible qui repose sur des algorithmes et des flux immatériels.
Nous sommes le 6 mai 2010. Il est 14h42’44’’, heure du Dow Jones, quand les cours
de la Bourse se met à chuter d’un seul coup, sans explication rationnelle. Les traders
s’affolent devant cette chute vertigineuse et incompréhensible qui touche tous les
marchés financiers. Seule solution trouvée pour lutter contre l'emballement collectif :
tout éteindre durant cinq secondes. Lorsque les serveurs redémarrent quelques
instants plus tard, les cours reprennent une vie normale. En moins de dix minutes, les
cours ont plongé de 1 000 milliards de dollars. A l’époque, on accuse une mauvaise
manipulation humaine, une confusion entre milliers et milliards d'ordres à passer. Il
n’en est rien : il s’agissait bien d’un «flash crash», un krach boursier provoqué par un
bug des algorithmes qui régissent désormais le trading à haute fréquence.
Cet épisode inquiétant est au cœur du documentaire les Nouveaux Loups de Wall
Street, d'Ivan Macaux et Ali Baddou. Un film très réussi – à l’esthétique parfois proche
du générique de True Detective – qui réussit à faire comprendre, de manière simple,
les rouages de ce système invisible qui repose sur des algorithmes et des flux
immatériels. Construit à la manière d’une enquête policière, le documentaire envoie
Ali Baddou sur les traces de ceux qui pensent le trading à haute fréquence, ceux qui
en profitent largement et ceux qui essayent de le contenir pour en limiter les effets
néfastes.
Car ces pratiques ne font que truquer les marchés financiers. Elle ne créent pas de
valeurs, se contentant de chercher à être plus rapides que les concurrents pour se
poser en intermédiaires. Le trading à haute fréquence consiste à passer les ordres
avant les autres en les court-circuitant, pour ensuite les revendre aussitôt. Les
entreprises qui le pratiquent se conservent pas les actions qu’elles achètent, elles ne
les gardent que quelques secondes, en gagnant peu sur chaque transaction. Mais
comme elles en réalisent des dizaines, des centaines de millions par jour, les gains
peuvent être colossaux. Et les petits génies en mathématiques sont désormais
recrutés par les plus grandes entreprises en la matière pour imaginer les algorithmes
les plus malins. Ou les plus pervers au choix. Ce qui rend compliquée la tâche des
autorités chargées de surveiller ou de réguler les marchés.
Auparavant, le nerf de la guerre était l’information, désormais c’est la vitesse: en une
minute aujourd’hui, ce sont 21 millions de transactions qui sont réalisées. Le principal
outil de ces traders nouvelle génération : les réseaux à l’heure où les marchés ont
remplacé les hommes. La rapidité du réseau est un tel enjeu qu’une ligne privée a été
installée entre les bourses de New York et Chicago. Un investissement colossal pour
1 200 kilomètres de fibres mais essentiel quand gagner quelques millièmes de
secondes peut faire gagner ou perdre des centaines de millions de dollars. Un réseau
d’ondes radio encore plus rapide a été mis en place entre Francfort et Londres. Mais
cette course à la vitesse risque de nous mener vers un nouveau crash. Et cette fois,
débrancher les serveurs ne suffira peut-être pas.
Source :
http://www.liberation.fr/ecrans/2015/04/29/les-nouveaux-loups-de-wallstreet-ou-le-trading-a-haute-frequence-pour-les-nuls_1276138

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